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IRAN. Prison pour une activiste kurde qui avait ôté son voile en public

IRAN / ROJHILAT – Le 10 août dernier, la militante kurde des droits humains, Zahra Jamali a été envoyée à la prison de Dieselabad à Kermanshan pour y purger une peine de neuf mois pour pour avoir ôté son voile en public.
 
La jeune femme a été convoquée et interrogée par le bureau de renseignement de Kangavar en mars 2017 à la suite de la diffusion d’une vidéo dans laquelle elle avait retiré son voile en protestant contre le hijab obligatoire. Le lendemain, après avoir été convoquée devant le tribunal de la ville, une plainte a été déposée contre elle et elle a été libérée sous caution de 25 millions de Tomans.
 
Elle a ensuite été condamnée par le tribunal révolutionnaire islamique de Kangavar à un an de prison pour «propagande contre l’État», qui a été commuée à six mois en appel.
 
De plus, sous la pression de l’imam de Kangavar de la prière du vendredi et des gardiens de la révolution islamique Corps (IRGC), une autre affaire a été déposée contre Zahra Jamali devant le tribunal pénal pour avoir « retiré son voile en public, fait la promotion de la prostitution et de la corruption » pour laquelle elle a été condamnée à 91 jours de prison supplémentaires, en plus d’une amende de deux millions de Tomans et 548 heures de « cours de chasteté et de hijab ».
 

Urgent : Les habitants d’Hasekeh privés d’eau par la Turquie

SYRIE / ROJAVA – Ces derniers temps, la Turquie coupe régulièrement l’approvisionnement en eau potable du canton kurde d’Hassakeh, privant d’eau des centaines de milliers de personnes. 89 ONG travaillant en Syrie condamnent cet acte criminel de la Turquie alors que la région fait face à la pandémie du COVID19.
 
Dans un communiqué écrit, ces ONG demandent à la communauté internationale d’intervenir pour rétablir l’approvisionnement en eau et empêcher une grave crise sanitaire et humanitaire.
 
Le communiqué déclare que « des coupures d’eau sporadiques ont forcé la population du nord-est de la Syrie à compter sur des alternatives dangereuses, mettant leur vie en danger en plus de leur combat contre le COVID-19, qui a infecté 362 personnes et tué 25 dans le nord-est de la Syrie jusqu’à présent (…). »
 
«L’arrêt de la station d’eau d’Alouk [située dans la zone occupée de Serêkaniyê] met la vie de centaines de milliers de personnes en danger, car se laver les mains avec de l’eau et du savon est essentiel pour se protéger contre la pandémie», indique le communiqué.
 
« Les signataires de cette déclaration condamnent les coupures répétées [d’eau] de la station Alouk par la Turquie et les conseils locaux associés, qui continuent de l’utiliser comme chantage. Nous tenons également à rappeler que ce refus délibéré d’approvisionnement en eau à la population est une violation flagrante de son droit fondamental d’accéder à l’eau potable et, selon le droit international humanitaire, il constitue également un crime de guerre », poursuit le communiqué.
 
Les signataires ont terminé leur déclaration en appelant l’ONU, l’OMS, l’UE, la Croix-Rouge et le gouvernement américain à embaucher une équipe de gestion indépendante et spécialisée pour gérer la station et responsabiliser les auteurs de la coupure d’eau.
 
 

TURQUIE. Les femmes kurdes sont la cible principale des politiques de guerre de l’AKP

TURQUIE / BAKUR – « La Turquie mène actuellement une politique de guerre spéciale contre le peuple kurde et la plus grande cible de cette guerre spéciale sont les jeunes femmes kurdes. »

Ces derniers temps, on assiste à une recrudescence de meurtres et de viols de femmes/filles, en Turquie et dans les régions kurdes de Turquie. Pour les Kurdes, il est certain que l’Etat turc utilise le viol pour détruire la société kurde.
 
La députée kurde du HDP, Dersim Dağ, déclare que les femmes deviennent la cible principale des politiques de guerre spéciales, à la fois en raison de leur identité de pouvoir jeune et plus dynamique dans la société et aussi en raison de leur identité de femme.
 
La députée du HDP pour la ville d’Amed (Diyarbakir), Dersim Dağ, a été interviewée par le journal Nûçe Ciwan de l’impact des politiques de l’État turc sur les jeunes femmes et les jeunes.
 
Interrogée sur l’augmentation des féminicides, Dağ a déclaré: « Avec la voix (…) d’Abdullah Öcalan atteignant les peuples du Moyen-Orient, les femmes ont pu respirer (…), trouvant de l’espace pour elles-mêmes dans la vie. Avec (…) l’isolement carcéral absolu [imposé à Abdullah Ocalan sur l’île prison d’Imrali], en Turquie, au Kurdistan, les femmes ont recommencé à ressentir les effets de la mentalité masculine dans tous les domaines de la vie.
 
D’autre part, il existe des politiques de guerre spéciales que les États fascistes mènent actuellement contre les peuples. La Turquie mène actuellement une politique de guerre spéciale contre le peuple kurde et la plus grande cible de cette guerre spéciale sont les jeunes femmes kurdes.
 
Elles deviennent la cible principale de ces politiques de guerre spéciales, à la fois en raison de leur identité de pouvoir jeune et plus dynamique dans la société et aussi en raison de leur identité de femme.
 
En conséquence directe de politiques spéciales en matière de matériel de guerre, de nombreuses jeunes femmes âgées de 17 à 18 ans au Kurdistan sont exposées au harcèlement et au viol par des sergents turcs, des soldats et des policiers. Ces sergents, soldats et officiers de police représentent l’Etat et ils voient le viol d’une femme kurde comme un exploit. »
 
Interrogé sur la campagne « agir » , Dağ a déclaré: « Nous avons lancé une initiative contre ces politiques avec le slogan « Agissez ». Dans cette initiative, bien sûr, nous sommes confrontés à de nombreux problèmes tels que la question de la prostitution, drogues et la toxicomanie. Bien entendu, nous travaillerons également sur des politiques spéciales de guerre pour résoudre ces problèmes.
 
Nous travaillons à sensibiliser les jeunes à ces politiques de guerre spéciales, à ce qui est visé par les politiques de prostitution, de drogue et de toxicomanie, pourquoi les jeunes devraient être organisés et comment ils devraient être organisés.
 
Dans les jours à venir, nous aurons également des actions concrètes et des activités contre la drogue, la prostitution et la contrebande (…). »
 

Protestations à Serêkaniyê contre les viols et les enlèvements commis par l’occupation turque

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SYRIE / ROJAVA – Les habitants de Serêkaniyê ont protesté contre les enlèvements et les viols perpétrés par l’occupation turque et ses mercenaires dans la région.
 
L’État turc et ses mercenaires continuent à commettre des crimes de guerre dont les enlèvements, féminicides, torture et viols à Serêkaniyê, qui est sous leur occupation depuis octobre 2019.
 
Les Kurdes, les Arabes ainsi que les chefs des tribus de Serêkaniyê sont descendues dans la rue il y a quelques jours pour protester contre les violations perpétrées par la Turquie.
 
Les membres de la tribu et les habitants ont protesté contre les crimes commis par l’occupation turque et ont déclaré qu’un mercenaire nommé Ebu Enad et les groupes de mercenaires ont injustement arrêté des jeunes dans la région de Serêkaniyê (Ras al-Aïn) et violé des femmes.
 
 

Les Verbes Irréguliers

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Keça Bênav* (en kurde, la fille sans nom) continue à nous faire part de ses anecdotes concernant l’apprentissage de la langue française…

C’était peu de temps après mon entrée clandestine en France. Je ne connaissais pas un mot de français. Une voisine m’a parlé des cours de français donnés dans une commune voisine dans le 93, ou le 9-3 pour les intimes… Nous étions une douzaine de femmes à suivre les cours d’alphabétisation, car la majorité des femmes parlaient le français mais ne savaient pas le lire ni l’écrire, ce qui n’était pas mon cas. Moi, je ne connaissais pas le français mais je savais lire et écrire. Les cours étaient donnés par un homme adorable qu’on appelait par son prénom : monsieur Henri.
 
Comme je n’étais pas officiellement en France et que mon cousin (celui qui sait tout mieux que tout le monde), chez qui j’habitais, m’avait dit de ne pas utiliser mon nom pour l’inscription aux cours de français et ensuite pour la signature quotidienne, car je devais faire une demande d’asile politique, et comme je ne savais pas la langue ni les lois en vigueur en France, et que, en plus, je ne pouvais pas savoir, étant une femme (en tout cas c’est ce que pensait mon cousin) ce qu’il fallait faire au niveau des démarches etc. lui, le chef de la famille (qui sait tout mieux que tout le monde), devait me conseiller et m’accompagner pour mes démarches administratives, mais comme il travaillait (oui, oui, il y a des étrangers vivant dans le 93 qui travaillent !) il n’avait pas le temps de venir avec moi.
 
En attendant qu’il ait un jour de disponible pour venir avec moi, alors que toute personne, entrée illégalement en France, ce qui était mon cas, est dans la clandestinité et doit se présenter à la préfecture de police de son domicile, moi, pour ne pas avoir de problèmes avec qui que ce soit, sur les conseils de mon cousin, j’ai utilisé le nom de jeune fille de sa femme. Le nom en question m’a valu quelques moqueries de la part de deux femmes, originaires de Turquie, qui suivaient les mêmes cours que moi et elles l’avaient dit à monsieur Henri. J’ai fini par avouer que ce n’était pas le mien et quelque temps après j’ai signé de mon propre nom, en outrepassant les recommandations de mon cousin. Heureusement que monsieur Henri ne se préoccupait pas de nos identités, il voulait avant tout que toutes ces femmes qui suivaient ses cours y réussissent, sinon, avec cette histoire de nom, j’aurai pu avoir des ennuis.
 
La majorité de ces femmes était originaire de l’Afrique du Nord et elles étaient presque toutes analphabètes et on passait le plus claire de notre temps à conjuguer les quelques verbes les plus utilisés : être, avoir, aller, manger, faire, apprendre, courir, boire, etc. apprendre leurs groupes : le groupes des verbes réguliers, celle des verbes irréguliers… Pour moi, la découverte des verbes réguliers et irréguliers était nouveau quelque chose d’étonnant et chaque fois qu’on disait tels verbes sont réguliers, tels autres sont irréguliers, je pensais à ma situation en France : personne étant entrée et vivant en France clandestinement et donc d’une façon irrégulière. Je pensais que ces verbes qu’on disait irréguliers étaient entrés dans la langue française par infraction, et que de ce fait, ils ne devaient pas être trop appréciés des français, un peu comme ces clandestins qui sont arrivés en France et qui y vivent d’une façon irrégulière qu’on appelle, dans le français courant, « les sans papiers ».

Aujourd’hui, je sais que les verbes irréguliers sont beaucoup plus difficiles à conjuguer par rapport aux verbes réguliers, même par les Français, et donc qu’ils ne sont pas trop aimés par ces derniers… un peu comme les gens qui sont dans une situation irrégulière. Mais qu’ils ne sont pas du tout entrés dans la langue française « par infraction », c’est qu’ils sont juste plus vieux que les verbes réguliers. C’est du moins ce que m’a dit une amie professeur de français. 
Je trouvais le rythme des cours trop long et monsieur Henri m’a dit que ces cours n’étaient pas adaptés à mon niveau, que je devais trouver autre chose de mieux pour avancer plus vite. Il m’a parlé de l’Alliance Française qui se trouvait à Paris et m’a donné l’adresse. Quelques jours après, je me suis rendue à l’accueil de ladite Alliance Française, me renseigner à propos de leurs cours et de leurs tarifs. Quand j’ai vu que leurs cours étaient beaucoup trop chers, pour moi qui n’avais pas de travail, qui avais juste de l’argent de poche, je suis repartie aussi sec, retrouver monsieur Henri et ses femmes … pour conjuguer des verbes… des verbes réguliers, des verbes irréguliers… des verbes de toutes les familles !

Keça Bênav / La fille sans nom (en kurde, Keç signifie « fille » et Bênav « sans nom »)
Paris, septembre 2007
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Demande de justice de la jeune Kurde qui s’est suicidée après avoir été violée par un officier turc

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TURQUIE / BAKUR – Les derniers mots de İpek Er, une jeune Kurde de 18 ans qui s’est suicidée après avoir été violée par le sergent turc M.O. : « Je veux qu’il soit condamné à la peine la plus lourde possible ».
 
Le sergent turc accusé du viol d’une jeune femme kurde décédée récemment à Batman a été arrêté hier « abus sexuel qualifié » après le tollé public.
 
I. E. hospitalisée après une tentative de suicide le 16 juillet dernier à Batman / Beşiri, avait déclaré dans une lettre que le sergent Musa O. l’avait sequestrée et violée pendant 20 jours. Elle a perdu la vie à l’hôpital le 18 août. Depuis, de nombreux utilisateurs des réseaux sociaux demandaient l’arrestation du sergent violeur sous le hashtag #MusaOrhanTutuklansın (Que Musa Orhan soit arrêté).
 
Le sergent turc accusé du viol, arrêté sur la plainte de la famille a été libéré sous contrôle judiciaire malgré le rapport médico-légal confirmant le viol. Au cours de son interrogatoire, l’officier a nié avoir eu des relations sexuelles avec İ.E. et a déclaré être « ivre » au moment des faits et il a été relâché aussitôt.
 
Le dossier d’I. E. a été classé confidentiel tandis que l’officier est accusé d’ « abus sexuel qualifié ».
 
La jeune femme avait laissé une lettre dans laquelle elle écrivait en détail comment le sergent turc l’avait droguée, séquestrée et violée pendant 20 jours et comment il lui avait dit que, quoi qu’elle fasse, il lui arriverait rien (sous entendu, les plaintes d’une fille kurde ne valent rien face à un Turc portant l’uniforme de l’Etat turc…).
 
Bien que ce sergent soit arrêté suite à l’indignation généralisée sur les réseaux sociaux, on craint fort qu’il soit libéré et reçoive une condamnation symbolique car le viol est une arme de guerre utilisée par l’Etat turc contre les Kurdes depuis des décennies. Il n’y a aucune raison que cela change maintenant, étant donné que l’Etat turc veut assimiler de force les Kurdes dont il refuse leurs droits à parler leur langue, avoir une autonomie locale, etc.
 

ROJAVA. Puits d’eau pour les habitants d’Haseke privés d’eau par la Turquie

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SYRIE / ROJAVA – La Turquie a de nouveau coupé l’approvisionnement en eau potable du canton kurde d’Hassakeh, privant d’eau des centaines de milliers de personnes. La Direction de l’eau de Hesekê a lancé un projet de creusement de puits d’eau pour contrer les coupures d’eau causées par l’occupation turque et ses gangs islamistes.
 
Après l’invasion de Serêkaniyê, l’État turc et ses mercenaires ont interrompu au moins 8 fois l’activité de la station d’eau d’Elok, qui fournissait de l’eau à des centaines de milliers de personnes à Hesekê et ses environs.
 
La Direction de l’eau d’Hesekê a lancé un projet de creusement de puits d’eau pour contrer l’interruption de l’approvisionnement et répondre aux besoins des populations.
 
Le projet vise à forer 50 puits: 5 d’entre eux ont été mis en service début août, tandis que les travaux se sont poursuivis pour 20 autres puits.
 
Le coprésident de la Direction de l’eau de Hesekê, Sozdar Ehmed, a déclaré à l’ANHA qu’un total de 25 puits d’eau, chacun d’une capacité de production d’eau de 20 mètres cubes par heure, seront mis en service.
 
Ehmed a déclaré que l’eau sera livrée aux quartiers de Hesekê dans les 72 heures, et a ajouté qu’après la première phase du projet, davantage d’eau sera livrée au public.
 
Foza Yûsif, membre du conseil du PYD, et les dirigeants de l’administration autonome de la région de Cizre se sont joints à l’événement organisé pour l’inauguration des puits d’eau.
 

« Un peu », ou les joies de l’apprentissage du français

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Apprendre le français pour une Kurde arrivée à l’âge adulte en France, c’est loin d’être évident. Au fil des années, j’ai accumulé de nombreuses anecdotes liées au français. Souvent, elles étaient drôles, parfois gênant, comme quand j’ai dit une fois « grande-merde » au lieu de « grand-mère », car, en toute logique, d’après moi, si au masculin, on dit « grand-père », au féminin, cela donnait « grande-mèrde » ! Mais l’anecdote que je vais vous raconter est plus drôle…
 
J’étais en France depuis quelques mois, j’y étais entrée clandestinement et j’avais fait une demande d’asile politique auprès de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA), après avoir eu un titre de séjour temporaire à la préfecture de police de mon domicile où je me rendais, une fois par mois, pour le renouvellement du titre.
 
Le titre de séjour en question m’a permis d’avoir une couverture maladie, ce qui n’était pas le cas de la majorité des demandeurs dans la même situation que moi. J’ai pu, en tant que demandeuse d’asile politique, sur les conseils d’un proche qui m’hébergeait, m’inscrire à l’Agence Nationale Pour Emploi (l’ancêtre du Pole-Emploi). Chose que je n’ai jamais comprise puisque mon titre de séjour temporaire m’interdisait de travailler.
 
A l’époque, je ne parlais pas le français et une connaissance kurde est venue avec moi pour mon inscription à l’A.N.P.E et cette dernière m’a accordé une allocation, destinée aux demandeurs d’asile politique, d’à peu près mille sept cents francs, pendant un an.
 
L’A.N.P.E avait exigé que j’aie un compte bancaire car elle payait l’allocation par virement. J’ai donc ouvert un compte livret A à La Poste et j’ai donné le RIP à l’ANPE. Je devais présenter à La poste un document de l’A.N.P.E où figuraient, mon nom, mon prénom, ma date de naissance et mon adresse.
 
Entre temps, j’avais commencé à prendre des cours de français et j’allais seule à mes rendez-vous officiels où je m’exprimais avec un français plus que rudimentaire. Quelques mois après m’être inscrite à l’ANPE, munie du document, je suis allée à La Poste, pour retirer de l’argent, mais le guichetier m’a dit que cette argent était destiné à monsieur X et non pas à mademoiselle X : moi, et que je ne pouvais le retirer. Je lui ai dit que je ne comprenais pas pourquoi puisque j’étais mlle X et qu’il n’y avait pas de m. X. Il m’a dit que l’ANPE avait désigné monsieur X comme destinataire de l’argent et m’a dit de lire ce qui était marqué sur le document de l’ANPE comme nom et titre. J’ai regardé attentivement le document et j’ai effectivement vu qu’on avait mis le titre monsieur à la place de mademoiselle qui précédait mon nom ! Le guichetier m’a dit d’aller voir l’ANPE pour corriger cette erreur si je voulais toucher cette allocation. J’ai du aller à l’ANPE où on m’a remis un nouveau document sur lequel je suis redevenue mademoiselle X !
 
Je vivais chez un proche, avec sa femme et sa fille et je fréquentais son petit cercle de Kurdes venus de la même région que nous. La majorité de ces hommes travaillaient dans le bâtiment et les femmes dans des ateliers de couture, à moitié au noir, pour des salaires de misère. Il n’y avait personne qui parlait un français correct. On prononçait souvent mal certains mots : « fiche de paie » devenait « fichetépé », « carte orange » en « kartoronge », « ANPE » en « unpeu »
 
Ce proche et sa femme travaillaient et moi, je m’occupais de leur maison et de leur fille. Je l’emmenais à l’école, la cherchais à la sortie, etc. Les mercredis et pendant les vacances scolaires elle était avec moi à la maison.
 
Dans la semaine, sauf les mercredis, j’avais mon cours de français de deux heures par jour. Le cours était donné par un homme d’une soixantaine d’années. Les personnes qui suivaient les cours l’appelaient monsieur Henri.
 
Un jour, je ne sais pour qu’elle raison, pendant les cours, on parlait de mes démarches administratives et à un moment donné, j’ai dit : Je suis allée à « l’unpeu ». Il fallait voir la tête de monsieur Henri, celui qui donnait les cours ! Il disait, en secouant vigoureusement la tête, : « Non, non, non, ce n’est pas du tout ça ! Ce n’est pas « un peu », c’est A.N.P.E. Attention, « A.N.P.E. » et « un peu » ce n’est pas du tout la même chose ! » J’étais très étonnée de sa réaction, je ne comprenais pas pourquoi c’était si important de prononcer A.N.P.E, lettre par lettre, comme disait monsieur Henri, et non pas comme dans notre petit cercle, “unpeu”, en faisant seulement deux syllabes, où tout le monde comprenait ce qu’on voulait dire, comme « fichetepé », « kartoronge », etc.
 
Bien que j’avais compris la différence entre « A.N.P.E » et « un peu », pendant longtemps l’A.N.P.E. est resté pour moi « unpeu »… un peu… comme un peu d’argent qu’elle nous versait… un peu comme un peu d’inattention qu’elle avait fait quand je m’y suis inscrite, en m’étant transformée un peu en homme avec le titre de « monsieur » à la place de « mademoiselle »…
 
Keça Bênav / La fille sans nom (en kurde, Keç signifie « fille » et Bênav « sans nom »)
Paris, septembre 2007
Image via Campus France

« J’ai la première place »

Comment faisaient les demandeurs d’asile en France dans les années 1990/2000 pour obtenir un titre de séjours provisoire ? Voici le témoignage d’une femme kurde.

Quand je suis arrivée en France, je n’avais pas de titre de séjour car j’y étais entrée illégalement, sans visa. Par conséquent, j’étais dans la clandestinité et je devais, dans les meilleurs délais, aller à la préfecture de police de la banlieue où j’étais hébergée demander un titre de séjour afin de faire une demande d’asile politique, auprès de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA).
 
Le titre de séjour en question était un récépissé, valable un mois, renouvelable uniquement si l’OFPRA jugeait mon dossier recevable pour un examen. Il me permettait de rester en France dans la légalité, et pour l’acquérir, il fallait avoir un ticket qui nous permettait d’entrer dans les locaux de la préfecture. Les tickets étant limités à quelques dizaines alors que les gens qui faisaient la queue étaient à peu près une centaine, on faisait la queue, pendant plusieurs heures, pour être sûr d’en avoir un.
 
Je m’y rendais seule, vers cinq-six heures du matin pour faire la queue jusqu’à neuf heures, l’heure d’ouverture de la préfecture de police, qu’il pleuve ou qu’il neige. Il m’arrivait d’être la première ou d’être avec un ou deux hommes que je ne connaissais pas mais qui faisaient la queue comme moi alors qu’il faisait nuit et qu’il n’y avait personne d’autre dans les alentours. D’autant que le lieu était entouré d’un immense parking, désert jusqu’à l’ouverture des bureaux. Seulement de temps en temps, il y avait une voiture de police en patrouille qui passait dans les rues alentours. Autant dire que, pendant ces heures d’attente, je ne me sentais pas en sécurité.
 
Une fois, je suis arrivée, il était cinq heures et demie, il faisait nuit et froid, j’étais la première, en tout cas il n’y avait personne. J’avais peur, j’avais froid et mal aux jambes et j’attendais impatiemment que le jour et les gens arrivent. A un moment donné, j’ai vu qu’il y avait un tee-shirt, par terre, à côté de moi, quand je me suis penchée, pour voir de plus près, j’ai vu qu’il y avait aussi un mot écrit sur une feuille blanche à côté du tee-shirt : « J’ai la première place. » Apparemment, quelqu’un tenait à la première place, sans être là, mais moi qui attendait dans le froid et la nuit, avec la peur au ventre, j’ai fait une grimace en me disant que l’auteur du mot se croyait plus malin que les autres en laissant juste un mot pour avoir non seulement une place, mais de surcroît la première, toute en restant au chaud, quelque part, alors que moi, j’avais peur et froid et si c’était aussi simple de réserver une place, je pouvais faire de même : laisser un mot, la veille au soir (l’avait-il laissé la veille au soir ?) et revenir le lendemain vers neuf heures, dire que j’étais la première, et avoir un ticket pour entrer. Je me disais que je n’allais pas laisser le type prendre la première place. Comme les gens étaient beaucoup plus nombreux à vouloir entrer que les tickets distribués, il leur arrivait de revenir plusieurs jours de suite et il y avait souvent des tensions entre eux, pour une place… J’ai même entendu mon frère dire que quand lui s’y rendait, il y a plus de dix ans, la situation était pire, les gens venaient le soir, dormir sur place pour être sûr d’avoir leur sésame et les plus malins en auraient fait un marché noir, en vendant leur ticket aux gens désespérés qui n’arrivaient pas à en avoir.
 
Petit à petit, les gens sont arrivés, comme les autres fois, on était plusieurs dizaines et juste avant l’ouverture des locaux, on a vu un homme arriver, prendre le vêtement et la feuille qui se trouvaient par terre et se mettre devant moi, sans dire un mot. J’étais sidérée de le voir devant moi et je lui ai dit, tant bien que mal (à l’époque je parlais très mal le français et j’avais un vocabulaire de quelques dizaines de mot seulement), qu’il fallait qu’il fasse la queue comme tout le monde. Il m’a dit, en me montrant le mot : « j’étais là avant vous mais comme j’avais oublié un document à la maison, j’y suis retourné le chercher et d’ailleurs, j’ai laissé ce mot pour dire que j’avais la première place. » J’ai dit que je ne le croyais pas, que c’était trop facile, que j’aurais pu faire de même… Les autres personnes ne disaient rien et quand l’agent qui distribuait les tickets est arrivé, je lui ai dit ce qui s’était passé, mais il a donné un ticket à l’homme, sans même me répondre, faisant mine de ne pas m’entendre ! Je me suis dit que la prochaine fois j’allais faire pareil : laisser la veille au soir un vêtement et un mot : « J’ai la première place » et revenir le lendemain un peu avant neuf heure, prendre la tête de la queue, exactement comme cet homme ! Vous y pensez, j’étais une fille beaucoup trop peureuse pour faire une chose pareille, j’étais juste en colère !
 
Et donc, par la suite, pendant deux ans et demi (le temps qu’il m’a fallu pour avoir un titre de séjour temporaire, valable pendant un an), plutôt que de laisser un mot, j’ai toujours fait la queue, même pendant l’hiver. J’ai fait la queue pendant des heures, en attendant que le jour et les gens arrivent, que j’aie mon sésame, que je ne tombe pas malade à cause du froid, que mes doigts ne se gèlent pas, pour que je puisse signer correctement mon récépissé…
 
Ma seule consolation, pendant ces deux ans et demi-là, a été que je n’ai plus jamais vu de mot disant « J’ai la première place » !
 
Keça Bênav / La fille sans nom (en kurde, Keç signifie « fille » et Bênav « sans nom »)
 
Paris, septembre 2007

Enterrement de la jeune kurde qui s’est suicidée après avoir été violée par un officier turc

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TURQUIE / BAKUR – La jeune Kurde qui est décédée hier suite à une tentative de suicide après qu’elle a été séquestrée et violée par un sergent de l’armée turque dans la province de Batman a été enterrée aujourd’hui. La police turque a attaqué la foule qui voulait participer aux funérailles.
 
I. E. avait été hospitalisée après une tentative de suicide le 16 juillet dernier à Batman / Beşiri, avait déclaré dans une lettre que le sergent Musa O. l’avait violée. Elle a perdu la vie à l’hôpital hier. Depuis, de nombreux utilisateurs des réseaux sociaux demandent l’arrestation du sergent violeur sous le hashtag #MusaOrhanTutuklansın (Que Musa Orhan soit arrêté).
 
L’officier est toujours libre et à son poste
 
Le sergent turc accusé du viol, a été arrêté sur la plainte de la famille mais a été libéré sous contrôle judiciaire malgré le rapport médico-légal confirmant le viol. Au cours de son interrogatoire, l’officier a nié avoir eu des relations sexuelles avec İ.E. et a déclaré avoir été « ivre » au moment des faits et il a été relâché aussitôt.
 
Le dossier d’I. E. a été classé confidentiel tandis que l’officier est accusé d’ « abus sexuel qualifié » mais continue à exercer son métier comme si de rien n’était.
 
Après l’autopsie, le corps de la jeune femme de 18 ans a été rendu à la famille vers 3 heures aujourd’hui. Le cercueil d’IE a été transporté au cimetière de Batman Asri et enterré sous une forte présence policière qui a autorisé uniquement la famille à entrer dans le cimetière. (ANF)
 
Les gens qui voulaient assister aux funérailles ont réagi à la police qui à son tour a attaqué la foule. Le responsable du parti HDP Siirt Sıdık Taş a également été attaqué par la police turque.
 
Le viol est une arme de guerre utilisée contre le peuple kurde
 
Ces derniers temps, on assiste à de nombreux cas de viols ou tentatives de viol des femmes et adolescentes kurdes par des soldats turcs protégés par l’uniforme militaire. C’est actes nous montrent clairement que l’Etat turc utilise le viol comme une arme de guerre contre le peuple kurde depuis des décennies. Le viol de cette adolescente par un sergent turc n’en est que le dernier de ce crime de guerre visant les femmes.
 
Le viol, la torture et le meurtre des femmes, fillettes et combattantes kurdes par l’armée turque sont le fruit d’une politique bien précise de l’Etat turc et non pas des actes isolés commis par des individus au sein des forces armées turques. Et nous avons raison de craindre que tant que le Kurdistan sera colonisé et le peuple kurde opprimé, ces crimes continueront car tous les Etats qui occupent le Kurdistan veulent exterminer le peuple kurde par tous les moyens.

TURQUIE. Plus de 80% mairies kurdes d’HDP saisies par le gouvernement

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TURQUIE / BAKUR – Le gouvernement turc poursuit une politique de coup d’État dans les régions kurdes, où 81% des municipalités du Parti démocratique des peuples (HDP) ont été saisies par le parti au pouvoir depuis 2016, déclare l’HDP qui a publié un rapport aujourd’hui.
 
Au total, 51 des 63 municipalités gagnées par le HDP ont été saisies par le gouvernement turc au cours de l’année dernière, tandis qu’un total de 146 fonctionnaires (kayyum) nommés par l’État ont été affectés aux municipalités du HDP au cours des quatre dernières années.
 
Le gouvernement accuse HDP de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Depuis la tentative de coup d’État ratée de 2016, Ankara a intensifié la répression contre le mouvement kurde, détenant au moins 20 maires du HDP et reprenant les municipalités dirigées par le HDP dit « pro-kurde ».
 
«(Le président turc Recep) Tayyip Erdoğan est un putschiste», a déclaré un cadre arménien d’HDP, Garo Paylan, qui a partagé le rapport. « La volonté du peuple est actuellement détenue. Nos co-maires, membres du conseil municipal et élus sont incapables de faire leur travail. Nous exigeons qu’ils soient renvoyés à leurs postes. »
 
Les anciens coprésidents du HDP, Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ, font partie des principaux responsables du parti qui sont en prison depuis 2016 dans le cadre de la répression du gouvernement anti-HDP.
 
 
 
 

Décès d’une jeune Kurde violée par un officier turc

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TURQUIE / BAKUR – Les cas les plus récents de viols par des militaires turcs visant les femmes et adolescentes kurdes nous montrent clairement que l’Etat turc utilise le viol comme une arme de guerre contre le peuple kurde depuis des décennies. Le décès survenu aujourd’hui d’une adolescente kurde violée par un sergent turc n’en est que le dernier de ce crime de guerre visant les femmes.
 
Une jeune Kurde de 18 ans, séquestrée et violée pendant 20 jours par un sergent turc, est décédée à Batman. Elle avait été hospitalisée après avoir tenté de se suicider le 16 juillet dernier.
 
I. E. avait été hospitalisée après une tentative de suicide le 16 juillet dernier à Batman / Beşiri, avait déclaré dans une lettre que le sergent Musa O. l’avait violée. Elle a perdu la vie à l’hôpital aujourd’hui. Sur les réseaux sociaux, des appels pour l’arrestation du sergent violeur se font sous le hashtag #MusaOrhanTutuklansın.
 
Alors qu’elle était à l’hôpital, sa famille a trouvé une lettre dans laquelle elle donnait les détails concernant la séquestration et le viol par l’officier turc, qui avait été arrêté après que la famille avait porté plainte.
 
Au cours de son interrogatoire, l’officier a nié avoir eu des relations sexuelles avec İ.E. et a déclaré avoir été « ivre » au moment des faits et il a été relâché aussitôt.
 
Cependant, le rapport de l’institution de médecine légale, qui a été révélé par l’Agence Mezopotamya, indique clairement qu’elle a été violée.
 
Une ordonnance de confidentialité a été imposée sur l’affaire et le sergent Musa O a été remis en liberté. L’officier est accusé d’ « abus sexuel qualifié ».
 
La famille de İ.E. avait ensuite demandé l’aide de l’Association des droits de l’Homme (İHD).
 
La députée du Parti démocratique du peuple (HDP) Feleknas Uca a soumis une question parlementaire sur l’affaire au ministre de la Justice Abdulhamid Gül.
 
Le procureur général de Batman a ouvert une enquête contre l’éditeur du journal Jiyan Haber, İdris Yayla, suite à des publications concernant cette affaire. (via ANF)