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La Turquie a ouvert une enquête contre 400 Kurdes vivant en Allemagne

TURQUIE – Le bureau du procureur général d’Ankara a lancé une enquête judiciaire contre quelque 400 personnes fréquentant ou travaillant dans des associations kurdes en Allemagne.
 
Des arrestations de Kurdes d’Allemagne, dont certains ont la nationalité allemande, se poursuivent en Turquie à la suite d’enquête ouverte par le procureur général d’Ankara contre les membres d’associations kurdes et d’organisations légales d’opposants turcs en Allemagne. La dernière personne victime de ces arrestation est Kadriye İmir, la mère de Nuran İmir, une députée du Parti démocratique des peuples (HDP).
 
Selon un rapport publié en août 2019, 62 citoyens allemands ont été détenus au cours des 6 derniers mois en Turquie. 38 d’entre eux sont interdits de quitter la Turquie.
 
Une enquête visant 400 Kurdes
 
Selon des avocats et politiciens travaillant sur le sujet, l’enquête ouverte par la Turquie visent quelque 400 ressortissants allemands.
 
Le consulat allemand est également informé des opérations visant les citoyens allemands sur le sol turc. Tandis que le consulat allemand garde son silence, des ressortissants allemands, notamment des Kurdes, sont confrontés à des détentions en Turquie.
 
Fréquenter des associations kurdes est un crime
 
Bien que la décision de confidentialité prise au cours des enquêtes se poursuive, ils sont accusés d’être membres d’associations kurdes en Allemagne et d’avoir participé aux activités de l’association et d’avoir prononcé des discours lors de ces activités.
 
On affirme que les noms des membres des associations légales ont été tirés des registres allemands de commerce. Dans les enquêtes ouvertes au motif d’ « être membre d’une organisation » et de « faire de la propagande pour une organisation [terroriste/kurde] », ceux qui vivent en Allemagne sont généralement victimes d’interdiction de quitter la Turquie.
 
Citoyens incités à dénoncer les Kurdes et opposants turcs aux autorités turques
 
Les victimes qui viennent rendre visite à des proches à Ankara attirent également l’attention sur la présence d’informations obtenues grâce aux activités de renseignement en Allemagne. Le 2 novembre 2019, ND avait déclaré à Artı Gerçek : « Ceux qui sont actifs au sein d’une association germano-kurde, ceux qui participent aux manifestations de protestions de la politique de l’AKP [le parti politique au pouvoir en Turquie], même des discutions entre individus peuvent provoquer des poursuites en Turquie.»
 
ND, avait ajouté qu’on essayer de mettre en place en Europe la pratique similaire des citoyens dénonciateurs déjà mis en œuvre en Turquie.
 
Les associations kurdes au cœur de l’enquête
 
Les autorités turques demandent généralement aux détenus s’ils ont été détenus auparavant et s’ils avaient des comptes sur les réseaux sociaux.
 
Certaines questions posées aux détenus sont les suivantes :
 
* Avez-vous participé à des activités et actions organisées conformément aux instructions d’Abdullah Öcalan [dirigeant du Le Parti des travailleurs du Kurdistan – PKK emprisonné en Turquie depuis 1999] et de l’organisation terroriste [PKK]?
 
* Que savez-vous du Congrès de la Société démocratique kurde en Europe (KCDK-E)?
 
* Dites-nous en détail ce que vous savez sur le Centre de la société démocratique kurde en Allemagne (NAV-DEM) ?
 
* Quels types d’activités sont organisées par les membres du Centre de la société démocratique kurde (DKTM) à Munich pour les membres de l’organisation KCK-PYD / YPG qui ont été neutralisés alors qu’ils menaient des activités au sein de l’organisation terroriste ?
 
* Qui a participé aux événements ? Qui a invité ceux qui sont montés sur la scène lors de l’événement? Qui a préparé votre discours ? Parlez-nous de HDK-A (Le Congrès démocratique des peuples -Europe)?
(…)
* Parlez-nous des centres, administrations, membres et activités des organisations dites caritatives opérant sous les noms d’Heyva-Sor (Croissant-Rouge kurde) et Roja Sora Kurdi (Soleil rouge kurde) en Europe et en Allemagne?
 
Les avocats des victimes de ces poursuites ne peuvent même pas obtenir des informations concernant leurs clients car les dossiers sont classés « secrets ».
 
L’avocat Alişan Şahin, qui a vu bon nombre de ses clients condamnés à la détention, a déclaré que de nombreuses personnes avaient été victimes de ces opérations. Şahin a déclaré que les citoyens allemands étaient soumis à un long processus de détention.
 
Şahin a déclaré qu’ils n’avaient pas pu obtenir d’informations parce qu’il y avait une décision de confidentialité dans le dossier d’enquête mais qu’il n’y avait rien de tangible dans l’enquête (…).
 
Sahin, a déclaré: « Ce dossier est purement une violation des droits, les liens familiaux sont brisés. Des gens ont été licenciés. Ce n’est pas une enquête en vertu de la loi, mais une enquête sous pression politique. (…) J’espère qu’ils reviendront bientôt de cette illégalité. »
 
 
Image via Jacques Leleu

 

Hasankeyf, le patrimoine millénaire de l’humanité englouti par le barrage Ilisu

TURQUIE / BAKUR – La Turquie a construit un barrage immense sur les rives du fleuve Tigre, dans la région kurde de Batman. Le barrage va engloutir près de 200 villages, dont les habitants ont été chassés, et, le plus grave de tout, la ville antique d’Hasankeyf, vieille de plus de 12 000 ans, que l’UNESCO aurait dû inscrire sur sa liste des sites protégés…
 
Les eaux du barrage sont en train d’engloutir la ville d’Hasankeyf, après avoir inondé plusieurs villages sur son passage.
 
A terme, le réservoir du barrage devra atteindre 10,4 milliards de m3 d’eau.
 
Pourquoi on doit empêcher Hasankeyf d’être engloutie par le barrage Ilisu ?
 
Premièrement, Hasankeyf (Heskîf en kurde) est le patrimoine culturel du monde entier avec ses plus de 12 000 ans d’histoire laissée par de nombreuses civilisations successives telles que les Sumériens, les Assyriens, les Babyloniens, les Byzantins, les Omeyyades, les Abbassides, les Artuqides, les Kurdes, etc.
 
Hasankeyf compte plus de 5000 grottes, 300 monticules et n’a pas encore livré tous ses secrets, fautes de fouilles archéologiques…
 
Deuxièmement, ce grand barrage d’Ilisu va chasser de leurs terres les populations qui vivent dans cette région depuis des millénaires. (On parle de plusieurs milliers de personnes ainsi déracinées de la région qui sera inondée par le barrage.) 
 
Troisièmement, la réduction du débit des eaux du Tigre asséchera les marais située dans le sud de l’Irak causant une autre catastrophe écologique dans une région déjà dévastée par les changements climatiques et sécheresses répétées, tandis que la nature d’Hasankeyf sera engloutie par l’eau alors que la Turquie l’avait déclarée « zone de conservation naturelle » en 1981.
 
Quatrièmement, avec ce barrage, l’État turc prendra le contrôle des ressources en eau et sera en mesure de couper l’eau du Tigre à tout moment, affectant ainsi l’Irak. L’eau est très importante non seulement pour les Kurdes, mais aussi pour les Arabes et l’Irak. L’eau du Tigre ne doit pas être une arme de guerre laissée entre les mains du pouvoir turc.L’image contient peut-être : plein air et natureL’image contient peut-être : plein air et nature
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Images via Bişar Içli
 
 

La Turquie bombarde Shengal, patrie des Yézidis meurtris par DAECH

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KURDISTAN DU SUD – SHENGAL – Ce mercredi, les avions de guerre turcs ont bombardé un village de Shengal, tuant quatre combattants et en blessant d’autres.
 
Le Conseil yézidi de Şengal a déclaré que l’attaque était une continuation des attaques génocidaires menées sur la base de la coopération de l’État turc avec l’Etat islamique.
 
Le Conseil autonome démocratique de Shengal a publié un communiqué après le raid aérien de l’armée turque qui a frappé le village de Digure, dans la ville de Sinune, tuant une personne.
 
Rappelant le génocide des Kurdes yézidis commis par DAECH à Shengal le 3 août 2014, le Conseil a souligné que l’État turc s’était mobilisé pour fournir tout type de soutien à Daech et a maintenant commencé à viser le peuple yézidi directement après la défaite de Daech.
 
«L’État turc cherche à venger l’Etat islamique. Ces attaques ne signifient rien d’autre», a déclaré le communiqué.
 
Appelant le gouvernement irakien à faire clairement connaître sa position et à s’opposer aux attaques, le Conseil a noté que l’État turc avait utilisé l’espace aérien irakien pour mener les attaques contre Shengal.
 
Le Conseil a qualifié le silence du monde sur ces attaques de « honteux », en faisant allusion aux Nations Unies (ONU) et à l’Union européenne (EU).
 
Le Conseil a également appelé les habitants de quatre régions du Kurdistan à descendre dans la rue et à condamner l’État turc.
 

L’État turc bombarde Shengal

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IRAK / KURDISTAN DU SUD – Une frappe aérienne a été signalée dans un village de Shengal, au Kurdistan du Sud.
 
Selon des informations venant de la région, le village de Digure, à Shengal, a été pris pour cible par une attaque aérienne de la Turquie.
 
Des sources locales rapportent que l’attaque a été menée par des avions de chasse de la Turquie.
 
L’État turc a ciblé Shengal, la patrie historique des Kurdes yézidis, à plusieurs reprises
 
Le 19 octobre 2019, des avions de guerre turcs ont bombardé les zones habitées du district de Xanesor, à Shengal. Cinq combattants des forces de défense de Şengal (YBŞ) ont été blessés lors de l’attaque menée par des drones (SİHA) sans pilote sur Xanesor le 19 novembre. L’un d’eux est décédé plus tard.
 
Le 4 novembre, Xanesor a été bombardé et 3 combattants YBŞ ont été blessés. Des avions de chasse turcs ont bombardé la région de Barê, à Shengal, à trois reprises dans la soirée du 5 novembre.
 

Disparition inquiétante d’une étudiante kurde à Dersim

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TURQUIE / BAKUR – Gülistan Doku, une jeune kurde étudiant à l’université de Dersim est portée disparue depuis le 5 janvier 2020. Le suspect de nationalité russe, beau-fils d’un policier et qui serait le petit-ami de Gulistan, reste introuvable.
 
Peu avant sa disparition, Gulistan aurait monté dans un minibus, suivi du suspect Zainal Abarakov. Depuis, on n’a plus de nouvelles d’elle.
 
Zainal Abarakov, ressortissant étranger dont la mère est mariée avec un policier turc en poste à Dersim, est « introuvable » ainsi que ses parents. Les proches de Gulistan déclarent que la police turque veut classer l’affaire à cause du fait que le suspect soit le beau-fils d’un policier travaillant à Dersim.
 
La députée du Parti démocratique des peuples (HDP) Meral Danış Beştaş a soumis une enquête parlementaire sur le sort de Gülistan Doku.
 
La police n’avait pas demandé le témoignage du ex-petit ami de Doku, Zainal Abarakov, a déclaré Danış Beştaş.
 
Doku a été politiquement active à l’Université Munzur de Tunceli (Dersim), où elle s’est exprimée sur diverses questions, notamment la prostitution forcée des étudiantes et les amendes infligées aux étudiants qui étaient en retard en classe, selon la députée du HDP.
 
Danış Beştaş a déclaré qu’il y avait des allégations selon lesquelles Doku avait été forcée de monter dans un bus de ville après avoir été battue par le ressortissant russe Abarakov, qui avait signalé la disparition de la jeune femme et avait ensuite disparu. Dans un premier temps, la famille du suspect avait déclaré qu’Abarakov avait quitté le pays, mais cette information serait fausse, il serait toujours en Turquie.
 
Il y a des images de vidéosurveillance de Doku montant dans le bus, mais pas de sa descente, a déclaré sa sœur Aygül Doku.
 
« La police a dit qu’il n’y avait pas d’enregistrement, mais il y a des caméras partout à Tunceli », a déclaré la sœur, citée par le quotidien turc Cumhuriyet.
 
« Les déclarations de la police selon lesquelles il s’agit d’un suicide indiquent la protection de l’individu appelé Zainal, et la tentative de dissimulation de la disparition de Gülistan », a déclaré Danış Beştaş, demandant si le policier qui était le beau-père d’Abarakov avait été impliqué dans l’affaire.
 
Aygül Doku a dit à Cumhuriyet qu’elle avait entendu parler d’une bagarre entre sa sœur et Abarakov un jour avant sa disparition, quand Abarakov a dit à Doku qu’il était marié en Russie.
 
Les dossiers de la police indiquent qu’Abarakov a battu Doku plus tard le même jour, mais le ressortissant russe n’a pas été détenu car la jeune femme n’aurait pas porté plainte.
 
La police a récemment dit à la famille de Doku qu’elle avait tenté de se suicider en octobre, sur la base des dossiers de l’hôpital, a déclaré l’oncle de Doku, Mehmet Kan à Cumhuriyet.
 
« Nous n’avions aucune information à ce sujet. Pourquoi la police ne nous l’a-t-elle pas dit à ce moment-là ? Qu’est-ce qu’ils essaient de cacher ? » demanda l’oncle.

(Chaque jour qui passe renforce les inquiétudes selon lesquelles, Gulistan a été victime d’un féminicide.)

 

L’affaire PKK devant la Cour de cassation de Belgique

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BRUXELLES – Après l’objection de la Turquie à l’arrêt de la Cour d’appel de Bruxelles de mars dernier selon lequel le PKK n’est pas une organisation terroriste, l’affaire a été portée devant la Cour de cassation où le procureur a exprimé un avis favorable au verdict.

Exprimant son avis lors de l’audience, le procureur de la Cour de cassation a demandé la ratification de l’arrêt de la Cour d’appel dans l’affaire du PKK.

Le procureur de la juridiction inférieure et les avocats de l’Etat turc ont demandé un délai pour répondre à l’avis du procureur de la Cour de cassation.

En 2006, une enquête avait été ouverte contre 37 politiciens kurdes, dont Remzi Kartal, Zübeyir Aydar et Adem Uzun en Belgique. Le 3 novembre 2016, le Bureau des enquêtes à Bruxelles a décidé que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) n’est pas une organisation terroriste et a rejeté la poursuite. Le Procureur fédéral a fait appel de cette décision. Sur appel des parquets turc et belge, les parties avaient été entendues à la cour d’appel le 9 mai 2017.

Le procès visant à faire retirer le PKK de la liste des organisations terroristes de l’UE a été entendu par la Cour de justice européenne le 16 avril 2018.

La Cour de justice européenne a également statué que l’inclusion du PKK dans la liste des organisations terroristes de l’UE était injustifiée.

Le 8 mars 2019, la Cour d’appel de Bruxelles a entendu l’appel interjeté par le parquet fédéral belge contre la décision selon laquelle la lutte armée du PKK au Kurdistan du Nord est « le conflit intérieur de la Turquie ».

La cour a déclaré une fois de plus que l’activité du PKK n’est pas du terrorisme et a statué qu’il n’y a pas de motifs de poursuites concernant les 37 politiciens kurdes, dont le coprésident du KONGRA-GEL Remzi Kartal et le membre du Conseil exécutif du KCK Zübeyir Aydar.

Cette décision met ainsi un terme à l’enquête ouverte par le parquet fédéral belge contre les militants kurdes en 2006. Le même tribunal a identifié le PKK comme « une organisation armée internationale qui n’est pas un État » le 15 septembre 2017. Le tribunal a souligné la violence de l’État turc, statuant que le PKK répondait à cette violence et qu’il n’y avait pas d’activité terroriste à proprement parler. Le jugement stipule donc que le PKK ne peut être jugé sur la base des lois antiterroristes en Belgique.

L’État turc et un procureur de la juridiction inférieure ont fait appel de la décision du tribunal belge.

L’audience tenue à la Cour de cassation mardi a réuni les avocats des politiciens kurdes, deux avocats représentant l’Etat turc et le procureur du tribunal de première instance.

Exprimant son avis lors de l’audience, le procureur de la Cour de cassation a demandé la ratification de l’arrêt de la Cour d’appel dans l’affaire du PKK.

Le procureur de la juridiction inférieure et les avocats de l’Etat turc ont demandé un délai pour répondre à l’avis du procureur de la Cour de cassation.

Selon les sources qui ont suivi l’affaire, la Cour de cassation a ajourné l’audience au 28 janvier. Les avocats de l’Etat turc sont censés avoir soumis une réponse écrite avant le 24 janvier.

ANF

Bahram Rahmani: « Le Rojava donne de l’espoir aux opprimés »

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STOCKHOLM – L’auteur iranien Bahram Rahmani souligne l’importance de l’alternative démocratique au Rojava pour les opprimés du monde et appelle à la solidarité avec la résistance contre l’invasion turque.
 

Bahram Rahmani, ancien président de l’Association des écrivains iraniens et de la section iranienne de l’association des écrivains du PEN, a parlé à l’ANF de la politique turque au Moyen-Orient et de la « politique kurde » de la Turquie en Syrie. Rahmani souligne l’importance de l’alternative démocratique au Rojava pour les opprimés du monde et attribue à la Turquie et à Erdoğan une responsabilité cruciale dans la guerre en Syrie.

Astana doit faire l’objet d’une enquête

L’auteur et journaliste iranien considère l’abattage d’un avion russe par la Turquie en 2015 comme un tournant décisif. « Ankara s’est éloignée des États-Unis et de l’OTAN et a commencé à coopérer avec la Russie et l’Iran. Cependant, ces forces étaient de différents côtés en Syrie. Alors que la Russie et l’Iran ont pris parti pour Assad, la Turquie a continué de soutenir les jihadistes. Il faut regarder de près comment ces pays, bien que soutenant différentes factions, travaillent ensemble sur l’avenir de la Syrie. Ils se réunissent à Astana et prennent des décisions. Mais ni le gouvernement syrien ni le peuple syrien ne sont présents à la table. Trois pays décident de l’avenir d’un autre pays. »

La position de la Turquie est affaiblie

« Malgré les intérêts différents concernant la Syrie, les deux pays ont donné leur feu vert à l’occupation turque du nord de la Syrie. Le but d’Erdoğan était d’installer des Arabes syriens dans la zone frontalière afin d’empêcher les relations entre les Kurdes du Kurdistan du Nord [territoire turc] et le Rojava. Mais cela n’a pu être réalisé jusqu’à aujourd’hui. La Turquie n’est pas économiquement en mesure de le faire La Turquie se trouve également dans une situation difficile à Idlib. Ici, les groupes de l’Etat islamique et d’Al-Qaïda soutenus par Ankara sont au pouvoir. Pour toutes ces raisons, la position de la Turquie est affaiblie », poursuit Rahmani.

Le plan d’Erdoğan pour la Libye

Rahmani rappelle qu’Erdoğan a armé et soutenu des djihadistes pendant la guerre en Syrie. Comme ils ne pouvaient pas être hébergés sur les territoires occupés par la Turquie dans le nord-est de la Syrie, Ankara prévoit d’envoyer ses alliés islamistes dans la guerre civile libyenne. « Indépendamment de ce qu’a fait Erdoğan, la Turquie occupe en fait une position clé au Moyen-Orient. Erdoğan et l’État turc craignent que les systèmes changent. Il y a un fort mouvement populaire contre les mollahs en Iran. Si le régime iranien s’effondre, cela aura une forte influence sur la Turquie. Erdoğan ne pourra pas rester au pouvoir. »

Erdoğan et Khamanei adoptent une approche idéologique

« Alors que la Russie mène une politique pragmatique conforme à ses intérêts politiques et économiques, Erdoğan et Khamenei ont adopté une approche idéologique et soutiennent les islamistes proches d’eux. Ainsi, Erdoğan soutient également le gouvernement des Frères musulmans en Libye », explique Rahmani.

Erdoğan redoute les gains territoriaux des Kurdes

« L’État turc attaque le peuple kurde et le PKK depuis 40 ans. Mais le peuple kurde a ses revendications. Erdoğan a paniqué lorsque les Kurdes sont devenus plus forts pendant le processus de paix et que le HDP [le parti démocratiques des peuples] a pu envoyer 80 députés au Parlement. Malgré tous les répression, le HDP a également pu envoyer 50 députés au Parlement lors des dernières élections. Erdoğan a encore plus peur des événements en Turquie et dans le nord du Kurdistan qu’au Rojava. Il a peur du peuple kurde dans le nord du Kurdistan. Depuis huit ans, la Turquie ne représente aucune menace pour la Turquie depuis le Rojava. Erdoğan craint que le système démocratique du Rojava ne soit étendu au Kurdistan et au Moyen-Orient.

Le Rojava ne convient pas aux États réactionnaires et impérialistes

Ce n’est pas seulement la Turquie qui est contre le Rojava, mais l’Iran, l’Arabie saoudite, le Qatar, Israël, l’UE, les États-Unis et d’autres pays sont contre l’autonomie gouvernementale, a déclaré Rahmani. « Pendant huit ans, aucun pays n’a reconnu le système au Rojava. Ils prétendent être contre l’invasion turque du Rojava, mais en même temps ils n’aiment pas le système là-bas. Des armes allemandes et suisses ainsi que celles d’autres pays occidentaux sont utilisées au Rojava. Ces pays ne veulent pas que le peuple se gouverne par lui-même. »

Le système du Rojava est réussi car il est basé sur les gens

« Lorsque l’EI a attaqué Shengal, les Peshmergas ont abandonné les Yézidis et se sont retirés. L’aide est venue du Rojava et l’Etat islamique a été empêché d’entrer dans les zones autonomes du nord de la Syrie. Les habitants du Rojava résistent maintenant à l’invasion turque. Le système du Rojava donne de l’espoir aux pauvres du monde entier. Tous les peuples opprimés devraient soutenir la résistance du Rojava contre l’État turc. »

 
 

La justice allemande veut séparer une femme kurde de ses enfants

ALLEMAGNE – La criminalisation des Kurdes d’Allemagne s’est encore intensifiée depuis l’invasion du Rojava par la Turquie. Les activistes kurdes ou simples citoyens d’origine kurde ayant participé à des manifestations légales sont poursuivis en justice. Une Kurde est même menacée de perdre la garde de ses cinq enfants !  
 
Les autorités allemandes ont entamé une procédure pour enlever 5 enfants à une mère kurde car elle a participé, avec 2 de ses enfants, à une manifestation contre la venue d’Erdogan en Allemagne. Sa fille de 13 ans portait un portrait d’Öcalan.
 
Zozan G. est active politiquement depuis longtemps. Elle a ses racines au Kurdistan. Les raids des militaires turcs et des milices islamistes sur les régions kurdes syriennes n’ont que renforcé son militantisme.
 
Maintenant, Zozan G. est menacée de perdre la garde de ses cinq enfants. Elle est accusée de « mise en danger du bien-être de l’enfant », car sa fille de 13 ans, L., prend part à des actions de protestation légales du mouvement kurde en Allemagne. Lors d’une marche de militants kurdes de Mannheim à Karlsruhe en février 2019, elle portait un gilet avec un portrait d’Öcalan. Sa sœur S. était également là. Parce que le PKK est interdit en Allemagne en tant qu’association « terroriste », porter des photos du chef du PKK, Abdullah Öcalan est également puni. La police d’État a assisté à la manifestation et a préparé des dossiers sur Zozan G. et ses enfants.
 
Autre accusation : G. aurait agi en tant que personne de contact pour les médias lors d’une action en mars 2019 au Parlement de Düsseldorf, tandis que des militants ont bloqué l’accès à l’intérieur du Parlement. Selon les autorités, G. aurait ordonné la dissolution de l’action, dans laquelle la fille L. était également impliquée, par des gestes.
 
Zozan G. contredit cette présentation. Elle déclare qu’elle voulait seulement suggérer à la fille effrayée qu’elle devrait quitter la campagne.
 
Image via Jacques Leleu

Rencontre entre les chefs des services secrets turcs et syriens à Moscou

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Il est fort probable que cette rencontre ait permis aux deux parties de voir ce qu’ils peuvent faire pour détruire le Rojava et mettre fin à l’autonomie des Kurdes syriens.
 
« Les chefs du renseignement turc et syrien se sont rencontrés lundi à Moscou, lors du premier contact officiel depuis des années, » a déclaré un haut responsable turc et l’agence de presse syrienne SANA.
 
Les deux parties ont déclaré qu’il y avait eu des contacts avec les services de renseignement, mais il s’agit de la première reconnaissance explicite d’une telle réunion de haut niveau.
 
Le président turc Erdogan soutient les groupes de rebelles, dont des jihadistes, qui se sont battus pour renverser Assad pendant les huit années de guerre civile en Syrie. Erdogan a décrit Assad comme un terroriste et a demandé qu’il soit chassé du pouvoir.
 
Mais les alliés d’Assad, la Russie et l’Iran, ont aidé à inverser le conflit, et avec le retrait des forces américaines du nord-est de la Syrie, les troupes soutenues par Assad rentrent dans la région juste au moment où les troupes turques arrivent du nord.
 
Le chef du renseignement turc (MIT), Hakan Fidan, et son homologue syrien ont discuté du cessez-le-feu à Idlib en Syrie et d’une éventuelle coordination contre la présence kurde dans le nord de la Syrie.
 
Les discussions ont inclus « la possibilité de travailler ensemble contre les YPG, la composante syrienne de l’organisation terroriste PKK, à l’est de l’Euphrate », a déclaré un responsable turc sous couvert d’anonymat.
 
L’agence de presse SANA a déclaré que le chef du renseignement syrien a appelé la Turquie à adhérer pleinement à la souveraineté de la Syrie, à son indépendance et à son intégrité territoriale ainsi qu’au retrait immédiat et complet de l’ensemble du territoire syrien.
 
L’année dernière, la Turquie et la Russie ont signé un accord, surnommé l’accord de Sotchi, en vertu duquel les forces syriennes et russes se sont déployées dans le nord-est de la Syrie pour retirer les forces kurdes YPG et leurs armes de la frontière avec la Turquie dans le cadre d’un accord, que Moscou et Ankara ont salué comme un triomphe.
 
Malgré le soutien des parties adverses dans le conflit syrien, Ankara et Moscou se sont rapprochées, leurs liens renforcés par des projets énergétiques conjoints et l’achat par la Turquie de défenses aériennes russes – au grand dam de son allié de l’OTAN, les États-Unis.
 
La Turquie et la Russie ont coopéré plus étroitement sur la Syrie depuis qu’elles ont accepté, il y a deux ans, de travailler avec l’autre allié principal d’Assad, l’Iran, pour contenir les combats.
 
Via Reuters

Leylan: Le nouveau roman de Selahattin Demirtas sort le 22 janvier

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TURQUIE – Le politicien et écrivain kurde, Selahattin Demirtas va retrouver ses lecteurs avec un nouveau roman écrit en prison où il est tenu en otage depuis plus de 3 ans.
 
Leylan, le nouveau roman de Demirtas, sort le 22 janvier prochain. Il a dédié son roman à son épouse Başak et leurs filles Delal et Dılda.
 
Avocat et politicien kurde, Selahattin Demirtas nous a révélé l’écrivain talentueux qui sommeillait en lui en écrivant « Aurore », qui a reçu notamment le Prix Montluc Résistance et Liberté en France, et « Et tournera la roue », deux romans traduits dans de nombreuses langues.
 
Actuellement, l’ancien dirigeant du HDP, Demirtas souffre de problèmes de santé mais ses bourreaux refusent sa libération, l’empêchant de recevoir des soins nécessaires.

Les lecteurs français devront patienter quelques mois, pour que Leylan soit traduit en français, pour le lire.
Les romans précédents de Demirtas ont été publiés en France par la maison d’éditions Emmanuelle Collas Galaade.

ROJAVA. Des djihadistes devenus policiers à Tal Abyad

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SYRIE / ROJAVA – L’État turc a formé des djihadistes et les a nommés policiers dans la ville occupée de Girê Spî, dans le nord de la Syrie.
 
L’État turc veut pérenniser l’occupation de la zone du nord-est de la Syrie, envahie depuis le 9 octobre 2019. À cette fin, des agents formés devraient être envoyés dans la région.
 
Selon l’agence de presse ANHA, des djihadistes ont été formés pour que la structure dite de «police libre» opère dans les zones occupées. La session de formation s’est conclue par une cérémonie à Girê Spî (Tal Abyad), à laquelle ont assisté de nombreux commandants turcs en plus des diplômés recrutés dans les groupes djihadistes.
 
Les habitants de la zone d’occupation ont protesté à plusieurs reprises contre le stationnement d’agents formés par la Turquie. Fidèle à son plan de changement démographique dans le nord de la Syrie, la Turquie continue d’essayer de rallier les tribus arabes et de créer un conflit artificiel entre les populations kurdes et arabes afin chasser tous les Kurdes de la région.
 
 

TURQUIE. Les élues kurdes Sebahat Tuncel et Gültan Kışanak restent en prison

TURQUIE / BAKUR – Le procès contre les politiciennes kurdes Sebahat Tuncel et Gültan Kışanak a commencé à Malatya. Les deux femmes ont qualifié le procès de coup d’État postmoderne contre le système judiciaire.
 
L’audition de l’ancienne co-présidente du Parti des régions démocratiques (parti kurde – DBP), Sebahat Tuncel, et de l’ancienne co-maire de la municipalité métropolitaine d’Amed (DBB), Gultan Kısanak, s’est tenue lundi au tribunal pénal de Malatya. Accusées de terrorisme, les deux politiciennes kurdes qui sont en prison depuis novembre 2016 ont été condamnées à de longues peines de prison en février 2019.
 
L’ancienne maire d’Amed (Diyarbakir), Gültan Kışanak, a été condamnée à 14 ans et trois mois et la co-présidente du DBP Sebahat Tuncel à 15 ans de prison pour « avoir fondé et dirigé une organisation [terroriste] » et « propagande d’organisation [terroriste] ». Il y a six mois, une cour d’appel turque a annulé la condamnation de Sebahat Tuncel et Gültan Kışanak.
 
Sebahat Tuncel, qui a été élue au Parlement turc en 2007, a déclaré qu’elle savait que sa défense ne changerait rien au résultat du procès. Néanmoins, elle a déclaré qu’il était important d’enregistrer certains faits pour l’historiographie: « Ce procès n’est pas conforme aux normes juridiques internationales. Je parle du système d’un seul homme, qui est un coup d’État postmoderne contre le système juridique. Il y avait une procédure similaire à l’époque hitlérienne. Le pouvoir judiciaire, le Parlement, les droits de l’Homme – tout est suspendu. Quiconque s’oppose est traduit en justice. Les intellectuels, les artistes, les journalistes, les écologistes, les travailleurs et les universitaires sont jugés. »
 
En outre, la politicienne, emprisonnée à nouveau depuis 2016, a rappelé que 25 millions de Kurdes vivent en Turquie et souffrent de problèmes politiques, culturels et économiques. Le mouvement politique kurde est prêt à résoudre ces problèmes: « Mais ce mouvement est terrorisé et réprimé. Et que se passe-t-il ? Le mouvement se développe. Il représente six millions de personnes au Parlement [turc]. Il est prêt à résoudre les problèmes (…) de la démocratie, des femmes et de l’écologie. La réponse est: « Si vous n’obéissez pas, vous n’avez aucun droit et vous êtes mis dans des prisons qui ressemblent à des camps de concentration. »
 
Gültan Kışanak, qui, à l’âge de 19 ans, a résisté à la torture dans la célèbre prison d’Amed (Diyarbakir) dès 1980 après le coup d’État militaire en Turquie, a déclaré devant le tribunal, qu’elle ne se laisserait pas interdire de parler: « Bien sûr, je continuerai de m’exprimer. Le fait que, en tant que politicienne, je participe aux activités de mon parti n’est pas un crime, mais un droit inscrit dans la constitution ».
 
Le procès a été observé par les députées du HDP, Leyla Güven et Saliha Aydeniz, ainsi que par de nombreux autres politiciens. Le parquet a exigé le maintien du mandat d’arrêt. L’audience a été ajournée jusqu’au 9 mars 2020.