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La guerre de la Turquie au Rojava : où, quand et pourquoi la Turquie menace-t-elle d’envahir ?

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SYRIE / ROJAVA – Depuis que la Turquie a occupé Afrin en mars 2018, la situation dans le canton le plus à l’ouest du Rojava a continué de se détériorer. Les milices soutenues par la Turquie ont commencé à imposer la charia, à kidnapper, à assassiner et à torturer des civils et à commettre des violations des droits humains qui pourraient constituer un crime de guerre, selon Amnesty International [1].
 
Malgré la détérioration rapide de la sécurité et des conditions humanitaires à Afrin, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a depuis longtemps proclamé son intention de prolonger l’occupation.
 
Son objectif déclaré est de « sécuriser » la région frontalière qui abrite toutes les principales villes du Rojava à majorité kurde, au motif que le Rojava est un point de passage pour les attaques sur le territoire turc. Une enquête de la BBC a révélé que le gouvernement turc avait grossièrement gonflé les chiffres cités pour justifier ses incursions en Syrie, faisant état de 700 incidents transfrontaliers en provenance d’Afrin alors qu’en réalité, la Turquie n’avait subi que 26 attaques transfrontalières de l’ensemble de la Syrie. [2]
 
Depuis le jour où ses troupes ont envahi Afrin, le président Erdoğan a lancé des menaces à l’encontre des villes de Manbij et Kobanê. Manbij a été libérée du contrôle de l’Etat islamique par les Forces démocratiques syriennes (FDS) et a depuis établi son propre conseil indépendant en alliance avec le Rojava, tandis que Kobanê était le site de la résistance historique des YPG / YPJ au siège de l’Etat islamique en 2014-2015.
 
Contrairement à Afrin, ces deux villes abritent actuellement des bases de l’armée américaine et des troupes au sol, créées à la suite de la collaboration entre les FDS et la coalition dirigée par les États-Unis dans la lutte en cours contre DAESH.
 
Les bombardements transfrontaliers ciblant Kobanê et des villes frontalières comme Tel Abyad (Gire Spi) se sont multipliés ces derniers mois, faisant plusieurs victimes parmi les civils. À l’instar de l’invasion d’Afrin, ces attaques ont parfois obligé les FDS à suspendre leur combat en cours contre FDS.
 
Des milices soutenues par la Turquie ont été déployées à la frontière au cours des dernières semaines. Vers la fin de 2018, le président Erdoğan a annoncé que l’invasion à l’est de l’Euphrate dans les derniers cantons du Rojava commencerait « dans les prochains jours » [3].
 
Le président américain Donald Trump a annoncé avec une nouvelle urgence que les troupes américaines se retireraient du nord-est de la Syrie dans les semaines ou les mois à venir, ouvrant ainsi la porte à une invasion turque.
 
Le président Erdoğan a lancé plusieurs frappes aériennes contre Shengal, la patrie des Yézidis que les YPG / J ont sauvé de nouveaux génocides, viols et asservissements aux mains de l’Etat islamique en 2014. Des avions turcs ont également frappé un camp de réfugiés kurdes à Makhmour, en Irak, tuant quatre civils femmes dont une de 14 ans et sa grand-mère de 73 ans [4].
 
Comme à Afrin, toute attaque au sol sera menée par les mercenaires de « l’armée nationale » soutenue par la Turquie, accompagnée par des frappes aériennes et des bombardements des blindés turcs.
 

L’occupation turque frappe l’économie et les lieux vitaux d’Afrin

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AFRIN – Ces dernières années, le canton d’Afrin avait connu d’importants succès en matière de production, d’autosuffisance de nombreux matériaux et d’exportation des excédents vers l’ensemble de la Syrie. Après les attaques de l’occupation turque et de ses mercenaires, la structure économique du canton s’est effondrée où les pertes financières de la population d’Afrin depuis le début des attaques ont été estimées à 80 à 100 millions d’euros.
 
Les habitants d’Afrin tiraient leurs ressources de l’agriculture et de l’élevage, où l’agriculture occupait la première place tandis que l’élevage occupait la deuxième place. De plus le canton avait obtenu le caractère économique unique dû à plusieurs facteurs, dont sa préservation de la guerre syrienne sanglante.
 
Pendant la crise syrienne, qui s’est étendue à la ville d’Alep et à ses campagnes, des milliers de Syriens sont partis de toutes les régions de Syrie, en particulier de la ville d’Alep vers Afrin à la recherche de sécurité et de stabilité, y compris des commerçants qui ont apporté avec eux leur expérience pratique, qui ont soutenu la production et le travail industriel.
 
Avec le mouvement des commerçants, Afrin a prospéré en termes agricoles, industriels et commerciaux, et a commencé l’exportation de produits de savon, d’olives et de vêtements vers les pays voisins de la Syrie, comme la Jordanie, l’Irak et les Etats du Golfe.
 
Ces dernières années, le canton d’Afrin a connu un grand succès et a mis en œuvre de nombreux projets économiques et vitaux avec une production excédentaire des revenus du canton, notamment :
 
La création de 18 laboratoires pour le charbon extrait de l’huile d’olive, chacun d’eux estimé à un milliard et 200 millions de livres syriennes (PS), 24 usines pour la fabrication de savon de laurier et produit entre 12 et 15 tonnes de savon, et la production de vêtements, 800 petits et grands ateliers de couture, dont trois laboratoires travaillent dans toutes les étapes de la fabrication des vêtements de fil et couture et même l’exportation, le coût de chaque usine, étant estimé à un milliard et 500 millions PS.
 
En outre, il y avait 250 millions d’olives dans le canton kurde d’Afrin, dont chacun valait environ 60 millions de PS et 137 sociétés et magasins travaillant autour des produits à base d’olives. La préparation de chaque pressoir à olive s’élevait à un milliard et 800 millions de PS, en plus de trois laboratoires pour divers aliments en conserve dans le canton.
 
En termes d’agriculture, le canton d’Afrin comptait 18 millions d’oliviers produisant 270 000 tonnes d’huile, un million d’arbres fruitiers et une production de blé d’environ 40 000 tonnes par an.
 
Les attaques de l’occupant turc ont frappé l’économie d’Afrin
 
Le 20 janvier, l’armée d’occupation turque et ses mercenaires ont lancé des attaques à l’aide des derniers types d’armes terrestres, aériennes et internationales interdites. Des centaines de personnes du canton ont été déplacées de force et leurs familles forcées de fuir vers Al-Shahba.
 
En outre, la structure économique du canton d’Afrin a été l’un des aspects les plus importants qui ont été affectés, en termes d’arrêt des usines, leur bombardement et pillage après l’occupation.
 
D’autre part, un membre de la Commission économique Afrin Haitham Mulla, a décrit l’ampleur des dommages subis par la structure économique d’Afrin suite aux attaques de l’occupant turc et de ses mercenaires, à l’agence ANHA.
 
Mulla a souligné dans son discours qu’Afrin a obtenu de grands succès économiques en mettant en place de nombreux projets vitaux, surtout ces dernières années, parce qu’Afrin est l’une des rares régions syriennes où les combats n’ont pas eu lieu.
 
Il a ajouté : « A Afrin, le chômage avait récemment chuté jusqu’à 10% grâce au progrès économique et à la construction de projets vitaux. »
 
Haitham Mulla a estimé que les pertes financières des habitants de la ville d’Afrin dans l’ensemble de ses travaux se situe entre 80 et 100 millions d’euros.
 
Haitham Mulla a déclaré à la fin de son discours : « L’armée d’occupation turque a délibérément pris pour cible les lieux vitaux d’abord pour détruire l’économie du canton – ce qui était important au niveau de la Syrie – et ensuite pour briser la résistance du peuple en visant ces lieux, mais elle a été incapable de briser la résistance du peuple. »
 

AFRIN: Kongra Star lance une campagne de signatures contre l’occupation turque

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Kongra Star d’Afrin a lancé une campagne de collecte de signatures à l’attention de l’ONU, pour la fin de l’occupation turque à Afrin et l’arrêt du changement démographique.

ROJAVA- SHEBHA – A l’approche du premier anniversaire de l’invasion du canton kurde d’Afrin, dans le nord de la Syrie, le Kongra Star (Mouvement de Femmes) Afrin a lancé une campagne de signatures contre l’occupation turque.

Texte de la déclaration 

« La ville d’Afrin, au nord-ouest de la Syrie, région appartenant officiellement à la ville syrienne d’Alep, a rejeté toute ingérence extérieure et a ouvert la voie à la coexistence pacifique de ses éléments, tout en subissant les génocides les plus terribles, en particulier le génocide, qui a commencé le 20 janvier 2018, perpétré par les forces fascistes turques et leurs mercenaires.

Nous, citoyens de la ville d’Afrin, sommes entrés en résistance comme un moyen de dissuader l’occupation, où nous avons fait face à des avions de guerre et des attaques féroces, condamnant et dénonçant les attaques de l’Etat fasciste turc contre la ville pendant 58 jours et nous continuons à résister à Shehba

Nous appelons donc les organisations internationales de défense des droits humains et l’Union européenne à intervenir rapidement et à nous aider à réaliser nos revendications :

 . Retourner dans nos maisons et nos terres, parce qu’Afrin appartient à son peuple et rejette tout changement démographique.

. Retour au pays d’origine sous les auspices internationaux.

. Demander des comptes à tous ceux qui ont attaqué Afrin dont les mains ont été tachées du sang de nos martyrs et qui ont commis des massacres brutaux.

. Aider les réfugiés dans les camps à cause du manque de soutien humanitaire et de services.

. Accélérer la mise en place d’une solution pacifique et retirer l’occupant turque du territoire syrien, car son occupation entrave la solution.

Nous appelons les organisations de défense des droits humains à répondre rapidement à nos demandes. C’est pourquoi nous lancerons, au nom du Kongra Star Afrin, une campagne pour recueillir les signatures des habitants d’Afrin afin qu’ils retournent dans leur ville, la ville de la paix, en espérant une réponse rapide et une intervention (…) car nous avons le droit de vivre sur les terres d’Afrin selon les principes de fraternité des peuples et de coexistence pacifique, avec une solution à la crise syrienne ».

ANHA

 

Appel féministe : Rassemblement pour les prisonnier.e.s politiques en Turquie

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PARIS – Le Collectif National pour les Droits des Femmes et le Mouvement des Femmes Kurdes appellent à un rassemblement de masse ce mercredi 20 février en solidarités avec les prisonnier.e.s politiques kurdes en Turquie dans leur lutte pour la liberté, l’égalité et la démocratie.
 
Voici leur appel :
 
« IL Y A URGENCE ! POUR LES PRISONNIER.E.S POLITIQUES EN TURQUIE. LE REGIME D’ISOLEMENT EST UN CRIME, BRISONS LE
 
« Actuellement en Turquie, 260 prisonnier.e.s politiques, dont 50 femmes, sont en grève de la faim illimitée.
Une grève de la faim illimitée initiée le 8 novembre 2018 par Leyla GUVEN, la députée du parti Démocratique des peuples (HDP) dans la prison de Diyarbakir pour dénoncer le régime d’isolement arbitraire imposé à Abdullah Ocalan, leader du mouvement révolutionnaire kurde ainsi qu’à tous les prisonniers.e.s politiques.
L’isolement constitue un crime contre l’Humanité et s’oppose aux Conventions internationales des Droits Humains : Convention européenne des Droits de l’Homme (CEDH) que la Turquie à ratifiée en en 1954, Convention des Nations Unies contre la torture ratifiée en 1988.
 
Sous l’ombre de l’État d’urgence, plus de 20 000 prisonnier.e.s politiques, dont des co-présidents du HDP, des élues, 16 député.e.s, 93 maires, représentant.e.s de mouvements associatifs, journalistes exilé.e.s, féministes et activistes et environ 2800 enfants (entre 0 à 6 et 12 à 17 ans) sont incarcéré.e.s, souvent sans procès ou avec des parodies de procès.
 
Les femmes sont particulièrement ciblées par ce système répressif. Toutes les associations de femmes, maisons des femmes, agences de presse des femmes « JIN HA » et coopératives de femmes ont été fermées. Actuellement, plus de 9000 femmes sont en prison, dont 3502 détenues dans un état de santé grave. Cinquante sept détenues ont été assassinées dans des crimes classés comme étant des suicides.
 
Leyla Güven symbolise la résistance et le courage des femmes kurdes en quête de paix, d’égalité et de justice.
 
Nous devons briser le régime l’isolement et dénoncer le système fasciste contre les prisonnier.e.s politiques. Briser ce système est indispensable pour assurer la liberté, l’égalité et la démocratie en Turquie, mais également mettre fin au régime génocidaire d’Erdoğan au Kurdistan.
 
Le Collectif National pour les Droits des Femmes et le Mouvement des Femmes Kurdes appellent à un rassemblement de toutes et tous pour apporter notre soutien dans cette lutte sans merci pour la liberté, l’égalité et la démocratie, mercredi 20 février à partir de 17h30, place de la République à Paris. »
 
Femmes sans frontières
dimanche 17 février 2019
 
RDV le mercredi 20 février, à partir de 17h30

Place de la République

Photo de la députée HDP Ebru Günay encerclée le 14 février par des policiers turcs qui l’ont empêchée de rendre visite à Leyla Guven qui est en grève de la faim depuis 102 jours.

255 femmes tuées par des hommes en Turquie en 2018

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TURQUIE / FÉMINICIDE – Selon les données compilées par Bianet à partir des médias locaux, nationaux et Internet entre le 1er janvier et le 31 décembre 2018, les hommes ont tué au moins 255 femmes, 20 enfants dont trois bébés et 39 hommes qui étaient avec les femmes au moment des féminicides.

Des hommes ont violé 61 femmes, harcelé 188 femmes, forcé 516 femmes, dont des filles, à se prostituer. Les hommes ont abusé sexuellement de 347 filles et blessé au moins 380 femmes.

Au cours des cinq dernières années, les hommes ont tué 1 371 femmes et en ont blessé 2 075.

En plus de ces meurtres, les auteurs de 10 féminicides des années précédentes ont été identifiés.

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Les auteurs de 10 féminicides n’ont pas été identifiés ou n’ont pas été rapportés par la presse.

Au moins 40 femmes sont mortes ou se sont suicidées de façon suspecte. L’une d’elles était une transgenre : Adana (3), Ağrı (1), Ankara (2), Antalya (1), Bursa (3), Diyarbakır (1), Hatay (2), İstanbul (5), İzmir (5), Karaman (1), Manisa (1), Mersin (2), Muğla (2), Samsun (1), Tekirdağ (4), Urfa (3), Van (2), Zonguldak (1).

Des hommes ont tenté de tuer 18 femmes. Des hommes ont tenté d’enlever 16 femmes, dont certaines avec leurs enfants. Des hommes auraient enlevé les enfants pour se venger de leur mère.

FEMINICIDE

En 2018, les hommes ont tué au moins 255 femmes, 20 enfants dont trois bébés et 39 hommes qui étaient avec les femmes au moment des homicides.

Où les hommes ont-ils tué les femmes ?

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147 des 255 femmes ont été tuées chez elles ou chez leurs parents.

60 femmes ont été tuées dans des lieux publics tels que des parcs, devant des maisons, devant des palais de justice, des centres commerciaux. Dix femmes ont été tuées dans des voitures.

23 des femmes tuées étaient des réfugiées. Dix d’entre elles venaient de Syrie, deux d’Afghanistan, un du Kirghizistan, un d’Allemagne, un d’Azerbaïdjan, un du Turkménistan, un du Maroc, un d’Ouzbékistan, un du Kazakhstan. Les pays d’origine de quatre de ces femmes n’ont pu être identifiés.

Comment les hommes ont-ils tué des femmes ?

 

Plus de la moitié des femmes ont été tuées par balle. L’un des auteurs était en fait un prisonnier qui a commis le meurtre en mars à Ankara lorsqu’il a quitté temporairement la prison sur autorisation.

Des hommes ont tué 153 femmes avec des armes à feu comme des pistolets et des fusils, 76 femmes avec des objets tranchants comme des couteaux, etc. Les hommes ont étranglé 10 femmes avec leurs mains ou leur foulard.

Des hommes ont également torturé cinq femmes et battu à mort huit d’entre elles.

Quelles étaient les « excuses » des hommes pour tuer des femmes ?

Les hommes ont tué 76 femmes parce qu’elles « voulaient divorcer ou rompre » ou « rejetaient de les rencontrer ou de devenir leur amante » et en ont tué 25 par jalousie (« Elle ne répondait pas au téléphone » / « Je gagne plus que toi » / réseaux sociaux).

Des hommes ont tué au moins 7 femmes après des disputes dont les raisons étaient incertaines et 15 femmes pour d’autres excuses (viol, envie de sortir, désir de divorcer, résistance au viol, refus de préparer un repas, refus de donner de l’argent). Les excuses des hommes pour avoir tué 111 femmes n’ont pas été rapportées. Cinq des femmes tuées étaient mariées alors qu’elles étaient mineures.

MEURTRE D’ENFANTS

Des hommes ont tué 20 enfants pour blesser ou venger les femmes contre lesquelles ils ont recours à la violence. Au moins 3 des enfants tués étaient des tout-petits. Deux d’entre eux étaient syriens.

Les parents des huit enfants qui ont été tués étaient en instance de divorce. Sept pères en instance de divorce ont tué les enfants pour se « venger ».

Parmi les assassins des enfants, 13 étaient leur père, 2 étaient leur beau-père, 3 étaient les ex-petits amis de leur mère ou de leur sœur, un était leur voisin et un était le cousin du père de l’enfant.

Des hommes ont tué trois enfants avec des armes à feu comme des pistolets ou des fusils, quatre par étranglement et deux avec des couteaux.

Deux des mères des enfants tués ont porté plainte mais la police ne les a pas prises en considération.

L’ordonnance de protection de la mère de l’un des enfants tués a expiré. La mère demanda une nouvelle ordonnance de protection. L’ordonnance n’a été rendue que deux jours après le meurtre de l’enfant (février – province de Denizli).

VIOL

Au moins 61 cas de viol ont été couverts par les médias en 2018.

Dans quatre incidents, les auteurs ont également extorqué les femmes. 11 femmes ont été battues après le viol. Deux femmes ont été menacées de ne parler à personne du viol.

Une des femmes était handicapée mentale. Il a été établi qu’elle a été violée après qu’on a découvert qu’elle était enceinte de cinq mois et demi.

10 de ces femmes étaient des réfugiées : Syrie (2), Géorgie (1), Kazakhstan (1), Azerbaïdjan (1), Ghana (1), Royaume-Uni (1), Kirghizistan (2). Une femme a été signalée comme « ressortissante étrangère ».

10 femmes qui ont été agressées sexuellement par des hommes avaient des incapacités.

Parmi les auteurs, cinq étaient agents de sécurité et un était gynécologue.

Les femmes ne connaissaient pas 10 des hommes qui les ont violées. Il s’agissait des hommes qui se présentaient comme des agents de police ou des hommes qui entraient par effraction dans des maisons pour vol.

46 agresseurs connaissaient les femmes qu’ils violaient. Dans cinq des 61 cas, des femmes ont été violées par leur mari ou leur ex-petit ami. Dans cinq autres cas, l’auteur était soit le père, soit l’oncle des femmes qu’il a violées.

Dans trois cas, des femmes ont été violées par leurs voisins. Dans au moins huit cas, l’auteur était une personne à qui les femmes avaient demandé ses services, comme un gynécologue, un policier et un chauffeur de taxi.

18 femmes ont été violées dans des lieux publics tels que des hôtels, des zones montagneuses, des forêts, des cafés ou des lieux de travail. 36 ont été violées à la maison.

HARCÈLEMENT

En 2018, 188 femmes ont été harcelées par des hommes.

Les femmes ne connaissaient pas les 256 hommes qui les harcelaient. L’un d’eux était un responsable de l’immigration (février – province de Konya), deux étaient chauffeurs de bus (octobre – province de Manisa, mai – province de Zonguldak), un était serveur (septembre – İstanbul), un était un homme qui se présente comme livreur (août, province de Kocaeli).

Les femmes étaient harcelées par 12 hommes qu’elles connaissaient (ami, ex-petit ami, ex-mari). Une femme a été harcelée par un homme qu’elle a rencontré sur les réseaux sociaux (février). Un acteur figurait également parmi les auteurs de harcèlement (juin). Une femme a été harcelée par un parent (septembre) et une autre par son père (novembre).

Parmi ceux qui ont harcelé cinq femmes, deux étaient professeurs d’université, une était employée d’université et deux étaient enseignantes.

Huit femmes ont été harcelées par leurs aînés en milieu de travail, leurs employeurs, leurs collègues et leurs employeurs à domicile. Deux harceleurs étaient chefs de village.

Plus de la moitié des harcèlements étaient verbaux et physiques. 145 femmes ont été victimes de ce type de harcèlement.

13 femmes ont été harcelées par des exhibitionnistes et des voyeuristes. Les hommes harcelaient six femmes en s’immisçant dans leurs vêtements. Un harceleur a volé les sous-vêtements d’une femme (février).

MALTRAITANCE DES ENFANTS

Les hommes ont abusé sexuellement de 347 filles et 4 garçons en 2018. Le nombre d’auteurs signalés dans les médias était de 249.

Cinq filles sont tombées enceintes à la suite d’un viol.

Sept des filles avaient un handicap. Deux d’entre elles étaient syriennes. Un enfant a été forcé de se marier en mai. On a tenté de forcer une fille à se marier lors d’une cérémonie religieuse non officielle. En août, des familles de quatre filles ont essayé de les épouser.

Quatre filles ont été contraintes à la prostitution.

Qui sont les agresseurs des enfants ?

37 filles ont été agressées par des ex-petits amis, des employeurs et des gestionnaires. 23 filles ont été maltraitées par des employés de l’école (employée de cantine, femme de ménage). 18 filles ont été agressées par des directeurs d’école. 24 ont été agressées par des enseignants.

Six des enseignants harceleurs étaient des professeurs de religion. Les filles ont été agressées par 13 agresseurs qu’elles connaissaient dans un village ou un quartier. 17 pour cent des abus ont été perpétrés par des pères et des frères, 4 pour cent par des beaux-pères et des grands-pères. 12 auteurs étaient des parents de filles.

Trois filles ont été agressées par des personnes qu’elles ont rencontrées sur les médias sociaux. Deux ont été agressées par des médecins. Neuf auteurs étaient des connaissances de filles, 67 étaient des personnes qu’ils ne connaissaient pas.

Où les hommes maltraitaient-ils les enfants ?

12 cas d’agression d’enfants se sont produits à la maison, 22 dans ou autour des écoles et des autobus scolaires, 15 dans des lieux publics comme les parcs, les hôpitaux, les rues.

16 incidents ont été révélés par des familles, 17 par des enseignants. Un incident a été révélé par des caméras qu’une famille a installées dans une maison. Un autre incident a été révélé après qu’on eut appris que l’enfant était enceinte.

VIOLENCE- BLESSURES 

En 2018, 380 femmes ont été exposées à la violence des hommes. Au moins 23 d’entre eux ont été grièvement blessés.

120 femmes ont été victimes de violences de la part de leur mari ou des hommes qu’elles ont épousés lors d’une cérémonie religieuse non officielle, 35 par leur fiancé ou petit ami, 18 par leur famille (père, fils, frère) 14 par leurs proches. 29 femmes ont été victimes de violence de la part de leur ex-mari ou ex-petit ami.

42 femmes ont été victimes de violence de la part de diverses personnes, notamment des gouverneurs, des policiers, des entraîneurs sportifs, des artisans, des voisins, des étudiants voleurs, des coiffeurs et des patients.

PROSTITUTION FORCÉE

Les hommes ont forcé 516 femmes et filles à se prostituer.

Au moins 243 de ces femmes venaient de différents pays comme la Russie, la Moldavie, l’Ouganda, l’Ouzbékistan. L’une des femmes de Turquie qui a été forcée de se prostituer souffrait d’un handicap.

Les noms des femmes et des filles tuées :

Janvier 2018 : Ceyda Aycan, Elham Atıfı, Fatma B., Fatma Khillo, Gülhan Güler, Halime Sadad, Hüsnü Sarıkaya, Neslihan Kaya, Selva Hidir, Semiye Beyoğlu, Serpil K., Zeynep Fedakar, Media Akdağ.

Février 2018 : Asiye Kılıçer, Ayşe Başaran, Ayşe Başaran, Ayşe Şahin, Bedia B., Behria Aljalmound, Cansu Özdağ, Ebru Çetinkaya, Fadime Korkmaz, Gamze Kuru, Ganime Varsak, Gizem Eşit, Hatice Koç, Hatice Y., Hürü Temiz, Leyla Karal, Melek Ketman, Melike Çetinkaya, Nisrin Kirdi, Sefika Sever, Serpil Halat, Zuhal Kırlangıç

Mars 2018 : Aynur K., Cennet Esen, Filiz Bolkan, Gül Gülizar Ayalp, İlknur Ç., Kristina, Kübra Fırat, Lale Yanık, Muradiye Bektaş, Müzeyyen Laçin, Yryskul Zheenbek Kyzy.

Avril 2018 : Betül Altıntaş, Deniz Arinç, Derya Çolak, Elif Tul, Esen Dülger, Hanife Bicil, Kübra Nur Yılmaz, Öznur D., Rezzan Gündoğan, Rona Güllü, Serpil Ertekin, Sevil Bektaş, Sevil Şenur, Sevinç A., Şenur Topdemir, Türkay İsayova, Vicdan Özetçi, Zübeyda Kamay.

Mai 2018 : Ayşe Karahan, Aytekin Muzmun, Çiğdem Alpaslan, Derya Kuru, Gonca Aksakal, Gülhizar Ersöz, Hanife Akdişli, Havva Sakin, Hülya Büyükkkaplan, İmran Kandemir, İpek Yılmazcan, Kıymet Özkan, Mühibe E.., Nazihe Temel, Nezihe Uçar, Nilay Güngör, Nurhan Doğan, Pınar Çelik, Rümeysa Sakin, Satı Fındık, Seher Çetindaş, Selver Kaya, Sezen Alkan, Suna Doğru, Şule Çet.

Juin 2018 : Ayşe Aruk, Dima Ashalem, Döne Aksu, Elif Kaya Yavuz, Emine Selim, Esra K., Fadime Y.., Fatma Fağırci, Fatma Gülistan, Gülsüm Köse, Gülşen Yakar, Heyran Hüseyinova, Melek Sarkarbalkanıgeçen, Meryem Aydoğdu, Müge Çoban, Neşe Üçücü, Nur Ş., Nurşen E., Oya Öztürk, Özgül Uçelik, Rafiye Ata, Sevgi Aslan, Sevilay Aka.

Juillet 2018 : Aysel Kurt, Ayşegül Çelik, Emine Karakılıç, Fehime Küçük, Filiz Yahya, Gülşen Narşap, Güneş Karaçuban, Hatice Uzun, Kader Key, Karin Ellen Hitzel, N.Ö., Saibe Yükselir, Simge Süreyya Can, Şükran A., Ümmü Akbaş, Z.İ, Zemzemzem Selver, Zübeyde Demirbozan, Zümrethen Kutluay

Août 2018 : Ayşegül Güneştaş, Bahar Saluğu, Belma Yavuz, Cahide İnan, Elif E., Esra Ateş, Gülşen Eken Bulut, Hasret Soylu, Huluud Hemdos, Işıl Kaya, Kübra Oğur, Melak Akta, Mine İ., Nazıra Bajanova, Nuriye Yasak, Sarıgül Hamarat, Sevgi Arslan, Sevim Taşdemir, Türkan Güneştaş, Veslie Kaya.

Septembre 2018 : Aynur Gedik, Bedriye Kargı, Birsen Ş., Elif Parlakyıldız, Emine Orki, Esma Aksakal, Fulya Arpat, Gönül Demir, Güneş Çağraş, Hanım İzollu, İmane Marras, Jale Çağlar, Makbule Kocaman, Nuray Çil, Nurten Avat, Pakize Kurt, Sezen Aslanbaba, Suna Özbey, Şengül Sezgince, Tuğba Yıldırım, Zehra Kaya, Zekiye Keleş

Octobre 2018 : Ayşe Özcan, Cemile Kızıltaş, Dilek Marabi, Elmas Demir, F.Ş, Fatma Güraslan, Hamide Çavdar, Havva Çay, İkram D., Khomedova Mekhriboni, Media Hasan, Meryem Karaca, N.Ç, Özlem Meşeli, Özlem Uçar, Şevval Sürgürgün, Şeyda Ayyıldız, Turna Gül Çuntar, Ümmühan Taşpınar, Ziynet Terzi.

Novembre 2018 : Cemile E., Cemile Kılavur, Emine A., Emine Çakır, Emine D., F.G, Günay Torun, Hanife Babayiğit, Hatice Korkmaz, Merve Özcan, Nailli Nutfilliana, Pakize Çiftçi, Rahime Gencer, Samiye Ö., Sedef Şen, Sezen Serpil, Sibel Akpınar, Songül Güleçyüz, Vildan Nerede, Zahide Oğuz, Zynet Terzi.

Décembre 2018 : Aynur Top, Emine Topluca, Esmel El H., Fatma K., Feride Kaya, Gizem Danış, Gülüstan A., Gülseren K., Hediye İnanç, Hürü Ergi, Mehtap Er, Mekiye Kaya, Meral T.., Meral Uzda, Merve Özcan, Muazzez Kınay, Nefise Dolapçı, Nesrin Cengiz, Nilüfer Danış, Pınar Çoban, Robin Yetiş, Rojda Bulga, Sadiye Andıç, Seda Ulu, Serpil Yıldız, Sevda Çopur, Sevgi Völler, Simge Yıldız, Şerife Boztepe, Zuhal Kayaalp.

 

MEURTRES DE TRANS EN 2018

Quatre meurtres trans ont été commis en 2018. Les noms des transgenres tués étaient Simge, Begüm, Esra, Kristina.

À cause de la haine homophobe, les hommes ont tué deux hommes qu’ils croyaient gais.

Une femme transsexuelle a été retrouvée morte chez elle. Deux femmes transgenres se seraient suicidées.

A.K. (27 ans) d’Iran a tué Kristina, une travailleuse du sexe d’Azerbaïdjan.

Nefes, une femme transsexuelle, a été retrouvée morte chez elle à Ankara.

Deux femmes transgenres de İzmir et İstanbul se seraient suicidées. Les deux femmes étaient menacées par leur famille.

Cinq femmes transgenres ont été victimes de violence à Adana, Ankara, Samsun et İstanbul Quatre des auteurs étaient des hommes que les femmes ne connaissent pas, l’un d’eux était un policier. Seul le suspect du meurtre a été arrêté.

N.B.C. a attaqué sa voisine trans K.A. avec une batte, en disant, « Je ne veux pas de travestissements dans ce bâtiment. » L’homme aurait attaqué K.A. parce qu’elle gardait un chat dans la cour de l’immeuble. N.B.C. a tiré sur K.A. et son ami M.D. M.D. a été blessé.

Dans la province de Samsun, M.S. a tué par balle sa petite amie transsexuelle Simge (24 ans). M.S. s’est enfui après le meurtre mais a fini par se faire prendre.

A Ankara, un homme a battu sa petite amie transsexuelle E. parce qu’elle voulait rompre. Elle a déposé une plainte avec un rapport médical indiquant qu’elle avait été battue. L’homme a ensuite été placé en détention à la suite de la plainte, mais il a été libéré après avoir témoigné.

Sur İstanbul, la travailleuse du sexe transsexuelle Esra Ateş a été tuée devant sa maison par son client. L’homme a tranché la gorge de la femme.

A Kocaeli, deux hommes et une femme ont pris E.K., A.K. et M.Ç en otage sous la menace d’une arme. Les auteurs ont battu les femmes et ont volé l’argent et les objets de valeur. Les femmes et les agresseurs se connaissaient déjà.

Dans Iğdır, T.R. (23 ans) a violé Şefika Sezer (74 ans) chez elle et poignardé à mort. Il a volé l’argent et le téléphone portable de la femme. 

Bianet

La joie des femmes yézidies libérées de Daesh

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Dès qu’ils atteignent les zones des Forces démocratiques syriennes (FDS) et des unités de défense du peuple et des femmes (YPG/YPJ), les Yézidis respirent la liberté comme s’ils étaient revenus à la vie, formant un cercle de joie et de plaisir rempli de sentiments de bonheur.

Le Moyen-Orient est le centre de la civilisation dans le monde, et le Kurdistan est la région la plus riche de cette vaste géographie. Il a été constamment ciblé tout au long de son histoire. La dernière de ces attaques brutales a eu lieu le 3 août 2014, lorsque les terroristes de Daesh ont attaqué les Yézidis à Shengal.

Sans distinction entre enfants ou adultes, hommes ou femmes, les mercenaires ont massacré les Yézidis et les ont exterminés créant une blessure profonde au cœur qui ne guérit pas.

En plus de ces massacres, des milliers de femmes et d’enfants yézidis ont été kidnappés et, à ce jour, beaucoup ont été libérés dans toutes les zones qui échappent au contrôle de Daesh. Depuis des mois, les Forces démocratiques syriennes (FDS), les YPG et les YPJ mènent leur campagne contre le dernier terrain contrôlé par les terroristes, dans le cadre de la campagne « Tempête de Jazeera » de sa phase finale, la « bataille pour vaincre le terrorisme ».

L’opération se poursuit avec la libération quotidienne de centaines de civils de l’organisation terroriste.

Alors que nous nous déplaçons dans le couloir où les civils ont fui Daesh vers le territoire des FDS, nous avons vu des moments émouvants qu’il est impossible d’oublier.

Parmi les civils qui ont été libérés récemment dans les dernières poches de Daesh, se trouvent des femmes et des enfants yézidis enlevés à Shengal en 2014. Ces femmes et ces enfants, à leur arrivée dans les zones où sont présentes les Forces démocratiques syriennes et les YPG/YPJ, ont été heureux d’être sauvés de la terreur, de retrouver la vie.

Le bonheur sur leurs visages exprime tout. Comme la joie et le plaisir qui se dessine sur le visage d’un enfant lorsqu’il voit sa mère après de nombreuses années de séparation. Leur sentiment de proximité avec leur patrie a montré leur enthousiasme et leur plaisir indescriptible.

« Nous sommes si heureuses d’être sauvées de Daesh et d’atteindre les combattants de la liberté », ont répété les femmes yézidies à plusieurs reprises. « Nous n’oublierons jamais ceux qui ont sacrifié leur vie pour nous libérer des griffes de Daesh ».

Les combattants des FDS ont évacué les civils libérés vers des zones sûres afin qu’ils puissent être ramenés chez eux en toute sécurité :  « Nous lutterons partout contre le terrorisme pour libérer le dernier enfant et la dernière femme des mains de Daesh », ont rassuré les femmes yézidies.

https://anfenglishmobile.com/rojava-northern-syria/the-joy-of-yazidi-women-after-their-liberation-from-isis-32987

 

AFRIN : La Turquie enregistre les Kurdes autochtones comme des réfugiés

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SYRIE, AFRIN – Dans le canton d’Afrin, la Turquie impose des cartes d’identité turques aux Kurdes autochtones qu’elle enregistre comme des réfugiés.
 
L’armée d’occupation turque pratique ses violations contre les habitants du canton d’Afrin depuis le premier jour de l’occupation.
 
Des informations obtenues par les correspondants de l’ANHA des districts de Rajo et de Shera sous occupation turque indiquent que l’armée turque et ses mercenaires ont délivré des cartes d’identité turques différentes des cartes d’identité délivrées à Jarablus et Azaz.
 
La source a confirmé que l’armée turque cherchait à imposer des cartes d’identités similaires à celles en Turquie aux résidents autochtones d’Afrin afin de constituer une base de données de la population locale.
 
La carte contient un code de sécurité permettant de collecter toutes les informations en la reliant à la base de données du service central des renseignements turcs afin d’accroître la pression sur la population, d’entraver ses mouvements et d’enrôler les jeunes de 18 ans révolus dans le cadre de la politique complémentaire de la Turquie en matière d’occupation, de déplacement et du changement démographique graduel.
 
Selon des rumeurs, après l’octroi des cartes à toutes les personnes autochtones et déplacées, des élections seront organisées, auxquelles participeront les 70% des personnes déplacées pour recevoir tous les conseils locaux et rendre des décisions sur la propriété des maisons des propriétaires absents et les personnes déplacées de force.
 
Selon les sources, l’armée d’occupation turque enregistre les résidents kurdes d’Afrin en tant que réfugiés.
 

Il est temps de la paix dans le conflit kurde en Turquie, 20 ans après la capture d’Ocalan

« Vingt ans après que les Etats-Unis aient contribué à l’escalade de la guerre turque contre les Kurdes, ils ont une chance sans précédent de contribuer à y mettre fin et de prendre position du bon côté de l’histoire. »
 
Il y a vingt ans aujourd’hui, la Turquie annonçait que le chef rebelle kurde Abdullah Öcalan avait été capturé au Kenya et ramené en Turquie. Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), l’organisation qu’il dirigeait, combattait le gouvernement turc depuis 15 ans, cherchant la libération nationale de la minorité kurde de Turquie. Lorsque le PKK a été créé, il était illégal en Turquie de donner un nom kurde à un enfant, de célébrer les fêtes kurdes ou de parler kurde en public. Alors que les Kurdes d’Irak ont obtenu le soutien de la communauté internationale dans leur lutte contre la dictature brutale de Saddam Hussein, la situation stratégique de la Turquie et son adhésion à l’OTAN ont fait que leur lutte contre les mêmes conditions de l’autre côté de la frontière entre Sykes et Picot a été criminalisée au plan international.
 
Les États-Unis ont d’abord nié toute participation à la capture d’Öcalan. Les rapports ultérieurs ont prouvé le contraire : selon un responsable de l’administration Clinton cité dans le New York Times, les États-Unis avaient travaillé pour « déterminer où il était, où il allait et comment nous pourrions le traduire en justice ».
 
Par un simulacre de procès, Öcalan a été jugé pour trahison et condamné à mort, peine qui a été commuée en prison à vie lorsque la Turquie a aboli la peine de mort dans le cadre de ses efforts pour rejoindre l’Union européenne. Depuis 20 ans, il est détenu sur l’île de la prison İmralı, entouré de centaines de gardes armés et interdit même des droits fondamentaux que la loi turque accorde aux prisonniers.
 
Pendant la majeure partie de cette période, les États-Unis n’avaient guère de raisons de s’inquiéter du mouvement kurde turc. La politique américaine à l’égard des Kurdes a continué de s’intéresser à des groupes en Irak qui avaient peu d’affinités avec la lutte de leurs frères et sœurs en Turquie, jusqu’à ce que la guerre contre l’État islamique (DAESH) amène les États-Unis à former une alliance avec les unités de protection du peuple kurde syrien (YPG), qui, bien que politiquement et militairement distinctes, prennent leur source idéologique dans les écrits d’Öcalan.
 
Cette alliance a conduit à la libération de 30 % du territoire syrien, y compris l’ancienne capitale de DAESH, Raqqa. À l’heure actuelle, les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les YPG ont acculé le groupe terroriste, qui contrôlait autrefois une région de la taille de la Grande-Bretagne, dans une zone plus petite que la taille de Kobanê, dans le nord de la Syrie, que les YPG / YPJ tenaient en 2014, lorsque leurs chances étaient les plus mauvaises.
 
La nouvelle de la défaite territoriale finale de DAECH pourrait arriver à tout moment, mais le soutien turc aux islamistes syriens et l’animosité envers les FDS menacent d’ouvrir un nouveau chapitre sanglant et déstabilisant dans le conflit syrien.
 
L’annonce du retrait du personnel américain du nord-est de la Syrie par le président américain Donald Trump et les menaces ultérieures du président turc Recep Tayyip Erdoğan contre la région ont laissé les décideurs politiques en quête d’une solution qui assurera une stabilité et une sécurité durables.
 
Une telle solution devra répondre à une préoccupation qui a été balayée sous le tapis pendant des années – le lien entre l’agression de Erdoğan en Syrie et le conflit à l’intérieur des frontières de la Turquie. L’appel à la paix en Turquie aurait un effet positif sur les perspectives de paix et de stabilité durables dans la région, même après le retour des troupes américaines.
 
Cette demande est juste, légitime et conforme aux intérêts des États-Unis. Le PKK n’est plus la même organisation qu’en 1999. Elle ne cherche plus à établir un État-nation kurde, mais appelle plutôt à l’autonomie kurde en Turquie et reconnaît la nécessité pour tous les peuples de vivre ensemble dans la liberté mutuelle, un concept connu sous le nom de « nation démocratique ».
 
Elle a prouvé sa volonté de s’asseoir et de discuter d’une solution pacifique à ce conflit qui dure depuis près de 40 ans. Les idées qu’Öcalan a écrites depuis sa cellule de prison – libération des femmes, démocratie directe, protection de l’environnement – ont stabilisé et démocratisé le nord-est de la Syrie au beau milieu de huit années de guerre brutale.
 
La Turquie, aussi, est un endroit très différent. Les dernières années du règne de Erdoğan ont plongé le pays dans l’autocratie. Les gens font la queue pour obtenir des denrées alimentaires de base subventionnées par l’État en raison d’une mauvaise gestion économique, un problème auquel Erdoğan a répondu en demandant aux citoyens affamés s’ils comprenaient le coût de ses guerres.
 
Neuf parlementaires élus du Parti démocratique des peuples (HDP), pro-kurde, sont en prison, accusés de terrorisme pour des discours et déclarations de routine. Des milliers de journalistes, d’universitaires, de militants et de dissidents ont été emprisonnés ou forcés de fuir le pays, et les opérations militaires dans le sud-est de la Turquie qui ont rasé les villes kurdes ont provoqué le déplacement interne de dizaines de milliers de personnes.
 
Dans ce climat, il est facile d’oublier qu’il y a seulement six ans, Erdoğan a pris la décision courageuse de devenir le premier dirigeant turc à entamer des pourparlers avec le PKK. Ce processus a été soutenu par 81 % de l’opinion publique turque – Turcs et Kurdes. Avant son échec, les discussions sur la démocratisation, le développement économique et la possibilité d’un nouvel avenir étaient animées des deux côtés. La Turquie a même coopéré avec ses ennemis kurdes syriens jurés, en s’engageant dans la diplomatie et même dans des opérations militaires conjointes, ce qui est certainement préférable aux menaces et aux affrontements qui ont lieu aujourd’hui.
 
Nous savons que les pressions exercées par les États-Unis permettent de contrôler les impulsions les plus dangereuses de Erdoğan, et qu’elles pourraient bien l’encourager à revenir à la table des négociations. Les États-Unis pourraient facilement jouer le rôle qu’ils ont joué dans les négociations de la Yougoslavie à l’Irlande du Nord, en tenant toutes les parties concernées responsables de leurs actes, de leurs promesses et de leurs objectifs. Il y aurait pire point de départ qu’un appel américain clair à la libération de tous les prisonniers politiques, y compris Öcalan, à un cessez-le-feu en Turquie et à un moratoire sur l’intervention turque en Syrie.
 
Vingt ans après que les Etats-Unis aient contribué à l’escalade de la guerre turque contre les Kurdes, ils ont une chance sans précédent de contribuer à y mettre fin et de prendre position du bon côté de l’histoire.
 
2019-02-15

Des ONG allemandes de défense des droits humains : Le CPT doit aller d’urgence à Imralı

D’éminentes organisations allemandes de défense des droits humains ont appelé le gouvernement fédéral à faire pression sur le régime turc pour mettre fin à l’isolement d’Ocalan.

ALLEMAGNE – COLOGNE – Quatre éminentes organisations œuvrant pour les droits humains et la paix en Allemagne ont publié une déclaration commune à l’intention du gouvernement fédéral, dirigé par Angela Merkel. La déclaration intitulée « Appel urgent au gouvernement fédéral » demande à l’Allemagne de prendre des mesures pour prévenir les décès, protéger la vie humaine et rétablir la paix.

La déclaration a été publiée par la représentante des Physiciens internationaux pour la prévention de la guerre nucléaire (IPPNW) en Turquie, le Dr Gisela Penteker, Comité Dialog-Kreis pour les droits fondamentaux et la démocratie et le réseau coopératif pour la paix.

La déclaration souligne que la Turquie est un pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne, ainsi qu’un membre actuel du Conseil de l’Europe et de l’OTAN, « mais le régime Erdogan sort de plus en plus du cadre de l’Etat de droit. Le Parlement, le gouvernement et le pouvoir judiciaire en Turquie ont été entièrement placés sous le contrôle d’Erdogan. Les droits à la liberté de la presse, à la liberté d’expression et au droit de manifester ont pratiquement disparu. »

« LE GOUVERNEMENT TURC A LANCÉ UN GÉNOCIDE CONTRE LE PEUPLE KURDE »

La déclaration souligne que les prisons turques sont pleines à craquer de politiciens, de journalistes, d’intellectuels et de scientifiques, et elle se poursuit : « Lorsque le processus de paix avec le PKK a pris fin en 2015, un génocide a été lancé contre le peuple kurde à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Afrin a été envahie et l’Etat turc veut envahir d’autres régions kurdes en Syrie. Le Kurdistan irakien est bombardé tous les jours par des avions de guerre turcs. »

Les organisations allemandes de défense des droits humains ont déclaré que les politiques agressives du régime Erdogan menacent également la stabilité et la sécurité en Europe et ont appelé le gouvernement fédéral à prendre des mesures immédiates pour mettre fin à ces politiques agressives.

La déclaration énumère en 5 points les revendications des organisations de défense des droits de l’homme de l’administration berlinoise :

  • Ne pas ignorer que la guerre de la Turquie contre le peuple kurde en Irak et en Syrie constitue une violation des traités internationaux.
  • Lancer une initiative internationale avec les autres Etats membres de l’Union européenne pour trouver une solution à la question kurde.
  • Cesser le  soutien au crédit Hermes pour les entreprises allemandes en Turquie et les exportations d’armes vers la Turquie
  • Exiger des forces turques qu’elles quittent Afrin et prise de position de l’État allemand contre de nouvelles attaques contre le territoire kurde en Syrie.
  • S’opposer aux pratiques antidémocratiques du régime Erdogan qui violent les droits humains.

« LE CPT DOIT ALLER À IMRALI DE TOUTE URGENCE »

Le communiqué souligne que le leader du peuple kurde Abdullah Ocalan a été enlevé au Kenya vers la Turquie il y a 20 ans et vit depuis lors en isolement dans la prison de l’île d’Imrali, qu’Ocalan et trois autres prisonniers n’ont pas vu leurs avocats ou leur famille depuis 4 ans. Le communiqué mentionne également la grève de la faim de la députée du HDP Leyla Guven, qui réclame la fin de l’isolement d’Imrali depuis le 8 novembre.

Le communiqué appelle le gouvernement allemand et les institutions européennes à « d’agir d’urgence et d’user de son influence sur Erdogan pour prévenir la mort dans ces actions, pour mettre fin à l’isolement et pour faire respecter les droits humains des prisonniers. » : 

« De nombreux politiciens et militants ont entamé des grèves de la faim après Guven. Cette protestation devient de plus en plus critique chaque jour qui passe et les manifestants perdent de plus en plus leur santé. Nous demandons au gouvernement fédéral d’agir d’urgence et d’user de son influence sur Erdogan pour prévenir la mort dans ces actions, pour mettre fin à l’isolement et pour faire respecter les droits humains des prisonniers.

Nous demandons également au Gouvernement fédéral d’exhorter le Conseil de l’Europe et le Comité pour la prévention de la torture (CPT) à visiter la prison d’Imrali. Nous attendons de l’Union européenne qu’elle entame des pourparlers avec la Turquie sur cette question également. Les membres de la Commission des affaires étrangères du Parlement fédéral devraient également rendre visite à Leyla Guven, qui poursuit sa grève de la faim. »

ANF

 

Solidarité avec les femmes kurdes

41 femmes parlementaires se mobilisent pour soutenir les Kurdes
 
 
Il est intolérable de voir les pays occidentaux détourner les yeux de ce qui arrive aux Kurdes en Syrie. Alors que leurs luttes contre Daesh, à laquelle les femmes ont pris toute leur part, avaient été décisives, la communauté internationale a laissé l’armée turque d’Erdogan conquérir Afrin.
 
Au Rojava, malgré les conditions effroyables dues à la guerre, femmes kurdes, arabes et de toutes les ethnies vivent ensemble et essaient de s’organiser dans un système démocratique, féministe et écologique. Elles luttent pour construire la paix dans un dialogue permanent avec les populations. Ainsi, Leila Mustapha, jeune maire de Raqqa, ville martyre, reprise aux mains de Daesch après 3 ans d’occupation. Leur lutte est un exemple de libération des femmes qui ébranle l’idée d’un Etat au service du nationalisme et des extrémismes religieux.
 
L’agression de la Turquie contre le peuple kurde vise donc aussi la révolution des femmes qui refusent de se soumettre au patriarcat, à la violence d’Etat et ont le courage de revendiquer une société de liberté pour elles-mêmes et donc pour tous. Le président turc ne peut supporter une telle indépendance. Il craint une contamination au Moyen-Orient.
 
Tous les moyens sont bons pour écraser la résistance kurde, des milliers de prisonnières et prisonniers croupissent en prison. Elles et ils vivent des conditions de détention épouvantables (sévices, humiliations, isolement…). Remise en liberté conditionnelle, Leyla Güven poursuit sa grève de la faim afin de briser le mur du silence, « pour la démocratie, les droits humains et une justice équitable. » Plus de 259 prisonnières et prisonniers politiques sont en grève de la faim illimitée pour rompre le régime d’isolement arbitraire qui leur est infligé ainsi qu’à leur leader Mr. Abdullah Öcalan.
 
Nous femmes parlementaires de toutes sensibilités politiques, appelons à soutenir les femmes kurdes, dans le double combat pour un projet de société émancipateur qu’elles mènent contre l’offensive de la Turquie et de Daesh.
 
Nous demandons au Président Erdogan la libération des prisonnières et prisonniers politiques kurdes.
 
Nous invitons la France à saisir le Conseil de sécurité de l’ONU pour que les Kurdes de Syrie soient placés sous protection internationale et bénéficient de leur droit à l’autodétermination, afin d’aboutir à une solution politique susceptible de construire une paix durable dans la région.
 
Premières Signataires :
 
Laurence Cohen, Sénatrice PCF du Val-de-Marne
Cathy Apourceau-Poly, Sénatrice PCF du Pas-de-Calais
Eliane Assassi, Sénatrice PCF de Seine-Saint-Denis
Clémentine Autain, Députée FI de Seine-Saint-Denis
Esther Benbassa, Sénatrice EELV de Paris
Annick Billon, Sénatrice UC de Vendée
Maryvonne Blondin, Sénatrice PS du Finistère
Céline Boulay-Espéronnier, Sénatrice LR de Paris
Marie-Thérèse Bruguière, Sénatrice LR de l’Hérault
Céline Brulin, Sénatrice PCF de Seine-Maritime
Marie-George Buffet, Députée PCF de Seine-Saint-Denis
Cécile Cukierman, Sénatrice PCF de la Loire
Laure Darcos, Sénatrice LR de l’Essonne
Nathalie Delattre, Sénatrice RDSE de Gironde
Sonia De la Provoté, Sénatrice UC du Calvados
Catherine Deroche, Sénatrice LR de Maine et Loire
Elisabeth Doineau, Sénatrice UC de Mayenne
Nicole Duranton, Sénatrice LR de l’Eure
Frédérique Espagnac, Sénatrice PS des Pyrénées-Atlantiques
Elsa Faucillon, Députée PCF des Hauts-de-Seine
Corinne Féret, Sénatrice PS du Calvados
Caroline Fiat, Députée FI de Meurthe et Moselle
Martine Filleul, Sénatrice PS du Nord
Michelle Gréaume, Sénatrice PCF du Nord
Jocelyne Guidez, Sénatrice UC de l’Essonne
Corinne Imbert, Sénatrice LR de Seine-Maritime
Victoire Jasmin, Sénatrice PS de Guadeloupe
Mireille Jouve, Sénatrice RDSE des Bouches-du-Rhône
Françoise Laborde, Sénatrice RDSE de Haute-Garonne
Marie-Noelle Lienemann, Sénatrice Gauche Républicaine et Socialiste de Paris
Monique Lubin, Sénatrice PS des Landes
Michelle Meunier, Sénatrice PS de Loire-Atlantique
Marie-Pierre Monier, Sénatrice PS de la Drôme
Mathilde Panot, Députée FI du Val-de-Marne
Christine Prunaud, Sénatrice PCF des Côtes d’Armor
Sylvie Robert, Sénatrice PS d’Ille-et-Vilaine
Laurence Rossignol, Sénatrice PS de l’Oise
Sabine Rubin, Députée FI de Seine-Saint-Denis
Sophié Taillé Polian, Sénatrice apparentée PS du Val-de-Marne
Sabine Van Heghe, Sénatrice PS du Pas-de-Calais
Michèle Vullien, Sénatrice UC du Rhône

20 ans de lutte sur une île prison : L’émergence d’une alternative pour les opprimés

La route imprévue
Il y a vingt ans, le 15 février 1999, le monde était choqué par l’enlèvement du dirigeant kurde Abdullah Öcalan à Nairobi, au Kenya, dans le cadre d’une action conjointe de plusieurs agences occidentales de renseignement. Alors que les Kurdes du monde entier se soulevaient en signe de protestation, Öcalan a été remis à la Turquie, soumis à un simulacre de procès et condamné à mort. Depuis lors, il a été maintenu en isolement par un régime qui veut l’anéantir physiquement et psychologiquement. Aujourd’hui, à la veille du vingtième anniversaire de ces événements, nous regardons en arrière, mais aussi vers l’avenir.
 
Au cours de l’été 1998, Abdullah Öcalan, chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a intensifié ses efforts pour trouver une solution politique à la question kurde en Turquie. Il a déclaré un cessez-le-feu unilatéral et souligné que le mouvement était prêt à un règlement pacifique. La Turquie a réagi en aggravant la situation. Avec le soutien des Etats-Unis, la Turquie a menacé d’envahir la Syrie où Öcalan résidait à l’époque. Le dirigeant kurde a décidé de se rendre en Europe pour obtenir un soutien international en faveur d’une solution politique.
 
Cela ne s’est pas produit. Les États membres de l’OTAN et même la Russie d’Eltsine étaient indivisibles sur le front – pour la paix et une solution politique. Aucun Etat européen n’était disposé à faciliter des pourparlers politiques, ni même à envisager l’asile politique pour Öcalan.
 
Vingt ans plus tard, nous sommes tous plus sages. La Turquie a en effet envahi la Syrie. Ce qui restait de l’ordre politique moyen-oriental est en lambeaux. L’acte scandaleux d’enlèvement d’Öcalan en violation du droit international n’était pas une faveur à la Turquie, mais plutôt le début d’une nouvelle série d’interventions. La Turquie n’a résolu aucun de ses problèmes, mais a plutôt été transformée en une dictature agressive, employant une violence énorme au niveau national et international.
 
L’Initiative internationale « Liberté pour Abdullah Öcalan-Paix au Kurdistan », fondée quelques semaines seulement après son enlèvement, souligne depuis le début que la liberté d’Öcalan est absolument cruciale pour un règlement pacifique et politique de la question kurde. L’évolution nous a donné raison : plus longtemps l’isolement total d’Öcalan est imposé – il est à l’isolement, privé de visiteurs et totalement coupé du reste du monde depuis quatre ans maintenant – plus les politiques militaristes de l’Etat turc se dégradent. Plus il est capable de s’exprimer, plus les tensions diminuent, plus les cessez-le-feu sont inscrits à l’ordre du jour et plus la situation générale en Turquie s’améliore pour tous.
 
* * *
Depuis l’enlèvement d’Öcalan environs, le monde est confronté à la soi-disant « guerre contre la terreur ». Cette guerre est « globale » mais indéniablement centrée sur le Moyen-Orient. Plutôt que d’instaurer un Moyen-Orient plus sûr et plus pacifique, la guerre contre le terrorisme a entraîné la prolifération de la violence, les hommes, les femmes et les enfants de nombreux peuples et de nombreux endroits étant victimes du terrorisme d’État, du terrorisme religieux et du terrorisme nationaliste – souvent un seul et même phénomène. Au milieu de tout cela se trouvent le peuple kurde et ses voisins.
 
Öcalan, révolutionnaire et homme politique clairvoyant pendant trois décennies avant son enlèvement, avait prévu beaucoup de ces développements. En prison, il a beaucoup écrit sur la nécessité de développer un nouveau paradigme basé sur la démocratie, la liberté des femmes et l’auto-organisation autonome pour sortir de l’impasse dans laquelle l’accent étroit mis sur l’État, le pouvoir et la violence a conduit de nombreux mouvements de libération.
 
Grâce à ces idées et à de nouveaux concepts comme le confédéralisme démocratique, le mouvement de libération kurde et ses amis et alliés ont refusé de redevenir des victimes. Au lieu de cela, ils ont émergé avec leurs propres idées progressistes et leurs propres formes organisationnelles, devenant une lueur d’espoir dans une région par ailleurs très troublée. Öcalan, malgré tous les efforts déployés pour limiter son influence, est devenu non seulement l’homme politique kurde le plus influent, mais aussi un symbole d’espoir pour tous les peuples opprimés et pour les femmes de la région. Comme l’écrivait récemment le célèbre théoricien politique Antonio Negri, « Öcalan est un prisonnier qui devient mythique, comme Mandela au XXe siècle, donc lui au XXIe siècle. Il exprime une série de concepts qui, au XXIe siècle, deviennent de plus en plus les pierres angulaires de la construction politique d’un monde nouveau. »
 
Le bilan après 20 ans est mitigé. D’une part, Öcalan est plus influent que jamais, reconnu comme une voix de paix et le porte-parole légitime de son peuple. D’autre part, nous n’avons pas encore réussi à mener à bien la lutte pour sa liberté. Pire encore, à l’occasion du 20e anniversaire de la conspiration internationale visant à l’enlever et à le livrer à la Turquie, son isolement est plus intense qu’il y a seulement deux ans. La lutte contre ces atrocités se poursuit avec toute la force nécessaire. À l’heure actuelle, la députée kurde Leyla Güven et des centaines d’autres sont en grève de la faim pour mettre fin à l’isolement d’Öcalan, afin qu’il puisse à nouveau faire entendre la voix de la paix.
 
Nelson Mandela a été libéré de prison après 27 ans de captivité, à 72 ans. A l’occasion du 20ème anniversaire de l’enlèvement d’Öcalan et à l’approche de son 70ème anniversaire, nous sommes déterminés à ne pas attendre si longtemps. Rejoignez-nous dans notre lutte pour la paix et la liberté pour Öcalan. Abdullah Öcalan doit être libéré immédiatement.
 
 

Leyla Guven : Tant que je ne lâche pas, mon corps ne lâchera pas

TURQUIE / BAKUR – AMED – Leyla Guven a déclaré : « Tant que je ne lâche pas, mon corps ne lâchera pas. Ce qui peut me tuer, ce sont ceux qui restent silencieux face à cette action. »
 
La coprésidente du Congrès de la société démocratique (DTK) et députée du Parti démocratique des peuples (HDP), Leyla Guven, entame aujourd’hui sa 100e journée de grève de la faim contre l’isolement.
 
La marche depuis 15 villes dont le slogan est « Le 100ème jour pour Leyla, pour briser l’isolement » continue de faire face à des barricades et à des attaques de la part de la police turque.
 
« Je ne vais pas lâcher ! »
 
Leyla Guven a parlé à JinNews par l’intermédiaire de sa fille Sabiha Temizkan et a déclaré :
 
« Je résiste depuis 100 jours et les prisonniers, depuis 60 ans. Cet isolement n’est pas une nouveauté, il dure depuis 20 ans. Cet isolement s’est étendu à tout le pays, à commencer par le peuple kurde. Aucune volonté n’a jamais été tenue seule sur une île. Même si cela a déjà eu lieu, elle n’a pas cherché la paix. M. Ocalan vient de le faire. Notre action a rendu cet isolement vieux de 20 ans un peu plus visible. Il y a eu des actions contre l’isolement dans le passé, mais elles tombaient de l’actualité après un certain temps.
 
Une personne peut-elle résister pendant 100 jours ? Oui, elle peut. J’ai appris au cours de cette action que les êtres humains sont des miracles, manifestés par la force de la volonté. J’ai commencé cette action en osant mourir. Je résisterais à l’isolement ou à la fin de l’isolement et, parce que j’y croyais, mon cerveau me tenait. Je résiste à cette injustice et à cette illégalité. Mon corps n’abandonnera pas avant moi.
 
À l’approche du centième jour, je continue de résister, tout comme nos députés. J’étais pleinement convaincue lorsque j’ai commencé cette manifestation et je me suis mise en danger. Je réussirais ou je mourrais jusqu’à la fin de l’isolement. La paix intérieure a donné à mon cerveau la domination sur mon corps. Mon corps est en train de fondre, oui, j’en suis conscient, mais cela n’enlève rien à mon moral et à ma force. J’ai la paix parce que je fais quelque chose contre cette injustice. Le deuxième point est que mon corps ne lâchera pas avant que je le laisse faire.
 
« CE QUI ME TUERA SERA CEUX QUI RESTENT SILENCIEUX »
 
Ce qui me tue, ce sont ceux qui restent silencieux face à cette action. Cette action est un test pour la société. Ceux qui échoueront à ce test ne pourront pas dire qu’ils sont des défenseurs des droits, voire des êtres humains, demain. Quand une femme a la foi, aucune force ne peut la garder de ses valeurs. Parce que quand les femmes croient en quelque chose, elles vont jusqu’au bout.
 
Bien sûr, j’aimerais vivre et voir la paix régner dans ce pays. Mais s’il y a un prix à payer, je le paierai sans sourciller. Pour cela, je continue avec un grand moral et une grande foi. Je reçois des dizaines de lettres de prisons. Chaque ami en prison est mille fois plus libre que ceux de l’extérieur. Ceux véritablement isolés sont ceux qui renoncent à la résistance à l’extérieur. Ce qui me fait avancer, c’est la résistance dans les prisons et les résistances dirigées par les femmes. Les actions qui se poursuivent le 100e jour sous l’autorité des femmes. Oui, si les femmes ont foi, le monde changera. La paix viendra. Si les femmes ont la foi, une grande tolérance s’emparera du monde. Nous vivrons libres ou ne vivrons pas du tout.
 
ANF