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LANGUE. Sortie du deuxième numéro de la revue des étudiants kurdes d’INALCO

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PARIS – Les étudiants du département de kurdologie de l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO) ont sortie le deuxième numéro de leur revue Kurd’Înalco. Le premier numéro de la revue était sortie le 28 avril 2019.

Que trouve-t-on dans ce numéro de Kovara Kurd’Înalco ?

La langue et la littérature kurde se régénèrent en Europe. Les étudiants kurdes de Paris ont publié le deuxième numéro de la revue Kurd’înalco. En première de couverture, un portrait du célèbre poète kurde Cegerxwin a été dessiné par l’artiste kurde Serdar Mutlu. Cette image donne le message de l’unité kurde et montre aux lecteurs la place important que Cegerxwin occupe au sein du nationalisme kurde.

La revue Kurd’Înalco comporte des articles sur la langue et la littérature kurdes et les sciences. Il y a même des leçons de français adressé aux Kurdes. Le niveau de langage n’est pas soutenu et reste accessible à tous. Ainsi, vous y trouverez des dossiers de recherche sur différents sujets, tel que la comparaison entre la tour de Dimdim et la tour d’Alamut, une étude sur Haci Qadrî Koyi, l’un des piliers de la littérature nationale. Il y a également des traductions ; telle que la nouvelle « le Gueux » (parsek) de Guy de Maupassant, un poème de l’anglais Choman Hardi. il y a aussi une première partie sur l’histoire de la ville d’Hewreman dans ce numéro. Un étudiant français en licence de kurde a écrit une histoire en soranî sur son voyage dans la région kurde d’Hewreman. Par ailleurs, dans ce numéro, vous trouverez un reportage inédit avec Patrice Franceschi, écrivain français, et activiste auprès des Kurdes du Rojava. Ce ne sont là que quelques exemples de textes, il y a encore d’autres articles intéressants qui ne sont pas cités ici.

Les participants de la revue explicitent ainsi leurs intentions : « Notre objectif est de permettre aux jeunes kurdes en France d’exprimer leur savoir et leur connaissance dans leur langue maternelle, de s’adresser ainsi à leur peuple et de préserver la langue et la culture kurde. Nous sommes la continuation des étudiants kurde d’europe qui ont édité en 1949 la première revue étudiante « Dengê Kurdistan en exil ». Nous savons que dans le processus de liberté et d’existence des peuples, la langue a une importance primordiale, c’est pour cela que notre slogan est « la langue libère son peuple » (« Ziman gelê xwe azad dike » en kurde).

L’achat de la revue est disponible en ligne et l’envoi est possible pour tous les pays :
https://www.helloasso.com/associations/kurd-inalco/formulaires/2
Et pour ceux qui sont sur Paris, ils peuvent acheter la revue aux adresses suivantes :
Centre Culturel Kurde Ahmet Kaya : 16 rue d’Enghien 75010 Paris
Institut Kurde de Paris : 106 rue la Fayette 75010 Paris

Site internet : https://kovarakurdinalco.fr/
Pour tout contact : kovarakurdinalco@gmail.com

IRAN. Une Kurde condamnée à 10 ans de prison pour avoir enseigné la langue kurde aux enfants

IRAN / ROJHILAT – L’activiste Zahra Mohammadi, qui donnait des cours de kurde aux enfants kurdes, a été condamnée à 10 ans de prison par un tribunal révolutionnaire de Sanandaj pour « constitution d’un groupe (…) dans le but de perturber la sécurité nationale ». 
 
Le procès de Zahra a eu lieu le 17 février devant un tribunal révolutionnaire de Sanandah, présidé par le juge Saeedi et son avocat a été informé le 15 juillet de sa condamnation à 10 ans de prison.
 
Zahra Mohammadi est la directrice de l’association culturelle et sociale Nozhin, et ses activités comprennent l’enseignement de la langue et de la littérature kurdes et d’autres activités civiles. Elle avait été arrêtée par les forces de sécurité à Sanandaj le 23 juin 2019 et libérée le 2 décembre 2019, sous cautions.
 
Le 13 novembre 2019, Amnesty International avait demandé la libération immédiate et inconditionnelle de Zahra Mohammadi.
 
Amnesty avait déclaré que des interrogateurs de sécurité avaient menacé la militante kurde d’arrêter les membres de sa famille si elle ne coopérait pas avec eux. Il convient de noter qu’elle s’est vu refuser l’accès aux médicaments malgré ses problèmes de santé au moment de son arrestation.
 
L’Association socioculturelle Nozhin est une institution civile établie sous licence officielle accordée par le ministère de l’Intérieur. Cette association organise des cours de langue kurde dans différentes villes kurdes au cours des dernières années. Il convient de noter que cette institution a joué un rôle important dans la fourniture de services de secours aux populations sinistrées du Lorestan au cours des derniers mois.
 
Zara Mohammadi avait été arrêtée le 25 mai 2019 avec ses deux collègues, Edris Minbari et Rebwar Minbari car elle enseignait bénévolement leur langue maternelle aux enfants kurdes.
 
Zara Mohammadi Sarawala, une jeune femme de 29 ans, est originaire de Sanandaj (Sinê), une ville kurde du Rojhilat (Kurdistan de l’Est). Titulaire d’une maîtrise en géopolitique de l’Université de Birjand, Zara a prodigué son enseignement à des centaines d’enfants kurdes de Sanandaj et des villages environnants, malgré les restrictions des autorités iraniennes.
 

Viol, une arme de guerre redoutable braquée sur le peuple kurde

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TURQUIE / BAKUR – Hier, un sergent turc a tenté de violer une fillette de 13 ans dans la ville kurde de Sirnak. Mais des riverains alertés par les cris de la fillette ont pu la « sauver » in-extremis des mains du militaire. Connaissant l’impunité accordée aux forces armées turques pour le massacre, la torture, le viol de femmes, d’enfants kurdes… on peut être sûr que rien de « méchant » n’arrivera à ce militaire en terre kurde colonisée.
 
Après près d’un siècle du partage du Kurdistan entre 4 Etats colonialistes qui sont la Turquie, Iran, Irak et la Syrie, on a eu droits des milliers d’exemples de viols commis par les militaires -depuis l’époque d’Ataturk lors des massacres de Dersim, Zilan, Koçgiri…, sur les femmes, enfants et hommes kurdes et qui sont restés impunis. D’ailleurs, les déclarations d’hier soir du préfet de Sirnak, minimisant à l’extrême la tentative de viol de la fillette kurde, annonce la suite logique de cette affaire… En effet, comment attendre d’un Etat qu’il condamne ses soldats violeurs qui ne font que réaliser les voeux de leur pays, à savoir la destruction de la société kurde dans son ensemble par une guerre sans merci où le viol est une arme redoutable de premier choix ? Une telle condamnation viendrait à ce que cet Etat se condamne lui-même. Avouez que cela n’arrivera jamais tant que la Turquie aura la supériorité militaire sur les Kurdes.  
 
Etant donné les visés néo-colonialistes du sultan Erdogan, dirigeant de la Turquie, on risque d’assister encore longtemps aux viols et féminicides des femmes kurdes commis par les soldats turcs et des mercenaires armés au Kurdistan du Nord, mais aussi dans les régions kurdes du Rojava, dans le nord de la Syrie, occupées par la Turquie, avec l’approbation de l’OTAN, de l’ONU qui considère le viol comme un crime de guerre et même de la Russie…   
 

L’Iran a exécuté deux autres prisonniers politiques kurdes

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IRAN / ROJHILAT – En 2018, les Kurdes représentaient 28 % des personnes exécutées en Iran, alors qu’ils ne constituent qu’environ 10 % de la population. L’année 2020 risque d’être pire.

L’Iran a exécuté le 14 juillet les prisonniers politiques kurdes Diako Rasoulzadeh et Saber Cheikh Abdollah, accusés de « guerre contre Dieu », à la prison d’Oroumieh. Les deux hommes avaient été arrêtés en 2013 et après une année sous la torture dans les services du renseignement de la ville de Mahabad, ils avaient été condamnés à mort.
 
Le Kurdistan Human Rights Network (KHRN) a confirmé mardi que Saber Sheikh Abdullah et Diako Rasoulzadeh avaient été exécutés plus tôt dans la matinée.
 
Reconnus coupables en 2017 de « moharebeh » ou de guerre contre Dieu, Abdullah et Rasoulzadeh ont été accusés d’appartenance au parti Komala, un groupe d’opposition armé kurde, et d’orchestration d’un attentat à la bombe en 2010 à Mahabad. Les avocats ont fait valoir que les accusations étaient fondées sur des aveux contraints obtenus par la torture.
 
Les deux prisonniers ont été arrêtés par les forces de sécurité à leur domicile de Mahabad en mars 2014, puis transférés au centre de détention du renseignement à Urmia.
 
Ils ont été condamnés à mort avec Hossein Osmani, un autre prisonnier politique, en octobre 2017 par la première branche du tribunal révolutionnaire d’Ourmia. Leurs verdicts ont par la suite été approuvés par la Cour suprême pour exécution fin octobre 2017.
 
Des dizaines de milliers de prisonniers politiques sont emprisonnés en Iran pour diverses accusations, dont la défense de la démocratie et la promotion des droits des femmes ou des travailleurs.
 
Selon un rapport de juillet 2019 du Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme en Iran, des groupes ethniques minoritaires, notamment des Kurdes et des Azéris, sont détenus de manière disproportionnée et plus sévèrement condamnés pour actes de dissidence politique .
 
À la fin du mois dernier, Amnesty International a appelé Les autorités iraniennes doivent révéler les détails entourant l’exécution secrète du prisonnier iranien kurde Hedayat Abdollahpour et rendre son corps à sa famille, quelques jours après que des proches ont reçu son certificat de décès officiel.
 
Depuis la réimposition des sanctions américaines et l’intensification des tensions, les autorités iraniennes ont commencé à resserrer l’étau sur les militants syndicaux, les journalistes, les satiristes, les écologistes, les militants anti-peine de mort et les chercheurs, qui ont été détenus en masse, dont certains condamné lors de parodies de procès.
 

HDP : Sainte-Sophie est un patrimoine de l’humanité vieux de 15 siècles

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« Les décisions relatives au patrimoine commun de l’humanité ne peuvent pas être prises en fonction des jeux politiques du gouvernement » déclare le HDP.
TURQUIE – Sevtap Akdağ Karahalı, porte-parole du Parti démocratique des peuples (HDP) pour les politiques d’éducation, les sports, la culture et la commission artistique, a publié une déclaration concernant la décision de la Turquie de convertir Sainte-Sophie en mosquée.
 
Déclaration 
 
« Coincé dans toutes les questions de politique intérieure et étrangère, incapable de gérer les crises économiques et sociales, et connaissant une impasse en raison du coronavirus, le bloc au pouvoir de l’AKP-MHP a une fois de plus mis à mal les atouts historiques et culturels comme outil politique pour trouver une issue.
 
Après avoir tenté d’influencer des personnes pieuses pendant les campagnes électorales avec le slogan « Que Sainte-Sophie soit une mosquée » et en dissimulant les réalités du chômage et de la pauvreté, le gouvernement a repoussé les limites du droit international et des conventions culturelles de l’humanité en faisant adopter par le Conseil d’État une décision [sur Sainte-Sophie]. Le Conseil d’État est devenu partie prenante à un jeu politique en prenant une décision conforme aux ordres et aux attentes politiques du gouvernement. Il s’agit clairement d’une décision politique.
 
L’histoire et la culture humaines ne doivent pas être soumises à la discrétion arbitraire du gouvernement, en Turquie ou ailleurs. Aucun État ne devrait avoir le droit de revendiquer la propriété du patrimoine culturel commun de l’humanité et de prendre des décisions arbitraires à son sujet. Servant de pont entre le passé et l’avenir, ce patrimoine culturel ne devrait pas être utilisé par le gouvernement comme un terrain de jeu politique pour des gains matériels ou des votes supplémentaires ou sous le prétexte de la « sécurité ». Cela s’applique à Sainte-Sophie ainsi qu’à Hasankeyf, qui est un site monumental du patrimoine culturel détruit pour la construction d’un barrage.
 
Héritage de l’humanité depuis 15 siècles, Sainte-Sophie est devenue un site sacré pour les communautés chrétiennes et musulmanes. Il ne peut être modifié par un décret de l’État et monopolisé au nom d’une seule religion. La décision de Sainte-Sophie est un montage politique du gouvernement et reflète son intransigeance vis-à-vis de l’héritage culturel.
 
Pour le HDP, Sainte-Sophie fait partie du patrimoine culturel de l’humanité. La décision a été prise avec des sentiments religieux et nationalistes, et elle est erronée en termes historiques et culturels. Le Conseil d’État a donc laissé un héritage de l’humanité à la merci du gouvernement de l’AKP et s’est intégré à la machine de propagande électorale de l’AKP.
 
Ce qu’il faut faire, c’est l’abrogation immédiate de cette décision et la formation d’un nouveau statut institutionnel non étatique pour Sainte-Sophie. À ce stade, nous suggérons qu’un groupe d’experts indépendants, économiquement et administrativement autonomes du gouvernement et travaillant sous la supervision de l’UNESCO, se charge de la protection et de la préservation de ce patrimoine historique. Sainte-Sophie peut ainsi rester un site du patrimoine culturel commun que les gens de toutes les confessions peuvent visiter librement et auquel ils peuvent rendre hommage. Le principe de base devrait être la protection de ces sites contre l’exploitation et les abus politiques. Cela s’applique non seulement à Sainte-Sophie, mais aussi à tout le patrimoine historique en Turquie et dans le monde.
 
Le gouvernement devrait immédiatement mettre un terme aux simples montages électoraux et à son manque de courage. Sainte-Sophie appartient à l’histoire et ne peut être utilisée comme terrain de jeu politique ».
 
 

Hommage aux martyrs du 14 juillet 1982

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TURQUIE / BAKUR – Il y a 38 ans jour pour jour, 4 prisonniers politiques, cadres de la guérilla kurde, ont lancé une grève de la faim appelé le « jeûne de la mort », pour protester contre les conditions de détention dans la prison de Diyarbakır. Tous les quatre ont perdu la vie et sont commémorés en tant que « les martyrs du 14 juillet » par les organisations kurdes.

Kemal Pir est l’un des fondateurs du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). Avec 3 autres cadres du PKK, Hayri Durmuş, Akif Yılmaz et Ali Çiçek, il a annoncé le début d’un jeûne de la mort le 14 juillet 1982.
Kemal Pir était un révolutionnaire turc de la région de la mer Noire. Il est l’un des fondateurs du PKK. C’est sous la direction des membres du PKK, Kemal Pir, Hayri Durmuş, Akif Yılmaz et Ali Çiçek, que le 14 juillet 1982, le début d’un jeûne de la mort a été annoncé pour protester contre les conditions de détention dans la prison Diyarbakır. Tous les quatre sont morts au cours de la grève de la faim. A l’âge de 30 ans, Pir mourut le 55ème jour du jeûne, après avoir perdu la vue. Jusqu’à ce jour, il est honoré en tant qu’incarnation de l’esprit radical et internationaliste du mouvement et en tant que pont entre les peuples turc et kurde en lutte.
 
Les conditions inhumaines du système de torture de la prison de Diyarbakir, où les prisonniers étaient soumis à des formes de violence horribles, telles que la violence sexuelle, le viol, terreur psychologique, passages à tabac, décharges électriques et contrainte de manger des excréments de chien, l’État a tenté de briser toute croyance en l’idéal, le rêve et l’utopie des prisonniers. La résistance de la prison de Diyarbakir a toutefois suscité le soutien populaire et déclenché la décision définitive du PKK de se lancer dans une lutte armée contre l’État turc le 15 août 1984. Suite à l’action de Mazlum Doğan, quatre autres détenus, Ferhat Kurtay, Eşref Anyık, Necmi Önen et Mahmut Zengin se sont immolés en signe de protestation.
 
Sakine Cansız, une des cofondatrices du PKK, est l’une des seules femmes fondatrices du PKK à être décrite par ses camarades comme «l’esprit de la résistance dans la prison de Diyarbakir» et assassinée avec deux autres femmes kurdes Fidan Doğan et Leyla Şaylemez à Paris le 9 janvier 2013.
 
Terrifié par les implications de la mort rapide de ces prisonniers, qui ont politisé les quartiers, les tribunaux et la population, au-delà des murs de la prison avec leurs défenses politiques, devant les tribunaux et leur éducation dans les cellules, l’État turc a eu recours à des mesures drastiques et a tout fait pour minimiser la signification de ces actions.
 
L’auteur de l’histoire suivante, l’activiste politique kurde et auteur Fuat Kav, a passé 20 ans dans des prisons turques, dont 8 ans dans la prison de Diyarbakir. Ayant activement participé à la résistance en prison et vécu des formes de cruauté impensables en prison, sa mémoire vivante est l’une des seules sources des histoires silencieuses derrière les murs de la prison turque. À ce jour, les crimes contre l’humanité perpétrés dans la prison de Diyarbakir n’ont pas fait l’objet d’enquêtes. Les mémoires de prison de Kav sont basées sur des événements et des conversations réels, exprimés sous une forme littéraire.
 
« Kemal était une légende. Comme un chevalier luttant pour sa vie, il a poursuivi sa résistance à la mort. Il résistait instant après instant, cellule par cellule. Mais la mort était déjà à sa porte, il avait atteint la fin de sa vie physique.
«Je dois être le premier à mourir. Je dois être le premier à fermer les yeux », avait-il déclaré dans les premiers jours du jeûne de la mort. Il est resté fidèle à ses mots. Cependant, il était maintenant dans le noir. Après un certain point, il ne pouvait que rêver du monde, des étoiles, du soleil, de la lune et de la lumière. Parce que ses yeux avaient perdu la vue. Le sourire dans ses yeux de feu qui illuminaient ses amis n’existait plus.
 
«Mes yeux ne voient plus. Tout est noir… Wow ! Voilà à quoi ressemble le monde des aveugles ! Maintenant, je comprends à quel point la vie doit être cruelle pour eux », a-t-il dit tout à coup à Hayri.
«Ne vois-tu pas du tout, Kemal ?», Demanda Hayri, rassemblant toutes ses forces.
« Non rien. Obscurité totale… Mais ce n’est pas important. Mes jours sont finis de toute façon. Je ne veux pas que les gardiens de prison le sachent. Sinon, ils s’en serviront contre moi. »
« Ne parle pas comme ça, Kemal. Qui sait qui ira en premier ? »
« Non, je dois être le premier à mourir. Ne t’inquiète pas pour ça. »
« Je ne peux pas gérer la mort d’un autre ami, Kemal. Comme toi, moi aussi je pleure du sang. Ce Mazlum est mort avant nous, que les quatre amis se sont sacrifiés, toutes ces choses m’ont profondément blessé. Et maintenant… »
« Je te comprends. Nous avons vécu ensemble des jours insupportablement douloureux. Je suis pleinement conscient des responsabilités. Néanmoins, je dis «je dois être le premier à mourir». Comprends-moi, d’accord? »
 
En changeant de sujet, Hayri serait en mesure de mettre fin au discours sur le vœu insupportable de Kemal. Il voulait changer l’ordre du jour en posant des questions sur quelque chose de différent :
« Est-ce que quelqu’un connaît la chanson « Ağlama yar ağlama / mavi yazma bağlama » ? C’est une chanson incroyable. Je veux toujours écouter cette belle chanson qui exprime si clairement la douleur, la solitude et le désir ardent de sa mère. Ce serait génial si quelqu’un le chantait. N’y a-t-il personne ici qui connaisse cette chanson ? »
Bien que personne qui sache la chanson ne soit là, la chanson devait maintenant être chantée, parce que Hayri l’avait voulue. Mais personne n’avait le talent de chanter. C’était comme si les gens, qui sont privés de compétences en chant, ont été spécifiquement sélectionnés pour entrer rapidement dans la mort ! Mustafa Karasu était la seule personne qui connaissait les chansons par cœur. Il ne connaissait qu’une ou deux chansons. À la demande de Hayri, il fit de son mieux pour rassembler ses lambeaux de mémoire pour se souvenir des mots des chansons. En fait, ils avaient tous chanté cette chanson lors d’une de leurs soirées récréatives. Mais personne n’aurait été capable de se souvenir du texte de la chanson en entier. Qu’est-ce qui allait se passer maintenant ? Karasu est venu à la rescousse de tous. « Très bien, chantons tout ensemble », a-t-il dit. «Nous pouvons le faire si nous chantons dans une chorale». Ils avaient vraiment réussi. Ils ont chanté en chorale et ont terminé la chanson. Mais si on demandait «comment» ils ont chanté, la réponse serait «terrible». À la fin de la chanson, Karasu a réussi à éviter les critiques en disant: «Nous avons chanté, même si nous avons rendu la chanson méconnaissable. Mais peu importe, nous avons chanté après tout. »Hayri a applaudi la chorale.
“J’ai rejoint votre chant”, a déclaré Hayri.
«Karasu, je t’ai rejoint aussi. Ne pense pas que tu es le seul à avoir chanté », intervint Kemal.
«Je ne sais pas, Kemal. Pour être honnête, je n’ai pas entendu ta voix. Je n’ai pas eu le signe de ta signature. »
« Quel type de signe attendait-tu ? »
« Un bon. J’ai senti les signes de tous les autres amis qui chantaient, mais je ne suis pas aussi sûr de toi. »
« Si tu ne l’entends pas, c’est que tu as quelque chose à faire. J’ai chanté et je ne te laisserai pas refuser mon travail. »
» Très bien, j’écoute plus attentivement cette fois. »
» Connais-tu la chanson « Eşkıya dünyaya hükümdar olmaz » [Le bandit ne peut pas gouverner le monde], Karasu ? »
« Non, je ne le sais pas. Ou plutôt, je ne me souviens pas de tout le texte de la chanson. Mais je suis sûr que nous pouvons chanter en chorale.
“Ok, chantons-la. Je chanterai aussi, mais ne me dites pas que vous n’avez pas reçu de signe après, d’accord? »
» D’accord, d’accord. Je vais bien écouter cette fois. Voyons voir. »
 
La« chorale »avait fait ce que Kemal souhaitait. Pendant le chœur, la voix distinctive de Kemal s’élevait. Il avait la voix la plus grave parmi tous et parce qu’il chantait très fort, le son était juste incroyable. Sa voix riche et profonde résonnait dans la cellule de prison. Il était impossible pour Karasu de ne pas le remarquer.
« As-tu eu le signe cette fois-ci, Karasu? », S’est demandé Kemal à la fin de la chanson.
“Je l’ai eu, en effet. Un gros, en fait, cher Kemal. Nous pourrions maintenant t’accepter dans notre chorale, ha ! » Il était vraiment impressionné par la voix de Kemal.
« Tu as dit que vous pourriez, n’est-ce pas ? »
« Non, non, pas « pourriez ». Je me corrige: nous t’accepterons.
“D’accord, Karasu. Je dois me reposer un peu. »
« Repose-toi, Kemal. Je vais dormir aussi. Nous n’avons pas dit quel jour nous sommes, où nous sommes, où nous sommes allés, ce que nous avons vu pendant notre voyage, et si nous avons combattu des fascistes aujourd’hui, camarade Kemal. »
» C’est vrai! Aujourd’hui est le 47ème jour de notre action. Cela signifie que nous sommes à Mardin aujourd’hui. Je dois dire que j’aime beaucoup Mardin, l’une des villes les plus dynamiques, historiques et multiculturelles du Kurdistan, une mosaïque de peuples très colorée. Aujourd’hui, j’ai visité ses sites historiques, monté la forteresse, examiné son architecture avec fascination. Malheureusement, je ne pouvais pas combattre les fascistes, car il n’y a pas de fascistes à Mardin. Mais je dois dire que j’ai discuté avec des chauvins sociaux. »
 
«Je me suis promené silencieusement. Quand je suis fatigué, je monte la forteresse. Là, j’ai bu de l’eau que des enfants vendent. Pendant un moment, je ne pouvais m’empêcher de penser à tous les conquérants qui ont capturé cette ville à travers l’histoire. Quand j’ai pensé à tous les tyrans, despotes et bourreaux qui ont dû incendier et détruire cette ville à plusieurs reprises, les oppresseurs de notre époque me sont venus à l’esprit. Sont-ils plus scrupuleux que les anciens tyrans ? Kemal, tu m’écoutes…? »
Kemal s’était endormi, plongeant au plus profond de l’espace, au-delà des limites de la pensée. Sa faiblesse due à la faim, à la soif et à l’épuisement l’avait amené à ces endroits.
Le corps de Kemal ne pouvait plus gérer la situation. Il avait perdu ses yeux, ainsi que son énergie. Sa conscience allait et venait. Comme ses yeux étaient devenus aveugles, il a souvent allumé le côté filtre de ses cigarettes. Parfois, il se taisait, mais la plupart du temps il parlait. Il a parlé sans pause. Les tentatives des médecins et des gardiens d’encourager les prisonniers à renoncer à leur action le fâchèrent extrêmement; il le devrait et jure parfois. Le médecin de la prison, Orhan Özcanlı, faisait de son mieux pour convaincre Kemal de mettre un terme à ses agissements.
 
«Regarde, Kemal. Tu es en train de mourir, la mort t’approche pas à pas. Pense-y, tu atteins la fin de ta vie. Tu es sur le point de migrer de ce monde. Il suffit d’abandonner cette chose. Il n’y a pas de fin à cette route… ”
«Docteur, regardez-moi attentivement ! Ouvrez vos oreilles et écoutez. Graver mes mots dans votre tête. J’ai commencé cette cause consciemment. Je suis bien conscient que la mort m’attend au bout du chemin. Je réalise aussi que je suis au bout de cette route en ce moment. Je peux sentir la présence de la mort et de son bourreau. Je peux les entendre respirer. »
 
« La vie est belle, Kemal. Tu dois aimer la vie. Même si les humains sont mortels, ils veulent vivre dans ce monde et craignent donc énormément la mort. C’est pourquoi c’est un mensonge de prétendre que tu n’as pas peur de la mort. Nous voyons ceux qui se voient comme les plus vaillants et les plus courageux, trembler de peur devant la mort. Et puisque tu es humain aussi, tu as sûrement peur aussi. Mais je peux toujours te sauver, même dans cette situation… »
«Qui pensez-vous que je suis, docteur ? Vous n’avez toujours pas réussi à me connaître ? Je suis Kemal Pir. Sans vouloir me vanter, j’ai ouvert les yeux sur la vie sur les rives de la mer Noire. C’est avec les attributs de cette région que j’ai appris à connaître la vie sous sa forme la plus solide et la plus pure parmi les gens authentiques, qui ont su être amis avec les amis et ennemis avec les ennemis. Je suis Kemal Pir, qui est arrivé à ce jour en rencontrant des peuples de soixante-douze nations des terres d’Anatolie, pour se consacrer ensuite à la liberté du peuple kurde. Je ne sais pas si j’ai été assez clair? »
 
« Vous l’avez fait, mais… »
« Il n’y a pas d’autre solution que ça, docteur. Je me suis présenté à vous tel quel, sans exagération ni mensonge, de manière honnête, dans un langage simple. Cependant, si vous dites toujours « mais » après cela, c’est votre problème. «
«Mais la vie est différente, Kemal. Peu importe la façon dont vous vous décrivez, personne ne peut s’empêcher de penser la même chose face à la mort. La peur de la mort est un sentiment terrifiant. Cela crée un séisme d’émotions qui peut vous mettre dans n’importe quelle forme. C’est un tremblement de terre qui peut te prendre ton humanité. »
« Enfin, quelque chose de correct est sorti de votre bouche. »
« Qu’est-ce que cela signifie ? »
« N’est-ce pas compréhensible ? »
« Je parle de la vie et de la peur. Je prétends que tous les êtres humains sont les mêmes devant la mort. Tout le monde a peur de la mort. Quiconque est dans cette situation frissonnera comme s’il avait de la fièvre. Même si cette personne est Kemal Pir. «
«Regardez, docteur. Je suis pleinement conscient du sens de la vie et de la mort. Je sais exactement qui a peur de la mort et qui frissonne devant elle. Je sais aussi que nous menons une vie mortelle et que je suis conscient des notions de paradis et d’enfer dans l’après-vie. C’est vous et ceux qui vous aiment ne sauraient pas de telles choses. Ils ne comprennent pas et même s’ils le font, ils agissent comme s’ils ne comprenaient pas. Dois-je vous dire autre chose, docteur ? –
 
Bien sûr.
– J’aime tellement la vie que je suis prêt à en mourir. Regardez, vous êtes le témoin de cela. Vous verrez de vos propres yeux comment je meurs pour la vie, comment je sacrifie ma vie sans cligner des yeux, comment je m’accroche à la vie en mourant… »
 
«Vous mourrez pour rien, Kemal, pour rien. Vous ne réaliserez rien par la mort. Vous devez vivre pour atteindre votre objectif, sinon personne ne prendra des mesures en fonction de vos objectifs. Rêver d’être un «héros» est un fantasme temporaire et inutile. Je ne le trouve pas juste ou significatif. Qu’une personne devienne un héros après sa mort, qu’il s’agisse de statues, de livres écrits ou de films produits en son nom, n’a aucune signification pour moi. Quand vous êtes mort, vous êtes mort.
«De toute façon, vous ne croyez en rien. Vous êtes une personne sans but, qui ne pense pas à l’avenir, qui rejette la vie, qui n’a rien à offrir aux enfants du futur. C’est pourquoi vous regardez tout en termes de pertinence quotidienne et de valeur matérielle. Vous pensez que tout ce qui est passé est passé et que seuls ceux qui verront l’avenir devraient s’en préoccuper. « Vivre, penser et concevoir le présent ». C’est pourquoi vous ne pouvez pas comprendre l’héroïsme ou le courage. «
« Je suis toujours convaincu qu’il n’y aura pas un seul homme dans le futur qui posera des questions sur vous, érigera votre statue, écrira des livres ou réalisera des films sur vous et dira « Il était une fois un homme courageux de la mer Noire qui a perdu sa vie pour nous pendant le jeûne de la mort. » Peut-être qu’un groupe marginal commémorera votre nom simplement pour tuer le temps, mais vous ne deviendrez jamais un héros ayant quelque chose à offrir à une nation ou à un peuple. Notez mes mots, Kemal. »
« Pourquoi continuez-vous de mentionner l’héroïsme ou l’héritage de mon nom ? Une personne ne peut-elle pas simplement remplir ses devoirs sociétaux et historiques ? Pourquoi avez-vous besoin de voir quelque chose en retour ? «
«Nous parlons d’un problème grave, celui de la mort, Kemal. Bien sûr, il devrait y avoir quelque chose en retour. Vous mourez, au moins vous êtes un héros, au moins votre nom doit être gardé en mémoire, des livres doivent être écrits en votre nom. »
» Les choses que vous mentionnez, ces titres ne devraient pas avoir autant d’importance. Ce qui compte, c’est le devoir et la responsabilité. Penser qu’il devrait y avoir une récompense pour tout est scandaleux. C’est l’expression extérieure d’un état intérieur qui consiste à se perdre et à se brouiller avec sa réalité, son âme et sa raison d’état. «
«Je vais continuer à vous demander ceci: pourquoi mourrez-vous exactement ? Pour un objectif vide, vous mourrez pour rien, une vie gâchée. En tant que personne connaissant bien l’Etat, je vous dis que l’Etat ne vous adressera pas. Même si vous mourez tous, si chacun d’entre vous se laisse entraîner dans des cercueils, notre état sublime ne vous prendra pas au sérieux. Sachez le. »
« Nous discutons depuis si longtemps de choses aussi pénibles. Mais vous continuez d’être un homme raide, têtu, à la tête de tambour. Je ne pense pas que vous soyez un médecin, vous n’avez probablement jamais passé le département de médecine. Vous pourriez être un boucher, un bourreau, un meurtre ou peut-être un monstre. Mais il est impossible pour vous d’être médecin. »
« Vous m’insultez, Kemal. Nous discutons, nous discutons et parfois nous nous disputons. Mais nous ne devrions jamais être insultants. «
«Toutes vos paroles sont insultantes. Il est impossible de discuter de quoi que ce soit avec vous. Une personne devrait au moins avoir la capacité de parler et de discuter comme un être humain. «
» Quoi qu’il arrive, vous ne devrez pas m’insulter. »
» Si vous parlez comme ça, je ne vous ‘insulterai pas seulement, mais si j’avais le pouvoir, Je me battrais avec vous. Sachez-le. »
« Je ne voudrais pas insulter ni faire d’injustice à une personne dont le cou est dans les griffes de l’ange de la mort. Vous mourrez quand même, Vous êtes sur votre dernier voyage. De toute façon, vous dites adieu à la vie. »
« Est-ce ainsi que vous parlez à une personne qui meurt pour ses idéaux ? Est-ce que cela convient à un médecin ? »
« Je peux vous sauver, je peux vous soigner et vous ramener à votre ancienne forme. Rentrez avant qu’il ne soit trop tard, Kemal. »
«Je meurs pour mes convictions. C’est pourquoi ma mort n’est pas en vain. Je me suis consacré à la cause de l’humanité. Je meurs pour l’humanité. Je suis redevable au peuple kurde. C’est une autre dimension particulière de mon combat, de mon combat. Mais vous ne comprenez pas et ne comprendrez jamais cela! »
« Bien, j’ai offert. Je suis libre de culpabilité. Même si vous me le demandez, à partir de maintenant, je ne vous sauverai plus ! Je sais tout ce que vous faites en secret de toute façon… »
Les autres prisonniers, qui avaient entendu la conversation, voulurent intervenir mais finirent par abandonner. Ils étaient contrariés par les accusations du médecin selon lesquelles ils mangeaient secrètement. Il y avait le désespoir, mais c’était trop. Ils se demandaient si de telles choses se produisaient dans d’autres parties du monde. On pourrait s’attendre à ce que l’ennemi réserve une sorte de respect face aux personnes qui risquent la mort pour défendre leurs convictions. C’était pourtant la forme ultime de piétinement de la dignité humaine.
«Regardez-moi, docteur !»
«Oui, Kemal, je vous regarde. Qu’Est-ce que c’est ? Qu’est-ce que tu as à dire ? »
» Est-ce que vous insinuez que j’ai mangé en secret ?! Quoi qu’il en soit, vous êtes quand même une personne déshonorante … Regardez docteur, dans quelques jours, vous verrez que je n’ai pas mangé. «
«Peu importe, Kemal. Si vous voulez partir rapidement, je vous emmènerai à l’hôpital. N’oublie pas que si je fais cela, il y aura quelque chose en retour. »
« Éloigne-toi de moi ! Votre capitaine bourreau et même son supérieur, votre pantin de général n’a pas réussi à me faire tomber à genoux. Mais vous pensez que vous allez le faire ? Pars tout de suite. Je ne veux pas te voir ! »
 

Il y a 8 ans, naissait la révolution du Rojava

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SYRIE / ROJAVA – Il y a 8 ans, la plus grande révolution du XXIe siècle naissait à Kobanê, un canton kurde du Rojava. Huit années au cours desquelles une nouvelle page de l’histoire du peuple kurde a été écrite. Depuis, la vie de millions d’habitants de la Syrie du Nord et de l’Est a radicalement changé, des centaines de milliers de femmes se sont organisées et se sont libérées du joug du patriarcat et des milliers de communes et d’innombrables coopératives ont vu le jour.

Ce qui a commencé alors à Kobanê est devenu une lutte majeure contre le fascisme de notre temps et pour la libération des femmes et de la société. La politique de division du régime syrien a été surmontée. Aujourd’hui, une bonne partie des combattants des YPG et des YPJ sont des arabes syriens. Des centaines de milliers d’enfants kurdes, arabes, assyriens et turkmènes apprennent leur langue maternelle.

La révolution est encore pleine de contradictions et d’énergie. Huit années au cours desquelles les sociétés du Kurdistan de l’Ouest (Rojava) et de la Syrie du Nord et de l’Est se sont élevées et ont progressé de jour en jour.

Huit années au cours desquelles une lourde guerre a fait rage et le Rojava a été attaqué par toutes les parties. Huit ans pendant lesquels la résistance a été présente toutes les secondes et tous les instants. La guerre a commencé en septembre 2012 lorsque des gangs d’Al-Nosra ont attaqué la ville de Serikaniye, suivie par l’attaque de la DAESH sur Kobanê, la défense de dernière minute de l’attaque et la libération complète de Kobanê a été le début de la fin du prétendu califat de l’Etat islamique (EI / DAECH). DAESH a connu le début de sa fin lors de la résistance de Kobanê. Avec la résistance de Kobanê, le Rojava est devenu un symbole d’espoir pour le monde entier.

Kobanê, Gire Spî, Til Temir, Til Hamis, Heseke, Al Hol, Minbic, Shaddadi, Tabbqa, Raqqa, Deir-a Zor, Afrin. Les unités de défense du peuple et des femmes (YPG / YPJ) et les forces démocratiques syriennes ont défendu la vie libre au cours des six dernières années, libérant des millions de personnes de l’esclavage de DAECH et les défendant contre le fascisme turc.

Le 19 mars 2019, DAECH a finalement été battu à Baghouz. Depuis, c’est la Turquie qui a remplacé DAECH pour achever la révolution du Rojava en envahissant plusieurs régions kurdes de Syrie…
 
RDV les 18-19 juillet pour célébrer la révolition du Rojava sur les réseaux sociaux avec le hashtag #RiseUp4Revolution

Hommage au politicien kurde Abdulrahman Qasimlo, assassiné en Autriche en 1989

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Le 13 juillet 1989, l’éminent politicien kurde, Abdul Rahman Ghassemlou et deux de ses collaborateurs ont été assassinés à Vienne par des « émissaires » iraniens au cours des « pourparlers de paix ». Plus de 30 ans après, ce crime d’État n’a malheureusement pas été sanctionné. Les assassins identifiés, munis de passeports diplomatiques, ont pu librement quitter l’Autriche pour regagner l’Iran où ils ont été promus. La justice autrichienne n’a pas cherché à élucidé ce terrorisme d’État au cœur de l’Europe. Au-delà de cette injustice, qui reste encore très vive dans la mémoire collective kurde, le message politique du Dr. Qasimlo, les idéaux qui ont guidé son combat pour l’émancipation du peuple kurde, pour un Iran démocratique et laïc respectueux de sa diversité politique, culturelle et linguistique gardent toute leur actualité au Kurdistan, en Iran et au Proche-Orient. » (texte via l’Institut kurde de Paris)

QUI ÉTAIT QASIMLO

Né à Urmia, d’une riche famille féodale, Abdul Rahman Qasimlo [ou Abdulrahman Qasimlo] a fait ses études à Urmia, Téhéran, puis à Parsi, en France. Il est retourné au Kurdistan en 1952 à la fin de ses études.

En 1973, lors du troisième congrès du PDKI, il fut élu au poste de secrétaire général du parti, poste auquel il fut réélu plusieurs fois jusqu’à son assassinat. En 1979, son parti a soutenu la révolution. Khomeiny qualifiait d’opportuniste la participation tardive des Kurdes du PDKI à la révolution iranienne. Des militants appartenant au parti avaient pris le contrôle des camps militaires dans les régions kurdes. Khomeini a demandé à tous les groupes armés de faire partie d’une organisation révolutionnaire et a demandé aux militants kurdes de rendre leurs armes. Ghassemlo a exigé l’autonomie des Kurdes et a refusé de déposer les armes. La majorité des Kurdes ont boycotté le référendum pour la nouvelle constitution qui a été adopté à une écrasante majorité. Après deux confrontations sanglantes entre les Kurdes et les forces loyales à Khomeiny, la rébellion kurde s’est transformée en guerre. Peu de temps après le début de la rébellion armée kurde, Khomeiny a déclaré une « guerre sainte » contre les Kurdes. Ce fut le début de la confrontation des partis politique kurdes et du nouveau régime, qui aboutit à une défaite militaire et à la répression politique des Kurdes par le gouvernement central. Des milliers d’exécutions ont eu lieu au Kurdistan de l’Est (Rojhilat) pendant la rébellion.

En 1988, après la fin de la guerre Iran-Irak, le gouvernement iranien a décidé de rencontrer Qasimlo. Plusieurs réunions se sont tenues à Vienne, fin 1988, début 1989. Une autre réunion a été organisée le 13 juillet, toujours à Vienne.

La délégation de Téhéran était composée des mêmes membres lors des rencontres précédents : Mohammed Jafar Sahraroudi et Hadji Moustafawi, en plus d’un nouveau membre : Amir Mansur Bozorgian. Les Kurdes avaient également une délégation de trois hommes : Abdul Rahman Ghassemlo, son assistant Abdullah Ghaderi Azar (membre du Comité central du PDKI) et Fadhil Rassoul, qui avait joué le rôle de médiateur.

Le lendemain, 13 juillet 1989, dans la pièce même où la négociation a eu lieu, Ghassemlo, son assistant Ghaderi Azar et Rassoul ont été exécutés. Hadji Moustafawi a réussi à s’échapper. Mohammad Jafar Sahraroudi, légèrement blessé, a été autorisé par l’administration autrichienne à partir. Amir Mansur Bozorgian a été libéré après 24 heures de garde à vue.

 

Ghassemlo a été enterré au cimetière de Père Lachaise, à Paris. Sa tombe se trouve à la 76ème division, 14ème ligne, face à la 36ème division, 1ère tombe à partir de la 36 ème division.

 

Pour plus d’information sur l’exécution de Qasimlo, voir l’article de Chris Kutschera ici

Les forces iraniennes tuent deux autres kolbars kurdes

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IRAN / ROJHILAT – Les forces du régime iranien ont tué deux autres kolbars kurdes au Rojhilat.
 
Le 11 juillet, les kolbars Ibrahim Ebubekir, du village de Nemincê à Piranshahr, et Ziyad Khatami, ont été tués par les forces iraniennes dans la région de Çaldıran, à Urmia, région de Rojhilat (Kurdistan de l’Est).
 
Les forces iraniennes massacrent régulièrement les kolbars kurdes (transporteurs de marchandises entre le Kurdistan du Sud et de l’Est) car le massacre des Kurdes reste impuni par le régime iranien.

Un kolbar est un porteur qui transporte des marchandises sur son dos à travers les frontières de l’Iran et sur de longues distances, principalement dans les zones kurdes pauvres et montagneuses adjacentes à l’Irak.
En 2019, au moins 74 kulbars kurdes ont été tués aux frontières et sur les routes du Kurdistan et 174 ont été blessés. Parmi les personnes tuées, 50 ont été directement abattues par les forces de sécurité et les gardes-frontières, 23 ont perdu la vie après être tombées de la montagne, avoir été victimes d’avalanches et être mortes de froid et une a été tuée lorsqu’une mine terrestre a explosé. Parmi les blessés, 144 ont été directement blessés par les forces de sécurité.

Augmentation des plaintes pour torture dans le sud-est kurde de la Turquie

TURQUIE / BAKUR – Le gouvernement turc ne voit plus la nécessité de cacher la torture, en particulier celle des femmes kurdes dans le sud-est du pays.
 
Imaginez ceci: une femme est seule à la maison dans la province de Diyarbakir, dans le sud-est de la majorité kurde de la Turquie. À 5 heures du matin, 100 policiers des unités de lutte contre le terrorisme et des forces spéciales ont pris d’assaut l’appartement, demandant aux voisins de rester à l’intérieur et de ne communiquer avec personne. Puis ils ont martelé la porte et lâché deux chiens policiers pour attaquer Sevil Rojbin Cetin. Mais ce n’est que le début.
 
Cetin est une militante des mouvements de femmes et ancienne maire du Parti démocratique des peuples (HDP), élue en 2014 et remplacée par une personne nommée par le gouvernement en 2016.
 
Cetin a été interrogée pendant 3 heures et demie dans son appartement alors que ses jambes saignaient suite à de multiples morsures de chiens. L’appartement a été fouillé, alors qu’elle avait les yeux bandés et était battue.
 
Elle a été déshabillée à moitié nue, les mains liées, pendant que des photos d’elle étaient prises. La torture physique et sexuelle s’est accompagnée de violences verbales; une arme à feu appuyée contre la tête. « À un moment donné, elle a été emmenée au balcon et l’officier lui a dit: ‘Si ton appartement était au 5e étage, tu aurais sautée maintenant et nous n’aurions pas à nous occuper de toi », a déclaré Meral Danis Bestas, une députée du HDP.
 
L’avocate de Cetin, Gulistan Ates, qui a pris des photos de ses blessures après l’épreuve et les a partagées avec la presse, a été appelé au poste de police et une enquête a été ouverte contre lui.
 
Le rapport 2019 du Département d’État américain sur les droits de l’homme a souligné que les violations affectent les citoyens kurdes de Turquie de manière disproportionnée. Les femmes kurdes ou les femmes qui refusent d’être des citoyennes modèles aux yeux de l’État turc deviennent de plus en plus la cible d’arrestations arbitraires, de fouilles à nu, de violences sexuelles en détention, d’insultes et de menaces de viol.
 
Remziye Tosun, députée du HDP qui a été ciblée pour avoir porté des foulards blancs au Parlement, a déclaré à Al-Monitor: «Pendant le siège de Sur [en 2016], je suis restée à la maison avec mes jeunes enfants. Ensuite, ils [les forces de sécurité] nous ont emmenés dehors; J’avais mes deux filles avec moi – l’une avait 18 mois et l’autre neuf ans. Les forces de sécurité étaient déterminées à envoyer mes enfants aux services sociaux malgré mes appels à appeler ma famille. Mais ils ont envoyé mon enfant de 9 ans dans un orphelinat; mon enfant qui était allaité a été autorisé à rester en prison avec moi.»
 
Tosun a déclaré que depuis 2015, les forces de l’État ont augmenté progressivement l’intensité de la torture et des mauvais traitements infligés aux femmes. «Nous sommes remontés dans le temps – à l’époque d’ Esat Oktay Yildiran. C’est la mentalité de l’AKP [Parti de la justice et du développement] en ce moment; la torture est revenue avec vengeance.» (Yildiran était un officier militaire qui était connu pour ses horribles techniques de torture à la prison de Diyarbakir dans les années 1980.)
 
La maison de Tosun à Sur a été démolie et elle a été emprisonnée pendant 15 mois avec son plus jeune enfant. Malgré tout ce qui s’est passé, elle garde son esprit aimable et compatissant. «Ce qui a fait le plus mal, ce n’est pas les difficultés physiques mais l’humiliation. Un jour, nous nettoyions la prison nouvellement construite à Elazig, mais nous avions peu accès aux produits de nettoyage. Nous avons vu un groupe de gardiennes nous regarder, alors l’une des détenues a demandé pourquoi les gardes se moquaient nerveusement entre elles. L’un d’eux a répondu: «Regardez, ils parlent, ils sont humains». Je ne peux pas l’oublier, mais je comprends.»
 
Tosun a déclaré qu’elle avait pardonné à ces gardes, ajoutant: «Les préjugés contre les Kurdes, les propos sur les Kurdes qui ont des queues et ne sont pas civilisés se produisent toujours en raison du système éducatif officiel. Et cet état d’esprit aide à justifier un traitement cruel et la discrimination.»
 
Les Kurdes de Turquie sont perçus comme des pseudo-citoyens, et donc comme des terroristes potentiels. Les Kurdes sont acceptés dans une certaine mesure, et tant qu’ils s’assimilent avec diligence, ils sont considérés comme des Turcs potentiels.
 
Ayse Acar Basaran, députée du HDP et porte-parole du Conseil des femmes du HDP, a déclaré à Al Monitor: «Depuis juillet 2015, plus de 16 000 membres de notre parti sont détenus par les forces de sécurité. Environ 4 000 sont en prison.»
 
Basaran a noté que toutes les organisations de femmes ont été fermées depuis la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016. La violence contre les femmes a encore augmenté, car les hommes reçoivent un chèque en blanc et les femmes sont plus vulnérables à la maison et dans la rue. « Lorsque le gouvernement a mis fin au processus de paix et intensifié ses politiques de sécurité agressives, les femmes sont devenues les plus grandes victimes. Maintenant, elles arrêtent des membres des deux autres associations féminines – Association des femmes Rosa et TJA- Movement des femmes libres. Les accusations contre les membres comprennent la participation à la Journée internationale de la femme le 8 mars, la promotion de la paix, la recherche de femmes disparues et la recherche de justice pour les femmes victimes de violence domestique. Les femmes – en particulier celles du mouvement des femmes kurdes – posent un défi direct au souhait de l’AKP de monopoliser le pouvoir (…). »
 
Eren Keskin, vice-présidente de l’Association turque des droits de l’homme et une éminente avocate, a déclaré à Al-Monitor que la torture des femmes à la fois «en détention et pendant leur détention» devient une routine. La torture est clairement définie comme illégale à la fois dans la Constitution turque et dans plusieurs traités internationaux que la Turquie a signés.»
 
Dans les années 80, la torture était cachée et souvent niée par les autorités gouvernementales. Aujourd’hui, les hauts fonctionnaires l’accueillent et même l’encouragent. Par exemple, le ministre de l’Intérieur Suleyman Soylu a déclaré en avril: « J’ai dit [aux forces de sécurité] lorsque vous les attrapez [les terroristes] les déchirent ». Soylu a également déclaré que les photos des corps seraient rendues publiques. Certains de ceux qui commentent ces images sur les réseaux sociaux suggèrent de nouveaux actes horribles contre les terroristes présumés. Dans ce qui semble être devenu la normalisation de la torture et de la violence, l’affichage des parties du corps mutées des femmes kurdes est devenu un événement à célébrer.
 
Sebnem Korur Fincanci, présidente de la Fondation des droits de l’homme de Turquie, a annoncé que selon les informations de la fondation, une personne sur 500 en Turquie a été torturée.
 
Les législateurs du HDP demandent maintenant qui est responsable de la torture de Cetin pendant 3 heures et demie et qui a donné l’ordre de cette torture. Les images de la torture n’ont pas provoqué de tollé chez les utilisateurs des médias sociaux. À ce jour, aucune enquête policière n’a été ouverte sur des allégations de torture. Le problème de l’impunité des responsables gouvernementaux en Turquie a atteint des niveaux jamais vus auparavant. Au lieu de cela, nous pouvons nous attendre à davantage d’enquêtes pour les avocats des droits de l’homme, les législateurs du HDP et les journalistes qui osent signaler des cas de torture ou d’abus.
 
Il existe plusieurs failles dans la loi pour protéger les tortionnaires. Bien que la torture soit punie sévèrement, l’accusation peut facilement transformer l’affaire en «un acte de brutalité», ce qui ne coûterait même pas son travail à l’agent. Ces actes sont en train de devenir routiniers car ils sont tolérés par le gouvernement et justifiés par l’argument de la «lutte contre le terrorisme» – avec peu ou pas de place pour demander comment la torture de ces femmes aide à combattre le terrorisme.
 
La Turquie régresse rapidement le jour où les policiers ont commencé à chanter « Maudits soient les droits de l’homme » – à partir de 1992, lors des funérailles de quatre officiers.
 

TURQUIE. Les gardes de quartier inquiètent la population

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TURQUIE – « Personne n’est en sécurité dans ce pays » : Battu par des gardiens de quartier à İzmir, Aşhin a été brièvement détenu : « Comme si la violence n’était pas suffisante, j’ai failli être arrêté. Alors que j’étais la victime, je suis devenu l’accusé ».
 
Battu par des gardes de quartier dans la province égéenne d’Izmir, un homme a été arrêté et renvoyé au parquet, qui a demandé son incarcération. «J’ai été victime de violences alors que je n’ai commis aucun crime», explique-t-il.
 
Sedat Aşhin, un commerçant travaillant à Bostanlı, İzmir, a été arrêté par les gardes du quartier l’autre soir. Les gardes lui ont demandé sa carte d’identité, l’ont battu et l’ont arrêté. S’adressant à l’agence de presse kurde Mezopotamya (MA) au sujet de l’incident, il a déclaré qu’il porterait plainte contre les gardes.
 
«Ils m’ont menotté dans le dos»
 
Alors qu’Aşhin quittait son commerce à Bostanlı et se dirigeait vers le bord de mer, il a été intercepté par quatre gardes de quartier pour un contrôle d’identité:
 
« Je n’avais pas ma carte d’identité avec moi à ce moment-là. J’ai dit aux gardes que j’avais laissé ma carte d’identité à mon commerce et j’ai dit: » C’est très proche d’ici, laissez-moi aller la prendre.  » Mais ils ne m’ont pas cru. « Tu t’es enfui hier aussi quand tu nous as vus », m’ont-ils dit et se sont jetés sur moi.
 
Ils m’ont vaporisé du gaz lacrymogène dans les yeux. Ils m’ont infligé des violences et m’ont emmené dans leur véhicule. Ensuite, ils m’ont amené au poste de police de Bostanli. Quand nous sommes arrivés au poste, je venais de commencer à respirer normalement.
 
« Qu’est-ce que je vous ai fait? Pourquoi me faites-vous cela, » ai-je crié. Quatre gardes de quartier se sont de nouveau jetés sur moi et m’ont infligé des violences alors qu’ils me menottaient dans le dos. Le commandant de la police et d’autres officiers n’ont rien fait même si j’ai demandé de l’aide. Ils nous ont tourné le dos. »
 
« Personne n’est en sécurité dans ce pays »
 
Ahşin dit qu’il a reçu un rapport médical documentant les traces de violences sur son corps. Selon Ahşin, lorsqu’il a été conduit au parquet, il a été inculpé pour « entrave au devoir des forces de l’ordre » et renvoyé devant le tribunal avec une demande d’arrestation:
 
« Je suis innocent. Ils m’ont infligé de la violence même si je n’ai rien fait qui pourrait entraver leur contrôle d’identité ou leurs devoirs.
 
Comme si la violence ne suffisait pas, j’ai failli être arrêté. Alors que j’étais la victime, je suis devenu un accusé. On voit que, dans ce pays, les gens n’ont même pas la sécurité de la vie. Je n’ai jamais vécu une telle chose auparavant. Maintenant, je suis inquiet de pouvoir vivre à nouveau un tel incident.
 
Les choses qui m’ont été faites m’ont affecté nerveusement. Je ne renoncerai pas à cette [plainte] pour que les gardes n’utilisent plus de violence contre qui que ce soit. »
 
«Un problème de sécurité causé par les gardiens de quartier»
 
Barış Işık, l’avocat d’Aşhin, a déclaré ce qui suit sur la question: « Cette loi controversée a été adoptée par le Parlement malgré tous les avertissements et les incidents de violence. Mais ce qui est opéré ici, ce n’est pas la loi, mais la violence. Les femmes, les enfants, les jeunes, les personnes âgées … Tout le monde dans les quartiers a un problème de sécurité. Nous allons ouvrir toutes les procédures judiciaires concernant cet incident. Mais cette loi doit être modifiée dès que possible de manière à garantir qu’il englobe les droits et libertés publiques. » (BIANET
 
Les opposants au président Erdogan s’inquiètent des nouveaux pouvoirs que son parti islamo-conservateur est en train d’accorder aux bekçi (des gardiens de quartiers) dans les grandes villes. Ils accusent le pouvoir de bâtir une police de moralité.

ROJAVA. Une coopérative agricole féminine à Tirbespiyê

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SYRIE / ROJAVA – Il y a cinq ans, quatre femmes ont fondé une coopérative agricole à Tirbespiyê. Aujourd’hui, une quarantaine de femmes y travaillent et la coopérative couvre une grande partie de la demande de légumes dans la région du nord de la Syrie.
 
L’Administration autonome de la Syrie du Nord et de l’Est encourage de nombreux projets visant à accroître la production locale et l’agriculture biologique. L’un de ces projets a été lancé il y a cinq ans par quatre femmes de la localité kurde de Tirbespiyê. Le comité économique local a fourni aux femmes un champ sur lequel elles ont cultivé des légumes dans neuf serres. Le travail a été élargi et en cinq ans, les femmes ont planté 2500 arbres et porté le nombre de serres à 22.
 
La coopérative est située sur la route principale de la région de Cizîrê et est devenue un point de contact permanent pour les habitants de la région. Les légumes cultivés sont proposés à des prix raisonnables et couvrent une grande partie de la demande régionale.
 
Le chef de projet Ahin Şikri explique que le nombre d’employées doit être porté à cent. La culture des oignons et de l’ail est particulièrement productive. Pour une somme modique, les habitants de la région peuvent également cultiver leurs propres légumes sur place.
 
Emani Xaim travaille dans la coopérative depuis un an et demi et en est très satisfaite: « Cela me fait plaisir de pouvoir travailler ici en tant que femme. J’espère que toutes les femmes du monde pourront être économiquement indépendantes. »