Accueil Blog Page 522

Les soldats turcs tuent un kolbar kurde à la frontière iranienne

0
TURQUIE / BAKUR – Bahram Yusefi, originaire du Kurdistan oriental, a été tué par des soldats turcs près du village de Yamanyurd, à Van / Saray.
 
Des coups de feu ont été entendus hier soir à 5 km de la frontière avec le Kurdistan d’Iran (Rojhilat), près du village de Yamanyurd, dans le district Saray de Van.
 
Des soldats turcs ont ouvert le feu à partir d’un blindé sur Bahram Yusefi, 35 ans, qui aurait pénétré le territoire turc depuis le village de Belecuk, du Kurdistan de l’Est, pour vendre des cigarettes. L’homme a perdu la vie sur les lieux.
 
La famille essaye de prendre le corps
 
Les proches de Yusefi ont déclaré qu’ils essayaient de prendre le corps qui a été transporté à l’hôpital du district d’Özalp. Ils ont déclaré que Yusefi était décédé des suites du feu ouvert depuis un véhicule blindé, ajoutant qu’ils annonceraient les détails de l’incident à un stade ultérieur.
 
ANF

Des femmes kurdes dénoncent le harcèlement sexuel sur internet

0
FEMMES – Dans la société traditionnelle kurde, exister en tant que femme n’est pas chose facile, qu’importe votre rang dans la société, et ceci même quand vous êtes à des milliers de kilomètres du Kurdistan. Vous devenez particulièrement « vulnérables » quand vous osez avoir une certaine liberté en dehors des codes moraux kurdes: avoir un rôle vous mettant au devant de la scène politique, artistique, journalistique ou même militante… Des « hommes » misogynes, sexistes ou des obsédés sexuels s’en prennent violemment à ces femmes ou les harcèlent avec un sentiment d’impunité. Mais les choses prennent une tournure encore plus insidieux quand ces attaques se font sur les réseaux sociaux.
 
Pour information, nous avons reçu des témoignages de jeunes femmes kurdes d’Europe qui ont été harcelées par des « hommes » kurdes. Certains de ces hommes étaient ou sont encore engagés dans des organisations kurdes. Ces femmes dénoncent l’inaction des organisations kurdes qui n’auraient pas agi de manière efficace pour que ces hommes cessent leurs agissements alors que certains de ces « hommes » sont allés jusqu’à menacer ces femmes qui les avaient éconduits.
 
Au Kurdistan du Sud, la situation des femmes victimes de harcèlement est autrement plus grave. Elles ne sont pas entendues, pire encore, elles sont tenues responsables de ce qui leur arrive ou elles sont victimes de féminicides. On les accusent d’avoir « cherché » des ennuis, car elles ont transgressé les codes moraux kurdes : rester à la maison, sous le joug de l’homme de la maison. Il peut être le père, le mari, le frère, le cousin, le fils… Par ailleurs, ces mêmes « hommes » peuvent se marier avec des filles plus jeunes d’eux de 10, 20, voire 30 ans, ou avoir des maîtresses, agresser des femmes. Il n’y aura personne pour leur demander des comptes, pour dire où est l’honneur dans tout cela. 
 
Confrontées à une augmentation du harcèlement sexuel en ligne et à l’échec du gouvernement, les femmes kurdes intentent de plus en plus des poursuites contre les auteurs, mais leur chemin vers la justice est long et parsemé d’obstacles.
 
Des décennies de guerres dévastatrices et de conflits internes, une culture dominée par les hommes, des environnements sociaux et religieux conservateurs et l’inaction du gouvernement ont laissé les femmes sans protection contre la diffamation et le harcèlement sexuel en ligne en Irak et au Kurdistan du Sud.
 
Le gouvernement kurde n’ayant pas réussi à freiner la cyberintimidation (cyberharcèlement), des femmes de professions et d’horizons différents ont décidé de tenir les coupables responsables en demandant justice.
 
Dashni Morad (également connue sous le nom de « Shakira kurde »), chanteuse kurde originaire du Kurdistan du Sud, fait partie de ces femmes montées au créneau contre ces attaques. Dashni souffre de dépression depuis des années en raison de la cyber-intimidation et du harcèlement de la part de son ancien employeur. Mais elle promet maintenant de se battre comme une «guerrière intrépide» contre la mentalité de ceux qui sont assis derrière leurs claviers pour la harceler ainsi que ses compatriotes. (info donnée ici)
 
Dans nos sociétés patriarcales, kurde ou occidentale, changer les mentalités sexistes renforcées pendant des siècles est une tâche ardue. Nous, les femmes, on est confrontées à ces attaques au quotidien, mais nous sommes décidées à en finir avec de tels agissements car on mérite de vivre libres, sans qu’on nous considère comme des objets sexuels ou des choses appartenant à des hommes et portant l’ « honneur » de la famille entre nos jambes.
 
La honte doit changer de camp. Ce n’est pas aux femmes d’avoir honte de ce quelles sont : des êtres humains ayant un organe génital féminin. Notre vie privée, publique et sexuelle ne regarde que nous. Pas les « gardiens » d’une société misogyne qui veut nous emprisonner dans nos foyers, nous encombrant de rôles de femmes et de mères. Il faut que cette société comprenne que nous existons en tant qu’être humains à part entière et que notre cerveau n’agit pas en tant que femme ou mère. Que nous avons le droit et surtout le besoin de faire partie de la société à part entière. Une société faite part les hommes et les femmes pour les deux sexes.
 
Le jour où les femmes et les hommes seront sur le même pied d’égalité, à tous les niveaux de la société, ce jour-là, on baissera les armes, en attendant, sachez qu’on militera sur tous les fronts car on a trop souffert des milliers d’années de souffrances dues aux inégalités homme/femmes.
 

MIGRATION. Justice pour Mawda, ou pour que cesse la chasse aux migrants en Europe

0
BELGIQUE, Le 17 mai 2018, Mawda, une fillette kurde de 2 ans, était tuée par un policier belge lors d’une course-poursuite sur l’A42, près de Mons, en Belgique. Mawda se trouvait avec ses parents et d’autres migrants à l’arrière d’une fourgonnette. Son meurtre illustrait la chasse impitoyable faite migrants en Europe.
 
Fondé peu de temps après la mort de Mawad, le Comité Mawda Justice-Vérité vient d’annoncer qu’il va entamer une procédure contre le Parquet de Mons « pour la gestion calamiteuse de cette affaire ».
 
Voici le communiqué du Comité Mawda Justice-Vérité
 
« Dans quelques heures, ça fera exactement 2 ans. La nuit du 16 au 17 mai 2018, une camionnette transportant des migrants est prise en chasse par la police belge, dans le cadre d’une opération Médusa – opération de chasse aux migrants, initiées par Jan Jambon, alors ministre de l’intérieur. Une prise en chasse qui se terminera par la mort d’une petite fille de 2 ans – Mawda – tuée d’une balle en pleine tête par un policier belge.
 
Le lendemain et les jours qui suivent, des versions des faits, émanant des policiers, relayées par le Parquet de Mons et diffusées dans la presse, affirment que les migrants ont utilisé l’enfant comme « bouclier humain », s’en seraient servit comme « enfant-bélier » pour briser la vitre de la camionnette ou encore qu’il y aurait eu « échange de coup de feu » entre les occupants de la camionnette et les policiers.
 
Bref, non content d’avoir ôté la vie d’une petite fille, on en rajoute à l’ignominie en accusant les victimes et en alimentant une vision déshumanisante des migrants (des monstres capables de fracasser la tête d’une petite fille dans une vitre) qui est le ferment du racisme et fait le lit de l’extrême-droite.
 
Aujourd’hui, le Comité Mawda Justice-Vérité décide d’entamer une procédure contre le Parquet de Mons pour cette gestion calamiteuse de cette affaire.
 
Repose en paix, petite Mawda. »

Rojava. « Il y a une intensification de la propagande négative contre les FDS »

0
Entretien avec Kino Gabriel, porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS).
 
Les factions des FDS sont-elles entrées dans les territoires occupés de Serê Kaniyê ?
 
Kino Gabriel : Je ne le pense pas. Nous n’avons pas de troupes dans cette zone, selon les accords passés entre la Turquie et les Etats-Unis d’une part, et la Turquie et la Russie d’autre part. C’est plutôt quelque chose que nous entendons constamment de la part de la Turquie, ce n’est pas quelque chose de nouveau ou lié à une déclaration ou un rapport. Au cours des deux ou trois derniers mois, l’accent a été mis sur la propagande faite par plusieurs comptes-rendus de responsables turcs, principalement sur Twitter. Ils essaient de faire de la propagande contre les FDS, en disant qu’elles font des attaques ou sont présentes dans les zones où les accords sont en application. Nous avons déjà fait des déclarations disant que c’est faux. C’est juste un prétexte pour lancer une attaque ou pour couvrir certaines attaques qu’ils font contre plusieurs zones et contre certaines infrastructures – principalement les infrastructures électriques et les stations d’eau. Nous ne savons pas pourquoi ils continuent à faire cela, mais je pense que c’est normal pour la Turquie. Ils font toujours cette propagande avant de lancer leurs attaques.
 
Quelles sont les conséquences du renforcement des troupes turques dans la zone de désescalade pour l’administration autonome ?
 
Kino Gabriel : La Turquie a ses troupes dans le nord-est de la Syrie et dans le nord-ouest, à Idlib, Afrîn et dans les régions avoisinantes. Il y a un certain mouvement, mais nous n’avons pas vu de signes à partir desquels nous devons augmenter nos troupes dans le nord-est de la Syrie. Je pense qu’il s’agit simplement d’un mouvement militaire normal : il serait normal d’augmenter le nombre dans les zones du nord-ouest parce qu’elles ont déjà connu des affrontements avec les forces du régime syrien.
 
L’administration autonome doit-elle s’attendre à de futures attaques ?
 
Kino Gabriel : C’est quelque chose d’attendu. Nous nous préparons toujours pour le pire, pas pour le bien. Je pense que c’est un fait dont nous devons parler. Les gens ont peur de telles attaques. Comme je l’ai dit, il y a une augmentation de la propagande négative contre les FDS et normalement c’est un prétexte pour de petites ou de grandes attaques. Nous ne pouvons pas dire ce que nous attendons précisément, mais encore une fois, on attend presque toujours de la Turquie qu’elle fasse tout. Nous ne savons pas comment la situation va se passer avec les mandataires de la Turquie, les Russes et les Américains, mais dans le cas de lancement d’attaques, elle seront coordonnées avec ces forces – la coalition internationale et les Russes.
 
De l’autre côté, il y a toujours cette possibilité – si je peux parler de cette analyse, c’est un fait – que la Turquie ait tendance à lancer des attaques à l’extérieur de ses frontières chaque fois que le gouvernement sent qu’il est sous pression, [comme] ces jours-ci. Et avec les derniers développements en Turquie avec les problèmes économiques, le coronavirus et l’opposition turque qui est plus forte qu’avant, le gouvernement pourrait penser qu’il s’agit d’une situation de faiblesse au sein de l’État turc. Il s’efforce de faire diversion en lançant des attaques en Syrie, en Irak ou dans d’autres pays, pour détourner l’attention du peuple turc des problèmes internes auxquels il est confronté. Là encore, il n’y a pas d’information directe relative à cette analyse.
 
Pourrait-on s’attendre à ce que le Rojava ait la possibilité de conclure un accord de zone d’exclusion aérienne ?
 
Kino Gabriel : Il n’y en a pas. Nous l’exigeons toujours, d’appliquer une telle mesure pour pouvoir sécuriser la zone. C’est plus compliqué qu’auparavant, car il y a deux puissances internationales impliquées dans la situation syrienne et elles sont présentes dans le nord-est de la Syrie. Et elles ont leurs plans et leurs différentes stratégies. Je ne pense pas qu’il y ait une chance d’avoir un tel accord bientôt. Même s’il aurait permis de sécuriser les zones contre une invasion turque, il serait bénéfique pour la stabilité du nord-est de la Syrie en général et protégerait la vie de millions de personnes qui s’y trouvent.
 
Pourquoi les patrouilles américaines vont-elles encore jusqu’à Qamishli, et comment les populations perçoivent-elles une telle présence ?
 
Kino Gabriel : Elles ont encore quelques tâches liées à la mission de la coalition internationale en Syrie. Tout d’abord, nous continuons à mener plusieurs opérations pour éliminer la menace des cellules dormantes dans la région. Nous poursuivons également notre projet commun, loin des opérations, comme le soutien militaire et médical, les programmes de formation – augmentant la préparation de nos forces pour faire face à DAECH. Tout cela est un travail commun. Il y a des patrouilles non seulement à Qamishlo mais aussi dans d’autres régions : elles vont de la frontière turque jusqu’à Deir el Zor, et comme vous l’avez dit de Qamishli à Derik et Hassake. Ces patrouilles font partie de la coalition internationale pour sécuriser les lieux où elles se trouvent et aussi pour maintenir le mouvement sur lequel elles travaillent.
 
Le coronavirus modifie-t-il la gestion des troupes sur le terrain ?
 
Kino Gabriel : Il n’a rien changé. Il y a certaines précautions que nous et la Coalition internationale avons prises. Nous essayons d’empêcher une telle propagation au sein des forces militaires et jusqu’à présent, cela a été un succès. Nous n’avons pas eu de cas de coronavirus parmi nos forces militaires. Certaines réunions ont été retardées, et nous avons effectué certaines de nos tâches et opérations un peu plus tard, mais nous avons tout continué, sauf les programmes de formation. Nous avons une politique claire : nous ne pouvons pas faire de grands rassemblements avec des personnes de différentes régions ou nous ne permettons pas aux forces de se déplacer entre les différentes régions. Nous avons donc peut-être été un peu affectés, mais tout le reste était encore prévu. Je pense que l’administration autonome a essayé de faire de son mieux avec les ressources dont elle dispose. Nous sommes à court de matériel médical, d’hôpitaux ou d’installations – pour isoler les cas confirmés ou suspects par exemple. Je pense qu’une épidémie de coronavirus dans le nord-est de la Syrie aurait été dévastatrice. Même si nous avions travaillé contre ce virus et que nous avions réussi, nous aurions eu beaucoup de cas. Les autres pays qui ont plus de ressources que nous ne pourraient rien faire. Heureusement, nous n’avons pas vu d’autres cas que les trois cas de Hassake. (…) Les gens ont respecté le confinement, surtout au début, mais depuis peu, ils ne peuvent plus le faire pour des raisons économiques. Ils doivent retourner à leur travail.
 
En ce qui concerne les troupes du régime, nous avons essayé de ne pas faire de grands mouvements ou de bouger les troupes, de maintenir la situation telle qu’elle est et d’empêcher tout cas de coronavirus – de se manifester ou de se propager. Je pense que nous avons bien travaillé ensemble jusqu’à présent, mais nous verrons comment cela se passera dans les prochaines semaines.
 
India Ledeganck
14 mai 2020

Rojava. « There is an increase of negative propaganda against the SDF »

0
Interview with Kino Gabriel, spokesman of the Syrian Democratic Forces (SDF).
 
Did the SDF factions entered in the occupied territories of Serê Kaniyê?
 
Kino Gabriel : I do not think so. We do not have any troops in that area, according to the agreements made between on the one hand Turkey and the USA and on the other Turkey and Russia. It is more something that we hear constantly by Turkey, it is not something new or linked with one statement or report. For the last two or three months there was a big focus on the propaganda made by several Turkish official’s accounts, mainly on twitter. They try to make a propaganda against the SDF, saying that they are making attacks or are present in the areas where the agreements are in application. We already made statements saying that this is false. It is just a pretext to launch an attack or to cover some attacks they are making against several areas and against some infrastructures -mainly electric infrastructures and water stations. We do not know why they continue to do this, but I think it is normal for Turkey. They always do this propaganda ahead of their attacks.
 
What are the consequences of the reinforcement of the Turkish troops in the de-escalation zone for the autonomous administration?
 
Kino Gabriel : Turkey has its troops in north-east Syria and in north-west, in Idlib, Afrîn and areas around there. There is some movement, but we did not see signs from which we have to increase our troops in north-east Syria. I think it is just a normal military movement: it would be normal to increase the number in the north-west areas because they had previously clashes with the Syrian regime forces.
 
Does the autonomous administration have to expect future attacks?
 
Kino Gabriel : It is something expected. We always make our preparation for the worst, not for the good. I think it is a fact that we must talk about. The people are afraid to such attacks. As I said, there is an increase of negative propaganda against the SDF and normally it is a pretext for small attacks or a big one. We cannot say what we are precisely expecting, but again, again, it is almost always expected from Turkey to do everything. We do not know how the situation is going to be with the proxies of turkey, the Russian and the Americans, but in the case of launches, it will be coordinated with those forces – the International Coalition and the Russian.
 
From the other side, there is always this possibility – if I can talk about this analyse, it’s not a fact- that Turkey tends to launch attacks outside of its borders whenever the government feels that it is pressured in these days. And with the last situations in Turkey with the economic problems, the coronavirus and the Turkish opposition that is stronger than before, the government might think about it as a weak situation within the Turkish state. They attend to make a diversion by launching attacks in Syria, Iraq, or any other places, to shift the focus of the Turkish people away of the internal problems that they are facing. Again, there is no direct information relatively to this analysis.
 
Could we expect possibilities for Rojava to have a non-fly zone agreement?
 
Kino Gabriel : There is not such a thing. We always demand it, to apply such a move to be able to secure the area there. It is more complicated than before, as there are two international powers involved in the Syrian situation and they have presence in north-east Syria. And which one has its plans and different strategies. I do not think there is any chance to have such agreement soon. Even if it would secure the areas from a Turkish invasion, would benefit for the stability of the northeast Syria in general and would protect the life of millions of people that are there.
 
Why USA patrols are still going until Qamishli, and how the populations perceive such presence?
 
Kino Gabriel : They have still some tasks linked with the mission of the international coalition in Syria. First, we are continuing to do several operations to eliminate the threat of sleeper cells in the area. We are also still going on our joint project, away from operations, like military and medical support, trainings programs -increasing the readiness of our forces to face ISIS. All of that is a common work. There are patrols not only in Qamishli but in different areas: they go from the Turkish border until Deir el Zor, and as you said from Qamishli to Derik and Hassake. These patrols are part of the International Coalition to secure the locations that they have and also to maintain the movement they have work on.
 
Does the coronavirus change the management of the troops on the ground?
 
Kino Gabriel : It has not changed something. There are some precautions that we and the International Coalition have taken. We are trying to prevent such spread within the military forces and so far, it has been successful. We did not have cases of coronavirus among our military forces. Some meetings were delayed, and we made some of our tasks and operations a little bit later, but we continued everything except for the training programs. We have a clear policy: we cannot do big gatherings with people from different areas or we do not allow forces to move between different areas. So maybe we were a bit affected but everything else was still scheduled. I think the autonomous administration tried to make the best it can with the resources that it has. We are short in medical stuffs, hospitals, or any facilities -to isolate the confirmed or suspected cases for example. I think that an outbreak of coronavirus in north-east Syria would have been devastating. Even if we would have work against it and we would have succeeded, we would have had a lot of cases. Other countries that have more resources than us could not do anything. Thankfully, we have not seen other cases than the three cases in Hassake. We hope that it passed. The people respected the lockdown, specially the beginning but recently they cannot anymore for economic reasons. They need to go back to their work.
 
Concerning the regime troops, we have tried to not do big movements or change the troops, to keep the situation as it is and prevent any cases of coronavirus -to spread or to come up. I think we have worked together in a good way so far, but we will see how it is going on the next weeks.
 
India Ledeganck
14th May 2020
 

PARIS. Exposition sur Hasankeyf et le barrage Ilisu

0
PARIS – Une exposition de photos sur la ville antique d’Hasankeyf engloutie sous les eaux du barrage Ilisu peut être visitée jusqu’à ce lundi 18 mai au Floréal Belleville, dans le 20e arrondissement de Paris, au pied du parc de Belleville.
 
Les architectes Lou-poko Savadogo et Anna Ellermets se sont rendues dans le Kurdistan du Nord observer les 22 barrages principaux construits sur les rives des fleuves du Tigre et de l’Euphrate dans le cadre du projet d’Anatolie du Sud-Est (Güneydoğu Anadolu Projesi ou GAP). Elles ont vu les conséquences dramatiques, tant au niveau politique, sociale, écologique et culturel, de ces barrages pour les Kurdes de Turquie. 

 

Parmi ces barrages, il y en a un qui a focalisé tous les regards. C’est le barrage Ilisu qui a englouti la ville antique d’Hasankeyf, vieille de plus de 12 000 ans. Une ville qui avait accueilli de nombreuses civilisations telles que les Sumériens, les Assyriens, les Babyloniens, les Byzantins, les Omeyyades, les Abbassides, les Artuqides, les Kurdes, etc. C’est pourquoi, l’exposition organisée par Savadogo et Ellermets est intéressante à visiter car, en plus des photos, des cartes et un film sur le barrage Ilisu et la disparation d’Hasankeyf projeté, les deux architectes vous expliquent en détails le projet du barrage Ilisu et ses répercutions sur l’environnement et sur les Kurdes. (photos en bas du texte)

Le comédien kurde, Aram Taştekin était également de passage pour voir l’exposition où il devait présenter un sketch de son spectacle  « Happy Dreams, une histoire kurde ». Mais le coronavirus a chamboulé tout.
 
Savadogo et Anna Ellermets écrivent :
 
« Nous avons vu l’eau monter.
 
Nous l’avons observée au cœur du Moyen Orient.
 
Sous ce territoire actuellement morcelé sommeille l’antique Mésopotamie, du grec meso « entre » et potamós « fleuves », littéralement le pays « entre les fleuves ».
 
La Mésopotamie berce nos rêves et nos songes. Ces fleuves nourriciers imprègnent les récits mythiques, lesquels content autant la fertilité des terres qu’ils traversent que la menace que représente la fluctuation de leur débit.
 
Ce que nous avons observé dans le Sud Est de la Turquie, ce sont des rivières sous contrôle. L’accumulation des contraintes sur le Tigre et l’Euphrate suite à la mise en oeuvre par le gouvernement du projet G.A.P. (Great Anatolian Project) et ses 22 barrages fait planer la menace d’un déferlement d’eau. À chaque mise en eau, des centaines de villages sont submergés et avec eux les vestiges de civilisations kurde, arménienne, chaldéenne, grecque et assyrienne.
 
On rapproche cette submersion avec celle contée dans les plus vieux récits de l’humanité, tel le Déluge.
 
L’étude de ce projet d’aménagement témoigne des mécanismes de l’état-Nation turc. Face à un grand récit national qui engloutit, niant les lieux emblématiques des cultures minoritaires, faisons émerger les récits symboliques, servons nous-en comme refuge d’une mémoire culturelle en danger.
 
« Seul le temps mythique est celui du devenir »
 
Nous ressentons le besoin d’ouvrir un espace de transmission.
 
Au Floréal Belleville, sur deux étages, le temps d’un thé, nous vous invitons à partager notre imaginaire, entrer dans l’arche et raviver la mémoire de ces communautés que nous avons rencontrées, et avec elle, la nôtre. »
 
Anna Ellermets et Lou-Poko Savadogo vivent et travaillent à Paris. Diplômées d’école d’architecture, elles questionnent, à travers leur travail, les relations entre mémoire et transmission et architecture.
 
À l’occasion du projet “ A Floating G.A.P.”, elles collaborent avec des artistes, musiciens, dramaturges et journalistes.
 
 
𝓘𝓷𝓯𝓸𝓼 𝓟𝓻𝓪𝓽𝓲𝓺𝓾𝓮𝓼
 
Tous les jours de 10h à 18h
Entrée libre
Œuvres et micro-édition en vente
Bar/Restaurant ouvert en vente à emporter
 
Floréal Belleville
43, rue des Couronnes, 75020 Paris
En métro : ligne 2, station Couronnes
En Bus : ligne 96, arrêt Couronnes ou Julien Lacroix
 
Les brochures parlant des 4 étapes du projet du barrage Ilisu, préparées par Lou-poko Savadogo et Anna Ellermets

Cette dernière photo a été prise par Noémie Zabrano

ROJAVA. L’incendie des champs de blé, l’autre arme de guerre anti-kurde de la Turquie

0

SYRIE / ROJAVA – L’armée d’occupation turque et ses mercenaires ont incendié ce matin des champs de blé dans le village de Mushairfa, à l’est d’Ain Issa. Les villages dévorés par les incendies, sont adjacents aux villages sous l’occupation turque.

 
Depuis plusieurs jours, les gangs de terroristes agissant sous les ordres de la Turquie mettent le feu à des champs de céréales, dont ceux de la campagne de Girê Spî (Tall Abyad) et d’Aïn Îsa, dans le nord de la Syrie. On a apporté des incendies des champs également dans d’autres régions syriennes contrôlées par les Forces démocratiques syriennes (FDS) une alliance des forces arabes, kurdes, arméniennes, syriaques de Syrie.
 
Comme en 2019, la Turquie et ses mercenaires islamistes brûlent les cultures de la région pour affamer la population, pour qu’elle fuit la région ou qu’il y ait des troubles liées à la famine dans le but de déstabiliser le Rojava car la Turquie veut détruire les gains des Kurdes syriens.
 
Ces incendies font partie d’une politique globale turque pour la destruction du Rojava. En effet, la Turquie a envahi plusieurs régions kurdes syriennes, dont la plus connue est l’invasion d’Afrin en mars 2018, où elle a changé la démographie de la région en chassant en masse les Kurdes. La Turquie a également réduit le débit du fleuve de l’Euphrate desservant le Rojava et la Syrie.
 
Avec l’arrivée de l’été dans une région aux températures caniculaires, la réduction par la Turquie du débit d’eau de l’Euphrate desservant le Rojava et la Syrie aura des conséquences dramatiques tant sur le plan sanitaire, dû notamment à la pandémie du coronavirus (COVID-19), que sur le plan de la sécurité alimentaire.
 
Malgré ces crimes punissables selon les lois internationales dont la Turquie est signataire, aucune organisation internationale, dont l’ONU, n’a encore réagi pour arrêter la Turquie, donnant à cette dernière carte blanche pour toute sorte de crimes. C’est pourquoi, nous ne pouvons que craindre l’arrivée de nouveaux incendies des cultures au Rojava et dans le Nord Est de la Syrie.
 
 

TURQUIE. Les rudes conditions de travail des ouvriers agricoles kurdes

0
TURQUIE / BAKUR – Chaque année, des dizaines de milliers de Kurdes quittent leurs villes appauvries par les politiques discriminatoires de l’Etat turc et se rendent dans les régions agricoles turques où ils travaillent, avec leurs enfants privés d’école, dans des conditions de travail difficiles pour un salaire de misère.
 
L’agence de presse Mezopotamya s’est rendue dans la région de Kesikköprü, près d’Ankara, pour voir sur place les condition de vie et de travail de ces Kurdes : enfants privés d’école, des femmes et des adultes.
 
A Kesikköprü, où nous sommes allés observer les difficultés rencontrées par les saisonniers sur place, nous avons été pris au piège de la « distance sociale » de la gendarmerie, mais nous avons vu que les saisonniers vivaient dans des tentes de 20 m2 bondées, sans électricité ni eau, dans des conditions déplorables d’hygiène. 
 
Des dizaines de milliers de personnes de Diyarbakır, Urfa, Mardin, Şırnak et de nombreuses autres villes migrent chaque année vers d’autres villes en tant que travailleurs agricoles, car elles n’ont pas de terres à cultiver. L’épidémie de coronavirus s’est ajoutée cette année aux conditions de vie difficiles des travailleurs saisonniers, privés de nombreux droits depuis des années.
 
Afin d’observer, documenter et partager avec le public les difficultés, les conditions de vie et les «mesures prises contre l’épidémie» sur place, nous avons emprunté la route du quartier Bala du district Kesikköprü, où se trouvent les ouvriers agricoles.
 
Au cours de ce voyage, nous avons appris qu’il est très difficile d’atteindre les ouvriers agricoles travaillant dans des conditions de travail difficiles. Le premier blocage a commencé à l’entrée du quartier Kesikköprü. Nous avons pu entrer dans le quartier après un long contrôle d’identité de la part des gendarmes qui nous ont arrêtés pour savoir « pourquoi nous sommes venus ». Cependant, avec l’équipe de gendarmerie, qui a commencé la fouille corporelle sans aucun avertissement, un mécanisme de surveillance, que nous rencontrerons avec des obstacles tout au long de la journée, a également été activé.
 
Journalistes empêchés par des gendarmes
 
Lorsque nous entrons dans le quartier en bordure de Kızılırmak, Erdal, l’un des résidents, nous accueille. Erdal, qui a commencé à expliquer que sa famille avait migré d’Urfa Siverek à Kesikköprü il y a environ 400 ans, n’arrive pas à imaginer que la gendarmerie nous suive,  a déclaré : « Je vois une telle chose pour la première fois ».
 
Erdal, qui est engagé dans l’agriculture, explique que le quartier compte 800 ménages et que beaucoup d’entre eux vivent à l’étranger. Tout en réalisant que les personnes vivant à l’étranger ne peuvent pas venir à cause de l’épidémie du coronavirus (COVID-19),  nous constatons, en revanche, que des personnes vivant sous des tentes ont parcouru des milliers de kilomètres pour venir travailler comme ouvriers agricoles.
 
10 personnes sous une tente de 20 m2
 
Berfîn, 12 ans, qui nous a accueillis dans la première tente que nous avons visitée, rapporte que sa famille originaire d’Urfa, est arrivé à Kesikköprü il y a deux semaines.
 
La famille de Berfîn vit dans une tente de 20 m2 comme des milliers d’autres familles. Il n’y a ni électricité ni eau dans la tente où Berfîn vit : « On dort 10 personnes côte à côte. » Il est impossible de parler de conditions d’hygiène …
 
Travail d’enfants privés d’école
 
 
Le rêve de Berfîn est de devenir enseignante, alors qu’elle se rend à l’école seulement pendant les mois d’hiver, comme des milliers d’enfants kurdes voyageant avec leur famille pendant 8 mois dans différentes villes pour travailler. Donnant des informations selon lesquelles sa famille travaille dans un commerce d’oignons à Kesikköprü, Berfîn dit qu’ils iront cueillir des noisettes au bord de la mer Noire après leur travail ici :  « La région de la mer Noire est plus jolie ».
« Je n’ai qu’une seule amie ici. Mais quand je vais au travail, je me retrouve seule », explique Berfîn.
Le véhicule des journalistes enlevé par la gendarmerie
 
Nous quittons Berfîn et nous nous dirigeons vers un groupe de tentes bondées, mais une fois que nous arrivons vers les tentes où logent les ouvriers, des gendarmes nous bloquent. La gendarmerie, qui nous a empêchés de rencontrer les travailleurs, a confisqué notre véhicule au motif d’une amende de circulation.
 
L’impossible « distance sociale »
 
Même si nous atteignons les tentes avec des travailleurs, nous ne pouvons pas parler, il y a des gendarmes entre nous. Les gendarmes déclarent qu’ «il y a une amende pour violation de la distance sociale» pour avoir parlé aux travailleurs. Cependant, nous constatons que les précautions concernant l’épidémie dans la circulaire du Ministère de l’Intérieur ne sont pas appliquées aux travailleurs que nous rencontrons mais ils ne peuvent pas en parler.
 
Afin de ne plus laisser les travailleurs en détresse dans une situation difficile, nous retournons à Ankara.
 
Alors que nous sommes sur la route d’Ankara, un travailleur nous appelle et explique que les gendarmes qui ont enlevé le véhicule les ont croisés et avertis de ne pas parler aux journalistes ni de donner leur avis.

Reportage d’Emrullah Acar, traduction Kurdistan au féminin

TURQUIE. Erdogan s’impose aux Kurdes par la violence

0

TURQUIE / BAKUR – Erdogan n’hésite pas à recourir à la violence pour s’imposer aux Kurdes du Bakur (Kurdistan du Nord sous l’occupation turque) quand il n’arrive pas à les berner par la ruse. 

Ces deux images montrent des administrateurs (kayyum) nommés aux mairies kurdes à la place de leurs maires destitués et emprisonnés le 15 mai 2020. Ils entrent dans les mairies kurdes, avec les portraits d’Erdogan que les Kurdes avaient chassé de leurs villes par les urnes.
 
Hier, 5 mairies kurdes du HDP ont été confisquées par l’Etat turc. Les administrateurs nommés à la place des maires kurdes emprisonnés ont envahi les mairies avec des portraits d’Erdogan sous les bras.

 

En pleine pandémie du coronavirus (COVID-19), le régime turc continue sa répression visant le peuple kurde. Hier matin, des administrateurs ont été nommés dans les municipalités kurdes d’Igdır, Siirt, Kurtalan, Baykan et Altinova lors d’un assaut mené par la police turque. Les maires élus ont été emprisonnés.
Les maires élus des 5 municipalités :
les co-maires d’Iğdır, Eylem Çelik et Yaşar Akkuş ;
les co-maires de Siirt, Berivan Helen Işık et Peymandara Turhan ;
les co-maires de Baykan, Ramazan Sarsılmaz et Özden Gülmez ;
les co-maires Kurtalan, Baran Akgül et Esmer Baran ;
le maire d’Altinova, Casim Budak,
ont été arrêtés par la police turque lors de raid effectués aux domiciles des élus HDP.

45 municipalités des 65 municipalités kurdes remportées par le parti démocratique des peuples (HDP) lors des élections municipales du 31 mars 2019, sont aujourd’hui dirigées par des administrateurs désignés par l’Etat à la place des maires élus.

Le Rojava célèbre la fête de la langue kurde

0
SYRIE / ROJAVA – Ce 15 mai, c’est la journée de la langue kurde. Une date associée à la première parution de la revue Hawar publiée en 1932. La particularité de la revue kurde Hawar (le cri) est qu’elle est publiée en alphabet latin utilisé pour la première fois alors qu’on utilisait l’alphabet arabe jusqu’alors. A l’occasion de la fête de la langue kurde, notre camarade Meyrîkê a préparé un article sur la situtation de la langue kurde au Rojava (Kurdistan de l’Ouest) et dans le Nord-Est de la Syrie.
 
Le dialecte kurde parlé au Rojava est le kurmancî. Il se décompose en plusieurs parlers régionaux dont Ashitî (région qui comprend l’Est du Rojava, à partir de Qamishlo), Xerbî (ouest de Qamishlo jusqu’à Serê Kaniyê), Koçerî (région du Koçerat, autour de Derîk), Kobankî (région de Kobanê), Efrînkî (région d’Efrin). Il existe aussi le parler Kîkî autour de Dirbesiyê.
 
Au temps du régime syrien, la langue kurde a été l’une des cibles des politiques coloniales et d’assimilation. Elle était interdite dans les institutions étatiques ainsi que dans les écoles. Si dans certaines villes presque exclusivement kurdes les enseignant-es, elles-même kurdes s’autorisaient à parler dans leurs langues maternelles aux enfants, les leçons et examens avaient lieu exclusivement en arabe. Le kurde n’a jamais été intégré au curriculum, même en tant que « langue étrangère ». Les enfants apprenaient l’alphabet latin en étudiant l’anglais ou le français. Beaucoup d’anciens élèves se souviennent des coups, humiliations et punitions qu’ils et elles ont reçu pour avoir échangé dans leur langue maternelle avec leurs camarades de classe.
 
Ainsi si la plupart des kurdes de Syrie parlaient le kurde au sein de leurs familles et dans leurs quartiers, très peu savaient l’écrire. Des dires de toutes, ce sont les mères qui ont joué un rôle de premier plan dans la préservation et la transmission de la langue. Elles sont celles qui par les comptines, contes et la tradition du « dengbejî » l’ont maintenue vivante. Beaucoup d’entre elles, reléguées hors de la vie publique, n’ont aussi de fait jamais appris l’arabe.
 
Dès les années 80, avec l’arrivée des militant-es du PKK en Syrie et jusqu’à 2011, des cours de langues s’organisent en secret. Les militant-es qui ont appris à écrire leur langue au sein de la guérilla ou dans les académies du Liban et de Damas l’enseignent à leur tour aux enfants. Malheureusement l’apprentissage n’est pas régulier, rassembler les enfants en secret reste dangereux et les militant-es sont régulièrement arrêté-es par le régime. Il faut alors attendre l’arrivée d’un-e autre enseignant-e à même d’assurer les leçons. Des leçons de langue kurde sont aussi données dans les quartiers, villages et familles liées au KDP (Parti originaire du Kurdistan du Sud, état irakien) par leurs propres militant-e-s.
 
Ce n’est donc qu’après la révolution qui commence en 2011 que l’expression en kurde devient libre. Les langues se délient, c’est euphorisant. On l’écrit sur les pancartes qui demandent la chute du régime, on proclame son existence dans sa propre langue. C’est avant tout une révolution kurde et la langue en fait pleinement partie.
 
L’Association de Langue Kurde, la SZK (Sazîya Zimanê Kurdî) est très rapidement créé. En 2012, elle n’a qu’un enseignant et 12 élèves. En 2016 le nombre de ses enseignants est passé à 1700. Très vite, des cours de langue sont organisés dans les villages, dans les quartiers. Des kurdes de tous les âges viennent apprendre à écrire leur langue. Au début c’est difficile. On ne comprend pas certaines enseignant-es qui parlent dans une langue académique. On était habitué-es à tous ces mots arabes dans la langue, on ne connaît pas les termes politiques. Les vieilles femmes qui n’ont jamais été scolarisées apprennent pour la première fois à écrire.
 
Des académies ouvrent sous l’impulsion de la SZK. La première, l’académie Sehîd Ferzat Kemenger de langue et littérature kurde ouvre à Afrin le 11 Août 2013. Elle enseigne tout d’abord aux enseignant-es. Elle est suivie par l’académie Viyan Amara à Kobanê, l’académie Celadet Bedîrxan à Amudê et l’institution Nûrî Dêrsimî de la science et de la pensée libre à Rimelan.
 
La première école ouvre en 2011 à Doraqliya, un petit village du district de Sera à Afrin, sous le nom de Şehîd Fewzî. Afrin, de manière générale, joue le rôle d’avant-garde. Dès le début, tout le système d’enseignement du régime est remplacé par un nouveau curriculum en kurde, du CP au baccalauréat. Il faut former des enseignant-es, vite. Celles-ci suivent des cours intensifs de langue kurde pendant l’été, valident leurs trois niveaux et sont envoyées dans les écoles. Les enfants sont heureux de toute façon, ils parlent dans leur langue, ils revivent. Les sourires de leurs mères quand elles feuillettent leurs cahiers sont assez. Ils apprennent d’abord l’alphabet. Ensuite viendront les cours d’histoire, de géographie, l’éducation culturelle. On apprend d’où l’on vient, on comprend où l’on va. Peu à peu les mots des adultes, qui leur racontaient leur histoire en secret, prennent tout leur sens. Amed c’est donc là, sur la carte, juste au-dessus de Serê Kaniyê. Eyşe Şan, que papa écoute dans la voiture, c’est à ça qu’elle ressemble.
 
Dans les régions de Kobanî et Jizirê, la guerre est plus présente, les attaques fréquentes. Cela prend un peu plus de temps. Les écoles ouvrent dès 2014 à Kobanê, mais l’offensive de Daesh (Etat Islamique) sur la ville oblige la population à fuir. La plupart d’entre elle passe de longs mois d’hiver dans les camps de réfugiés au Bakur (Nord-Kurdistan, état turc). Là, sous l’impulsion de la SZK et avec l’aide des associations de promotion de la langue kurde de leur région d’accueil, les leçons pour adultes et enfants continuent dans les camps, des écoles sont mises en place. A Jizirê aussi ça va très vite. Et Août 2014, lors de la rentrée des classes, 3000 enseignantes qui enseignent en kurde à plus de 49 000 enfants, dans 670 écoles.
 
Du côté de l’enseignement supérieur, c’est tout d’abord l’Académie Mésopotamie de Sciences Sociales qui est établie à Qamishlo en avril 2013. Les premiers cours commencent à la rentrée 2014. Tou-tes les étudiant-es, qui ont été à l’école en arabe, suivent d’abord des enseignements de langue kurde avant de commencer les cours de sociologie, histoire et droit. L’université d’Afrin est elle créée en 2015, et à la rentrée l’on y étudie enfin la littérature kurde. Cegerxwîn et Faqîyê Teyran on ne les lit plus en cachette, mais on étudie leurs poèmes, on accroche leurs photos sur les murs. Les sciences économiques de l’ingénieur, la médecine, l’ingénierie topographique, la musique, le théâtre et l’administration d’entreprise y sont aussi enseignées en langue kurde. En 2016, c’est l’Université du Rojava qui ouvre à Qamishlo. A côté de nombreuses autres disciplines, l’on étudie la littérature kurde mais aussi les sciences de l’éducation.
 
La langue kurde est aussi parlée librement dans toutes les institutions qui fleurissent au fur à mesure que la révolution avance et que les années passent. En 2014 elle est faîte langue officielle à côté de l’arabe et du syriaque. On le parle dans les réunions qui ont lieu dans les cantons kurde, on l’écoute déclamée dans les meetings politiques. On peut dire « Ziman me hebûna me ye » sur une scène devant mille personnes parce qu’on l’a démontré. Dans les régions mixtes, l’arabe reste de mise pour le travail collectif mais des mots kurdes passent aussi dans le vocabulaire commun. On va désormais aux réunions de la « komîn » appelées par les « heval ».
 
Le TEV-çand, mouvement culturel mixte et Kêvana Zerîn, le mouvement culturel des femmes s’activent. On chante Aram Tigran à tue-tête, Koma Botan enchaîne les tournées et l’on apprend le tambûr, l’erbanê, le bilur à des dizaines d’enfants. Cinéma, théâtre, danse, maintenant on conjugue tout en kurde. La littérature aussi s’organise au sein de l’Union des intellectuel-les. L’on organise des soirées poésies, des foires aux livres, des bibliothèques ouvrent et les presses tournent à plein régime. Abdullah Öcalan, Sakine Cansiz, Rustem Cûdî : les livres importants de l’idéologie du mouvement de libération du Kurdistan sont imprimés par milliers, en kurde. Mais c’est difficile quand même cette langue académique, surtout quand c’est une traduction depuis le turc. Donc on se rabat parfois sur les versions arabes. Mais on lit quand même dans sa langue, petit à petit. De toute façon le kurde est partout, sur les enseignes que les magasins se pressent de faire fabriquer. « Matram Abou Jiwan » devient « Xwaringeha Bavê Ciwan ». Les radios Orkeş , Dengê Rojava, Dengê Ciwan ou Star FM donnent les nouvelles en kurde et diffusent des chansons révolutionnaires. A la télévision on voit enfin sa grand-mère raconter sa culture, son père montrer comment s’organise le travail de sa commune, sa sœur expliquer le nouveau système d’enseignement mis en place dans leur école. La voix est au peuple, et le peuple parle sa langue.
 
Meyrîkê
 
1 Expression artistique qui consiste à chanter des histoires. Ces chansons sont transmises de génération en génération et font partie du patrimoine culturel du peuple kurde.
2 « Notre langue c’est notre existence »
3 « Commune »
4 « Camarades »
5 « Restaurant du père de Jiwan » en arabe et en kurde. Les pères et mères sont souvent désignés en fonction du nom de leur premier fils, mais aussi parfois leur première fille. C’est aussi « Abou / Oum Leyla » en arabe et « Bavê / Dayika Leyla » en kurde.

Campagne d’aide : De l’eau pour le Rojava

2
SYRIE / ROJAVA – Malgré le changement climatique, la pandémie du coronavirus et les attaques de l’armée turque en cours, les habitants du Rojava continuent de vivre en coopération, reconstruisant leur vie et leur économie dans le respect de l’environnement.
 
Les coopératives du Rojava viennent de lancer une campagne de financement participatif pour des projets d’eau vitaux dans le nord-est de la Syrie / Rojava. L’argent récolté servira à réparer les infrastructures de traitement et de distribution de l’eau endommagées par les bombes, à soutenir les coopératives de femmes, aider au renforcement de l’autonomie de la région.
 
Cette campagne intervient quelques semaines après que la Turquie ait réduit le débit du fleuve Euphrate desservant la Syrie. En effet, l’Etat colonialiste turc a réduit le débit des eaux de l’Euphrate desservant le Rojava et la Syrie. Ainsi, il met en péril les récoltes agricoles et les moyens de subsistance de millions de Kurdes et de Syriens, après avoir délibérément réduit le débit d’eau dans un scénario répété de l’été 2017. Ceci est la nouvelle guerre de la Turquie contre les habitants du nord et de l’est de la Syrie en pleine pandémie du coronavirus (COVID-19) alors que l’été arrive et que l’agriculture de la région dépend de l’eau de l’Euphrate.
 
Pour participer à la campagne, allez sur le site de la coopérative Co-operation in Mezopotamia. Co-operation in Mesopotamia est un projet de l’Association d’économie solidaire, une coopérative à but non lucratif et à parties prenantes multiples qui travaille à soutenir la croissance du mouvement de l’économie solidaire. Son travail principal se concentre sur l’éducation, la recherche et la promotion de l’économie solidaire – une économie qui incarne la justice sociale, la diversité et le pluralisme, la coopération, l’autogestion et la durabilité écologique.
Voici le message en anglais de Co-operation in Mesopotamia concernant la campagne « De l’eau pour le Rojava »

CAMPAIGN LAUNCH: WATER FOR ROJAVA

Supporting the Co-operative, Ecological and Feminist Revolution

We are launching a big cooperative-led crowdfunding campaign for vital water projects in North-East Syria (also known by its Kurdish name Rojava) – repairing infrastructure damaged by bombs, supporting women’s co-ops, helping build up the region’s self-reliance. Despite climate change, a global pandemic and ongoing attacks, people in Rojava are still living cooperatively, rebuilding their lives, their ecology and their economy. And we can help.

Sign up to our newsletter for ways to support the campaign

See the rest of the Worker Coop Weekend programme here

 
 
 
 
 
 
 

 

 

TURQUIE. Coup d’Etat contre 4 autres mairies kurdes

0
TURQUIE / BAKUR – Le gouvernement turc a arrêté les maires HDP des municipalités kurdes d’Igdir, Siirt, Kurtalan et Baykan. Des administrateurs (kayyum) ont été nommés à la place des maires destitués.
 
En pleine pandémie du coronavirus (COVID-19), le régime turc continue sa répression visant le peuple kurde. Ce matin, des administrateurs ont été nommés aux municipalités kurdes d’Igdir, Siirt, İğdır, Kurtalan et Baykan lors d’un assaut mené par la police turque.
 
Les maires élus des 4 municipalités : les co-maires d’Iğdır, Eylem Çelik et Yaşar Akkuş ;
les co-maires de Siirt, Berivan Helen Işık et Peymandara Turhan ;
les co-maires de Baykan, Ramazan Sarsılmaz et Özden Gülmez ;
les co-maires Kurtalan, Baran Akgül et Esmer Baran ont été arrêtés par la police turque lors de raid effectués aux domiciles des élus HDP.
 
44 municipalités des 65 municipalités kurdes remportées par le parti démocratique des peuples (HDP) lors des élections municipales du 31 mars 2019,  sont aujourd’hui dirigées par des administrateurs désignés par l’Etat à la place des maires élus.