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L’enseignement gratuit des universités du Rojava envié par des académiciens français

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PARIS – Imaginer un pays en guerre, manquant de tout et sous embargo, qui mise sur un enseignement supérieur entièrement gratuit n’est pas chose facile. Pourtant, la région autonome du Rojava a réussi cela et c’est ce qu’on a entendu de la bouche des académiciens français présents hier à la conférence sur l’Université du Rojava qui a eu lieu à Université Paris Nanterre.
 
Le mardi 25 février, une conférence sur l’Université du Rojava* a eu lieu à l’Université Paris Nanterre. De nombreux académiciens français étaient conviés à la conférence intitulé : « Rojava : Création d’une Université Alternative et Démocratique pendant la guerre ».
La conférence / table ronde était divisée en deux partie :
Présentation de l’université de Kobané et de l’université du Rojava par Gulistan Sido, responsable des Relations Internationales, Université du Rojava, Rohan Mistefa, co-Présidente, Université du Rojava et Mostafa Alamhoulousheykhlar, co-président, Université de Kobané (Sido, Mistefa et Alamhoulousheykhlar ont assisté à la conférence via Skype à cause des problèmes de visa). Une vidéo de présentation des activités d’enseignement et de recherche de l’Université du Rojava a également été diffusée lors de cette première partie.
 
Dans la vidéo de présentation, on a pu apprendre que les étudiants des universités du Rojava bénéficiaient de la gratuité totale pour étudier. Cette gratuité étant valable pour le logement, les repas et les transports également. Pour des académiciens français qui se plaignent du démantèlement du système d’éducation – partiellement gratuit – en France et dont certains ont participé à des mouvements de grève des étudiants français, le système d’éducation du Rojava était un modèle à transporter en France et même dans le monde. 
 
Lors de la deuxième partie de la conférence intitulée « Comment soutenir et collaborer avec les Universités du Rojava ? », les intervenants réunis autour d’une table ronde ont fait des propositions pour soutenir et collaborer avec les universités du Rojava.
 
Parmi les invités de la conférence, on peut citer la présence du sociologue Eric Fassin, de l’Université Paris 8, le docteur en histoire et en sciences politiques Hamit Bozarslan, de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), Joëlle Le Marec, de Celsa (École des hautes études en sciences de l’information et de la communication) – de Sorbonne Université, Christophe Voilliot, Université Paris Nanterre, Co-Secrétaire général de SNESUP-FSU Pascale Laborier, de l’Institut des sciences sociales du politique (ISP) et co-fondatrice du programme Programme national d’Accueil en Urgence des Scientifiques en Exil (PAUSE), Université Paris Nanterre, aux côtés de nombreux autres invités et de Mustafa Erdem Sakinç, CEPN, de l’Université Sorbonne Paris Nord et Selim Eskiizmirliler, de l’Université de Paris qui ont assuré le rôle de modérateurs lors de la journée.
 
Dans le cadre de la conférence, les organisateurs ont présenté une liste (ci-dessus) de moyens d’actions de soutien et de collaboration avec les universités du Rojava.
 
Actions de soutien aux Universités du Rojava
  • Création d’un comité de soutien et de collaboration International reconnu par le bureau des Relations Internationales des Universités du Rojava
  • Campagne de Collecte de livres
  • Campagne de Collecte de livres électroniques et/ou en paf
  • Campagne de Collecte de matériels de laboratoire (j’ai déjà une liste pour le département de Mécatronique qui est en cours de création comme exemple)
  • Campagne de la présentation des Universités du Rojava
  • Soumettre un projet européen pour demander des subventions dans le but de développer l’enseignement et la recherche au Rojava.
Actions de collaboration avec les universités du Rojava
 
  • Organisation d’échanges d’étudiants
  • Organisation d’échanges d’enseignants chercheurs
  • Projets conjoints de recherche
  • Organiser la procédure d’accréditation des université du Rojava (avec éventuellement une procédure de double diplôme)
  • Organiser une journée thématique à Paris fin avril ou début mai avec la présence physique des trois universitaires du Rojava et éventuellement avec celle des membres du comité internationale. Il y a également un projet d’un séjour de 15 jours avec des réunions/ateliers à Paris et au moins une réunion à Berlin.
  • Organiser une conférence internationale de L’université Alternative et Démocratique au Rojava à une date non encore fixée.
Assurément, les Kurdes et tous les autres peuples du Rojava / Syrie du Nord et de l’Est n’ont pas fini de surprendre le reste du monde avec leur résilience et modèle social et politique avant-gardiste qu’ils ont mis en place envers et contre tous les États colonialistes du Moyen-Orient. L’enseignement n’est qu’une facette de ce modèle féministe, écologiste et pluraliste qui est la solution au chaos qui ronge la région depuis trop longtemps maintenant.

* Avec la création de l’université du Rojava, les Kurdes syriens ont voulu mettre fin à l’enseignement élitiste qui tend à diviser la société en deux catégories : une classe d’élites dirigeant la société et l’immense majorité de la société reléguée au rang d’ignorants incapables de réfléchir aux problèmes de la société et qui ont besoin des premiers pour être dirigés à tous les niveaux.

 
L’université du Rojava, fondée en juillet 2016 à Qamishli, la capitale de la région autonome de facto de la Fédération démocratique de Syrie du Nord et d’Est, propose des programmes d’études en médecine, ingénierie, sciences, arts et sciences humaines – dont la jineoloji. En outre, l’université propose des programmes pour l’enseignement primaire et la littérature kurde. Depuis 2017, l’université entretient un partenariat avec l’Université Paris 8, à Saint-Denis, en France.
 
Plus de 700 étudiants suivent les cours d’arts, de jinéologie, de pétrochimie, d’agriculture, de beaux-arts et de pédagogie avec des cours dispensés en kurde (la principale langue d’enseignement), en arabe et en anglais.
 
En raison de l’invasion et de l’occupation d’Afrin par la Turquie en 2018, de nombreux étudiants de l’Université d’Afrin se sont vu attribuer des places à l’Université du Rojava pour poursuivre leurs études.
 
Lors de sa visite à l’université, David Graeber avait déclaré que l’université du Rojava était une renaissance en matière d’enseignement universitaire.
 
Un système éducatif démocratique 
 
L’enseignement à l’université est basé sur des supports de cours préparés conformément au modèle d’administration autonome démocratique.
 
Le système éducatif de l’université fonctionne différemment du système éducatif des autres universités dans le monde. Ce qui différencie essentiellement l’université du Rojava des autres universités est l’accès des couches populaires à l’enseignement supérieur, et ce, dans une région en guerre. Toute personne désireuse de s’inscrire aux cours de l’Université du Rojava, peut le faire après un entretien lors duquel elle explique les raisons de sa démarches. La personne n’a aucunement besoin de présenter un diplôme d’accès aux études universitaires, comme cela est le cas dans de nombreux pays du monde.
 
Au lieu d’être basé sur des examens, un système permanent d’évaluation est appliqué à l’université, et l’enseignement est dispensé en langues kurde et arabe.
 
Une autre caractéristique qui rend l’université différente est que l’université est gérée selon le modèle de l’administration autonome, ce qui signifie que les étudiants et les enseignants participent à la gestion de l’université.
 
8 facultés
 
Le campus central de l’Université du Rojava est situé à Qamishlo. Les autres campus sont situés à Rimêlan et à Hesekê. L’université compte 8 facultés, ainsi que la faculté nouvellement ouverte : Faculté d’agriculture, Faculté des arts, Faculté de littérature kurde, Jineoloji, Faculté de génie pétrolier et de pétrochimie, Faculté des sciences de l’éducation et Faculté d’architecture et d’écologie.
 
La Faculté des sciences de l’éducation compte également 7 départements : histoire, géographie, sciences académiques, mathématiques, physique, chimie et sciences.
 
L’année dernière, la Faculté administrative et financière a été ouverte à l’Université et le personnel nécessaire à la faculté a été engagé.
 
Conditions d’inscription
 
Chaque département de l’université attribue 10 % des places aux familles des martyrs.
 
Autre fait remarquable de la nouvelle année scolaire, le comité d’éducation de Cizre a réduit les conditions d’admission à l’université.
 
Masûd El Mihemed, membre du conseil d’administration de l’université du Rojava, a déclaré qu’une telle décision avait été prise pour lever les obstacles devant les étudiants qui ne souhaitent pas s’inscrire à l’université. Masûd a déclaré qu’ils étaient confrontés à ce problème, en particulier dans le département de littérature kurde.
 
Ouverture d’une faculté et trois départements supplémentaires
 
Pour l’année 2019-2020, la commission de l’éducation et de la formation de Cizre a ajouté de nouveaux départements aux départements existants. En plus de la Faculté d’architecture et d’ingénierie écologique qui couvre cinq années d’enseignement, l’enseignement du technicien de la construction qui couvre deux années d’enseignement, la traduction et l’interprétation anglaises qui couvrent deux années d’enseignement et un lycée mécatronique qui couvre trois années d’enseignement ont été ouverts.

FÉMINISME. « Sans Sakine Cansiz, il n’y aurait pas eu de Zehra Dogan non plus »

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Dans sa thèse intitulée « Art, guerre et transformation: du militantisme à la femme kurde », la chercheuse Seval Dakman conjugue la lutte des femmes de Sakine Cansiz au présent et aux femmes, et pose sur la table les aspects changeants et immuables de la lutte des femmes avec l’analogie qu’elle a établie avec la peintre Zehra Doğan. Dakman, qui a discuté des anciens / nouveaux instruments de la lutte des femmes, a déclaré: « S’il n’y avait pas eu Sakine Cansiz, il n’aurait pas eu de Zehra Doğan non plus. Un pont psychique s’est construit entre elles. Il y a eu une évolution mentale. Ce sont les femmes qui [ont lutté / luttent] pour les valeurs auxquelles elles croient, sans abandonner le féminisme, quelque soit les conditions de leur temps », dit-elle. 

Dans une une longue interview accordée au journal Duvar, Seval Dakman a abordé la naissance douloureuse du féminisme au sein du mouvement kurde de libération et sa situation actuelle dans un monde en changement perceptuel.

Dakman s’est concentrée surtout sur l’héritage de lutte de Sakine Cansiz et Zehra Dogan, la jeune artiste kurde exilée en Europe après avoir été libérée de la prison en Turquie pour un tableau montrant la destruction de la ville kurde de Nusaybin par l’armée turque en 2015.

Seval Dakman est diplômé de la Faculté des sciences politiques de l’Université Sabancı en suivant un cours d’histoire de l’art. Il a terminé sa maîtrise en anthropologie de l’art au Département des études culturelles de l’Université Bilgi. Au cours de cette période, elle a mené des études sur les femmes dans de nombreuses organisations non gouvernementales. En partant de la question « L’art peut-il être une nouvelle forme d’expression dans la transformation politique et sociale des femmes kurdes ? », Dakman a travaillé sur le concept d’art démocratique. (Un article signé Jînda Zekioğlu)

Qui est Sakine Cansiz ?

Sakine Cansiz, féministe kurde ayant co-fondé le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), proche collaboratrice d’Abdullah Öcalan, elle a été abattue à Paris, le 9 janvier 2013, avec deux autres militantes kurdes, Fidan Doğan et Leyla Söylemez.
Cansiz est originaire de Dersim, au Kurdistan du Nord (Bakur). Elle a notamment initié le mouvement féministe kurde au sein du PKK. Elle a notamment créé la branche féminine du PKK.

Cansız a été emprisonnée dans la prison de Diyarbakir, après le coup d’État turc de 1980 pour ses activités politiques.

La résistance de Sakine Cansız à la prison de Diyarbakir a conduit à une nouvelle approche à l’égard des femmes dans la société kurde. Il encourageait les femmes à rejoindre les structures révolutionnaires dans les villes et les poussait à la politisation dans les villages. À partir de sa résistance en prison, l’activisme des femmes kurdes a gagné en respect et en soutien parmi les masses populaires.
 
Au moment de sa libération en 1991, elle avait passé 12 ans dans les prisons d’Elazig, Diyarbakir, Bursa, Canakkale et Malatya. Tout de suite après avoir respiré l’air de la liberté, elle a poursuivi sa lutte active dans les rangs du PKK. Ainsi, elle s’est rendue à l’Académie Mahsum Korkmaz du PKK, dans la vallée de la Bekaa au Liban, où elle a rejoint les formations idéologiques conduites par Abdullah Öcalan. Des aspects de sa volonté, de sa lutte et de sa vie ont souvent été cités en exemple dans les discours d’Öcalan. C’est Öcalan qui l’a encouragée à écrire sa vie. Ses mémoires ont été écrits en 1996 et mis à la disposition du public après sa mort en trois volumes. Dans les années 1990, elle a assumé d’importantes tâches dans l’organisation du mouvement kurde en Palestine, en Syrie et au Rojava.
 
Elle a estimé qu’il serait possible aux femmes du Kurdistan de se recréer et de reconstituer leur histoire en rejoignant la lutte militante du PKK. Elle a décrit la lutte pour la liberté de la manière suivante :
 
« Ce mouvement aborde l’essence de l’être humain. Dans tous nos débats, nos éducations et nos discours, notre humanité et nos valeurs humaines constituent le point de départ. Nous discutons du développement de l’homme et de la société, des étapes historiques et des valeurs de l’humanité. Les femmes, qui voulaient comprendre ces problèmes, se sont identifiées au mouvement de la liberté. Au tout début de la lutte pour le Kurdistan et de la lutte politique, l’implication des femmes dans ce processus révolutionnaire était très difficile. Pourtant, nous avons réussi et nous avons acquis le pouvoir de façonner notre mouvement. »
 
Selon ses propres termes, le temps qu’elle a passé comme combattante dans les montagnes du Kurdistan a été le plus beau et le plus significatif de sa vie. L’engagement de Sakine Cansız dans la lutte pour la libération du Kurdistan s’inscrit dans la chronologie du mouvement des femmes kurdes organisées. Elle a joué un rôle crucial dans la formation de l’armée autonome féminine (aujourd’hui YJA Star) et du parti des femmes (aujourd’hui PAJK). Ce n’était pas une personne qui attendait les ordres. Au lieu de cela, elle prenait des initiatives, même dans les moments les plus difficiles. En raison de son fort caractère, elle était connue comme une camarade qui n’accepterait jamais la domination masculine ou d’autres formes de comportement antirévolutionnaire. Elle luttait contre le retard social et l’injustice, et pourtant, elle était attentive aux réalités et aux conditions sociales de son peuple. Elle avait une personnalité collective et communale qui établissait une solidarité avec tous ceux qui l’entouraient, mais elle était aussi têtue et intrépide lorsqu’il s’agissait d’exprimer ses critiques et ses désaccords. Tout au long de sa vie, elle a toujours encouragé ses camarades à progresser, à être forts et persistants. Comme l’a décrit l’une de ses premières camarades féminines et amies de toujours : « Sara était toujours prête à partir, mais elle travaillait comme si elle allait rester pour toujours. »
 
En 1998, Abdullah Öcalan lui a confié la mission d’assumer les tâches et responsabilités du mouvement de libération kurde en Europe. Entre autres tâches, elle a organisé et formé des cadres du mouvement dans plusieurs pays européens, ainsi que la communauté des migrants kurdes. De même, elle a noué des liens avec différents mouvements progressistes hors du Kurdistan, respectant les différences et insistant sur l’importance de lutter pour des valeurs humaines communes comme mouvements alternatifs, féministes, de gauche et démocratiques afin de mettre en place des structures d’autonomie démocratique et une société démocratique, libre et libérée du genre. Elle a donc joué un rôle important dans la création d’une solidarité pour la cause kurde. Elle recrutait, organisait et éduquait toujours son peuple, en particulier les jeunes femmes, jusqu’à son dernier souffle.
 
À ses yeux, la lutte était le facteur déterminant de la liberté : « Dans mon utopie, vous devez lutter pour la liberté toute votre vie. Dans un Kurdistan libéré, la lutte doit être glorieuse. »
 
À la lumière de cette vie légendaire remarquable, personne ne s’attendait à ce que cette héroïne soit tuée de sang-froid lors d’un assassinat insidieux au cœur de Paris. Dès le premier jour, le mouvement des femmes kurdes a souligné le caractère barbare du meurtre en tant que tentative de frapper le cœur de la révolution du Kurdistan : la femme libérée. Bien que le meurtrier, Ömer Güney, ait été identifié très tôt, il est notoire que les services de renseignements de l’Etat turc ont ordonné l’assassinat de saboter le processus de paix. Les autorités françaises n’ont pas dévoilé le caractère politique de ce crime. Le meurtrier est mort dans des circonstances mystérieuses en prison, quelques semaines à peine avant le début du procès. Chaque année, le mouvement kurde organise une manifestation de masse à Paris avec d’autres mouvements de femmes pour réclamer «Justice et vérité !».
 
Sakine Cansız a toujours voulu revenir à Dersim en tant que guérilla. Et effectivement, elle est retournée dans son pays natal en tant que héroïne. Sa tombe est devenue un sanctuaire, un lieu de pèlerinage pour les opprimés, les jeunes, les ouvriers, les femmes. Des millions de personnes lui ont fait ses adieux en portant son cercueil de Paris à Amed, puis à Dersim.
 
Lors de la révolution du Rojava, les efforts de libération des femmes rendent hommage à Sakine Cansız et à ses camarades. La lutte engagée par un petit groupe de jeunes a maintenant atteint un stade où sa philosophie et sa pratique sont discutées par les révolutionnaires du Brésil jusqu’à à l’Inde. Les femmes, qui ont libéré le monde des fascistes violeurs de l’Etat islamique, l’ont fait en adoptant des noms de guerre tels que Sara, Rojbîn, Ronahî. Aujourd’hui, les nouvelles générations de filles et de garçons kurdes sont élevées dans le même esprit que Sara.

Qui est Zehra Doğan ?

Diplômée de l’Université de Dicle en tant que professeur d’art, journaliste-artiste à partir de 2012 depuis la fondation de JİNHA [site d’information kurde exclusivement féminin] jusqu’à sa fermeture forcée en 2016, elle a travaillé comme journaliste et éditrice à JİNHA.
 
Elle a rendu couvert la province et des districts de Mardin depuis le 24 juillet 2015, date à laquelle l’Etat turc a imposé des couvre-feux.
 
Elle a été arrêtée le 23 juillet 2016 à Nusaybin, d’où elle faisait son reportage, et a ensuite été incarcérée pour « appartenance à une organisation terroriste » et « propagande terroriste ». Doğan a été libérée le 9 décembre 2016 par un tribunal de Mardin, mais elle a été condamnée à 33 mois de prison lors de l’audience finale du 22 mars, pour avoir partagé ses peintures sur les réseaux sociaux et pour avoir rapporté les notes d’une fillette de 10 ans, Elif Akboğa.
 
Après la confirmation de sa peine par la cour d’appel locale, Doğan a été emprisonnée le 12 juin 2017 et placée dans la prison de Diyarbakır puis transférée dans la lointaine prison de Tarsus après avoir remporté le prix IWMF du courage.
 
À l’époque où Doğan résidait dans la prison de Diyarbakır, l’administration de la prison ne lui fournissait pas l’équipement nécessaire. Doğan produisit alors un colorant à partir de racines de plantes et de sang de menstruation.
 

Le célèbre artiste Banksy a protesté contre la condamnation de Zehra Doğan par une projection d’une fresque en mars 2018 à Manhattan montrant Dogan derrière les barreaux avec la légende « Elle est condamnée à 2 ans et 9 mois et 22 jours pour avoir peint ce tableau ».

 

IRAN. Les rescapés kurdes du séisme abandonnés à leur sort

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IRAN / ROJHILAT – Il y a eu plusieurs séisme et de répliques entre le Kurdistan du Nord et d’Est depuis le 23 février. De nombreuses habitations se sont effondrées dans des dizaines de villages où des centaines de personnes ont été blessées. Les rescapés sont abandonnés à leur sort alors qu’ils sont dans la neige et le froid glacial d’hiver.
 

Un tremblement de terre de magnitude 5,9 a secoué la frontière entre le Kurdistan du Nord (Bakur) et le Kurdistan d’Est (Rojhilat) dimanche matin. Le séisme a été suivi par un autre tremblement de terre de magnitude 5,8 et plusieurs répliques.

Lundi, un autre tremblement de terre, d’une magnitude de 4,3, s’est produit à 18h05, heure locale, dans la ville de Khoy, dans l’est du Kurdistan, à la frontière de la province de Van, dans le nord du Kurdistan. Le tremblement de terre a également été ressenti dans la ville de Salmas.

La région a connu de nombreuses répliques depuis dimanche matin. Le premier tremblement de terre à 8 h 53, heure locale, a tué 9 personnes dans des villages du district de Başkale à Van, tandis qu’au moins 250 maisons et 300 écuries ont été détruites et des centaines de maisons endommagées.

Le tremblement de terre de lundi a fait au moins 104 blessés dans la ville de Khoy et 44 autres villages devenus inhabitables, dont le plus grand est le village de Gugerd où vivent 400 familles.

Les images obtenues par l’ANF montrent que de nombreuses maisons sont en ruine. Les villages frappés par le tremblement de terre sont recouverts de neige.

Les gens continuent de rester dehors dans la rue malgré le temps glacial alors qu’on nous signale que l’aide fournie par le régime iranien est insuffisante.

Le Kurdistan oriental a connu un tremblement de terre destructeur en 2017, dont les traces sont toujours présentes. Au moins 620 personnes ont perdu la vie et 8 500 autres ont été blessées dans le tremblement de terre de magnitude 7,3 survenu le 12 novembre 2017 à Kermanshah. Le plus grand en Iran depuis 10 ans, le tremblement de terre a coûté la vie à plus de 70 000 personnes.

 
 
 
 

IRAN. Pourquoi les kolbars kurdes sont systématiquement ciblés et tués?

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IRAN / ROJHILAT – Un kolbar est un porteur qui transporte des marchandises sur son dos à travers les frontières de l’Iran et sur de longues distances, principalement dans les zones kurdes pauvres et montagneuses adjacentes à l’Irak.
 
Mais qui sont-ils, pourquoi risquent-ils leur vie de cette façon, d’autant plus qu’ils sont systématiquement pris pour cible et tués ? Existe-t-il des lois iraniennes pertinentes ou applicables aux kulbars/kolbar/kolbers ? Quelles sont les règles que les gardes-frontières iraniens sont censés suivre à leur égard, et respectent-ils ces règles ? Que disent les responsables iraniens à propos des kulbars ?
 
« En 2019, selon nos statistiques, au moins 74 kulbars kurdes ont été tués aux frontières et sur les routes du Kurdistan et 174 ont été blessés. Parmi les personnes tuées, 50 ont été directement abattues par les forces de sécurité et les gardes-frontières, 23 ont perdu la vie après être tombées de la montagne, avoir été victimes d’avalanches et être mortes de froid et une a été tuée lorsqu’une mine terrestre a explosé. Parmi les blessés, 144 ont été directement blessés par les forces de sécurité ».
 
Ces chiffres ont été fournis par Arsalan Yar Ahmadi, le directeur de l’Organisation Hengaw pour les droits de l’homme au Kurdistan. Il y a huit ans, Ahmad Shaheed, qui était à l’époque rapporteur spécial des Nations unies pour les droits de l’homme en Iran, a évoqué le « meurtre systématique des kulbars kurdes » au paragraphe 64 de son rapport annuel 2012 : « Le Rapporteur spécial a également été informé des meurtres systématiques de kulbars (porteurs de dos) et de commerçants, des Kurdes résidant dans les zones frontalières. Les kulbars, qui transportent des cargaisons à travers la frontière sur leur dos ou font de la contrebande de marchandises telles que le thé, le tabac et le carburant pour gagner leur vie, sont particulièrement touchés. La loi iranienne considère les activités des kulbars comme un crime qui est puni de plusieurs mois de détention ou d’une amende égale à la valeur des marchandises saisies. Le rapporteur spécial a toutefois reçu des informations selon lesquelles les gardes-frontières iraniens tirent sans discrimination sur ces individus, tuant et blessant ainsi chaque année des dizaines de kulbars, ainsi que leurs chevaux ».
 
Qui sont les kulbars et qu’est-ce que le kulbari ?
 
Un kulbar est une personne qui contourne la douane pour transporter des marchandises et des biens à des commerçants iraniens depuis les zones frontalières du Kurdistan irakien vers l’Iran ; ils sont payés en fonction du poids et du type de marchandises qu’ils transportent. En moyenne, leur chargement pèse entre 25 et 50 kilos, bien que dans certains cas, leur chargement puisse être beaucoup plus lourd.
 
Les kulbars doivent transporter leur chargement sur des routes montagneuses qui, en moyenne, font environ 10 kilomètres de long, même si elles peuvent être plus longues dans certains cas. Mehdi Khosravi, un membre de l’équipe de boxe de la jeunesse iranienne qui a été forcé par des circonstances financières désespérées à s’engager dans le kulbari, comme on appelle ce travail, a déclaré à IranWire : « Un kulbar qui porte sur ses épaules un chargement provenant du col de Tatah à la frontière de Marivan [avec le Kurdistan irakien] doit marcher près de 19 kilomètres ».
 
Les kulbars sont payés sur la base du poids de la charge qu’ils transportent et le taux change généralement en fonction du taux d’inflation et de la valeur de la monnaie iranienne. Le salaire peut également varier en fonction de la frontière où ils travaillent. Au moment de la rédaction de ce rapport, début 2020, les kulbars à qui j’ai parlé disent que, selon la valeur et le type de marchandises, le trajet et la saison, le taux fluctue entre 6 000 et 12 000 tomans par kilo, soit entre 37 et 88 cents américains.
 
Par conséquent, lorsqu’un kulbar reçoit un travail – la quantité de travail n’est pas fiable et est si exigeante physiquement que la plupart des kulbars ne travaillent pas tous les jours – il gagne en moyenne entre 125 000 et 350 000 tomans (10 à 25 dollars) par jour, selon le poids et le type de marchandises. Le montant le plus élevé se situe entre 300 000 et 600 000 tomans (22 à 44 dollars). Cependant, Mehdi Khosravi me dit que la concurrence est si forte et le travail si pénible qu’un kulbar ne peut faire le travail que deux fois par semaine et que parfois il n’y a pas de travail pendant des semaines.
 
Cependant, les estimations de paiements citées ci-dessus sont trompeuses. Le revenu réel des kulbars est en réalité encore plus faible. En effet, une fois qu’ils ont atteint le point de passage de la frontière où ils commencent à transporter le chargement, puis qu’ils atteignent leur destination et remettent les marchandises, ils doivent payer une voiture pour les ramener là où ils vivent.
 
Un très faible pourcentage de kulbars transportent leur chargement sur des chevaux et des mules. La plupart des kulbars sont occupés par des hommes, mais ces dernières années, certaines femmes ont également participé à des kulbari. Les kulbars sont fréquentés par des jeunes de 13 ans et des personnes âgées de 65 ans et plus. La plupart des kulbars sont actifs dans les trois provinces de l’Azerbaïdjan occidental, du Kurdistan et de Kermanshah, qui ont toutes une frontière avec le Kurdistan irakien.
 
Il est presque impossible d’obtenir des statistiques précises sur les kulbars. Divers responsables iraniens ont proposé des chiffres différents, mais on ne sait pas très bien d’où ils proviennent. En janvier 2018, Mohammad Hossein Shahriari, le gouverneur de la province de l’Azerbaïdjan occidental, a déclaré que 50 000 permis officiels, ou cartes électroniques d’échange à la frontière, avaient été délivrés dans la province. Quelques mois plus tôt, en juillet 2017, Rasoul Khazari, membre de la commission des affaires sociales du Parlement, a déclaré que 70 000 kulbars travaillaient en Iran.
 
Le 29 juin 2019, Mohammad Dehghan, alors superviseur du Bureau de l’industrie, des mines et du commerce de l’Azerbaïdjan occidental, a annoncé qu’il y avait 4 800 cartes ou permis de « colporteurs » actifs pour les kulbars dans la province. En mai 2018, Hossein Firouzi, le vice-gouverneur du Kurdistan pour les affaires économiques et les ressources humaines, a annoncé que 68 000 permis de « colporteur » avaient été délivrés dans cette province [liens en persan].
 
Le 4 février 2020, le site web des affaires économiques Tahlil Bazaar estimait que le nombre de kulbars actifs à la frontière était proche de 4 000, mais ne fournissait aucune source pour ce chiffre. Auparavant, le 16 janvier, l’agence de presse IRIB (Islamic Republic of Iran Broadcasting) a indiqué que, sur la base de statistiques non officielles, il y avait près de 20 000 kulbars en Iran.
 
En décembre 2019, l’Agence de presse officielle de la République islamique (IRNA) a indiqué que, selon les statistiques officielles, le nombre de kulbars actifs en Iran sur des routes montagneuses de 15 kilomètres de long se situe entre 80 000 et 170 000, alors qu’en juillet 2019, l’Agence de presse du travail iranien (ILNA), affiliée au ministère du travail et des affaires sociales, avait estimé ce nombre à 80 000.
 
Les marchandises transportées par les kulbars comprennent des articles de consommation qui peuvent être légalement achetés et vendus. Selon Alireza Ashnagar, le gouverneur adjoint du Kurdistan pour les affaires politiques et de sécurité, les kulbars de cette province importent 89 types de biens de consommation, dont du thé, des aliments emballés, des téléviseurs, des climatiseurs, des textiles, des chaussures, des vêtements, des ustensiles de cuisine, des produits de beauté et de santé, des pneus de voiture, des téléphones portables et, occasionnellement, des cigarettes. En règle générale, les kulbars ne transportent pas de boissons alcoolisées, même si elles rapportent un prix élevé car elles sont illégales en République islamique, leur transport est difficile et peut entraîner de lourdes amendes et même la prison [liens en persan].
Les risques que prennent les kulbars
 
Kulbari est une entreprise très dangereuse. Comme le disent les kulbars avec lesquels j’ai parlé, c’est comme si on marchait sur la route de la mort. Selon la Hengaw Organization for Human Rights in Kurdistan et le Kurdistan Human Rights Network, entre 2015 et 2019, 368 kulbars ont été tués et 595 ont été blessés.
 
Dans son entretien avec IranWire, Mehdi Khosravi a résumé les dangers qui menacent les kulbars : « Sous mes propres yeux, des kulbars ont été abattus, ils ont été tués, blessés ou handicapés de façon permanente. Devant mes propres yeux, un kulbar est mort à cause d’un froid extrême. Se faire tirer dessus, tomber de la montagne, mourir de froid et marcher sur des mines terrestres menacent continuellement la vie des kulbars ».
 
En outre, les autorités font peser des risques importants sur leurs moyens de subsistance, leur bien-être et leur vie. Il arrive que les kulbars soient arrêtés, battus, jugés, condamnés à des amendes et même à des peines de prison pour avoir transporté des marchandises appartenant à quelqu’un d’autre. Néanmoins, le danger le plus significatif et le plus immédiat auquel les kulbars sont confrontés est celui d’être tués par les gardes-frontières iraniens. C’est un problème si grave que des membres du Parlement iranien ont déposé un projet de loi visant à empêcher les gardes de cibler directement les kulbars.
 
Selon les statistiques publiées par Hengaw, en 2019 « au moins 252 kulbars et commerçants kurdes ont été tués ou blessés au Kurdistan. Sur ce nombre, 72 ont perdu la vie et 176 ont été blessés. Par rapport à 2018, où 231 kulbars ont été tués ou blessés, ce chiffre montre une augmentation de 8,3 % ».
 
Les mêmes statistiques montrent que 77 % des victimes – 50 morts et 144 blessés – sont le fait des gardes-frontières et des forces de sécurité iraniennes qui leur tirent dessus directement. Les mines terrestres posées par les forces de sécurité iraniennes ont tué un kulbar et handicapé 11 Kulbars à vie. Sur les 50 kulbars qui ont été tués, sept avaient moins de 18 ans.
 
En 2019, des incidents causés par la nature, tels que des avalanches, ou d’autres accidents liés à l’environnement naturel, comme des cols de montagne dangereux ou des conditions de gel, ont coûté la vie à 23 kulbars et en ont blessé 19 autres [lien en persan]. Un kulbar qui est mort de froid dans la neige était un adolescent de moins de 18 ans. Les accidents de la route ont fait deux morts et deux blessés. Les victimes provenaient des provinces de l’Azerbaïdjan occidental, du Kurdistan et du Kermanshah.
 
Les Kulbars affirment que les gardes-frontières et les forces de sécurité iraniennes considèrent que leur vie ne vaut rien et leur tirent une balle dans la tête et dans la poitrine alors qu’ils portent de lourdes charges et ne peuvent pas s’échapper [lien en persan]. Les Kulbars empruntent des itinéraires qui ne sont pas utilisés par les membres armés des partis d’opposition kurdes car ces itinéraires sont étroitement surveillés par les gardes-frontières iraniens. On ne sait pas pourquoi les forces de sécurité ne tirent pas en l’air pour avertir les kulbars, au lieu de tirer pour les tuer.
 
Les forces de sécurité ne font pas non plus preuve de pitié pour emballer les animaux et tuent impitoyablement les chevaux et les mules des kulbars. Non seulement c’est un crime de tuer des animaux innocents dont les propriétaires leur ont mis des charges sur le dos, mais cette tuerie prive également les familles de leur seule source de revenus, qui dépend de ces animaux. Dans certains cas, les forces de sécurité ont même massacré des chevaux et des mules qui ne portaient rien, comme lors du massacre de mai 2018 dans un village de la province de l’Azerbaïdjan occidental, où les forces ont tué près de 90 chevaux qui ne faisaient que paître.
 
Kulbari, une conséquence directe de la pauvreté
 
Alors pourquoi les kulbars sont-ils prêts à gagner leur vie de l’une des manières les plus dangereuses qui soient ? Ou, plus précisément : pourquoi, dans certaines régions frontalières de l’Iran, y a-t-il des gens qui, pour éviter de mourir de faim avec leur famille, n’ont d’autre choix de travail que le kulbari ?
 
La réponse réside dans les racines économiques du kulbari. Rien ne peut pousser un être humain à exercer une activité aussi dangereuse et, en même temps, aussi difficile et aussi peu rémunératrice que la pauvreté absolue et la faim extrême
 
Les principaux facteurs qui contribuent à cette pauvreté absolue au Kurdistan et dans les régions kurdes, et qui poussent les gens à faire le dangereux métier de kulbari, sont notamment le manque d’infrastructures économiques et le manque d’investissements pour construire ces infrastructures, l’allocation disproportionnée des ressources nationales d’une manière qui ignore les marges et profite au centre, le manque de possibilités d’emploi et l’absence de planification pour un emploi stable et le chômage généralisé qui en résulte et, surtout, le traitement des régions kurdes comme une question de sécurité.
 
Les indicateurs économiques publiés par diverses organisations officielles en Iran confirment les affirmations ci-dessus. Selon ces statistiques, les régions kurdes de l’Azerbaïdjan occidental à la province d’Ilam comptent parmi les régions les plus sous-développées d’Iran, souffrent de lacunes structurelles et sont loin derrière les régions centrales d’Iran pour tous les indicateurs sociaux, politiques, culturels et économiques.
 
Par exemple, selon les statistiques de 2018 publiées par le Centre statistique d’Iran, le revenu par habitant de la province du Kurdistan est d’environ 46,4 % de la moyenne nationale, ce qui place la province au 29e rang parmi les 31 provinces iraniennes. La même année, la part du Kurdistan dans le produit intérieur brut était de 0,95 %, soit moins d’un pour cent, et la province occupait la 23e place parmi toutes les provinces iraniennes. Selon les statistiques de ces dernières années, les provinces du Kurdistan, de Kermanshah et d’Ilam étaient parmi les quatre provinces ayant le taux de chômage le plus élevé en Iran.
 
Selon les statistiques publiées par le journal Tose’e Iran, non seulement le revenu par habitant dans les provinces de l’Azerbaïdjan occidental, du Kurdistan et du Kermanshah, les épicentres du kulbari, est inférieur à la moitié de la moyenne nationale, mais leur taux de chômage réel est supérieur à 38 % et leur taux d’inflation dépasse 44 %. Et, selon les statistiques publiées par l’ILNA, plus de 40 % des diplômés de l’enseignement supérieur dans ces provinces sont au chômage.
 
Selon Ahsan Alavi, membre du parlement de la capitale du Kurdistan, Sanandaj, cette province n’a reçu aucune part des projets de développement prévus. « Exactement au moment où ils construisaient de grandes industries dans d’autres villes [avec des dollars bon marché], le Kurdistan était encore occupé à nettoyer les conséquences de la guerre [avec l’Irak] et était privé de tout investissement », a-t-il déclaré.
 
Au printemps 2014, le vice-gouverneur du Kurdistan a déclaré lors d’un séminaire que 70 % des unités industrielles de la province étaient fermées ou presque fermées et que le taux de chômage réel au Kurdistan dépassait 35 %.
 
Selon les statistiques publiées par le Centre statistique d’Iran et la Banque centrale iranienne, en été 2019, le taux de chômage moyen dans les provinces où le kulbari est courant était de plus de 38 %, soit 2,5 % de plus que l’année précédente et 5 % de plus que le taux de chômage moyen du pays. Au cours de la période de 12 mois se terminant en novembre 2019, le taux moyen d’inflation dans ces provinces était de 35,28 %, soit environ 2 % de plus que la moyenne nationale. Au cours de la même période, le taux d’inflation dans la province du Kurdistan était de 45,2 %.
 
L’économie de Kulbari
 
Les analystes et les chercheurs qui s’intéressent aux kulbars se sont souvent penchés sur l’impact que la contrebande et le trafic ont sur la vie des kulbars.
 
La contrebande est souvent une activité lucrative, malgré les risques qu’elle comporte. Alors pourquoi les kulbars ne bénéficient-ils pas des marges de rendement élevées de la contrebande ? Cela se résume à la répartition des bénéfices de la contrebande effectuée par les kulbars et aux itinéraires empruntés par les marchandises de contrebande.
 
Tout d’abord, selon Rasoul Khazari, membre de la commission des affaires sociales du Parlement, 99,5 % des marchandises de contrebande entrent en Iran par la mer, par des jetées illégales et dans des conteneurs de transport, alors que la part de la contrebande par kulbari n’est que d’un demi-point de pourcentage. En d’autres termes, la contrebande réalisée par les kulbars alimente un marché très restreint et ne joue aucun rôle significatif dans l’économie iranienne. Il est également rapporté que même dans le meilleur des cas, lorsque le kulbar est payé le montant maximum, il reçoit moins d’un pour cent de la valeur des marchandises qu’il transporte [lien en persan]. Cela signifie que sur chaque tranche de 100 dollars de marchandises qui sont introduites en Iran par le kulbari, le kulbar reçoit moins d’un dollar.
 
Les marchandises que transporte un kulbar appartiennent à des hommes d’affaires dans les villes iraniennes. Mansour Amini (un pseudonyme), un homme d’affaires de la ville kurde de Marivan, dit que certains de ces hommes d’affaires sont des locaux et vivent dans les régions frontalières, mais que les autres vivent ailleurs, principalement dans les grandes villes. « En fonction de la demande du marché ou lorsqu’il reçoit une commande, l’homme d’affaires achète la marchandise qu’il désire quelque part dans le monde, notamment en Chine, en Corée du Sud, en Turquie, à Singapour, à Taïwan et, dans certains cas, même auprès de représentants de grandes entreprises des Émirats arabes unis, et importe la marchandise au Kurdistan irakien de manière légale et en payant des frais de transit », dit-il.
 
Selon M. Amini, c’est là que commence le travail des intermédiaires, un maillon essentiel du commerce légal et illégal dans les zones frontalières du Kurdistan irakien. « Ces intermédiaires disposent de bureaux et d’entrepôts des deux côtés de la frontière pour stocker et gérer les marchandises et travaillent avec un ensemble de chauffeurs qui transportent des marchandises de contrebande, et d’agents qui sont leurs intermédiaires auprès des kulbars et des propriétaires d’animaux de bât », dit-il.
 
Selon M. Amini, la responsabilité du partenaire irakien est d’amener la marchandise à un entrepôt près de la frontière avec l’Iran, parfois en utilisant de petits camions ou des chevaux et des mules, et de la livrer ensuite aux kulbars : « A partir de là, la responsabilité incombe à l’intermédiaire iranien. À un endroit proche de la frontière, l’intermédiaire iranien dispose d’une voiture, souvent un pick-up japonais Hi-Lux Toyota, prête à prendre la livraison du kulbar et à transporter la marchandise directement au propriétaire ou à ses propres entrepôts dans une ville proche de la frontière. Bien sûr, il arrive que la partie iranienne prenne la responsabilité directe de faire entrer en Iran les marchandises provenant de l’entrepôt en Irak ».
 
Les intermédiaires ont leurs bureaux dans les bazars et les zones commerciales des villes frontalières, à proximité des routes empruntées par les kulbars. Selon M. Amini, les intermédiaires jouent un rôle central dans le transport et la livraison des marchandises : « Les intermédiaires déplacent la marchandise en donnant des garanties. Le montant de la garantie est basé sur le poids de la marchandise en kilogrammes et il est principalement décidé par le type de marchandise et sa valeur monétaire. L’intermédiaire peut faire un gros bénéfice sur une transaction ou subir une grosse perte si la marchandise est perdue ou confisquée – car il est responsable de la cargaison et s’il ne peut pas la livrer à l’homme d’affaires qui la possède, il doit lui payer le montant total qu’il a perdu ».
 
En outre, selon M. Amini, « le conducteur d’une Toyota qui prend livraison de la marchandise auprès d’un intermédiaire et la livre à sa destination finale doit fournir des garanties. Si son chargement est confisqué, non seulement il perd sa voiture, mais il doit aussi indemniser entièrement l’intermédiaire pour sa perte ».
 
Si l’intermédiaire reçoit 5 dollars par kilo pour la livraison finale de la marchandise au propriétaire, il peut payer entre 2 et 3 dollars par kilo à ceux qui déplacent la charge d’un endroit à l’autre, en fonction de la distance jusqu’à la destination finale.
 
Selon M. Amini, les kulbars n’ont pas à offrir de garanties et ne doivent rien si la marchandise est perdue en raison de sa chute sur les routes montagneuses, de congères ou d’attaques des gardes-frontières. Toutefois, si cela se produit de manière répétée, ils perdent la confiance de l’intermédiaire et se retrouvent sans emploi.
 
Dans certains cas, lorsqu’un grand nombre de kulbars transportent la marchandise ensemble, l’intermédiaire envoie une ou plusieurs personnes avec eux pour marcher devant la colonne et pour les avertir de la présence de gardes-frontières et d’agents de sécurité ou pour garder la marchandise. Mais, dit M. Amini, il n’est pas souvent nécessaire d’envoyer des gardes avec les kulbars et ce n’est pas une pratique courante : « L’intermédiaire connaît les noms des kulbars et leur lieu de résidence et. Bien sûr, si les kulbars étaient dans le crime, ils ne seraient pas entrés dans les kulbari mais auraient plutôt commis un crime ».
 
Les responsables iraniens et la question de Kulbari
 
Certains responsables iraniens pensent que le kulbari est un acte illégal parce que les marchandises qu’ils transportent n’ont pas été importées par des voies légales et que le service des douanes n’a pas reçu sa rémunération pour l’importation de la marchandise. Mais les défenseurs des kulbaris se demandent pourquoi une personne privée des droits et des privilèges de la citoyenneté doit observer des lois qui ne lui garantissent aucun droit. Selon eux, le droit d’avoir un emploi et de lutter contre la faim prime sur les restrictions légales à l’importation de marchandises et le paiement des droits de douane. Comme les droits fondamentaux des citoyens priment sur la législation, les kulbars qui ont été dépouillés de leurs droits de citoyens n’ont pas le devoir d’observer ces lois, affirment-ils.
 
Mais tous les fonctionnaires ne sont pas d’accord ou ne sont pas cohérents sur la manière dont les kulbars doivent être traités. Le chef suprême, l’ayatollah Khamenei, a déclaré qu’il ne considère pas les kulbars comme des passeurs, car leurs activités sont négligeables dans le domaine de la contrebande. Il a essentiellement approuvé l’idée d’ignorer leurs activités. [lien en persan].
 
D’autre part, selon un avocat du Kurdistan, lorsqu’il a été engagé pour traiter une affaire judiciaire concernant une personne qui avait été abattue par les gardes-frontières dans la ville de Baneh, le procureur militaire de la province lui a montré une lettre du bureau du Guide suprême qui indiquait clairement que les gardes-frontières ne pouvaient pas être punis pour avoir tiré sur des kulbars et les avoir tués ou blessés [lien en persan].
 
Lors d’une visite au Kurdistan, le chef du pouvoir judiciaire, Ebrahim Raeesi, a annoncé que les discussions sur la contrebande ne devraient pas inclure les kulbars. Au contraire, a-t-il dit, les kulbari doivent être réformés et réglementés. Cette idée a été présentée comme un projet de loi au Parlement au moins une fois, mais après que le Centre de recherche du Parlement s’y soit opposé, le projet de loi n’a jamais atteint le stade du vote.
 
En 2010, le Conseil suprême de sécurité nationale a approuvé un projet visant à mettre fin au kulbari. Le projet stipulait que chaque année, 10 % des recettes frontalières devaient être investies dans la construction d’unités industrielles et d’ateliers et dans la création d’emplois dans les zones frontalières afin de réduire le nombre de kulbars. Cependant, le projet n’a jamais été mis en œuvre.
 
En avril 2018, le ministre de l’Intérieur Abdolreza Rahmani Fazli a déclaré que le cabinet avait approuvé un projet de loi visant à réglementer et à réformer le commerce des kulbari [lien en persan]. Il a annoncé qu’il avait demandé à son adjoint pour les affaires de sécurité d’organiser une réunion d’une semaine avec les gouverneurs des provinces frontalières et les fonctionnaires des agences responsables pour examiner la situation des kulbars dans ces provinces et proposer ensuite des solutions.
La loi iranienne et la question des kulbari
 
Selon l’avocat Osman Mozayan, basé à Téhéran, le droit iranien ne contient aucune définition du kulbari, et le concept ne correspond à aucune définition de l’emploi standard dans le droit du travail du pays. Le kulbari « n’a pas d’horaires précis, met en danger la vie des personnes qui le pratiquent et a des conséquences indésirables parce qu’il viole les frontières », dit-il. « Il n’y a aucun moyen de le concilier avec la dignité humaine, et il ne peut être considéré comme un emploi ».
 
Le code pénal islamique iranien stipule que tout crime punissable doit être nommé par la loi – mais aucune loi ne cite le kulbari comme un crime. En outre, selon Osman Mozayan, la carte d’échange frontalier reconnaît indirectement le kulbari comme une activité légitime, mais « le fait de pratiquer le kulbari sans payer les douanes est considéré comme de la contrebande et, par conséquent, les chargements [des kulbars] sont confisqués et portés devant les tribunaux ».
 
Selon l’article 18 de la loi sur la lutte contre la contrebande de marchandises et de devises, toute infraction à cette loi est punie par la confiscation des marchandises et/ou des devises, et par des amendes en espèces, selon le type de marchandises. Cependant, ce qui se passe sur le terrain, c’est que les kulbaris se font tirer dessus par les gardes-frontières et les forces de sécurité, une réaction qui n’a aucune justification légale, même selon les lois en vigueur dans la République islamique.
 
Selon le Mozayan, si la police agit dans le strict respect de la loi, elle n’a aucun droit de tirer sur les kulbars. La loi qui régit l’utilisation des armes à feu par les forces armées précise les situations dans lesquelles il est permis de tirer sur un délinquant à partir de la taille, et ce uniquement s’il n’y a pas d’autres possibilités. Ces situations incluent le cas où le contrevenant attaque les agents, où les précautions s’avèrent inefficaces et où les agents sont en danger certain [lien en persan]. « Considérant que les kulbars portent une lourde charge sur leurs épaules, qu’ils sont incapables d’attaquer et ne peuvent même pas s’enfuir avec la charge sur leurs épaules, leur tirer dessus est contraire à la loi », dit-il.
 
Selon M. Mozayan, l’Iran n’a pas été cohérent dans sa façon de traiter les agents qui enfreignent la loi. Dans d’autres régions du pays, les agents qui ont tiré sur des citoyens et qui ont enfreint la loi ont été tenus de rendre des comptes et ont été punis. « Dans les régions kurdes, les agents qui tirent sur les kulbars, ou même ceux qui tirent sur des citoyens ordinaires allant d’un village à l’autre, ne sont pas punis. Si les agents font la même chose à Téhéran, Ispahan ou Shiraz que ce qu’ils font aux personnes dans les zones frontalières, ils seront certainement jugés et punis pour avoir enfreint la loi ».
 
Selon le Mozayan, il est possible de porter plainte contre les agents, mais dans les cas où des affaires liées à des tirs de kulbars ont été portées devant les tribunaux, les procureurs militaires n’ont pas pris de mesures sérieuses contre les agents fautifs. Au lieu d’utiliser le rapport de l’incident réel, ils ont offert, comme avis d’expert, les vues du Comité des accidents comme spécifié par l’article 5 de la loi régissant l’utilisation des armes par les forces armées. Ils écrivent toujours que la personne qui a été abattue a mis sa propre vie en danger et [disent] « nous ne sommes pas responsables de leur vie ». En fin de compte, ces affaires sont généralement rejetées ou prennent beaucoup de temps et finissent par le versement d’une petite somme d’indemnisation parce qu’ils disent qu’ils n’ont pas de budget pour cela », dit M. Mozayan.
 
Un cas exceptionnel concernant la mise à mort par balle de deux kulbars dans une zone frontalière qui ne transportaient à l’époque aucune marchandise illustre l’attitude bizarre de la justice face à l’assassinat systématique de kulbars. Sur la base des informations fournies dans le verdict, le juge a accepté le fait que les kulbars ont été abattus à l’intérieur de l’Iran alors qu’ils ne transportaient aucune marchandise et que les témoignages et l’inspection de leurs téléphones portables ont montré qu’ils n’avaient eu aucun contact avec quiconque de l’autre côté de la frontière et n’avaient même pas franchi la frontière.
 
Le juge a décidé que les tirs intentionnels des deux soldats impliqués avaient entraîné l’homicide involontaire des deux kulbars, et a condamné un soldat à une amende en espèces d’un million de tomans (235 dollars) et l’autre à six mois de prison et au paiement d’une compensation aux héritiers de l’un des kulbars tués. Selon les avocats, dans de tels cas, l’indemnisation est payée en plusieurs versements et il n’est jamais clair si elle sera effectivement payée ou non.
 
Osman Mozayan donne un autre exemple, en citant le cas d’un enfant complètement paralysé après avoir été abattu par des gardes-frontières. Le tribunal inférieur a décidé que l’enfant devait recevoir une indemnisation complète, mais la cour d’appel a modifié son verdict : « Sans citer de raison et sans présenter de preuves, le second tribunal a décidé que l’enfant n’avait droit qu’à 20 % de l’indemnisation spécifiée parce qu’il avait lui-même mis sa propre vie en danger. Le verdict a ignoré le fait que les gardiens n’avaient pas le droit de tirer sur un enfant même si lui-même avait mis sa propre vie en danger ».
 
Selon le Mozayan, la plupart des plaintes pénales n’aboutissent à rien. Non seulement les agents qui enfreignent la loi ne sont pas punis, mais ils ne sont même pas convoqués au tribunal pour témoigner, même si la fusillade a été intentionnelle. « Dans un cas, un oncle et son neveu transportaient un chargement ordinaire de la ville de Rabat [en Azerbaïdjan occidental] à Mahabad lorsqu’ils ont été abattus. L’un a été tué et l’autre a été blessé. Lorsque les agents ont remarqué qu’ils ne transportaient pas de marchandises de contrebande, ils sont allés acheter des balles pour remplacer celles qu’ils avaient tirées afin de couvrir leurs traces. Mais après de nombreux efforts, nous avons réussi à les traduire en justice et ils ont été condamnés à six mois de prison. La cour d’appel a toutefois suspendu la sentence et a renvoyé l’affaire à l’administration du Fonds de la police pour indemnisation ».
 
Afin d’empêcher le meurtre des kulbars, un groupe de membres du parlement a présenté en décembre 2019 un projet de loi visant à modifier la loi régissant l’utilisation des armes à feu par les forces armées. Ce projet de loi interdit explicitement de tirer directement sur les kulbars.
 
Le projet de loi n’a pas encore été présenté et il n’est pas certain qu’il devienne une loi ou non.
 
Cependant, Osman Mozayan pense que ce projet de loi est insupportable car il donne un statut légal au travail dégradant des kulbars : « Pour l’instant, il est illégal de tirer sur les kulbars et si ce projet de loi est adopté, il ne fera que légaliser un travail qui va à l’encontre de la dignité humaine. Il n’empêchera pas le meurtre des kulbars ».
 
Image via ANF

Inhumation d’une victime kurde de l’attaque raciste d’Hanau

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ALLEMAGNE – FRANCFORT – Ferhat Ünvar a été enterré à Hanau. Il était l’une des neuf jeunes qui ont été assassinés lors d’une attaque raciste par un Allemand le 19 février. Les funérailles de Mercedes Kierpacz, enceinte de deux enfants, ont eu lieu à Neuen Friedhof, à Offenbach.

Avant les funérailles, les proches ont rencontré d’autres personnes en deuil à l’école Heinrich Heine de Kesselstadt. Des fleurs ont été placées sur une table avec des photos du défunt.
 
Ensuite, les funérailles ont eu lieu dans le cimetière principal avec une forte affluence. Le maire de Hanau, Claus Kaminsky, a prononcé un discours. Dans de nouveaux discours, des mesures contre le fascisme croissant en Allemagne ont été demandées.
 
La mère d’Ünvar, Serpil Temiz, a déclaré que son fils était né et avait grandi en Allemagne, affirmant qu’il était chez lui ici. « Mon enfant est mort. Tout ce que je veux maintenant, c’est que lui et les autres ne soient pas morts en vain. J’ai d’autres enfants, il y a d’autres jeunes. Je ne veux pas qu’ils meurent à cause du racisme. Pour mon fils, ici c’était sa terre. C’était un Kurde, mais il se considérait comme un Allemand. A-t-il été assassiné par l’xénophobie ? Ce n’était pas un étranger. S’il vous plaît, plus aucun jeune ne devrait mourir. J’en ai vraiment très peur. Quelque chose doit prendre fin. »
 
Mercedes Kierpacz enterrée à Offenbach
 
D’autre part, les funérailles de Mercedes Kierpacz, 35 ans, mère de deux enfants et enceinte, ont également eu lieu aujourd’hui au Mülheim Hauptfriedhof à Offenbach. La mère de deux enfants a été abattue mercredi dernier avec quatre autres personnes dans un kiosque du quartier de Kesselstadt à Hanau. Plusieurs centaines de personnes ont participé aux funérailles. Des parents et amis ont dit au revoir à la femme d’origine rom polonaise, qui était également une citoyenne allemande.
 

Halte à la persécution des Kurdes sur le sol français !

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PARIS – Six Kurdes ont été interpellés le 18 février en Gironde et en Charente-Maritime, dans le Sud-Ouest de la France. Quatre d’entre eux été mis en examen le 21 février pour « financement du terrorisme » dans le cadre d’une enquête sur des collectes de fonds pour le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
 
La criminalisation des Kurdes par l’Etat français a fait réagir la communauté kurde en France, d’autant plus que la France avait soutenu la lutte des Kurdes contre DAECH au Rojava et en Syrie. Le Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F) vient de publier un communiqué condamnant la répression des activistes kurdes en France.
 
Voici le communiqué du CDK-F:
 
« La politique anti-kurde du Quai d’Orsay et de la DGSI nuit gravement aux intérêts de la France
 
Voilà longtemps que les Kurdes, pionniers de la lutte contre Daesh en Syrie et en Irak, sont régulièrement confrontés en France à des actes de répression et d’intimidation.
 
Le Ministère des Affaires étrangères et la DGSI ont mis en oeuvre une stratégie très finement conçue afin d’incriminer les Kurdes et d’étouffer leur image grandissante.
 
Cette politique pratiquée de longue date à l’encontre du mouvement kurde dénote aujourd’hui une approche contradictoire qui discrédite la France. Contredisant l’engagement de la France aux côtés des Kurdes, en Syrie et en Irak, particulièrement depuis 2013, la DGSI et le Quai d’Orsay soumettent les Kurdes de France à des poursuites judiciaires et des mesures administratives révoltantes.
 
C’est encore cette politique anti-kurde qui a permis aux Services de Renseignements turcs (MIT) d’assassiner trois militantes kurdes, à Paris, le 9 janvier 2013. Il est important de préciser que l’ingérence récemment évoquée par M. Macron à propos de la Turquie est allée en s’amplifiant après ces assassinats.
 
Au cours des derniers mois, la DGSI a convoqué une dizaine de kurdes, soit dans le cadre de leur demande de naturalisation, soit sans aucun motif, afin de les intimider et de les contraindre à travailler pour eux en tant qu’informateurs.
 
Ce mardi 18 février, 8 Kurdes ont été placés en garde à vue en Nouvelle-Aquitaine. Dans le cadre de cette même procédure, le Centre démocratique du Kurdistan de Bordeaux qui fait partie de notre réseau d’associations, a été perquisitionné. 4 des personnes arrêtées ont été mises en examen, sans aucun fondement, pour « financement d’une organisation terroriste », accusation classique portée systématiquement contre les militants politiques kurdes en France depuis plus de 10 ans. L’une de ces personnes se trouve aujourd’hui en détention provisoire.
 
Dernier événement en date, des représentants du CDK-F se sont vu notifier, samedi 22 février, la prolongation d’une mesure administrative de gel des avoirs prise le 12 juin 2019. Les faits qui leur sont reprochés sont d’avoir organisé des manifestations déclarées, d’avoir organisé ou participé en 2018 à la session du Tribunal Permanent des Peuples sur la Turquie et les Kurdes, d’avoir assisté à des réunions publiques, ou encore de rencontrer des élus de la République.
 
Tandis qu’elle mène à l’extérieur une coopération très étroite et stratégique avec les Kurdes, la France persiste à l’intérieur dans une politique anti-kurde afin de conclure des contrats économiques avec la Turquie. Cela ne peut que desservir l’image de l’Etat français et nuire à ses intérêts.
 
A cet égard, nous tenons à rappeler les accords Sykes-Picot par lesquels la France a joué un rôle historique dans la division du Kurdistan. Rappelons encore que les assassinats des militantes kurdes ont été commis à un moment où la répression menée à l’encontre des Kurdes par le Quai d’Orsay était à son apogée. Et soulignons à nouveau le rôle crucial joué par les Kurdes dans la lutte contre Daesh, au prix de la vie de 11 000 de leurs combattants, cela afin de préserver la stabilité du Moyen-Orient et de l’Europe.
 
Nous demandons ainsi au Président Emmanuel Macron, ainsi qu’aux élus de la République d’engager une discussion sur la question kurde dans son ensemble, afin d’y apporter une réponse concrète et stratégique et, ainsi, mettre fin à la politique anti-kurde du Quai d’Orsay.
 
Nous appelons également les organisations de la société civile, les syndicats, les partis politiques et toutes les personnes attachées à la justice et à la liberté, à se tenir aux côtés du CDK-F contre cette politique du Quai d’Orsay. »
 

Le fascisme turc dans la ville kurde de Van

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TURQUIE / BAKUR – À Van, il y a un état d’urgence de facto. Tous les droits démocratiques sont suspendus depuis des années. Au cours du seul mois dernier, il y a eu plus de 60 arrestations et détentions politiques.
 
Dans la province de Van, au Kurdistan du Nord, en moyenne au moins deux personnes sont arrêtées chaque jour pour des raisons politiques. Certains d’entre elles sont emprisonnées. Il suffit aux autorités d’arrêter plus de deux personnes par jour pour des raisons politiques ou pour la violation de l’interdiction de réunion, en vigueur depuis le 21 novembre 2016. Depuis l’interdiction de réunions, la police et l’armée sèment la terreur dans la ville. Le 14 février, la police a pris d’assaut 55 appartements et arrêté 47 personnes. Dans presque tous les raids, les portes des appartements ont été cassé avec un bélier sans avertissement, les appartements ont été dévastés et des violences, des insultes et des menaces ont été proférées contre les résidents.
 
L’ancienne coprésidente en prison de l’association provinciale du HDP, Van Yadişen Karabulak, Dilan Yıldız du Conseil des femmes du HDP et Sait Kılıç, Fikret Doğan et Ibrahim Sungur du Congrès de la société démocratique (DTK) ont été libérées le 10 février, le premier jour de leur procès, mais ont été arrêtés de nouveau par l’objection du procureur.
 
La voiture du député du HDP, Murat Sarısaç, a été interceptée et arrêtée par un autre véhicule sans plaque d’immatriculation. Le membre du parti HDP, Yunus Durdu, qui était dans la voiture de Sarısaç, a ensuite été arrêté. Le politicien a été décrit comme un terroriste à l’Agence Anadolu et emprisonné par la suite.
 
Le 24 janvier, un raid a eu lieu contre l’Association pour l’aide et la solidarité avec les familles des prisonniers et des détenus (TUHAY-DER) à Van. Au cours de ce raid, le coprésident Seyfettin Ertaş, le membre du conseil d’administration Kinyas Başak et l’ancien coprésident Önder Soğukbulak ont ​​été arrêtés.
 
Le 26 janvier, des dizaines d’appartements dans le quartier de Xaçort (Hacıbekir) dans le district d’Ipekyolu ont été pris d’assaut et détruits par les forces spéciales. Les habitants d’au moins trois appartements ont été menacés et insultés.
 

19 ans de prison pour la musique kurde ou la fausse fraternité des peuples de Turquie

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TURQUIE – Cela fait 5 ans que la chanteuse kurde Nûdem Durak est en prison pour avoir osé chanter dans sa langue maternelle. Elle doit retrouver sa liberté en 2034. Un châtiment de 19 ans pour lui enlever le goût de chanter les chansons de son peuple… ou montrant la fausseté du discours officiel turc parlant de leurs « frères kurdes ».
 
La justice turque a condamné la chanteuse kurde Nudem Durak à 19 ans de prison pour avoir enseigné la musique kurde.
 
Originaire de Cizre, Nûdem est bien connue dans toute sa communauté pour enseigner des chansons folkloriques locales en langue kurde aux enfants. Les Kurdes sont persécutés depuis des décennies par les gouvernements de Turquie, d’Iran et de Syrie dans tout le Kurdistan. (Vous pouvez entendre Nûdem chanter en kurde ici)
 
Pour le gouvernement turc, qui a même interdit le mot «Kurdes» jusqu’aux années 1990 (les appelant plutôt «Turcs des montagnes»), chanter était tout simplement inacceptable. Nûdem a été arrêtée en 2015 et inculpée sous la vague notion de propagande parce que les chansons qu’elle chantait étaient dans sa langue maternelle.
 
En avril 2015, Nûdem Durak a été condamnée à dix ans et demi de prison pour «promotion de la propagande kurde» en se produisant dans sa langue maternelle. En juillet 2016, sans accusation ni condamnation supplémentaires, sa peine a été portée à 19 ans. Des amis rapportent qu’elle était recherchée par la police depuis au moins 2014. La chanteuse a été arrêtée avec trois autres femmes, mais elles ont été libérées.
 
Nûdem Durak est actuellement détenue dans la prison fermée de Mardin où elle devrait rester jusqu’en septembre 2034.

Pour soutenir Nûdem Durak

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Nudem Durak
M Tipi Kapalı Cezaevi
Bayburt
TURQUIE

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L’université du Rojava ou la fin de l’enseignement élitiste

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SYRIE / ROJAVA – Avec la création de l’université du Rojava, les Kurdes syriens ont voulu mettre fin à l’enseignement élitiste qui tend à diviser la société en deux catégories : une classe d’élites dirigeant la société et l’immense majorité de la société reléguée au rang d’ignorants incapables de réfléchir aux problèmes de la société et qui ont besoin des premiers pour être dirigés à tous les niveaux. 
 
L’université du Rojava, fondée en juillet 2016 à Qamishli, la capitale de la région autonome de facto de la Fédération démocratique de Syrie du Nord et d’Est, propose des programmes d’études en médecine, ingénierie, sciences, arts et sciences humaines – dont la jineoloji. En outre, l’université propose des programmes pour l’enseignement primaire et la littérature kurde. Depuis 2017, l’université entretient un partenariat avec l’Université Paris 8, à Saint-Denis, en France.
 
Plus de 700 étudiants suivent les cours d’arts, de jinéologie, de pétrochimie, d’agriculture, de beaux-arts et de pédagogie avec des cours dispensés en kurde (la principale langue d’enseignement), en arabe et en anglais.
 
En raison de l’invasion et de l’occupation d’Afrin par la Turquie en 2018, de nombreux étudiants de l’Université d’Afrin se sont vu attribuer des places à l’Université du Rojava pour poursuivre leurs études.
 
Lors de sa visite à l’université, David Graeber avait déclaré que l’université du Rojava était une renaissance en matière de l’enseignement universitaire.
 
Un système éducatif démocratique 
 
L’enseignement à l’université est basé sur des supports de cours préparés conformément au modèle d’administration autonome démocratique.
 
Le système éducatif de l’université fonctionne différemment du système éducatif des autres universités dans le monde. Ce qui différencie essentiellement l »université du Rojava des autres universités est l’accès des couches populaires à l’enseignement supérieur, et ce, dans une région en guerre. Toute personne désireuse de s’inscrire aux cours de l’Université du Rojava, peut le faire après un entretien lors duquel elle explique les raisons de sa démarches. La personne n’a aucunement besoin de présenter un diplôme d’accès aux études universitaires, comme cela est le cas dans de nombreux pays du monde.
 
Au lieu d’être basé sur des examens, un système permanent d’évaluation est appliqué à l’université, et l’enseignement est dispensé en langues kurde et arabe.
 
Une autre caractéristique qui rend l’université différente est que l’université est gérée selon le modèle de l’administration autonome, ce qui signifie que les étudiants et les enseignants participent à la gestion de l’université.
 
8 facultés
 
Le campus central de l’Université du Rojava est situé à Qamishlo. Les autres campus sont situés à Rimêlan et à Hesekê. L’université compte 8 facultés, ainsi que la faculté nouvellement ouverte : Faculté d’agriculture, Faculté des arts, Faculté de littérature kurde, Jineoloji, Faculté de génie pétrolier et de pétrochimie, Faculté des sciences de l’éducation et Faculté d’architecture et d’écologie.
 
La Faculté des sciences de l’éducation compte également 7 départements : histoire, géographie, sciences académiques, mathématiques, physique, chimie et sciences.
 
L’année dernière, la Faculté administrative et financière a été ouverte à l’Université et le personnel nécessaire à la faculté a été engagé.
 
Conditions d’inscription
 
Chaque département de l’université attribue 10 % des places aux familles des martyrs.
 
Autre fait remarquable de la nouvelle année scolaire, le comité d’éducation de Cizre a réduit les conditions d’admission à l’université.
 
Masûd El Mihemed, membre du conseil d’administration de l’université du Rojava, a déclaré qu’une telle décision avait été prise pour lever les obstacles devant les étudiants qui ne souhaitent pas s’inscrire à l’université. Masûd a déclaré qu’ils étaient confrontés à ce problème, en particulier dans le département de littérature kurde.
 
Ouverture d’une faculté et trois départements supplémentaires
 
Pour l’année 2019-2020, la commission de l’éducation et de la formation de Cizre a ajouté de nouveaux départements aux départements existants. En plus de la Faculté d’architecture et d’ingénierie écologique qui couvre cinq années d’enseignement, l’enseignement du technicien de la construction qui couvre deux années d’enseignement, la traduction et l’interprétation anglaises qui couvrent deux années d’enseignement et un lycée mécatronique qui couvre trois années d’enseignement ont été ouverts.
 
 

ALLEMAGNE. Action « Liberté d’art et d’expression » de Zehra Dogan

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WIESBADEN – Un événement intitulé « Liberté d’art et d’expression » a été organisé avec l’artiste kurde Zehra Dogan pour répondre aux politiques racistes des États turc et allemand.

Un événement intitulé « Liberté d’art et d’expression » a été organisé au musée de Wiesbaden Künstlerische Leitung Nassauischer Kunstverein Wiesbaden, qui accueille une exposition de la peintre kurde Zehra Doğan.

 

Zehra Doğan a présenté une performance sur la place publique qui consister à marcher pieds nus, portant une robe blanche sur laquelle elle a écrit les noms des femmes assassinées lors des attaques génocidaires de l’Etat turc dans plusieurs villes kurdes, dont Nusaybin, entre 2015 et 2016.

Doğan, qui a coupé et cousu le tissu blanc avec les noms des femmes assassinées, puis a marché pieds nus sur le drapeau. « Ce drapeau est le drapeau de la résistance ». – Elle a déclaré : « Les chars qui nous ont tués sont de fabrication allemande. L’État allemand doit répondre de ce massacre, ce drapeau n’est pas seulement ébranlé contre l’État turc, mais aussi contre l’État allemand. Le peuple allemand ne doit pas garder le silence à ce sujet ».

La représentation a également condamné l’attaque raciste dans laquelle 9 personnes sont mortes à Hanau et a envoyé le message suivant : « Le drapeau blanc des femmes est agité contre les racistes ».

 

Après la représentation, un concert a été donné par Mikail Aslan et Cemil Koçgiri au musée. L’artiste Ferhat Tunç a assisté à l’événement.

Après le concert, une réunion sur l’art et la liberté d’expression a eu lieu. La réunion a été animée par la coordinatrice du musée Elke Guruhn, et a vu la participation du premier président de l’Association des journalistes de Hesse, Knud Zilian, du représentant du Land de Westphalie du Nord-Ouest Bernhard von Grünberg, et de la journaliste et artiste Zehra Doğan.

Doğan a déclaré : « Il y avait 5 Kurdes parmi les morts du massacre de Hanau. Ils ont été tués par des personnes racistes et fascistes de ce pays. Est-ce cela pays libre ? »

ANF

Panique de coronavirus à Van: Que cachent les autorités ?

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TURQUIE / BAKUR – Alors que quatre personnes sont sous observation dans la ville kurde de Van, soupçonnées d’avoir été infectées par le coronavirus, le fait que les autorités n’aient pas fait de déclaration claire sur la question a accru l’anxiété parmi la population.
 
L’épidémie de coronavirus Covid-19, qui a commencé en Chine en décembre et s’est déjà propagée à des dizaines de pays, a causé un grand malaise à Van, en raison de la présence du passage de la frontière vers le Kurdistan d’Iran.
 
Les masques médicaux ont connu un boom des ventes à Van tandis qu’à l’entrée et à la sortie de la frontière, des machines thermiques ont été localisées, bien que le commerce passant par la frontière de Kapıköy ait été interrompu.
 
En raison de la panique à Van, le gouvernorat de Van a ciblé des journalistes disant: « Il y a deux ou trois personnes qui provoquent la panique ».
 
Jusqu’à présent, quatre personnes ont été traitées à l’hôpital de Van; 3 d’entre eux sont gardés en observation en unité de soins intensifs. Ce sont des gens arrivés à Van depuis l’Iran. Deux des personnes en soins intensifs seraient frères.
 
Le syndicat médical: la fermeture des frontières n’est pas la solution
 
Fournissant des informations sur la question, le président de la branche du syndicat médical SES-Van, Sezer Ören, a déclaré que l’entrée du service d’urgence de l’hôpital régional devrait être déplacée vers un autre endroit.
 
Déclarant qu’il existe un risque sérieux pour les patients soupçonnés d’avoir été infectés d’utiliser la même porte d’entrée que les patients normaux, Ören a déclaré que la fermeture de la frontière n’était pas la solution.
 
Ören a déclaré: « Il y a constamment des itinéraires illégaux irréguliers en provenance d’Iran et le virus peut venir de cette façon. Il y a 12 vols entre l’Iran et Istanbul. La source de la maladie est la Chine. Toutes nos relations commerciales avec la Chine se poursuivent. le poste frontière n’est pas la solution. Il faut prévoir des règles d’hygiène, identifier les groupes à risque, puis fournir des équipements de protection aux équipes de santé.
 
Les recommandations concernant les épidémies sont toutes collectives. Il est nécessaire de protéger les espaces publics et de travailler sur les enfants et les personnes de plus de 65 ans. Une information correcte est requise de la part des autorités. Les autorités devraient fournir des explications claires, en évitant les déclarations qui provoquent plutôt des spéculations. que de réconforter la société.Il y a une explosion de la vente de masques: ces masques ne garantissent aucune protection.Le bilan doit être divulgué et une large information doit être fournie.Nous mettons en garde contre la nécessité d’être clair depuis le jour où la première personne infectée en Iran a été confirmée. La presse doit être informée. La direction provinciale de la santé et le ministère de la santé doivent faire une déclaration. »
 

Les Kurdes pleurent la ville antique d’Hasankeyf

TURQUIE / BAKUR – La circulation terrestre vers Hasankeyf, ville antique kurde de 12 000 ans qui est déjà partiellement inondée par le barrage d’Ilisu, a été fermée. Le transport vers la ville se fera uniquement par bateaux.
 
Selon des déclarations officielles, le niveau d’eau du barrage d’Ilısu a dépassé les 78 mètres. Alors que les eaux ont augmenté rapidement en raison des pluies récentes, au moins 50 villages ont été complètement submergés jusqu’à présent, la moitié de nombreux villages et hameaux ont été inondés. Dans la ville historique d’Hasankeyf, vieille de 12 000 ans, où même les terres cultivées sont inondées, la majorité du pont qui relie la ville à Batman est inondée, mettant fin à la circulation terrestre d’avec Hasankeyf.
 
Selon les informations de l’agence de Mésopatamie, l’ancienne route d’Hasankeyf reliant la vallée du Tigre et les villages d’Urganlı, Kılıç, Suçeken est sous l’eau. Les villageois assurent la connexion par la route principale. En raison de la montée des eaux, les liaisons entre Kılıç et Urganlı Village seront interrompues dans quelques jours car la route sera sous l’eau. Les eaux du pont devraient traverser le village de Suçeken et se rendre au pont suspendu, et le pont devrait être submergé prochainement.
 
La Turquie a construit un barrage immense sur les rives du fleuve Tigre, dans la région kurde de Batman. Le barrage qui engloutit près de 200 villages dévore en ce moment même la ville antique d’Hasankeyf, vieille de plus de 12 000 ans, que l’UNESCO aurait dû inscrire sur sa liste des sites protégés… Un écocide doublé d’un ethnocide.
 
A Hasankeyf, on ne détruit pas seulement la nature, l’histoire… on détruit également des vies, des souvenirs, l’identité des peuples – dont celle des Kurdes.
 
Pourquoi il faut protéger Hasankeyf et le Tigre ?
 
Premièrement, Hasankeyf (Heskîf en kurde) est le patrimoine culturel de l’humanité avec ses plus de 12 000 ans d’histoire laissée par de nombreuses civilisations successives telles que les Sumériens, les Assyriens, les Babyloniens, les Byzantins, les Omeyyades, les Abbassides, les Artuqides, les Kurdes, etc.
 
Hasankeyf compte plus de 5000 grottes, 300 monticules et n’a pas encore livré tous ses secrets, fautes de fouilles archéologiques…
 
Deuxièmement, ce grand barrage d’Ilisu va chasser de leurs terres les populations qui vivent dans cette région depuis des millénaires. (On parle de plusieurs milliers de personnes ainsi déracinées de la région qui sera inondée par le barrage.)
 
Troisièmement, la réduction du débit des eaux du Tigre asséchera les marais située dans le sud de l’Irak causant une autre catastrophe écologique dans une région déjà dévastée par les changements climatiques et sécheresses répétées, tandis que la nature d’Hasankeyf sera engloutie par l’eau alors que la Turquie l’avait déclarée « zone de conservation naturelle » en 1981.
 
Quatrièmement, avec ce barrage, l’État turc prendra le contrôle des ressources en eau et sera en mesure de couper l’eau du Tigre à tout moment, affectant ainsi l’Irak. L’eau est très importante non seulement pour les Kurdes, mais aussi pour les Arabes et l’Irak. L’eau du Tigre ne doit pas être une arme de guerre laissée entre les mains du pouvoir turc.