Une nouvelle période de lutte attend la Turquie
Elections turques : tout le monde fait la fête mais qui a gagné ?
Demirtas : « Les régimes autoritaires finissent par s’effondrer »
Le candidat du HDP à la présidence turque, Selahattin Demirtaş, a fait publier un article dans le quotidien anglais The Guardian.
Demirtaş a rappelé aux lecteurs qu’il écrivait « d’une prison turque à sécurité maximale – ce qui doit sûrement être une idée étrange pour quiconque vit dans une démocratie stable. Dans tout pays où la démocratie parlementaire fonctionne correctement, les parlementaires et les dirigeants des partis politiques ne sont pas emprisonnés pour leurs politiques. Peu importe à quel point ils sont critiques envers le gouvernement, peu importe leur efficacité à s’opposer au gouvernement, les élus ne sont pas arrêtés pour leurs opinions politiques ».
Demirtaş a ajouté : « avant de devenir parlementaire, j’ai visité des prisons du pays en tant que défenseur des droits de l’homme pour dénoncer les violations des droits des prisonniers » et a souligné que » voir les murs de la prison en tant qu’avocat et être retenu en otage politique derrière eux sont des expériences très différentes ».
Réaffirmant sa foi dans l’opposition démocratique en Turquie, Demirtaş a rappelé que « Nelson Mandela a écrit dans son autobiographie sur ce que signifie être un prisonnier politique : La prison elle-même est une grande école de patience et de la persévérance. C’est avant tout un test de foi et d’équilibre. Maintenant, je passe le test de formation et de stabilité comme des dizaines de milliers d’autres aujourd’hui dans les prisons turques, juste pour avoir exercé le droit d’exprimer une opinion et de s’organiser ».
Rappelant qu’il mène sa campagne électorale depuis sa cellule de prison, Demirtaş a ajouté : « La lutte contre le régime autoritaire du président Recep Tayyip Erdoğan est le seul moyen de rétablir la paix et la démocratie en Turquie ».
En entrant dans le détail des campagnes des autres candidats, Demirtaş a déclaré que « malgré leurs différences idéologiques, ils sont motivés par trois vérités importantes ».
« La première, la croyance que la Turquie est trop grande pour être gérée par un seul homme, surtout si l’on tient compte de sa culture de la démocratie. La seconde, ceux qui s’opposent à Erdoğan pensent que le président n’a pas le courage de rivaliser sur un pied d’égalité avec moi, et tous ont condamné mon emprisonnement. Et la troisième, ils détectent que le peuple turc a maintenant un désir important de changement. »
Souhaitant que « la compréhension des électeurs sur qui est vraiment à blâmer pour les malheurs de la Turquie sera reflétée dans le résultat de demain, Demirtas a déclaré : « N’oublions pas que les régimes autoritaires finissent par s’effondrer. Parfois, cela se produit rapidement ; d’autres régimes mettent plus de temps à être délogés. »
https://anfenglishmobile.com/news/hdp-demirtas-authoritarian-regimes-eventually-collapse-27660
La fiche d’information des élections en Turquie
TURQUIE – Les élections du 24 juin ont déjà été qualifiées d’une des élections les plus injustes et inégales, jamais organisées au cours de l’histoire des élections en Turquie.
Recep Tayyip Erdoğan a convoqué des élections législatives et présidentielles anticipées pour tenter d’échapper aux conséquences négatives de l’effondrement économique et financier qui ont frappé la Turquie fin de 2017 / début de 2018.
Erdoğan restait optimiste quant à la possibilité d’améliorer la situation avec d’autres mesures de croissance artificielle, mais les politiques de guerre menées par l’alliance AKP-MHP ont contribué aussi au risque de faillite des finances de l’Etat.
Les élections étaient initialement prévues pour le 3 novembre 2019, mais Erdoğan a estimé qu’il ne résisterait pas jusque-là, poussé et soutenu dans une certaine mesure par son partenaire, le MHP qui voit aujourd’hui son audience s’éroder.
Le référendum constitutionnel du 16 avril 2017 signifiait, entre autres, que l’Assemblée serait composée de 600 députés, soit 50 de plus, mais le pouvoir législatif du Parlement a été considérablement réduit.
Le référendum a été approuvé avec une faible marge de 51,49%, selon les résultats officiels, mais de nombreuses irrégularités ont été signalées, y compris un changement de dernière minute dans les règles électorales par le Conseil Électoral Suprême (YSK) pendant le vote. Ce qui a permis de compter les bulletins ne portant pas le seau des autorités électorales. L’opposition a déclaré qu’au moins 1,5 million de bulletins de vote supplémentaires ont été ajoutés au décompte des voix.
Alliances
*L’AKP avec le MHP dans ce qu’on a appelé l' »Alliance du peuple ».
*Le HDP a reçu le soutien de nombreux petits partis de gauche et il a en fait formé une large alliance de mouvements, de groupes et d’associations de la société civile, ainsi que de nombreuses communautés de Turquie, à savoir les Kurdes, les Assyriens et les Arméniens, ainsi que des communauté religieuses, comme les Alevis, les Yézidis.
*Les partis CHP, SP, IYI sous l’Alliance des nations.
Le HDP : une bouffée d’air frais
Le parti a présenté son manifeste électoral donnant sa vision pour une nouvelle Turquie. L’accent est mis sur la possibilité réelle de changement fournie par le HDP et sur le « bouffée d’air frais ».
La vision du parti pour une nouvelle Turquie
Le HDP promet d’entamer un processus de transition le soir du 24 juin, au cas où le peuple déciderait de voter pour la démocratisation de la Turquie. « Nous avons une feuille de route pour la démocratisation avec des solutions aux problèmes rencontrés sous le régime d’un seul homme. Nous commencerons le processus d’élaboration d’une Constitution démocratique basée sur la laïcité libérale, le pluralisme, le multilinguisme, le pluri-confessionnalisme et la citoyenneté égale« .
« Nous résoudrons la question kurde »
Le manifeste souligne que la paix durable en Turquie dépend de la solution de la question kurde et insiste sur le fait que cette solution est liée au processus de démocratisation en Turquie. La paix, dit le manifeste, n’est pas seulement l’absence de conflit, de mort et de souffrance. C’est en même temps un véritable travail vers la coexistence.
Un manifeste pour les femmes
Le HDP a souligné que les femmes figurent parmi les groupes les plus opprimés de la société par le régime de l’AKP. Pour cette raison, le 24 juin marquera non seulement la fin du régime de l’AKP, mais aussi la naissance d’une nouvelle ère, où il n’y aura plus de place pour le sexisme, la violence contre les femmes, le chauvinisme. Après 16 ans d’oppression, les femmes vont enfin revenir sur le devant de la scène.
Contexte
Lors des élections du 7 juin 2015, les résultats ont été les suivants :
AKP 258 sièges – CHP 132 sièges – MHP 80 sièges – HDP 80 sièges
Cela signifiait une baisse de 69 sièges pour l’AKP par rapport aux élections précédentes.
La véritable surprise des élections du 7 juin 2015 a été en effet que le HDP dépasse le seuil de 10% (13,1% au total) avec 80 députés au parlement. Un grand succès que Erdoğan ne pouvait admettre.
Le Président a officiellement chargé le Premier ministre Davutoğlu de former un nouveau gouvernement le 9 juillet, la Constitution accordant à Davutoğlu 45 jours (jusqu’au 23 août) pour former un nouveau gouvernement.
La première série de pourparlers de coalition comprenait des discussions entre l’AKP avec le CHP, le MHP et le HDP, après quoi l’AKP a annoncé qu’elle ne poursuivrait plus aucune négociation avec le HDP.
Le deuxième tour de négociations s’est principalement concentré sur le CHP, tandis que le MHP s’est déclaré en faveur d’une élection anticipée et a fermé ses portes à toute forme d’accord peu de temps après.
Les négociations entre l’AKP et le CHP se sont poursuivies jusqu’en août et ont duré collectivement plus de 35 heures. Le CHP a dévoilé 14 principes sur lesquels un gouvernement de coalition invoque
Le MHP a par la suite fait marche arrière sur son soutien à une élection anticipée et a soutenu la formation d’un gouvernement AKP-CHP.
Le 13 août 2015, les dirigeants de l’AKP et du CHP se sont réunis pour une dernière fois lors d’une réunion qui avait été perçue comme le lieu où une décision finale serait prise sur la formation d’un gouvernement de coalition. La réunion s’est terminée après que l’AKP a proposé un gouvernement intérimaire de trois mois suivi de nouvelles élections, malgré l’insistance du CHP pour que le gouvernement dure quatre ans.
Il n’est pas surprenant que l’échec des négociations de coalition entre l’AKP et le CHP, ainsi que le scepticisme du MHP à l’égard de la formation d’un gouvernement de coalition a fait en sorte que Davutoğlu a déclaré qu’une élection anticipée était la seule option.
Il est apparu clairement que l’AKP voulait en fait des élections anticipées. Et il les a eues.
De nouvelles élections ont été convoquées pour le 1er novembre 2015, bien entendu anticipées par des provocations et des attaques visant à accuser les Kurdes et leurs partisans de « crimes » fabriqués de toutes pièces.
La démocratie selon Erdoğan
La Turquie s’est rendue aux urnes le 1er novembre dans une situation de fortes tensions. Les élections se sont déroulées dans un contexte marqué par des questions de sécurité après que Erdoğan se soit retiré du processus de discussion initié par le leader kurde Abdullah Ocalan.
En effet, les résultats ont été les suivants :
AKP 317 (49,5 %)
CHP 134 (25,3 %)
HDP 59 (10.7%)
MHP 39 (11.9%)
Fort de ces chiffres, résultat de la démocratie que Erdoğan aime à dire : « On continue jusqu’à ce que je gagne« , le Président a lancé une guerre contre les Kurdes, détenant des représentants élus, mais aussi en détruisant des villes et en emprisonnant des milliers de personnes. Le coup d’État du 15 juillet 2016 lui a fourni une nouvelle occasion d’accroître la pression et la répression à l’encontre de tous les dissidents.
Dimanche, c’est la démocratie en Turquie qui est en jeu.
https://anfenglishmobile.com/features/parliamentary-election-factsheet-27637
La peur de l’AKP face au HDP : Meurtres, arrestations, attaques, tortures
Combattants du Conseil Militaire de Manbij : Nous sommes prêts à répondre aux tentatives d’invasion
Une chanteuse kurde d’Allemagne arrêtée en Turquie
Récits de voyage : Le Rojava vu par des femmes
Mercredi 27 juin à 18h est organisé au Centre Démocratique kurde de Paris une discussion à partir de témoignages de femmes parties au Rojava.
Corinne Morel Darleux (secrétaire nationale du Parti gauche et conseillère régionale Auvergne Rhône Alpes), Mylène Sauloy (documentariste, réalisatrice du film « Kurdistan, la guerre de filles ») et Mireille Court (journaliste, réalisatrice du film « Rojava, une utopie au coeur du chaos syrien ») ont comme point commun le Rojava. Toutes les trois sont parties au Nord de la Syrie pour rencontrer et échanger avec des femmes qui y vivent, y résistent et participent à la révolution féminine en cours dans cette région du monde.
Comment les femmes mènent-elles cette bataille à la fois sur le front mais aussi, et surtout, dans la société, au quotidien, contre le système patriarcal en place ? A travers ces récits de voyage, les intervenantes nous partagerons ce qu’elles y ont vu, sentis et ressentis, de leurs rencontres avec des combattantes des YPJ à leurs échanges avec des professeures des académies de femmes en passant par leur partage du quotidien des habitantes du village de femmes Jinwar.
Evénement organisé par l’Initiative pour un confédéralisme démocratique
ELECTIONS TURQUES : Discours tweeté du candidat Demirtas
TURQUIE – Le jeudi 21 juin, le candidat du HDP pour la présidence de la Turquie Selahattin Demirtas, tenu en otage dans une prison turque depuis 20 mois, était en e-meeting sur le Twitter par l’intermédiaire de ces avocats qui gèrent son compte.
Voici l’essentielle du discours de Demirtas :
« Je salue chaleureusement tous ceux qui ont rempli le meeting de partout dans le monde. Pour la première fois dans le monde, un e-meeting est tenu à partir d’une cellule de prison. Pour ce qui est de l’histoire de la démocratie, « nous sommes en train d’entrer dans l’histoire ». Je le dit pour l’agence Anadolu » [L’Agence gouvernemental Anadolu avait qualifié le discours électoral de Demirtas du 17 juin enregistré dans la prison d’une première dans l’histoire de la démocratie].
Tout d’abord, j’envoie mes remerciements aux millions de bénévoles qui travaillent avec foi et abnégation malgré toutes les conditions oppressantes et inégales, aux jeunes, aux femmes, à mes avocats, aux membres du parti, à ma femme et à ma famille qui sont devenus ma voix et mon souffle, ainsi qu’à mon compagnon de cellule A. Zeydan.
Je voudrais également remercier la presse libre et les utilisateurs des médias sociaux qui ont protégé l’honneur de la presse en cette période d’interdiction des médias. Et bien sûr, je vous présente ma gratitude à vous, notre précieux peuple, qui avez rempli les places.
Chers frères et sœurs, dans trois jours, nous irons aux urnes pour l’élection la plus importante de notre histoire politique. Mais cette élection n’est pas seulement un choix de quelques partis.
Mon cher peuple ! Belles gens du beau pays ! Lorsque vous recevrez votre sceau, vous ferez l’un des deux choix. Vous choisirez soit un seul homme, soit plusieurs personnes. Vous choisirez la dictature ou la démocratie.
Ouvriers, travailleurs ! Mon cher peuple ! Vous voterez soit pour ceux qui ont donné des coups de pied aux mineurs de Soma, soit pour ceux qui étaient peinés que la civière de l’ambulance se salisse à la suite du désastre minier.
Vous voterez pour les patrons à qui on a dit : « Nous avons imposé l’état d’urgence pour que vos travailleurs ne fassent pas la grève », ou pour les travailleurs qui défendent le droit de grève.
Vous voterez soit pour les patrons des médias pro-AKP qui ont contracté des trillions de prêts auprès de la banque obligée de donner des crédits aux agriculteurs, soit pour l’agriculteur qui a protesté devant la même banque parce qu’il n’a pas pu rembourser ses dettes.
Vous voterez pour ceux qui apparaissent avec les voitures Toros blanches [les voitures utilisées pour les disparitions forcées des milliers de personnes dont la majorité était kurde dans les 1990] des années 90, ou pour ceux qui veulent régler les comptes des années 90 pour ouvrir la porte à une vie libre.
Mon cher peuple! Mes compatriotes ! Regardez, ils sont venus en disant: «nous ne sacrifierons pas les élus pour les nommés» et ont envoyé les élus en prison. Ils ont placé des fonctionnaires nommés à la place des élus municipaux nommés par des millions.
Vous vous en souvenez, n’est-ce pas ? Ils ont dit «les mères ne devraient pas pleurer» mais aujourd’hui, ils sont venus pour mener la politique avec leurs mains sur des cercueils, avec le sang des jeunes.
Ils [AKP] sont arrivés au pouvoir en prenant les votes du peuple en disant ‘Le problème kurde est notre problème’, mais aujourd’hui ils en sont arrivés au point de dire aux Kurdes de Diyarbakir qu »il n’y a pas de problème kurde ».
Il nous appelle séparatistes, mais le plus grand séparatiste du pays est celui qui divise les gens en fonction de leur langue, de leurs croyances, de leur mode de vie et de leurs opinions politiques, appelant tous ceux qui ne votent pas pour lui ou même qui ne lui obéissent pas un « terroriste ».
Alors, que devons-nous faire ? Allons-nous simplement critiquer ? Sommes-nous impuissants ? Non ! Nous ne sommes pas impuissants. La solution se trouve dans le sceau que vous contrôlez. Cet état de notre pays changera avec vous.
Notre pays regorge des plus grandes richesses du monde avec sa diversité, son patrimoine historique, sa nature, son multiculturalisme, son multilinguisme et son État multiconfessionnel. Nous sommes trop nombreux pour donner ces richesses à un homme et à ses partenaires. Nous sommes nombreux et forts.
Nous ne pouvons changer de cap qu’en unissant nos forces d’Edirne à Hakkari. Nous n’avons pas besoin de nous réunir en un seul homme, en une seule pensée et une seule ampoule. Nous pouvons nous unir dans les principes universels de la démocratie. Ne soyons pas une seule ampoule, soyons un lustre.
Faisons les pas de la démocratie et de la paix qui mettront fin à toutes les formes de violence. Faisons une Constitution moderne. Débarrassons-nous de l’état d’urgence et des décrets-lois. Assurons l’indépendance et la liberté de la justice dans les médias et les universités.
Débarrassons-nous des obstacles à la participation des femmes dans toutes les sphères de la vie, en tant que telles et sur un pied d’égalité, sans discrimination. Les abus, les viols et les féminicides ne sont pas un problème individuel. Allons main dans la main avec les femmes et résolvons ces problèmes. »
Demirtas a appelé également à mettre fin aux mariages des mineures, aux mariages forcés, aux violences et abus subis par les enfants. Il a attiré l’attention sur les inégalités et les discriminations imposées aux femmes dans la société turque et a déclaré que les viols, les féminicides, les violences faites aux femmes étaient des problèmes sociétaux auxquels il fallait s’y attaquer.
Demirtas a évoqué l’éducation et a déclaré qu’il fallait se mettre d’accord pour un enseignement gratuit, scientifique, laïque et dans la langue maternelle [il faisait allusion à l’enseignement en langue turque imposé au millions d’enfants kurdes].
Des étudiants d’Istanbul plantent des arbres en réponse à l’appel de Demirtas
TURQUIE – Istanbul – En réponse au président turc Erdoğan abattant des milliers d’arbres pour construire son palais d’été à Marmaris, le candidat du HDP à la présidence turque, Selahattin Demirtaş, a appelé chacun à se joindre au programme de reboisement en plantant un arbre. Peu de temps après cet appel, qui a été partagé via Twitter, des étudiants d’Istanbul se sont mobilisés pour réaliser son souhait.
Sur la plage de Moda à Istanbul-Kadikoy, les étudiants ont planté de jeunes pousses d’arbres et les ont dédiées au candidat emprisonné du HDP pour la présidence turque.
Cette action a été accompagnée de banderoles sur lesquelles ont été écrit : « Pour une université libre, scientifique et démocratique, un arbre pour Demirtaş« , « Pour un nouveau monde et un nouvel avenir, un arbre pour le HDP » .
https://anfenglishmobile.com/news/answering-call-from-demirtas-students-plant-saplings-27583
Figen Yüksekdağ : Le peuple turc est assiégé
TURQUIE – L’ancienne coprésidente du parti politique HDP, Figen Yüksekdağ, retenue en otage en prison, s’est entretenue avec Vanity Fair Italie.
Yüksekdağ s’est exprimée, par l’intermédiaire de ses avocats, au sujet de la dérive dictatoriale du pays après le coup d’Etat manqué de 2016 et de la répression visant la liberté des femmes.
Voici le texte de Yuksekdag :
« Ce n’est pas seulement le pays qui change, c’est l’ensemble de la société. Il y a toujours eu des courants nationalistes et religieux en Turquie, mais maintenant ils se sont réunis dans une alliance dangereuse et ont trouvé une nouvelle légitimité parmi la population. Si personne n’essaie de les arrêter, cette fois les conséquences seront désastreuses.
Nous voyons la situation des femmes se détériorer de jour en jour en Turquie. Les droits les plus fondamentaux ont déjà été violés. Le coup d’État de 2016 et l’état d’urgence ont affecté négativement les activités de centaines d’associations qui ont aidé les victimes de violences physiques et psychologiques. Les femmes kurdes, en particulier, ont payé un lourd tribut. À l’heure actuelle, nous avons 9 députés, 35 maires et des milliers de membres en prison.
L’âge de la scolarité obligatoire a été abaissé et le nombre de filles de 13 et 14 ans qui quittent l’école est en hausse. Entre-temps, la participation des femmes dans la sphère économique du pays a diminué.
Le 24 juin est un grand test pour la Turquie. Selon Yüksekdağ, la Turquie ne s’est jamais pleinement démocratisée et, si les droits fondamentaux au moins ont été garantis, ils risquent d’être perdus après les élections.
« Il y a près d’un siècle depuis la transformation de l’Empire ottoman en une république moderne, mais la Turquie n’a pas d’expérience en matière d’administration démocratique, à l’exception d’un modèle parlementaire formel et de tentatives fragmentées et de courte durée. La société turque est soumise à un siège nationaliste, fondamentaliste et régressif sévère et cette pression a paralysé la dynamique de renouvellement de la société.
La raison pour laquelle Erdoğan attaque autant est évidente : le résultat des élections représente un risque pour lui. Les élections « risquent » de changer radicalement le pays. La campagne est soumise à la censure. Le HDP n’a pas accès aux médias, car presque tous les médias sont contrôlés par Ankara.
Un équilibre artificiel a été créé par des politiques de terreur et d’intimidation. Il est clair qu’ils transforment la petite majorité illégitime qu’ils ont obtenue en un équilibre de terreur. Toute majorité obtenue lors de ces élections renforcera la règle de l’oppression et de la dictature sous couvert de majoritarisme, et rompra les derniers liens qui retiennent Erdoğan ou les électeurs du gouvernement. Il est également clair que nous n’avons vu aucun signe encourageant ou positif dans leur discours ou dans leurs politiques récentes. Le HDP représente la mission pour la légitimité et la droiture. Quand nous disons le HDP, nous parlons de la lutte basée sur la propre force du peuple qui continue non-stop pour atteindre le succès avec un programme de démocratie radicale en Turquie et pour débarrasser le système des tendances de coups d’Etat, du fascisme ou des dictatures d’un seul homme. Nous assumons une grande responsabilité pour l’histoire, et nous le faisons par nous-mêmes ».
« Que ferez-vous quand vous sortirez de prison ? »
« Partir en vacances où le ciel est illimité et la nature est abondante ? Si je quitte cet endroit, je suppose que je retournerais au travail car il y a tant de choses et tant de gens qui m’attendent pour m’en occuper. Après l’isolement en prison, l’une des premières choses que je ferai est d’aller dans la foule. »
https://anfenglishmobile.com/news/figen-yueksekdag-the-people-of-turkey-are-under-siege-27572
Deux mineurs ayant refusé de participer à l’invasion d’Afrin parlent du recrutement d’enfants
Deux frères mineurs Majd et Fahed Othman ont raconté l’histoire du recrutement des mineurs par les mercenaires et les raisons de leur refus de participer aux attaques lancées contre Afrin.
Les crimes des gangs de l’occupation turque contre le peuple syrien est révélée jour après jour. Les mercenaires recrutent des mineurs dans leurs rangs et les envoient au combat pour réaliser leurs ambitions dans les territoires syriens.
Pendant la bataille d’Afrin, les mercenaires ont utilisé de nombreux mineurs de moins de 18 ans en les séduisant avec de l’argent et avec des slogans incitant au sectarisme en plus de commettre des crimes contre l’humanité.
Majd Othman a 17 ans et son jeune frère Fahed Othman, âgé de 15 ans, originaire du village d’al-Qubba situé au sud-ouest de la ville de Kobanê, dans la région de l’Euphrate, ont raconté comment ils ont été séduits et ont rejoint les rangs des mercenaires, les actions qu’ils ont menées et les raisons qui les ont motivés à s’opposer et à se rendre au Conseil militaire de Manbij.
Majd, l’aîné, a raconté avoir rejoint les rangs du Liwa al-Shamal pendant l’opération du Bouclier de l’Euphrate dans la ville de Jarablus il y a environ sept mois, notant que ces gangs acceptent n’importe qui dans leurs rangs, peu importe leur âge.
« Le nombre de mineurs dans les rangs des mercenaires est énorme. Le mineur qui a les moyens ne va pas aux batailles parce qu’il a des parents commandants ou similaires, tandis que pour ceux qui n’en ont pas, la police militaire les force à se battre« .
« Avant de commencer la bataille d’Afrin, mon frère Majd et moi avons reçu l’ordre de participer aux combats, mais nous avons refusé, et nous avons été poursuivis par la police militaire de ces gangs de mercenaires« .
Les deux frères ont expliqué qu’ils se sont alors cachés dans la maison d’un civil dans les zones sous domination de ces gangs jusqu’à ce qu’ils aient réussi à atteindre les zones du Conseil militaire de Manbij après avoir communiqué avec lui.
Ils ont confirmé que les combattants du Conseil Militaire de Manbij les ont accueillis chaleureusement et qu’ils ne les ont pas insulté contrairement à ce qui a été dit par les mercenaires.