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SYRIE. Crimes visant les femmes à Afrin : Les Kurdes demandent une enquête internationale

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SYRIE / ROJAVA – L’Administration autonome (AA) de la Syrie du Nord et de l’Est a condamné les crimes des mercenaires islamistes visant les femmes d’Afrin, a tenu la Turquie responsable des crimes de ces groupes et a appelé la communauté internationale à agir face à ces crimes, en y mettant fin et en les condamnant.
 
Dans un communiqué publié aujourd’hui, l’Administration autonome a appelé la Russie, les Etats-Unis et les Nations unies (ONU) à prendre une position claire concernant les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par les mercenaires de la Division al-Hamza (Firqat al-Hamza).
 
Voici le communiqué de l’Administration Autonome :
 
« Après plus de deux ans d’occupation turque et de ses mercenaires de la ville d’Afrin, les milices terroristes soutenues et financées par le régime turc continuent de commettre les pires des crimes contre les civils et leurs biens qui s’y trouvent, compte tenu du silence international injuste et de la soumission au chantage du régime turc qui n’hésite pas à utiliser la carte du terrorisme et des réfugiés pour couvrir les crimes de ses mercenaires en Syrie et en Libye.
 
Ce que font ces groupes est une transgression claire, une violation flagrante et publique de tous les pactes et chartes internationaux ainsi que de toutes les valeurs morales, car ces pratiques constituent un véritable génocide dans tous ses sens.
 
Crimes et viols visant les femmes
 
Des centaines d’abus et des milliers de pratiques criminelles ont lieu à Afrin (déplacements, meurtres, enlèvements, extorsions financières, démolitions de maisons, destruction de lieux saints, exécutions sommaires, incendies, pillages et vols, installation d’étrangers), et aujourd’hui, les violations se multiplient, des transgressions et des traitements contraires à l’éthique contre huit femmes détenues par le soi-disant Firqet al-Hamzat à Afrin, qui est l’une des factions terroristes affiliées au régime turc, et ces comportements expriment la nature brutale et immorale de ces gangs de mercenaires.
 
Ce qui se passe à Afrin en général, ainsi qu’à Serêkaniyê / Ras al-Ain et Girê Spî / Tel Abyad, et ce qui a été révélé aux femmes détenues en échange d’une demande de rançon par les mercenaires d’al-Hamzat est une violation très grave.
 
Appel à condamner ces pratiques et à mener une enquête internationale sur les crimes des mercenaires
 
Alors que nous, dans l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie, condamnons et dénonçons ces violations et tenons le régime turc responsable de ce qui s’est passé contre ces femmes, nous lançons un appel urgent à toutes les organisations des droits de l’homme, aux mouvements féministes du monde, à toutes les organisations des Nations unies, à la Fédération de Russie et aux États-Unis d’Amérique pour qu’ils assument leurs responsabilités urgentes devant l’opinion publique internationale, condamner immédiatement ces crimes et exprimer des positions publiques et claires sur ce que font le Firqet al-Hamzat et toutes les factions et groupes de mercenaires soutenus par la Turquie, nous demandons également la nécessité de mener une enquête internationale et de tenir les responsables de ces violations pour y mettre fin.
 
Institutions féminines sommées d’agir contre les crimes visant les femmes
 
Ce qui se passe à Afrin est une violation des droits humains et des règles du droit international, et le monde entier doit les sacrifices héroïques faits par les femmes à Afrin et dans le nord et l’est de la Syrie contre l’organisation terroriste DAECH et les mercenaires de la Turquie. Les défenseurs de la liberté des femmes et des droits humains doivent agir de toute urgence dans tous les pays du monde pour condamner les violations pratiquées par les mercenaires du régime turc.
 
Éternité et gloire pour les martyrs, liberté pour les prisonniers et les kidnappés ».
 

Les multiples méthodes de la Turquie pour changer la démographie de la Syrie du Nord et de l’Est

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SYRIE / ROJAVA – La Turquie poursuit diverses méthodes pour changer la démographie des régions occupées du nord et de l’est de la Syrie, dans le but d’une occupation permanente par la formation de partis turkmènes notamment.
 
Depuis que la Turquie a occupé plusieurs régions de la Syrie en 2016, elle s’efforce de modifier la démographie de ces régions par des attaques contre la population de la région, sous le regard complice des instituions internationales, malgré les statistiques et les rapports de nombreuses institutions internationales des droits de l’Homme qui ont documenté les politiques et les objectifs de la Turquie et révèlent la vérité sur les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et le changement démographique mis en oeuvre par la Turquie pour chasser les Kurdes syriens de leurs terres.
 
Déplacement des populations indigènes et installation de familles de mercenaires
 
Plus de 900 000 personnes des différentes composantes kurde, arabe, turkmène et circassienne, vivaient dans les régions d’Al-Shahba (Al-Bab, Al-Safirah, Azaz, Jarabulus, et leurs campagnes) selon les statistiques.
 
Cependant, après l’occupation turque des régions de Jarabulus, Azaz, Al-Bab et Al-Safira, des milliers de civils, en particulier les Kurdes, ont été déplacés. Seul un petit nombre de la population indigène est resté.
 
Selon le Conseil provincial d’Al-Shahba, la Turquie a occupé plus de 230 villages, détruisant complètement plus de 52 villages dans chacune des villes de Jarablus et Al-Rai et des zones d’Al-Bab et déplaçant sa population indigène.
 
Muhammad Al-Ahmad, membre du conseil du district d’Al-Shahba, qui est originaire de la ville d’Al-Bab, déclare : « L’occupation turque se poursuit dans le changement démographique des zones occupées d’Al-Shahba par l’installation des habitants d’Al-Ghouta. Aujourd’hui, la plupart des habitants d’Al-Bab sont des colons ».
 
Pour sa part, l’activiste des droits de l’homme Emad Daoud déclare : « Depuis que la Turquie a occupé Al-Shahba, la politique d’extermination a été suivie contre tous ceux qui s’opposent à la politique ottomane. Elle a eu recours à des enlèvements et des assassinats par des factions de mercenaires avec des dirigeants turkmènes pour contrôler la région. »
 
Daoud affirme que les déplacements ont été causés par la politique de l’État turc contre les habitants de la région et a fait venir les familles des mercenaires de Deir ez-Zorr, Al-Ghouta, Hama, Alep. Ils les ont logés dans des villages kurdes tels que les camps de Tarahin, Kaaba et Qabasin, en plus des colonies construites dans le village de Susian.
 
Après l’occupation d’Afrin par la Turquie le 18 mars 2018, plus de 300 000 civils ont été déplacés et des milliers de familles de mercenaires et de personnes déplacées ont été réinstallées à Al-Ghouta et dans ses environs, à Homs, Alep, Hama et, selon l’organisation des droits de l’Homme Afrin.
 
L’occupation turque a également installé plus de 500 familles palestiniennes à Afrin, selon le Centre de documentation civile pour les réfugiés palestiniens. Elles ont été installées dans le village de Deir Ballut et dans le centre ville d’Afrin.
 
Après que le gouvernement syrien ait lancé une opération militaire sur la ville d’Idlib, l’occupation turque et ses mercenaires ont transféré plus de 200.000 habitants d’Idlib à Afrin.
 
L’occupation turque a également déplacé plus de 250.000 civils de Serêkaniyê et Girê Spî / Tal Abyad après son attaque du 9 octobre 2019.
 
Selon des sources informées, l’occupation turque a installé plus de 2 500 familles dans la ville de Serêkaniyê, et plus de 1 500 familles à Girê Spî.
 
Les parties turkmènes vont changer l’identité des composants
 
« Dans un effort pour consolider son occupation des régions syriennes et découper ces territoires comme elle l’a fait dans la brigade d’Iskenderun au siècle dernier, elle a eu recours à la modification du caractère de certains clans kurdes et à la revendication de leur caractère turkmène en tant que clans Karajaj et Rashwan, en plus de ses efforts pour établir des partis politiques turkmènes à travers Certains mercenaires turkmènes, tels que la Société turkmène et certains partis qui se disent kurdes, sont connus pour leur loyauté envers la Turquie, comme l’ « Association indépendante des Kurdes », selon le juriste Imad Daoud.
 
Muhammad Al-Ahmad, membre du conseil du district d’Al Shahba, ajoute que « l’occupation turque suit la turquification dans les zones occupées pour persuader les gens qu’ils sont turkmènes grâce à des documents et des dossiers remontant à l’époque de la domination ottomane. Elle travaille également à la création de partis turkmènes. En offrant des incitations matérielles et humanitaires qui exploitent la pauvreté des gens. »
 
Une politique dans la continuité de la turkification
 
Immédiatement après l’occupation des villes et des régions du nord-est et du nord-ouest de la Syrie par la Turquie, les principales caractéristiques de ces villes ont commencé à s’estomper lentement, suite à la politique de changement démographique pour chasser les Kurdes, Arméniens, Yézidis ou d’autres populations qui n’étaient pas arabes sunnites.
 
L’occupation turque a turquifié les noms des villages et des villes d’Afrin et des régions d’Al-Shahba. Elle a changé le nom d’Al-Raai au nord d’Alep en « Juban Bey » et le nom de Jabal Aqil en « Polat Al-Bairaq ».
 
L’occupation turque a également changé les noms des places, des rues et des jardins, et les a appelés par des noms ottomans. À Azaz, un jardin de plus de 100 ans a été nommé d’après la « nation ottomane » sous le dessin représentant le drapeau turc.
 
Les renseignements turcs ont également retiré les tours de télécommunications syriennes et les ont remplacées par des tours turques, et ont imposé des transactions en monnaie turque au lieu de la monnaie syrienne, ainsi que formé des structures militaires et de renseignements locales associées.

Dans ce contexte, l’activiste des droits de l’homme Daoud déclare : « Aujourd’hui, après des années d’occupation turque de nos régions, les politiques turques se poursuivent par l’imposition de programmes d’études, de la langue et des sciences turques dans tous les bâtiments et institutions éducatives et religieuses. Ils ont également utilisé la religion islamique pour persuader toutes les composantes de la région avec son projet ottoman, si bien que nous nous retrouvons à recruter des jeunes comme mercenaires pour aller en Libye. »
 
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a reconnu lors d’une interview à la télévision officielle turque, TRT, que la Turquie veut réinstaller un million de personnes dans les zones qu’elle cherche à occuper sous le nom de « zone de sécurité » dans le nord de la Syrie.
 
Erdogan a souligné la possibilité d’installer 530 000 colons dans les régions de Derik et Serêkaniyê et 405 000 entre les villes de Serêkaniyê et Girê Spî.
 
Pendant ce temps, le commandant en chef des forces démocratiques syriennes (FDS), Mazloum Abdi, a répondu dans un Tweet aux déclarations d’Erdogan, en disant que « la Russie et l’Amérique ont la responsabilité de prévenir le changement démographique dans les territoires occupés. Nous les appelons à mettre en œuvre leurs obligations et à mettre en place un mécanisme pour le retour des populations indigènes ».
 
Abdi a ajouté : « Ce que le président turc a annoncé, à savoir qu’il a commencé à travailler à l’installation d’un million de personnes dans les villes de Girê Spî / Tel Abyad et Serêkaniyê / Ras Al-Ain, est une affaire très dangereuse visant à réinstaller des étrangers dans ces villes ».
 
Actes punissables en vertu du droit international
 
La politique d’occupation turque n’a pas respecté les règles et règlements régissant l’occupation en vertu de l’article 42 du règlement de La Haye de 1907 et de l’article 2 commun aux quatre conventions de Genève de 1949, qui empêchaient toute forme de violation pendant le processus d’occupation.
 
La résolution n° 2265 de la trente-cinquième session de l’Assemblée générale des Nations unies a interdit toute ingérence, même pour des raisons humanitaires, sauf autorisation ou bénédiction du Conseil de sécurité, car la Turquie a occupé la ville de Jarablus et s’est étendue dans les zones d’Al-Shahba (Al-Bab, Azaz et Al-Safira) le 24 août. 2016, et a occupé Afrin le 18 mars 2018. En octobre 2019, elle a occupé Serêkaniyê et Girê Spî, sans l’approbation des Nations unies.
 
Selon les dispositions des articles 39 et 51 de la Charte des Nations Unies, l’occupation et l’invasion engagent la responsabilité juridique.
 
Les règlements de La Haye se consacrent également à la protection des biens de la population locale, à la prévention des déplacements massifs ou de la torture à leur encontre, à la prévention des changements sur le terrain ou à l’abolition des lois locales, car l’occupation est une situation temporaire, mais l’occupation turque ne s’en est pas contentée, car elle a commis des violations en construisant un mur de béton autour d’Afrin depuis avril de l’année dernière. Elle a également commencé à construire le mur sur le côté ouest de Girê Spî depuis janvier de cette année pour séparer les deux villes de la Syrie.
 
Daoud a déclaré que « Toutes ces politiques d’occupation se déroulent sous le nez de la communauté internationale et des États syrien, russe et iranien sans même que personne ne les condamne », et a appelé la communauté internationale et les États arabes à rompre leur silence face à l’occupation des territoires syriens par l’État turc et à faire pression pour qu’ils en sortent. Le fait que cette occupation menace la paix et la sécurité internationales et contribue à ressusciter le groupe Etat islamique (DAECH / ISIS) et les organisations terroristes qui seront une pandémie pour les pays du monde. Il a également appelé au retour de toutes les populations indigènes dans leurs villes et villages occupés.
 
Daoud a appelé l’État syrien à sortir de l’influence de la politique des puissances régionales et internationales et à engager un véritable dialogue avec l’administration autonome de la Syrie du Nord et de l’Est pour libérer toutes les composantes de la Syrie des conflits régionaux et internationaux.
 
 

TURQUIE. Une fosse commune découverte dans la région kurde de Mardin

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TURQUIE / BAKUR – Une fosse commune renfermant les restes des dizaines de personnes a été découverte dans une grotte dans la campagne de Mardin / Dargeçit, au Kurdistan du Nord sous l’occupation turque.
 
Un villageois kurde a découvert des ossements humains dans une grotte du hameau de Gulbiş, du village d’Akyol, à Dargeçit, district de Mardin.
 

Les ossements appartiendraient à des personnes qui ont été enlevées et tuées par le JITEM dans les années 90. Sur les images prises par le villageois Irfan Yakut, qui vit à Altınoluk, les membres et les crânes humains sont clairement identifiables. S’adressant à ANF, Yakut a déclaré que les chasseurs de trésors avaient pris des images des ossements qu’ils avaient découverts.

JİTEM, qui a été créé et géré secrètement par l’État dans les années 90 au Kurdistan, a kidnappé des milliers de Kurdes et les a enterrés dans des fosses communes après les avoir tués. Des ossements de personnes jetées dans des puits d’acides et des grottes après avoir été abattus ont également été retrouvés des années plus tard.

Irfan Yakut est le fils de Yahya Yakut, qui a été enlevé et assassiné par JİTEM* en 1993. Affirmant qu’il est très sensible à la question des personnes disparues étant le fils d’une victime des meurtres politiques, visant notamment les Kurdes, qui ont eu lieu à partir des années 1990, a déclaré Yakut : « La zone où se trouvaient les ossements est une grotte dans le hameau de Gulbiş, près de mon village. J’y suis allé et j’ai pris des photos parce que je savais que les ossements étaient là. J’ai compté au moins 30 crânes. Je pense que ceux-ci appartenaient à des personnes enlevées dans les années 90 parce que des charniers similaires avaient été trouvés à Dargeçit auparavant. »

Yakut a déclaré qu’il avait déposé une plainte pénale auprès du bureau du procureur après avoir trouvé les ossements.

ANF

* Qu’est-ce que le JİTEM ?
JİTEM est le nom du service de renseignements de la gendarmerie turque. JİTEM est l’abréviation de Jandarma İstihbarat ve Terörle Mücadele (service de renseignements et antiterrorisme de la gendarmerie).
Le JİTEM a été actif dans le conflit kurde en Turquie. Après le scandale de Susurluk, les anciens premiers ministres Bülent Ecevit et Mesut Yılmaz ont confirmé l’existence de JİTEM.
Selon Murat Belge de l’Université Bilgi d’Istanbul, qui a rapporté avoir été torturé en 1971 par son fondateur, Veli Küçük, JİTEM est une incarnation de l’Etat profond. En d’autres termes, il est utilisé par « l’Establishment » pour faire respecter des intérêts nationaux présumés, ainsi que par l’aile militaire de l’Ergenekon, une organisation nationaliste turque clandestine. En 2008, les dénégations officielles de l’existence de JİTEM ont commencé à s’effondrer devant les tribunaux, comme en témoignent les anciens membres de l’appareil de sécurité « d’État profond » turc qui ont participé à des activités secrètes et illégales au cours des dernières décennies dans le cadre de l’enquête Ergenekon. (Wikipedia)

 

AFRIN. Des femmes kurdes retrouvées nues dans le QG de la faction al-Hamza

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SYRIE / ROJAVA – De violents affrontements ont éclaté à Afrin entre les mercenaires de la division al-Hamza et les factions de la Ghouta orientale dans la ville d’Afrin occupée par la Turquie, faisant au moins trois morts parmi les civils.
 
Des sources locales ont signalé que la « Police militaire » et des éléments armés de la Ghouta orientale avaient pris d’assaut l’un des quartiers généraux de la faction de la brigade Al-Hamza dans la ville d’Afrin et y avaient trouvé une prison dans laquelle 11 femmes, dont 10 Kurdes, étaient détenues. Au moins cinq de ces femmes auraient été découvertes nues. 
 
Les combats entre les gangs terroristes auraient commencé après qu’un groupe de terroristes d’Hamza a pénétré dans une boutique à Afrin dirigée par un homme originaire de la Ghouta orientale, une ville située à 10 km de Damas.
 
Les gangs d’al-Hamza auraient demandé à acheter quelque chose à 300 lires (quelques centimes d’euros) à crédit. Le propriétaire du magasin ayant refusé, les terroristes d’al-Hamza auraient ouvert le feu sur la boutique et lancé une grenade , tuant le propriétaire du magasin et son fils.
 
En conséquence, de nouveaux affrontements ont éclaté entre la division Hamza et les terroristes de Jaysh al-Islam, une faction de la Ghouta orientale qui a été amenée à Afrin par la Turquie.
 
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), trois civils ont été tués, dont deux enfants, ainsi qu’un nombre inconnu de combattants. Six civils, dont trois femmes, ont également été blessés.
 
En outre, que 11 femmes détenues, dont 10 kurdes, ont été trouvées dans un centre de détention de la division Hamza après que Jaysh al-Islam ait incendié leur établissement et que la soi-disant « police militaire » y soit entrée.
 
Les détenues ne sont accusées d’aucun crime et la faction a nié les avoir détenues.. Parfois, ces enlèvements ont pour but d’obtenir une rançon de la part des proches. Les femmes détenues sont souvent violées.
 
Depuis l’occupation d’Afrin en mars 2018, les groupes islamistes soutenus par la Turquie ont commis de multiples crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, visant notamment les femmes et des adolescentes d’Afrin, y compris des viols et des « mariages » forcés.
 
Azad Diwani, un universitaire et chercheur basé au Royaume-Uni, a déclaré au Kurdistan 24 que l’affrontement était le résultat de l’animosité entre le Hamza et les colons arabes de Damas que la Turquie a amené à Afrin dans le cadre d’un programme de nettoyage ethnique anti-kurde qu’elle mène depuis qu’elle a occupé Afrin en mars 2018.
 
« Le MIT (service de renseignement) turc et les Loups gris turcs ont déjà donné carte blanche à certains gangs terroristes, dont Al-Hamza et le groupe turc du sultan Murad, pour qu’ils servent de pions de sécurité à Afrin. Ces groupes sont également chargés par le MIT turc et les Loups gris de perpétrer des crimes odieux contre les Kurdes afin de les forcer à quitter leur patrie », a-t-il déclaré.
 
« Cependant, dans plusieurs cas où les victimes n’étaient pas kurdes, les gangs terroristes soutenus par la Turquie ont été confrontés aux milices arabes auxquelles les victimes étaient liées ».
 
Il a déclaré que le fait que Jaish al-Islam ait pu rapidement s’emparer du quartier général du groupe à Afrin est très probablement dû au fait que nombre de ses combattants sont allés combattre en Libye avec l’Armée nationale libyenne (LNA) soutenue par la Turquie contre le commandant libyen Khalifa Haftar.
 
« Al-Hamza, le sultan Murad et d’autres gangs djihadistes y sont envoyés, et les djihadistes d’Al-Hamza à Afrin et dans d’autres régions sous occupation turque reçoivent actuellement davantage de demandes et d’instructions pour rejoindre le djihad en Libye. Cette faiblesse pourrait être liée aux fait que la Turquie force certains djihadistes comme ceux d’Al-Hamza et d’Al-Sharqyya à se rendre en Libye ».
 
Bassam al-Ahmad, le directeur exécutif de « Les Syriens pour la vérité et la justice », a déclaré au Kurdistan 24 qu’il est de la responsabilité de la Turquie d’agir en réponse aux violations des droits de l’Homme, « puisqu’il s’agit d’une puissance d’occupation selon de nombreuses organisations des droits de l’homme comme Amnesty et le Centre de justice et de responsabilité de Syrie (SJAC). L’impunité des crimes de guerre a conduit ces groupes à faire la même chose que le régime a fait contre les Syriens ».
 
« Ils se sentent protégés par la Turquie. Malheureusement, de nombreux gouvernements et ONG internationales essaient de ne pas voir ce qui se passe à Afrin. Cette question devrait être clairement abordée lors de la prochaine conférence de Bruxelles, car ils sont responsables de centaines de violations depuis l’occupation. »
 
Saif Abu Bakr, commandant des forces spéciales dans la division Hamza et ancien membre de de DAECH / ISIS, s’est également excusé auprès des habitants de la Ghouta sur les médias sociaux.
 
« Au peuple et aux frères et fils et révolutionnaires de l’est de la Ghouta, en mon nom et au nom de la division Hamza, nous vous présentons nos plus sincères condoléances pour les parents des victimes et nous affirmons notre rejet de toute attaque qui vous affecte. »
 
Il a promis que le groupe prendrait les mesures nécessaires pour arrêter les combattants qui ont causé l’incident.
 

Dans une déclaration séparée, la division Hamza a également condamné la violence et a promis d’ouvrir « une enquête » puis de livrer les auteurs de violence à la police militaire.

La ville d’Afrin a connu des affrontements violents entre la division Hamzat d’une part, et les éléments Ahrar al-Sham de Ghouta orientale, avec l’arrivée de renforts pour les deux parties, tandis que les factions fidèles à la Turquie ont coupé les routes vers Afrin et empêché leur sortie.

Dans ce contexte, les terroristes de Ghouta, du mouvement Ahrar Al-Sham, de l’Armée de l’Islam et de la première division, en coopération avec d’autres hommes armés, ont réussi à contrôler l’un des quartiers généraux de la division Al-Hamzat et à arrêter ses membres. Ils ont également déployé des hommes armés et imposé un siège à plusieurs quartiers généraux de la division Al-Hamzat dans la région.

L’attaque turque et l’occupation de la ville d’Afrin en mars 2018 ont provoqué la pire crise humanitaire en Syrie, tuant et blessant près d’un millier de civils et déplacé plus de 300 mille personnes, dont la plupart résident dans des camps privés de tout dans la campagne d’Alep et ont encore besoin d’une aide humanitaire, c’est-à-dire que plus de 80% de la population d’Afrin est devenue réfugiée tandis que la Turquie a installé les déplacés de la campagne de la Ghouta orientale, d’Hama et d’Homs à Afrin à la palce des populations autochtones.

La fondation Hrant Dink reçoit des menaces de mort

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TURQUIE – ISTANBUL – Rakel Dink, l’épouse du journaliste arménien assassiné en 2007, Hrant Dink, et les avocats de la fondation sont menacés de mort, a déclaré la fondation qui a annoncé avoir reçu des menaces de mort par e-mail les 27 et 28 mai.

La fondation a déclaré avoir informé, la Direction de la sécurité du district de Şişli et le bureau du gouverneur des menaces d’Istanbul.

La menace [message] :  « Nous pouvons arriver soudainement une nuit » que nous avions l’habitude d’entendre avant même le meurtre de Hrant Dink le 19 janvier 2007, est à la connaissance des institutions officielles, sous les yeux de tout le monde et est répétée par certains cercles de nos jours comme si c’était un accomplissement.  Ce même message accuse la Fondation Hrant Dink de raconter des « contes de fées », nous demande de quitter le pays, menace Rakel Dink et nos avocats de mort », peut-on lire dans la déclaration.

La fondation a également noté que le discours raciste et discriminatoire, qui s’est récemment intensifié, encouragerait et serait à l’origine de telles menaces.

Affirmant qu’assurer la liberté, l’égalité et la justice pour tous les citoyens est le devoir et la responsabilité de tous les politiciens, la fondation a noté : « Nous pensons qu’il est de notre devoir de rappeler à toutes les autorités leurs responsabilités ».

« Nous annonçons respectueusement que nous continuerons à lutter contre la discrimination avec le rêve d’avoir un pays où toutes les différences coexistent et où la liberté d’expression est utilisée au maximum », conclut la déclaration.

À propos de la Fondation Hrant Dink

*La Fondation Hrant Dink a été créée en 2007 pour poursuivre les rêves de Hrant, son combat, sa langue et son cœur.

*La Fondation définit le développement d’une culture de dialogue, d’empathie et de paix comme la base de toutes ses activités, qui se concentrent sur les domaines suivants :

. travailler à l’égalité des chances entre les enfants et les jeunes, et soutenir leur créativité,
. veiller à ce que la diversité culturelle soit reconnue comme une richesse et que les différences soient reconnues comme un droit,
. développer les relations culturelles entre les peuples de Turquie, d’Arménie et d’Europe,
. soutenir le processus de démocratisation de la Turquie,
. soutenir les efforts visant à écrire des histoires dénuées de nationalisme et de racisme,
. rassembler des articles, des photographies et des documents sur Hrant Dink.
La Fondation Hrant Dink entreprendra des activités à multiples facettes dans ces domaines, telles que la publication de livres, la création d’archives, l’organisation d’écoles d’été, l’organisation de festivals de cinéma, de musique, d’arts visuels, de danse et de littérature, et la remise de prix à la mémoire de Hrant Dink.

* Source : Site officiel de la Fondation Hrant Dink

 

TURQUIE – Nouvelle enquête judiciaire visant Selahattin Demirtaş

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TURQUIE – ANKARA – La terreur judiciaire visant les militants et les politiciens kurdes continue en Turquie où plusieurs dizaines de milliers de otages kurdes, dont Selahattin Demirtaş, sont abandonnés à la mort alors que la pandémie du COVID-19 continue sa propagation dans les prisons turques.

Le ministère public d’Ankara a ouvert une « enquête pour terrorisme » contre Selahattin Demirtaş, l’ancien co-président du Parti démocratique des peuples (HDP) emprisonné, à cause de ses remarques lors d’une audience, a déclaré aujourd’hui son avocat, Mahsuni Karaman (29 mai).

Dans un tweet,  Mahsuni Karaman a déclaré que la nouvelle enquête a été ouverte car Demirtaş avait dit : « Vous en rendrez compte devant la justice ». « Nous répétons donc qu’ils vont également rendre compte de cette enquête devant la justice », a déclaré l’avocat.

Lors de l’audition du 7 janvier, Demirtaş a dit : « L’exécutif de l’opération qui me concerne est le bureau du procureur général d’Ankara. (…) Je connais tous les détails sur la façon dont j’ai été placé en détention préventive pour la deuxième fois. (…) Nous avons déposé une plainte pénale contre eux. »

« Yüksel Korkmaz, il y a Allah, qui est plus grand que le palais sur lequel vous vous appuyez. Les temps changent, il y a le public. Quand les urnes seront installées, ceux en qui vous avez confiance perdront. Vous rendrez compte de tout cela devant le pouvoir judiciaire », a-t-il poursuivi.

Selahattin Demirtaş est en détention préventive depuis le 4 novembre 2016. Pendant cette période, il a été acquitté dans deux procès, mais a été à nouveau placé en détention provisoire pour d’autres affaires lancées contre lui.

Retour sur le Procès de Selahattin Demirtaş

*Selahattin Demirtaş a été placé en détention préventive le 4 novembre 2016 et envoyé à la prison de Silivri (İstanbul) le même jour. Il est toujours derrière les barreaux à Silivri.

*Toutes ses enquêtes, sauf une, ont été regroupées dans un seul dossier. Le procès intenté devant la 19e Cour pénale lourde d’Ankara n’est toujours pas terminé. Sa demande de libération dans le cadre de ce procès ayant été rejetée, ses avocats ont fait appel devant la Cour constitutionnelle.

*Dans leur requête à la Cour constitutionnelle le 29 mai 2018, les avocats ont demandé que sa demande soit examinée en priorité. Cependant, la Cour n’a pas encore répondu à cette demande. Le 26 juin 2018, son affaire a été portée devant la Cour européenne des droits de l’homme.

*Peu après ce recours à la CEDH, la Cour a annoncé son jugement dans sa deuxième affaire. Jugé dans cette affaire avec l’ancien député du HDP Sırrı Süreyya Önder, Selahattin Demirtaş a été condamné à 4 ans et 8 mois de prison pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste » par la 26e Cour pénale d’İstanbul.

*Un mois plus tard, le 25 octobre 2018, son verdict de condamnation est parvenu à la 2e chambre pénale de la Cour régionale de justice d’İstanbul (la cour d’appel).

*Le 17 novembre 2018, la Cour européenne des droits de l’homme a annoncé qu’elle rendrait son jugement quant à sa demande le 20 novembre. La cour d’appel a rapidement examiné le verdict de condamnation de Demirtaş et a commencé à en discuter le 19 novembre.

*Le 20 novembre 2018, la Cour européenne des droits de l’homme a conclu que Demirtaş avait été « arrêté pour des raisons politiques » et a décidé de le libérer.

*Le 30 novembre 2018, la 19e Cour pénale d’Ankara a rejeté sa demande de libération, indiquant que « son arrestation était une mesure modérée ».

*Le 4 décembre 2018, la 2ème chambre pénale de la Cour régionale de justice de İstanbul a confirmé son verdict de condamnation. Avec ce verdict, Demirtaş est devenu un condamné arrêté.

*Les avocats de Demirtaş ont de nouveau fait appel à la Cour européenne des droits de l’homme le 19 février 2019, et ont demandé que les questions non discutées, jugées irrecevables et non considérées comme une violation du droit soient réexaminées.

*Le gouvernement a également fait appel du verdict de la Cour européenne des droits de l’homme sur Demirtaş. Dans sa pétition, le gouvernement a également demandé à la Cour européenne des droits de l’homme de revoir sa décision de violation du droit à nouveau. Cela étant, le cas de Demirtaş a été porté devant la Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l’homme, qui a annoncé qu’elle examinerait la demande le 18 septembre 2019.

*Lors de son audience devant la 19e Cour pénale lourde d’Ankara le 2 septembre, le conseil de la Cour a décidé que Demirtaş serait libéré.

. Sa demande de libération ayant été rejetée, ses avocats ont déposé une demande de « déduction », demandant que la période qu’il a déjà purgée en prison soit déduite de sa peine de prison afin qu’il puisse être libéré sous condition. Cette demande n’a pas encore reçu de réponse.

https://bianet.org/english/law/224937-terror-investigation-opened-into-demirtas-s-defense-statement?fbclid=IwAR0m05NiHkV4yY_QLL2xC7yogruCc-B6NXAtBui1_bPqaUbFdxIToFsUgXo

Pinar Selek : Le cri des prisons en Turquie

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« Les conditions sanitaires sont déplorables. Pas de savons, pas d’eau chaude… Souvent il n’y a même pas l’eau… Ils nous déplacent sans arrêt. Ils veulent nous tuer par la maladie. Parlez avec les journalistes…Faites savoir les violences que subissent des dizaines de milliers prisonnier.es en Turquie ». Comment entendre et faire entendre ce cri ? Comment dépasser les murs ? »
 
C’est ainsi que Pinar Selek interpelle le monde devant le drame qui se joue dans les prisons turques où plusieurs dizaines de milliers de prisonniers politiques – dont de nombreuses femmes, de journalistes et de politiciens kurdes – sont abandonnés à la mort alors que la pandémie du COVID-19 continue sa propagation.
 
La tribune de Pinar Selek peut être lu sur le site de Mediapart
 

La mère de Gülistan Doku: « Mon cœur saigne »

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TURQUIE / BAKUR – Les recherches pour retrouver Gülistan Doku, étudiante à l’Université de Munzur, se poursuit au barrage d’Uzunçayır, à Dersim.
 
Bedriye Doku, mère de Gülistan, l’étudiante de l’Université de Munzur qui a disparu le 5 janvier, est toujours à l’endroit où sa fille a été vue pour la dernière fois. La mère endeuillée a dit: «Gülistan, je te cherche toujours jour et nuit, où es-tu? Mon cœur brûle. »
 
Les recherches de Gülistan Doku*, étudiante à l’Université de Munzur, disparu le 5 janvier à Dersim, se poursuivent au barrage d’Uzunçayır depuis 147 jours. Cependant, l’appel lancé par les organisations de la société civile et la sœur aînée de Gülistan, Aygül Doku, pour vider le barrage, est resté jusqu’à présent sans réponse.
 
Bedriye Doku est debout sur le pont Dinar avec une photographie de Gülistan dans sa main exigeant de savoir ce qui est arrivé à sa fille. (ANF)
 
Gülistan Doku, une jeune kurde étudiant à l’université de Dersim est portée disparue depuis le 5 janvier 2020. Le suspect de nationalité russe, beau-fils d’un policier et qui serait le petit-ami de Gulistan, reste introuvable.

Le tatouage ​​kurde, une tradition en voie de disparition

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Il y a quelques temps, on avait relayé un article sur l’importance des tatouages jadis chez les Kurdes. On nous a demandé de le publier de nouveau. Voilà, chose faite.

Les tatouages ​​étaient très populaires parmi les Kurdes depuis des centaines d’années. L’encre (Deq en kurde) était un mélange de lait maternel, de vessie d’animal et de suie de fumée.
Une femme kurde tatouée
 
«Arbre de vie» est l’un des symboles les plus couramment utilisés dans les tatouages ​​kurdes. Cela représente l’immortalité. Ce tatouage commence entre la poitrine et monte vers le menton. Image: Ilhan Bakir
Les femmes tatouées étaient considérées comme plus belles et désirables, mais cela a complètement changé il y a quelques décennies.
 
De nos jours, les Kurdes âgés  tatoués disent que les tatouages ​​sont non seulement inappropriés, mais aussi loin de la culture kurde lorsqu’ils conseillent à leurs enfants et petits-enfants de ne pas se tatouer eux-mêmes. Mais bien sûr, tous les enfants n’écoutent pas ce qu’on leur dit ; surtout quand ils sont très fiers de leur culture.
 
Dejwar Khalaf, un Kurde vivant à Huddersfield, au Royaume-Uni, a tatoué tout son bras gauche avec des symboles liés à la culture kurde. 
 
Près de son poignet, Dejwar a tatoué deux jonquilles qui sont essentiellement des fleurs nationales kurdes
Un perdrix,  oiseau très populaire au Kurdistan
Kawa le forgeron appartient à un mythe kurde très célèbre qui parle d’un jeune forgeron appelé Kawa, qui a tué un roi tyrannique et a ensuite allumé un feu au sommet de la montagne du village pour informer les villageois de la mort du roi. Les Kurdes célèbrent encore cet événement le 21 mars comme le début du printemps ainsi que Newroz, le nouvel an kurde.
Le feu, signe du Nouvel-An kurde Newroz
Une ronde kurde où les hommes et les femmes se tiennent la main et dansent harmonieusement ensemble.
 
Une plume de paon : Le paon est l’ange principal de la religion yézidi plus ancienne que le christianisme et le judaïsme.
Un vieux poème kurde de Mela Ehmedê Namî appelé « Pêskevin Em Serfirazin Miletê Kurdî », qui signifie « allez de l’avant, nous sommes le peuple kurde victorieux ».
Une femme kurde tirant sa robe montrant le drapeau kurde pour dire que notre honneur est notre drapeau, notre pays et notre terre.
 
Tant d’autres symboles antiques comblent les vides entre ces tatouages ​​qui font de Dejwar un portail de la culture kurde.
Contact: ronak@zivmagazine.com

Selon RSF, la Turquie va vers « un monopole du discours officiel » grâce aux organismes de régulation des médias

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TURQUIE / BAKUR – En Turquie, si vous êtes journalistes mais que vous ne répétez pas le discours officiel du pouvoir, n’espérez pas pouvoir vous faire entendre. En effet, les principaux organismes étatiques de contrôle des médias travaillent dur pour rappeler aux journalistes impertinents, qu’en Turquie, on ne peut s’exprimer librement, sans parler d’innombrables journalistes (surtout des Kurdes) jetés en prison pour avoir exercé leur métier d’informer.

Reporters sans frontières (RSF) vient de dénoncer la pression accrue des organismes turques de régulation des médias sur la presse indépendante et les voix critiques : 

Les pressions des principaux organismes étatiques de contrôle des médias s’accentuent sur les journalistes jugés « récalcitrants ». Alors que 85% des médias nationaux sont aux mains d’hommes d’affaires proches du pouvoir et suivent déjà la ligne officielle de la présidence, la presse indépendante évolue de plus en plus dans un climat où la moindre critique et l’information indépendante passent pour de la trahison et de l’anti-patriotisme.

Début mai, le Haut conseil de l’audiovisuel (RTÜK) de Turquie, composé majoritairement de représentants de la coalition AKP-MHP au pouvoir, a sanctionné la chaîne Halk TV (Peuple) pour avoir diffusé une interview de la responsable du principal parti d’opposition à Istanbul qui estimait que le pays devait “s’attendre à un changement de gouvernement, voire à un changement de régime ». Le conseil a considéré que ces propos constituaient « une incitation au coup d’Etat ». L’émission incriminée a été interdite pendant cinq jours, et Halk TV a été condamné à payer une amende équivalant à 5% de ses recettes publicitaires mensuelles.

Cet incident n’est que le dernier d’un longue liste : ces derniers mois, les chaînes FoxTV, Télé1 et HaberTürkTV ont elles aussi été sanctionnées par le RTÜK après avoir diffusé des propos critiques à l’égard du pouvoir.

De son côté, un autre organe de régulation sous contrôle de la présidence Erdogan, le Conseil des annonces de Presse (Basın İlan Kurumu – BİK), a infligé à différents journaux critiques du pouvoir, notamment Evrensel (Universel) et BirGün (Quotidien), une interdiction de publication d’annonces institutionnelles pour « manquement à l’éthique », privant ainsi les médias concernés de revenus publicitaires, indispensables à leur survie économique. BirGün a été interdit d’annonces pendant 42 jours en raison d’articles parus entre août et octobre 2019, critiquant les violences commises par les forces de police lors de manifestations.

« Alors que la crise financière empire à cause de la pandémie du covid-19 et que le gouvernement semble donner des signes de faiblesse, nous assistons à une répression croissante de l’information, qui vise à instaurer un monopole du discours officiel, déplore le représentant de RSF en Turquie, Erol Onderoglu. Sans démocratisation ni indépendance du système de régulation des médias, cette vague de répression risque d’anéantir le pluralisme journalistique, déjà fragile en Turquie ».

Des juges aux ordres

Le gouvernement exerce par ailleurs un contrôle direct sur les activités de nombreux juges, qui censurent des dizaines d’articles publiés sur Internet sans fournir de motif. A la mi-février, un juge d’Istanbul a ainsi ordonné le blocage de 232 articles publiés par des journaux en ligne et des sites d’information dont Cumhuriyet, Bianet, Diken, BirGün, Artı Gerçek, Gazete Duvar, T24, Odatv, Sputnik Türkiye, Evrensel, Halk TV, Tele1, Gerçek Gündem. Les articles mentionnaient l’achat par le ministre des Finances, Berat Albayrak – qui n’est autre que le gendre du président Erdogan – d’un terrain en Thrace orientale (nord-ouest du pays), sur lequel le gouvernement projette de creuser un canal reliant la mer Noire à la mer de Marmara.

Le chantage à la carte de presse

Une autre forme de pression s’exerce aussi par le truchement de la Direction des communications de la présidence (Cumhurbaşkanlık İletişim Başkanlığı), chargée de l’attribution des cartes de presse. Selon le site d’information Bianet, 27 journalistes turcs ont vu leur carte de presse annulées au cours des premiers mois de l’année. De même, près de 150 correspondants de médias internationaux attendent toujours d’obtenir ou de renouveler leurs cartes de presse. Privés de ce précieux sésame, plusieurs journalistes allemands, britanniques, suédois, français et américains rencontrent des difficultés à travailler sur le terrain et se retrouvent sous la menace constante de contrôles policiers ou administratifs.

RSF s’est associée aux démarches de l’Association des Médias Étrangers (FMA-tr) de Turquie pour que les cartes de presse leur soient fournies sans délai.

La Turquie occupe la 154e position sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF.

« Emprisonner un enfant avec sa mère est un crime contre l’humanité »

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TURQUIE / BAKUR – Après l’arrestation de la militante kurde Gönül Aslan à Diyarbakır cette semaine, son fils de 3 ans Dilgeş a été envoyé en prison avec elle. L’agence Bianet a interviewé l’universitaire Mesude Atay au sujet de Dilgeş et de centaines d’autres enfants emprisonnés avec leurs mères.
 
« Ceux qui envoient un enfant en prison avec sa mère ne connaissent pas les besoins des enfants ; s’ils les connaissent, alors ils ne s’en soucient pas.
 
Pour eux, « l’enfant n’a pas de nom », « l’enfant n’a pas de droits », « l’enfant n’a pas de valeur ». Tout compte fait, en tant que pays [Turquie] signataire de la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, il y a une violation des droits de l’enfant… »
 
C’est ainsi que l’académicienne Mesude Atay, de l’université Bilgi, résume les violations des droits auxquelles sont confrontés les enfants emprisonnés avec leur mère.
 
Spécialisée dans le développement et l’éducation de l’enfant et auteur de livres sur ces sujets, Atay est également la responsable du département du département du développement de l’enfant de la faculté des sciences de la santé de l’université de Bilgi.
 
Dilgeş ne reçoit pas ses médicaments
 
Dans le cadre d’une enquête lancée par le procureur général de Diyarbakır (Amed) contre l’association des femmes Rosa, 18 militantes et des politiciens kurdes ont été détenus le 22 mai. 12 de ces personnes ont été emprisonnées quelques jours plus tard. Elles sont toutes accusées d’ « être membres d’une organisation terroriste [PKK] ».
 
Gönül Aslan est l’une des 12 personnes arrêtées dans le cadre de cette enquête. Son fils Dilgeş, qui n’a que 3,5 ans et souffre d’une maladie rénale, a également été envoyé en prison avec elle.
 
Le père de Dilgeş est réfugié à l’étranger pour des raisons politiques. Bien qu’il souffre d’une maladie rénale, Dilgeş ne reçoit plus ses médicaments depuis qu’il est en prison.
 
Mesude Atay a été interviewée par l’agence Bianet sur l’état de Dilgeş et de centaines d’autres enfants qui sont en prison.
 
Lorsqu’un membre de la famille, en particulier un parent, est arrêté, quel effet cela a-t-il sur l’enfant ?
 
Le degré de communication et d’interaction entre l’enfant et le membre de la famille arrêté est important pour répondre à cette question. Cependant, lorsque c’est la mère ou le père qui est arrêté, cela peut avoir un effet néfaste sur le développement de l’enfant, surtout s’il est âgé de 0 à 8 ans. Cela peut notamment affecter son développement psychosocial.
 
Car, mentalement parlant, l’enfant a du mal à comprendre l’arrestation, la loi, la punition, la prison, etc. Cependant, le fait d’être séparé de ses parents et la façon dont cette séparation se déroule peuvent affecter le niveau de peur et d’anxiété de l’enfant à un point tel qu’il peut même en résulter un traumatisme. Dans ce processus, l’attitude et le comportement des personnes qui s’occupent de l’enfant ainsi que la manière dont elles gèrent ce processus avec l’enfant sont de la plus haute importance.
 
Malheureusement, il arrive que des personnes soient détenues et que leur maison soit perquisitionnée. Lorsque c’est le cas, les enfants doivent être emmenés loin de la scène de l’incident et tous les facteurs qui pourraient causer de la peur et de l’anxiété doivent être éliminés autant que possible. Les agents de sécurité doivent également être formés à ce sujet.
 
L’emprisonnement a des effets négatifs sur le développement des enfants

Comme certains enfants ont besoin des soins de leur mère, ils peuvent être emprisonnés avec elle. Comment cela affecte-t-il les enfants ?
 
Il a certainement un effet négatif. Comme les conditions ne sont déjà pas adaptées aux adultes, on ne peut pas s’attendre à ce qu’elles le soient pour l’enfant.
 
Par-dessus tout, qu’en est-il de la santé mentale de la mère ? Quelle est sa santé mentale derrière les barreaux ? Nous savons que la santé mentale d’une mère est un facteur très efficace pour qu’elle puisse prendre soin de son enfant.
 
D’autre part, les conditions physiques de la prison ne sont pas adaptées pour favoriser le développement de l’enfant. L’air pur, les conditions d’hygiène, le besoin de soleil et de lumière, une nourriture saine et adaptée aux enfants, les routines quotidiennes des enfants comme le sommeil, les jeux et le bain, la façon dont l’enfant interagit et communique avec les autres adultes… Ce sont autant de facteurs importants qui ont un effet sur la croissance et le développement des enfants.
 
Après leur naissance, les enfants commencent à interagir d’abord avec leur mère, puis avec celles de leur environnement proche. Plus leur environnement proche se développe et plus ils deviennent habiles à se déplacer, plus ils ont besoin d’interagir avec leurs pairs. Mais, dans un endroit comme la prison, les compétences sociales telles que l’interaction et l’apprentissage avec les pairs ne se développeront pas.
 
Comme ils seront privés de la nature où ils apprendront des choses par l’expérience et d’autres matériels de formation, leur développement mental sera également affecté négativement. Ils ne pourront pas courir, sauter ou grimper comme ils le souhaitent, ce qui affectera leur développement moteur.
 
En résumé, face à toutes ces conditions négatives, les enfants peuvent développer un sens de soi négatif, un manque de confiance en soi, une tendance à recourir à la violence, des troubles de l’adaptation et du comportement, qui peuvent même conduire à des troubles de la personnalité.
 
Les droits de l’enfant ne sont pas respectés. Que faut-il faire ?
 
À ce stade, nous devons l’envisager dans une perspective fondée sur les droits et parler du fait que l’enfant est privé de son droit à la vie et au développement. En contre-argument, on dit que l’enfant est gardé avec la mère pour qu’il n’en soit pas privé. En fait, une mère, à elle seule, ne suffit pas pour la croissance et le développement de l’enfant.
 
Ceux qui envoient un enfant en prison avec sa mère ne connaissent pas les besoins des enfants ; s’ils les connaissent, alors ils ne s’en soucient pas.
 
Pour eux, « l’enfant n’a pas de nom », « l’enfant n’a pas de droits », « l’enfant n’a pas de valeur ». Tout compte fait, en tant que pays partie à la Convention des Nations unies sur les droits de l’enfant, il y a violation des droits de l’enfant.
 
La Convention des Nations unies considère l’ « intérêt supérieur de l’enfant ». Les articles 3 et 18 de la Convention soulignent que les États parties s’engagent à assurer à l’enfant la protection et les soins nécessaires à son bien-être, compte tenu des droits et des devoirs de ses parents, de ses tuteurs légaux ou des autres personnes légalement responsables de lui, et prennent à cette fin toutes les mesures législatives et administratives appropriées.
 
Comment voyez-vous ces arrestations en termes de droits de l’enfant ?
 
Je les considère comme une violation du droit. Il n’est pas possible de garantir l’intérêt supérieur de l’enfant en prison. Les enfants sont punis avec leur mère, en un sens. Il est urgent de développer des projets pour les mères condamnées et d’envisager d’autres modes de pénalisation. Nous savons que 780 enfants âgés de 0 à 6 ans sont derrière les barreaux avec leur mère.
 
Les enfants sont envoyés dans des institutions préscolaires pendant la journée, mais elles sont à la fois insuffisantes en nombre et ouvertes au débat en termes de qualité.
 
Punir l’enfant est une violation du droit
 
En parlant de Dilgeş, nous savons qu’il a un seul rein et que son père est en exil à l’étranger. Que faut-il faire en premier lieu pour protéger la santé mentale – la santé de Dilgeş ?
 
Gönül Aslan, membre de l’assemblée du Parti démocratique des peuples (HDP), a été détenue et arrêté avec son fils de 3,5 ans Dilgeş et envoyé en prison. Le fait que sont cas n’ait pas été débattu auprès de l’opinion publique autant qu’il le méritait montre le niveau d’insensibilité à la valeur de l’enfant et à la perception qu’on en a. La santé mentale de Dilgeş doit être protégée. La peur et l’anxiété qu’il a ressenties pourraient entraîner un traumatisme.
 
Il a été séparé de son foyer douillet, de ses jouets, de ses camarades et de sa vie quotidienne. Un adulte peut comprendre cela, vous pouvez le clarifier auprès d’un adulte, mais vous ne pouvez pas le faire avec Dilgeş. Il ne peut pas le comprendre. Il ne peut que craindre. Le fait d’être séparé de sa mère, un éventuel préjudice infligé à celle-ci ou une incertitude peuvent entraîner un traumatisme de sa part. Punir un enfant avec sa mère dans son stade de développement le plus critique est un crime contre l’humanité, c’est une violation du droit.
 
La mère a un rôle très important dans la protection de la santé mentale de Dilgeş, mais l’environnement est tout aussi décisif que la mère. Étant donné que l’environnement et les conditions ne peuvent être modifiés, il sera plus difficile de protéger la santé mentale de Dilgeş. Ce préjudice ne peut être réparé qu’avec un soutien approprié par la suite. Pour l’instant, la seule chose à faire serait, au moins, de différer la peine de la mère ou de la mettre en résidence surveillée. Les violations des droits de l’enfant peuvent également être évitées grâce à de nouvelles solutions similaires qui seront développées par l’État pour 780 mères et leurs enfants.
 
Mesude Atay
 
Mesude Atay a obtenu sa licence au département du développement et de la formation de l’enfant à l’université d’Hacettepe en 1983. Elle a obtenu sa maîtrise dans le même domaine deux ans plus tard. Elle a obtenu une deuxième maîtrise dans le domaine de la psychologie de l’éducation spécialisée à l’université de Londres en 1994. Elle a obtenu son doctorat dans le domaine du développement et de la formation de l’enfant en 1995. Elle est devenue professeure associée en 1998 et professeure en 2014.
 
Atay a publié plusieurs ouvrages sur ses domaines de spécialisation. Elle est également chef du département du développement de l’enfant de la faculté des sciences de la santé de l’université de Bilgi (İstanbul).
 

ROJAVA. Attaque terroriste visant des enfants à Shaddadi

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SYRIE / ROJAVA – Hier, deux terroristes ont lancé une grenade contre un groupe d’enfants à Shaddadi. Quatre enfants ont été blessés, dont certains grièvement. On soupçonne les terroristes travaillant pour la Turquie d’être derrière l’attaque pour terroriser les Kurdes syriens et les pousser à l’exode.
 
Jeudi, trois enfants et un adolescent ont été blessés lors d’une attaque à Shaddadi, dans le nord-est de la Syrie. Deux inconnus à moto ont lancé une grenade sur le groupe d’enfants jouant dans la rue. Trois enfants âgés de trois à six ans ont été blessés. Un adolescent de 15 ans a été touché par des éclats d’obus à l’estomac lorsque la grenade a explosé, et un autre éclat a été logé dans la tête de l’adolescent. Il est en soins intensifs.
 
Les résidents ont immédiatement amené les enfants blessés à l’hôpital Hikme d’Hasakah (Hesekê). Les Forces de sécurité intérieure ont ouvert une enquête.