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KURDISTAN DU SUD. Des protestations qui vont au-delà des problèmes de salaires impayés

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KURDISTAN DU SUD – Des protestations de fonctionnaires non payés qui ont débuté il y a une semaine à Sulaymaniyah se sont transformés en manifestations anti-gouvernementales dans plusieurs villes du Bashur, région autonome kurde d’Irak.

Depuis hier, la province de Slimani (Suleymaniyah) est assiégée par les forces de sécurité tandis que des arrestations se poursuivent après une semaine de manifestations sanglantes qui ont fait une dizaine de morts et plus de 70 blessés parmi les manifestants réprimés violement.
 
Ce qui a commencé il y a une semaine à Sulaymaniyah en tant que protestation des enseignants s’est maintenant transformé en un mouvement de protestation général dans plusieurs villes du Kurdistan du Sud. À Erbil, les forces de sécurité refusent de donner leur accord pour les manifestations et tentent ainsi d’empêcher qu’elles ne débordent. En tout cas, la ville de Duhok est en état d’urgence depuis l’été dernier. De nombreux militants et enseignants qui pourraient y mener des manifestations sont en prison depuis le mois d’août.
 
Les employés du secteur de l’éducation ont initié une dynamique fondamentale dans la société civile kurde du sud. Même si pratiquement aucune mesure efficace contre la propagation du coronavirus n’a été prise au Sud-Kurdistan ces derniers mois, les écoles n’ont pas été ouvertes à la rentrée scolaire en raison de la pandémie. La décision, annoncée le 1er novembre, prévoyait initialement la fermeture de presque toutes les écoles pendant un mois, mais elle a été prolongée d’un mois le 1er décembre. En réaction, les enseignants sont descendus dans la rue le 2 décembre. Cependant, leur protestation a été attaquée par les forces de sécurité.
 
Les protestations se sont donc élargies tout en élargissant leurs revendications. D’abord dans la ville de Pîrêmegrûn, puis peu après à Said Sadiq, les manifestants ont mis le feu aux représentations des partis politiques. De nombreux bâtiments administratifs ont également été pris pour cible par les manifestants. Suite à l’utilisation de balles réelles par les forces de sécurité, quatre jeunes manifestants sont morts et beaucoup ont été blessés.
 
Bien que les protestations au Kurdistan du Sud soient associées largement à des salaires impayés, il serait erroné de les considérer comme se limitant à cela. Car les protestations, qui se sont intensifiées ces trois derniers jours, sont en grande partie menées par la jeune génération. Ils ne descendent pas dans la rue pour exiger le paiement de leurs salaires. Il est évident qu’en s’attaquant aux représentants du système politique archaïque, ils expriment leur colère contre ce même système. La situation économique et politique au Kurdistan du Sud a engendré chez eux frustration et mécontentement. C’est ce qu’indique également la participation électorale en 2018, qui est passée de 74 % à 58 %, l’insatisfaction de la jeune génération à l’égard du système politique jouant un rôle majeur.
 
Comme dans l’ensemble du Moyen-Orient, la jeune génération représente également une proportion relativement importante de la population totale du Kurdistan du Sud. Alors que dans la moyenne du Moyen-Orient, la tranche d’âge entre 15 et 29 ans représente 28% de la population, au Kurdistan du Sud 50% ont moins de 32 ans. Chaque année, 24 000 jeunes sont diplômés de l’une des 35 universités kurdes du Sud (pour la plupart privées). Mais alors que l’emploi dans le secteur public a trop augmenté, le secteur privé n’est pas en mesure de fournir des emplois à tous les diplômés universitaires. En outre, le secteur universitaire n’est de toute façon pas adapté aux besoins de l’économie régionale. Par conséquent, de nombreux diplômés universitaires sont mis au chômage après l’obtention de leur diplôme ou ne peuvent pas trouver d’emploi dans leur domaine de formation.
 
Selon les informations officielles, environ un quart de tous les jeunes de 15 à 34 ans du Kurdistan du Sud sont au chômage. Pour les femmes, la situation est encore plus sombre. Le Kurdistan du Sud a le taux d’emploi féminin le plus bas de tout le Moyen-Orient. Alors qu’il est de 18,8% en moyenne au Moyen-Orient, seulement 12,2% des femmes du Kurdistan du Sud ont un emploi. Comme 75 % des femmes employées travaillent dans le secteur public, elles sont particulièrement touchées par le fait que les salaires ne sont pas payés. La part des femmes dans la population au chômage est de 29%, tandis que 42% des chômeurs appartiennent à la jeune génération.
 
Une étude de la société Global Partners Governance, réalisée auprès des jeunes en Irak, souligne que l’évolution de la dynamique sociale au Kurdistan du Sud a également un impact sur l’identité nationale des jeunes. L’étude a révélé que l’importance d’une image nationale de soi basée sur l’affiliation à un parti est en déclin chez les jeunes du Sud-Kurdistan. Elle est remplacée par une identité nationale kurde plus libérale et plus civile. Il est vrai qu’une grande partie de la jeunesse du Sud-Kurdistan est hostile à la division politique de sa société – et elle l’exprime avec force sur les médias sociaux. Comme la majorité de la population en général, ils aspirent également à l’unité. La fragmentation et la division les affectent sous la forme de craintes pour l’avenir et d’un manque de perspectives. Cette situation contribue de manière significative à la tendance des jeunes kurdes du Sud à fuir à l’étranger, en particulier à l’Ouest.
 
La jeunesse du Kurdistan du Sud possède un énorme potentiel, pour le développement duquel il suffirait d’adopter la bonne attitude et de lui apporter un peu de soutien. Ces jeunes aspirent à une vie sans problèmes politiques, économiques et sécuritaires. Dans la vie de tous les jours, leurs contradictions avec le système en vigueur s’approfondissent de jour en jour. Au lieu de le reconnaître, le président du groupe parlementaire du PDK, Omid Xoşnaw, a récemment qualifié les manifestants d’ « esclaves sans mère et sans père ». Une telle attitude ne fera qu’accroître la colère des jeunes.
 

Des responsables américains « préoccupés » par la violence des manifestations au Kurdistan du Sud

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KURDISTAN DU SUD – Des manifestations anti-gouvernementales qui secouent la région autonome kurde d’Irak ont dégénéré ces derniers jours tandis que les forces de sécurité ont tué au moins 8 manifestants et en ont blessé au moins 65 autres dans la province de Slemani (Suleymanîyê). Des responsables américains se disent préoccupés par la violence des manifestations et soulignent «l’importance de la liberté d’expression et des médias».
 
Information via Rudaw:
 
« Des responsables américains ont exprimé leur inquiétude face à la violence lors des manifestations qui ont débuté à Sulaimani la semaine dernière lors d’une réunion avec les dirigeants du gouvernement régional du Kurdistan (KRG) à Erbil mercredi, selon un communiqué officiel.
 
Le secrétaire adjoint aux affaires du Proche-Orient David Schenker et le secrétaire adjoint adjoint aux affaires irakiennes David Copley, accompagnés de l’ambassadeur américain Matthew Tueller, se sont rendus mercredi dans la capitale de la région pour rencontrer un certain nombre de responsables du KRG, dont le président de la région du Kurdistan, Nechirvan Barzani, et le premier ministre Masrour Barzani.
 
S’exprimant sur un certain nombre de sujets tels que l’énergie et la sécurité, «les responsables américains ont souligné l’importance de la liberté d’expression et des médias» et «se sont déclarés préoccupés par les récentes violences» dans la province de Sulaimani, selon un communiqué partagé par l’ambassade américaine.
 
Non payés pendant une grande partie de cette année dans un contexte de crise économique et de différends budgétaires entre le KRG et le gouvernement fédéral, les fonctionnaires ont commencé à protester contre leurs retards de salaire à Sulaimani mercredi dernier. Les manifestations se sont depuis propagées à d’autres villes de province, à la province de Halabja et à l’administration Garmiyan.
 
Neuf personnes ont été tuées, dont un membre des forces de sécurité, et 65 ont été blessées mercredi soir, a déclaré jeudi matin Ali al-Bayati, membre de la Commission irakienne des droits de l’Homme à Rudaw English.
 
Les familles de certains des morts ont déclaré que leurs proches avaient été abattus par les forces de sécurité alors qu’ils traversaient des foules de manifestants.
 
Les médias ont également été confrontés à des mesures de répression, le siège du média d’opposition basé à Sulaimani, NRT, a été fermé lundi par les forces de sécurité.
 
L’ambassadeur britannique Stephen Hickey a également exprimé sa préoccupation face à la violence utilisée contre les manifestants, qui ont été accueillis par des canons à eau, des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes dans la ville de Sulaimani.
 
«J’exhorte les forces de sécurité à respecter les exigences des manifestations pacifiques et j’exhorte les manifestants à manifester pacifiquement», a-t-il écrit mardi en kurde.
 

PARIS. Les Kurdes appellent à manifester contre Erdogan

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PARIS – Les Kurdes de France appellent leurs ami.e.s à venir manifester ce samedi 12 décembre contre le Président turc Erdogan qui multiplie les attaques contre la France et qui continue ses guerres contre les pays voisins. 
 
Le mouvement des femmes Kurdes en France (TJK-F)et le Conseil Démocratique Kurde de France (CDK-F) ont invité les ami.e.s des Kurdes à manifester ce samedi: 
 
« Dans le cadre de la campagne « libérer le leader kurde immédiatement [Abdullah Ocalan] » et « 100 raisons pour poursuivre en justice le Président Erdogan* », Nous, le mouvement des femmes Kurdes en France et le Conseil Démocratique Kurde de France, appelons tous nos compatriotes, tous ceux et celles victimes de la politique dictatorial d’Erdogan, ceux qui comprennent le danger de l’ingérence turque dans la sphère politique française à venir participer à une manifestation au départ de la Gare de l’Est, à Paris, ce samedi 12 décembre, à 14h. Venez avec vos masques. »
 
 

* A l’occasion de la Journée mondiale de lute contre les violences faites aux femmes, le Mouvement des femmes kurdes en Europe (Tevgera Jinên Kurd li Ewropayê – TJK-E) a lancé une pétition pour traduire en justice le président turc Erdoğan en donnant 100 raisons [allant des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des féminicides, kidnappings et viols des femmes par des forces armées turques et des mercenaires alliés à la Turquie au Rojava et au Bakûr] pour lesquelles il devrait être jugé. Vous pouvez signer la pétition ici 

 

Huit ONG appellent Bagdad et Erbil à libérer les militants pacifiques

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IRAK / KURDISTAN DU SUD – Huit ONG locales et internationales ont appelé les gouvernements irakien et kurde à libérer les journalistes et les militants détenus en raison des manifestations dans le pays, rajoutant que « Le gouvernement irakien et le gouvernement régional du Kurdistan manquent à leurs obligations en vertu du droit international et irakien de traduire en justice les auteurs de crimes contre des journalistes, des militants, des défenseurs des droits humains et des manifestants. »
 
Amnesty International a publié une déclaration conjointe signée par huit organisations exhortant le gouvernement fédéral à enquêter sur la détention de militants et d’autres depuis octobre, date à laquelle des manifestations antigouvernementales ont commencé à Bagdad et dans les villes du sud.
 
Elles ont également appelé Bagdad à mettre fin à l’impunité pour les meurtres et à libérer les militants pacifiques enlevés et détenus.

Les ONG de défense de droits humains qui ont lancé cet appel sont Amnesty International, la Fédération internationale des droits de l’homme, le Gulf Center for Human Rights, Human Rights Watch, le Réseau irakien pour les médias sociaux, l’Observatoire irakien des droits de l’homme, le Metro Center for Journalists ‘Rights Advocacy et l’Organisation mondiale contre la torture.
 
Les organisations ont appelé Bagdad à mener «de manière équitable, approfondie et efficace» des enquêtes sur les cas de détention, de disparition forcée et d’assassinats illégaux de dizaines d’activistes, journalistes, avocats et autres membres de la société civile irakiens.
 
Elles se sont dites préoccupées par le «manque de responsabilité pour les exécutions extrajudiciaires qui ont eu lieu cette année, visant des individus pour leur expression pacifique».
 
Les organisations ont également déclaré que les autorités kurdes avaient ciblé des militants de la société civile en les détenant pour leur travail et en restreignant les libertés publiques.
 
Elles ont ajouté que les forces de sécurité kurdes avaient arrêté des dizaines d’activistes, d’enseignants et de manifestants pacifiques et que beaucoup étaient toujours en détention.
 
« Le gouvernement irakien et le gouvernement régional du Kurdistan manquent à leurs obligations en vertu du droit international et irakien de traduire en justice les auteurs de crimes contre des journalistes, des militants, des défenseurs des droits humains et des manifestants.
Malgré les engagements répétés des autorités, y compris du Premier Ministre Mustafa Al-Kadhimi, de mener des enquêtes et de tenir les auteurs responsables de leurs actes, les autorités ne l’ont pas fait à ce jour, perpétuant et renforçant en fait des décennies d’impunité qui ont laissé les braves protection de base », ont déclaré les organisations.
 
Image via Rebaz Majeed

KURDISTAN DU SUD. Les autorités kurdes interdisent les manifestations anti-gouvernementales

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KURDISTAN DU SUD – Plutôt que de répondre à la demande de sa population affamée qui descend dans la rue pour être entendue du pourvoir, les autorités de la région autonome kurde d’Irak décident d’user de la répression pour faire taire la contestation populaire.

Après une semaine de manifestations dans les gouvernorats de Sulaimani et de Halabja, le Comité supérieur de sécurité du gouvernement régional du Kurdistan (GRK / KRG) autorise les forces de sécurité de mettre fin aux manifestations non autorisées.

« Désormais, tout rassemblement non autorisé, de manifestations et de dommages à la propriété publique et privée (…) sont interdits », indique le communiqué.

Selon l’ordonnance, les forces de sécurité sont autorisées à intervenir pour mettre fin aux manifestations dans le cadre de la loi.

«Toutes les personnes qui ont causé des dommages aux biens de l’État et celles qui ont été à l’origine de l’encouragement de ces personnes seront arrêtées par les forces de sécurité avec des mesures légales», a ajouté le Comité.

«Nous appelons tous les partis politiques à gérer la situation de manière responsable.»

La série de manifestations en cours a commencé le 2 décembre dans la ville de Sulaimani, les résidents locaux et les fonctionnaires exprimant leur colère face à la gestion par le GRK de la détérioration des conditions économiques, au fait que le gouvernement n’a pas payé les salaires du secteur public en totalité et à temps, et au manque de services publics. et les opportunités d’emploi.

Les manifestations se sont rapidement propagées aux villes périphériques.

Au moins huit personnes, dont six manifestants, sont mortes depuis lundi. Des bureaux des partis politiques et du gouvernement ont été incendiés dans plusieurs localités dans les deux gouvernorats.

NRT

TURQUIE. « L’impunité est à l’origine de l’augmentation des violences sexuelles »

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TURQUIE / BAKUR – Ces derniers temps, les médias kurdes ont porté à la connaissance du public plusieurs cas de viols/proxénétisme visant les femmes et enfants commis par des membres des forces armées turques dans les régions kurdes de Turquie. Un travail journalistique de haut risque qui vaut des arrestations aux journalistes en question car le pouvoir turc veut cacher ces crimes de guerre commis dans les régions kurdes. Les organisations de la société civile kurde tentent de s’organiser contre ces crimes étatiques.

Selon l’avocate Eren Keskin, « l‘une des principales raisons de l’augmentation de la violence sexuelle contre les femmes et les enfants, en particulier au Kurdistan, est l’impunité ».
 
L’avocate et co-présidente de l’Organisation des droits de l’homme (IHD), Eren Keskin, se prépare à participer au procès du viol d’une fille de 15 ans par 27 hommes, dont des soldats, des policiers et des gardes de village. Le viol a eu lieu dans la localité de Gercüş, dans la province de Batman.
 
Dans une interview avec l’ANF, Eren Keskin décrit le contexte de la violence sexuelle croissante en Turquie et en particulier au Kurdistan du Nord.
 
« Les chiffres ne reflètent pas la réalité ! »
 
Keskin est la fondatrice du bureau d’aide juridique contre les violences sexuelles en détention et de l’association d’aide juridique contre les violences sexuelles. Avec ce dispositif, elle soutient depuis 1997 les femmes, les enfants et les femmes transsexuelles victimes de torture sexuelle en leur offrant une représentation juridique gratuite. Au cours des 23 dernières années, Keskin a pris en charge 758 femmes et femmes transgenres. Elle affirme que le nombre réel de cas de violence sexuelle est beaucoup plus élevé que les chiffres officiels, car la majorité des crimes ne sont pas révélés au grand jour.
 
Keskin a déclaré : « Les femmes et les filles ne peuvent pas parler des violences sexuelles et des agressions qu’elles ont subies. Elles ont peur, honte (…) et croient qu’il n’y a personne autour d’elles qui serait solidaire avec elles. Parce qu’une telle mentalité patriarcale, militariste et féodale est imposée à la société, de nombreuses femmes ne peuvent pas parler de violence sexuelle qu’elles ont subies pendant le restant de leur vie ».
 
« L’impunité est une politique d’État »
 
Keskin observe les procédures pour violences sexuelles commises par des militaires et des hommes en uniforme depuis 1997. Elle a déclaré que jusqu’à présent, même si toutes les preuves sont disponibles, à l’exception du cas de deux gardes de village, aucun membre des forces de sécurité turque n’a été puni. Même si elle a gagné des procès concernant ces crimes sexuels commis par des membres des forces armées turques devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), l’État turc poursuit sa politique d’impunité.
 
« L’État légitime la violence pratiquement et verbalement »
 
Keskin a évoqué le cas d’Ipek Er (une jeune Kurde de 18 ans qui s’est suicidée après être violé par un sergent turc dans la province de Batman) : « Ipek Er a été victime de violences sexuelles de la part d’un sous-officier. Elle s’est ôtée la vie et a laissé une lettre de suicide. Mais que s’est-il passé ? Le sergent a été libéré immédiatement. Ce n’est pas pour rien que nous disons que les meurtres sont politiques. Alaatin Çakıcı [le chef de la mafia fasciste et ami du président du MHP Devlet Bahçeli a été libéré de prison dans le cadre de la réforme du système pénal menée par le régime AKP-MHP en 2019], qui a assassiné une femme devant son enfant, peut désormais menacer librement et ouvertement n’importe qui. Ces menaces se présentent comme une forme de pouvoir. Pourquoi disons-nous que c’est politique ? Si vous ne punissez pas ces personnes, si vous les sortez de prison et les acquittez de tous leurs actes, si vous leur permettez de menacer les dirigeants des partis politiques, alors la violence contre les femmes augmentera. Cela ne signifie rien d’autre que de tels crimes restent impunis. Ou lorsque le ministre de l’intérieur ordonne à ses forces de sécurité : « Si vous les attrapez [les trafiquants de drogue], cassez leurs jambes. La violence est alors physiquement et verbalement légitimée par l’État. C’est pourquoi les fonctionnaires du gouvernement commettent si ouvertement et librement ces crimes. Ils savent qu’ils n’attendent aucune punition. Le dernier crime à Gercüş doit également être évalué de cette manière ».
 
« Les femmes sont la première cible dans un environnement de guerre »
 
Keskin relie le fait que la plupart des crimes sexuels commis par les gardes de village et le personnel militaire et policier turcs se trouvent au Kurdistan à la situation de guerre. En examinant les guerres mondiales, les expériences du Rwanda et de la Bosnie, elle a dit : « Dans une situation de guerre, les parties utilisent de telles méthodes pour détruire l’autre partie et détruire son identité. Les violations du droit au Kurdistan présentent également cette caractéristique. Vous vous sentez tout à fait en sécurité en commettant des violations des droits des femmes au Kurdistan. Elles voient leur homologue comme un ennemi de toute façon. Cela leur permet de penser qu’elles peuvent faire ce qu’elles veulent et qu’elles n’ont pas à subir de conséquences ».
 
« Ce qui était nié auparavant se déroule maintenant en public »
 
Keskin avertit que la torture et la violence contre les femmes sont aujourd’hui plus légitimées que jamais. « En particulier, le fait que le ministre de l’intérieur justifie ouvertement la violence soit une nouveauté, même dans l’histoire turque. Dans le passé, de tels crimes violents étaient dissimulés, mais maintenant ils ont lieu en public », a déclaré Keskin, décrivant cette évolution effroyable.
 
« Tout cela est lié à l’absence d’un État de droit »
 
Keskin a déclaré que la Turquie n’a mis en œuvre aucune des conventions pour la protection des femmes et des enfants contre la violence et qu’elle remet même en question la plus importante, la Convention d’Istanbul. « Ils parlent de réformes, aucune réforme n’est nécessaire, ils doivent juste mettre en œuvre les conventions existantes. Mais cela ne se fait pas parce que la Turquie n’est pas un État de droit. Le droit écrit et sa mise en œuvre diffèrent sensiblement ici. Tout le problème est lié à l’absence d’un État de droit. C’est là que se situe le vrai problème ».
 
« Avec les ordonnances de confidentialité, ils veulent mettre les avocats hors jeu »
 
Mme Keskin a déclaré qu’elle se préparait pour l’affaire Gercüş et a ajouté que l’État essayait de mettre « les avocats des plaignants hors jeu par le biais d’ordonnances de confidentialité et la censure de la presse, puisque ce sont les avocats qui font connaître la vérité ». Keskin a déclaré : « Les dossiers ne sont pas montrés aux avocats ni au public. C’était le cas de Nadira Kadirova [la jeune Ouzbek, Nadira Kadirova se serait suicidée dans l’appartement du député d’AKP Şirin Ünal] et il en a été de même pour Ipek Er. Maintenant, ils veulent le faire avec Gercüş. »
 

#NoToRasicm ou les Kurdes qui pleurent d’émotion devant l’élan anti-raciste des Turcs

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PARIS – Hier soir, le Paris Saint-Germain (PSG) jouait contre l’équipe turque Istanbul – Basaksehir. Mais le match a été suspendu quand un joueur de l’équipe turque s’est dit être victime d’une insulte raciste de la part du quatrième arbitre. Les joueurs de l’équipe française se sont montrés solidaires du joueur turc et ont refusé de continuer le match qui reprendra ce soir finalement.

Dès le début de l’incident, le hastagh #NoToRasicm est devenu populaire sur Twitter pour dénoncer l’acte raciste de l’arbitre en question, et de nombreux Turcs de s’engouffrer dans la brèche pour dénoncer le racisme français…

Voyant l’élan anti-raciste des Turcs, les Kurdes victimes de racisme étatique turc se sont mis à pleurer (sarcasme) car ils étaient sûrs que plus jamais ils ne seraient pourchassés par l’État turc et ses sbires car Kurdes, qu’ils ne seraient plus tués pour avoir parlé en kurde (comme Şirin Tosun), qu’ils ne seraient plus jetés en prison pour avoir demandé leurs droits élémentaires (comme Selahattin Demirtas) ou chanté dans leur langue maternelle (comme Nudem Durak ou Ahmet Kaya qui a fui le pays pour éviter la prison et les menaces de mort), que leurs équipes de football ne seraient plus attaquées par des supporters des équipes turques (comme Amedspor et le footballeur Deniz Naki) et qu’ils vivraient libres sur leurs terres que la Turquie cessera d’occuper…

On allait continuer notre longue liste d’horreurs que les Kurdes de Turquie ne subiraient plus mais on s’est souvenu soudainement que pour une bonne partie de la population turque, les Kurdes n’étaient pas vus comme étant des humains ou dignes d’avoir du respect. Cruelle réalité qu’aucune campagne de tweets ne peut cacher.

Sinon, en Turquie, Negro est une marque de biscuits …

 

 

Quand les femmes se révoltent contre les violences masculines

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L’écrivaine camerounaise Djaïli Amadou Amal vient d’être primée par le Prix Goncourt des lycéens pour son roman « Les Impatientes » qui a pour sujet les violences conjugales, la polygamie, les mariages forcés et la complicité de toute une société qui cautionne de tels crimes et qui ordonne aux femmes et aux filles d’accepter l’inacceptable.

Dans ce roman, Djaïli Amadou nous raconte l’histoire de 3 femmes, dont le destin est intimement lié. Il s’agit de Ramla mariée de force comme deuxième épouse au mari de Safira qu’elle tandis que sa soeur (Hindou) est mariée à un cousin, contre sa volonté.

Alors que les violences masculines s’abattent sur nos héroïnes, tout ce que leur proches leur conseillent est de serrer les dents et de patienter…

« Les Impatientes » dénonce la condition féminine et montre que les violences faites aux femmes ne sont pas une fatalité et qu’il est grand temps d’y mettre fin.

Djaïli Amadou Amal a elle-même a été mariée de force quand elle était encore mineure. Elle a fini par divorcer et se remettre avec un homme qu’elle aimait. Mais ce second mari s’est avéré être violent également. Alors, Amadou a divorcé de nouveau et vendu peu de biens qu’elle avait pour s’acheter un ordinateur et écrire ce beau roman si bien nommé qu’est « Les Impatientes » paru aux éditions Emmanuelle Collas, car nous sommes si nombreuses à être impatientes aux quatre coins du monde, du Kurdistan au Chili, sur tous les continents du monde.

A lire et à offrir à toutes les femmes qui perdent parfois courage devant tant d’horreurs qu’on leur dit d’accepter.

TURQUIE. L’État turc protège les violeurs des femmes et des enfants kurdes

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TURQUIE / BAKÛR – Le Kurdistan du Nord est de nouveau secoué par une affaire de viols et proxénétisme impliquant des membres des forces armées turques dans la localité kurde de Gercus. Les autorités turques ont interdit aux médias de divulguer l’affaire et criminalisent les journalistes qui ont apporté à la connaissance du public ce nouveau crime visant les enfants et les femmes kurdes.
 
Il y a quelques jours, les médias kurdes ont appris l’existence de ce réseau de proxénétisme impliquant des membres des forces armées turques dans la localité kurde de Gercus quand une fille de 15 ans a avorté (pour la 3e fois) et dénoncé ce réseau de proxénétisme. Au moins une des femmes prostituées aurait également avorté il y a 3 mois. 
 
L’organisation kurde, le Mouvement des femmes libres (TJA) et le Conseil des femmes du HDP ont fait part de leur inquiétude face à la pédophilie et proxénétisme à Gercüş/Batman et ont déclaré que l’État turc protégeait les auteurs de viol (surtout dans les régions kurdes où le viol est devenu une arme de guerre contre le peuple kurde). 
 
Le Mouvement des femmes libres (TJA) et le Conseil des femmes du Parti démocratique des peuples (HDP) ont organisé un communiqué de presse à Mardin, concernant le viol d’une adolescente de 15 ans dans la localité de Gercüş devant une foule de femmes réunies devant le siège d’HDP à Mardin. Les femmes portaient des banderole et des pancartes dénonçant les viols et appelant les femmes à se défendre contre les viols. La responsable provinciale d’HDP, Münevver Ölker, s’est exprimée au nom des femmes.
 
Ölker a déclaré que la coalition AKP-MHP dirigeant la Turquie avaient adopté une attitude politique face au viol et aux abus sexuels, déclarant: « Le sergent spécialiste qui a violé İpek Er [une jeune de 18 qui s’est suicidée après être violée par le sergent turc] et causé sa mort a été récompensé en toute impunité par un état d’esprit abject. La même politique a été suivie dans le cas d’un officier de police des opérations spéciales BK. La sanction pour harcèlement et viol est éliminée dans le contexte juridique dans les provinces kurdes. »
 
Se référant aux développements qui ont suivi l’affaire de viol dans lequel 27 personnes sont impliquées dans le district de Gerçüş, Ölker a déclaré: « L’enquête concernant ceux qui ont commis un viol pendant 8 mois n’entraîne pas de condamnation pénale (…). Cela signifie être complice du crime. Nous disons non à la violence masculine de l’État, à la maltraitance des enfants, au harcèlement et au viol. »
 

IRAN. Les forces iraniennes ont tué un commerçant kurde à Sistan-Baloutchistan

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IRAN – « Le jeudi 3 décembre, Des gardiens de la révolution islamique (CGRI) ont tiré sur le véhicule d’un commerçant kurde dans la ville de Sarbaz, dans la province de Sistan-Baloutchistan, tuant le conducteur, Behzad Mohammadi, un kurde originaire de Baneh », a déclaré une source à l’ONG kurde des droits humains Kurdistan Human Rights Network (KHRN).
 
Le commerçant, qui s’était rendu dans la région pour vendre du carburant, auraient reçu une balle dans la tête. Une vidéo de ce meurtre a été fournie au KHRN.
 
«Suite à la fermeture des postes frontaliers dans diverses villes du Kurdistan, de nombreux commerçants frontaliers [kolbars et kesikbars] se sont rendus au Sistan et au Baloutchistan pour vendre du carburant», a ajouté la source.
 

Les forces de sécurité iraniennes ont tué au moins 700 kolbars kurdes, entre le Kurdistan d’Irak et le Kurdistan d’Iran au cours des onze dernières années, selon des données compilées par une ONG des droits humains.

Kulbar ou kolbar est le terme kurde désignant les personnes qui portent sur leurs dos de la marchandise à travers la frontière entre la région du Kurdistan du Sud et l’Iran.
 
Bien qu’illégal, il s’agit d’une pratique locale qui est depuis longtemps acceptée comme normale dans les régions kurdes économiquement sous-développées où de nombreux habitants en dépendent pour survivre.

ROJAVA. Baisse des attaques des cellules dormantes de DAECH mais le camp al-Hol reste une poudrière

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SYRIE / ROJAVA – Des attaques menées par les cellules dormantes de l’État islamiques (EI / DAECH) sont en baisse, alors même que les forces arabo-kurdes ont libérés près de 1 000 Syriens membres de l’EI en novembre dernier. Mais la situation reste explosive dans le camp al-Hol détenant des dizaines de milliers de membres de DAECH et leurs familles et où des femmes de l’EI tuent régulièrement d’autres résidents du camps.
 
« Alors que nous voyons les attaques dans la Syrie du Nord diminuer, nous voyons la situation s’intensifier à Hol Camp. Peut-être en raison de l’incapacité de mener des attaques à grande échelle comme nous l’avons vu en 2019, des individus affiliés à l’Etat islamique ont eu recours à des assassinats ciblés et à des attaques dans les camps. Néanmoins, il est positif de noter que ni la libération de centaines de familles du camp de Hol ni l’amnistie pour des centaines de combattants de bas niveau de l’EI n’ont conduit à une augmentation des attaques de cellules dormantes », a déclaré Robin Fleming, chercheur pour Rojava Information Center.

Des manifestations anti-gouvernementales embrasent le Kurdistan du Sud

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KURDISTAN DU SUD – Des manifestations qui ont éclaté dans la province de Slemani, dans la région autonome kurde d’Irak, se propagent alors que les forces de sécurité ont ouvert le feu sur plusieurs manifestants, tuant au moins deux manifestants tandis que d’autres ont été blessés.
 
Depuis plusieurs jours, des manifestants se rassemblaient pour exiger le paiement de plusieurs mois de salaires des fonctionnaires et la démission du gouvernement autonome kurde accusé de corruption.
 
Hier, le lundi 7 décembre, les manifestations ont dégénéré lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur les manifestants dans 2 localités de la province de Souleimaniyeh (Slemani ou Suleymaniyê).
 
La colère des fonctionnaires impayés depuis des mois
 
Les fonctionnaires n’ont pas reçu leurs salaires depuis des mois alors que les salaires ont été réduits et finalement la colère a éclaté.

Les manifestations qui se déroulent depuis des jours se sont intensifiées ces derniers jours. Tous les partis politiques ont été pris pour cible et leurs bâtiments incendiés lors de manifestations organisées dans de nombreuses villes, notamment lundi soir. Deux manifestants ont perdu la vie lors des manifestations de lundi, des dizaines ont été blessés tandis que des dizaines d’autres ont été arrêtés.
 
SHAREZUR
 
La manifestation a commencé pendant la nuit sur le marché de la ville de Sharezur, dans la province de Sulaymaniyah. La foule a allumé des feux dans les rues et a barricadé les routes. Les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur les manifestants. Un adolescent a été blessé ici.
 
Selon des sources de l’hôpital de Sharezur, le jeune homme blessé au pied a été transféré à l’hôpital de Sulaymaniyah.
 
DERBENDIXAN
 
Dans la ville de Derbendixan à Sulaimaniyah, une grande foule est descendue dans les rues la nuit et a incendié le bâtiment du gouverneur et celui du mouvement Goran. Les militants, qui se sont également tournés vers le bâtiment du KDP, ont été accueillis par une riposte armée. Un militant a été blessé lors de l’ouverture du feu contre des manifestants. De même, les forces assurant la sécurité du bâtiment de l’UPK ont ouvert le feu sur les manifestants.
 
GERMIYAN
 
A Kelar, à Germiyan, le bâtiment du mouvement Goran a été attaqué. Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur les manifestants.
 
Lors de la manifestation organisée à Kifrî, près de Germiyan, dans la soirée, le bâtiment de l’UPK a été incendié.
Ako Selman, 17 ans, est décédé après avoir été grièvement blessé lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu alors que le bâtiment était incendié.
 
Les militants ont alors attaqué les bâtiments appartenant aux partis KDP et Goran.
 
ÇEMÇEMAL

Lundi, un jeune de 16 ans est mort à Çemçemal et 2 personnes ont été blessées. On a appris qu’un jeune homme nommé Adem Yahha est mort lorsque les forces du PDK ont ouvert le feu.
 
Ranya
 
Des affrontements ont également été signalés lors des manifestations organisées à Ranya. Une vingtaine de manifestants ont été blessés lors des affrontements entre les forces de sécurité et les manifestants. Lors de la manifestation qui a duré environ 3 heures, de nombreux manifestants ont été arrêtés.
 
Seyiq Sadiq
 
Des bâtiments des partis politiques ont été incendiés lors des manifestations organisées dans le quartier de Seyid Sadiq à Sulaymaniyah.
 
À Seyid Sadiq, les bâtiments du PDK, de l’UPK, de Komela Islami, de Yekgirtuy Islami et de Goran, le bâtiment du gouverneur du district, le poste de police et la maison du gouverneur du district ont été incendiés. Bien qu’il ait été déclaré que de nombreuses personnes ont été blessées lors de ces manifestations, un bilan net n’a pu être obtenu.
 
Des douzaines d’arrestations en une semaine
 
Des dizaines de personnes ont été arrêtées dans la région la semaine dernière, selon des sources locales. Cependant, le nombre exact a encore été annoncé. Des rapports de détentions proviennent de nombreuses villes. Aucune information n’a pu être obtenue sur la situation des détenus.
 
Les pressions de plus en plus fortes visent les médias
 
Les organisations de défense des droits humains se disent inquiètes de la pression croissante des forces de sécurité sur les médias et les journalistes, en particulier contre la chaîne de télévision NRT qui a vu sa diffusion en direct du lundi matin interrompue par la police qui a saccagé les locaux de la chaîne.

 

NRT appartient à Shawar Abdulwahid, le directeur du parti politique d’opposition Naway Nwe. Presque tous les médias de la région sont affiliés à des partis politiques ou à des personnalités politiques. Officiellement, la libertés de la presse au Kurdistan irakien sont garanties par la législation régionale depuis plus de dix ans.