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Les Kurdes marcheront le 11 janvier pour demander justice dans le triple féminicide de Paris

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PARIS – Le 11 janvier 2020, les Kurdes marcheront pour la huitième année consécutive afin que la justice française fasse la lumière sur l’assassinat de trois femmes kurdes à Paris le 9 janvier 2013. Selon les avocats des familles des victimes, les renseignements turcs (MIT) sont derrière ce triple assassinat politique.
 
Près de 7 années années se sont écoulées depuis les meurtres de Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez dans le bureau du centre d’information kurde à Paris. Les trois militantes kurdes ont été exécutées de trois balles dans la tête chacune, le 9 janvier 2013. Le 23 janvier 2017 devait débuter le procès aux Assises d’Ömer Güney, le présumé coupable. Le suspect, qui était lié aux services de sécurité turcs à Ankara selon les informations obtenues par les avocats des familles des victimes, est décédé subitement en prison le 17 décembre, un mois avant le début du procès. (Une nouvelle enquête a été ouverte à la demande des familles des trois victimes.)

Sakine Cansiz avait obtenu l’asile politique en France à la suite de sa persécution par l’État turc. Elle méritait un refuge et la sécurité de ses opposants politiques en Turquie, mais sa vie et celle de ses collègues ont été tuées dans un crime brutal qui n’a toujours pas été résolu.

Les trois femmes ont été ciblées et assassinées pour leurs activités politiques au nom du peuple kurde. Sakine était une militante de longue date et membre fondatrice du PKK. Elle a passé de nombreuses années en prison dans des conditions terribles et a été torturée à la prison de Diyarbakir dans les années 1980 après le coup d’État militaire. Elle a dirigé le mouvement de protestation à l’intérieur de la prison et, après sa libération, s’est jointe à la lutte armée pour la libération du Kurdistan. Elle a été une puissante force d’inspiration pour le mouvement des femmes kurdes, qui demeure à ce jour un symbole d’espoir pour les femmes du Moyen-Orient. Fidan et Leyla étaient également des activistes dévouées à la cause kurde.

Une nouvelle enquête relancée autour du rôle des services secrets turcs
 
Un juge antiterroriste a été chargé en mai 2019 pour reprendre l’enquête sur l’assassinat en 2013 à Paris de trois militantes kurdes, à la demande des familles qui réclament d’approfondir la thèse de l’implication des services secrets turcs (MIT).
 
Le 23 janvier 2017 devait débuter le procès aux Assises d’Ömer Güney, le présumé coupable. Le suspect, qui était lié aux services de sécurité turcs à Ankara selon les informations obtenues par les avocats des familles des victimes, est décédé subitement en prison le 17 décembre, un mois avant le début du procès.
 
En mars 2018, les familles des trois femmes assassinées ont déposé une plainte avec constitution de partie civile pour obtenir la reprise des investigations sur le rôle des services secrets trucs dans ce triple meurtre.
 
Les familles des 3 révolutionnaires assassinés avaient fait appel en mars 2018 pour que l’enquête inclue les personnes qui avaient ordonné le massacre et leurs collaborateurs.
 
Un juge anti-terroriste a été nommé pour rouvrir l’enquête. L’avocat des familles, Jean-Louis Malterre a confirmé que l’enquête avait été ouverte et que le rôle des services de renseignements turcs aller être examiné.
 
En attendant que la justice française veuille enfin faire la lumière sur ce triple féminicide politique, les Kurdes et leurs amis marcheront de nouveau le samedi 11 janvier à Paris pour montrer qu’ils sont déterminé à obtenir justice dans le massacre des trois militantes kurdes il y a presque 7 ans maintenant.

La manifestation partira de la Gare du Nord à 10:30

ROJAVA. La Turquie construit un mur de séparation à Girê Spî

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SYRIE / ROJAVA – L’État turc et ses alliés jihadistes construisent des murs à de nombreux endroits de la ville kurde de Girê Spî.
 
Un mur est en cours de construction en de nombreux points différents de Girê Spî qui est occupée par l’État turc et ses groupes alliés d’anciens membres de DAECH et d’al Nosra.
 
On a appris que de gros blocs de béton ont été placés autour des points où les soldats d’occupation turque sont déployés. (La Turquie rêve d’annexer les régions syriennes qu’elle a envahies; d’où son empressement de construire des murs dans ces zones occupées.)
 

Conférence sur le Rojava au PE : Erdoğan est un criminel de guerre et il doit être jugé

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BRUXELLES – Au 2ème jour de la conférence sur le Rojava au Parlement européen, les participants ont parlé des attaques de la Turquie contre le nord-est de la Syrie, de son contexte, de ses conséquences, ainsi que des violations des droits humains perpétrées dans la région et de sa dimension juridique internationale.
 
Un journaliste égyptien a déclaré que le président turc Erdoğan était un criminel de guerre et qu’il devait être jugé en tant que tel.
 
Lors de la première session modérée par Majdolen Hasan du Conseil démocratique syrien, Nazire Gewriye du Parti de l’Union syriaque a parlé de « La réalité de l’agression de l’Etat turc en Syrie du Nord et de l’Est », ajoutant que « La Turquie aide à la résurrection de DAECH / ISIS. »
 
Mme Gewriye a parlé du projet mis en œuvre dans le nord-est de la Syrie, le définissant comme un garant des droits humains qui donne espoir à tous les peuples de la région, assurant une réelle égalité entre musulmans, Yézidis et chrétiens.
Elle a souligné le rôle prépondérant des femmes dans la révolution, rappelant que des milliers de personnes, principalement des jeunes, ont sacrifié leur vie dans la lutte contre Daesh.
 
Remarquant que la Turquie a exporté le terrorisme, Mme Gewriye a déclaré que la Turquie a toujours cherché à détruire l’administration autonome et a considéré le projet du Rojava comme une menace pour l’Etat turc qui est basé sur une doctrine nationaliste.Soulignant que les attaques d’occupation de la Turquie ne font pas de discrimination entre civils et combattants, elle a poursuivi : « L’offensive en cours constitue une menace majeure. L’Armée nationale syrienne, comme l’appelle la Turquie, joue un rôle très négatif. C’est une opération de terreur, pas de paix. La Turquie aide à la résurrection de Daesh dans le but ultime d’établir une zone de sécurité pour les terroristes. »
 
Abdulrahman de l’OSDH : Les violations commises sur ordre d’Erdogan 

Rami Abdulrahman, fondateur et directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH / SOHR), a parlé de la « Légitimation par l’État turc du terrorisme et des groupes terroristes ».
 
Soulignant les violations incessantes dans la région, le directeur de l’OSDH a déclaré : « L’armée nationale syrienne a été utilisée pour commettre des crimes contre les Syriens. Ces violations sont effectuées sous la direction et sur les ordres de Erdoğan. C’est ainsi qu’une transformation s’opère, dont l’objectif est un changement démographique. »
 
Parlant de la nouvelle opération d’occupation lancée après l’invasion d’Afrin, il a noté que l’objectif était d’empêcher les Kurdes de revendiquer leurs propres terres et d’envahir la région entière. Abdulrahman a déclaré qu’il y avait une très longue liste de violations et a appelé à agir pour y mettre fin. Il a ajouté qu’aucune des institutions de l’Union européenne n’a condamné les violations perpétrées à Afrin.
 
Hüseyin : ils veulent ressusciter Daesh
 
La chercheuse Jiyan Hüseyin de l’Assemblée cantonale de Serêkaniyê a fait un exposé intitulé : « Les crimes systématiques commis par l’État turc et ses milices djihadistes par procuration contre les femmes dans le nord et l’est du pays ». 
Elle a noté que ce qui a été fait à Afrin se répétait aujourd’hui dans d’autres régions.

Soulignant que les « zones de sécurité » mentionnées par l’Etat turc étaient en fait des « zones occupées », Hüseyin a commenté les attaques sur la région de Serêkaniyê. Elle a rappelé que l’invasion turque a suivi les attaques de Daesh et d’al-Nosra sur Serêkaniyê où une vie de stabilité, de sécurité et de paix avait prévalu pendant huit ans après la libération de la ville. Cependant, affirmant que l’Etat turc terrorisait la région dans le cadre de l’opération dite du « Source de la paix », Hüseyin a partagé les chiffres des crimes commis par l’Etat turc dans la ville, des déplacements forcés, des pillages, des arrestations, des meurtres et des étudiants privés d’éducation. Elle a souligné que « l’objectif de l’Etat turc était de relancer Daesh.
 
Naisse : L’occupation turque menace tous les peuples de la région 
 
Hayat Naisse du Conseil démocratique syrien a fait des évaluations sur les attaques de l’occupation turque contre le nord-est de la Syrie, son contexte et ses conséquences.
 
Naisse, citoyenne arabe syrien et membre du Conseil démocratique syrien, a déclaré : « Il est clair que l’invasion militaire turque a été un tournant dans le pays et la région. Elle menace l’expérience de l’administration autonome. C’est une menace non seulement pour le peuple kurde, mais aussi pour tous les peuples syriens. L’Etat turc est obsédé par l’hostilité kurde. La différence entre la présence militaire turque et la présence d’autres forces dans la région réside dans le fait que l’Etat turc vise un règlement permanent dans la région avec la mentalité d’invasion colonialiste.
Le but de ces opérations est de détruire l’autonomie du peuple kurde en Syrie et d’annihiler l’expérience du peuple syrien dans le nord et l’est du pays. » Naisse a noté qu’une propagande nationaliste et raciste se répandait en Turquie où tout est mis en œuvre pour réduire au silence l’opposition. Naisse a souligné que dans un pays pris entre deux feux, l’administration autonome est le modèle le plus progressiste, égalitaire et inclusif non seulement pour les Kurdes, mais pour toute la région. »
 
Elheedy : Ils veulent fonder un empire turc 
 
Le dernier discours de la première session a été prononcé par le journaliste égyptien Nashet Elheedy, qui a traité des interventions agressives de l’Etat turc dans le monde arabe.
Sans entrer dans les détails car la vérité était flagrante, il a demandé « Pourquoi Erdoğan agit-il ainsi ? » Remarquant que l’histoire est pleine de leçons, Elheedy a souligné que l’Etat turc poursuivait une politique expansionniste avec du sang et des massacres. Rappelant le génocide arménien, le journaliste égyptien a rappelé les efforts déployés par la Turquie aujourd’hui pour mener une idéologie raciste. Il a déclaré qu’Erdoğan voulait fonder un nouvel empire turc au détriment des Kurdes et des Arabes. Elheedy a ajouté : « Nous devons parler haut et fort au Parlement européen. Qui mettra fin à ces violations, qui dira à Erdoğan d’arrêter ? » Remarquant que les Turcs étaient aussi des victimes, il a demandé « Pourquoi votez-vous pour Erdoğan ? (…) Erdoğan est un criminel de guerre et doit être jugé en tant que tel. Ses mains sont ensanglantées. » 
 
Elheedy a déclaré que les organisations internationales agissaient de manière hypocrite et que les Etats se basaient sur leurs propres intérêts.
 

La justice turque acquitte les suspects du procès de « JITEM -Ankara »

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TURQUIE – ANKARA – Le procureur turc a exigé l’acquittement des accusés dans l’affaire de « JITEM – Ankara ». (Le JITEM* est accusé de la disparition forcée de nombreux Kurdes dans les années 1990.)
 
L’audience sur la condamnation de l’affaire connue sous le nom d ‘«affaire JITEM Ankara» s’est tenue au 1er tribunal correctionnel d’Ankara.
 
Begüm Erdoğan, fille de Namik Erdoğan, l’une des 19 personnes disparues de force et exécutées à Ankara dans les années 90, était à l’audience avec les familles des personnes disparues et la co-présidente du HDP, Pervin Buldan, elle-même épouse de Savaş Buldan, un homme d’affaire kurde retrouvé mort le 4 juin 1994, après son enlèvement la veille à Istanbul.
 
L’accusation a soutenu qu’Ayhan Çarkın (ancien membre de l’équipe spéciale de JITEM qui a décidé de s’exprimer) n’a présenté aucun élément de preuve à l’appui de l’accusation et des déclarations qu’il a faites.
 
Le dossier du tueur à gage Mahmut Yıldırım (Yeşil) a été séparé tandis que les autres accusés ont été acquittés pour « manque » de preuves.
 
Justice non rendue
 
Des proches des personnes disparues ont réagi à la décision en déclarant : « Nous savons que la justice ne peut pas être rendue ici. Tous les accusés sont responsables de ces meurtres ». (Via ANF)
 
* Qu’est-ce que le JİTEM ?

JİTEM est le nom du service de renseignements de la gendarmerie turque. JİTEM est l’abréviation de Jandarma İstihbarat ve Terörle Mücadele (service de renseignements et antiterrorisme de la gendarmerie).

Le JİTEM a été actif dans le conflit kurde en Turquie. Après le scandale de Susurluk, les anciens premiers ministres Bülent Ecevit et Mesut Yılmaz ont confirmé l’existence de JİTEM.

Selon Murat Belge de l’Université Bilgi d’Istanbul, qui a rapporté avoir été torturé en 1971 par son fondateur, Veli Küçük, JİTEM est une incarnation de l’Etat profond. En d’autres termes, il est utilisé par « l’Establishment » pour faire respecter des intérêts nationaux présumés, ainsi que par l’aile militaire de l’Ergenekon, une organisation nationaliste turque clandestine. En 2008, les dénégations officielles de l’existence de JİTEM ont commencé à s’effondrer devant les tribunaux, comme en témoignent les anciens membres de l’appareil de sécurité « d’État profond » turc qui ont participé à des activités secrètes et illégales au cours des dernières décennies dans le cadre de l’enquête Ergenekon. (Wikipedia)

Les développements « inattendus » de l’invasion du Rojava par la Turquie

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SYRIE / ROJAVA – « Le plan syrien du président Erdogan a eu des ramifications involontaires : L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis se rapprochent maintenant des Kurdes, les Kurdes s’unissent et les Russes guident les solutions sur le terrain. »

Selon le journaliste turc, Fehim Tastekin, les plans d’Erdogan concernant l’invasion du Rojava / Syrie du Nord-Est semblent compromis par des développements diplomatiques internationaux. Le journaliste nous met toute fois en garde contre le processus en cours qui pourrait « prendre les Kurdes en otage des guerres par procuration ou pour influencer les guerres au milieu d’une multitude de centres de pouvoir ».

Voici l’article signé par Tastekin : 

Le plan syrien du président Erdogan a eu des ramifications involontaires : L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis se rapprochent maintenant des Kurdes, les Kurdes s’unissent et les Russes guident les solutions sur le terrain.

La Turquie n’a pas gagné plus de terrain dans son opération « Fontaine de Paix ». Au lieu de cela, l’opération a déclenché des développements qu’Ankara voulait éviter. Par exemple, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui sont engagés dans une guerre par procuration avec la Turquie dans des endroits comme la Libye, ont amélioré leurs liens avec les Kurdes irakiens et syriens. Les Kurdes, quant à eux, ont régressé sur le terrain mais ont gagné de nouvelles voies diplomatiques. Ensuite, les Kurdes progressent dans leur coopération avec la Russie et le régime syrien. Enfin, les partis kurdes rivaux qui s’étaient séparés en 2011 cherchent maintenant des moyens de se réunir à nouveau.
 
Le président Recep Tayyip Erdogan avait plusieurs objectifs militaires : éradiquer l’administration autonome de la Syrie du Nord – Est et toutes ses composantes ; établir une zone de sécurité de 32 km sur 180 le long de la frontière ; construire des logements pour 2 millions de réfugiés [syriens] dans cette zone ([en commettant un nettoyage ethnique anti-kurde].
 
Mais ça ne s’est pas passé comme cela. Grâce aux accords signés avec les Etats-Unis et la Russie, les Forces démocratiques syriennes (FDS) se sont retirées à 32 kilomètres de la frontière, sauf à Qamishli. Le contrôle de la Turquie était limité à une zone de 32 km sur 120 km, qui couvre Tell Abyad et Ras al-Ain. Manbij, Kobani et Jazeera, ce sont les forces de police russes et les unités locales qui assurent la sécurité, pas les Turcs. Les Américains s’occupent du territoire qui s’étend de Derik à la frontière jusqu’à Qamishli, Hasakah et Deir ez-Zor, qui est aussi la principale voie d’approvisionnement des États-Unis. L’armée du régime syrien a passé un accord avec les FDS pour retourner dans la zone frontalière qu’elle avait abandonnée en 2012.
 
Erdogan espérait utiliser la domination territoriale pour négocier des gains politiques, et il ne voulait pas que l’armée syrienne retourne à la frontière avant d’avoir atteint ses objectifs. Erdogan utilise maintenant toutes ces cartes pour isoler les unités de protection du peuple (YPG) et le Parti de l’Union démocratique (PYD), qui forment l’épine dorsale des FDS.
 
Certains développements ont contredit les attentes de la Turquie. Le commandant des FDS, Mazlum Kobani, est apparu sur la scène diplomatique pour la première fois, concluant un accord avec les Nations Unies à Genève en juin. Il se concentre maintenant sur les relations étrangères. La Turquie aurait pu bloquer l’invitation du président Donald Trump de Kobanê à Washington, mais au lieu de cela, cette décision a ouvert la voie à l’engagement des Kurdes dans le Golfe. La dernière semaine de novembre, une délégation des FDS s’est réunie à Abu Dhabi. Ensuite, une autre délégation des FDS s’est rendue à Riyad à l’invitation du gouvernement saoudien. Des représentants des FDS se sont également rendus en Égypte et en Jordanie pour des réunions.
 
Les sources des FDS n’ont pas répondu aux questions d’Al-Monitor concernant ces visites et leurs participants. Pourtant, une source du Kurdistan irakien a déclaré à Al-Monitor que les délégations comprenaient des personnalités de haut niveau. Kobanê « a dirigé l’équipe qui s’est rendue à Abu Dhabi. Ghassan Youssef, chef de l’administration locale de Deir ez-Zor, faisait partie de cette délégation. « Kobane faisait également partie de la délégation qui s’est rendue en Arabie saoudite », a déclaré la source. Selon une autre source, les contacts n’étaient pas gérés par Kobane, mais par Redur Khalil, responsable des relations publiques des FDS, et Mustafa Bali, attaché de presse des YPG. Les sources des FDS n’ont toutefois pas confirmé ces rapports.
 
Les États-Unis, tout en étendant leurs opérations contre l’État islamique, ont tenté d’utiliser les liens traditionnels saoudiens pour incorporer les tribus arabes de Raqqa et Deir ez-Zor aux FDS. En raison du conflit de la Turquie avec les Saoudiens et les Émirats arabes unis, ces pays du Golfe ont commencé à attacher plus d’importance aux questions kurdes et à apporter un soutien accru aux Kurdes. Le ministre saoudien des Affaires du Golfe, Thamer al-Sabhan, a visité Raqqa et Ain Isa le 17 octobre. En mai 2018, une équipe militaire d’Arabie saoudite, de Jordanie et des Émirats arabes unis s’est également rendue dans la région pour rencontrer des groupes kurdes syriens. Sabhan a visité Deir ez-Zor une deuxième fois en juin et a demandé aux tribus arabes de soutenir les FDS.
 
Les Émirats arabes unis ont été parmi les pays qui ont réagi négativement à l’opération Peace Spring. Son ministre des Affaires étrangères, Anwar Gargash, a appelé à des mesures concrètes pour empêcher la Turquie de « massacrer les Kurdes ».
 
L’Égypte, qui mène une guerre froide avec la Turquie en raison de son soutien aux Frères musulmans, a maintenu des relations faciles avec les Kurdes. Le dictateur égyptien Abdel Fattah al-Sisi a frappé Erdogan en réaction à l’opération, et Kobane a remercié l’Égypte de son soutien.
 
Le bloc du Golfe développe également des liens avec le gouvernement régional du Kurdistan irakien, dont le président Nechirvan Barzani et le premier ministre Masrour Barzani se sont rendus à Abu Dhabi le 1er décembre pour rencontrer le prince Mohammed bin Zayed, le premier ministre Mohammed bin Rashid et le Prince Mohammed bin Salman.
 
Nechirvan Barzani était de nouveau à Abu Dhabi le 9 novembre. Le consul général des Émirats arabes unis à Erbil, Ahmed al-Zahri, a rencontré le 3 décembre Massoud Barzani, qui est le chef du Parti démocratique du Kurdistan.
 
En plus de ce trafic diplomatique, trois avions cargo des EAU ont atterri à Erbil en décembre. Selon al-Mayadeen, des sources irakiennes ont déclaré que les avions pleins d’armes ont contourné Bagdad et se sont dirigés vers Erbil. Il n’était pas clair si les armes étaient destinées aux FDS ou aux peshmergas kurdes.]
 
Alors que les responsables kurdes en Syrie ont refusé de commenter, une source proche de leur administration autonome a parlé à Al-Monitor : « Il est possible que certaines de ces armes aient été données à des peshmergas tandis que le reste a été donné aux FDS en Syrie. C’est ainsi que cela fonctionne. De toute façon, la coalition internationale ne donne pas ses propres armes aux FDS. Ils sont au contraire approvisionnés en armes obtenues auprès des alliés du Golfe de la coalition. »
 
L’intervention turque a également ravivé les aspirations kurdes à l’unité. Le Conseil national kurde (KNC) a rencontré le Mouvement pour une société démocratique (TEV-DEM) trois fois après le 25 octobre. La première délégation TEV-DEM a été conduite par Kobane.
 
En 2012, avec la médiation de Massoud Barzani, le KNC et le TEV-DEM, qui était la force motrice de l’autonomie en Syrie, ont signé un accord pour partager l’administration autonome, mais l’accord n’a pu être appliqué. Les États-Unis – pour surmonter les préoccupations de la Turquie à l’égard des YPG- ont évoqué la possibilité de déployer des « peshmergas du Rojava » organisées parallèlement au KNC dans le nord de la Syrie. Bien que la Turquie ait traité le KNC plus favorablement, elle ne voulait pas d’unité entre les deux organisations rivales, mais elle voulait éradiquer toute la structure d’autonomie.
 
Parallèlement aux contacts avec l’étranger et à l’évolution de la situation entre les Kurdes eux-mêmes, l’équilibre sur le terrain est en train d’être remanié. Les Kurdes ont entamé un dialogue avec Damas lorsque les États-Unis ont annoncé leur retrait et que l’armée turque s’est déployée en Syrie. Pourtant, ce dialogue a été bloqué après que les Américains aient décidé de rester pour protéger le pétrole. Suite aux contacts avec les délégations militaires et diplomatiques russes, un nouvel accord a été conclu avec les Kurdes. A la suite des rencontres à Amoudê entre Kobanê et le général russe Alexandre Chayko, les Kurdes et les Russes ont convenu de déployer des forces russes à Amouda, Tell Tamir et Ain Isa.
 
Les affrontements en cours à Tell Tamir et Ain Isa, malgré un cessez-le-feu, ont rendu cet accord possible. La Russie avait pris le contrôle des bases que les Américains avaient évacuées à Manbij, Tabqa et Sarrin, et avait commencé à utiliser la base militaire syrienne à Qamishli et à faire des expéditions militaires par l’autoroute M4.
 
Kobane a déclaré qu’ils attachaient de l’importance au rôle russe, déclarant : « Nous avons été honorés d’accueillir le général Chayko. Nous attendons avec impatience des efforts conjoints pour le bien de nos deux pays. »
 
Lors des premiers contacts avec Damas, les Kurdes ont accepté le déploiement de l’armée du régime syrien le long de la frontière. Le déploiement complet de l’armée syrienne dans les zones abandonnées par les FDS n’a pas été réalisé. Les dernières déclarations russes et kurdes, selon lesquelles « il n’y a pas d’autre option que de négocier avec Damas », laissent entrevoir des signes d’une nouvelle rupture.
 
La domination accrue de l’armée du régime syrien signifie que les rêves d’Erdogan ne se sont pas réalisés. Ankara peut également se réjouir que la situation érode la base de l’autonomie kurde. La Turquie, avec son influence significative sur les Kurdes d’Erbil [Kurdistn d’Irak], est capable de perturber les efforts d’unité kurde. Mais le bloc saoudien s’approchant des Kurdes, inquiète Ankara. La Turquie estime que ces efforts des Émirats arabes sont en fait destinés à faire échouer la Turquie.
 
Le porte-parole des YPG, Nuri Mahmoud, a déclaré à Al-Monitor que tout en cherchant des « solutions compatibles avec l’intégrité territoriale de la Syrie, ils veulent aussi de bonnes relations avec tous leurs voisins, dont la Turquie ». Mais il a noté leurs réserves : « Les pays du Golfe s’ouvrent aux Kurdes en raison de leurs tensions avec la Turquie. Naturellement, il y a aussi la pression américaine. Personne ne se soucie de trouver une solution à la question kurde. Ils utilisent les Kurdes pour leurs propres intérêts. Les Kurdes sont au milieu de ces contradictions. Ils mènent une guerre froide [à travers] nous. Le régime syrien n’a pas sa propre volonté, mais il est sous influence russe et iranienne. Les dirigeants turcs, américains et russes ont tous leurs propres intérêts. »
 
La véritable préoccupation des Kurdes qui n’a pas encore été exprimée, mais qui est partagée en privé, est la suivante : Le processus en cours pourrait prendre les Kurdes en otage des guerres par procuration ou influencer les guerres au milieu d’une multitude de centres de pouvoir.
 
A lire la version anglaise sur le site al-Monitor 

ALLEMAGNE. Mobilisation pour la musicienne kurde Hozan Cane et sa fille

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BERLIN – Une veillée de solidarité avec l’artiste kurde Hozan Cane et sa fille Dilan Örs qui sont emprisonnées en Turquie, s’est tenue à Berlin devant le ministère fédéral des Affaires étrangères pour protester contre leur détention illégale.
 
Outre les institutions kurdes telles que HDK Berlin, Navenda Civak Kurdistaniyen Azad, les partis politiques allemands au Parlement fédéral, Die Linke (Parti de gauche), SPD (Parti social-démocrate), CDU (Parti démocrate-chrétien) The Die Grüne (Verts) ainsi qu’une foule de législateurs et de citoyens a rejoint la veillée.
 
Des portraits d’Hozan Cane et de Dilan Örs ont été accrochées au stand d’information ouvert lors de la veillée et des orateurs ont expliqué comment la chanteuse et sa fille (toutes deux également des ressortissantes allemandes) étaient détenues illégalement en prison par le régime fasciste Erdoğan.
 
Les militants ont soumis un dossier au ministère fédéral allemand des Affaires étrangères sur la situation des deux femmes de nationalité allemande tenues en otage en Turquie.
 
Le député du SPD, Frank Schwabe, le député des Verts Margit Stumpp et le fils d’Hozan Cane, Adem Örs, ont informé le public de l’affaire concernant sa mère et sa soeur tenues dans une prison turque. (Via ANF)
 
Arrêtée le 24 juin 2018 à Edirne, dans l’ouest de la Turquie, Saide İnaç, alias « Hozan Cane », a été condamnée à 6 ans et 3 mois de prison pour « être membre d’une organisation terroriste [PKK] » car elle a joué une scène dans le film «Le 74ème génocide de Shengal», dans lequel elle joue le rôle principal et pour lequel elle a écrit le scénario. Dans le film, qui traite du génocide des Yézidis à Shengal par Daesh en 2014, la chanteuse porte une arme.
Depuis le putsch « avorté » du 15 juillet 2016 en Turquie, les Kurdes et des critiques du pouvoir turc en Europe sont surveillés et arrêtés « pour propagande terroriste » ou pour « terrorisme » si jamais ils ont le malheur de mettre les pieds en Turquie.
 
Il ne faut pas grand chose aux autorités turques pour arrêter ces méchants terroristes : Une phrase publiée sur Facebook ou un « j’aime » sous une publication ou une photo, un post sur Twitter… pour peu qu’ils parlent de l’injustice faite aux Kurdes en Turquie ou qu’ils disent soutenir la lute de libération kurde.
 
En plus de la surveillance, voire des tentatives d’infiltration des organisations kurdes et turques d’opposition en Europe, une armée de trolls turcs pullule sur les réseaux sociaux. Certains de ces trolls n’hésitent même pas à se faire passer pour des Kurdes, avec des faux profils et parfois avec des photos de jeunes femmes censées attirer les hommes kurdes… Ils font des captures d’écran des commentaires ou publications critiquant l’Etat turc ou favorables aux Kurdes sur les réseaux sociaux. Ces éléments sont ensuite envoyés aux autorités turques pour le fichage de ses personnes. Imaginez ensuite ce qui arrive à ses gens là une fois qu’ils arrivent à un poste de contrôle en Turquie.
 
Il arrive aussi que les téléphones portables et ou les ordinateurs des Kurdes ou d’opposants soient fouillés à leur arrivée en Turquie par les autorités à la recherche de « preuves » de culpabilité.

Çiçek Kobanê, la combattante kurde capturée par la Turquie, est privée de soins

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TURQUIE – URFA – Çiçek Kobanê, combattante des YPJ capturée par des gangs de la Turquie alors qu’elle était blessée, n’est pas soignée en prison. Sa mère a déclaré que Çiçek ne pouvait pas subvenir à ses besoins essentiels.

 

La Turquie a lancé une opération contre le nord et l’est de la Syrie le 9 octobre avec les groupes paramilitaires rassemblés sous le nom d’ «Armée nationale syrienne» (ANS / NSA). Dozgin Temo (Çiçek Kobanê), membre des Unités de protection des femmes, a été arrêtée par la milice djihadiste Ahrar al-Sham près d’Ain Issa (Serê Kaniyê) le 21 octobre. Le groupe Darat Izza participe à l’invasion illégale du Rojava aux côtés de la Turquie, partenaire de l’OTAN et de sa soi-disant « Armée nationale syrienne ». Les images de Kobanê torturée alors qu’elle était blessée ont suscité l’indignation dans le monde entier. Kobanê, emmenée à la direction de la sécurité d’Urfa, a été arrêtée avec l’accusation d’être «membre d’une organisation terroriste» et a été placée dans la prison d’Urfa.

 

La mère de Kobanê a finalement pu voir sa fille en prison. Temo, qui a déclaré que les traces de torture sont toujours visibles dans le corps de sa fille, a déclaré qu’elle n’était pas traitée et qu’elle souffrait de graves gonflements aux jambes et aux bras.

 

Temo a déclaré: « J’ai compris qu’elle avait été torturée à la minute où je l’ai vue. Elle m’a dit qu’ils avaient essayé de l’étrangler et elle a perdu connaissance pendant un certain temps. Temo rappelant que sa fille a été emprisonnée avant la fin de son traitement, a déclaré: « Elle a été blessée à la jambe à deux endroits différents. Elle ne peut pas bouger sa jambe ni manger. Le médicament que le médecin lui a prescrit est terminé et elle dit qu’on lui en a pas donné d’autres, même si elle a fait une demande à l’administration pénitentiaire. »

 

Malheureusement, cette situation était prévisible le jour où Çiçek Kobanê est tombée entre les mains des gangs de la Turquie, qui sont « célèbres » grâce aux images de torture, viols et féminicides (rappelez-vous la cadavre mutilé de Barin Kobanê à Afrin, en 2018, celui d’Havrin Khalaf en octobre dernier près de Tall Abyad) qu’ils ont commis au Rojava et en Syrie depuis le début de la guerre syrienne. C’est pourquoi, les responsables kurdes avaient appelé à sa libération immédiate, en vain.
Via l’agence Mezopotamya

Le Parlement européen accueille une conférence sur le Rojava / la Syrie du Nord le 11 décembre

BRUXELLES – Le Parlement européen accueillera une conférence sur le Rojava/Syrie du Nord le 11 décembre pour parler de l’invasion turque, le nettoyage ethnique des Kurdes et les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par les forces turco-jihadistes dans lez zones occupées.
 
La conférence est promue par le groupe des Verts / ALE, l’Administration autonome de la Syrie du Nord et de l’Est et l’Alliance internationale pour la défense des droits et libertés (AIDL).
 
Au cours de la conférence de deux jours des 11 et 12 décembre, députés, défenseurs des droits de l’homme, universitaires, représentants d’organisations défendant la liberté de la presse, journalistes et chercheurs feront des présentations.
 
La conférence débutera mercredi à 16h30. Jeudi, il y aura plusieurs séances entre 9h30 et 17h.
 
Les organisateurs de la conférence ont déclaré que pour la première fois, une conférence sur le Rojava se tiendra au Parlement européen et que leur objectif est de révéler le vrai visage de l’Etat turc.
 
Parmi les participants, Per Örneus, ambassadeur humanitaire au ministère suédois des Affaires étrangères, ancien ministre français des Affaires étrangères et co-fondateur de l’organisation Médecins sans frontières. Bernard Kouchner, ancien diplomate et conseiller politique américain Peter W. Galbraith, responsable du bureau RSF pour le Moyen-Orient Sabrine Bennoui, experte politique française et des religions du Moyen-Orient Amélie Chelly, avocat au barreau de Paris Sevag Torossian, des parlementaires socialistes et démocrates du Parti progressiste les Verts/ Alliance libres européennes (ALE), Usama Suleiman, fondateur et directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH/SOHR), et des responsables de l’administration autonome de la Syrie du Nord et d’Est.
 
Occupation turque du nord et de l’est de la Syrie, nettoyage ethnique, crimes contre l’humanité, crimes de guerre, relations de l’État turc avec les groupes de mercenaires de l’Etat islamique, mécanismes de droit international, réalité des groupes de mercenaires réunis sous le nom de l’armée nationale syrienne, occupation turque et ses reflets dans le monde arabe, l’attitude de l’UE, de l’OTAN et des Nations Unies sur l’occupation turque, les perspectives pour la Syrie, le rôle de la société civile pour la paix et les efforts pour résoudre le conflit syrien seront les principaux sujets de discussion.
 
La conférence peut également être visionnée en direct dans de nombreuses langues via les liens suivants :
 
 

SYRIE. Les Kurdes sont prêts à dialoguer avec Damas

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SYRIE / ROJAVA – « Nous sommes prêts à dialoguer avec le gouvernement de Damas pour une solution durable à la crise syrienne », a déclaré Luqman Ehmê, porte-parole de l’Administration autonome de la Syrie du Nord-Est lors d’un communiqué de presse.
 
Luqman Ehmê, porte-parole de l’administration autonome du nord et de l’est de la Syrie, a tenu une conférence de presse au comité des finances de Raqqa sur les attaques d’occupation menées par l’État turc et l’exclusion de l’administration autonome des travaux du comité constitutionnel syrien.
 
Ehmê a attiré l’attention sur les attaques d’invasion de l’État turc et des mercenaires contre le nord et l’est de la Syrie et a déclaré que les États-Unis et la Russie restaient silencieux et partageaient les responsabilités des massacres perpétrés par l’État turc.
 
Ehmê a déclaré que les mercenaires composés des membres de l’Etat islamique et al-Nosra ont perpétré des massacres de Kurdes, Arabes, Syriaques, Assyriens, Turkmènes et Circassiens devant les yeux du monde entier, et a ajouté que ces groupes de mercenaires appartenaient à différents groupes de croyances à Afrin, Girê Spî et Serêkaniyê. Il a également rappelé que les mercenaires avaient détruit les lieux sacrés.
 
Concernant le nettoyage ethnique opéré par la Turquie au Rojava, Ehmê a déclaré: « L’État turc insiste sur la politique de changement de la structure démographique des régions qu’il occupe. Dans les zones occupées, l’utilisation du turc et de la livre turque est obligatoire et des drapeaux turcs sont accrochés aux hôpitaux, aux écoles et aux bâtiments publics. En plus de cela, des pratiques inhumaines telles que le pillage, le vol, l’enlèvement et le commerce d’organes sont menées en violation ouverte des lois internationales. »
 
Notant que l’Administration autonome ne fait pas partie du comité de constitution syrien, Ehmê a poursuivi: « Des représentants des groupes terroristes de l’EI et d’Al-Nosra participent aux réunions à Genève, tandis que des représentants de l’Administration autonome n’ont pas été inclus malgré la résistance historique des peuples du nord et de l’est de la Syrie contre le terrorisme. Il est inacceptable que ces groupes soient les décideurs de l’avenir de la Syrie. Ces personnes et leurs groupes devraient figurer sur la liste des organisations terroristes mondiales. En outre, l’État turc qui commet des crimes contre l’humanité et crimes de guerre devrait être jugé devant une Cour pénale internationale. »
 
Soulignant que l’administration autonome est en faveur du dialogue et d’une solution pacifique et insiste sur ce point à chaque occasion, Ehmê a déclaré que l’administration autonome était prête à dialoguer avec le gouvernement de Damas à travers la médiation de la Russie, qu’ils considèrent comme jouant un rôle actif dans la région.
 
Ehmê a souligné qu’une constitution dans laquelle l’administration autonome ne serait pas incluse ne refléterait pas la volonté du peuple syrien et que les résultats des pourparlers de Genève ne seraient pas contraignants pour eux.
 

ROJAVA. Les enfants d’Afrin et Shehba: Ecoutez votre conscience

SYRIE / ROJAVA – Le 2 décembre, l’armée turque a massacré 12 Kurdes d’Afrin qui s’étaient réfugiés à Tal Rifaat, dans le nord du canton de Shehba. Huit enfants âgés de 3 à 15 ans et deux adultes ont été tués et plus de dix civils ont été blessés lors de l’attaque de la Turquie contre un quartier résidentiel. Les habitants de la région sont furieux du silence de la communauté internationale.
 
«Ces enfants appartiennent également au monde et ils veulent que les responsables de ce qui leur a été fait soient traduits en justice. Écoutez la voix de votre conscience.»
 
Des enfants d’Afrin et de Shehba sont descendus dans la rue aujourd’hui pour protester contre le massacre de leurs pairs. Pendant la marche du camp de Berxwedan à la base russe, les enfants ont porté les portraits des enfants tués lors du massacre de Til Rifat et ont scandé des slogans condamnant l’État turc et ses attaques génocidaires.
 
Les enfants ont lu un communiqué en kurde et en arabe une fois arrivés à la base russe :
 
«Nous, enfants d’Afrin, avons été déplacés de force de nos villages et de nos villes. Nos terrains de jeux et nos écoles ont été bombardés, envahis et nos rêves volés. Nous avons ouvert les yeux sur le monde avec les bruits des bombardements, des avions de chasse et des balles. Nous vivons maintenant dans des circonstances difficiles pour répondre à nos besoins fondamentaux. Ils luttent contre notre existence, nos rêves et notre conscience. Ils tuent tout ce que nous avons, tuant nos pairs innocents.
 
Parents, organisations juridiques et organisations de défense des droits humains dans le monde; écoutez nos cris et ne tournez pas le dos à notre douleur. Comprenez nos rêves, enfants massacrés à Afrin. Ces enfants appartiennent également au monde et ils veulent que les responsables de ce qui leur a été fait soient traduits en justice. Écoutez la voix de votre conscience.
 
Nous appelons l’État russe et le régime syrien à assumer leurs responsabilités envers les enfants. Nous vivons sur des terres qui, selon eux, sont sous leur contrôle. Comment des enfants pourraient-ils être massacrés sur leurs terres? Qui sont les meurtriers?
 
Vous devez protéger les enfants pour leur offrir une vie paisible et sûre et adopter une position sérieuse sur ce que les enfants d’Afrin ont vécu.»
 
Après le communiqué de presse, les enfants ont laissé une couronne noire devant la base russe.
 
ANF
 
 

TURQUIE. 7 femmes arrêtées après une manifestation dansante contre les violences sexistes et les féminicides

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TURQUIE – ISTANBUL – « Le violeur, c’est toi ! », la chorégraphie féministe chilienne contre les violences faites aux femmes a été reprise par des femmes à Istanbul / Kadıköy hier. (vidéo à voir ici)

La police turque a attaqué violemment l’action pacifique et arrêté 7 femmes.
Les femmes, arrêtées alors qu’elles dansaient contre les féminicides, les viols et les violences sexistes, sont accusées d’ « insulte au Président » et d’ « insulte à l’Etat » dans un pays où les violeurs bénéficient des sentences très clémentes, voire inexistantes, sauf dans certaines cas médiatisés et où des femmes kurdes peuvent être victimes d’agressions sexuelles et de viols en cas d’arrestation…
 
Le 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, les femmes du Chili ont protesté contre la violence masculine et les agressions sexuelles en dansant. Leur protestation dansante s’est répandue dans le monde avec le hashtag #LasTesis.
 
À l’appel de la plateforme turque Nous allons stopper les féminicides, des centaines de femmes se sont réunies à Kadıköy, Istanbul hier (8 décembre) et ont dansé en soutien à leurs sœurs chiliennes.
 
Dansant sur la chanson composée par Las Tesis « Si je dis non, c’est un NON, tu ne peux pas insister. Non au harcèlement » (…)  « Le violeur,le tueur c’est toi, policier, juge,ministre,État ». Les femmes ont également mis des bandeaux noirs sur les yeux et attaché la note « Loi n ° 6284 » sur leurs cols, se référant à la loi sur la protection de la famille et la prévention de la violence à l’égard des femmes.
 
Les femmes se sont dispersées après la manifestation de danse. Cependant, des policiers sont intervenus contre les femmes et ont arrêté sept femmes, à savoir la porte-parole de Nous allons stopper les Féminicides Fidan Ataselim, Nisa Kör, Seda Elhan Barbaros, Ayşen Ece Kavas, Yaprak Okatalı et Sevda Yeniköylü.
 
Le communiqué  du gouverneur d’Istanbul sur la détention des femmes et l’intervention de la police:
 
« Un événement a été organisé par la plate-forme Nous allons stopper les Féminicides sur la place İskele à Kadıköy à 15 heures aujourd’hui dans le but de susciter des inquiétudes concernant les droits des femmes et la violence contre les femmes au Chili.
 
Lors de l’événement organisé par les membres de la plate-forme, le groupe qui a scandé des slogans avec les expressions « Tu es le violeur, tu es le tueur, les policiers, les juges, l’État et le président « a été informé que ce qu’elles ont fait était un crime et elles ont eu suffisamment de temps pour arrêter la manifestation et se disperser.
 
Cependant, comme le groupe a insisté pour ne pas se disperser et a continué à scander les slogans constituant un crime, la place a commencé à être évacuée par le Groupe des femmes de la Direction de la Branche de la police anti-émeute.
 
7 personnes qui ont provoqué l’événement et résisté contre les forces de sécurité ont été placées en garde à vue sur instruction du parquet. (…) »
 
İpek Bozkurt et Tuba Torun, les avocates de a plateforme Nous allons stopper les féminicides, ont annoncé sur leurs réseaux sociaux que les femmes détenues sont accusées d’avoir « violé la loi 2911 sur les réunions et manifestations, insulté le président et dégradé l’État de la République de Turquie et institutions et organes de l’État conformément à l’article 301 du Code pénal turc (TCK). »
 
Bozkurt a également déclaré sur les réseaux sociaux: « Pendant que leurs dépositions étaient prises, nous avons dit avec Tuğba Torun, ‘N’écrivez pas Şile (un district d’Istanbul), mais Şili (Chili en turc). Nous ne pouvions pas nous empêcher de demander pour savoir s’ils regardaient Las Tesis sur les réseaux sociaux. Personne dans la salle ne le regardait. Il était difficile de mettre en mots un spectacle de danse – musique rebelle … »
 
«La police n’a pas respecté la loi»
 
L’avocate Torun a également partagé les informations suivantes: « Nous avons laissé les dépositions. Il y a trois accusations: avoir violé la loi n ° 2911, insulté le président et dégradé les institutions de l’État (TCK 301). En tant que quelqu’un qui était là pendant la représentation , la police est intervenue sans suivre la procédure de dispersion prévue par la loi. »
 
Dans une déclaration publiée par la plateforme Nous allons stopper les féminicides, il a été indiqué que les femmes arrêtées étaient détenues au palais de justice de Kartal. La plate-forme a appelé tout le monde à se réunir devant le palais de justice à 10 heures.
 
Code pénal turc (TCK) Article no. 301
 
Quiconque dégrade publiquement la nation turque, l’État de la République de Turquie, la Grande Assemblée nationale de Turquie, le gouvernement de la République de Turquie et les organes judiciaires de l’État est condamné à une peine d’emprisonnement de six mois à deux ans . Quiconque dégrade publiquement les organisations militaires ou de sécurité est condamné conformément à la disposition énoncée au paragraphe premier. L’expression d’une opinion à des fins de critique ne constitue pas une infraction.
 
Loi no. 2911 sur les réunions et manifestations
 
La présente loi détermine les formes, conditions et procédures à appliquer dans l’exercice du droit de réunion et de manifestation, le lieu, l’heure, la procédure et les conditions du rassemblement et des manifestations devant être tenues par des personnes physiques et morales, les devoirs et responsabilités des le comité organisateur, les éventuelles interdictions et ajournements pouvant être prononcés par l’autorité compétente, les devoirs et compétences des forces de sécurité et les interdictions et dispositions pénales.
 
 
 
 

ROJAVA. Des membres de DAECH recyclés par la Turquie

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SYRIE / ROJAVA – Des membres de l’Etat islamique ont participé à l’occupation de Serêkaniyê et Girê Spî sous le drapeau turc et en portant l’uniforme de la soi-disant Armée nationale syrienne (ANS / SNA). Aujourd’hui, ils ne jugent plus nécessaire de cacher leur identité.
 
Depuis 2016, la Turquie, membre de l’OTAN, a recyclé des membres de l’État islamique (EI) dans l’Armée syrienne libre (ASL). Lorsque l’opération d’occupation de la région de Shehba, dans le nord de la Syrie, a été lancée depuis Jarablus le 24 août 2016, de nombreux djihadistes de l’Etat islamique de Jarablus, Akhtarin, Mare et Azaz ont coupé leurs cheveux et leur barbe et ont mis des uniformes de l’ASL contrôlée par l’État turc. Au cours de l’offensive des Forces démocratiques syriennes (FDS) pour libérer Raqqa et Deir ez-Zor, des dizaines de milliers de membres de l’Etat islamique se sont rendus en Turquie et dans les territoires occupés par la Turquie dans le nord-est de la Syrie. Ces djihadistes ont également été placés dans les rangs de l’ASL par l’État turc. Lorsque l’occupation d’Afrin a commencé le 20 janvier 2018, les islamistes de l’ASL ne jugeaient plus nécessaire de se camoufler en coupant leur barbe.
 
Certains des membres de l’Etat islamique participant à l’opération d’occupation à Serêkaniyê (Ras al-Ain) et Girê Spî (Tal Abyad) lancée par l’État turc le 9 octobre dans les rangs de l’Armée nationale syrienne (SNA) n’estime plus que le camouflage soit nécessaire. Bien que les services secrets turcs (MIT) les aient avertis à plusieurs reprises, les djihadistes de l’ASL et de la SNA partagent avec enthousiasme leurs photos d’eux quand ils étaient dans les rangs de l’État islamique et diffusent de la propagande pour l’Etat islamique sur les réseaux sociaux.
 
Voici les informations de certains des membres de l’Etat islamique qui ont participé à l’occupation d’Afrin et de Serêkaniyê sous l’uniforme de l’ASL ou de la SNA (images en bas du texte) :
 
Ahmed Abud: L’homme de 33 ans est connu sous le nom d’Abou Shihab. Il appartient à la tribu al-Khalahi et vient de Mayadin à Deir ez-Zor. En 2014, il a rejoint DAECH / ISIS à Mayadin. Il y a deux ans, il a rejoint les territoires occupés par la Turquie à Shehba et a rejoint la milice Jaysh al-Sharqiya, qui est composé presque entièrement de membres de l’Etat islamique. Il a participé à l’opération d’occupation turque à Afrin et a été particulièrement actif dans les combats à Jindires. Récemmment, il a participé à l’occupation de Serêkaniyê et Girê Spî et a été nommé par l’État turc au commandement général des unités de Jaysh al-Sharqiya stationnées dans les deux villes.
 
Abu Ahmed al-Khureshi: L’islamiste appartenant à la tribu Qaraani et vient du village al-Quriyah à Deir ez-Zor. Dans le SNA, il est connu sous le nom d’Abu Jasim, alors qu’il s’appelait Abu Ahmed al-Khureshi dans l’Etat islamique. Il est marié et a trois enfants. Au début de la guerre civile syrienne, il rejoint le bataillon Faruk. Lorsque l’État islamique est apparu dans la région, il est devenu membre et a travaillé comme instructeur militaire pour l’État islamique à al-Baraka à Hesekê. Son émir à cette époque était Abu Jandal al-Belchiki. Plus tard, il est lui-même devenu l’émir militaire de plusieurs postes de contrôle routier de l’Etat islamique. Pendant son séjour à Deir ez-Zor et Alep, il a participé à toutes les opérations de combat.
 
En 2017, al-Khureshi s’est déplacé vers les territoires occupés par la Turquie à Shehba grâce à la médiation du service de renseignement militaire de l’Etat islamique. Son cousin était l’émir de la milice Isud al-Sharqiye à Idlib. Il a lui-même rejoint ce groupe, a participé activement à l’occupation de Serêkaniyê et continue d’y rester. Abu Ahmed al-Khureshi utilise un compte Facebook appelé Anas Khalil, où il a également partagé des photos de son temps au sein de l’Etat islamique.
 
Mihammed al-Debas:Ce djihadiste est né en 1988 et vient du quartier d’al-Katif dans le quartier d’al-Bukemal à Deir ez-Zor. Avant le début de la guerre civile syrienne, il avait gagné sa vie en tant que marchand de légumes. En 2013, il a rejoint le front Al-Nusra à al-Bukemal. Lorsque Deir ez-Zor est tombé sous le règne de l ‘ »État islamique », al-Debas a rejoint l’EI et a déménagé à Idlib six mois plus tard. Là, il a rejoint al-Nusra à nouveau. En 2015, il s’est rendu en Turquie sous l’égide du commandant d’Al-Nusra Xizhil et est revenu de là à Idlib. En 2015, il a participé à un entraînement militaire en Jordanie et, après son retour, a rejoint un groupe contrôlé par l’État turc. Avec ce groupe, il a participé à l’occupation d’Afrin. Il a participé à l’invasion de Serêkaniyê et Girê Spî dans les rangs de la Brigade du Sultan Murad mise en place par les services secrets turcs.
 
Ahmed Adnan al-Rahwmi: Le djihadiste est né à al-Bukemal à Deir ez-Zor en 1998 et y était travailleur de la construction. Il a rejoint l’EI en 2014. Dans les rangs de l’Etat islamique, il a été accusé de vol et s’est enfui avec sa famille en Turquie à la fin de 2014. Lorsque l’Etat turc a mis en place des unités « Bouclier de l’Euphrate » en Turquie pour l’opération d’occupation en Turquie. Shehba, il les a rejoints là-bas. Il a participé à l’occupation d’Afrin en 2018 et à l’invasion de Girê Spî et Serêkaniyê en tant que membre de la Brigade du Sultan Murad en octobre 2019.
 
Suud Ghayeb al-Rakkad: l’islamiste du village de Na’ur près de Til Kocher dans la région de Dêrik est connu sous le nom de Selil Shammar al-Shammari et utilise ce nom sur Facebook. Il appartient à la tribu Shammar. Il a rejoint l’ASL à Til Kocher au début de la guerre civile syrienne et est devenu membre de l’Etat islamique au début de 2014. Il était commandant militaire de l’Etat islamique à Hol. Après environ un an, il est allé en Turquie. Là, il a rejoint les unités « Bouclier Euphrate » de la FSA. En 2018, il a participé à l’invasion d’Afrin. Il a participé activement à l’invasion de Serêkaniyê, qui a commencé le 9 octobre, en tant que membre de l’Ahrar al-Sharqiya. Son frère Faysal Ghayip al-Rakkad est également membre de cette milice. Il se trouve actuellement à Mabruka.
 
Ahmed Abu Qutada: Ce djihadiste vient du district de Saliya de Deir ez-Zor et était actif au sein de Daech en 2017. Il est maintenant membre d’Ahrar al-Sharqiya, qui est contrôlé par l’État turc, et a été reconnu dans une vidéo publiée par lui-même lors de l’attaque d’occupation de Siluk, près de Girê Spî.
 
ANF