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La CEDH rejette la requête concernant les massacres dans les sous-sols de Cizre

STRASBOURG – L’audience de recevabilité de l’affaire du meurtre de 137 personnes dans les couvre-feux déclarés entre 2015 et 2016 a eu lieu à la CEDH.

La CEDH a rejeté l’appel au nom d’Orhan Tunc concernant les atrocités commises dans les sous-sols de Cizre, où des crimes de guerre ont été commis par les forces de l’État turc.

Aujourd’hui, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a apposé une non recevabilité dans l’affaire de trois plaintes distinctes concernant le couvre-feu et le massacre de près de 180 Kurdes brûlés vifs dans les sous-sols à Cizre entre 2015 et 2016. Pour la CEDH, il s’est finalement rien passé à Cizre…

Les requérants ont souligné que l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui protège le droit à la vie, a été violé pour Orhan Tunc et qu’aucune enquête indépendante n’a été ouverte sur son décès. Les requérants soutenaient qu’à cet égard, faute d’une enquête effective, l’article 13 avait été violé. Les violations de l’article 3 dues à la torture et aux traitements inhumains, de l’article 8 au respect de la vie privée et aux articles sur l’intégrité physique et le droit de recours individuel figuraient également dans l’appel, soulignant que les couvre-feux étaient eux-mêmes contraires à la CEDH.

La décision de la cour déclara que les mesures internes n’étaient pas épuisées et affirma qu’un recours individuel devant la Cour constitutionnelle était toujours possible, votant à l’unanimité pour le rejeter.

L’avocat Ramazan Demir a annoncé que la CEDH avait jugé la requête irrecevable.Trois ans se sont écoulés depuis que 137 civils kurdes ont été brûlés vifs dans les sous-sols de leurs maisons où ils étaient bloqués et ne pouvaient pas sortir du couvre-feu de 79 jours déclaré le 14 décembre 2015. Cependant, ni les familles des personnes qui ont perdu la vie, ni les habitants du district n’ont oublié les événements qualifiés par la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme (ONU) de « scène apocalyptique » et plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme avaient déclaré que ces attaques visant des civils pourraient constituer des crimes de guerre.

Certains des corps ne peuvent toujours pas être atteints dans les sous-sols, comme celui du président de l’Assemblée populaire de Cizre, Mehmet Tunç, qui a également perdu la vie dans ces sous-sols. Il avait déclaré : « Nous ne nous sommes pas agenouillés. Le reste de notre peuple devrait être fier de nous. »

Après ces massacres, les bâtiments ont été démolis, remplis de gravats à Cizre, de nouvelles unités de logement ont commencé à être construites par la TOKI (office publique de construction). La construction d’immeubles à Cizre qui sont toujours entourées de barrières et de corps encore ensevelis sous les décombres, est sur le point de se terminer.

En dépit de toutes les tentatives, de nombreuses enquêtes sur les meurtres de civils ont été refusées. La mort des civils est considérée comme légitimes car les morts ont été qualifiés d’être « membres d’une organisation illégale [PKK] ».

Lors de son audience du 13 novembre dernier, la CEDH avait entendu le point de vue du gouvernement turc et des avocats des parties. La représentante des droits de l’Homme du Conseil de l’Europe avait participé à l’audience en tant qu’intervenante et avait présenté ses observations par écrit à la cour de Strasbourg.

 

Que s’est-il passé à Cizre ?

 
Le couvre-feu déclaré par le gouvernorat de Sirnak a commencé le 14 décembre 2015 à 23h00 et a duré 79 jours, se terminant le 2 mars 2016. Le blocus de 79 jours a fait 259 morts. La plupart des 177 personnes, y compris des blessés graves, qui ont cherché refuge dans plusieurs sous-sols ont été brûlées vives par les forces turques. 92 personnes ont été enterrées dans un cimetière des inconnus, sans aucune information sur leur identité. Des dizaines de personnes ont été tuées par balles en cuisinant dans leurs cuisines, assises dans leurs salons, alors qu’elles se rendaient aux toilettes extérieures, dans la rue, etc. Pendant le blocus, aucun homme politique, y compris les élus, aucun journaliste, aucun représentant d’aucune institution n’a été autorisé à entrer à Cizre. Les annonces de départ avant le début du blocus, les tirs de mortier et d’autres moyens de pression psychologique ont forcé la population civile à émigrer, et il y a eu un grand massacre contre ceux qui n’ont pas quitté leurs foyers.
 
L’affaire des massacres devant la CEDH
 
L’affaire des massacres et des violations des droits de l’Homme dans la localité kurde de Cizre pendant les résistances pour l’autonomie gouvernementale a été entendue le 13 novembre par la CEDH. Les appels en faveur d’Omer Elci et d’Orhan Tunc, qui ont perdu la vie dans les massacres, ont été choisis parmi plus de 30 autres affaires présentées à la CEDH.
 
L’audience, qui devait durer deux heures, a duré trois heures et une brève conférence de presse a été organisée avec la participation des familles Tunc et Elci.
 
Les avocats Ramazan Demir et Newroz Uysal, Zeynep Tunc, épouse de Mehmet Tunc, qui a perdu la vie dans le massacre de Cizre, et Guler Tunc, épouse d’Orhan Tunc, qui a également perdu la vie, étaient présents à la conférence de presse. La députée HDP Ayse Acar Basaran et l’ancien député Sirnak Faysal Sariyildiz étaient également avec les familles.
 
Le gouvernement turc ne pouvait justifier ce qui s’est passé
 
L’avocat Ramazan Demir a déclaré que les appels des familles Elci et Tunc ont été choisis comme cas représentatifs parmi plus de 30 affaires présentées à la CEDH pendant et après le massacre de Cizre, et a ajouté : « Notre argument fondamental est que les forces de sécurité de l’Etat [turc] menant des opérations dans des zones résidentielles civiles et frappant ces zones résidentielles avec des armes de guerre est contraire à la loi, et n’est ni proportionnel, ni faisable, et d’aucune manière pouvait prévenir des pertes civiles comme prévu dans la Convention Européenne des droits de l’homme, Article 2 de la Protection des droits de la vie. De même, nous avons plaidé notre cause au sujet de l’injonction sur Orhan Tunc qui n’a pas été mise en œuvre. Nous avons soutenu que l’enquête (menée par la Turquie) concernant la mort d’Orhan Tunc n’était ni efficace, ni indépendante, ni neutre. »
 
L’avocat Demir a déclaré que la CEDH a posé des questions directes concernant la défense de l’Etat turc et a ajouté que le tribunal a exigé la défense concernant le caractère des « opérations », si des précautions ont été prises pour éviter les pertes civiles, comment la mort d’Orhan Tunc s’est produite et pourquoi l’injonction n’a pas été appliquée.
 
Demir a déclaré qu’ils connaissaient déjà la défense de la Turquie et a continué : « En fait, le gouvernement turc n’a pas été en mesure de fournir la plupart des réponses demandées par la CEDH. Du moins, ils n’étaient pas de la nature de ce que le tribunal exigeait, à notre avis. Les violations des droits qui ont eu lieu à Cizre ont presque toutes été exprimées. Mais nous ne pouvions pas parler de tout parce que le tribunal ne nous accorde qu’un temps limité. »
 
L’avocat Ramazan Demir a souligné qu’ils n’étaient pas en mesure de soumettre à la CEDH tous les éléments de preuve et les avis d’experts qu’ils souhaitaient, et a ajouté qu’ils ont disposé de 25 minutes.
 
Demir a déclaré qu’ils ont vu que l’Etat turc n’était pas en mesure de justifier ou d’expliquer les massacres qu’il a commis à Cizre. Demir a déclaré que l’Etat turc a donné des « réponses évasives », et a ajouté que le tribunal rendra un verdict à une date ultérieure.
 
La CEDH a demandé si les recours internes avaient été épuisés
 
Les juges du tribunal ont posé des questions aux deux parties pour savoir si les recours internes avaient été utilisés ou non et s’ils avaient été entravés. Selon les règlements de la CEDH, les recours internes doivent être épuisés sauf dans certains cas.
 
La partie turque a fait valoir que les recours internes existants étaient efficaces
 
La défense du gouvernement turc était fondée sur le fait que l’ensemble de l’affaire avait été jugé irrecevable par la CEDH. Le comité de défense turc a fait valoir que les recours internes n’avaient pas été épuisés et que l’affaire devait donc être entendue par la Cour constitutionnelle turque, en affirmant que la Cour constitutionnelle est en fait « un recours interne efficace ».
 
Les avocats soulignent que les couvre-feux ne sont fondés sur aucune loi
 
Les avocats des familles Tunc et Elci ont fait remarquer que le couvre-feu de l’époque était fondé sur la Loi administrative provinciale, qui ne prévoit pas que les gouverneurs peuvent déclarer directement les couvre-feux, mais seulement que les gouverneurs « prendront les précautions qu’ils jugeront nécessaires ».
 
Les avocats des familles Elci et Tunc ont souligné qu’en tant que tels, les couvre-feux vont à l’encontre de la constitution et du droit international, et qu’ils n’étaient « en aucun cas fondés sur des lois quelconques ».
 
Orhan Tunç aurait pu être sauvé
 
Les avocats ont souligné que Cizre avait une population de plus de 100.000 habitants et ont insisté sur les scènes de guerre où les chars tiraient sur les habitations civiles. Ils ont déclaré que les droits d’accès de la population à l’électricité, à l’eau, à la nourriture et aux médicaments avaient été entravés et que les gens ne pouvaient pas quitter leur foyer, ajoutant que dans de telles circonstances, les tribunaux nationaux ne peuvent pas être utilisés et qu’il n’y a aucune possibilité de recueillir des preuves.
 
Sur l’évaluation des avocats concernant le meurtre d’Orhan Tunc, ils ont déclaré que Tunc aurait pu être sauvé si l’Etat turc l’avait souhaité car il a perdu la vie à cause d’une ambulance qui n’a pas été envoyée. Ils ont également souligné que l’argument selon lequel une ambulance n’a pas été envoyée pour des raisons de sécurité était nul. L’ambulance a appelé Orhan Tunc alors qu’il était blessé et ne s’est pas rendu sur les lieux pour des raisons de « sécurité », et Tunc a perdu la vie à cause de l’obstruction de l’ambulance par les forces de sécurité turques.
 
Si l’on considère que le gouvernement turc n’a pas mené d’enquêtes sérieuses à ce jour, on peut constater que la position de l’Etat turc est assez faible.
  
La procédure judiciaire
 
Plusieurs recours ont été introduits devant la Cour constitutionnelle turque en 2015 et 2016 concernant les violations des droits des civils dans ces villes. Ces recours demandaient à la Cour constitutionnelle et à la CEDH d’émettre des injonctions pour éviter de nouvelles violations. La CEDH a décidé de classer les recours par ordre de priorité conformément à l’article 41 de son règlement intérieur. Le 15 décembre 2016, la CEDH a exigé la défense de la Turquie pour 34 appels représentant plus de 160 personnes au sujet des couvre-feux et a annoncé que le tribunal rendrait un verdict sur le principe de l’affaire à une date ultérieure.
 
Via les agences Mezopotamya & ANF

Des femmes envoient une lettre ouverte à Leyla Güven

« L’isolement d’Öcalan est contraire à la constitution turque et au droit international des droits de l’Homme. Ses idées ont inspiré des femmes et des hommes du Moyen-Orient à lutter pour une vie enracinée dans une démocratie de base, multiethnique, égalitaire et laïque. »
 
La « Campagne pour la paix au Kurdistan » (Peace in Kurdistan Campaign) et l’Alliance des femmes pour le Kurdistan, l’Irak et la Syrie ont écrit une lettre ouverte à la députée kurde Leyla Güven.
 
La coprésidente du DTK et députée HDP Hakkari, Guven est en grève de la faim depuis 92 jours pour exiger la fin de l’isolement du leader du peuple kurde Abdullah Öcalan.
 
Voici la lettre signée par 26 femmes universitaires, artistes, journalistes, politiciennes, activistes :
 
« Chère Leyla,
 
Nous t’envoyons la solidarité, les salutations et le respect de la Campagne pour la paix au Kurdistan et l’Alliance des femmes pour le Kurdistan, l’Irak et la Syrie.
 
Nous avons suivi les nouvelles de ta grève de la faim presque quotidiennement et nous voulons t’assurer que nous sommes à tes côtés dans ta résistance et que nous ferons tout notre possible pour te soutenir et diffuser le message que l’isolement cruel d’Abdullah Öcalan et la persécution du peuple kurde doivent cesser.
 
Ta réponse digne et forte aux actions de l’État turc est une source d’inspiration et gagne de plus en plus de soutien au Royaume-Uni. On commence à en parler aux nouvelles nationales et au Parlement britannique, ainsi qu’au sein des gens ordinaires qui ont à cœur de créer un monde meilleur et la paix au Kurdistan.
 
L’isolement d’Öcalan est contraire à la constitution turque et au droit international des droits de l’homme. Ses idées ont inspiré des femmes et des hommes du Moyen-Orient à lutter pour une vie enracinée dans une démocratie de base, multiethnique, égalitaire et laïque. En raison du respect qu’il inspire à des millions de personnes en Europe, Kurdes et non Kurdes, il est la clé d’un règlement pacifique du conflit qui sévit en Turquie depuis des décennies. Comme tu l’avais dit : « L’isolement d’Öcalan est un obstacle sur le chemin de la paix. »
 
Unis, nous vaincrons. Nous te saluons et te souhaitons paix et force.
 
Solidarité, »
 
Victoria Bridges Réalisatrice Royaume-Uni
 
Sarah Glynn Universitaire Scotland
 
Wendy Lyon Avocate Irlande
 
Maryam Ashrafi Photographe Paris
 
Gita Sahgal Directrice du Centre pour l’espace séculier
 
Jane Miller Universitaire émérite, UCL Institute of Education
 
Kariane Westrheim Universitaire Université de Bergen, Norvège
 
Présidente de l’EUTCC
 
Julie Ward, députée européenne
 
Margaret Owen Directrice des Veuves pour la paix par la démocratie
 
Sadia Hameed Porte-parole du Conseil des anciens musulmans de Grande-Bretagne
 
Emily Apple Les Canaries
 
Claud Fullwood Les Canaries
 
Frea Lockley Les Canaries
 
Eliza Egret Les Canaries
 
Margaret Gallacher UNISON Écosse
 
Patricia Ziad Artiste
 
Jocelyn Watson Écrivaine
 
Stephanie Grant Militante
 
Isabel Kaiser PHD SOAS
 
Joy Hall Universitaire
 
Sarah Parker Militante
 
Ruth Webster Gestionnaire de l’apprentissage et du perfectionnement
 
Tamsin Larby Écrivaine
 
Estella Schmid Peace in Kurdistan Campaign
 

Melanie Gingell Peace in Kurdistan Campaign

ANF

Imam Sis parle de sa grève de la faim pour la liberté kurde

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Imam Sis est en grève de la faim depuis 52 jours en solidarité avec la députée kurde Leyla Guven dans le cadre d’un mouvement mondial réclamant la fin de l’isolement d’Abdullah Ocalan, chef emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
 
Il a parlé à Steve Sweeney et Mark Campbell.
 
« Je viens d’Elbistan, à Maras (Turquie). J’ai 32 ans et je travaille dans l’hôtellerie depuis des années. Je suis arrivé au Royaume-Uni en 2004. J’ai déménagé au Pays de Galles en 2014. Je suis un militant des droits des Kurdes depuis mon arrivée au Royaume-Uni.
 
J’ai toujours été au courant de la situation des Kurdes en Turquie, mais j’ai pris davantage conscience politique de la situation des Kurdes quand j’avais 15 ans à l’école, en rencontrant des étudiants kurdes à l’université de Balikesir.
 
Je me préparais pour l’université et je les ai rencontrés à cette époque. Ils nous ont parlé de l’histoire de la lutte kurde et nous avons écouté et avons été fortement influencés.
 
J’ai été confronté à une discrimination continue en Turquie à cause de ma kurdicité et j’ai décidé de quitter le pays. Mon frère à ce moment-là a rejoint la guérilla kurde. Je suis arrivé au Royaume-Uni et j’ai commencé à étudier et à lire sur l’histoire kurde et la lutte du PKK.
 
J’ai décidé de commencer ma grève de la faim au moment de la grève de la faim de Leyla Guven; elle m’a inspiré énormément. J’ai beaucoup lu Abdullah Ocalan, qui est mon chef politique et ma volonté politique. Je veux la même chose que Leyla Guven et que tous les Kurdes veulent : briser l’isolement de notre chef, Abdullah Ocalan.
 
Parce que c’est lui qui a lancé la lutte pour l’identité kurde et la liberté kurde, c’est lui qui a sorti les Kurdes de la noirceur des politiques d’assimilation forcée du régime fasciste turc.
 
Comment pouvons-nous, en tant que Kurdes, être libres alors qu’il est isolé sur une île-prison au milieu de la mer du Bosphore ?
 
Mes demandes sont les mêmes que celles de Leyla Guven: rompre l’isolement de notre chef, Apo.
 
Le gouvernement turc enfreint ses propres lois qu’il a signées dans des traités internationaux pour permettre aux avocats et aux représentants légaux des prisonniers de rendre visite à leurs clients en prison.
 
En ce qui concerne Mehmet Ocalan (le frère d’Ocalan), l’Etat turc l’a utilisé. Ils lui ont donné un préavis très court et pensaient qu’en envoyant Mehmet Ocalan à Imrali, Leyla Guven arrêterait sa grève de la faim alors à 67 jours et attirait de plus en plus l’attention et la solidarité internationales.
 
Le même soir, ils ont envoyé des avocats à Leyla Guven dans l’espoir qu’elle rompe sa grève de la faim. Il était évident que le régime fasciste turc avait comploté pour arrêter la grève de la faim.
 
La libération de Leyla Guven faisait partie du même complot visant à briser la grève de la faim. Comme Leyla Guven l’a dit elle-même, elle n’a pas entamé sa grève de la faim pour se libérer mais pour mettre fin à l’isolement d’Abdullah Ocalan.
 
Abdullah Ocalan n’est pas seulement le leader kurde, il est également un dirigeant essentiel au Moyen-Orient pour le développement de la paix et de la démocratie.
 
Cela est évident dans le fait que les idées et la philosophie d’Abdullah Ocalan façonnent actuellement le nord de la Syrie grâce à sa philosophie de nation démocratique mise en œuvre et mise en pratique dans la Fédération démocratique du Nord de la Syrie.
 
Ses idées et sa philosophie profitent à plus que le peuple kurde. Ses idées sur la liberté des femmes libèrent les femmes du Moyen-Orient et ses idées d’écologie radicale et de représentation populaire profitent à tous, pas seulement aux Kurdes.
 
Beaucoup de camarades et d’amis ici au Pays de Galles ont déjà accompli beaucoup, en particulier de Plaid Cymru et plus particulièrement du mouvement de la jeunesse au sein de Plaid Cymru.
 
J’ai été contacté et reste en contact permanent avec la députée de Plaid Cymru, Liz Saville Roberts, qui m’a extrêmement soutenu et qui, avec Chris Stephens du SNP, a lancé l’EDM 1959 au sujet de la grève de la faim de Leyla Guven, qui mentionnait également ma grève de la faim.
 
Regardez ce que Sinn Fein a fait. Ils ont dirigé avec tous leurs réseaux, publications et médias pour soutenir notre grève de la faim.
 
La députée européenne Martina Anderson s’est rendue à Diyarbakir pour Leyla Guven et a été bousculée par l’armée turque devant la prison de Diyarbakir.
 
Elle est ensuite revenue au Parlement européen et a évoqué Leyla Guven et les grèves de la faim au Parlement européen. C’est ce que les autres partis politiques peuvent faire pour manifester leur solidarité avec Leyla Guven et les grévistes de la faim. Leyla Guven est une députée élue. Où sont tous les parlementaires solidaires de leurs collègues parlementaires ?
 
Je participe à cette grève de la faim historique depuis 52 jours. Premièrement, je tiens à dire que je me sens fort, déterminé, au moral élevé et concentré. Bien sûr, j’ai des symptômes physiques tels que j’ai perdu 11 kg de poids, mes reins sont douloureux, j’ai une sensibilité à la lumière et à l’odorat.
 
J’ai régulièrement des maux de tête, mais ces symptômes physiques ne représentent en rien ma force et ma fierté de prendre part à cette grève de la faim qui brisera sans hésiter l’isolement de notre chef Abdullah Ocalan. Je me sens libre. Je suis, sans aucune hésitation, prêt à mourir pour cette cause.
 
Je bois un verre de boisson au citron frais avec trois cuillerées de sucre et deux cuillerées de sel. Le citron est bon pour équilibrer votre tension artérielle. Je prends un comprimé de vitamine B1 et un comprimé de vitamine B12 par jour. Je bois de l’eau sucrée trois fois par jour.
 
Je veux que le peuple britannique élève plus haut sa voix pour protester contre la relation du gouvernement britannique avec la Turquie qui ferme les yeux sur les atrocités perpétrées contre les Kurdes et vend à la Turquie des armes qui sont utilisées contre mon peuple, les Kurdes.
 
Je souhaite que le peuple britannique fasse pression sur le gouvernement britannique pour qu’il arrête les ventes d’armes à la Turquie et soutienne la lutte du peuple kurde contre le fascisme de l’État turc et de Daesh (EI) en Syrie.
 
Les Kurdes sont l’une des communautés les plus anciennes de l’histoire. Cependant, jusqu’à après 1923, grâce à l’intervention d’États impérialistes, et en particulier d’États turcs, au Moyen-Orient, leur identité ethnique est niée et ils sont soumis à des massacres.
 
Le PKK a été créé en 1978 sous la direction de Abdullah Ocalan et il continue de mener la lutte pour la liberté des Kurdes pendant 40 ans.
 
Abdullah Ocalan aspire à une société libre depuis de nombreuses années. Il est en isolement cellulaire depuis 1999 et, jusqu’à récemment, il n’était pas autorisé à recevoir de visites depuis 2011.
 
Aujourd’hui est décrit comme l’âge de la démocratie, de la liberté et des droits de l’homme et pourtant les droits de l’homme fondamentaux d’Ocalan sont violés. Ses avocats se voient refuser tout contact avec lui, mais malgré ces conditions de torture, les gouvernements européens restent silencieux.
 
Le CPT (le comité pour la prévention de la torture) n’a toujours pas rempli ses critères ni rempli ses fonctions. Tout cela prouve que, même aujourd’hui, les Kurdes ne sont pas seulement privés de leur statut ethnique, ils sont également considérés comme des êtres humains qui ne valent rien et que tous leurs droits humains fondamentaux sont refusés.
 
Pour toutes les raisons susmentionnées, 300 Kurdes du monde entier ont entamé une grève de la faim illimitée.
 
Notre seule revendication – qui finira par amener l’Etat turc à mettre fin aux tueries et aux massacres commis chaque jour en Turquie et en Syrie / Rojava – est la reconnaissance des droits humains fondamentaux des Kurdes et la levée immédiate de l’isolement total d’Abdullah Ocalan. »
 

Publié en anglais sur Morning Star

Photo Mark Campbell

 

Une dirigeante kurde syrienne demande aux États-Unis de préserver son peuple d’une catastrophe

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Alors qu’Assad consolide son pouvoir, les Kurdes veulent l’autonomie dans le nord-est de la Syrie.
 
Quand Ilham Ahmed avait 20 ans, ses parents l’ont enfermée chez elle à Afrin, en Syrie, pour l’empêcher de rejoindre le mouvement féministe naissant du pays.
 
Leurs efforts ont été vains. Ahmed «a brisé le siège», comme elle le décrit, et est devenue, dans les années 1990, une militante des droits des femmes à l’Université d’Alep, où elle a étudié la littérature arabe.
 
«Ils ont abandonné», a-t-elle déclaré lors d’une interview à Washington, s’exprimant par l’intermédiaire d’un interprète.
 
Ces jours-ci, elle mène un combat plus large. En tant que coprésidente du Conseil démocratique syrien – l’organe politique des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis et ayant libéré une grande partie du nord-est de la Syrie de l’État islamique – Ahmed est aujourd’hui l’une des plus influentes femmes en Syrie. Elle est actuellement à Washington pour faire pression sur les législateurs et les responsables de l’administration américaine – y compris le président lui-même – en vue d’un retrait coordonné du pays qui garantirait le sort des Kurdes syriens assiégés.
 
L’enjeu n’est pas seulement l’avenir des Kurdes, mais de tous les Syriens, alors que le président Bachar al-Assad élimine les vestiges d’une rébellion de huit ans et tente de restaurer son pouvoir absolu à travers le pays. Assad, qui a massacré des milliers de personnes de son peuple, devrait laisser Téhéran cimenter son ancrage en Syrie, où les extrémistes conservateurs exercent déjà une influence discrète – remplaçant les mosquées sunnites locales par de nouveaux centres religieux et des sanctuaires chiites et offrant aux jeunes résidents sans emploi un salaires pour rejoindre la milice iranienne.
 
« C’est une catastrophe », a déclaré Ahmed.
 
Avant même que le président Donald Trump n’annonce, en décembre 2018, que les troupes américaines se retireraient de Syrie, les Kurdes syriens étaient déjà confrontés à une crise existentielle. La Turquie, qui considère les combattants kurdes syriens comme des terroristes, a menacé à plusieurs reprises de lancer une offensive militaire à grande échelle. Pendant ce temps, le régime Assad, qui a largement vaincu le soulèvement rebelle qui a déclenché la guerre civile de 2011, tente de reprendre le contrôle du nord-est de la Syrie, où les FDS, soutenues par une coalition dirigée par les États-Unis, luttent contre l’État islamique.
 
Vint ensuite l’annonce abrupte de Trump, à l’origine de la démission de deux des plus grands alliés des Kurdes à Washington: le secrétaire à la Défense James Mattis et Brett McGurk, l’envoyé spécial du président chargé de la coalition visant à vaincre l’État islamique. La décision a pris les Kurdes par surprise et a sapé leurs tentatives de parvenir à une solution politique favorable avec le régime d’Assad pour le contrôle du nord-est de la Syrie, a déclaré Ahmed.
 
« Bien sûr, cela a changé le processus politique », a déclaré Ahmed. Sentant la faiblesse, les nombreux adversaires du groupe ont saisi l’opportunité d’escalader leurs menaces, a-t-elle déclaré.
 
« C’est pourquoi nous disons toujours qu’il est très important de parvenir à un accord politique avant le retrait total des États-Unis. »
 
En fin de compte, les Kurdes tentent d’obtenir un résultat à la guerre civile qui leur permettrait de rester partie de la Syrie mais pas sous le contrôle d’Assad – une auto-administration, a déclaré Ahmed. Le groupe souhaite que le régime Assad reconnaisse l’administration du nord-est de la Syrie et apporte des modifications fondamentales à la Constitution syrienne, notamment en mettant en place un système parlementaire dans lequel les gouvernements locaux sont représentés. La nouvelle constitution doit également inclure l’égalité des sexes ; liberté religieuse, ethnique et culturelle ; et « le droit d’être différent », a déclaré Ahmed.
 
« Nous refusons d’être sous Assad s’ils conservent le même état », a-t-elle souligné.
 
Ahmed a appelé les États-Unis à sécuriser une zone tampon pour les Kurdes avant de se retirer complètement, mais a catégoriquement rejeté un projet de plan pour la Turquie visant à contrôler la zone. L’idée d’une zone tampon s’étendant sur 20 miles (32 km) de la frontière turque au nord-est de la Syrie a été introduite par Trump dans un tweet du 13 janvier , dans lequel il a également menacé de « dévaster la Turquie économiquement » si elle attaquait les Kurdes.
(…)
Ahmed craint que le contrôle turc de la frontière ne conduise des communautés frontalières kurdes telles que Kobanê à subir le même sort que sa ville natale, Afrin, qui a été pillée l’année dernière par des troupes soutenues par la Turquie. L’occupation turque a permis aux djihadistes de prendre le contrôle de la ville, obligeant les femmes à se couvrir les cheveux et imposant d’autres restrictions. Ahmed a déclaré que les résidents et les organisations de secours ne pourraient pas atteindre la région. Pendant ce temps, le régime d’Assad enrôle des réfugiés contre leur volonté dans l’armée syrienne.
 
« C’est un exemple de « zone de sécurité » turque », a-t-elle déclaré.
 
Une autre option consiste pour le régime Assad à imposer la zone de sécurité, mais Ahmed a déclaré que les Kurdes n’accepteraient cette proposition que si un « accord politique » satisfaisant était en place.
 
Dans l’idéal, les États-Unis ou une coalition internationale appliqueraient la zone tampon, a déclaré Ahmed, mais elle n’est pas trop optimiste pour ce résultat. L’administration Trump aurait tenté de réunir une coalition de pays occidentaux, dont le Royaume-Uni, la France et l’Australie, pour faire le travail, mais aucun pays n’a encore accepté la proposition.
 
Selon Ahmed, une incitation pour les pays occidentaux à aider à établir la zone de sécurité est que les réfugiés syriens, dont beaucoup ont fui en Europe et dans d’autres régions du Moyen-Orient, pourraient ensuite rentrer chez eux en toute sécurité.
 
Lors de son voyage à Washington, Ahmed a déclaré qu’elle avait rencontré des hauts responsables du Conseil de la sécurité nationale, du département d’État, du département de la Défense et de Capitol Hill. « Nous avons un peu d’espoir », mais de nombreux problèmes restent à résoudre, a-t-elle noté. Elle a refusé de fournir des détails sur les discussions.
 
Les FDS tentent également de trouver une solution au problème des plus de 800 combattants de l’État islamique étrangers des dizaines de pays à travers le monde qu’ils détiennent. Ahmed a déclaré que les prisonniers étaient traités avec humanité et avaient même droit à des visites d’avocats, mais jusqu’à présent, rien ne laisse présager que leurs pays d’origine les rapatrieront.
 
Robert Palladino, porte-parole adjoint du département d’Etat, a salué lundi les efforts soutenus des FDS pour renvoyer les combattants étrangers dans leur pays d’origine et a appelé ces pays à rapatrier et à poursuivre leurs citoyens.
 
« En dépit de la libération du territoire contrôlé par l’Etat islamique en Irak et en Syrie, DAESH demeure une menace terroriste importante et une action collective est impérative pour relever ce défi de sécurité internationale commun », a déclaré Palladino.
 

Un tribunal turc interdit l’accès aux articles de sites d’info relatifs à l’assassinat d’un journaliste kurde

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TURQUIE, A la demande d’un responsable militaire, un tribunal turc a décidé d’interdire l’accès à 56 sources d’info pour des articles relatifs au meurtre d’un journaliste kurde enlevé et tué par un groupe de contre-guérilla turc en 1993.
 
Ferhat Tepe, journaliste du journal kurde Özgur Gündem, aujourd’hui fermé par le pouvoir turc, a disparu le 28 juin 1993. Environ un mois plus tard, les parents de Tepe ont reçu un appel téléphonique et ont appris que la brigade turque de la vengeance (« Turk Intikam Tugayi ») avait enlevé le journaliste et listé ses demandes. Malgré les efforts déployés par le père de Tepe auprès des autorités turques, le corps du jeune journaliste a été retrouvé en août près d’un lac de la province d’Elazig, portant des traces de torture.
 
L’assassinat a eu lieu à un moment où les tensions entre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et l’armée turque dans les régions kurdes ont augmenté.
Tout au long des années 1980 et 1990, des milliers de militants des droits civiques, de politiciens et d’hommes d’affaires soupçonnés d’avoir des liens avec le PKK ont été enlevés et assassinés. Les meurtres ont été perpétrés par le réseau clandestin d’unités antiterroristes de l’armée turque, JİTEM.
 
Le 8e tribunal pénal d’Ankara a statué en faveur de la demande du commandant de brigade Korkmaz Tağma d’interdire 56 sites d’info ayant des contenus relatifs à Tepe.
Les articles parus dans des organes d’information tels que Cumhuriyet, le site de Bianet et Milliyet, entre autres, ne sont plus accessibles, selon ce rapport.
 
Tağma était connu pour sa main lourde dans ses relations avec la population locale à l’époque, se référant au père de Tepe qui a déclaré que la personne qui l’avait appelé après l’enlèvement de son fils  »avait la même voix que Tağma » et qu’il avait été menacé dans une réunion où étaient présents des responsables locaux, des forces de sécurité et Tağma. (Via AHVAL)
 
Alors que les responsables turcs se démènent pour retrouver le corps du journaliste saoudien Jamal Khashoggi et les commanditaires de cet assassinat qui a eu lieu en octobre dernier en Turquie, ils font tout pour réprimer les médias kurdes et laisser impunis les assassins des journalistes kurdes en Turquie…

VILLEURBANNE, projection/débat « Cizre : L’histoire d’un massacre »

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VILLEURBANNE – Le jeudi 21 février, l’association « Amitiés Kurdes de Lyon » vous invite à un débat précédé de la projection d’un documentaire sur le massacre des Kurdes de Cizre en 2016.
 
CIZÎR/CIZRE/DJIZRÉ : HISTOIRE D’UN MASSACRE
 
Avec la participation de Faysal SARIYILDIZ, ancien député kurde d’HDP et témoin des événements à Cizre.
 
L’été 2015 est chaud pour le Kurdistan de Turquie. La chaleur est d’abord celle de l’espoir, suite à la percée du HDP, le Parti démocratique des peuples, aux législatives du 7 juin. Mais l’espoir est vite noyé dans le feu et le sang à partir de fin juillet. Un attentat commis par un sympathisant de Daech le 20 juillet, suivi de l’assassinat deux jours plus tard de deux policiers turcs servent de prétexte à l’état turc et son maître Recep Tayyip ERDOĞAN pour reprendre la guerre contre le PKK, la guérilla kurde dont la branche syrienne a arrêté Daech en Syrie.
 
En août 2015, de nombreuses villes du Kurdistan de Turquie, dont Cizre, proclament une « autonomie démocratique », inadmissible pour l’État. Ces villes sont encerclées et bombardées par l’armée et les forces « spéciales » turques qui emploient les grands moyens (artillerie lourde, chars d’assaut). C’est la politique de la terre brûlée contre une guérilla urbaine amateure formée par des jeunes des quartiers. Dans chaque ville en guerre l’état suit la même stratégie. Un couvre-feu est annoncé pour une date très, voire trop proche et les habitants sont sommés de quitter le quartier ou la ville. Ceux et celles qui resteront seront considéré.e.s comme « terroristes » et en conséquence traité.e.s comme tel, ce qui signifie être éventuellement abattu.e.s sans jugement. Cizre subira plusieurs couvre-feux, de plus en plus violents, et à chaque fois sans foi ni loi.
 
Le documentaire « Cizre, Histoire d’un massacre » retrace l’avant et l’après du dernier couvre-feu imposé aux habitants de Cizre ainsi que le massacre en février 2016 de dizaines de civils qui avaient trouvé refuge dans les sous-sols de trois immeubles. Il nous présente les acteurs et actrices principaux qui ont perdu leurs vies dans ce massacre. Il nous parle de leurs aspirations démocratiques et nous fait sentir l’horreur de leur écrasement. C’est un travail de mémoire contre l’oubli sous lequel l’état turc veut ensevelir ses crimes contre l’humanité.
 
Le documentaire est le fruit d’un travail collectif. Le réalisateur lui-même ne fut pas présent en continuité sur les lieux du drame. Néanmoins, il a pu recueillir un nombre important de témoignages et d’enregistrements et son travail entend démonter la puissante manipulation des faits par l’État turc.
 
Le film comprend deux parties distinctes. D’abord un témoignage de la mise en place de l’autonomie démocratique dans les communes. Puis une seconde partie sur la répression, où l’on va de témoignage en témoignage des membres des familles de celles et ceux qui périrent dans les massacres. Nous pénétrons de ruines en ruines et découvrons l’horreur en même temps que les habitants de la ville.
 
Thierry LAMBERTHOD, co-président de l’association Amitiés Kurdes de Lyon
 
RDV le jeudi 21 février 2019 à 19H.
 
PALAIS DU TRAVAIL
 
9 place Lazare Goujon
 
69100 – VILLEURBANNE
 
Métro A – Arrêt Gratte-ciel

Les Kurdes de Diyarbakır sont fatigués, mais ils résistent encore

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TURQUIE – AMED – Diyarbakır (Amed), la plus grande ville kurde de la Turquie, traverse une période difficile.
 
La ville ne s’est pas remise des opérations militaires [turques] contre les militants kurdes entre décembre 2015 et mars 2016. La moitié de la vieille ville de Sur a été totalement détruite. Le couvre-feu officiel se poursuit dans six quartiers détruits de Sur. Comme personne ne vit plus dans ces zones détruites, il s’agit plus d’une interdiction d’entrée contre les Kurdes qui habitaient les lieux avant d’être chassés de forces.
 
Gültan Kışanak, élue maire de la ville en 2014, est emprisonnée depuis septembre 2016. Les maires élus des quartiers de la ville ont également été emprisonnés. La ville et ses districts sont gouvernés par des administrateurs non élus nommés par le gouvernement central.
 
Les administrateurs ont licencié des centaines de travailleurs municipaux, tandis que des centaines d’enseignants, de médecins et d’autres fonctionnaires ont été licenciés par décret gouvernemental accusant des liens avec des groupes terroristes. Des milliers de personnes – politiciens, militants, journalistes et étudiants – ont été emprisonnées. La plupart des organisations de la société civile ont été fermées par décret.
 
Près de trois ans se sont écoulés depuis les violences dans les rues et les dégâts persistent. Des intellectuels, des écrivains et de nombreuses personnes [hautement qualifiées] ont quitté la ville pour l’ouest du pays ou ont totalement quitté la Turquie. De nombreuses usines et entreprises ont été fermées. Le taux de chômage a rapidement augmenté.
 
Le mouvement kurde et les quelques ONG qui ne sont pas encore fermées organisent parfois des réunions, mais la participation est faible. La plupart des gens ont perdu confiance en la politique. Le principal parti d’opposition pro-kurde, le Parti démocratique des peuples (HDP), est toujours présent, mais subit de nombreuses pressions et n’a pas été en mesure de répondre aux besoins de ses partisans.
 
Les membres du parti sont arrêtés tous les jours et le pays connaît un grave problème de leadership. De nombreuses personnes qualifiées restent à l’écart du parti car elles ont perdu leur confiance en la politique.
 
Chaque jour, il y a de mauvaises nouvelles – détentions, arrestations et tortures. Nous essayons de vivre avec les nouvelles en attendant notre tour.
 
Pendant tout ce temps, je me demande pourquoi je vis toujours dans cette ville.
 
Je me suis posé cette question un million de fois et la réponse est simple : j’enregistre l’histoire. Quelqu’un doit être témoin. Je suis amoureuse de ma terre, du Kurdistan et de mon peuple. J’admire la lutte de mon peuple. Après un moment, j’ai commencé à me demander pourquoi tout le monde reste.
 
Mehmet, un jeune journaliste travaillant pour des médias kurdes, a répondu : « C’est ma ville. Ici je me sens plus en sécurité. Je suis allé à l’université à Ankara et j’ai toujours été confronté à la discrimination et j’ai été humilié à cause de ma langue maternelle, le kurde. Ici, la vie est dure, mais dans l’ouest de la Turquie, la vie est plus dure pour un Kurde ».
 
Fatma, une mère dont la fille a été tuée au cours des opérations militaires, a déclaré que c’était sa terre et qu’elle ne permettrait pas à l’État de la lui prendre. Ayşe, une autre femme de Sur m’a dit qu’elle n’avait pas assez d’argent pour déménager, mais si elle en avait, elle préférerait vivre dans l’ouest de la Turquie.
 
Orhan, un homme d’affaires kurde, m’a dit qu’il souhaitait que ses enfants grandissent en connaissant leur culture et leur langue. Mais il a dit qu’il était difficile de développer ses affaires ici à cause du conflit en cours. Il ne sait pas ce que l’avenir apportera.
 
Aylin, une artiste, a déclaré que son art était inspiré par ces terres et sa culture. Mais, les gens n’attachent pas d’importance à l’art au Kurdistan, a-t-elle dit en ajoutant qu’elle pourrait peut-être s’éloigner à l’avenir. Berivan a déclaré que son rêve était de vivre dans une petite ville près de la plage, dans l’ouest de la Turquie, mais qu’elle avait vécu tellement de haine, de discrimination et de racisme en raison de son identité kurde qu’elle avait abandonné ses rêves. Elle a peur de vivre dans les villes turques.
 
Berivan a déclaré : « Une vie normale me manque. Une vie dont vous ne devez pas vous soucier de demain, vous n’avez pas besoin de vous inquiéter si vous serez en prison ou non ». Azad, un jeune homme, a déclaré que la vie avait un sens ici, mais il en avait assez de vivre dans des conditions de guerre.
 
Les habitants de Diyarbakır résistent encore. La plupart d’entre eux ne prévoient toujours pas d’émigrer, mais ils sont fatigués et aspirent à une vie normale.
 

Image http://kurdishdailynews.org/2015/10/31/kurdish-capital-holds-its-breath-ahead-of-turkey-vote/

ROJHILAT : Un jeune kolbar kurde tué sous la torture

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ROJHILAT / IRAN – Le corps d’un jeune kolbar* kurde a été découvert près du village de Yarm Qieh à Maku par des villageois. Ils l’ont transféré au bureau de médecine légale de Maku qui a déclaré que le jeune homme était mort sous les coups reçus.
 
Le corps du kolbar Hossein Balkhanlou, 20 ans, originaire du village d’Adagan, a été découvert par les villageois près du village de Yarm Qieh à Maku dans la soirée du jeudi 24 janvier.
 
Selon les témoignages oculaires, les trace de torture sur le corps de ce kolbar étaient évidents. Après avoir transféré le corps de ce Kolbar au bureau de médecine légale de Maku et Orumiyeh, sa famille a appris qu’il avait été assassiné à la suite de passages à tabac.
 
Un villageois de Yarm Qieh a déclaré que les gardes-frontières irano-turcs avaient abandonné des cadavres après avoir tué des kolbars et des civils dans les zones frontalières au cours des dernières années et que les deux gouvernements refusaient d’assumer la responsabilité du meurtre de civils kurdes.
 
La source a ajouté que les forces frontalières iraniennes ont affirmé que ce kolbar avait été tué par les gardes-frontières turcs qui ont ensuite laissé son corps sur le territoire iranien. Cependant, la population locale pense que ce kolbar a été tué par les gardes-frontières iraniens.
 
*Un Kolbar ou kolber est un travailleur qui transporte des marchandises sur son dos, légalement ou illégalement, aux frontières du Kurdistan entre l’Iran, l’Irak, la Syrie et la Turquie. La plupart des kolbars vivent au Kurdistan iranien, où les provinces kurdes sont parmi les plus pauvres du pays. Cependant, les kolbars vivent également au Kurdistan turc et, dans une moindre mesure, au Kurdistan irakien. Étant donné que le travail de kolbar est généralement considéré comme illégal, les travailleurs de kolbar n’ont ni assurance, ni régime de retraite ni syndicat. Parmi les kolbars, il y a des jeunes diplômés, qui sont sans travail en raison du faible taux d’emploi dans les provinces kurdes. Selon les statistiques iraniennes, dans la province du Kurdistan, plus de vingt mille personnes dépendent du métier de kolbar pour vivre.
 

Leyla Guven bientôt citoyenne d’honneur de Paris ?

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PARIS – Le Conseil de Paris a adopté la proposition d’attribuer la citoyenneté d’honneur à Leyla Güven.

Le vœu demandant à la Ville de Paris d’attribuer la citoyenneté d’honneur à Leyla Güven avait été proposé par la conseillère de Paris, Danielle Simonnet, le 31 janvier dernier.

Maintenant, c’est la Maire de Paris, Anne Hidalgo, qui devrait dire en dernier lieu si elle accorde la citoyenneté d’honneur à Leyla Güven.

La députée kurde, Leyla Guven est en grève de la faim depuis 89 jours et dont l’état de santé a atteint un seuil critique.

Le vœu relatif au soutien à la députée du HDP Leyla GÜVEN, et à tout-e-s les prisonnier-ière-s politiques en Turquie publié (ici)

« Sur proposition de Danielle Simonnet le Conseil de Paris émet le voeu :
– que la maire de Paris décide de placer la député du HDP Leyla Güven sous la protection symbolique de Paris en la faisant citoyenne d’honneur de la Ville ;
– que la maire de Paris demande au Chef de l’Etat et au Gouvernement français d’intervenir auprès de la Turquie pour mettre fin aux pratiques d’isolement carcéral généralisé et plus globalement, aux privations et aux actes de tortures ;
– que la maire de Paris demande au Chef de l’Etat et au Gouvernement français d’agir en faveur de la libération des milliers de prisonniers politiques en Turquie ;
– que la maire de Paris demande au Chef de l’Etat et au Gouvernement de tout mettre en œuvre pour que l’Union européenne retire ​le PKK de la liste des organisations terroristes ;
– que la maire de Paris demande au Chef de l’Etat et au Gouvernement français d’œuvrer au niveau international, en lien avec les parties concernées, à une solution politique négociée reposant notamment sur la libération du leader du PKK Abdullah Öcalan et la reprise des négociations entre les autorités turques et le PKK, interrompues brutalement par RT Erdogan en 1995. »

 

L’état de santé de Leyla Guven a atteint un seuil critique

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TURQUIE – AMED – Leyla Guven a commencé à avoir de sérieuses complications alors que sa grève de la faim dure depuis 89 jours. Guven ne peut pas marcher toute seule, a des crampes d’estomac et a de la difficulté à boire des boissons sucrées ou autres. Les professionnels de la santé avertissent que « des complications indésirables peuvent survenir ».
 
Les problèmes de santé de Leyla Guven, coprésidente du Congrès de la société démocratique (DTK) et députée du Parti démocratique des peuples (HDP) Hakkari, ont atteint des niveaux critiques au 89e jour de sa grève de la faim, alors qu’elle exige la fin de l’isolement imposé au dirigeant du peuple kurde Abdullah Ocalan.
 
Guven souffre d’une grave hypotension artérielle, de graves problèmes de fatigue et de sommeil, de crampes d’estomac et a de la difficulté à garder les boissons qu’elle boit. Sa sensibilité aux lumières et aux odeurs s’est accrue. Guven souffre de douleurs musculaires et ne peut pas marcher seule Elle a perdu 11,5 kilos à ce jour.
 
Des complications indésirables peuvent survenir
 
Ses médecins lui ont expliqué les raisons de ses douleurs musculaires et ont déclaré : « Dans les grèves de la faim, le corps décompose d’abord les glucides, puis la graisse, ce qui provoque la perte de poids initiale. Comme la grève de la faim continue, le corps commence à décomposer le tissu musculaire pour utiliser la protéine. Les douleurs musculaires de Mme Leyla Guven au 89e jour de sa grève de la faim suggèrent que la dégradation des protéines dans les muscles a commencé, ce qui signifie que sa santé pourrait changer radicalement en peu de temps et que des situations indésirables pourraient survenir. »
 
 

La Turquie forme des enseignants «syriens» à l’école islamique turque d’Afrin

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AFRIN – La Turquie intègre rapidement les territoires syriens sous l’occupation militaire turque à sa propre structure étatique en nommant des fonctionnaires, en adaptant les programmes scolaires, en gérant les systèmes judiciaires locaux et en mettant en pratique un programme islamique sunnite dans ces régions, comme le rapportent des médias gouvernementaux turcs.
 
Le 29 janvier, l’agence de presse officielle Anadolu a annoncé que le gouverneur de la province d’Hatay s’était rendu dans une sorte de lycée islamique turc, connu sous le nom d’école « Imam Hatip », pour rencontrer des enseignants « syriens » en formation avant qu’ils soient nommés dans des écoles de la région kurde d’Afrin, juste de l’autre côté de la frontière syrienne.
 
Anadolu a écrit que les enseignants de l’école religieuse étaient chargés d’enseigner en turc une fois envoyés à Afrin, une zone que l’armée turque et ses mercenaires syriens ont envahi il y a un an.
 
Un autre rapport daté du 17 janvier a révélé que la Turquie avait ouvert au moins une école Imam Hatip à Afrin qui dispensait un enseignement islamique en turc et en arabe.
 
Un haut responsable du ministère turc de l’Education nationale a été photographié en train de distribuer des bulletins scolaires aux élèves adolescentes en hijab lors de la cérémonie des vacances d’hiver.
 
Selon le responsable, il y avait 243 écoles primaires et secondaires à Afrin gérées par la Turquie. La Turquie contrôle également les programmes des centres éducatifs d’autres villes, comme Azaz, Jarablus et al-Bab, dans le nord-ouest de la Syrie occupée par la Turquie.
 
On savait que la Turquie dirigeait les affaires éducatives à Afrin depuis que le président Erdogan lui-même avait annoncé l’année dernière que son gouvernement nommerait des enseignants et des religieux, mais l’existence d’une école religieuse turque n’avait pas encore été rendue publique.
 
Les Imam Hatips sont des écoles financées par les contribuables où les étudiants sont formés pour devenir des religieux sunnites dans plus de 90 000 mosquées en Turquie et à l’étranger, y compris en Amérique et en Europe, administrées par la Diyanet, la direction islamique officielle du pays.
 
Sabah, un journal résolument pro-gouvernemental, a rapporté le 18 janvier qu’Ankara avait également nommé cinq muftis et 299 employés de Diyanet dans les mosquées qu’il construisait ou réparait à Afrin.
 
Le même journal a rapporté que le ministère turc de l’Intérieur et sa direction générale de la sécurité, qui entretient la police nationale, ont créé un « groupe de travail sur la Syrie » qui « conseillait » des groupes avec les milices de l’Armée syrienne libre (ASL) partageant le contrôle d’Afrin avec la Turquie.
 
« Le groupe de travail a commencé à installer un système de surveillance électronique pour la sécurité de la ville », a-t-il déclaré.
 
La Turquie a lancé l’invasion d’Afrin en janvier 2018 au motif que l’administration kurde autoproclamée avait créé une « entité terroriste » mettant en danger son unité territoriale.
 
Au cours d’un intense bombardement aérien et terrestre de deux mois, quelque 160 000 personnes ont dû quitter leurs maisons et leurs villages jusqu’à ce qu’Afrin soit finalement tombée aux mains de l’armée turque et de l’ASL.
 
Le président Erdogan a promis « de rendre Afrin à ses propriétaires légitimes », ce qui, a-t-il dit, n’étaient pas des Kurdes. Depuis, la Turquie a installé à Afrin des milliers de familles arabes et milices islamistes du sud de la Syrie grâce à un accord avec la Russie
 
Depuis lors, la Turquie a de plus en plus tendance à faire ressembler Afrin, ainsi que d’autres régions sous son occupation, au nord de Chypre qu’elle a envahie en 1974.
 
La communauté internationale, les puissances mondiales et l’ONU ont peu réagi sur le statut des régions syriennes envahies par la Turquie.
 
Parmi les nations étrangères qui maintiennent une présence militaire en Syrie – y compris les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, la Russie et l’Iran – la Turquie est le seul pays à déployer son drapeau dans des locaux non militaires, tels que des écoles, des hôpitaux, des mosquées ou d’autres sites tels que des places centrales ou même des collines à la campagne.
 

Qui va protéger les Kurdes de Syrie ?

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Cela fait un an que le canton kurde d’Afrin, en Syrie, est sous l »occupation de l’armée turque et de ses mercenaires islamistes.
 
Depuis le début de l’occupation, les forces turques et les milices ont poursuivi une politique raciste et assimilationniste qui ne peut être comprise que comme une ingénierie sociale destinée à créer une identité nationale hégémonique et monolithique.
 
La rhétorique agressive d’Ankara à l’égard des Kurdes, en Turquie et en Syrie, est présentée sous le couvert de la sécurité nationale turque. En 2016, Ankara a profité du coup d’État manqué, que le président Erdoğan a appelé un don de Dieu, pour déclarer l’état d’urgence et tenter d’écraser tous les opposants et rivaux politiques au nom de la sécurité nationale.
 
Le juriste et politologue allemand Carl Schmitt définit l’état d’exception (c’est-à-dire l’état d’urgence) comme un moment où la règle de droit devient inutile dans l’intérêt public et national.
 
Dans son dernier rapport annuel sur la Turquie, Human Rights Watch, militant américain des droits de l’homme, a déclaré que le nouveau système présidentiel manquait de mécanismes de contrôle suffisants contre les abus de pouvoir, réduisait considérablement les pouvoirs du parlement et consolidait le contrôle présidentiel de la plupart des nominations à la justice.
 
Erdoğan a purgé les institutions légales, supprimé les libertés et arrêté les rivaux politiques, transformant le pays en prison pour quiconque s’exprime d’une voix opposée. Sur cette base, il est irrationnel de faire référence à la sécurité nationale pour justifier des violations des droits de l’Homme en Turquie et à Afrin.
 
Depuis un siècle, tous les partis politiques au pouvoir ne contestent pas le caractère hautement centralisé de l’État-nation turc, à l’exception du président Turgut Özal, décédé en 1993 au cours de négociations politiques avec Abdullah O, dirigeant du Parti des travailleurs du Kurdistan.
 
Özal a cherché à mettre en place une alliance avec les Kurdes du nord de l’Irak, et peut-être de la Syrie, en garantissant les droits des Kurdes par le biais d’une autonomie décentralisée.
 
En 2016, Erdoğan a commencé à parler d’ étendre les frontières de la Turquie à ce qu’il a dit être celles qui ont été définies dans le Pacte national (Misak-ı Milli), un accord de 1920 conclu entre des nationalistes turcs qui définissait ce qu’ils espéraient être les frontières du nouveau pays. émergerait après la chute de l’empire ottoman. Les nationalistes envisageaient un pays qui inclurait la Turquie actuelle ainsi que la province ottomane de Mossoul en Irak et une grande partie du nord de la Syrie, deux régions où vivent de nombreux Kurdes.
 
Contrairement à Özal, dont le but était d’associer les Kurdes de Syrie et d’Irak à une alliance, Erdoğan a tenté de déplacer des Kurdes d’Afrin et de les remplacer par des groupes extrémistes sunnites et arabes. Aujourd’hui, le président turc a proposé de créer ce qu’il appelle une zone de sécurité du côté syrien de la frontière turque, à l’est de l’Euphrate. Erdoğan a l’intention d’occuper le nord de la Syrie et de concrétiser le pacte national qui détruit l’administration, basée sur l’égalité des sexes, la coexistence et la démocratie.
 
L’occupation d’Afrin par la Turquie peut être considérée comme le premier pas vers la réalisation du pacte national. Depuis le début de l’occupation, l’État turc a systématiquement appliqué des politiques de déplacement forcé visant à éliminer l’identité kurde d’Afrin et à peupler la région avec des Arabes sunnites syriens sous prétexte de réinstaller des réfugiés et des personnes déplacées syriens.
 
Pour atteindre cet objectif, l’Etat turc a adopté un processus en deux étapes. La première étape consiste à recruter des non-Turcs, principalement des Arabes sunnites et des extrémistes islamistes étrangers, comme ceux d’Asie centrale.
 
À l’instar de l’Empire ottoman, la Turquie a utilisé cette tactique pour tenter d’ingénierie sociale dans un pays que les nationalistes, y compris Erdoğan, définissent comme étant composé « d’une nation, d’un drapeau, d’une religion et d’une langue ».
 
Ensuite, Ankara et les milices qu’elle soutient érodent l’identité kurde d’Afrin en éliminant les institutions de langue kurde et en enseignant le turc à la place. Afin de déraciner la mémoire de la culture kurde, ils ont détruit des monuments et enlevé les symboles kurdes.
 
En Afrin, la Turquie cherche à anéantir des systèmes culturels, économiques, éducatifs et politiques locaux qui reflètent la culture de sa population kurde. Peut-être que sans l’état de droit en Turquie, l’Etat turc ne pourrait pas tenter de rendre ces changements assimilationnistes et démographiques à Afrin.
 
Le peuple kurde opprimé d’Afrin a cherché en vain des mesures juridiques susceptibles de dissuader ces politiques. Leur situation fait penser à la phrase latine Homo sacer (« homme sacré »), qui fait référence à un peuple maudit séparé de la société normale.
 
Pour une raison inexplicable, les Kurdes d’Afrin semblent avoir été exclus du cadre des droits de l’Homme et de la protection juridique internationale du XXIe siècle.
 
02 février 2019