TURQUIE. « Les prisons pourraient se transformer en morgues »
RÉFUGIÉS KURDES. « Rendez-vous à Lavrio ! »
ATHÈNES – Comme vous le savez, la pandémie du COVID-19 continue à tuer à travers le monde et que nous avons toujours pas trouvé le moyen de la stopper. A l’heure actuelle, nous sommes des milliards de confiné-e-s du coronavirus et les deux camps de réfugiés kurdes de Lavrio, en Grèce, où entassent plus de 500 femmes, enfants et hommes privés de tout, sont sous le menace du virus mortel.
Alors, pour montrer qu’on est solidaire des réfugiés kurdes en ces jours difficiles, envoyons leur un message audio ou des dessins d’enfants. En attendant la fin du confinement pour leur apporter de l’aide matériel dont ils ont besoin. (A envoyer à Jean Marc Thérin jean-marc.therin@wanadoo.fr, le réalisateur qui monte les documentaires avec Jacques. Pour vous filmer vous pouvez utiliser votre téléphone ou votre ordinateur ou une caméra.

Allez, à vos appareils photo ou à vos crayons !
La solidarité est l’arme des peuples !

CUISINE. Soleil d’asperges
ROJAVA. Des membres de l’EI s’évadent d’une prison d’Hasakah
Le Newroz du phénix kurde
Tous les Kurdes connaissent la légende du Forgeron Kawa qui a terrassé le maléfique roi Dehak et qui a libéré le soleil des ténèbres. Mais d’aucun se souvient du Newroz du phénix.
Il y a des milliers d’années de cela, un peuple vaillant d’une terre nommée Mésopotamie célébrait le nouvel-an Newroz qui marquait l’arrivée du printemps et la fin des ténèbres.
Enfants, femmes, jeunes et vieillards, ils s’étaient rassemblés par milliers sur le flan est d’une montagne au sommet enneigé mais d’où on voyait les pleines brûlant d’un feu de couleurs parsemées de champs de blé et d’orge.
Les femmes et les fillettes portaient leurs robes colorées et scintillantes comme si elles jalousaient les pleines fleuries. Les hommes étaient fiers. Ils étaient au milieu de cette fête de couleurs et sous les regards timides de leurs femmes, fiancées ou promises. Quand aux enfants, une joie indéfinissable débordaient de leur poitrine. Ils avaient tous des noix, des figues séchées, du raisin sec et des grenades qu’on leur avait préparés pour la fête.
Tout le monde s’était mis en cercle autour d’un immense tas de branches et de bois mort. Bientôt, la plus âgée des femmes s’est approchée lentement du tas et l’alluma de sa torche qu’elle tenait à la main.
Dès que le feu a pris, un cri de joie s’éleva de la foule et on entendit le son des defs, des temburs et des billurs que les musiciens s’étaient mis à jouer. Aussitôt, les jeunes filles et les jeunes hommes se sont mis debout et ont formé une ronde dansante autour du feu. Les chants louant les cieux s’élevaient de l’assemblée des vieillards. Au fur à mesure qu’on avançait dans la nuit, la danse se faisait plus enivrante, les danseurs ne touchaient plus le sol, endiablés par les flammes du feu qui purifiait leurs âmes.
De loin, on voyait l’horizon rougir, le jour n’allait pas tarder à venir. Les enfants s’étaient endormis dans les bras de leurs parents, des bébés rêvaient en tétant le sein de leurs mères. L’ensemble offrait un tableau idyllique qu’on aurait pu confondre avec une scène sortie du paradis. Mais, soudain, un grondement terrible fit sursauté la foule. Le ciel s’assombri, on vit apparaître un sorcier aux doigts tordus qui ressemblaient aux branches d’arbres calcinés par le feu. Il portait une cape noire et une sorte de bonnet en lambeau. Il s’appuyait sur un bâton qui devait lui servir de canne.
Ce sorcier au visage sombre s’est mis devant le feu et s’adressa à l’assemblée terrifiée d’une voix roque qui faisait trembler même les branches des arbres. Il dit que ces hommes et femmes avaient une joie de vie démesurée, qu’ils faisaient pâlir de jalousie les bonnes âmes du paradis. Que le Dieu l’avait chargé de venir sur terre pour punir ces hommes et femmes effrontés. Qu’ils allaient être maudits pendant des millénaires pour avoir commis un tel crime, en étant plus heureux que ce que le Dieu pouvait accepter. Qu’ils avaient péché par la démesure, par excès de joie. Alors, il se retourna vers le feu et souffla de toutes ses forces. Le feu gronda, des flammes rouge-sangs s’élevèrent vers le ciel. La foule terrifiée se leva et dévala la pente à perte d’haleine.
Bientôt, ils étaient dans la pleine d’où ils voyaient la montagne embrasée par le feu. Toute la forêt brûlait, les cèdres, les sapins, les chênes… On entendait le gémissement tragique des animaux sauvages pris au piège par le feu tandis que les oiseaux volaient dans les airs en poussant des cris d’effroi avant de tomber, asphyxiés par la fumée… C’était l’heure d’apocalypse.
Le feu a mis trois jours à dévorer la montagne et pendant des mois, le vent du nord souffla sur les pleines les cendres de la forêt disparue.
Il a fallu sept ans, avant que des graines enfouies sous la terre sortent enfin et redonnent ses couleurs d’antan à la montagne, attirant les animaux d’autres montagnes. Mais la pleine était toujours endeuillée. Le blé poussait dans une tristesse jaune pâle. Personne n’avait faim, mais les âmes étaient tristes comme un matin gris d’hiver et tandis que les enfants aux regards éteints continuaient à manger des noix, du raisin sec et des grenades sans saveur…
Ces hommes et ces femmes croyaient vivre dans la tristesse et la malédiction pour toujours à cause de leur crime jusqu’à ce qu’un jeune garçon au cœur vaillant retourne en haut de la montagne là où il y avait eu la dernière fête 7 ans auparavant.
De jeunes arbres poussaient partout. Quelque chose de scintillant attira son regard. C’était la place du feu du Newroz. Ils se fraya un chemin au milieu des arbres et arriva à la place. Il cru rêver en voyant un phénix tenant dans son bec les cordes d’une tembur. Des larmes salées ont coulé sur ses joues. Il prit le phénix et les cordes et descendit la pente en courant. Il apportait la bonne nouvelle à ses frères et sœurs, à son peuple. Le Dieu les avait pardonnés. Ils pouvaient de nouveau célébrer le Newroz dans la joie.
Je ne me souviens pas du reste de ce conte que j’ai vu en rêve un jour d’hiver. J’ai beau forcer ma mémoire, je me souviens juste que je m’étais réveillée avec de la fièvre et des courbatures dans tout le corps. Comme si j’avais passé la nuit à danser et à jouer de la tembur et du def. J’étais allée voir mon médecin qui m’avait dit que j’avais juste contracté le coronavirus. Alors, j’étais revenue à la maison, fatiguée mais heureuse, on me disant que j’étais immortelle, comme le phénix kurde.
Keça Bênav / La fille sans nom (en kurde, Keç signifie « fille » et Bênav « sans nom » )
Pas de justice pour Roboski signifie pas de justice pour la Turquie

ROJAVA. Les femmes libres du JINWAR accueillent le printemps
Depuis des semaines, les femmes de Jinwar préparent leurs champs et leur jardin pour la nouvelle saison agricole. Pendant des semaines, les champs environnants et le jardin du village de femmes Jinwar ont été bêchés, nettoyés. Le blé semé en automne pousse déjà. Une serre a été construite pour la culture de petites plantes. Les semis sont plantés dans le jardin.

« En ce moment, il est encore plus important que nous puissions cultiver les choses dont nous avons besoin pour notre vie », disent les femmes de Jinwar.
Dans la Fédération de la Syrie du Nord et de l’Est, il y a un couvre-feu depuis le début de la semaine en raison de la pandémie de coronavirus, qui cause d’énormes problèmes d’approvisionnement pour la population, en particulier dans les villes. La majorité de la population est pauvre.

A Jinwar, les moutons et les poulets sont élevés en plus de l’agriculture et de l’horticulture. « Avec le lait de brebis, nous fabriquons du yaourt et du lait. Notre objectif est que notre jardin et notre champ fournissent tout ce dont nous avons besoin pour notre vie. Et nous voulons renforcer la base écologique du village. En ce moment, en ce moment, quand les gens ne peuvent pas quitter leur maison, les gens ne savent pas comment couvrir leurs besoins. Les gens ne savent pas où trouver de la nourriture et tous les moyens de base pour vivre. C’est pourquoi il est important de créer des réseaux, des coopératives et des groupes qui aident et se soutenir mutuellement », disent les habitants du village des femmes.

Jinwar est situé à l’ouest de Dirbêsiyê, dans le canton de Hesekê. La planification du projet a commencé en 2016 et la cérémonie d’ouverture a eu lieu le 25 novembre 2018. Le village est habité par des femmes d’origines différentes. Outre les femmes yézidies, chrétiennes, musulmanes, kurdes, syriaques et arabes, des femmes du monde entier participent à la vie du village.
Le village se compose de 30 maisons de différentes tailles, une école, une académie, un centre de santé, une cuisine communautaire, une aire de jeux pour les enfants, une petite boutique, une étable, deux piscines, un dépôt, un jardin avec 1400 arbres et une place de village.
Appel à témoignage: C’est quoi pour vous être Kurde ?
La Turquie attaque le Rojava, le coronavirus attaque les soldats turcs
SYRIE / ROJAVA – Plusieurs soldats turcs envoyés au Rojava sont infectés par le Covid-19. Mais l’Etat turc continue à attaquer les Kurdes du Rojava. Un acte aux conséquences dramatiques qui risque de précipiter la chute d’Erdogan…
Orange et cannelle par des temps coronavirusés
Comptons nos morts et préparons le monde de demain à nos enfants aux regards accusateurs
CORONAVIRUS – Alors que l’humanité est frappée par la pandémie du Covid – 19, qu’on n’arrive plus à compter nos morts, ni nos blessés, les regards accusateurs de nos enfants nous forcent à penser le monde de demain. Un monde digne du vivant dans son ensemble. Un monde uni qu’on ne divise plus ni entre les espèces végétales et animales, ni entre les hommes et femmes de la terre.
C’est épidémie sans précédent dans l’histoire de l’humanité qui a lapidé ses ressources naturelles et épuisé l’humain dans son moi nous a assommés. On est abasourdi, on chancelle et on essaye de compter ceux qui ne vont plus se relever…
Le Covid – 19 est un raz-de-marée qui est en train de tout raser sur son passage et qui met à nu nos sociétés cousues de fil blanc. Plus rien ne tient debout. Une immense partie des femmes et hommes vivant dans la peur permanente de la pauvreté, de la maladie, de la guerre ou des changements climatiques dévastateurs. Des millions d’entre eux sont déjà des réfugiés de guerre et ou du climat. Seule une infime partie des humains « profitent » de la planète et font tout pour mettre hors jeu le reste de l’humanité, pour avoir la main-mise exclusive sur toutes les ressources de notre terre déjà à bout de souffle.
Que faire ? Pleurer, s’enrager ou resté accablé et ne rien faire alors que le monde s’écroule ? Il est évident qu’avec la responsabilité que nous avons en tant qu’adultes / parents, nous n’avons pas le luxe d’avoir le droit à la « paresse » et de laisser ceux qui nous « gouvernent » à décider seuls de notre destin d’hommes et de femmes. Nous avons assez fui nos responsabilités jusqu’à présent. Mais, là, nous sommes devant nos enfants aux regards accusateurs qui nous demandent des comptes pour tout le mal que nous avons fait à la terre et à notre espèce, plus particulièrement aux femmes devenues les bouc-émissaires de toutes nos malheurs.
L’appel urgent du Rojava pour faire face à la pandémie du Covid-19
« Appel urgent
La propagation rapide du nouveau coronavirus (COVID-19) dans le monde et l’apparition de cas confirmés dans les pays voisins de la Syrie, en l’occurrence le Liban, la Jordanie, l’Irak, la Turquie et l’Iran, ont fait augmenter le risque d’une épidémie dans le nord-est de la Syrie. Les personnes déplacées et les camps de réfugiés dans le nord-est de la Syrie sont particulièrement vulnérables à la maladie. L’instabilité causée par la récente invasion turque aggrave également la situation humanitaire.
Comme d’autres pays, nous avons pris des mesures de précaution. Nous avons imposé des couvre-feux, avons cessé l’activité de nos institutions, interdit les rassemblements, et fermé les écoles et les universités. Cependant, malgré toutes ces mesures, notre région est encore exposée à une menace sérieuse, puisque nous manquons des équipements et médicaments de base pour traiter les personnes infectées, entre autres des ventilateurs et outils nécessaires pour contenir les débuts de l’épidémie. Par ailleurs, nous manquons cruellement d’équipements stériles et de moyens de prévention, ainsi que de laboratoires.
La Commission de la santé de l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie appelle les Nations Unies, l’Organisation mondiale de la santé, l’Union européenne et tous les organismes internationaux concernés par les questions de santé à porter assistance aux régions de l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie en leur procurant des fournitures médicales, telles que des appareils, des équipements et des médicaments qui puissent aider à limiter et à contrôler cette pandémie mondiale, et qui permettent un coût en vies humaines le plus bas possible. »
La Commission de la santé de l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie