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ROJAVA. Une jeune Yézidie de 16 ans libérée des mains des terroristes de l’EI

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SYRIE / ROJAVA – Ronya F. avait dix ans lorsque l’Etat islamique a commis un génocide à Shengal. Elle a été emmenée à Mossoul et vendue sur un marché aux esclaves. À 14 ans, elle a été forcée d’épouser un djihadiste de 32 ans. Elle vient d’être libérée du camp al-Hol.
 
À dix ans, Ronya F. a vécu le génocide des Yézidis à Shengal. Elle, sa mère et ses frères et sœurs étaient à la maison lorsque les terroristes de l’Etat Islamique (DAECH / ISIS) a envahi la région le 3 août 2014 et commis un génocide. Ceux qui ont pu se sauver par cette chaude journée d’été ont fui vers les montagnes. Sur le chemin, d’innombrables enfants et personnes âgées sont morts de soif. Des hommes qui ne pouvaient pas s’enfuir ont été brutalement assassinés par l’Etat islamique. Des milliers de femmes yézidies ont été enlevées et vendues, maltraitées et violées sur les marchés d’esclaves de l’Etat islamique. Selon l’ONU, plus de 12 000 personnes ont été tuées et plus de 400 000 ont été chassées de leurs foyers. Près de 2 900 femmes, hommes et enfants yézidis sont toujours portés disparus.
 
Ronya, sa mère et ses frères et sœurs ont également été enlevés par l’Etat islamique. Ils ont d’abord été emmenés à Mossoul, puis dans un marché aux esclaves à Tal Afar, d’où provenaient la plupart des cadres moyens de l’Etat islamique. À Tal Afar, la fille a été séparée de sa mère et de ses frères et sœurs. Une famille de l’Etat islamique a acheté Ronya et l’a emmenée à Raqqa, dans le nord de la Syrie. Là, elle vivait dans la maison d’une femme russe nommée Umm Taleb. Elle a dû apprendre le russe et l’arabe couramment et a presque perdu sa langue maternelle. Il ne lui restait que quelques mots kurdes.
 
«Mariée» à un djihadiste à l’âge de 14 ans
 
À l’âge de 14 ans, Ronya était mariée à un djihadiste de 32 ans. Après un séjour dans la ville est-syrienne d’al-Mayadeen, le voyage s’est poursuivi près d’Abu Kamal, à Baghouz. Le village avait été la dernière enclave de l’Etat islamique avant que les Forces démocratiques syriennes (FDS) enfreignent la domination territoriale de la milice et aient battu l’organisation militairement en mars 2019. Depuis lors, Ronya vivait dans le camp de Hol près de Hesekê dans le nord-est de la Syrie où des familles de Des mercenaires de l’Etat islamique sont détenus.
 
Il y a quelques jours, Ronya a été sauvée de l’esclavage de l’Etat islamique. Elle a pu contacter un oncle maternel via Facebook, qui lui a donné le numéro de téléphone de la maison des Yêzidis (Mala Êzidîyan) de la région de Cizîrê. La Maison des Yêzidis est une institution à Hesekê, qui se consacre à la recherche de Yazidis enlevés à Shengal. Après un appel à l’organisation, il n’a fallu que quelques heures pour libérer Ronya, qui a maintenant 16 ans. Elle a expliqué à l’agence de presse ANHA ce qu’elle avait vécu.
 
Rêver d’une vie normale, sans peur et sans bombes
 
Ronya raconte qu’elle a rencontré de nombreuses femmes et filles yézidies après son enlèvement à Shengal. Cependant, une évasion de l’EI n’a jamais été un plan pour elle car d’autres l’ont essayé et ont été gravement torturés.
 
« Nous n’étions pas non plus autorisés à parler le kurde, sinon ils nous auraient tués. Nous étions de toute façon considérés comme des infidèles. Ils ont toujours dit que l’islam est la seule vraie religion. »
 
La chose la plus difficile pour Ronya a été la séparation d’avec sa mère. « J’espère retourner bientôt dans ma famille à Shengal et mener une vie normale sans crainte, loin des bombes. »
 
La maison des Yézidis a été en mesure de secourir 236 femmes et enfants yézidis de Hol Camp depuis la victoire militaire sur l’Etat islamique. Cependant, l’organisation soupçonne qu’il y a encore des centaines, voire des milliers, de Yézidis dans le camp. « Beaucoup de Yézidis n’osent pas révéler leur véritable identité et prétendent plutôt être musulmans. Pendant des années, ils ont été inculqués à l’idée que leurs familles les rejetteraient ou les tueraient parce qu’ils se sont convertis à l’islam. Ou ils sont directement menacés de mort s’ils parlent aux chefs de camp de leur identité yézidie », explique Mehmûd Memî, un des administrateurs de la maison yézidie. Ronya y reçoit actuellement des soins médicaux et psychologiques avant d’être ramenée à Shengal.
 
Journaliste: la mère et les frères et sœurs de Ronya sont au Canada
 
La mère de Ronya et ses frères et sœurs semblent vivre au Canada maintenant. La journaliste néerlandaise Brenda Stoter a écrit sur Twitter que la mère de Ronya vit maintenant au Canada avec ses autres enfants. Cela pourrait en effet être le cas puisque le Canada a accueilli environ 1200 familles yézidies qui ont été persécutées en Irak par les milices djihadistes en 2017.
 

Être femme et réfugiée, difficile fardeau des femmes kurdes de Lavrio

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Deux camps de réfugiés kurdes de Lavrio, à 60 km d’Athènes, accueillent actuellement 600 réfugiés, dont des femmes, des enfants, venus essentiellement du Kurdistan du Nord (Bakur) et du Kurdistan de l’Ouest (Rojava). Avec l’arrivée de la pandémie du coronavirus (COVID-19), les habitants des deux camps, qui ne reçoivent aucune aide des autorités grecques mais qui survivent seulement grâce à la solidarité internationale des militants, ont vu leurs conditions de vie détériorées encore plus. En effet, ils sont interdits d’aller au centre de santé de la ville et le maire d’extrême-droite de Lavrio menace de fermer les 2 camps au lieu de venir en aide au réfugiés.  
 
C’est dans ce contexte qu’on a fait la connaissance de Mamoste Dîn, l’autrice de la bande dessinée « Ne pas mourir comme des chiens » [une BD parlant de la vie des réfugiés kurdes de Lavrio et qui montre également du soutien des Kurdes de Lavrio au mouvement des Gilets-Jaunes français] qui s’est rendue aux camps kurdes de Lavrio et qui a pu discuté avec les habitants du camps. Nous lui avons demandé de nous parlé de son expérience parmi les réfugiés kurdes de Lavrio, en lui demandant notamment de nous parler de la vie des femmes dans les deux camps.

Voici son témoignage :

 
 
Bonjour, pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs et lectrices ?
 
Bonjour, je suis une jeune auteure de BD et illustratrice, française, qui travaille actuellement sous le nom de Mamoste Dîn [« Mamoste Dîn » signifie « professeur folle » en kurde]. Ce nom me fut donné par des personnes du camp de Lavrio à qui je faisais faire de la gravure et des impressions.

Comment avez vous fait la connaissance du mouvement kurde ?
 
Historiquement. Autrement dit, de la même manière que je me suis documentée sur la guerre d’Espagne en 1936, l’IRA, les zapatistes, les situationnistes, les guérillas et les divers mouvements révolutionnaires historiques. Il me semble impossible de ne pas avoir ces repères si l’on veut être pertinent politiquement. Il faut, pour avoir une compréhension juste de notre société et une perspective stratégique, connaître les différents mouvements de protestation anticapitalistes, antifascistes et révolutionnaires.
 
Comment avez vous été emmenée à vous rendre aux camps de réfugiés kurdes de Lavrio et d’où est partie l’idée de faire une bande dessinée sur le sujet ?
 
J’ai pu connaître le camp de Lavrio grâce à une amie de longue date et camarade géographe (étudiante) qui avait fait son mémoire de master sur le camp. Elle connaissait mon travail, mes dessins et aussi mes considérations politiques et elle m’a proposé de venir avec elle, pour dessiner les lieux et travailler sur l’endroit.
 
Y a t’il des anecdotes qui vous ont marquée particulièrement au camp que vous voudriez bien partager avec nous ?
 
Pour ce qui est des anecdotes, cela dépend si je peux parler de ce qui est dans la Bande dessinée ou s’il vaut mieux d’autres choses afin de laisser un peu de découverte.

– Les premiers mots qu’on m’a appris à dire en kurde, par exemple, et ce grâce à un responsable du camp, étaient : Tu es fou/folle ! Où est le docteur ?

Après avoir bien répété ces phrases dans ma tête, et bien sûr, très fière de moi, je me suis précipitée vers la première personne que j’ai croisé pour appliquer mes nouvelles connaissances. Et à partir de ce moment, c’est moi que tout le monde a appelé « la professeure folle ». Professeure parce que je faisais l’atelier de gravure. Et folle parce que c’était mes premiers mots !

C’est d’ailleurs assez compliqué de répondre, car en fait il y tant d’anecdotes, et je ne sais lesquelles sont les plus intéressantes à raconter…

Il y avait toujours ces heures pendant lesquelles, deux par deux, côte à côte, et parfois sans se parler, juste en fumant, des gens du camp faisaient des tours dans la cour, toujours de manière régulière. Les différents duos ne se parlaient pas entre eux. C’était une habitude de prison dont ils n’avaient pas pu se défaire.

A Lavrio tout le monde fumait des cigarettes et buvait du thé en permanence. Et le premier qui commençait à fumer proposait toujours à tous ses camarades de tablée ou de balade une cigarette. Il en allait de même pour le thé, si bien que tout le monde finissait par sentir cette odeur de plante, de sucre et de fumée.
 
 
Quel effet vous a laissé le camp, quelles traces gardez vous de cette expérience ?
 
Beaucoup de choses, en premier lieu des amis. Enfin après c’est peut-être abstrait de parler d’amitié, quand les liens ne se font plus que par mails plus ou moins réguliers, mais je suis toujours contente quand les gens me demandent de dessiner des portraits de leurs familles, de leurs amours et même parfois des souvenirs. C’est agréable d’avoir des nouvelles et de ne pas se perdre de vue.
 
Ensuite, je ne pense pas que les références politiques et les idées révolutionnaires soient exactement les mêmes en France et au Kurdistan.
 
Il y a pas mal de différences, qu’elles soient liées à l’histoire du PKK ou non. Par exemple le confédéralisme démocratique, qui naturellement n’est pas une théorie importante en France dans les groupes radicaux. Ou encore le rapport au culte de la personnalité, et toute l’imagerie communiste présente dans le camp qui en découle, qui en France est source de méfiance : les portraits énormes, sur fond rouge, qu’ils soient de Staline, de Marx ou encore d’Ocalan ne portent pas la même histoire.
 
Toutefois il est indéniable que la vie politique, l’organisation du camp à laquelle prennent part les gens, le système d’assemblées, le pouvoir concret des habitants sur leur vie, sont des choses qui doivent être l’objectif à atteindre en France pour les groupes radicaux sérieux, des choses qu’ont d’ailleurs essayé de mettre en place les gilets jaunes, à des échelles locales.
Après, on ne peut pas encore parler en France d’une organisation stratégique révolutionnaire, les gilets jaunes, et les gauchistes radicaux plus ou moins cohérents ne sont ni armés ni organisés actuellement pour agir de manière aussi conséquente et radicale que le PKK.
 
Dans la bande dessinée il y a un parallèle créée entre la lutte des kurdes et le mouvement des Gilets Jaunes, pourriez vous développer cela ?

J’ai participé pendant toute l’année 2019 à la plupart des actes des gilets jaunes, j’ai commencé à l’acte 2, et ce fut une année extrêmement plaisante et intéressante. Je ne savais par contre pas avec quelle ampleur les gilets jaunes s’étaient exportés à travers le monde ! Si bien que, lors de mon arrivée au camp, quand certains ont appris mes déboires en garde à vue, ou au tribunal, ils ont tenu à me montrer leurs gilets jaunes customisés avec des drapeaux et des figures kurdes. C’était quelque chose pour moi d’incroyable, que des gens qui se sont enfuis de leurs pays, qui ont été torturés, emprisonnés, condamnés pendant des années, qui ont perdu des proches et qui ont combattu Daech se revendiquent gilets jaunes avec fierté. J’avais l’impression d’être loin derrière avec nos quelques émeutes en France.
 
Mais au fond, il est évident que ces luttes se rejoignent dans leurs revendications, et dans la criminalisation créée en réaction par nos état capitalistes (néanmoins bien moins violente en France). Et c’est pour une raison très simple, c’est parce que tous ces pays sont capitalistes et libéraux. Tous ces pays plus ou moins violents avec leur population, plus ou moins racistes, homophobes, patriarcaux, sont des pays qui fonctionnent sur les mêmes bases économiques et politiques. La France comme la Turquie exploite sa population, l’aliène, dépossède les individus de leur liberté et de tout pouvoir sur l’organisation de leur vie.
 
Avez-vous pu échanger avec les femmes kurdes de Lavrio ? Si oui, qu’est-ce que vous pouvez dire au sujet de ces femmes qui portent à la fois le difficile fardeau de réfugié et de femme ?

Oui, j’ai échangé avec des femmes kurdes. Il est indéniable qu’être une femme complique énormément les choses surtout dans une situation d’illégalité. Quand je suis allée dans le camp, la majorité des femmes présentes étaient arrivées avec leur famille. Dans ces conditions matérielles difficiles, il est compliqué de participer à la vie du camp, politiquement je l’entends. Et bien que l’assemblée des femmes ait un droit de véto sur toutes les décisions prises dans le camp, cela a moins de valeur si ces mêmes femmes n’ont pas autant de temps pour réfléchir à l’organisation politique. Même si les enfants sont pris en charge par tout le monde et que les parents n’ont pas à douter de l’entraide qu’ils vont recevoir dans le camp, ces enfants restent une charge supplémentaire, et beaucoup travaillent à l’extérieur du camp. Aucune femme n’a donc eu le temps de participer à l’atelier de gravure par exemple. Et je ne parle même pas d’être une femme enceinte. Le temps de notre visite, nous partagions une chambre avec une femme dans cette situation qui avait été dublinée en Allemagne alors que son mari, lui, avait pu rester. Elle était seule et réfugiée. Heureusement que là encore tout le monde fait preuve de solidarité, grâce à cela les femmes de la chambre d’à côté lui préparaient toujours à manger et l’aidaient.
Mais le camp de Lavrio, parmi tous les camps de réfugiés que j’ai vu, ou les lieux illégaux mixtes d’occupation, est exemplaire, c’est peut-être même le seul où être une femme n’y présente aucun danger.

Le rapport de la rue, de la police et de la justice aux femmes est toujours violent et sexiste. Dans la bande dessinée, tout un chapitre qui s’appelle « Les femmes » est d’ailleurs dédié à un procès populaire féminin qui a eu lieu dans un autre camp suite à des attouchements. Il se conclut comme ceci : « Les femmes savent que porter plainte est inutile, qu’elles ne seront jamais entendues par la justice, d’autant plus dans cette situation. Et quand bien même elles le seraient, il est évident qu’aller demander à la justice, à la police et aux magistrats de régler le problème serait dangereux pour tout le monde. Les juges envoient des gens en prison, les juges qui au fond n’ont aucune connaissance concrète de ce qu’est une prison, de ce qu’est la misère, de ce qu’est l’illégalité. »
 
Outre un témoignage à travers votre art, quel message espérez-vous que cet oeuvre apporte aux lecteurs ?
 
J’aimerais idéalement créer une conscience politique et une volonté d’action chez les lecteurs. Une conscience que tout le monde est concerné par le combat révolutionnaire, et surtout que ce combat est nécessaire en France aussi. L’exploitation, l’aliénation, ces farces que sont la justice et la politique actuellement, ne concernent pas que la Turquie ou des pays lointains mais bien tout le monde.
 
Auriez vous quelque chose à ajouter pour nos lecteurs et lectrices ?
 
j’espère que la lecture leur plaira bien sûr !

Mamoste Dîn
Le lien du PDF de « Ne pas mourir comme des chiens » 

 

Campagne mondiale pour aider le Rojava menacé par le COVID-19 et la Turquie

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FRANCE – Bien que la pandémie du coronavirus (COVID19) a fait son entrée depuis plusieurs semaines au Rojava, les populations de la région sont privés de toute aide médicale alors qu’elles subissent l’embargo total du régime syrien et les attaques militaires de l’Etat turc.
 
C’est dans ce climat qu’une campagne de tweets a eu lieu hier, dimanche 26 avril, afin d’interpeller l’Organisation mondiale de la sante (OMS) l’ONU et les puissances mondiales à venir en aide à la Syrie du Nord et de l’Est.
 
A l’occasion de cette campagne de tweet, menée en parallèle à la campagne d’aide matérielle, des jeunes Franco-kurdes ont envoyé des lettres à leurs députés, leur demandant d’agir pour les populations du Rojava – dont des Kurdes – avant qu’on assiste à des décès en masse dus au COVID-19 dans la région.

Que vaut la vie d’un Kurde en Turquie ?

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TURQUIE / BAKUR – Un citoyen turc qui était en Suède a attrapé le coronavirus (COVID-19). Le gouvernement turc a envoyé un avion pour le ramener chez lui.

En 2014, Muharrem Taş, un enfant de 2 ans vivant à Van, en Turquie, est tombé gravement malade et son père a appelé une ambulance. Ils lui ont dit qu’à cause de la neige, ils ne pouvaient pas venir chercher l’enfant. Son père a porté le garçon sur son dos sur 16 km, dans un sac, en essayant de l’emmener à l’hôpital. Le gamin est mort sur le chemin.

La différence ? L’un est un pauvre enfant kurde de Turquie. L’autre est un riche citoyen turc.

Via Mark Cambpell

L’écrivain kurde, Musa Anter a 100 ans

TURQUIE / BAKUR – «Si ma langue maternelle secoue les fondations de ton Etat, cela signifie que tu as probablement construit ton Etat sur mes terres. »
 
Musa Anter, écrivain, poète, journaliste et activiste kurde persécuté pendant des décennies, a été tué par des hommes de l’Etat turc le 20 septembre 1992. Son meurtre, comme des dizaines de milliers d’autres meurtres dont sont victimes les Kurdes en Turquie, est resté impuni.
 
Musa Anter est né le 27 avril 1920, à Nusaybin, une localité kurde du Bakur. Hommage à cet homme exceptionnel qu’on nous a arraché il y a 28 ans.

Musa Anter, alias Ape Musa (littéralement «oncle Musa» en kurde), était un écrivain, journaliste et intellectuel kurde important qui a été assassiné par le JITEM* turc en septembre 1992.

Anter, qui a écrit des articles dans le quotidien Ozgur Gundem et l’hebdomadaire Yeni Ulke , a été tué par balle à Diyarbakir. Attirés de son hôtel par un appelant qui lui a demandé de l’aider à régler un litige immobilier, Anter et un ami sont partis en taxi avec un inconnu, âgé entre 25 et 30 ans. Quand ils ont commencé à soupçonner qu’un piège était en train d’être tendu, ils ont exigé de sortir du taxi. L’homme qui les accompagnait est également sorti et, ayant marché devant eux, a commencé à leur tirer dessus avec un pistolet.

Anter a été touché par quatre balles et est décédé peu après. L’ami, touché par deux balles, a été grièvement blessé. Amnesty International a signalé qu’un pistolet de 9 coups de 9 mm avait été utilisé lors de l’attaque, qui aurait eu lieu en périphérie de la ville près d’un poste de police et d’un poste de contrôle de la circulation. Anter, qui ne vivait pas à Diyarbakir, visitait la ville pour signer ses livres lors d’un festival culturel.

Les principaux livres d’Anter sont :

  • Birina Reş – Blessure noire (1959)
  • Qimil – Punaise des bois (1962)
  • Ferhenga Kurdî-Tirkî – Dictionnaire kurde/turc (1967)
  • Hatıralarım I – Mes souvenirs I (1991)
  • Hatıralarım II – Mes souvenirs I (1992)
  • Vakayiname (1992)
  • Fırat Marmara’ya Akar – Euphrate coule vers le Marmara (1996)
  • Çinara Min – Mon platain (1999)

«Musa Anter, explique Me Jacoby, est un écrivain et un journaliste kurde de grande renommée qui ne peut absolument pas passer pour un extrémiste. Il était à Diyarbakir pour assister au Festival des trois cultures. On est venu le chercher à son hôtel sous prétexte d’un rendez-vous avec les acheteurs d’un terrain qu’il possédait dans la région et qu’il désirait vendre. Un ami, journaliste lui aussi, l’accompagnait. On les a emmenés en voiture dans le nord de la ville où ils ont été abattus. Musa Anter est mort et son ami, Orhan Miroglu, a été très grièvement blessé. Trois journalistes du journal local, «Diyarbakir aujourd’hui», alertés par téléphone par la police, se sont dirigés vers le lieu du crime. Ils ont croisé une ambulance, dont le chauffeur leur a conseillé de faire demi-tour, puis une voiture dont ils ont relevé le numéro et qui les a fait stopper. Il y avait à bord trois hommes en civil armés jusqu’aux dents. Ces hommes les ont braqués, puis deux d’entre eux sont monté dans leur voiture et les ont contraints, sous la menace de leurs armes, à suivre l’autre véhicule. Ils ont ainsi parcouru plus de 70 kilomètres en franchissant de multiples barrages de police qui laissaient passer les voitures sans problème. Les trois journalistes ont été tabassés et interrogés sans relâche; puis après avoir pris des consignes par talkie-walkie, leurs bourreaux les ont abandonnés sur le bord d’un chemin. Ils ont eu la vie sauve parce que le rédacteur en chef de leur journal est un ami très proche du super-préfet de la région.»

 
Car les trois braqueurs étaient évidemment des flics et la voiture, vérification faite grâce au numéro minéralogique, appartenait à la police. Il est clair que si les journalistes avaient travaillé pour le journal «Ozgur Gundem», comme Musa Anter et la plupart de leurs confrères assassinés, ils n’auraient pas eu le loisir de venir raconter leur histoire. Ils l’ont d’ailleurs fait, précise Me Jacoby, contre l’avis de leur rédacteur en chef, qui s’est contenté de publier le lendemain un appel aux autorités militaires pour qu’elles protègent ses journalistes. «Ce qui était le plus poignant, dit-elle, c’est que ces hommes, comme les autres témoins qui sont venus nous parler, nous disaient en partant qu’ils n’étaient pas sûrs d’être encore en vie le lendemain. Même les journalistes étrangers n’osent pas rester plus de quelques heures dans la région de peur d’un mauvais coup. Le stade de la torture et des arrestations arbitraires est largement dépassé. On en est à celui des escadrons de la mort.»
 

Dans l’Humanité datant du septembre 1992.

*JİTEM : Organisation de renseignement de gendarmerie turque – Jandarma İstihbarat ve Terörle Mücadele ou Jandarma İstihbarat Teşkilatı (JİTEM), était actif surtout dans dans les années 1990.

Comment le café kurde est-il devenu le café turc?

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Entre 1850 et 1930, le fruit des térébinthes – plante poussant à l’état sauvage dans le bassin méditerranéen – des régions montagneuses de Semsûr, Amed, Batman et Mardin, au nord du Kurdistan (Bakûr) était cueilli et transformé en café. Il était ensuite exporté vers la France où il était conditionné et vendu en Europe sous le nom de « café kurde ».
 
Pendant plus de 80 ans, ce café kurde a été l’un des cafés les plus populaires en France. Le café de ce fruit appelé « kizwan » ou « qewzan » est fait à partir de fruits de térébinthe qui est le pistacher sauvage en réalité. En effet, une fois greffé, il donne les fameuses pistaches que nous connaissons. Les fruits séchés, torréfiés et moulus du térébinthe, le lait et le sucre sont ses principaux ingrédients dans la recette traditionnelle. Mais les recettes modernes de marque incluent le café.
En quoi le café kurde diffère-t-il des autres types de café ? Il ne contenait pas de caféine et était d’ailleurs appelé « Chicorée au kurde ». [Contrairement à ce qu’il est écrit sur son paquet, n’est pas de la chicorée. C’est une crème obtenu à partir d’un petit fruit violet, à la taille d’une lentille, séché, torréfié. Une fois moulu, il a la consistance de la crème de sésame, mais sa couleur est noire. C’est très riche en lipide. Enfants, on la mangeait à la petite cuillère. On ne sait pas pourquoi les Français l’ont appelé « Chicorée au kurde ».] 
 
Cependant, à la suite de la proclamation de l’État turc, une série de discriminations systémiques ont été émises et les Kurdes se sont vus refuser leur langue, leur musique, leurs vêtements traditionnels et leurs coutumes. Lorsque les Turcs ont commencé à rebaptiser les villes et villages du Kurdistan, ils ont également rebaptisé le café kurde en « café turc ».
 
Les Kurdes eux-mêmes l’ont appelé Café Kizwan, et c’est encore le cas aujourd’hui. À l’époque, cependant, la France et l’Europe le connaissaient sous le nom de café kurde et, en peu de temps, il est devenu le café le plus vendu en France où il était conditionné et envoyé au reste du monde. Aujourd’hui encore, les géographes affirment que si vous fouillez toute la Turquie, vous ne trouverez l’arbre à térébenthine qu’au Kurdistan du Nord. C’est de cet arbre que le café « Kizwan » est fait.
 
En 1930, 100 grammes de café kurde était conditionné et vendu en France, sous le nom de « café kurde », avec comme logo la photo d’un tireur kurde. Il était commercialisé sous le nom de « Chicorée au Kurde ».
 
Quelque chose, apparemment aussi simple que le café, était une telle menace pour les Turcs, qu’ils ont dû demander aux gouvernements français et européen de changer le nom et la photo de leur emballage.
 
Cet « anecdote » n’est qu’un exemple parmi d’autres de la discrimination systémique imposée aux Kurdes en Turquie. Cependant, le café turc est devenu un nom familier, un article sur chaque menu et depuis 2013, il a été inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Depuis, il est utilisé dans la divination, dans des poèmes et des romans, et c’est l’une des boissons les plus connues de notre décennie. Mais à quel prix ?
 
Image de l’emballage du café kurde en 1930
 
Article écrit par Mardin

Différences linguistiques dans le dialecte kurmancî: richesse ou handicap ?

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LANGUE. Ceux qui ont commencé à apprendre la langue kurde la semaine dernière l’ont remarqué: il n’y a pas une seule langue kurde mais plusieurs dialectes kurdes : kurmancî, soranî, kirmanckî (appelé également dimilkî, kirdkî ou zazakî), goranî… Mais même dans le dialecte kurmancî, parlé essentiellement au Rojava (Kurdistan syrien) et au Bakûr (Kurdistan turc), il y a des différences entre le kurmancî des régions se trouvant à l’est de l’Euphrate et celui parlé à l’ouest de l’Euphrate.
 
Y-a-t-il un kurmancî « juste » versus un kurmancî erroné?
 
Même s’il y a des différences de vocabulaires ou de prononciations entre le kurmancî de l’est de l’Euphrate, et celui de l’ouest, on ne peut dire « celui de l’est ou de l’ouest est juste et l’autre erroné »… Le fait que le Kurdistan sois colonisé par quatre Etats a approfondi les différences linguistiques entre les dialectes kurdes. Sans oublier l’interdiction de parler le kurde imposée par les Etats colonialistes occupant le Kurdistan et les tentatives d’éradication de la langue kurde depuis plusieurs décennies. De plus, il n’y a pas une académie kurde qui aurait pu « homogénéiser » chaque dialecte kurde….
 
Que faire ?
 
Il est indéniable que, dans de telles circonstances, les Kurdes ont d’énormes handicapes pour préserver leurs dialectes et richesses linguistiques. Mais ils ont toujours l’espoir d’inverser le cours des choses de par leurs luttes vieux de plusieurs décennies et en attendant la fin de ce génocide linguistique visant le kurde, on doit au maximum découvrir ces différents parlers et les considérer comme une richesse et non pas un handicap…
 
Ecrit par  Keça Bênav pour Kurdistan au féminin

PS: Ce court texte n’est pas écrit par un linguiste kurde et donc peut comporter des lacunes. On a voulu faire une mise au point pour les non-kurdes qui s’intéressent à la langue kurde et qui ont commencé à apprendre le kurde en ligne grâce à la page Kurdistan au féminin. 
 

Grève mondiale pour le climat : « Reverdir le Rojava »

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De nombreux militants de la campagne « Make Rojava Green Again (reverdir le Rojava) » ont participé à la grève mondiale du climat en ligne depuis le nord de la Syrie et en Europe.

En guise de contribution à la grève mondiale pour le climat  « Les Jours pour le futur », qui cette fois a dû avoir lieu en ligne en raison de la pandémie de Coronavirus (COVID-19), des militants de « Reverdir le Rojava » (Make Rojava Green Again) et de la Commune internationaliste travaillant avec les Kurdes et les autres peuples de la Syrie du Nord et de l’Est sont partis tôt le matin pour nettoyer une forêt voisine et ramasser les ordures qui traînaient. La forêt est considérée comme quelque chose de spécial, car dans la période précédant la révolution, le régime syrien a abattu presque tous les arbres afin de cultiver des monocultures à grande échelle.

Des militants du mouvement « Make Rojava Green Again » ont également pris part à la grève mondiale en ligne depuis l’Europe.

La veille, « Make Rojava Green Again » et la Commune internationaliste du Rojava avaient appelé tout le monde à se joindre à la grève mondiale #ClimateStrikeOnline et à partager leurs actions.

Voici la déclaration de « Make Rojava Green Again » et de la Commune internationaliste du Rojava:

« En cette période de pandémie de Corona et de distanciation sociale, ce type d’action mondiale nous rassemble tous (…) et va dans le même sens : la construction d’une société écologique et libre. Nous rêvons d’une société fondée sur des valeurs écologiques sociales.

Sociales, parce que le problème de la crise écologique et surtout de la crise climatique ne peut être résolu sans « s’attaquer résolument aux problèmes de société ». Pour rendre ce point plus concret, les conflits économiques, ethniques, culturels et de genre, parmi tant d’autres, sont au cœur des plus graves bouleversements écologiques auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui – à part, bien sûr, ceux qui sont produits par les catastrophes naturelles ». (Murray Bookchin)

Et écologique, car les problèmes sociaux ne peuvent être résolus sans que nous renouvelions notre lien avec la nature, que nous la respections et que nous la comprenions dans son ensemble ».

https://anfenglishmobile.com/ecology/make-rojava-green-again-at-the-global-climate-strike-43275?fbclid=IwAR3G8HDspLxEz0nWZYvdoJ5wRQF3Bp-rIHjFohfmdwFwLCPkIoq76hHscsg

33 balles ou la fusillade de 33 civils kurdes par l’Etat turc en juillet 1943

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TURQUIE / BAKUR – En 1943, alors que la famine menaçait les populations du Kurdistan et de la Turquie, un général turc a fait fusillé 33 Kurdes – dont des adolescents, des jeunes mariés, des vieillards – qui faisaient du commerce avec leurs cousins du Rojhilat, et ce, sans procès… Un seul des 33 condamnés à mort à survécu à la fusillade.
 
Le poète turco-kurde, Ahmed Arif a écrit un poème en hommage à ces 33 Kurdes de Van / Özalp, fusillés dans la vallée de Seyfo, avec son poème intitulé « 33 kurşun (Sî û Sê Gule – 33 balles) ».

Sî û Sê Gule
 
Fermana kuştin bê cih anîn
Mija hêşîn ya çiya
Û bayê sibê yê hênik û sivik
Di nava xwînê de hiştin hiştin
Paşê li wê derê tifing daçikandin
Li paşilên me hûr hûr nerîn lê geriyan
Pişta min ya sor malê Kirmanşah î
Tizbî bi qutiya min birin û çûn
Hemo jî diyarî bûn ji Ecemstan ê
 
Em kirîvê hevin merivê hevin
Û bi xwînê girêdayî hevin
Bi gund û zeviyê li hember hev
Xinamiyê hevin
Ji sed salan û vir ve
Cîranê hevin mil bi mil ve
Mirişkê me tevlî hevdû dibûn
Ne ji nezaniyê lê xizaniyê
Em ji pasportê dil sar bûne
Ewa cirmê sebeba qetla me
Êdî navê wê derkevê kelaşiyê
Îsatvan rêbir xaiyniyê kirîvo
(…)
 
(…)
Ils ont exécuté la sentence de mort,
Ils ont ensanglanté
Le nuage bleu de la montagne
Et la brise somnolente du matin.
Puis ils ont mis les fusils en faisceau-la
Et nous ont doucement fouillé la poitrine
Ont cherché
Ont fureté
Et ils m’ont pris le ceinturon rouge de
Kirmanşah,
Mon chapelet, ma tabatière et ils s’en sont allés
C’était tous des cadeaux du Pays Persan…
 
Avec les villages et les campements de
L’autre coté
Nous sommes parrains, parents, nous sommes
Attachés par les liens du sang
Nous nous sommes pris et donnés des filles
Pendant des siècles
Nous sommes voisins face a face
Nos poules se mêlent entre elles
Pas par ignorance
Mais par pauvreté,
On n’a pas chéri le passeport
C’est ça la faute qui est cause du massacre
Des nôtres
Et on nous appelle brigands,
Contrebandiers
Voleurs
Traîtres…
 
Mon parrain, écrit les circonstances ainsi,
On les prendra peut-être pour une simple
Rumeur
Ce ne sont pas des seins roses
Mais des balles Dom dom
En éclats dans ma bouche…
 
(Traduction de Ali Demir publiée ici)
 
Contexte :
 
L’événement Muglali fait référence à la fusillade de 33 « contrebandiers » kurdes le 28 juillet 1943 sur ordre du commandant de la 3e armée turque, le général Mustafa Muğlalı, dans la campagne de Van / Özalp.
 
En juillet 1943, des villageois kurdes ont été détenus alors qu’ils faisaient entrer clandestinement du bétail au Bakûr, depuis le Rojhilat (Kurdistan iranien). Plus tard, ils ont été libérés par un tribunal faute de preuves. Ce verdict a suscité la colère du général turc Mustafa Muglali, qui a ordonné que les villageois soient à nouveau arrêtés, conduits dans un champ et exécutés. Des témoignages ont ensuite été recueillis indiquant que le général avait ordonné la rédaction d’un rapport officiel, affirmant que les Kurdes avaient été abattus alors qu’ils tentaient de s’enfuir.
 
La pénurie alimentaire en Turquie causée par la Seconde Guerre mondiale a entraîné une augmentation de la contrebande à la frontière entre la Turquie et l’Iran. En conséquence, les conflits entre les tribus locales et les forces de sécurité ont augmenté. En juillet 1943, la tribu de Milan, qui vivait des deux côtés de la frontière, a fait passer clandestinement de grands troupeaux de bovins à travers la frontière. L’armée notifiée n’a pas pu empêcher cela et a donc arrêté 40 villageois de Koçkıran, dans le district Özalp de Van. Bien que le tribunal n’ait émis des mandats d’arrêt que pour cinq hommes, les autres ont été remis à l’armée pour être interrogés sur ordre du général Muğlalı. Les 33 hommes ont ensuite été abattus près de la frontière. Dans un protocole préalablement planifié, il a été noté que les hommes avaient été abattus alors qu’ils fuyaient. Bien que l’unique survivant ait informé les autorités, il n’y a pas eu de conséquences.
 
Six ans après cette exécution massive, un tribunal a déclaré le général Muglali coupable et l’a condamné à mort. La peine a ensuite été commuée en 20 ans d’emprisonnement. Un an après le procès, le général est mort d’une crise cardiaque.
 
La fusillade de 33 membres de la tribu kurde de Koçkıran illustre la terreur que la Turquie fait régner dans les régions kurdes à travers des massacres, déportations et arrestations depuis un siècle déjà…
 

KJK: « Il est temps d’intensifier la lutte des femmes contre la pandémie capitaliste ! »

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 « Il est temps d’intensifier la lutte mondiale des femmes contre la pandémie capitaliste.(…) Nous ne sommes pas tous dans le même bateau. Et nous ne sommes pas tous responsables de cette crise au même niveau ».
Dans son communiqué écrit, la Communauté des femmes du Kurdistan (Komalên Jinên Kurdistan – KJK) s’adresse à toutes les femmes et déclare qu’ « il est temps d’intensifier la lutte mondiale des femmes contre la pandémie capitaliste. » 
 
L’organisation des femmes faisant parti du Mouvement de libération kurde, la KJK a déclaré que la pandémie de Covid-19 qui est apparue en décembre, entraînant diverses crises, est le résultat direct de la modernité capitaliste et a ajouté: « Nous ne sommes pas tous dans le même bateau. Et nous ne sommes pas tous responsables de cette crise au même niveau ».
 
Voici le communiqué de la KJK :
 
« Notre expérience de la pandémie actuelle de Covid-19 et des multiples crises qui y sont associées est le résultat direct de l’accumulation constante de profits et de capital qui caractérise la modernité capitaliste. Les interventions capitalistes dans la première nature, c’est-à-dire le monde naturel, sont le résultat de son objectivation par le pouvoir et la pensée hégémonique. À chaque intervention dans la nature, l’équilibre écologique est un peu plus perturbé. Dans la modernité capitaliste, qui représente le stade actuel du système de civilisation étatique, les interventions dans la nature conduisent à des croissances cancéreuses.

En raison de la perturbation des zones naturelles et de la faune, de la construction d’habitations dans ces zones, de l’exploitation des ressources naturelles, de la pollution de la nature, de la destruction de l’environnement et des systèmes sociaux indigènes, de l’urbanisation intensive, de l’industrialisation de la production sans éethique et de la maximisation du profit pour quelques-uns par la réduction des dépenses et l’augmentation de l’exploitation, notre planète est de plus en plus malade.
 
La nature ne se venge pas. La nature ne peut plus supporter l’avidité sans limite du profit et le pillage de la mentalité capitaliste. La première nature ne peut plus supporter que la seconde – c’est-à-dire l’homme en tant que nature sociale – se détache d’elle. Historiquement, c’est le plus grand et le plus important détachement. Avec l’objectivation de la nature par la mentalité de domination, les femmes ont également été déclarées objet par la mentalité patriarcale.
 
Par la suite, des pans de plus en plus larges de la société ont été réduits en esclavage et exploités par une structure de pouvoir qui s’est déclarée comme l’agent politique ultime. Aujourd’hui, il n’y a pas un seul morceau de terre, une seule cellule sociale qui n’ait pas été touchée par le système capitaliste. Le système capitaliste répand le cancer dans chaque cellule qu’il touche. Et il ne s’arrêtera pas. Par exemple, le gouvernement turc a utilisé le vide créé par la pandémie pour attribuer le premier appel d’offres pour le projet de destruction écologique « Canal Istanbul », signant la destruction des bassins d’eau et des forêts. Aux États-Unis, l’industrie pétrolière a commencé la construction de l’oléoduc Keystone XL, qui avait été bloqué avec succès jusqu’à présent.
 
Nous ne sommes pas tous dans le même bateau !
 
Il faut souligner que nous ne sommes pas tous dans le même bateau. Et nous ne sommes pas tous également responsables de cette crise. Nous n’avons pas non plus les mêmes moyens de nous protéger contre le virus. Les principaux responsables de cette crise sont le capital financier mondial et les États nations, qui assurent la continuité de la loi du profit maximum. Une fois de plus, il a été clairement démontré que la première préoccupation des États n’est pas la santé et les besoins de la population, mais du capital mondial.
 
C’est pourquoi les programmes des gouvernements n’incluent pas les politiques sociales de santé qui peuvent inverser les ravages du néolibéralisme sur le secteur de la santé. Au lieu de cela, de nouvelles lois sont adoptées en plein milieu de la pandémie de Covid-19 pour faciliter une exploitation plus étendue des travailleurs de la santé. Si, d’une part, ces gouvernements applaudissent les travailleurs de la santé pour dissimuler cette réalité, d’autre part, ils provoquent la mort de ces derniers parce qu’ils sont contraints de travailler dans des conditions non protégées. Jusqu’à présent, des centaines de médecins, d’infirmières et de travailleurs de la santé ont perdu la vie parce qu’ils ont été infectés alors qu’ils soignaient des personnes malades. Les personnes âgées qui sont considérées comme un fardeau pour le système et qui peuvent donc être abandonnées sont laissées à elles-mêmes dans des maisons de retraite.
 
Les slogans de notre époque sont « Restez chez vous » et « Restez en sécurité », comme si la majorité de la population, qui n’a aucune sécurité sociale et financière, avait cette possibilité. Les femmes, en revanche, doivent une fois de plus faire preuve d’altruisme et de volonté de sacrifice en assumant les responsabilités étatiques abdiquées : s’occuper des enfants et du ménage à la maison. En d’autres termes, se laisser dégrader une fois de plus au statut de travailleur domestique non rémunéré. Quelques semaines seulement après le 8 mars de cette année, alors que les femmes qui luttent pour une vie libre frappent le système patriarcal comme une gifle, le patriarcat utilise ce temps de manière opportuniste pour tenter d’enfermer à nouveau les femmes au foyer. Dans ce contexte, ce n’est bien sûr pas une coïncidence si, pendant cette période de pandémie, la violence domestique contre les femmes et les meurtres de femmes ont fortement augmenté.
 
La montée de l’État contre la société
 
Ceux qui ont créé cette crise en unissant leurs forces utilisent une rhétorique de guerre et essaient de donner l’impression qu’ils sont du même côté que la société, voire qu’ils la défendent en première ligne. Ce faisant, ils poursuivent leurs politiques antisociales. Les États utilisent la crise pour étendre leurs systèmes de surveillance et de contrôle, suspendre les droits et les libertés au nom de la sécurité, et contrer les luttes sociales croissantes pour la liberté, la démocratie et l’écologie en alimentant le sexisme, le nationalisme et le positivisme. Il convient de souligner ici que ces trois -ismes sont les principaux piliers de l’État-nation capitaliste.
 
En fin de compte, c’est l’idéologie de l’État qui s’élève. C’est pourquoi personne ne se soucie du fait que, alors que les acteurs non étatiques ont réagi positivement à l’appel au cessez-le-feu lancé par les Nations unies, les forces militaires de l’État ont poursuivi leurs guerres d’agression. Cela montre une fois de plus que la plupart des organisations intergouvernementales qui ont été fondées dans le cadre du paradigme de l’État-nation du XXe siècle après la Seconde Guerre mondiale deviennent de plus en plus insignifiantes et font faillite.
 
La domination positiviste de la science, qui est devenue la religion officielle de l’État-nation, a eu de graves conséquences sur la population, notamment dans le secteur de la santé. Plus que jamais, nous avons besoin d’une science qui réponde non pas aux besoins du pouvoir et du capital, mais à ceux de l’humanité et de la nature, et qui développe des solutions à leurs problèmes sans faire de distinction entre les riches et les pauvres. Nous n’avons pas besoin d’une science qui embrouille les esprits, déforme la vérité et devient un instrument entre les mains des puissants, mais d’une science qui éclaire et montre la voie.
 
Que le nouveau virus du Covid-19 ait été créé consciemment ou par accident, directement ou indirectement de la main de l’homme ou non, le résultat est qu’il fonctionne comme une arme biologique. Et avec cette arme pointée sur nous, nous devrions être prêts à réduire notre existence à la vie biologique. Mais si le sens de la vie est réduit à la survie, pouvons-nous encore parler d’existence et exister ? Nous, Kurdes – ainsi que d’innombrables peuples indigènes – avons été confrontés à de telles politiques génocidaires imposées par des puissances régionales et hégémoniques depuis des centaines d’années. Ces politiques disent : si vous voulez rester en vie, vous devez renoncer à votre identité, à votre lutte politique, à votre socialité, à votre mémoire culturelle ! Mais nous ne renoncerons pas à nous-mêmes ! Nous insistons pour une vie libre et une volonté forte !
 
Les veines de la société résistent !
 
Nous voyons donc que les veines imparables de la société démocratique résistent à la modernité capitaliste malgré toutes les attaques insidieuses et orientées vers le profit auxquelles elles sont confrontées. La solidarité contre l’individualisme, l’entraide au lieu de l’égoïsme, la communalité au lieu de l’isolement sont les valeurs sociales de la modernité démocratique qui contrecarrent le capitalisme. Le droit collectif de résistance est défendu de manière créative. Il doit être défendu avec encore plus de force. Nous devons renforcer et développer notre organisation, nos luttes et notre résistance avec des moyens et des méthodes appropriés. C’est ce dont nous avons besoin de façon aussi urgente que de l’eau et du pain. Si nous « mettons en pause » notre existence en tant que sujets politiques, les États annuleront non seulement nos acquis obtenus grâce à la lutte et la résistance, mais elle portera aussi un coup sévère à nous – mouvements sociaux et à la société dans son ensemble. Les régimes antidémocratiques attendent simplement leur chance pour le faire.
 
Le gouvernement turc, par un décret du ministère de l’intérieur, a interdit aux associations et aux fondations de tenir des réunions en ligne de leur conseil d’administration ou de leurs membres pendant plusieurs mois, ce qui équivaut pratiquement à une interdiction d’organisation.
 
Dans la liste des sujets politiques que les États doivent rendre invisibles et muets, les prisonniers politiques sont en première ligne. Ce sont eux qui vivent actuellement les vies les plus précaires et sans défense. Afin d’éviter que le virus ne se propage dans les prisons, de nombreux États ont reporté ou réduit les peines de prison ou déclaré une amnistie, libérant ainsi de nombreux détenus. Certains gouvernements ont profité de cette occasion pour faire sortir de prison leurs propres partisans. En conséquence, des membres de la mafia, des meurtriers et des violeurs ont été libérés, tandis que les prisonniers de l’opposition et les prisonniers politiques, auxquels ces grâces ne s’appliquent évidemment pas, sont laissés pour compte.
 
Les régimes antidémocratiques qui considèrent les prisonniers de l’opposition comme des ennemis politiques attendent simplement qu’ils soient infectés en prison. Par conséquent, nous, qui sommes « à l’extérieur », devons défendre nos sœurs résistantes, les militants de l’opposition, les révolutionnaires et les prisonniers politiques « à l’intérieur », et protéger leurs vies ! Parce qu’elles sont l’une des forces principales dans la construction d’une vie libre, qui est une condition préalable à une fin durable des crises et du chaos. C’est pour cette raison qu’ils sont emprisonnés et c’est pour cette raison que nous devons les libérer.
 
L’industrialisme et les guerres hégémoniques
 
Dans la crise actuelle, une évaluation du lien entre la pandémie et l’industrialisation est nécessaire. Il serait erroné de blâmer l’industrie elle-même pour la pandémie, car le problème ne réside pas dans l’industrie elle-même, mais dans la manière dont elle est utilisée. Une industrie qui a été associée aux motifs de l’existence de l’humanité peut jouer un rôle décisif dans la transformation du monde en une troisième nature, c’est-à-dire dans l’établissement d’une relation écologique entre la première et la deuxième nature, tant pour la vie humaine que pour tous les êtres organiques et non organiques de la nature – rivières, mers, air, animaux, montagnes, terre. Cependant, une industrie qui est sous le contrôle du profit et du marché peut transformer le monde en enfer pour toute l’humanité, à l’exclusion d’une poignée de monopolistes. C’est ce qui nous arrive en ce moment.
L’industrialisme, avec l’État-nation et la production capitaliste, est le sommet de la modernité capitaliste. Sa fonction est de supprimer la société économique autosuffisante, en particulier la société des villages ruraux. Nous pouvons le constater concrètement dans notre pays, le Kurdistan – lieu actuel de la troisième guerre mondiale – et au Moyen-Orient en général. La société villageoise rurale, qui constituait encore il y a 30 ans l’essentiel de l’économie et de la société, est de plus en plus écrasée, acculée à la faillite et au chômage, plongée dans l’endettement et chassée des campagnes vers les villes. L’industrialisme a joué un rôle de premier plan dans les guerres du Moyen-Orient contre l’impérialisme et la modernité capitaliste. Les guerres pour l’eau et le pétrole sont importantes. Il en va de même pour les fuites massives et les déplacements de population.
 
La séparation de la société paysanne de sa terre doit être comprise comme une guerre. L’industrialisme devient ici actif en tant que monopole du pouvoir, ainsi qu’un monopole idéologique et économique. Les conséquences de la désintégration, causée par le fait que la société et l’économie se sont placées sous l’hégémonie de l’industrialisme selon la loi du profit maximum, sont devenues suffisamment évidentes au cours des 200 dernières années.
 
Nous devons construire une forces pour défendre la nature et la vie !
 
La crise est créée par le capital financier mondial, mais nous devons nous aussi nous interroger sur la mesure dans laquelle notre mode de vie est écologique et sur la signification de la vie écologique. Dans ce contexte, nous devons apporter des changements radicaux à nos vies, rendre notre mode de vie et nos comportements de consommation plus écologiques. Nous ne devons pas capituler devant
la modernité capitaliste en disant « je ne peux pas sauver le monde à moi seul de toute façon », ni nous isoler de notre environnement en disant « ma vie individuelle est écologique et respectueuse de l’environnement, donc ma conscience est claire ». Les deux auraient tort.
 
Satisfaire la conscience par un mode de vie écologique individualiste, sans lutter pour la nature et l’environnement, est conforme à l’idéologie capitaliste et aux tactiques du libéralisme, qui divisent les gens de la lutte collective.
En même temps, il est urgent de construire un mode de vie écologique et de défendre la nature tant au niveau individuel que collectif. À cette fin, nous devons constituer des forces pour la défense de la nature et de la vie. En tant que femmes, nous devons être les forces dirigeantes dans ce domaine, car cette crise, qui ressemble à une guerre contre les valeurs fondamentales de l’humanité, a le plus grand impact sur nous. C’est pourquoi nous nous défendrons, nous, notre existence, nos valeurs communes, la nature, notre planète et la vie dans tous les domaines !
 
– Nous ne confierons pas la santé des femmes et la santé sociale à l’État et nous ne céderons pas à l’industrie pharmaceutique et aux politiques de privatisation du néolibéralisme. Nous créerons des cliniques communales de santé féminine et sociale.
– Nous ne laisserons pas notre subjectivité politique être mise au congélateur ou enterrée dans une tombe. Nous continuerons nos luttes sociales avec créativité, nous nous organiserons et résisterons !
– Nous ne permettrons pas que les prisonniers politiques qui sont en prison parce qu’ils se sont élevés contre l’oppression soient abandonnés à la maladie et à la mort. Nous nous battrons pour leur vie et leur liberté !
– Contre les politiques de solitude, d’isolement et d’individualisation du système capitaliste, nous améliorerons et libérerons la vie avec la solidarité sociale, l’entraide et la communauté !
– La nature ne nous appartient pas, nous appartenons à la nature. Elle peut vivre sans nous, mais l’humanité ne peut pas vivre sans la nature. Nous ne permettrons pas qu’elle soit pillée, exploitée et détruite pour le profit. Pour cela, nous rendrons nos vies et notre consommation écologiques, et nous nous unirons contre les bandes voleuses du capital financier !
– Les racines de la crise, qui s’est manifestée sous la forme d’une pandémie, sont les mentalités de domination et d’exploitation. Par conséquent, nous ne pourrons nous libérer définitivement des crises et du chaos causés par le système que si nous mettons fin à toutes les formes d’exploitation et d’occupation. C’est en nous unissant que nous renforcerons la résistance contre l’occupation et l’exploitation des personnes, de la terre et de la nature !
– Nous exigeons un changement radical du système, dans lequel le travail, la production et la reproduction sont déterminés en fonction des besoins de la société et non du capital financier !
 
Nous sommes déjà en train de construire ce système démocratique, écologique et égalitaire. Les femmes montrent la voie à suivre dans ce domaine. Nous avons maintenant besoin d’une lutte commune et d’une organisation qui transcende les frontières et unisse nos résistances comme le rassemblement d’un fleuve géant qui se jette dans un océan.
Nous pouvons y parvenir car nous sommes des femmes et nous avons le pouvoir de changer le monde ! »
 
24 avril 2020
 
Komalên Jinên Kurdistan (KJK)
 

ROJAVA. Une adolescente kurde libérée après 6 mois de sévices subis de la part des gangs de la Turquie

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SYRIE / ROJAVA – Après avoir été kidnappée par des gangs de la Turquie et subi divers sévices pendant plus de six mois, l’adolescente kurde, Sarah Abdullah Muhammad Ali, 16 ans, a été libérée contre une rançon.

Sara, qui du village de Maaraske, dans le sous-district de Sharawa, avait été kidnappée par le Front du Levant soutenu par la Turquie le 29 septembre 2019.

Son père, Muhammad Ali, avait également été kidnappé et emmené au quartier général de la police militaire dans la ville d’Afrin (anciennement l’école supérieure de commerce), pour être ensuite libéré.

Pendant sa détention, Sara a été soumise à de la torture physique et aux diverses sévices car elle était accusée de « haute trahison et de terrorisme » par l’occupation turque.

Elle a ensuite été enfermée dans la prison centrale de Maratah, à l’ouest de la ville d’Afrin, pour être récemment libérée après que son père ait payé une rançon de 3 millions de livres syriennes.

Les femmes kurdes sont particulièrement visées par les forces armées de la Turquie qui commettent des viols, tortures et des féminicides dans le cadre de la destruction de la société kurde.

Information donnée par : Human Rights Organisation -Afrin -Syria

COVID-19. Collecte de fonds pour le Rojhilat par le collectif Rojhilat Solidarity Fundraising

Les Kurdes du Rojhilat sont seuls face à la pandémie du coronavirus alors qu’ils sont victimes de la répression du régime des Mollahs iraniens. C’est dans ce contexte qu’un groupe de militants kurdes réunis autour d’un collectif ont lancé une campagne de dons pour essayer d’aider leurs frères et sœurs menacés par le COVID-19 alors qu’ils sont condamnés à la famine par le pouvoir iranien.
 
Voici l’appel à la solidarité d’avec les Kurdes d’Iran publié sur la page Facebook du collectif Rojhilat Solidarity Fundraising :
 
« La pandémie COVID-19 a mis les pays du monde entier dans une situation désastreuse. Cependant, les pays en marge de l’ordre mondial actuel sont dans une situation particulièrement difficile ; et les femmes, les classes ouvrières et les populations apatrides de ces régions font face à de nombreuses difficultés supplémentaires. Ici, en l’absence de systèmes de protection sociale et de santé publique adéquats dans leurs pays, des millions de personnes sont confrontées au dilemme vicieux de choisir entre la mort par COVID-19, ou la mort progressive par manque de travail et par la faim.
 
Après l’épidémie de coronavirus en Iran, et en l’absence de services gouvernementaux suffisants, les militants de Rojhilat (Kurdistan oriental en Iran) se sont organisés en assemblées qui se sont répandues dans toutes les villes et villages de la région en peu de temps, afin de fournir de l’aide et des services à tous ceux qui en ont besoin. Les assemblées ont été organisées à la base dans des quartiers socialement et économiquement défavorisés et sont rapidement devenues populaires auprès d’une grande partie de la société. Heureusement, en s’appuyant sur leur propre travail et sur la solidarité sociale, ces assemblées ont accompli de grands et admirables exploits dans de nombreuses villes et régions de tout le Kurdistan oriental. Jusqu’à présent, elles se sont concentrées sur la désinfection des lieux publics, ainsi que sur la distribution de produits de santé et d’hygiène aux membres les moins privilégiés de leurs régions. Cependant, étant donné l’état d’urgence permanent causé par COVID-19 et ses effets sociaux et économiques sur les secteurs les plus vulnérables de ces sociétés, tels que les travailleurs salariés et les Kolbars, les auto-assemblées du peuple à Rojhilat fournissent maintenant des colis alimentaires à toutes les populations touchées. Ce nouveau défi a rendu leur travail beaucoup plus difficile.
 
Nous, un groupe d’étudiants, de migrants et de demandeurs d’asile de la diaspora kurde, formons une auto-assemblée indépendante en solidarité avec nos homologues de Rojhilat et avec l’intention de soutenir leur cause. Nous pensons que les auto-assemblées populaires et autonomes constituent la richesse sociale et politique d’une société. Et dans une situation où de nombreuses personnes sont confrontées à un choix entre « COVID-19 ou la faim », et compte tenu de l’augmentation des budgets militaires et de sécurité en Iran au détriment des programmes et des institutions nécessaires au bien-être social, l’auto-organisation en assemblées populaires comme moyen d’aide sociale et de solidarité est d’une importance et d’une signification supplémentaires. Ce travail est d’autant plus vital qu’il est organisé indépendamment de tout État ou parti politique. Il est historique car il démontre qu’en ne comptant que sur elle-même, toute société peut s’organiser pour le bien public et au profit de la coexistence pacifique et de la solidarité entre ses membres.
 
C’est dans cet esprit que nous collectons des fonds pour nos homologues de Rojhilat, et nous appelons toutes les personnes et tous les groupes indépendants à venir en aide aux auto-assemblées autonomes et populaires de Rojhilat. Nous soulignons que nous collectons des fonds en consultation avec des membres connus et de confiance des auto-assemblées de toute la Rojhilat. Les fonds seront déposés sur des comptes bancaires appartenant aux auto-assemblées locales, et l’historique de toutes les transactions financières sera mis à la disposition des donateurs dans le but de faciliter une transparence totale tout au long du processus de collecte de fonds.
 
Notre objectif pour la première phase du projet est de 2500 $. Nous publierons les reçus financiers à la fin de la première phase. »
 
L’équipe organisatrice :
 
– Shiva Amelirad (doctorante, membre du syndicat des enseignants iraniens et militante syndicale)
– Fateme Abdi (doctorante, militante des droits des femmes)
– Goran Bahrami (comptable, activiste kurde)
– Leila Naderi (doctorante, militante des droits des femmes)
– Saman Lagzi (doctorant, militant kurde)
– Fouâd Oveisy (doctorant, rédacteur en chef de La stratégie Rojava)
– Morad Roohi (doctorant, syndicaliste et environnementaliste)