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“Les harceleurs ne doivent pas se cacher derrière leurs titres de militants”

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Nous avons reçu le témoignage suivant dénonçant les menaces émis par un journaliste kurde d’Allemagne et dont les victimes seraient des jeunes femmes kurdes habitant le Rojhilat. (La personne qui nous l’a envoyé ne veut pas divulguer son nom pour des raisons personnelles.)
Nous espérons recevoir la version du journaliste en question, une fois qu’il aurait pris connaissance de ce témoignage. 
 
« Les harceleurs ne doivent pas se cacher derrière leurs titres de militants
 
Le harcèlement visant les femmes sur les réseaux sociaux est en train d’augmenter. Les femmes kurdes n’échappent pas à ce phénomène inquiétant.
 
Il faut rappeler que dans la plupart des sociétés, les traditions, les lois patriarcales et religieuses donnent tous les privilèges aux hommes au détriment des femmes. C’est la raison pour laquelle chaque revendication de la par de la femme est vue comme une péché impardonnable, notamment celles qui touchent les relations amoureuses et la sexualité. Ainsi les femmes et les filles qui sont harcelées par des hommes avouent très rarement les menaces et les harcèlements dont elles sont victimes. Ce qui “encourage” les harceleurs connaissant leurs privilèges au sein de la société. Alors, ils essayent de tirer profit de cette situation pour satisfaire leurs désirs et pulsions sexuels tout en étant conscients des conséquences de leurs actes !
 
Ces derniers jours, nous avons été témoins de cas de jeunes femmes kurdes menacées par un pseudo journaliste kurde qui habite en Allemagne. Un journaliste qui se présente comme comme membre d’un parti politique kurde et défenseurs farouche de l’égalité homme/femme. Depuis quelque temps, il harcèle des filles kurdes qui habitent au Rojhilat avec qui il avait eu une correspondance privée où il y a eu apparemment des échanges intimes et où les jeunes filles lui ont envoyé des photos intimes d’elles, alors que chacune d’elles pensait qu’il voulait une relation sérieuse avec elles. Dans des messages qu’il leur envoie, il les menace d’envoyer leurs photos qu’elles lui avaient envoyées précédemment, en leur disant qu’elles seraient tuées par leurs parents qui verraient leurs photos si elles ne lui demandent pas pardon pour avoir dit qu’il leur avait menti en promettant une relation amoureuse sérieuse alors qu’en réalité il draguait plusieurs filles au même temps.
 
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Quelques unes des menaces que le journaliste a envoyés à ces victimes (traduction depuis le soranî) : 
 
“Je ne veux pas créer de problèmes pour toi, je ne veux pas te casser. Sinon je prend des capture des tes chats et les envoie à ta famille et tes amis, afin de non seulement voir mes paroles mais voir tes paroles érotiques (…) ? En même temps, je peux les envoyer à tes amies aussi. Mais je ne fais pas ça si tu demande pardon. Je les gardes pour le jour de tes noces et je détruirai ta vie”.
 
“Sur les demandes d’autres [amis communs], je te donne une chance. Tu dois aller chez ceux qui parler de moi et leur envoyer les captures de nos chats [et] demander pardon. Je te laisse un peu de temps afin de faire ça. Sinon je fais le pire des choses contre toi. J’ai le bras long, si je veux, je peux envoyer quelques personnes devant votre porte (chez vous).“
 
“Tu veux ruiner ma vie (…) par ces mauvais comportements. Voilà pourquoi soit tu va très vite demander pardon (…) soit je te ferais la pire de choses, de telle manière que tu va regretter pour ceux qui tu as fait. Tu as joué avec le feu, la revanche sera très lourde.”
 
Captures d’écran des menaces :
 
 
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Après que la victime du harcèlement a publié des captures des messages, le journaliste à parlé avec d’autres filles pour dire que ces messages étaient des mensonges et a menacé la victime auprès de ces filles aussi. Alors, certaines filles, en soutien à la victime, avouent que certes, ces messages vient d’autres comptes mais tous appartiennent à ce journaliste car il avaient menacé la victime auprès d’elles également. Mais le regard de la société sur elles et leur sentiment de culpabilité dans un pays où tout est contre elles, les empêchent de dévoiler tout ce qu’elles savent concernant les menaces venant de ce journaliste…
 
Quand, des utilisateurs hommes et femmes demandent sur Twitter des explications au journaliste, il les bloque tous.
 
Alors (…) lui-même doit demander pardon publiquement à ses victimes. (…)”

Photo de couverture via Jacques Leleu   
 
 
 
 

TURQUIE. Une militante kurde va en prison avec son enfant de 3 ans

TURQUIE / BAKUR – L’Etat turc cible essentiellement les femmes kurdes dans sa guerre contre le peuple kurde. Le 22 mai, de nombreux politiciens et militants kurdes, dont l’ex-députée du HDP, Ayla Akat Ata, et des membres d’organisations de femmes, ont été arrêtés dans plusieurs villes kurdes. Ils sont tous accusés d’être « membres d’une organisation terroriste [PKK] ». 

Dilgeş Aslan, trois ans et demi, est entré en prison aujourd’hui. Sa mère Gönül Aslan est l’une de ces personnes arrêtées.

 

Dilgeş a passé la nuit au palais de justice de Diyarbakir (Amed) avec les députées du HDP Leyla Güven et Saliha Aydeniz dans l’espoir que sa mère soit libérée. Gönül Aslan siège au HDP dans le conseil de district de Bağlar et est membre de l’association des femmes Rosa, qui lutte contre la violence à l’égard des femmes. Elle est mère de trois enfants, dont l’un souffre d’une maladie rénale. Le père des enfants est réfugié à l’étranger.

ANF

ROJAVA. Les champs de blé de Tal Tamr incendiés par la Turquie

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SYRIE / ROJAVA – Les forces turco-jihadistes brûlent les champs de céréales du Rojava, menaçant de famine les Kurdes syriens. Elles empêchent également les pompiers et la population d’éteindre les incendies en leur tirant dessus.
 
Le scénario de l’été dernier dans le nord de la Syrie se répète : tous les jours, des champs cultivés et des cultures sont incendiés par les forces d’occupation turco-djihadistes afin d’affamer la population.
 
L’armée d’occupation turque et ses mercenaires alliés ont incendié des champs dans les villages de Til Temir (Tal Tamr) samedi matin par des tirs d’artillerie. Les villages touchés sont Erîşa, Dawidiyê, Sîbatiyê, Ezîziyê, Reyhaniyê, Qasimiyê et Um El-Kêf.
 
Les flammes se sont propagées aux terres agricoles des villages environnants.
 
Les pompiers et les paysans ne peuvent pas éteindre le feu en raison des attaques qui se sont poursuivies pendant deux jours.
 
L’incendie criminel ciblé dans les régions du nord de la Syrie fait partie de la stratégie d’occupation turque. Les habitants de la région autonome sont poussés à être affamés, démoralisés et chassés. A Sherawa, district d’Afrin, un homme de 22 ans a été mortellement blessé vendredi lors d’opérations de lutte contre l’incendie. Sa mort est l’un des innombrables autres crimes de guerre commis par l’État turc et ses troupes auxiliaires djihadistes contre la population civile du nord et de l’est de la Syrie, approuvés de facto par la communauté internationale.
 

ROJAVA. Souffrances du garçon brûlé aux armes interdites utilisées par la Turquie

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ROJAVA – Mohammed Hamid, un enfant kurde de 13 ans, gravement brûlé lors d’une attaque d’armes incendiaires par la Turquie le 22 octobre, au Rojava, est retourné au Rojava, après avoir reçu des soins médicaux en France.
 
Aujourd’hui, Mohammed souffre toujours énormément à cause de ses brûlures.
 
Hamid a des brûlures sur 70% de son corps à la suite d’une attaque menée par la Turquie contre la ville de Serê Kaniye (Ras al-Ain) le 18 octobre, au milieu de combats acharnés entre les Forces démocratiques syriennes (FDS) et les gangs islamistes soutenus par la Turquie.
 
Des responsables médicaux locaux ont accusé la Turquie d’utiliser des armes non conventionnelles et interdites dans les combats – allégations démenties par Ankara. Des dizaines de civils, dont plusieurs enfants, ont été gravement blessés à la suite de l’utilisation signalée du produit chimique incendiaire dans l’offensive turque dans le nord de la Syrie, qui a commencé le 9 octobre.
 
L’Organisation des Nations Unies pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a ouvert une enquête sur l’attaque chimique contre des civils kurdes.
 
L’utilisation de phosphore blanc, couramment utilisé pour créer des écrans de fumée, est autorisée par plusieurs traités. Cependant, son utilisation sur les civils est interdite par le Protocole de Genève et la Convention sur les armes chimiques.
 
Images sensibles des ses blessures ont été publiées hier par Ivan Hassib :
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TURQUIE. Un cimetière des combattants kurdes détruit pour la troisième fois

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TURQUIE / BAKUR – La profanation des cadavres et des tombes des combattants kurdes par les forces turques est devenue une tradition centenaire en Turquie. Il y a quelques jours, on découvrait avec effroi que 267 corps de combattants kurdes avaient été enfouis secrètement sous un trottoir d’Istanbul. Aujourd’hui, on apprend que l’armée turque a détruit pour la troisième fois le cimetière des combattants du PKK dans la campagne de Lice.
 
Le cimetière des combattants du PKK à Lice, UN district d’Amed, a été détruit par l’armée turque pour la troisième fois. C’est la deuxième année consécutive que les familles kurdes retrouvent les tombes de leurs enfants détruites lors de la visite traditionnelle au cimetière la veille de l’Aïd al-Fitr.
 

L’année dernière, plusieurs familles ont été confrontées à un scandale identique lorsqu’elles sont entrées dans le cimetière complètement détruit du quartier de Sisê (Yolçatı) un jour avant la fête islamique. En 2015, l’armée turque avait même bombardé le cimetière. Les familles ont laborieusement reconstruit le cimetière. Maintenant, il a de nouveau été dévasté.

Dans les environs immédiats de Sîsê, des opérations militaires contre la guérilla kurde ont lieu depuis des semaines. On soupçonne que le cimetière a été profané au cours des activités militaires turques.

 

L’APCE demande à la Turquie et à l’Azerbaïdjan de cesser d’attaquer les journalistes

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STRASBOURG – Stefan Schennach (Autriche, SOC), rapporteur général de l’APCE sur la liberté des médias et la sécurité des journalistes, a exprimé son inquiétude quant à la détention de journalistes depuis de nombreuses années, notamment en Turquie.
 
Le rapport de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) sur les Menaces pour la liberté des médias et la sécurité des journalistes en Europe observe que la Turquie est le pays qui compte le plus grand nombre de journalistes (majoritairement des Kurdes) emprisonnés, actuellement 95 selon la Plate-forme du Conseil de l’Europe pour la promotion de la protection du journalisme et de la sécurité des journalistes.
 
« Les journalistes sont placés (…) en détention préventive arbitraire, et sont détenus pendant des mois, parfois des années, avant que leur affaire ne soit portée devant les tribunaux. Ces détentions sont le résultat d’un ciblage politisé des journalistes pour leurs reportages critiques ; elles constituent une violation évidente de la liberté d’expression et du droit des journalistes à la liberté et à la sécurité », a déclaré M. Schennach.
 
En outre, dans le contexte de la crise actuelle de la pandémie du COVID-19, l’emprisonnement des journalistes constitue un risque injustifié pour la santé, voire pour la vie. Un récent projet de loi propose qu’environ un tiers des 300 000 détenus turcs soient libérés, mais il exclut les personnes détenues pour des infractions liées au terrorisme, et donc la majorité des 95 journalistes en détention, car ils sont accusés ou condamnés pour terrorisme, bien que sans justification solide.
 
Le rapporteur général a conclu que « la situation actuelle en Turquie et en Azerbaïdjan est inacceptable. Dans ces deux États membres, la liberté d’expression, y compris la liberté des médias, est violée depuis plusieurs années. J’appelle donc la Turquie et l’Azerbaïdjan à mettre fin d’urgence à ces attaques contre les journalistes, afin de respecter les normes établies par le Conseil de l’Europe et de s’en tenir aux valeurs promues par notre Organisation ».
 

ROJAVA. L’artillerie turque tue un Kurde a Afrin

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SYRIE / ROJAVA – Un jeune kurde de 22 ans est mort après être blessé par les tirs d’artillerie de la Turquie qui ont provoqué des incendies des champs de céréales dans un village d’Afrin.
 
Les tirs d’artillerie des forces d’occupation turques stationnées dans le village de Burca Qase, dans le district de Sherawa, à Afrin, ont provoqué des incendies dans les champs de céréales des villages de Kalotiya et Zoqa Mezin.
 
Les civils qui tentaient d’éteindre le feu dans le village de Kalotiya ont été pris pour cible par les envahisseurs et ont blessé grièvement Suleyman Cemil Ibrahim.
 
Ibrahim a été emmené à l’hôpital Avrin dans le district de Fafin, à Shehba.
 
En parallèle à cette attaque, les forces turques et les mercenaires alliés attaquent le village d’Erida à l’ouest de Gire Spi (Tal Abyad).
 

La démocratie communale comme moyen de sortie de la crise

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Cet article vise à contribuer à la perspective des peuples pour une solution à la crise structurelle actuelle du capitalisme. Il a été développé à partir de la théorie de la « modernité démocratique » – par opposition à la modernité capitaliste – telle que préconisée par le leader du peuple kurde Abdullah Öcalan, détenu en isolement sur l’île pénitentiaire d’Imrali depuis 1999 [1]. Öcalan, tout en faisant des propositions détaillées et en définissant un cadre, a souligné certains points fondamentaux concernant une sortie de la crise et du chaos.
 
Il a notamment développé la modernité démocratique et le « paradigme démocratique, écologique et libérationniste des femmes » contre le pouvoir, l’État, le système de domination masculine, l’histoire, la philosophie, le scientisme et la triade État-nation, industrialisme et capitalisme. Ce bref résumé du paradigme d’Öcalan met l’accent sur certains éléments principaux d’un système que des mouvements et des sociétés en dehors du système dominant, en quête d’égalité, de liberté et de démocratie, peuvent établir dans une perspective de démocratie communautaire. Bien sûr, expliquer le système de modernité démocratique comme une alternative à la modernité capitaliste dépasse le cadre de cet article, mais ce qui suit espère offrir un cadre.
 
La crise est une approche erronée
 
Il est possible pour toutes les forces sociales non étatiques et ce que nous pouvons conceptualiser comme « les peuples » de trouver une issue au chaos actuel. Il n’y a pas qu’une seule forme de sortie, mais plusieurs solutions sont possibles et peuvent être attendues en fonction du niveau des mouvements impliqués dans les projets et de leurs pratiques. Il existe de nombreuses catégories et segments qui sont en dehors du système ou qui ont été exclus en raison d’intérêts hégémoniques. L’ampleur de ces derniers varie d’un État à l’autre et d’une période à l’autre.
 
Les groupes d’intérêts économiques et scientifiques, regroupés autour de l’État, peuvent être appelés la haute société, l’oligarchie ou, plus familièrement, « les grands et les bons ». À l’opposé, nous pouvons inclure tous les groupes à l’autre extrémité de la dichotomie dialectique – les classes opprimées et les groupes ethniques, culturels, religieux et de genre – le peuple[2]. Tout au long de l’histoire, ces catégories ont changé de système en système et ont évolué vers les groupes sociaux plus complexes qui existent aujourd’hui.
 
Il est évident que les peuples ont été profondément touchés par la crise, qui a commencé en 1968 avec les mouvements mondiaux de jeunesse [3], s’est accélérée avec l’effondrement du socialisme soviétique en 1989, et s’est approfondie avec l’attaque des tours jumelles le 11 septembre 2001. Avec l’invasion de l’Irak le 20 mars 2003 et le printemps arabe de 2011 qui a suivi, les bouleversements dans le monde ont atteint des dimensions que l’on peut qualifier d’historique. Aujourd’hui, la révolution Rojava/Syrie du Nord, qui se poursuit avec succès depuis 2012 avec un paradigme démocratique, écologique et de libération des femmes, est devenue un nouvel espoir révolutionnaire pour les peuples et les forces extérieures au système. Bien que cette révolution se déroule localement, sa perspective et ses idées sont universelles. Cette révolution et, en général, la quête de liberté des peuples se poursuivent avec des escalades interrompues par de courts hiatus et des changements de zone et de caractéristiques. D’autre part, la lave projetée sur les peuples par les contradictions internes du système en place devient de plus en plus brûlante. Le chômage, la faim et les luttes contre l’aggravation des problèmes de santé, d’environnement et d’éducation dominent l’agenda de toutes les couches sociales. Il est devenu évident que les forces dominantes du système ont, par rapport au XIXe siècle, perdu la capacité de résoudre les problèmes par elles-mêmes et que les solutions imposées sont loin de produire des résultats significatifs et ne font qu’aggraver le chaos. Les sources de la crise ne pourront pas se transformer en sources de solution et ce n’est qu’en cas de changement de celles-ci qu’elles pourront assumer une fonction de réconciliation sur la base de principes corrects.
 
Les peuples élaboreront des solutions comme ils l’ont fait tout au long de l’histoire. Que l’on parle d’historicité, de tradition, de culture ou autre, tous les groupes de personnes ont une histoire. Depuis l’existence de la société de clans, les communautés humaines ont développé des réflexes existentiels vis-à-vis de la géoculture et des structures politiques. Cette position a un caractère communautaire et démocratique.
 
Lorsque nous considérons les individus qui ont été transformés en primates par le système capitaliste, nous ne pouvons pas ignorer la position communale et démocratique. Même dans l’état le plus primitif, un individu ne peut pas vivre ne serait-ce qu’un jour sans un niveau communautaire de la société. Même si les opérations de lavage de cerveau qui nient la société ont conduit à oublier l’importance de cette réalité, il s’agit là d’un fait social fondamental. Aucun individualisme n’a une chance de survivre sans un lien avec sa société. Si le système capitaliste du 20e siècle – en particulier la structure de l’État – ne s’était pas appuyé sur les trois dérivations sectaires – social-démocrate, socialiste existant et libération nationale – il n’aurait peut-être pas connu la crise actuelle. La caractéristique fondamentale de ces trois sectes était leur arrivée au pouvoir en offrant de l’espoir aux peuples. Malgré cela, pendant 150 ans – depuis les révolutions de 1848 – elles ont dit « d’abord nous prendrons le pouvoir, ensuite tout le monde aura ce à quoi il a droit ». C’est-à-dire qu’ils ont envisagé l’arrivée au pouvoir comme le maillon fondamental dans la résolution des problèmes sociaux. L’objectif principal de leurs programmes était de prendre le pouvoir, puis de transformer le monde ou la société. Tous leurs modes de lutte étaient liés à cette perspective. Cette stratégie n’a pas fonctionné et a entraîné une grande déception.
 
Comme l’a bien dit Emmanuel Wallerstein : « Si vous travaillez au sein de la structure du pouvoir du système capitaliste, vous ne pouvez pas être une alternative ». Ce Léviathan pétri par le plus nationaliste, sexiste, religieux et scientiste de la modernité a été accepté comme le cadre fondamental et correct dans lequel mener la lutte.
 
L’État-nation centralisé a été présenté comme un véhicule ou, plus exactement, un objectif plus progressiste et plus apte à résoudre les problèmes. Aucune analyse n’a été développée pour l’État-nation, dont la base était le nationalisme intégral du gouvernement, le communautarisme sexiste, le fanatisme religieux et le positivisme scientifique qui ont créé le citoyen le plus gonflé [4] et le plus monstrueux de l’histoire, dissous toute la société au sein de l’État et conduit au fascisme. Lorsque ce véhicule, que le pouvoir en place a infiltré dans les périphéries mêmes de la société, est devenu le véhicule privilégié du socialisme scientifique, le destin du socialisme a été scellé dès le début. La dissolution officielle en 1989 n’était qu’une formalité.
 
Comme si les couches de l’État étaient inexorables – rappelant le ciel – elle est transformée en un programme d’espoir plein de ressources de vie. Des partis sont fondés et des guerres sont menées. Puis, en cas de victoire, il partage avec ses partisans les moyens de l’État, les valeurs de ce qu’on appelle la société. Lorsqu’il s’agit des grandes masses de la société, il ne reste rien. C’est toujours la même histoire. Si elle ne gagne pas, la guerre continue.
 
Des moyens durables de résolution
 
Dans ce cas, si l’histoire doit, dans un sens, tirer les leçons du passé, nous devons produire une solution durable, de fond et de forme, à la situation actuelle de crise-chaos en faveur du peuple. Ce qui mène à la défaite, ce n’est pas de prendre pour base la position communautaire et démocratique du peuple. Quelles que soient les analyses sociales, les stratégies, les tactiques et les organisations mises en place, les actions entreprises et même les victoires remportées, le point atteint est de rencontrer le système dans son pire état. Lénine, le génial révolutionnaire du XXe siècle, exprimait une vérité fondamentale lorsqu’il a dit « Il n’y a pas de voie vers le socialisme en dehors de la démocratie ». Mais même lui pensait qu’il y avait un raccourci vers le socialisme sans expérience de la démocratie. L’immense accumulation soviétique – des millions de personnes ont fait le plus grand sacrifice et des milliers de grands intellectuels ont été sacrifiés – a soi-disant gagné au nom d’une obsession du pouvoir, mais n’a pas pu aller au-delà de la facilitation du fonctionnement du système. La principale leçon à tirer de cette grande expérience du XXe siècle – la révolution d’Octobre – est que des solutions durables et fondées sur des principes ne peuvent être apportées au capitalisme qu’en transformant les positions démocratiques des peuples en systèmes démocratiques communautaires complets. Tant que la démocratisation n’est pas libérée de la maladie de la formation de l’État, un système démocratique ne peut être atteint.
 
Afin de mieux connaître notre forme de solution, nous devons à nouveau nous tourner vers l’histoire. Remontons loin dans le temps. Ce sont des peuples appelés barbares, qui avaient un ordre commun et ne reconnaissaient pas l’État, qui ont mis fin au dernier empire romain asservi. L’ordre monastique communal a également rongé Rome de l’intérieur. Ce sont ces forces qui ont dissous cette horrible machine à esclaves. C’étaient des forces communales et démocratiques, mais leurs dirigeants les ont trompées avec les miettes du pouvoir. Au lieu de développer une Europe démocratique, ils ont fait venir un État féodal et despotique et des petits États. De tels mouvements sont apparus partout où l’esclavage a été transcendé. Lorsque la Renaissance a mis fin à la féodalité du Moyen Âge, des villes qui étaient des îlots de démocratie ont émergé partout. La démocratie urbaine s’est développée. Une Europe démocratique était désormais à l’ordre du jour de l’histoire. La Grande Révolution française (1789), les révolutions anglaise (1640) et américaine (1776) qui l’ont précédée, et les communards en Espagne et dans de nombreux autres pays européens à partir du XVIe siècle ont été la voix tonitruante de la démocratie. Mais cet outil de force toujours sournois et féroce de la puissance guerrière a travaillé pour un système oppressif, qu’il soit ancien ou nouveau. Certains qu’il a pris de son côté, d’autres qu’il a écrasés. Il a avalé les forces naïves de la démocratie dans son vortex historique. Comme une tumeur cancéreuse qui se développe, ce pouvoir guerrier s’est nourri des guerres des XIXe et XXe siècles, qui ont engendré les régimes les plus inhumains, le fascisme raciste et le totalitarisme, et qui sont à l’origine du grand chaos actuel.
 
Les traditions de démocratie communautaire sont universelles, comme les maillons d’une chaîne. Elles nous relient au passé ancien et aux lieux les plus obscurs. Nous ne sommes pas seuls. L’histoire et les lieux sont des communautés et des démocraties qui devraient être les nôtres plutôt que celles du système. Il nous appartient de prévenir la perte des connaissances, de choisir les moyens politiques appropriés et de revenir à la morale sociale. Tout cela est lié à la « conscience ». Les moyens politiques sont le sujet sur lequel nous devons le plus nous attarder. En bref, nous appelons cela la démocratie communautaire apatride. Il ne s’agit pas d’une absence d’autorité ou d’ordre. Il s’agit d’un ordre significatif et éclairé d’une autorité soutenue par le peuple. Une démocratie populaire non étranglée dans la bureaucratie, avec des fonctionnaires élus chaque année et des citoyens capables de retirer le mandat qu’ils ont donné.
 
Démocratie de classe
 
Attirons l’attention sur l’une des questions fondamentales qui doit être élucidée. Il s’agit du fait que la démocratie de classe ne peut pas être significative et comme on le souhaite. Selon les théories dominantes des sciences sociales marxistes, elle est une conclusion inévitable de la progression de l’histoire de « l’esclave » au « serf », et finalement au « travailleur, prolétaire » et que sans l’expérience de ces phénomènes, nous ne pouvons pas atteindre le socialisme ou l’égalité des libertés. Dans ce cas, dire « vive l’esclavage, vive le servage, vive les travailleurs », c’est dire la révolution de classe, la démocratie de classe – suivie de la dictature. Dans la démocratie communale des peuples, il n’y a pas de place pour les esclaves, les serfs ou les travailleurs ! La consécration des classes et des groupes opprimés est une vieille maladie. Comme son nom l’indique, si la démocratie communautaire existe dans un endroit, il n’y aura pas d’oppression ou d’exploitation injuste. Les systèmes tyranniques peuvent asservir, et institutionnaliser le servage et le travail. Mais une fois que la démocratie s’est développée, il n’y a plus ni esclavage, ni servage, ni statut de travailleur. Les gens travailleront, mais ils travailleront pour eux-mêmes, en tant que membres de leur propre commune. Le communalisme et la démocratie sont indissociables. La définition et l’histoire de la démocratie que nous visons sont les suivantes.
 
Égalité et liberté
 
Le lien entre la liberté et l’égalité dans les démocraties est absolument compréhensible. Elles ne sont pas des alternatives l’une à l’autre. Cependant, autant la démocratie se développe, autant les libertés se développent. À mesure que les libertés se développent, l’égalité émerge. La démocratie est le véritable domaine dans lequel la liberté et l’égalité se développent. La liberté et l’égalité qui ne sont pas basées sur la démocratie ne peuvent être que basées sur la classe. Une seule classe, un seul groupe ou des groupes préférentiels. Pour les autres, il ne reste que la domination et l’asservissement. Dans la démocratie populaire, puisque l’autonomie est la base, l’égalité et la liberté sont généralisées. Par conséquent, la liberté et l’égalité les plus étendues se trouvent dans les démocraties populaires, dans les démocraties où il n’y a ni État ni pouvoir. Les démocraties ne nient pas l’État, mais elles ne sont pas non plus une couverture ornementale pour l’État. Il est faux d’exiger la démocratie en détruisant l’État. En fait, l’État – qui à long terme devrait dépérir – peut mettre en œuvre l’intégrité de principe des démocraties.
 
La légitime-défense
 
Il est incontestable que la démocratie est le moyen le plus efficace pour résoudre les problèmes sociaux – avant tout la paix. Elle tire son pouvoir non pas de la guerre, en dehors de l’indispensable légitime-défense, mais de la capacité de persuasion. Elle compare ce qui sera perdu dans la guerre avec ce qui sera gagné par la persuasion et s’efforce de développer des solutions conformes aux intérêts des peuples. Un débat audacieux et réaliste, impliquant une large participation, permet d’élucider les problèmes, après quoi des solutions enracinées peuvent être appliquées. La démocratie à Athènes constituait le meilleur environnement pour la philosophie. Sans la démocratie athénienne, Aristote, Platon et Socrate auraient été inimaginables. Sans les démocraties urbaines de la Renaissance, les révolutions de la science et de l’art n’auraient pas pu se développer.
 
Économie
 
La contribution économique des démocraties ne peut être sous-estimée. Si un système démocratique existe dans une société, alors il n’y aura pas de monopole des valeurs économiques et il n’y aura pas non plus de pillage. Les individus ne seront pas non plus abandonnés à l’improductivité. Les démocraties n’approuvent pas la recherche extrême du profit, ni l’oisiveté et l’irresponsabilité individuelles et institutionnelles. Dans ce domaine, un équilibre optimal sera finalement établi entre l’économie publique et l’économie privée. La relation entre démocratie, productivité économique et développement a été prouvée par de nombreuses études. Outre la productivité, les démocraties constituent le meilleur environnement pour une distribution équitable et des investissements appropriés. Elles sont également un facteur fondamental pour une production répondant aux demandes réelles des populations et pour l’établissement d’un équilibre entre l’offre et la demande. C’est ainsi qu’il y a la possibilité de mettre en place un véritable marché social. L’esprit de concurrence remplacera la rivalité meurtrière. En limitant au maximum le déséquilibre entre l’offre et la demande, l’inflation et les manipulations financières, principales causes de la crise, il exprimera sa force de proposition. Une solution fondamentale sera trouvée au chômage systématique.
 
Femmes
 
La question des femmes est la plus urgente des questions sociales fondamentales. Tout au long de l’histoire, toutes sortes d’oppression, d’exploitation, de violence et d’objectivation, en bref, un système d’esclavage a été imposé aux femmes par le système dominé par les hommes. Il est donc nécessaire que nous abordions la question des femmes comme une question principale et la base de toutes les questions, et pas seulement comme une partie des problèmes sociaux. Elle doit également être traitée comme une question fondamentale de liberté dans les domaines politique, économique, moral, social et scientifique, et pas seulement dans les débats. La ligne/la lutte pour la liberté des femmes et l’accumulation historique des femmes devraient être prises comme guide. La lutte pour la liberté menée par les mouvements de femmes n’est pas seulement contre la modernité capitaliste, mais est une lutte plus profonde contre la domination masculine et devrait constituer la base du nouveau paradigme alternatif. Elle ne peut être reportée et laissée à l’après-révolution comme par le passé. L’idéologie de la libération des femmes, telle que proposée par le mouvement des femmes kurdes depuis les années 1990, doit être considérée comme un élément principal et un phare de la lutte pour la liberté, l’égalité et la démocratie. Tout comme dans de nombreux endroits du monde, à Rojava/Syrie du Nord, la ligne de liberté des femmes trace un chemin et constitue un espoir de libération. Il est de la plus haute importance d’approfondir encore cette expérience et cette accumulation et d’y faire face avec la science de Jineolojî développée par Abdullah Öcalan et le mouvement des femmes kurdes. Le Forum social mondial et d’autres forums révolutionnaires peuvent développer une nouvelle perspective plus analytique avec cette science.
 
Jeunes
 
Il est nécessaire d’approcher de manière distincte les jeunes dans la lutte pour une société démocratique. La socialisation des jeunes les confronte à d’énormes pièges. Tout en étant confondus par le conditionnement social patriarcal traditionnel d’une part, et par le conditionnement idéologique du système d’autre part, ils ont une nature ouverte aux nouvelles idées. Ils sont naïfs quand il s’agit de ce qui se passe. Sous l’influence de l’ancienne société, ils sont loin de découvrir ce qui a été préparé pour eux. Ils ne peuvent même pas reprendre leur souffle face aux mille et une astuces du système capitaliste. Tout cela rend indispensable la conception d’une éducation sociale, en particulier pour les jeunes. L’éducation des jeunes est une chose qui demande beaucoup d’efforts et de patience. En retour, ils ont une audace et un dynamisme qui leur permettent d’écrire des épopées. Une fois qu’ils ont saisi les objectifs et les méthodes, il n’y a rien qu’ils ne puissent atteindre.
 
Action et organisation
 
Les formes d’action et d’organisation dans les démocraties sont au moins aussi importantes que leurs propres définitions. Si l’autodéfinition permet d’éclairer davantage l’objectif, il est indispensable que l’organisation et l’action soient correctement définies. Sans une harmonie des objectifs et des moyens et sans la résolution correcte de l’équilibre entre eux, il est difficile de progresser dans les démocraties. Les démocraties qui s’appuient uniquement sur des objectifs ou des moyens ressemblent à un unijambiste. Jusqu’où un unijambiste peut-il marcher ?
 
Modèles de participation et de congrès
 
Comme la crise actuelle ne peut être surmontée en s’opposant à la volonté populaire, la participation populaire est obligatoire. La participation doit être populaire et démocratique. Cela ne peut pas fonctionner sans un système de congrès. Peut-être qu’aux XIXe et XXe siècles, les États capitalistes n’avaient pas à partager l’autorité de l’État avec les congrès populaires, mais dans la crise actuelle, les États ne peuvent pas faire un pas en avant sans reconnaître l’initiative populaire. Les conditions sévères de la crise rendent impérative une participation populaire globale, durable et institutionnalisée. Par conséquent, la participation populaire très limitée des XIXe et XXe siècles ne peut trouver son sens aujourd’hui qu’avec les congrès. Ces congrès ne seront ni de parti ni de semi-État. Il s’agira de congrès populaires émergeant de conditions historiques. Les peuples se sont éloignés des trois sectes du capitalisme – le socialisme, la social-démocratie et la libération nationale – et ensuite de l’État, en entrant dans le processus des congrès. De même que l’État n’est pas entièrement rejeté, il n’est pas non plus accepté comme auparavant. Par conséquent, il leur est possible de jouer un rôle dans la résolution des crises sociales dans le cadre de principes clairs. La taille de plus en plus réduite des États et l’émergence de nouveaux modèles d’État montrent la nécessité d’un modèle de congrès.
 
En outre, dans les pays où il existe de graves problèmes nationaux, les modèles de congrès peuvent jouer un rôle tampon. Pour de nombreuses communautés et groupes, des congrès de niveau inférieur sont également nécessaires. La capacité des congrès à réunir la participation de différents partis, points de vue et croyances démontre que les démocraties ne pourront pas fonctionner sans eux. En conclusion, il sera réaliste de penser aux solutions des congrès non pas comme une alternative aux États, mais comme des modèles de solutions parallèles dans une période où les États ne peuvent pas résoudre seuls de graves problèmes.
 
En conclusion, de toutes ces solutions et thèses, il serait faux de conclure que : « Les civilisations se combattront jusqu’à la victoire sans réconciliation ». De tels jugements, issus d’une analyse dialectique destructrice, ne nous semblent pas adaptés à la dialectique de flux universel que nous nous efforçons d’ouvrir avec une vision philosophique. Même si des conseils destructeurs existent, ce qui est fondamental, c’est un développement réciproque (une relation symbiotique). La nature de la société fonctionne avec une telle dialectique, avec des relations réciproques et une vie commune. L’histoire et le présent présentent une multitude d’exemples de ce type.
La première condition préalable est que les civilisations reconnaissent l’identité de l’autre et se respectent mutuellement. Essayer de forcer l’identité d’une personne sur une autre en utilisant diverses méthodes est une méthode destructrice, et non pas réconciliatrice. Cette méthode a été fréquemment utilisée dans l’histoire et constitue la voie de la guerre de pouvoir qui, de nos jours, s’est imprimée dans les sociétés.
 
Ceux d’entre nous qui veulent constituer un système alternatif, un système démocratique communal, doivent reprendre leur recherche à partir de leur histoire et de leur expérience de la lutte. Ceux qui s’opposent au système mondial du capitalisme peuvent, en faisant une autocritique du passé afin de créer une compréhension plus compacte de l’histoire et de la société, rompre avec la civilisation capitaliste et progresser vers une civilisation démocratique intégrée à la liberté, à l’égalité et au communautarisme.
 
Adem Uzun, publié sur Komun Academy
 
[1] Öcalan a été capturé dans le cadre d’un complot international et remis à l’État turc. Dans ce complot, les États-Unis, principal moteur de la modernité capitaliste, et leurs associés locaux ont joué un rôle majeur, et toutes les autres forces ont approuvé le complot.
 
[2] Le terme « peuple » doit être compris comme un concept dynamique et changeant rapidement…
 
[3] Le mouvement des jeunes étudiants qui a fait un bond en avant en 1968 a été le plus grand mouvement de protestation au début de l’ère de la finance. Bien qu’il ait eu un aspect essentiellement utopique, il a été un flambeau des lumières et de la liberté contre l’âge le plus sale et le plus sombre. Il a été suivi par le développement de mouvements culturels, féministes et écologistes-écologistes qui ont ouvert la voie aux premières perspectives anti-modernistes. Ils ont élargi la lutte pour l’égalité, la liberté et la démocratie sans s’appuyer sur le gouvernement.
 
[4]Le positivisme est la philosophie la plus vulgaire du phénoménalisme[4]. Le fait est l’image de la vérité ; quant au positivisme, c’est la vérité elle-même. Par conséquent, rien de ce qui n’est pas un fait ne peut être la vérité. Nous savons par la physique quantique, l’astronomie et la biologie, et même par la pensée elle-même, que la vérité en tant que maximum se produit dans les univers au-delà de ce qui est visible. Dans la relation entre ce qui est observé et l’observation (la vérité), elle suppose une nature mystérieuse qui ne peut correspondre à aucune mesure ou description physique. Le positivisme, en tant que négation de cette profondeur, ressemble le plus au paganisme de l’Antiquité (Öcalan, Sociologie de la liberté).

Vers la pérennisation des cours de kurde pour francophones?

LANGUE. Du 21 avril au 21 mai 2020, nous avons organisé des cours de kurde (dialecte kurmancî, niveaux grands-débutants et A-1) pour francophones, en ligne à raison de 3 cours hebdomadaires. Les cours assurés par le « mamoste » Nebiyê DÛRO ont eu un grand succès auprès du public.

Devant l’engouement du public pour continuer les cours de kurde, nous avons décidé de les pérenniser en invitant de nouveaux animateurs volontaires pour assurer l’enseignement du kurde pour débutants francophones.
 
A partir du lundi 25 mai, nos camarades Sibel et Omer dispenseront 2 cours de kurde hebdomadaires les lundis et les jeudis, de 20h à 21h (heure française).
 
Pour suivre les cours, il vous suffit d’aller sur la page et de cliquer sur le lien de la réunion sur l’application ZOOM de cours de kurmancî. On diffusera le lien sur la page Facebook d’  » Apprendre le kurde en ligne « . C’est pourquoi, on vous conseille d’oublier les mails ou les numéros de téléphone à nous envoyer. La gestion de ces mails et numéros est devenu un travail titanesque pour l’équipe de Kurdistan au féminin qui est déjà bien occupée à informer le public. Cliquez plutôt sur le lien ZOOM pour assister aux cours de kurde en directe. On essayera de diffuser les cours,  en temps réel, sur Facebook s’il n’y a pas d’aléas du direct. 
 
Pour ceux qui ne peuvent assister au cours en temps réel, vous pouvez suivre les cours en allant sur notre chaîne YouTube, ou sur notre page Facebook et suivre les cours à votre rythme.
 
Le planning des cours pour débutants :
 
Lundi – 20h-21h (heure d’Europe centrale)
Jeudi – 20h-21h 
 
Pour ceux qui veulent améliorer leur lecture en kurde et à l’écrit, ils peuvent s’inscrire aux cours de kurde dispensés par l’Institut kurde d’Istanbul en remplissant le formulaire d’inscription que l’Institut a mis en ligne ici

 

Le planning des cours de niveau B2 :

Ils auront lieu tous les mardis et jeudis de 20h à 22h (heure de Paris)

Lors des cours, on travaillera sur le grammaire, l’orthographe et la lecture.

Chers ami-e-s, faisons vivre la langue kurde que les Etats colonisateurs du Kurdistan nous ont interdite depuis plusieurs générations. Tous les peuples ont le droit de parler leurs langues qui sont les richesses de l’humanité.  

Des centaines de femmes appellent les dirigeants du Kurdistan du Sud à empêcher une guerre fratricide kurde

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« Le Kurdistan ne devrait pas devenir un champ de bataille pour des guerres régionales ou mondiales. Il devrait être une source d’inspiration pour la démocratie et la coexistence pacifique au Moyen-Orient ».
 
Des centaines de politiciennes femmes ont envoyé une lettre ouverte à M. Masoud Barzani, président du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) ; à Mme Bese Hozat et M. Cemil Bayik, co-présidents du Conseil exécutif de l’Union des communautés du Kurdistan (KCK) ; à M. Lahur Talabani et M. Bafel Talabani, co-présidents de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK).
 
La lettre a également été envoyée au Secrétaire général des Nations unies, M. António Guterres ; au Secrétaire général du Conseil de l’Europe, Mme Marija Pejčinović Burić ; au Président de la Commission européenne, Dr. Ursula von der Leyen ; au Secrétaire général de l’OTAN, M. Jens Stoltenberg ; au Président des États-Unis d’Amérique, M. Donald Trump ; au Président de la Fédération de Russie, M. Vladimir Poutine ; au Président de la République d’Irak.

Voici la lettre signée par des centaines de femmes :
 
« Dans l’ombre de la pandémie mondiale mortelle, alors qu’une grande partie de l’humanité s’emploie à se protéger contre COVID-19, certains États saisissent l’occasion de poursuivre et même d’intensifier leurs politiques militaristes, agressives et d’occupation. Malgré la crise sanitaire mondiale actuelle, de violentes luttes pour l’hégémonie se poursuivent au Kurdistan et dans le reste du Moyen-Orient.
Au cours du siècle dernier, la situation géostratégique du Kurdistan, qui s’étend sur quatre États d’occupation clés, en a fait un champ de bataille systématique. La Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie ont tous partagé une politique de négation totale de l’identité kurde, même si les organisations et institutions internationales ont refusé d’étendre la reconnaissance juridique, politique et diplomatique du droit des Kurdes à l’autodétermination. En conséquence, les Kurdes ont été d’innombrables fois victimes de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Parallèlement à ce génocide, les États ont mis en œuvre le féminicide comme une forme particulière de guerre contre les femmes kurdes.
Les États qui tentent de mettre en œuvre leurs politiques coloniales régionales et mondiales ont toujours utilisé, comme outil le plus sale et le plus brutal, l’exploitation des différences entre ceux qu’ils souhaitent dominer ; ils ont exploité les conflits internes afin de diviser et de régner. L’État turc, en particulier, insiste pour tenter d’affaiblir les Kurdes, comme il l’a fait par le passé, en attisant les conflits internes kurdes au Rojava et dans la région du Kurdistan irakien, dans le cadre d’une politique de division et de domination.
L’Etat turc se prépare maintenant à lancer une offensive militaire majeure dans la région de Zini Werte, près des montagnes de Qandil dans le sud du Kurdistan (nord de l’Irak), située à 40-50 kilomètres de la frontière iranienne. Dans le cadre de sa préparation, il fait pression sur les forces politiques kurdes locales pour qu’elles y déploient des forces kurdes par procuration. L’État turc pense qu’il peut inciter les Kurdes à combattre les Kurdes, dans le but d’affaiblir et de déstabiliser les institutions politiques kurdes et, en fin de compte, d’occuper toujours plus de territoire au Kurdistan.
Le conflit actuel à Zini Werte n’est pas un problème isolé, déclare  la lettre, ajoutant que « c’est plutôt l’un des nombreux conflits qui pourraient facilement s’intensifier et provoquer des effusions de sang, surtout si les États-Unis, l’Irak et l’OTAN donnent carte blanche à l’armée turque. Il ne s’agit pas seulement d’une affaire interne aux Kurdes.
Nous pensons que l’unité entre vos partis et mouvements pour la défense de Zini Werte et Qandil ne profiterait pas seulement au peuple kurde mais constituerait également une contribution vitale à la paix dans la région. En outre, nous pensons que le traitement de la question kurde est inextricablement lié à la promotion d’une transformation démocratique du Moyen-Orient. Une résolution juste et pacifique de cette question pourrait soutenir la démocratisation dans la région au sens large. Nous ne devons pas sous-estimer l’impact potentiel de la perspective kurde sur la démocratie et la coexistence pacifique au Moyen-Orient. Elle pourrait contribuer de manière vitale à la réalisation et à la préservation de la démocratisation dans les États clés que sont la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie.
Depuis sa fondation, le gouvernement régional du Kurdistan (GRK) d’Irak, une entité gouvernementale kurde constitutionnelle et internationalement reconnue, a été une épine dans le pied de l’État turc, qui cherche à écraser toutes les aspirations nationales du peuple kurde. L’État turc considère toute déstabilisation ou tout affaiblissement du gouvernement régional du Kurdistan irakien comme une victoire. Le gouvernement régional du Kurdistan, la zone la plus sûre d’Irak, a été une réalisation importante pour tous les Kurdes, et nous devons travailler ensemble pour le protéger par le biais de l’unité nationale kurde.
Nous considérons qu’il est de notre devoir de prévenir la guerre et de défendre la paix et la coexistence partout dans le monde. Enfin, nous vous exhortons : « Le Kurdistan ne doit pas devenir un champ de bataille pour des guerres régionales ou mondiales. Il devrait être une source d’inspiration pour la démocratie et la coexistence pacifique au Moyen-Orient ».
 
 
La lettre est signée, entre autres, par :
. Commission des femmes du Congrès national du Kurdistan (KNK),
. Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix,
. Ela Gandhi, Présidente du Gandhi Development Trust et du Phoenix Settlement Trust, Afrique du Sud,
. Malin Björk, Membre du Parlement européen (MPE),
. Parti de gauche suédois, Silvia Modig, députée européenne,
. Vasemmistoliitto (Alliance de gauche), Finlande,
. María Eugenia Rodríguez Palop, députée européenne, Podemos Espagne,
. Leïla Chaibi, députée européenne, La France Insoumise (FI), France,
. Martina Michels, Die Linke, Allemagne,
. Baroness Helena Kennedy QC, Chambre des Lords, Royaume-Uni,
. Baroness Jenny Jones, Chambre des Lords, Royaume-Uni,
. Margaret Owen, directrice de Widows for Peace Through Democracy, Royaume-Uni,
. Julie Ward, ancienne députée européenne 2014 – 20, Royaume-Uni,
. Maxine Peake, actrice et écrivaine, Royaume-Uni,
. Janet Biel, écrivain politique américaine, États-Unis,
. Debbie Bookchin, journaliste, États-Unis,
. Barbara Spinelli, Italie, Bologne, avocate, membre du bureau exécutif de l’ELDH (Avocats européens pour la démocratie et les Doits de l’Homme),
. Lilian Galán, députée du Front large (Frente Amplió) Uruguay,
. Veronica Matto, députée du Front large (Frente Amplió) Uruguay
 

TURQUIE. De nombreux politiciens kurdes et des militantes femmes arrêtés

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TURQUIE / BAKUR – Ce matin, de nombreux politiciens et militants kurdes, dont l’ex-députée du HDP, Ayla Akat Ata, et des membres d’organisations de femmes, ont été arrêtés dans plusieurs villes kurdes.
 
Dans le cadre d’une enquête lancée par le procureur de Diyarbakır (Amed), la police turque a effectué des raids tôt ce matin aux domiciles de nombreuses militantes du Mouvement des femmes libres (TJA),  de cadres et membres de l’ Association des femmes Rosa.
 
Le raid a duré plusieurs heures à Diyarbakır mais aussi à Urfa/Karaköprü, où Narin Gezgör, ancienne députée du HDP et Ayla Akat Ata, membres fondatrices de l’Association des femmes Rosa, Adalet Kaya,  présidente de l’Association des femmes Rosa et l’activiste de TJA, Gülcihan Şimşek ont ​​été arrêtées et mises détention. 
 
Le nombre de femmes détenues dans le cadre de l’opération pourrait augmenter
 
En plus des militantes femmes, d’autres politiciens kurdes, dont l’ancien co-président du parti démocratique des régions (DBP), Mehmet Arslan, ont été arrêtés lors des mêmes raids.
 

COVID-19. Un prisonnier kurde malade meurt le jour de sa libération

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TURQUIE – ADANA – Le prisonnier gravement malade, Sabri Kaya est décédé le jour de sa libération. Les autorités turques l’ont libéré pour qu’il ne meurt pas en cellule, car elles savaient qu’il était en train de mourir.

Sabri Kaya est décédé le jour de sa libération. Kaya, qui a été hospitalisé à plusieurs reprises depuis le 25 mars, avait été emmené en prison avant la fin de son traitement.  Kaya, dont le cœur fonctionnait à 25%, a eu une crise cardiaque et une hémorragie cérébrale le 25 mars. Kaya a été emmenée trois fois à l’unité des soins intensifs. Les médecins ont établi un rapport médical qualifiant son état de santé de « bon », et il a été emmené de nouveau à la prison.

La chronologie d’une mort annoncée
 
4 mai: Kaya avait déjà été emmené 3 fois en unité de soins intensifs, 14 fois aux urgences
6: hospitalisé
11: de nouveau emprisonné
12: ré-hospitalisé
13: hospitalisé aux soins intensifs
19: 2e hémorragie
21: libéré
22 mai: décédé quelques heures après sa « libération »

Pour Kaya, le rapport « il ne peut rester en prison » a été émis par l’hôpital d’État d’Osmaniye le 20 mai et il a été envoyé le même jour à l’hôpital Balcalı. Après que le rapport émis par l’hôpital d’État d’Osmaniye, hier par le parquet général d’Osmaniye a ordonné la libération de Kaya.

Kaya est décédé le jour de sa libération. Kaya avait résumé sa situation lors de l’appel téléphonique hebdomadaire du 6 mai, appelant sa famille et disant: « Je n’ai plus la force de me tenir debout. Je vais mourir. »
 
En Turquie, il y a des milliers de prisonniers politiques malades qui attendent la mort au fond de leurs cellules alors que la pandémie du coronavirus aggrave encore plus leurs conditions carcérales dramatiques.