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« Irrespectueux » : Les familles des Peshmergas tués brûlent les dons d’une ONG américaine

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KURDISTAN DU SUD – Des familles des peshmergas kurdes qui ont été tués pendant la lutte contre l’État islamique (EI) ont qualifié d’ «irrespectueux» les dons d’une organisation américaine en les brûlant l’aide devant l’hôpital des Peshmergas d’Erbil (Hewler) mercredi.
 
Roads Of Success (ROS), une ONG qui dit travailler pour «améliorer la qualité de vie des gens à la fois localement et internationalement» a contacté les familles de quelque 250 combattants peshmergas, qui ont été tués au cours des six dernières années lors des combats contre le groupe terroriste État islamique (DAECH / ISIS). Les familles venaient des régions éloignées de Mergasor, Soran et Kirkuk.
 
Les familles et le ministère peshmerga disent qu’ils ne s’attendaient pas à ce que ROS fournisse des vêtements d’hiver et des chaussures dont les valeurs, selon les familles, ne compensent même pas leurs frais de transport vers Erbil.
 
«Ce n’était pas une aide mais un manque de respect pour les familles des martyrs», a déclaré la veuve Halima Mohammed, qui a parcouru plus de 100 km depuis Mergasor. Elle a dit que l’aide consistait uniquement en une paire de bottes et une serviette.
 
Au moins 1700 peshmergas ont été tués et environ 10000 blessés dans la lutte contre l’Etat islamique à partir de 2014.
 
Les familles ont brûlé les vêtements devant l’hôpital et ont déclaré que les articles «de faible valeur» et «d’occasion» étaient irrespectueux envers les peshmergas tués.
 
Le fils d’un peshmerga tué a déclaré à Rudaw que le ministère des Peshmergas avait déclaré qu’ils recevraient également de l’argent en plus des vêtements d’hiver.
 
Miran Bakr, chef du bureau du ministère chargé des affaires médiatiques, a nié cette affirmation. Il a ajouté que le ministère n’était pas au courant des détails de l’aide.
 
«Ni le ministre peshmerga, ni le ministère n’étaient au courant du contenu de l’aide à l’avance», a-t-il dit.
 
Bakr a déclaré que le ministère rencontrerait les familles lundi pour répondre à leurs demandes.
 
Suite à l’incident, le ministère des Peshmergas a déclaré dans un communiqué qu’il était «préoccupé» par l’incident.
 
«Les martyrs et les membres de leur famille méritent bien plus que cela. Il est de notre devoir de servir au mieux les héritiers des martyrs», a-t-il déclaré dans un communiqué.
 

Justice pour Mawda ou la vie volée d’une fillette kurde par un tir d’un policier belge

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Le 17 mai 2018, Mawda, une fillette kurde de 2 ans, était tuée par un policier belge lors d’une course-poursuite sur l’A42, près de Mons, en Belgique. Mawda se trouvait avec ses parents et d’autres migrants à l’arrière d’une fourgonnette. Son meurtre illustrait la chasse impitoyable faite aux migrants en Europe.
 
La famille de Mawda avait fui le Kurdistan d’Irak en pleine guerre contre DAECH qui semaient la terreur en Irak et en Syrie. Ils pensaient trouver la paix en Europe, on leur a volé une âme de 2 ans, en une pleine nuit sur une autoroute belge alors qu’ils étaient traqués par une patrouille de policiers…
 
Le procès du policier qui a causé la mort de Mawda aura lieu le 23 et 24 novembre 2020, plus de 2 ans après le drame.
 
Le comité « Justice pour Mawda » appelle à une manifestation virtuelle le 22 novembre pour que la justice soit rendue dans le procès de Mawda Shawri car dès le début du drame, les autorités belges ont voulu étouffer l’affaire en propageant des informations erronées concernant ce qui s’était réellement passé, comme on peut le lire dans la contre-enquête réalisée par le journaliste Michel Bouffioux. 
 
Voici l’appel du Comité:
 
« Manifestation – Justice pour Mawda
 
Ce 23 novembre débute, au tribunal correctionnel de Mons, le procès du policier et de deux présumés « passeurs » dans le cadre du meurtre de Mawda.
 
Nous demandions les Assises pour des faits d’une telle gravité ; les faits ont été correctionnalisés. Si nous continuons à exiger un procès d’assises, à travers la qualification des faits en « meurtre », c’est aussi bien pour assurer à cette affaire, une large audience en présence directe des témoins (qui auraient à répondre à la fois aux questions des juges, des jurés et des avocats des parties) que pour instruire les responsabilités politiques qui ont rendus possibles, à la fois la mort, les tentatives policières de le cacher ainsi que les mensonges du parquet tout au long de l’instruction.
 
Le meurtre de Mawda, dans la nuit du jeudi 17 au vendredi 18 mai 2018, des suites d’un tir policier a eu lieu dans le cadre des opérations Médusa de traques aux migrants, qui elles-mêmes s’inscrivent dans une politique raciste de fermeture des frontières, aux échelles belges et européennes. Incriminer le seul policier ou, pire, focaliser l’attention sur les seuls « passeurs » sont des manières d’éviter de mettre en cause les responsabilités politiques multiples de ceux qui organisent chaque jour la chasse aux migrants.
 
Si le bras armé policier a sa place sur le banc des accusés, sa présence cache celle des organisateurs de ces opérations. Sur le banc des accusés ne figurent pas les instigateurs de ces opérations, pas plus que les Ministres qui les perpétuent ou les couvrent (Gouvernement Michel, Gouvernement De Croo).
 
Par ailleurs, la responsabilité policière et judiciaire est engagée. Il s’agit d’abord des techniques d’intervention, des formes de déshumanisation des migrants à caractère raciste – tirer sans être en légitime défense est inacceptable, ce n’est pas un « défaut de prévoyance », c’est un meurtre.
 
Il s’agit ensuite de l’organisation des multiples mensonges que se permettent des policiers. Juste après les faits (lire l’enquête de Michel Bouffioux), les versions s’alignent. Dès les premières minutes après le meurtre se met en place une coalition de fonctionnaires, le parquet n’est pas appelé et aucune zone d’exclusion judiciaire n’est mise en place, le tireur est invité à rentrer chez lui sans qu’il n’ait fait l’objet d’aucun interrogatoire circonstancié et couché sur procès-verbal. Il est simplement informé par son chef de poste qu’il n’y aura pas de poursuites, qu’il peut rentrer chez lui. Il reçoit aussi comme conseil de rédiger un procès-verbal pour « rébellion armée » contre lui. Au lendemain de l’enterrement, les policiers présents le jour du meurtre (à l’exception du tireur) vont se réunir pour accorder leurs versions.
 
De la thèse de l’hématome crânien dû à une chute de la camionnette, à celle, odieuse de l’ « enfant bélier » puis à celle de l’ « embardée », en passant par l’ « échange de tir », les versions de la police et du Parquet se sont succédées avec comme effets d’instruire à décharge de la police et de fournir au tribunal correctionnel des éléments pour blanchir ce crime policier. Il s’agit aussi de la couverture des thèses policières par le Parquet s’empressant de valider toutes les versions successives jusqu’à celle de la camionnette ayant servi d’« arme par destination » sans à aucun moment poursuivre les mensonges, les coalitions de policiers, les entraves à la justice, les tentatives de corruption de témoins qui constituent pourtant des crimes graves. Il s’agit là de coalitions de fonctionnaires manifestes, non seulement entre policiers mais qui, par l’attitude du parquet, impliquent aussi procureurs et magistrats.
 
De Semira Adadmu à Jozef Chovanec : une politique criminelle
 
L’affaire Mawda est aussi une affaire de violence policière instituée. Elle renvoie à tout ce que se permet la police sur les corps qualifiés d’étrangers (Adil, Mehdi pour lequel la chambre du conseil a prononcé un non-lieu, Lamine Bangoura étouffé par 8 policiers qui ont bénéficié en première instance d’un non-lieu, etc.) : techniques utilisées, opérations prioritaires, disparitions d’images et de preuves mettant en cause la police, instructions bâclées, coalition de fonctionnaires, etc.
 
Mettre fin aux violences racistes d’Etat !
 
Autour du procès, il s’agit donc de :
 
– Exiger le démantèlement des opérations Medusa et de « chasses à l’homme » comme mesure prioritaire pour instaurer des voies sûres de migration.
– Exiger, par une commission d’ENQUÊTE parlementaire ad hoc – que l’ensemble des partis politiques s’échinent à ne pas exiger – la mise à jour des responsabilités politiques dans la mort de la petite Mawda.
– Abolir les politiques racistes et meurtrières des frontières de l’UE et de la Belgique en démantelant Frontex et en réformant en profondeur la politique migratoire européenne (notamment par l’abolition du cadre Dublin transformé qui ne fera qu’accentuer les expulsions).
Instaurer un droit nouveau de la migration instruit des enjeux de dérèglements climatiques et des déséquilibres et inégalités structurelles post-coloniales afin d’assurer la libre circulation et installation.
– Imposer le démantèlement des formes de violences policières par tous les moyens techniques et politiques nécessaires.
– En finir avec l’impunité des crimes policiers.
– Régulariser les personnes sans-papiers résidants en Belgique à la fois comme mesure d’accès aux soins de santé, au travail, à la sécurité sociale, au droit au logement, etc. mais également comme mesure de réparation post-coloniale dans le cadre de la commission Vérité et Réconciliation.
 
Premiers signataires :
 
Groupe Montois de Soutien aux Sans-Papiers
Gauche Anticapitaliste
Le Village du Monde
JOC Bruxelles
Comité Mawda – Justice et Vérité
CEPAG – Mons Borinage
Bruxelles Panthères
Théâtre des Rue
FGTB Wallonne
Marche des Migrants de la Région du Centre
Le Théâtre du Copion
Charleroi Solidarité Migrant.e.s
 
➜ Rendez-vous le dimanche 22 novembre à 14:00 pour une manifestation virtuelle #Justice4Mawda« 
 
 
 

IRAN. Le calvaire de la prisonnière kurde Zeynab Jalalian

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IRAN / ROJHELAT – Zeynab Jalalian, prisonnière politique kurde condamnée à la perpétuité et ayant la COVID19, a été transférée de la prison de Kermashan à la prison de Yazd. En six mois, c’est la quatrième fois qu’on la transfère.
 
Au cours d’un appel téléphonique de seulement 2 minutes, Zeynab aurait informé son père qu’elle se trouvait dans la prison de Yazd et qu’elle avait été menacée et torturée pendant son transfert par des membres des services de renseignement iraniens.
 
La dernière prisonnière politique emprisonnée dans la prison centrale de la ville de Kermanshah, au Kurdistan oriental, Zeynab Jalalian a été enlevée de la section des femmes par les forces de sécurité iraniennes la nuit du 10 octobre.
 
Zeynab Jalalian avait été transférée à Kermanshah début octobre. Auparavant, elle avait passé environ trois mois dans un établissement pénitentiaire de la ville de Kerman, située à près de 1 300 kilomètres à l’est. Elle y a été transférée en avril de la prison de Qarchak à Varamin, au sud de la capitale iranienne Téhéran. Elle avait auparavant été emprisonnée à Khoy. Au cours de cet transfert, Jalalian a été infectée par le Covid-19 et a été blessée aux poignets et aux chevilles par des chaînes pendant ses transferts. Comme ses blessures n’ont pas été traitées, elle en souffre énormément.
 
Le 20 juin, Jalalian a entamé une grève de la faim pour exiger son retour à Xoy. Ses proches ne peuvent pas lui rendre visite car les derniers centres de détention où la femme de 38 ans a été détenue sont situés loin de son domicile. Comme en Turquie, mais aussi au Pays basque, où les prisonniers politiques sont emprisonnés loin de leurs lieux d’habitation, de sorte que leurs familles et leurs proches doivent généralement parcourir des centaines de kilomètres, voire plus, pour une courte visite, les autorités iraniennes transfèrent également les détenus dans des prisons loin de leur lieu de résidence.
 
Zeynab Jalalian est gravement malade. Elle souffre d’infections sévères, de problèmes rénaux et risque de perdre la vue, mais les autorités iraniennes ont refusé pendant des années de lui permettre de voir des spécialistes ou de se faire soigner en dehors de la prison. Au lieu de cela, elle subit des pressions pour qu’elle fasse des «aveux» à la télévision afin de recevoir le traitement dont elle a besoin. En mai, on a également appris qu’une autre affaire contre Jalalian était en cours à Téhéran. On ne sait toujours pas pourquoi elle fait l’objet d’une enquête.
 
Zeynab Jalalian, née en 1982 à Maku, a été arrêtée à l’été 2008 à Kermanshah et condamnée à mort en janvier 2009 pour appartenance présumée au «Parti pour une vie libre au Kurdistan» (Partiya Jiyana Azad a Kurdistanê – PJAK). La peine de mort a été commuée en réclusion à perpétuité en novembre 2011.
Des campagnes demandant sa libération n’ont rien donné jusqu’à présent.

AFRIN. Les gangs de la Turquie tuent un civil kurde sous la torture

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ROJAVA – Dans Afrin occupée, le civil kurde Luqman Mustafa Yusif, 35 ans, a été tué sous la torture dans une prison tenue par les forces d’invasion. Début septembre, il a été enlevé dans le village Turmişa (Tarmesha) dans le district de Shiye par la soi-disant « police militaire du SNA » et emmené à la prison de Marata. Mardi, les troupes d’occupation ont remis son corps à ses parents. Yusif a été enterré dans un cimetière du district de Jindires.

Selon le réseau Activiste Afrin (AAN), Luqman Mustafa Yusif n’était qu’une des nombreuses victimes enlevées le 3 septembre lors d’une opération de grande envergure menée par la police militaire djihadiste turque. Yusif était le propriétaire de plusieurs bureaux d’échanges dans la grande région d’Afrin. Certains de ses employés ont également été arrêtés.

Les autorités turques à Afrin ont cité l’insuffisance cardiaque comme cause de la mort de Yusif. C’est une méthode courante pour dissimuler les crimes de guerre de la Turquie, partenaire de l’OTAN, et de ses soldats supplétifs.

Afrin est occupé par la Turquie depuis mars 2018. Les enlèvements sont une source commune de revenus pour les mercenaires islamistes de l’État turc. Depuis le début de l’occupation d’Afrin, les violations des droits de l’homme et les crimes de guerre ont été à l’ordre du jour dans ce qui était autrefois la région la plus sûre de toute la Syrie. En plus d’une politique coloniale classique, la Turquie continue de pratiquer une politique de nettoyage ethnique, qui a chassé des centaines de milliers de personnes de leurs implantations ancestrales. L’évolution démographique en faveur de la Turquie et de ses forces d’invasion islamistes, les crimes tels que l’enlèvement, la torture, l’extorsion et le meurtre se produisent avec l’approbation de facto de la communauté internationale des États.

Même deux ans et demi après l’occupation d’Afrin dans le nord-ouest de la Syrie par la Turquie et les milices djihadistes, la violence excessive, les pillages et les expulsions continuent à être à l’ordre du jour dans l’ancien canton autonome. Ce sont les conclusions d’un rapport mensuel de l’Organisation des droits de l’homme d’Afrin. Le bilan des violations des droits de l’homme enregistrées en septembre a été présenté dimanche au camp de Serdem, dans le canton de Shehba. Le contenu du rapport est le suivant : deux civils tués, dont un enfant, plus de quatre-vingt enlevés, et trois mineurs mariés à des mercenaires islamistes contre la volonté de leurs familles.

En septembre, la Commission internationale indépendante d’enquête sur la République arabe syrienne a publié un rapport de 25 pages présentant ses conclusions basées sur les enquêtes menées du 11 janvier 2020 au 1er juillet 2020.

Ce rapport, qui documente les violations et les abus continus commis par presque tous les acteurs du conflit qui contrôlent le territoire syrien, met en évidence une augmentation des abus ciblés tels que les assassinats, la violence sexuelle et sexiste contre les femmes et les filles, et le pillage ou l’appropriation de la propriété privée, avec des sous-entendus sectaires.

En Afrique et dans les régions avoisinantes, le rapport documente la manière dont l’armée nationale syrienne soutenue par la Turquie a pu commettre les crimes de guerre que sont la prise d’otages, les traitements cruels et la torture, et le viol. Dans la même région, des dizaines de civils ont été tués et mutilés par de gros engins explosifs improvisés, ainsi que lors de bombardements et d’attaques à la roquette.

Le rapport indique notamment  :  « Depuis 2019, les femmes kurdes des régions d’Afrin et de Ra’s al-Ayn [Serêkaniyê] sont confrontées à des actes d’intimidation de la part des membres de la brigade de l’armée nationale syrienne, ce qui engendre un climat de peur généralisé qui les confine en fait dans leurs foyers. Des femmes et des jeunes filles ont également été détenues par des combattants de l’armée nationale syrienne et ont subi des viols et des violences sexuelles – causant de graves dommages physiques et psychologiques au niveau individuel, ainsi qu’au niveau communautaire, en raison de la stigmatisation et des normes culturelles liées aux idées d' »honneur féminin ». Au cours de la période considérée, des cas de violence sexuelle contre des femmes et des hommes dans un centre de détention en Afrique ont été documentés.

La Commission a également reçu des rapports de mariages forcés et d’enlèvements de femmes kurdes à Afrin et de Ra’s al-Ayn [Serêkaniyê], qui impliquaient principalement des membres de la Division 24 (la brigade du Sultan Murad) de l’armée nationale syrienne ».

La situation des droits de l’homme dans certaines parties du nord, du nord-ouest et du nord-est de la Syrie sous le contrôle des forces turques et des groupes armés affiliés à la Turquie est sinistre, avec une violence et une criminalité généralisées, a averti vendredi la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet.

Alors que les violations des droits de l’homme et du droit humanitaire international contre les civils se poursuivent dans toute la Syrie, le Bureau des droits de l’homme des Nations unies a constaté ces derniers mois un schéma alarmant de graves violations dans ces régions, notamment à Afrin, Ras al-Ain et Tel Abyad, où l’on a constaté une augmentation des meurtres, des enlèvements, des transferts illégaux de personnes, des saisies de terres et de propriétés et des expulsions forcées.

Du 1er janvier au 14 septembre 2020, le Bureau des droits de l’homme des Nations unies a vérifié la mort d’au moins 116 civils à la suite d’engins explosifs improvisés (EEI) utilisés par des auteurs non identifiés et de restes explosifs de guerre (REG). Parmi les personnes tuées, on compte 15 femmes, 20 garçons et deux filles. Quelque 463 civils ont été blessés.

« J’appelle également les autorités turques à respecter le droit international et à faire en sorte que cessent les violations commises par les groupes armés sous le contrôle effectif de la Turquie », a-t-elle déclaré.

https://anfenglishmobile.com/rojava-syria/civilian-tortured-to-death-in-prison-in-occupied-afrin-47876

Les Yézidis appellent les États-Unis, l’UE et l’ONU à prendre des mesures contre la Turquie

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Alors que la Turquie a repris ces attaques visant Shengal, dans la région kurde d’Irak, les organisations yézidies appellent l’ONU, les États-Unis et l’Union européenne à prendre des mesures immédiates contre les frappes aériennes turques à Sinjar (Shengal).
 
Le Conseil d’autonomie démocratique de Sinjar (MXDS), Parti pour la démocratie et la liberté des Yazidis (PADE) et le Conseil des exilés Yazidis de Sinjar (MŞD) ont lancé un appel à l’ONU, aux États-Unis et à l’Union européenne pour qu’ils « prennent une action immédiate contre les frappes aériennes de l’Etat turc à Sinjar (Shengal). »
 
Les organisations yézidies ont appelé à une zone d’exclusion aérienne immédiate au-dessus de Sinjar, à la reconnaissance des unités d’autodéfense YBS et YJS Yazidi, à la reconnaissance de l’autonomie de Sinjar et à l’accord du 9 octobre 2020 entre le gouvernement régional entourant le PDK et le gouvernement central irakien est une base supplémentaire pour la poursuite du génocide du 3 août 2014, c’est pourquoi nous demandons l’abrogation immédiate de l’accord.
 
Le texte intégral de l’appel se lit comme suit:
 
« La communauté yézidie est opprimée depuis des siècles et est menacée de génocide. Après que le gouvernement régional KDP-Kurde a retiré plus de 12 000 forces armées de Sinjar (Shengal), notre patrie a été attaquée le 3 août 2014 par le soi-disant État islamique. (EI) Nos enfants ont été décapités, des femmes violées et vendues, des hommes tués ou torturés et brûlés. Nous avons été chassés de notre patrie, qui a été pillée par l’EI.
 
Avec l’unité d’autodéfense yézidie YBŞ / YJŞ [Yekîneyên Berxwedana Şengalê et Yekîneyên Parastina Jin Şengalê], que nous avons fondée après cet horrible génocide, nous garantissons la sécurité de notre peuple et défendons notre patrie. Nous sommes parvenus à la conclusion que seuls l’autonomie gouvernementale et la légitime défense, liées au gouvernement central irakien en Irak, nous permettent de vivre en tant que citoyens iraquiens avec des droits égaux dans la situation présente et future au Moyen-Orient. La communauté religieuse yézidie fait partie des peuples autochtones d’Irak et a les mêmes droits et obligations dans le pays que les autres communautés ethniques et religieuses. Notre existence, les Yézidis, a été niée par la communauté internationale pendant de nombreuses décennies.
 
Nous avons connu la discrimination, la persécution et le nettoyage ethnique et culturel. Nous n’avons pas la reconnaissance de notre identité ethnique, culturelle et religieuse, bien que nous soyons un peuple autochtone de Mésopotamie. Nous devons nous unir en tant que citoyens iraquiens qui croient en l’avenir de notre pays. Depuis le 3 août 2014, personne ne s’est occupé des Yézidis à Sinjar. Entre-temps, les Yézidis ont fondé leur conseil d’autonomie, le mouvement des femmes, le mouvement des jeunes, l’enseignement dans les écoles, les municipalités et l’administration municipale et les communautés. Les unités de résistance du Sinjar (YBŞ), les unités de démission des femmes du Sinjar (YJŞ) se sont battues contre l’EI et ont libéré la région de Sinjar.
 
Il est bien connu que la communauté religieuse yézidie est la plus ancienne religion de Mésopotamie. La communauté religieuse yézidie a été attaquée par l’État islamique le 3 août 2014 et un génocide cruel a été perpétré. Après ce génocide, nous, Yézidis, avons décidé de créer nos propres forces d’autonomie gouvernementale et de lutter contre l’EI. Comme nous n’avons reçu aucune aide au début ou par la suite et avons été laissés sans défense face à l’EI par les forces armées sur place. En conséquence, le 14 janvier 2015, nous avons fondé le YBS, les forces armées autonomes de Sinjar. Jusqu’à présent et la libération de Sinjar, nous avons perdu des centaines d’hommes et de femmes yézidis dans la lutte contre l’EI.
 
Il est exact que le PKK est venu à Sinjar peu après le 3 août 2014 et a sauvé 10 000 Yézidis d’un génocide de l’EI. Le PKK a soutenu les Yézidis jusqu’à ce qu’ils aient pu se défendre. Nous, Yézidis, sommes très reconnaissants au PKK. Cependant, le PKK s’est retiré de Sinjar le 1er avril 2018. Ce retrait du PKK de Sinjar a également été confirmé par le département d’État américain. Nous tenons à rappeler à tout le monde une fois de plus qu’il n’y a pas de PKK à Sinjar, seulement des Yazidis YBS et YJS.
 
Depuis la libération des terroristes de l’EI, la ville turque a attaqué à plusieurs reprises la région de Sinjar et ses environs. Depuis octobre 2019, en même temps que l’Etat turc envahissait le Rojava, l’Etat turc a bombardé la région de Sinjar à 6 reprises à ce jour. Plusieurs combattants yézidis des forces autonomes d’YBS ont été tués dans ces attaques de l’Etat turc.
 
Les YBS sont les unités de protection des Yézidis, elles sont chargées de protéger la communauté religieuse yézidie dans la région de Sinjar. Sans le YBS, 140 000 Yézidis ne pourraient pas retourner dans leur patrie, la région de Sinjar, pour le moment.
 
La région turque attaque à plusieurs reprises la région de Sinjar et bombarde les positions du YBS.
Compte tenu de ces faits, il ne fait aucun doute que le gouvernement turc veut procéder à un autre génocide de la religion yézidie et vider la région de Sinjar.
Nous lançons un nouvel appel aux États-Unis, qui contrôlent l’espace aérien en Irak, pour qu’ils arrêtent la Turquie dans ses attaques contre les Yézidis. De nombreux civils ont été tués et blessés lors des quatre attaques en Turquie depuis octobre 2019.
 
Les positions YBS ont été bombardées à nouveau hier soir, un chasseur YBS a été tué et un gravement blessé dans cette attaque.
 
Nous tenons à préciser à nouveau que ce sont ces personnes qui sont bombardées par l’État turc et que ce sont également les mêmes combattants qui protègent la protection des Yézidis.
 
Les Êzidis ne constituent pas une menace pour la Turquie. Néanmoins, les Êzidis sont sans défense face aux attaques de l’Etat turc. Pour nous Yézidis, il est incompréhensible que le public international accepte les attaques de l’Etat turc en silence et n’arrête pas leur partenaire de l’OTAN dans ses violations des droits de l’homme. Nous appelons les États-Unis à fermer l’espace aérien du nord de l’Irak, en particulier autour de la région de Sinjar, avec effet immédiat sur l’État turc et ainsi à arrêter les frappes aériennes turques.
 
Nous attendons une confirmation écrite de cette mesure. Et insistez encore une fois sur le fait que nous ne représentons pas une menace pour la Turquie ni pour aucun autre pays ou religion. Depuis cinq ans, malgré le manque de fonds, nous essayons de nous organiser les uns après les autres pour répondre à nos besoins. Ces efforts ont créé la confiance dans notre communauté. Après le massacre, 15 000 personnes de notre population ont dû chercher refuge sur le mont Shengal pour sauver leur vie. Dans le cadre de notre autonomie gouvernementale à Shengal, une base politique, économique, sociale et sécuritaire a été créée sur laquelle notre peuple peut rentrer chez lui. Depuis un an et demi, des dizaines de milliers de personnes sont rentrées chez elles en raison des mauvaises conditions et de la répression dans les camps. Il y a actuellement 200 000 personnes vivant dans les seuls Ezidis. En plus de ce nombre, des milliers d’Arabes et de Kurdes musulmans sont revenus. Chaque mois, 30 à 40 familles [environ 90-100 Êzidis] sont de retour chez elles.
 
Ici, nous tenons à préciser que nos habitants de Sinjar souffrent de peur et de problèmes physiques dus aux frappes aériennes de l’État turc. Beaucoup de femmes ont fait des fausses couches à la suite de frappes aériennes. Plus de 100 écoliers souffrent de problèmes physiques. »
 
 
 

La construction de la masculinité dans les sciences modernes

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« Un éclairage réel et complet de la nature sociale n’est possible qu’avec un éclairage complet et réaliste de la nature féminine. Clarifier la position des femmes depuis l’histoire de la colonisation jusqu’à leur colonisation économique, sociale, politique et mentale contribuera grandement à éclairer tous les autres aspects de l’histoire et de la société contemporaine. »

Article écrit par Fidan Yıldırım pour Jinnews, site d’information kurde 100% féminin

« La science est neutre » est un cliché que nous avons beaucoup entendu et lu tout au long de notre vie et que nous croyons et défendons depuis longtemps sans nous poser de questions. Ce que dit la science est si précis et fiable que la plupart d’entre nous ne penseraient même pas à le remettre en question ! Nous l’avons façonnée avec une conviction si profonde que la science est pour l’humanité et qu’elle travaille pour elle, que nous ne voyons pas que les valeurs humaines sont piétinées chaque jour au nom de la science. La science moderne, malgré toutes ses prétentions de neutralité, n’est pas séparée des classes, des nations, des races (sic) ou des sexes. Contre l’obscurité religieuse médiévale ; L’âge des sciences, qui est entré avec la prétention d’être le créateur des lumières, de la liberté et de l’égalité, a abouti à l’hégémonie capitaliste, l’un des systèmes les plus destructeurs de l’histoire sous la direction de la bourgeoisie. La science au service du capitalisme est presque devenue la religion de la bourgeoisie.

L’une des questions auxquelles la transformation de la science en un outil d’hégémonie et de construction de la masculinité accorde le plus d’attention est la relation entre les femmes et la science. La femme, qui a sagement ouvert une très longue période de l’histoire humaine, a été rendue méconnaissable en déformant sa réalité par la mythologie, la religion, la philosophie et la science, comme s’il ne suffisait pas de lui voler ses connaissances et les inventions qu’elle avait découvertes au cours des millénaires. La déesse mère créative et sage du néolithique a été progressivement dévaluée et minimisée par les superstitions de la perspective masculine. Elle a été aliénée d’elle-même, de sa nature, de ses connaissances et de son histoire. Bien que le niveau de représentation numérique dans le domaine de la science soit également important et devrait être considéré comme un objectif, il est beaucoup plus important de déchiffrer la perspective masculine dans la science, son rôle dans la construction de la masculinité et son caractère qui nourrit le sexisme. Et il est important de révéler la vérité, et de parvenir à une vérité scientifique qui soit exempte de sexisme. Une femme ne peut se retrouver que si elle démasque et condamne les mensonges à son sujet et révèle les vérités. Il est très important de déchiffrer comment l’histoire et la pensée masculines se tissent pas à pas, ainsi que de découvrir sa véritable histoire, pour progresser sur cette voie.

La maîtrise des hommes sur la science moderne est un facteur clé dans l’acquisition par la science d’un langage masculin, et pendant qu’il fait de la science, il transmet aussi son propre caractère et ses expériences à la science. Cela explique pourquoi la science moderne a un caractère masculin. Le caractère masculin de la science moderne n’est pas seulement dû à son langage masculin, mais surtout, cette science joue un rôle important dans la construction et la perpétuation de la masculinité. La science moderne, qui prétend être objective, travaille de manière très subtile pour établir et enraciner la perspective patriarcale. Elle reproduit sans cesse le sexisme. Le corps féminin est le domaine sur lequel la science moderne se concentre et qu’elle manipule le plus dans la construction de la masculinité.
 
Tout au long de l’histoire, ce domaine, où la domination masculine a été particulièrement mise en avant, était auparavant lié à des normes basées sur des hiérarchies religieuses, traditionnelles et sociales, mais a acquis un nouveau contenu avec le changement radical de paradigme à partir du 18ème siècle. Le corps de la femme, qui avait été auparavant marginalisé de manière ouverte et rigide, considéré comme subordonné et condamné par les jugements religieux, a commencé à être contrôlé par des catégories plus naturelles à partir de ce siècle.
 
Au XIXe siècle, le nouveau paradigme moderne a commencé à définir les femmes sur la base de leur sexe, sur la base de leurs différences par rapport au sexe masculin, formant une « opposition binaire ». Au cours de ce siècle, la médecine a coupé le corps féminin de son cycle naturel et l’a emprisonné dans certaines normes. Incapable d’ôter à la femme le pouvoir de créer une nouvelle vie dans son propre corps, l’esprit masculin a trouvé le remède pour sous-estimer sa fertilité et pour calomnier la structure corporelle qui permet de se reproduire sous couvert de science. Les façons dont la biologie, la médecine, la psychologie et la psychiatrie, qui comptent parmi les disciplines importantes du paradigme moderne, traitent du sexe, du genre et de la sexualité, jouent un grand rôle dans l’entretien et la reproduction du patriarcat.
 
La construction fluide du genre est également soutenue par les connaissances médicales. En d’autres termes, la médecine a toujours eu son mot à dire dans la création d’une construction du genre, mais le genre n’a jamais été aussi présent dans les corps que dans la médecine moderne. Alors que les scientifiques modernes incarnent les femmes et les poussent hors de la sphère publique en traitant qu’elles sont faibles, ils les ont aussi sexualisées et ont mis en évidence leur fertilité et les ont enfermées chez elles.
Un exemple frappant du transfert des rôles masculins et féminins conformément au point de vue patriarcal dominant à la science est révélé dans les explications sur le mouvement des spermatozoïdes et des ovules.
 
Selon un article scientifique technique, le sperme, qui est actif dans la fécondation et se déplace de lui-même, perce passivement la membrane de l’ovule en attente de fécondation, lui transfère ses gènes et active son programme de croissance. Jusqu’à cette période, la seule action de l’ovule est de glisser dans le canal et d’attendre la fécondation. Comme c’est similaire aux relations traditionnelles entre hommes et femmes ! Dans la société patriarcale, on tente de légitimer l’état actif des hommes et l’état passif des femmes au nom de la science comme s’il s’agissait d’un reflet de la nature humaine. Cependant, il s’avère par la suite que c’est l’activité de production de protéines de l’ovule qui permet aux spermatozoïdes d’adhérer à l’ovule, et la fécondation a lieu lorsque l’ovule et les spermatozoïdes se rencontrent et se fondent l’un dans l’autre.
 
Comme on peut le constater, la médecine moderne est l’un des domaines qui manipule le plus la réalité féminine au nom de l’objectivité et de la scientificité, qui constitue le plus grand support de la domination masculine et qui nourrit le sexisme. En plus de la médecine, la science de la biologie a servi à justifier une inégalité fondée sur la différence entre les sexes avec certaines de ses revendications. Les différences anatomiques des sexes s’entremêlent aux différences de genre et les nourrissent.
 
Baser la position inégale des femmes par rapport aux hommes sur les différences biologiques emprisonne les femmes dans la nature. De même, l’anthropologie classique a collaboré avec les colonialistes occidentaux et a tenté de légitimer l’hégémonie impérialiste sur les peuples en développant des thèses telles que celle selon laquelle les peuples coloniaux étaient arriérés et qu’il fallait leur apporter la civilisation. Par conséquent, le caractère sexiste des arguments de la science moderne sur les femmes alimente la domination de l’esprit masculin et fait que les problèmes de l’humanité restent sans solution et entraînent l’humanité dans le désastre en s’aggravant de jour en jour.
 
La clé de la solution à tous ces problèmes réside dans la définition correcte de la réalité des femmes. Une analyse correcte de la réalité des femmes n’est possible qu’avec une perspective correcte sur sa nature. Tant que la nature féminine restera dans l’obscurité, toute la nature de la société restera dans l’ombre. Un éclairage réel et complet de la nature sociale n’est possible qu’avec une illumination complète et réaliste de la nature féminine. Clarifier la position des femmes depuis l’histoire de la colonisation jusqu’à leur colonisation économique, sociale, politique et mentale contribuera grandement à éclairer tous les autres aspects de l’histoire et de la société contemporaine.
 
L’objection des scientifiques féministes contre les arguments de la science moderne, qui nourrit la construction de la masculinité et soutient la position secondaire des femmes et porte le sexisme dans le domaine de la science, et le fait qu’elles commencent à déchiffrer le caractère sexiste de la science avec leur travail est important en termes de réalisation d’un caractère digne du nom de la science. Une recherche s’est fait jour pour rendre la science indépendante du genre, des races, des croyances et des idéologies. Bien que confrontés à de grandes difficultés et obstacles, ces efforts sont précieux pour mettre la science au service de l’humanité en étant libéré de l’hégémonie des dirigeants. Renforcer ces poursuites et ces efforts est le devoir de tous ceux qui veulent vraiment servir l’humanité et poursuivre la vérité.
 

La Turquie continue l’annexion du Rojava à travers les murs d’occupation

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SYRIE / ROJAVA – L’État turc a construit un mur d’annexion de 415 km de long à travers des régions kurdes du Rojava, allant de Derik à Kobanê en 2016-2017. La communauté internationale et le régime syrien approuvent l’occupation turque en Syrie de par leur silence.
 
Des fils de fer barbelés ont été placés sur le mur qui a été achevé en 2017. Ce mur de 3 mètres de haut est la plus grande preuve de l’occupation du territoire syrien par l’Etat turc. (Ce mur construit par la Turquie est le troisième plus long mur au monde après la Grande Muraille de Chine et le mur USA-Mexique.) De plus, même si l’État turc a violé toutes les conventions et lois internationales en Syrie, la communauté internationale, en particulier le gouvernement de Damas, est restée silencieuse face à tous ces crimes.
 
2 700 000 m² de terre annexée à la Turquie
 
Les villages de Goran, Qere Mox et Aşmê, dans le nord de Kobanê, et les villages le long de la frontalière Amûdê-Dirbêsiyê, dans la région de Cizire sont annexés à la Turquie par le mur d’occupation construit le long de la frontière sur le sol syrien.
 
Au total, 95 villages, dont ceux d’Afrin, au nord d’Alep, de Serêkaniyê et de Girê Spî, sont ainsi annexés au territoire de la Turquie. Selon les données de l’Organisation des Droits de l’Homme de Cizire, environ 2 700 000 mètres carrés de terre sont occupés par la Turquie. 
 
Des murs et des massacres
 
Entre-temps, environ 13 000 oliviers et pistachiers ont été coupés pour construire ces murs d’annexion. Des centaines de personnes ont protesté à Qamishlo et à Kobanê, surtout après la construction du mur à Afrin. Les forces de l’État turc ont tué 4 civils en attaquant les manifestants.
 
Malgré les murs construits par l’État turc, les villageois luttent pour se rendre dans leurs champs. Les soldats turcs qui prennent pour cible les civils en route vers leurs champs rajoutant de nouveaux crimes à leurs crimes visant les civils.
 

L’État turc s’attaque à la culture kurde à travers le corps des femmes

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TURQUIE / BAKUR – La militante du TJA, Emine İnan a annoncé que la campagne « Em Xwe Diparêzin » (Nous nous défendons) était fortement soutenue par les femmes, a déclaré : « Ils souhaitent mener une politique d’éradication au Kurdistan à travers la jeunesse. Notre nature est brûlée et ils ont prévu de nous détruire », ajoutant que les femmes kurdes allaient renforcer la lutte contre cette politique d’éradication du peuple kurde.

Dans le cadre de la campagne « Em Xwe Diparêzin » (Nous nous défendons, en kurde) lancée par le Tevgera Jinên Azad (Mouvement des femmes libres – TJA) le 15 septembre, les militantes continuent de se réunir avec les femmes dans les villes du Kurdistan du Nord sous l’occupation turque. Pour promouvoir leurs campagnes auprès des femmes, les militantes se rendent dans les rues et les quartiers et sollicitent le soutien des femmes qu’elles rencontrent.

La militante du TJA, Emine İnan, qui travaille à Şırnak, a parlé de la campagne lancée contre l’augmentation de la violence masculine envers les femmes.

Emine a souligné que la campagne « Em Xwe Diparêzin » et les campagnes précédentes sont différentes l’une de l’autre, et que cette campagne a été lancée contre la violence masculine et étatique existante. Emine, déclarant qu’elles ont commencé comme une campagne de quatre mois, « Nous avons commencé cette campagne avec diverses actions et événements dans de nombreuses villes de Turquie et du Kurdistan. Les femmes sont dotées d’un outil unissant des femmes de différentes tendances de solidarité en Turquie et en un seul mouvement. C’était l’un des objectifs les plus importants de notre campagne. L’un des objectifs de notre campagne était de faire en sorte que la personne se connaisse et passe à l’action. Il y a des milliers de femmes qui ne peuvent pas se défendre lorsqu’elles sont exposées à la violence. C’est pourquoi nous essayons de mobiliser les femmes dans cette direction depuis deux mois », a attiré l’attention sur l’importance de la campagne.
Ils s’attaquent à la culture à travers le corps féminin
Emine a déclaré qu’ils expliquent aux femmes comment se protéger de la violence à laquelle elles sont exposées par le biais d’ateliers, de visites à domicile, de travaux de rue et de quartier, et a souligné que chaque femme est exposée au mobbing et à la violence dans sa propre vie et son lieu de travail. Emine a déclaré : « Avec la campagne que nous avons lancée en tant que femmes, nous transmettons le message suivant : nous allons lutter contre les attaques contre notre nature, notre langue et notre culture, nos valeurs sociales. Elles s’attaquent à notre terre, à notre culture et à notre histoire à travers le corps féminin et le viol. Ce genre de politiques se développe surtout à travers les jeunes femmes. L’histoire de Botan (une région kurde) est un lieu important. Elles visent à nous éloigner de la vie naturelle. « Tout cela fait partie de la politique la guerre spéciale. »
 
Notre nature est notre vie
Emine a fait remarquer que les jeunes femmes étaient ciblées par les policiers turcs et les sergents des forces spéciales turques, et a souligné que cela faisait partie de la sala guerre visant le peuple kurde. Soulignant que ces politiques sont mises en œuvre d’une manière différente dans les régions kurdes, Emine a déclaré : « Au Kurdistan, on souhaite mener une politique d’éradication par la jeunesse. Notre nature est brûlée et il est prévu que nous soyons détruits à travers elle. Nous n’accepterons jamais de telles politiques. Nous ne leur permettrons pas de brûler notre nature (…). Nous avons donné des réponses fortes à cela et nous continuerons à être sur le terrain. Notre principal objectif est d’apprendre à nous connaître. Les femmes de Botan protègent leur nature. Les femmes qui ont dû émigrer des villages sous la pression [de l’Etat turc] continuent à se connaître et à retourner à leur essence en retournant dans leurs villages. Les femmes disent : « Notre nature est notre vie », et elles protègent aussi leur nature ».
Attaques contre la langue kurde
Notant qu’elle a répondu aux politiques d’éradication des femmes en disant « Je continuerai à exister même si vous me détruisez », Emine a également attiré l’attention sur les crimes linguistiques. Emine a déclaré qu’il y a eu des attaques contre la langue depuis le passé, et qu’elles attaquent notre langue de différentes manières. Emine a déclaré que les commerçants ont été forcés de parler turc et a poursuivi en disant « Tout cela fait partie de la politique de guerre spéciale. En exerçant une pression économique, ils disent : « Si vous ne voulez pas parler en turc, alors vous perdrez votre argent et votre emploi, vous parlerez en turc ». En tant que femmes, nous continuerons à protéger notre langue dans tous les domaines. »
Abdullah Öcalan détient la clé de la paix
Emine a déclaré que la question la plus importante est l’isolement et a souligné que le leader du PKK, Abdullah Öcalan, a été soumis à des conditions d’isolement aggravées pendant des années. Rappelant qu’une réunion a eu lieu le 22 mai, Emine a déclaré : « Ce n’est pas suffisant. Les peuples kurde et turc ne peuvent pas vivre démocratiquement tant que l’isolement imposé à M. Abdullah Öcalan n’aura pas pris fin. La clé de la paix est entre les mains de M. Öcalan. La Turquie est un face à face avec le chaos. En tant que femmes, nous voulons que cet isolement prenne fin le plus rapidement possible. Cet isolement est imposé au peuple kurde et aux femmes en la personne de M. Öcalan. Nos ateliers se poursuivent sur ce sujet », a-t-elle déclaré.
Les femmes mises au ban de l’économie
En ce qui concerne la Convention d’Istanbul, Emine a déclaré qu’elles ont également des études sur ce sujet. Emine a souligné que l’échec de la mise en œuvre de la Convention d’Istanbul a conduit aux féminicides. Déclarant que l’économie a été créée par les femmes, Emine a déclaré que les femmes ne pesaient rien dans l’économie aujourd’hui, ajoutant que « L’économie des femmes a été volée de leurs mains. Nous allons essayer de le récupérer » et a annoncé le programme de novembre des travaux qu’elles réaliseront dans le cadre de la campagne. Emine a déclaré qu’elles se préparent pour le 25 novembre et a ajouté : « Dans notre quartier, les activités des ateliers se poursuivront. Nous avons vu que nous avons touché les sentiments des femmes pendant le processus de la campagne. Les femmes qui travaillent partout nous ont accueillies avec enthousiasme. (…) Des femmes de tous âges envoient des messages. La société ne se rend pas au capitalisme.”
Nous allons faire revivre notre culture
Ajoutant que les femmes sont également dérangées par les politiques existantes, Emine a déclaré : « Nous allons recréer notre culture qu’elles veulent noyer. Les mères disent qu’elles ont été attaquées et que leurs enfants ont été attaqués. Elles disent que leurs enfants ont été forcés à se droguer et à se prostituer. Nous travaillerons du 1er au 25 novembre. Avec les femmes, les hommes soutiennent également la campagne en disant « Nous nous défendons ». Les femmes donnent le message qu’elles résisteront au système. Les femmes disent qu’elles ne sont pas seules. »

PARIS. Attaque raciste contre une association franco-turque

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PARIS – La nuit dernière, les locaux de L’Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie (L’ACORT) ont été tagués avec l’inscription «ISLAM=MORT». (Probablement par des fascistes d’extrême-droite.)
 
Pour info, ACORT, dont les locaux se trouvent dans le Xe arrondissement de Paris, est une association laïque, pro-démocratie et qui prend position contre le dérive islamo-fasciste en Turquie. Elle est spécialisée dans l’aide aux migrants originaires de la Turquie. 

Cette attaque contre les locaux d’ACORT intervient en pleine guerre diplomatique entre la Turquie et la France depuis la décapitation de l’enseignant Samuel Paty par un islamiste en octobre et les déclarations d’Emmanuel Macron au sujet des caricatures de Mahomet publiés par Charlie Hebdo. Le président turc Erdogan avait appelé à boycotter les produits français, tandis que la France a dissout semaine dernière les « Loups gris » (Bozkurtlar), l’organisation de jeunesse du Parti du mouvement nationaliste d’extrême droite (MHP) en Turquie qui attaquent les Kurdes, les Arméniens et les opposants turcs réfugiés en Europe, alors que la terreur islamiste radicale refait surface en Europe.
 
Voici le communiqué d’ACORT après l’attaque raciste visant ses locaux:
 

« Nous dénonçons fermement ces attaques à l’encontre de notre association, laïque et démocratique qui lutte depuis 40 ans contre toutes les discriminations et les racismes et pour l’égalités des droits de tout.e.s !

Dans un climat où l’extrême droite et les ultranationalistes instrumentalisent l’horrible assassinat du professeur Samuel Paty pour stigmatiser une partie de la population, nous appelons à la vigilance les pouvoirs publics sur une haine et au racisme contre les musulmans qui sont attisés par ces milieux et qui se développent en mettant en danger la paix civile dans notre société.

L’ACORT plus que jamais s’engage à lutter contre les idéaux de l’extrême droite et des fondamentalistes islamistes qui partagent, au fond, les mêmes objectifs : nous fragmenter et nous diviser pour mettre en péril les valeurs fondamentales qui fondent notre société.

Ni ces tags ni les menaces qui peuvent suivre ne feront dévier L’ACORT de ces valeurs qui sont la laïcité, la liberté, le respect des droits humains, l’égalité des droits et notamment l’égalité des femmes et des hommes. »

Paris, le 9 novembre 2020

TURQUIE. Les soldats turcs déterrent les restes d’un Kurde tué il y a 25 ans

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TURQUIE / BAKUR – En Turquie, même les cadavres kurdes ne peuvent reposer en paix. Régulièrement, des tombes des militants, activistes ou combattants kurdes sont détruits, des cadavres ou ossements volés par les forces armées turques, dans une folie digne d’Antigone de la mythologie grecque.
 
Les restes d’Abdulhamit Keskin, tué à l’âge de 19 ans en 1995, ont été transférés dans un autre cimetière sur ordre du commandement de la gendarmerie de Nusaybin, un district de Mardin.
 
Dans une lettre envoyée à la municipalité métropolitaine de Mardin, le commandant de la gendarmerie de Nusaybin, Fatih Doğan, a ordonné le transfert de la tombe d’Abdulhamit Keskin qui se trouvait à Balaban (Birguriye).
 
A la suite de cet ordre, les restes de Keskin ont été déterrés pour être transférés au cimetière Mohris, à Nusaybin. Les soldats turcs ont interdit que la famille de Keskin organise une cérémonie d’enterrement publique.
 
Dans le rapport concernant le transfert des restes de Keskin, il est indiqué que le processus a été lancé à la suite de la plainte d’une personne qui aurait déclaré que la tombe était devenue une « mausolée ». Le même rapport accuse Keskin d’avoir été membre d’ « une organisation » (PKK).
 
Le frère de Keskin, Abdullah Keskin, qui a partagé le processus de déplacement de la tombe sur son compte de médias sociaux, a déclaré: « Mon frère a été tué au printemps 1995 alors qu’il avait 19 ans. (…) Après 25 ans, sa tombe a été déplacée par l’ordre de l’État. (…) Les morts doivent être laissés en paix. »
 

Les œuvres de Zehra Dogan exposées en Turquie où elle risque la prison

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TURQUIE – ISTANBUL – Les œuvres de l’artiste kurde Zehra Doğan, créées en prison entre 2016 et 2019, sont exposées pour la première fois en Turquie alors que Dogan ne peut y retourner sans risquer de se trouver de nouveau en prison.
 
Zehra Doğan a été emprisonnée par le régime turc pour terrorisme et a acquis une renommée internationale après avoir quitté la prison et organisé une exposition à la Tate Modern de Londres.
 
Les œuvres de Zehra Doğan, emprisonnée à plusieurs reprises depuis 2016 pour terrorisme, sont exposées pour la première fois en Turquie.

3 des œuvres de Zehra Doğan exposées à Istanbul
 
Poursuivie pour avoir prétendument appartenu au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) pour ses œuvres axées sur les couvre-feux de 2016 dans plusieurs régions kurdes, Doğan a été emprisonnée deux fois.
 
Après avoir été libérée en février 2019, Dogan s’est fait connaître dans le milieu artistique mondial après son exposition à la Tate Modern de Londres en mai 2019, intitulée «Ê Li Dû Man», «ce qui reste» en kurde.
 
Organisée par M. Wenda Koyuncu et Seval Dakman, l’exposition de Doğan à Istanbul «Nehatîye Dîtın» («Pas vu» en kurde) comprend ses œuvres qu’elle a créées pendant ses deux séjours en prison entre 2016 et 2019.
(…) DUVAR
 
Qui est Zehra Dogan ?
 

Exilée en Europe peu de temps après sa libération de la prison, Zehra Dogan fut diplômée de l’Université de Dicle en tant que professeur d’art. Elle a débuté sa carrière de journaliste-artiste à partir de 2012 depuis la fondation de JİNHA [site d’information kurde exclusivement féminin] jusqu’à sa fermeture forcée en 2016, où elle a travaillé comme journaliste et éditrice.

 
Elle a rendu couvert la province et des districts de Mardin depuis le 24 juillet 2015, date à laquelle l’Etat turc a imposé des couvre-feux.
 
Elle a été arrêtée le 23 juillet 2016 à Nusaybin, d’où elle faisait son reportage, et a ensuite été incarcérée pour « appartenance à une organisation terroriste » et « propagande terroriste ». Doğan a été libérée le 9 décembre 2016 par un tribunal de Mardin, mais elle a été condamnée à 33 mois de prison lors de l’audience finale du 22 mars, pour avoir partagé ses peintures sur les réseaux sociaux et pour avoir rapporté les notes d’une fillette de 10 ans, Elif Akboğa.
 
Après la confirmation de sa peine par la cour d’appel locale, Doğan a été emprisonnée le 12 juin 2017 et placée dans la prison de Diyarbakır puis transférée dans la lointaine prison de Tarsus après avoir remporté le prix IWMF du courage.
 
À l’époque où Doğan résidait dans la prison de Diyarbakır, l’administration de la prison ne lui fournissait pas l’équipement nécessaire. Doğan produisit alors un colorant à partir de racines de plantes et de sang de menstruation.
 

La célèbre artiste Banksy a protesté contre la condamnation de Zehra Doğan par une projection d’une fresque en mars 2018 à Manhattan montrant Dogan derrière les barreaux avec la légende « Elle est condamnée à 2 ans et 9 mois et 22 jours pour avoir peint ce tableau ».

En mai, Tate Modern, musé d’art moderne à Londres, a accueilli une exposition de Zehra Dogan.

La Turquie, les loups gris et leurs tentacules autour de l’Europe

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Active depuis les années 50, organisation fasciste turque « Loups gris » a mené des actions terroristes visant les Kurdes, Arméniens, organisations de gauche… en Turquie et en Occident. Elle avait pour mission de faire le « sale boulot » qu’un État ne pouvait pas faire officiellement. Aujourd’hui, elle fait la une de l’actualité en France. Retour sur une « saga » fasciste turque qui a prospéré à travers le monde avec l’article suivant du journaliste Ergun Babahan.

On a été nombreux à être surpris lorsque la France a décidé d’interdire cette semaine les « Loups gris » (Bozkurtlar), l’organisation de jeunesse du Parti du mouvement nationaliste d’extrême droite (MHP) en Turquie, alors que la terreur islamiste radicale refait surface en Europe.
 
Le groupe s’appelle « Loups Gris » en français, car son nom original en turc sonnerait un peu bizarre – les « Foyers idéalistes » (Ülkü Ocakları en turc), est une organisation armée ultranationaliste turque fondée dans le cadre de la vague anticommuniste de la politique de droite dans les années 1960, par des fonctionnaires de l’État turc formés aux États-Unis.
 
Revenons à l’histoire d’origine, et parlons d’aujourd’hui
 
Le groupe est revenu sur la scène publique avec les récentes attaques contre des communautés arméniennes et des monuments en France. Un mémorial pour les massacres de 1915 était couvert de graffitis jaune vif, et des foules de Turcs en colère ont été vues errant dans les quartiers arméniens au plus fort des combats entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie sur la région contestée du Haut-Karabakh, dans la plus grande flambée de ce conflit vieux de plusieurs décennies depuis un certain temps.
 
Le président français Emmanuel Macron ne pouvait pas ignorer les demandes de la communauté franco-arménienne à l’approche de l’élection présidentielle dans le pays. Cependant, l’interdiction ressemble à de la proxénétisme, car il n’y a pas d’organisation officielle appelée « Les Loups gris » à interdire. Il reste à voir si elle sera interprétée comme englobant divers groupes qui partagent la même idéologie, notamment en fonction de l’augmentation éventuelle des tensions turco-arméniennes à Lyon et dans plusieurs autres provinces françaises importantes.
 
Le ministère turc des affaires étrangères a critiqué la France pour cette décision, et ce faisant, il a non seulement montré son soutien à la jeunesse du jeune partenaire du gouvernement au parlement, mais en même temps, il a défendu ces personnes qu’il considère clairement comme faisant partie du schéma organisationnel de l’État, et leur a fait comprendre que la Turquie est derrière eux.
 
Les loups gris, les foyers idéalistes, les gens pro-idéaux… Quel que soit leur nom, ce groupe de personnes s’est réuni dans le cadre de l’opération Gladio, une initiative clandestine anticommuniste soutenue par les États-Unis pendant la guerre froide. Le groupe a émergé en tant qu’organisation sous « l’État de l’ombre » et a continué à être l’outil paramilitaire utilisé par l’État [turc].
 
Le premier foyer idéaliste a été fondé par des étudiants en droit de l’université d’Ankara en 1966. Ils ont appelé leur leader Alparslan Türkeş « başbuğ » – ou le « soldat en chef » – inspiré par le « Führer ».
 
Türkeş est resté aux États-Unis pendant un certain temps dans les années 1950 en tant que jeune officier de l’armée, et s’est entraîné pour la guerre spéciale, la guerre irrégulière et la guérilla.
 
En 1956, il est revenu en tant que membre de la représentation turque à l’OTAN, pour devenir le premier expert en contre-guérilla de la Turquie et diriger les bureaux de l’OTAN sous la direction du chef d’état-major de la Turquie.
 
À cette époque, les groupes anticommunistes s’organisaient au sein de l’appareil d’État en unités de guerre civile/contre-insurrection.
 
Le manuel des opérations de contre-guérilla de l’armée américaine 31-51, publié en 1961, dit ceci sur le fonctionnement des forces irrégulières
 
« Les activités irrégulières manifestes comprennent les actes de destruction contre les biens publics et privés, les systèmes de transport et de communication ; les raids et les embuscades contre les quartiers généraux de l’armée et de la police, les garnisons, les convois, les patrouilles et les dépôts ; le terrorisme par assassinat, bombardement, vol à main armée, torture, mutilation et kidnapping ; la provocation d’incidents, les représailles et la prise d’otages ; et les activités de déni, telles que l’incendie criminel, l’inondation, la démolition, l’utilisation d’agents chimiques ou biologiques, ou d’autres actes visant à empêcher l’utilisation d’une installation, d’une zone, d’un produit ou d’un établissement.
 
Les activités irrégulières secrètes comprennent l’espionnage, le sabotage, la diffusion de propagande et de rumeurs, le retardement ou la mauvaise orientation d’ordres, l’émission d’ordres ou de rapports faux ou trompeurs, l’assassinat, l’extorsion, le chantage, le vol, la contrefaçon et l’identification d’individus en vue d’une attaque terroriste ».
 
Il a également déclaré : « Les éléments clandestins d’une force irrégulière n’ont normalement pas de statut juridique ».
 
Il s’agit d’une structure où l’appareil de sécurité de l’État, les partis politiques et les organisations de jeunesse s’entremêlent et poursuivent cette existence complexe jusqu’à ce jour.
 
L’organisation a ciblé les jeunes pauvres dans les régions les plus reculées d’Anatolie et a commencé à former les garçons des campagnes dans les camps militaires établis dans la province occidentale d’Izmir après 1968. Des officiers retraités de l’armée s’occupaient de la formation de ces jeunes hommes.
 
La montée de cette force paramilitaire, soutenue par l’État, s’est poursuivie tout au long des années 1970 et a atteint son apogée avec le gouvernement de centre-gauche de Bülent Ecevit à l’époque. Alors que le pays s’acheminait vers le coup d’État militaire de 1980, les massacres de l’université d’Istanbul et du Bahçelievler d’Ankara ont coûté la vie à de nombreux intellectuels et à un nombre encore plus important de jeunes gens.
 
Le coup d’État militaire du 12 septembre 1980 a été un choc pour les idéalistes. Ils croyaient qu’ils travaillaient pour l’État, mais de nombreux membres éminents ont été arrêtés, emprisonnés et torturés.
 
Les Loups gris ont perdu leur objectif dans les années 1980, après le coup d’État. La mafia est apparue pour attirer les idéalistes fraîchement sortis de prison.
 
Dans les années 1970, le groupe avait déjà pris contact avec la mafia pour se procurer des armes et rassembler des ressources. L’État exerçait également un contrôle ferme sur les groupes mafieux, comme le mouvement.
 
Dans les années 1980, la mafia des Loups gris a commencé à prendre forme, avec Muhsin Yazıcıoğlu, Abdullah Çatlı, Mehmet Gül, Mehmet Şener et Yalçın Özbey parmi les principaux acteurs. Le président de la Fédération européenne de Turquie et l’homme qui a commencé les relations avec la mafia, Lokman Kondakçı, a déclaré dans ses confessions des années plus tard que le moyen le plus facile de trouver de l’argent était le trafic d’héroïne.
 
Cette mafia nationaliste a commencé à participer activement à la lutte de la Turquie contre le mouvement politique kurde en général dans les années 1990, compliquant encore plus ses relations avec l’État. Le groupe en est venu à contrôler entièrement la route de la drogue de l’Afghanistan vers l’Europe et les Amériques.
 
En plus de leur implication dans la mafia, les membres du groupe travaillaient toujours pour l’État. Après le coup d’État, la Turquie a pensé qu’il était judicieux d’utiliser les Loups gris contre l’Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie – ou ASALA, un groupe désigné comme terroriste par la Turquie pour avoir pris pour cible des diplomates et des bureaucrates turcs pendant de nombreuses années en représailles à l’exil et au massacre des Arméniens de leur ancienne patrie d’Anatolie sous l’Empire ottoman et la Turquie.
 
L’ASALA a pris pour cible de nombreux intérêts et missions diplomatiques turcs, y compris en France. Le chef du service national de renseignement turc MİT de l’époque, Mehmet Eymür, a déclaré lors d’un procès beaucoup plus tardif que les Loups gris ont été utilisés contre l’ASALA, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), parti kurde, et la Gauche révolutionnaire marxiste-léniniste (DEV-SOL). « Il n’est pas possible de mener ces activités avec des gens normaux », a déclaré M. Eymür dans un témoignage. « Nous avons besoin d’hommes qui peuvent casser les choses. »
 
Alaattin Çakıcı, l’un des chefs de cette mafia nationaliste, a mené ces efforts pour cibler les Arméniens, y compris en tuant prétendument le chef de l’ASALA, Agop Agopyan. Pour faire court, l’utilisation des Loups gris contre les Arméniens en Europe n’est pas nouvelle pour la Turquie.
 
Des rapports non confirmés indiquent que les marches contre les Arméniens à Lyon ont été organisées par des responsables turcs, mais ce n’est qu’une rumeur – du moins pour l’instant.
 
Un autre lien de trafic a été établi lorsque le sénateur Kudret Bayhan du MHP a été pris en train de faire passer en contrebande 146 kilos de morphine base en France en utilisant son passeport diplomatique comme couverture en 1972.
 
Le chef actuel du MHP, Devlet Bahçeli, avait été pris avec des mitrailleuses Kalachnikov dans sa voiture jusqu’en 1980. Ses relations avec les services de renseignement sont restées secrètes pendant des années.
 
Le président turc Recep Tayyip Erdoğan dispose d’un vaste réseau de renseignements en Europe sur les congrégations des mosquées et les adeptes de National View, une tradition islamiste-conservatrice dont le président et son parti au pouvoir sont issus. Les Loups gris n’étaient pas nécessaires sur le terrain, en soi, mais lorsque la question arménienne a éclaté, l’État en est venu une fois de plus à « avoir besoin d’hommes capables de casser les choses ».
 
La Turquie, qui mène une politique étrangère toujours plus dure et qui a démontré qu’elle n’hésiterait pas à utiliser la communauté turque d’Europe pour faire avancer ses intérêts, a également tiré la sonnette d’alarme en Allemagne. Les Verts allemands, Die Linke (gauche) et Alternative für Deutschland (AfD) (extrême droite) ont tous appelé à des précautions similaires.
 
Le député turco-allemand des Verts, Cem Özdemir, fait partie de ceux qui ont demandé l’interdiction du groupe. « Peu importe qu’ils soient turcs, allemands ou autres, les Loups gris ultra-nationalistes méritent d’être interdits ! », a déclaré M. Özdemir dans un tweet.
 
Ergun Babahan pour Ahval