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Dicle – Fırat : Création d’une association kurde de journalistes

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TURQUIE / BAKUR – AMED – L’Association des journalistes Dicle-Fırat (DFGD) a été créée dans la ville kurde d’Amed lors d’une conférence de presse. Cette nouvelle association de journalistes voit le jour alors que la presse kurde est plus que jamais dans le viseur du pouvoir turc.
 
Dicle Müftüoğlu et Serdar Altan, coprésidents de l’association Dicle-Fırat [les noms des fleuves Tigre et Euphrate qui traversent le Kurdistan], ont déclaré avoir créé l’association pour défendre les valeurs professionnelles et les droits des journalistes. Le représentant de l’Union des journalistes de Turquie (TGS), Mahmut Oral, a rejoint les journalistes lors de la conférence tenue à Amed [Diyarbakir].
 
Müftüoğlu a attiré l’attention sur le fait que la répression et la pression sur les journalistes ont considérablement augmenté. « Le nombre de descentes a augmenté et le travail sur le terrain pour les journalistes est devenu presque impossible. Les journalistes qui prennent un microphone et une caméra et vont après les informations sont confrontés à de nombreux défis (…). Aucun journaliste qui a franchi la ligne tracée par le gouvernement n’a la possibilité de travailler confortablement. Les journalistes qui ne font pas partie des médias au pouvoir sont soit empêchés de suivre les informations, soit menacés de détention lorsqu’ils apparaissent sur le terrain, » a-t-elle déclaré.
 
Müftüoğlu a également évoqué le nombre de journalistes dans les prisons et a déclaré : « La Turquie est l’un des premiers pays en matière de journalistes en prison. Plus de 100 travailleurs de presse sont désormais privés de liberté. La raison de l’arrestation de journalistes est exclusivement leurs activités professionnelles. Nous avons des collègues envoyés en prison même pour avoir partagé leurs informations sur les réseaux sociaux. Comme on l’a vu dans le cas de notre collègue Aziz Oruç qui a été arrêté le mois dernier, les journalistes sont facilement qualifiés de « terroristes ». « 
 
Müftüoğlu a réitéré son appel à libérer Aziz Oruç et tous les journalistes détenus. Elle a partagé les données suivantes du rapport de 2019 sur les violations des droits des journalistes :
 
– Journalistes mis en détention: 75
– Des journalistes ayant eu une perquisition chez eux : 17
– Journalistes incarcérés: 24
– Journalistes attaqués: 14
– Journalistes empêcher de couvrir l’actualité : 44
– Des journalistes ayant une enquête judiciaire contre eux: 33
– Journalistes actuellement en procès : 477
– Journalistes condamnés: 72
– Journalistes expulsés du pays: 2
– Nombre de journalistes emprisonnés: 130
 

Le Moyen-Orient redevient une poudrière

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Alors que le Moyen-Orient est secoué par de multiples conflits, l’assassinat d’un général iranien par les États-Unis à Bagdad remet le feu aux poudrières. En effet, l’interminable guerre syrienne où les forces turques et leurs alliés essayent de garder les régions du nord de la Syrie, dont le canton kurde d’Afrin, Azaz, al-Bab, Serekaniyê… sous leur occupation et de les annexer à la Turquie à terme, d’un côté, les manifestations en Irak et en Irak hostiles à leurs dirigeants et le régime autoritaire turc essayant de se maintenir au pouvoir par la peur et la répression de l’autre côté, le Moyen-Orient n’avait jamais été aussi explosif. Le meurtre de Suleimani ne fait qu’aggraver la situation.
 
Le général iranien Qassem Suleimani a été tué par les États-Unis à Bagdad. Cette attaque aura un effet de séisme au Moyen-Orient. Les États-Unis ont appelé les citoyens américains à quitter l’Irak. L’armée du Mahdi* a été réactivée, tout comme les milices pro-iraniennes.
 
Le général Qassem Suleimani, chef de la force Quds des Gardiens de la révolution, est mort lors d’une attaque lancée par les États-Unis contre l’aéroport de Bagdad.
 
Selon le Pentagone, le président américain Donald Trump a ordonné l’attaque du convoi de Suleimani le 2 janvier.
 
En plus de Suleimani, le commandant de Hashdi Shabi Abu Mahdi al Muhandis est décédé lors de cette attaque. Les deux hommes voyageaient dans le même véhicule. Un deuxième véhicule dans lequel voyageaient les gardes de Hashdi Shabi a été bombardé et au moins 8 personnes ont été tuées.
 
Le département américain de la Défense a déclaré que l’attaque était une mesure dissuasive pour protéger le personnel américain à l’étranger. « Cette frappe aérienne vise à dissuader l’Iran de tout projet d’attaque à l’avenir », a déclaré le ministère de la Défense.
 
Au cours de la longue carrière militaire d’Qassem Suleimani, le Moyen-Orient s’est vu jonché de cadavres.
 
L’attaque est survenue à un moment où l’Irak était déjà au bord d’une guerre par procuration totale et quelques heures après un siège de deux jours de l’ambassade américaine à Bagdad par une foule de militants pro-iraniens et de leurs partisans. Le Pentagone a accusé Suleimani d’avoir organisé l’attaque de la foule.
 
Réactions de l’Iran
 
Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a déclaré qu’une vengeance sévère attendait les «criminels» qui ont tué Soleimani. « Sa mort, bien qu’amère, doublerait la motivation de la résistance contre les Etats-Unis et Israël », a-t-il dit.
 
Dans une déclaration diffusée par la télévision d’État, il a appelé à trois jours de deuil national.
 
Le président Hassan Rouhani a déclaré que l’assassinat rendrait l’Iran plus décisif dans sa résistance aux États-Unis, tandis que les gardiens de la révolution iraniens ont déclaré que les forces anti-américaines exigeraient une vengeance dans le monde musulman.
 
Le Premier ministre irakien, Adel Abdul Mahdi, a condamné ces meurtres comme une violation des conditions de la présence militaire américaine en Irak et un acte d’agression qui a violé la souveraineté de l’Irak et conduit à la guerre.
 
Réactions des sénateurs américains
 
Selon un représentant démocratique, le Congrès n’a pas été informé de cette attaque. «Le président Trump entraîne notre pays dans une guerre illégale avec l’Iran sans l’approbation du Congrès», a déclaré le sénateur démocrate Tom Udall.
 
 
*L’Armée du Mahdi, est une milice chiite créée en 2003 et dirigée par le leader chiite radical Moqtada Sadr.

« La Turquie veut faire d’Afrin un petit État terroriste au nom de l’islam »

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« Nous appelons le monde entier à s’opposer à l’État turc dirigé par Erdoğan, qui fournit une base pour les terroristes et les envoie en Libye, en Europe et dans d’autres pays. Nous demandons à l’État syrien, compte tenu des empiétements sur sa souveraineté, de s’acquitter de ses obligations constitutionnelles et nationales et de traduire les crimes commis contre les ressortissants syriens devant les tribunaux internationaux. »
 
SYRIE / ROJAVA – Le TEV-DEM prévient que la Turquie veut faire du canton kurde d’Afrin un petit État terroriste au nom de l’islam « où des terroristes sont entraînés et envoyés dans le monde ».
 
L’organisation faîtière de la société civile TEV-DEM (Mouvement pour une société démocratique), fondée au Rojava en 2011, attire l’attention sur la situation dans la région d’Afrin, dans le nord de la Syrie qui est occupée par la Turquie depuis deux ans, et appelle à une action urgente.
 
Voici le communiqué de TEV-DEM :
 
« Il existe des accords internationaux sur la fuite et les déplacements forcés, selon lesquels il est illégal d’expulser des groupes de personnes de leurs maisons. Il s’agit également des crimes de guerre, des génocides et des crimes contre l’humanité. Le 49e article de la quatrième Convention de Genève, adopté en 1949, interdit l’expulsion d’individus et de peuples dans les conflits armés.
 
Les crimes doivent être documentés et punis
 
Les actions de l’État turc à Afrin et dans d’autres régions violent les frontières syriennes et constituent un crime de guerre au regard du droit international. Pour cette raison, les crimes de la Turquie doivent être documentés et traduits devant les tribunaux internationaux. Le changement démographique à Afrin et dans les autres régions constitue un génocide ethnique. Les personnes qui ont fui Afrin vivent dans des conditions difficiles à Shehba et ne reçoivent aucun soutien d’aucune institution internationale. Toutes les organisations internationales observent ce qui est fait aux personnes qui ont combattu le terrorisme et l’ont vaincu pour le monde entier.
 
Afrin annexé et transformé en centre terroriste ?
 
L’État turc n’adhère même pas aux normes juridiques internationales fondamentales. Il s’agit d’une violation du droit international lorsqu’un État détruit des sites historiques, la nature, l’histoire, les traditions et les coutumes sur un territoire qu’il occupe. L’intention de l’État turc est claire. Il veut séparer Afrin de la Syrie et l’annexer. Si un État occupe des parties d’un autre État et procède à un échange de population, c’est un crime de guerre contre l’humanité.
 
Il y a 18 millions d’oliviers dans la région d’Afrin. Ils sont le symbole et la principale source de revenus de la population locale. Ces arbres sont abattus pour chasser la population. Des oliveraies entières sont brûlées. Dans le même temps, des biens culturels historiques sont volés et emmenés en Turquie ou dans des zones contrôlées par des organisations terroristes radicales.
 
Le régime terroriste en Turquie veut faire d’Afrin un petit État terroriste au nom de l’islam. Afrin est destiné à devenir un centre où les terroristes sont formés et envoyés dans le monde. Cela vise à faire chanter l’Europe et les pays arabes. Comme la Libye, Afrin est joué comme un atout dans les pourparlers avec d’autres pays.
 
Droit international et obligations éthiques de la communauté internationale
 
Par son silence sur cette question, la communauté internationale se rend complice des crimes turcs. Nous appelons la communauté internationale à s’acquitter de son obligation légale et éthique. En tant que TEV-DEM, nous considérons que les Nations Unies et la Russie sont directement responsables des crimes de guerre à Afrin. Nous appelons le monde entier à s’opposer à l’État turc dirigé par Erdoğan, qui fournit une base pour les terroristes et les envoie en Libye, en Europe et dans d’autres pays. Nous demandons à l’État syrien, compte tenu des empiétements sur sa souveraineté, de s’acquitter de ses obligations constitutionnelles et nationales et de traduire les crimes commis contre les ressortissants syriens devant les tribunaux internationaux.
 
Nous appelons le peuple à continuer de protester contre l’occupation et à exiger la paix partout. Il n’y a pas d’autre moyen que de lutter contre le fascisme de l’État turc dirigé par le sultan des terroristes, Erdoğan. »
 
 

PARIS. Marche blanche le 9 janvier en hommage aux 3 femmes kurdes assassinées en 2013

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PARIS – Les trois militantes kurdes, Fidan Dogan, Sakine Cansiz et Leyla Saylemez ont été assassinées le 9 janvier 2013 à Paris. Le Mouvement des femmes kurdes en Europe (TJKE) appelle à participer à la marche blanche organisée le jour de l’assassinat des trois kurdes.
 
Le TJKE a déclaré dans son communiqué :
 
« 7 ans: Stop l’injustice ! Stop aux féminicides !
 
En hommage à Sarah [Sakine Cansiz], à Hevrin [Hawrin Khalaf], nous sommes en lutte !
 
Nous sommes debout pour demander justice ! »
 
MARCHE BLANCHE
Le jeudi 9 janvier 2020
12h00 – 16 rue d’Enghein – Paris 10
jusqu’au 147 rue Lafayette [le lieu du triple assassinat]
 
MANIFESTATION Européenne
Le samedi 11 janvier 2020
10h30 – Paris – Gare du Nord

« Appel à la justice après sept ans d’impunité: assez c’est assez! »

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PARIS – Il y a sept ans, Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Şaylemez, trois militantes kurdes, ont été assassinés à Paris. Jusqu’à aujourd’hui, personne n’a été poursuivi pour ce tripe assassinat, dont la culpabilité des services secrets turcs est décriée par les Kurdes.

Le mouvement des femmes kurdes en Europe (IRKWM) appelle à une manifestation à Paris le samedi 11 janvier 2019 afin que la France daigne résoudre cette affaire après 7 ans d’inaction. (Une marche blanche est prévue également, le jeudi 9 janvier à 12h, au16 rue d’Enghein, Paris 10. Elle se terminera devant le 147 rue Lafayette, le lieu du triple assassinat.)
 
Voici le communiqué d’IRKWM :
 

« Le 9 janvier 2013, à Paris, trois camarades kurdes ont été assassinées par l’État fasciste turc. C’est avec respect et gratitude que nous rendons hommage à Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Şaylemez, lâchement abattues dans cette attaque inhumaine que nous condamnons fermement.

Ces trois pionnières, révolutionnaires et créatrices de notre lutte pour la liberté des femmes, qui est née au Kurdistan et qui est aujourd’hui universelle, ont été massacrées avec l’aide, sale et sournois, des forces du système capitaliste, un système représentant la mentalité patriarcale.
A travers leur mode de vie, leurs idées, leurs pensées ainsi que leurs luttes, Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Şaylemez sont devenues les représentantes de la quête d’une vie libre et égalitaire. Elles sont devenues, comme leurs prédécesseurs Leyla Qasim*, Zarife*, Rosa Luxembourg, Clara Zetkin, des ambassadrices de la figure féminine.
Le massacre de ces trois grandes femmes révolutionnaires kurdes a été perpétré dans le cadre de la politique de génocide, de déni et d’occupation imposée au peuple Kurde par l’État colonial turc et le dictateur fasciste Erdoğan. Le peuple et les amis du peuple kurde ont révélé les auteurs de ce massacre qui a eu lieu à Paris. Cependant, la justice française n’a toujours pas assumé sa responsabilité en
demandant des comptes aux commanditaires de ce massacre. Le mécanisme de justice de l’État français n’a toujours pas élucidé ce crime.
Tout comme la France et l’UE sont complices en gardant le silence sur ce massacre, aujourd’hui, le silence des États comme les États-Unis et la Russie face à l’invasion, aux massacres, aux pillages, aux attaques et aux génocides perpétrés contre la révolution du Rojava
par la Turquie et ses mercenaires de Daesh ne fait plus aucun doute sur la complicité de ces derniers. L’État turc colonialiste et le régime fasciste d’Erdogan mènent une politique génocidaire envers les peuples kurde, arabe, arménien, syriaque, turkmène et surtout envers les femmes. La cible principale de ces attaques est la révolution des femmes, la révolution pour la liberté et la démocratie au Rojava. Les meurtres d’Hevrin Khalef, coprésidente duparti « Avenir de la Syrie », d’Amara Renas [combattante des YPJ], de la mère Aqide, nous ont été infligés, à nous les femmes, dans la continuité du massacre de Paris. Ces attaques contre les femmes qui résistent, s’organisent et prennent conscience d’une vie libre, démocratique et égalitaire se poursuivent sous les yeux de tous, comme un génocide imposé à toute l’humanité.
Nous, femmes du Kurdistan, du Moyen-Orient, d’Europe, d’Amérique, d’Asie et d’Afrique, nous ne sommes pas restées silencieuses contre ces massacres hier et nous ne le resterons pas aujourd’hui. Nous avons demandé et nous continuerons à demander des comptes à tous ceux qui se sont tus et ont été complices aux massacres de Sakine, Fidan, Leyla, Hevrin, Amara, la mère Aqide et beaucoup d’autres encore. Nous élevons notre voix et exprimons notre colère en universalisant notre lutte pour la liberté des femmes. Avec l’esprit et la résistance des femmes telles que Sakine et Hevrin, nous construisons notre société libre et démocratique. Nous renforçons notre résistance en agissant partout. Nous sommes déterminées à poursuivre notre engagement pour être dignes des femmes pionnières, qui paient pour la liberté de nos peuples et des femmes du monde. Sur cette base, à l’occasion du 7 ème anniversaire du massacre de Paris, nous clamons haut et fort : « A l’instar de Sara, d’Hevrin et toutes les autres, nous sommes en résistance pour la liberté! Nous sommes debout pour la justice ! ». Cette année, nous continuerons notre quête de justice avec le slogan « STOP aux 7 années d’impunité ! ». A cette occasion, nous nous prosternons une fois de plus devant la mémoire de Sakine, Fidan, Leyla, Hevrin, Amara et de la mère Aqide. Soyons à Paris le 11 janvier pour demander des comptes aux responsables du massacre de Paris et aux forces du système dominé par les hommes qui ont attaqué la révolution des femmes au Rojava.
LA FEMME, LA VIE, LA LIBERTÉ ! »
Le Mouvement des femmes Kurdes en Europe (TJKE)
 
* Leyla Qasim a été exécutée à Bagdad en 1974. Elle a déclaré au juge: « Tuez-moi – mais vous devez également savoir qu’après ma mort, des milliers de Kurdes se réveilleront de leur sommeil profond. Je suis heureuse de mourir avec fierté pour un Kurdistan indépendant ! Elle avait également mené des campagnes pour que les femmes participent à la lutte.
 
** Zarife a joué un rôle majeur dans le soulèvement de Dersim dans les années 1930. Elle est considérée comme étant la première femme kurde à avoir pris les armes contre l’occupation turque.
 
Via ANF

Insister sur la démocratie contre le fascisme turc : le bilan de 2019

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Cette année, la question kurde au Moyen-Orient a de nouveau été inscrite à l’ordre du jour international. Sa solution, qui ressemble à celle d’un nœud gordien, continue d’impliquer une démocratisation de la région.
 
Pendant longtemps, la société kurde a été considérée comme un facteur potentiel d’instabilité dans les quatre Etats-nations entre lesquels leur patrie est divisée. Depuis leur fondation, les Etats de Turquie, d’Iran, d’Irak et de Syrie, presque tous issus du Traité de Lausanne après la Première Guerre mondiale en 1923, ont chacun été confrontés à leur propre « question kurde », qui était traitée comme un risque permanent pour la sécurité par les autorités étatiques respectives et donc également considérée comme un facteur d’instabilité par la communauté internationale des Etats. Ce point de vue a encore été exprimé récemment par le ministre russe des affaires étrangères lors des Dialogues internationaux sur la Méditerranée à Rome en décembre 2019, lorsqu’il a déclaré que la « question kurde est une véritable bombe pour toute la région ».
 
Cependant, les bouleversements et les crises auxquels le Moyen-Orient a été confronté au cours des dernières décennies ont modifié durablement le rôle de la société kurde dans la région. En particulier, la poursuite des guerres civiles en Irak et en Syrie a déjà fait des Kurdes un facteur d’influence important. En outre, il devient de plus en plus évident que le mouvement de libération kurde est l’un des rares acteurs politiques de tout le Moyen-Orient qui, malgré toutes les tendances opposées, promeut et défend le modèle d’une démocratie progressive.
 
La Turquie : La résistance dans une dictature
 
La première moitié de 2019 au Kurdistan a été marquée avant tout par les grèves de la faim contre l’isolement d’Abdullah Öcalan et pour des négociations démocratiques afin de résoudre les questions sociales en Turquie. Pendant des mois, ces activités ont maintenu la société et le peuple kurdes en solidarité dans le monde entier. Mais les grèves de la faim et la résistance sociale qui s’est formée autour des militants impliqués ont finalement conduit à la fin de l’isolement sur l’île-prison d’Imralı. La situation de Leyla Güven, députée kurde et coprésidente du Congrès de la Société Démocratique (DTK), une organisation qui chapeaute la société civile kurde, qui a entamé la grève de la faim à la prison d’Amed (Diyarbakır), était et continue d’être symbolique de la situation générale des politiciens et des militants kurdes en Turquie.
 
Le résultat de cette résistance collective a été significatif. Pour la première fois depuis environ huit ans, les avocats du représentant kurde Abdullah Öcalan ont pu rendre visite à leur client sur Imralı. La première visite sur l’île dans la mer de Marmara a eu lieu le 2 mai 2019. Par la suite, lors d’une conférence de presse le 6 mai, ses avocats ont lu un message de Imralı, qui a été signé par Öcalan lui-même et ses trois codétenus. Il s’agissait, en somme, d’une offre de paix à l’État turc. Ce message soulignait entre autres la nécessité urgente de négociations démocratiques pour la résolution des problèmes sociaux en Turquie et au Moyen-Orient. Avec le plan en sept points d’Abdullah Öcalan, la partie kurde a une nouvelle fois démontré sa volonté de trouver une solution démocratique aux questions sociales en Turquie, en particulier à la question kurde. Ce n’est pas nouveau. Depuis les années 1990, Öcalan a renouvelé à plusieurs reprises ses offres de négociation, mais celles-ci sont tombées dans l’oreille d’un sourd de la part de l’État turc.
 
Outre les actions de grève de la faim, les élections locales du 31 mars 2019 et la répétition de l’élection du maire à Istanbul le 23 juin 2019 ont été d’une importance décisive du point de vue de la politique intérieure. Avec la défaite du gouvernement dans les deux cas, l’équilibre des pouvoirs en Turquie et au Kurdistan, qui était dans l’impasse depuis des années et qui avait favorisé le gouvernement de l’AKP, s’est modifié. Pendant les élections, le Parti démocratique des peuples (HDP) a agi comme une « force invisible » dans les grandes métropoles occidentales de Turquie, conformément à la tactique électorale du parti qui consiste à « gagner au Kurdistan et perdre à l’Ouest ». Des villes comme Ankara, Izmir, Adana, Mersin, Antalya ou Hatay ont été gagnées par l’ « Alliance de la Nation » (en turc : Millet İttifakı), qui est principalement soutenue par le Parti Républicain du Peuple (CHP) et le Bon Parti (İyi Parti). Le fait que le HDP n’ait pas désigné ses propres candidats dans ces villes a porté un coup sévère à l’ « Alliance du peuple » (en turc : Cumhur İttifakı), l’alliance électorale au pouvoir du Parti de la justice et du développement (AKP) et du Parti du mouvement nationaliste (MHP) d’extrême droite. L’importance stratégique du vote kurde a été particulièrement remarquable.
 
Le 19 août, alors que l’isolement sur Imralı avait été rompu, que l’espoir d’une reprise du processus de paix commençait à se faire jour et que le HDP remportait une victoire électorale décisive, le gouvernement de l’AKP a pris de nouvelles mesures. Depuis ce jour, l’Etat turc a de nouveau pris des mesures contre les autorités municipales kurdes du pays. Dans les villes d’Amed, Mêrdîn (Mardin) et Wan (Van), les maires du HDP Adnan Selçuk Mızraklı, Ahmet Türk et Bedia Özgökçe Ertan ont été démis de leurs fonctions à l’instigation du ministère de l’Intérieur. A la fin de l’année, 28 des 65 municipalités conquises par le HDP en mars devaient finalement être placés sous la tutelle d’un administrateur (kayyum) nommés par le gouvernement turc. Un régime a été progressivement mis en place dans lequel les élus ne sont plus élus mais nommés. Seules les villes et les municipalités kurdes sont touchées par cette forme de gouvernement autoritaire et corrompue.
 
Le rapprochement du HDP avec les partis d’opposition turcs tels que le CHP face aux attaques fondamentales contre la démocratie locale a pris fin avec le début de la guerre d’agression turque contre le Rojava/Syrie du Nord, qui a débuté le 9 octobre 2019. Avec cette guerre, l’AKP a de nouveau attisé les flammes du nationalisme et du chauvinisme dans la société turque et dans son paysage partisan, ne laissant ainsi plus de place au HDP pour se rassembler avec les partis d’opposition turcs. En outre, Erdoğan a également coupé le souffle à d’éventuelles nouvelles formations de partis par d’anciens politiciens de l’AKP pour le moment.
 
La guerre oubliée au Kurdistan du Sud
Alors que les opérations d’occupation turque dans le nord de la Syrie en violation du droit international, – qu’il s’agisse de l’annexion de la région d’Efrîn en 2018 ou de l’occupation de Girê Spî (Tall Abyad) et de Serê Kanîyê (Ras al-Ain) depuis octobre 2019 – n’ont pas été sanctionnées, et encore moins sérieusement et sévèrement condamnées par la communauté internationale des États, la violation du droit international par la Turquie dans le sud du Kurdistan (nord de l’Irak) n’attire guère l’attention. Avec le référendum d’indépendance au Kurdistan du Sud en septembre 2017, une nouvelle phase a commencé. Le 27 mai 2019, l’armée turque a lancé l’opération transfrontalière  » Griffe  » et a bombardé les régions de Xakurke et de Lolan. Leur cible sont les zones de défense de Medya, qui sont sous le contrôle de la guérilla du PKK et qui englobent presque toute la zone autour de la frontière sud kurde (Irak) vers le nord du Kurdistan (Turquie). Pendant des décennies, l’armée turque a essayé en vain d’occuper la région montagneuse et de chasser les guérilleros. Dans le cadre de cette opération, l’armée turque s’est déplacée de plusieurs kilomètres dans le nord de l’Irak. En outre, il y a des dizaines de bases militaires turques dans la région. Si l’on considère le silence des puissances influentes en Iran et en Irak, tout indique un nouveau plan global contre le mouvement de libération kurde. En plus de l’invasion turque dans le nord de l’Irak, le camp de réfugiés autonome de Mexmûr (Makhmur) est également devenu la cible d’une répression accrue. Depuis la mi-juillet 2019, les forces de sécurité du gouvernement régional kurde (GRK) à Hewlêr (Erbil) ont arbitrairement restreint la liberté de mouvement des résidents. Les habitants du camp ne sont pas autorisés à passer le point de contrôle entre Mexmûr et Hewlêr et ne peuvent donc pas entrer dans la ville.
 
L’attaque contre le Rojava et le complot international
 
Compte tenu de tout cela, la guerre d’agression turque contre la Fédération démocratique de Syrie du Nord et de l’Est, qui se poursuit depuis le 9 octobre, représente le point culminant préliminaire des attaques de l’État turc contre les réalisations kurdes. Il est significatif que l’opération ait été lancée le jour du 21ème anniversaire du début de la conspiration internationale contre le leader kurde Abdullah Ocalan. Öcalan a été contraint de quitter la Syrie le 9 octobre 1998 sous la pression de la Turquie et a été expulsé vers la Turquie le 15 février 1999. Concernant cette conspiration de l’OTAN et le rôle d’Öcalan, un avocat et ancien représentant légal d’Öcalan, Mahmut Şakar, a déclaré au bureau d’information de Civaka Azad basé en Allemagne que bien qu’Öcalan devait être éliminé en 1999 « afin d’affaiblir l’influence des Kurdes au Moyen-Orient, il est revenu au Moyen-Orient des années plus tard avec ses pensées, ses concepts et finalement la révolution du Rojava. Il a quitté la Syrie en tant que dirigeant de parti, mais avec la troisième voie, il est revenu en tant que pionnier d’une société démocratique libre, multiethnique, multireligieuse et populaire ».
 
Dans ce sens, la guerre d’agression turque ne vise pas seulement la société kurde et le mouvement de liberté mais aussi le projet social alternatif du confédéralisme démocratique. Jusqu’aux attaques, la Fédération démocratique du nord et de l’est de la Syrie n’était pas un  » facteur d’instabilité  » mais, au contraire, la seule région stable au milieu des troubles de la guerre civile syrienne. La guerre dans le nord de la Syrie a une fois de plus clairement confirmé la thèse d’Öcalan selon laquelle les relations turco-kurdes en Turquie ont un rôle clé à jouer dans la résolution de la question kurde. Si l’on considère la situation actuelle dans la région, deux voies s’ouvrent à la société kurde et au mouvement de libération, qu’Öcalan décrit comme suit :
 
« La première voie est basée sur un compromis avec les Etats-nations. Elle trouve son expression concrète dans une solution à travers une constitution démocratique. L’autonomie démocratique est le principe de base de ces droits. Les principales conditions de ce principe sont que l’Etat-nation souverain renonce à toute politique de négation et d’anéantissement et que la nation opprimée abandonne l’idée de fonder son propre mini-Etat-nation. Tant que les deux nations ne se détournent pas de ces tendances étatiques, le projet d’autonomie démocratique peut difficilement être mis en œuvre. Toute solution cohérente et significative de la question kurde, qui ne soit pas fondée sur le séparatisme et la violence, passe par l’acceptation de l’autonomie démocratique. Toutes les autres voies mènent soit à un report des problèmes et donc à un désespoir encore plus profond, soit à de nouveaux conflits intenses et à la désintégration. L’Etat-nation turc ne peut devenir une république normale, constitutionnelle, laïque et démocratique dans la paix, la richesse et la prospérité qu’en abandonnant cette pratique de politique intérieure et étrangère et de régime et en acceptant l’autonomie démocratique de toutes les cultures (y compris turque et turkmène), en particulier la culture kurde.
 
La deuxième solution de l’autonomie démocratique ne repose pas sur un compromis avec les États-nations, mais sur la mise en œuvre unilatérale de son propre projet. Dans un sens plus large, il s’agit de la réalisation du droit des Kurdes à exister en tant que nation démocratique par la mise en œuvre des dimensions de l’autonomie démocratique. Il ne fait aucun doute que dans ce cas, les conflits avec les Etats-nations vont s’intensifier. Dans cette situation, face aux attaques d’États-nations individuels ou d’attaques conjointes (Iran-Syrie-Turquie), les Kurdes ne trouveront pas d’autre issue que de « passer à la mobilisation générale et à la préparation au combat pour protéger leur propre existence et leur vie libre ». Ils ne s’abstiendront pas de combattre jusqu’à ce qu’ils parviennent à un éventuel compromis ou à l’indépendance sous la forme d’une existence en tant que nation démocratique dans toutes ses dimensions par leurs propres efforts, sur la base de la légitime défense ».
 
Le HDP et le DTK en Turquie et au Kurdistan du Nord ainsi que la Fédération démocratique de Syrie du Nord et de l’Est continuent de plaider pour un compromis avec les États-nations respectifs, qui ont jusqu’à présent rejeté toutes les offres de paix. Ainsi, la perspective du mouvement de libération kurde sera de développer davantage la stratégie de la Troisième Voie au cours de l’année à venir. En ce sens, la Troisième Voie implique une attitude de confiance en soi, qui ne montre aucune volonté de se soumettre à des intérêts étrangers. Au lieu de cela, la révolution du Rojava suivra le cours de la défense des zones qu’elle a libérées des attaques extérieures et de l’avancement de la construction d’un ordre social démocratique de base, libérateur des femmes et pluraliste. Pour le HDP en Turquie, le défi sera de travailler avec les cercles démocratiques et de gauche en Turquie pour former un nouveau pôle démocratique dans la politique turque.
 
Komun Academy, par Redar Han

IRAN. Abus sexuels sur enfants, torture et meurtre de civils à Marivan

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IRAN / ROJHILAT – Les autorités militaires et de sécurité iraniennes ont eu recours à une répression généralisée, dont la violence contre les civils, torture, meurtre et même abus sexuels sur enfants, selon le KHRN, une ONG kurde du Rojhilat.
 
Plusieurs villes kurdes et iraniennes ont été secouées par des manifestations en novembre 2019. Selon l’enquête du Kurdistan Human Rights Network (KHRN), plus d’un millier de civils ont été arrêtés dans les seules villes kurdes et le sort de certains d’entre eux reste toujours inconnu.
 
Le KHRN a interrogé un certain nombre de témoins oculaires et des sources informées dans les villes kurdes de Kermanshah, Marivan, Javanrood, Sanandaj, Bukan et Ilam qui ont confirmé le recours à la violence perpétrée par les forces de sécurité iraniennes au Kurdistan. Le rapport suivant traite des résultats d’une telle enquête à Marivan.
 
« Le KHRN a obtenu des preuves documentées au cours de ses enquêtes concernant le niveau élevé de violence exercé par les forces de sécurité avec les détenus dans différentes villes du Kurdistan », a déclaré Kaveh Kermanshahi, porte-parole du KHRN.
 
Selon Kermanshahi, certains des détenus libérés ont signalé des détentions de longue durée dans de petites cellules d’isolement, l’imposition d’une faim de longue durée, un accès restreint aux établissements de santé et l’absence de traitement médical pour les détenus blessés lors des manifestations.
 
«Pendant cette période, nous avons reçu de nombreux rapports, dont l’exactitude a été confirmée par nos sources fiables dans les villes du Kurdistan. Les rapports indiquent que les détenus ont été soumis à une torture physique généralisée et sévère dans les centres de sécurité et de détention de la police», a déclaré Kermanshahi, ajoutant qu’au moins un jeune homme à Marivan a perdu la vie.
 
«Nous avons également reçu des informations faisant état de harcèlement sexuel et même d’agression sexuelle sur des enfants dans des centres de détention. Nos enquêtes se poursuivent, cependant, le harcèlement sexuel, y compris la menace de viol contre trois étudiants détenus lors des manifestations de novembre à Marivan, a été prouvé dans la même mesure. Le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) n’a pas divulgué les noms de ces étudiants. Le KHRN n’a pas révélé le nom de ces enfants pour des raisons de sécurité», a ajouté Kaveh Kermanshahi.
 
Harcèlement sexuel
 
Selon deux sources fiables à Marivan, de nombreux enfants de moins de 18 ans ont été arrêtés lors des manifestations dans la ville de Marivan les 16 et 17 novembre et emmenés au centre de détention du CGRI près de la place Sepahan de Marivan. Des centaines d’autres détenus ont également été soumis à de graves tortures physiques et psychologiques pendant plusieurs jours.
 
Les interrogateurs de sécurité de Marivan dirigés par l’agent de sécurité Haji Meysam ont menacé de violer au moins trois étudiants de sexe masculin avec des outils tels que des matraques. Les trois étudiants ont été libérés sous caution après plusieurs jours. Pendant ce temps, les enquêteurs de la sécurité les ont menacés de ne discuter de la question de la torture physique et des abus sexuels avec personne.
 
Les sources ont en outre révélé que les familles des élèves avaient réalisé que leurs enfants avaient été victimes de harcèlement sexuel et même de «possibilité de viol» car leurs enfants souffraient de problèmes de santé mentale. Cependant, ils ont refusé de déposer plainte par crainte de la réaction du CGRI. De plus, ces enfants hésitent à révéler comment ils ont été traités lors de leur détention, car ils sont toujours dans un état de panique après ce qu’ils ont vécu aux mains des forces de sécurité.
 
Torture physique grave
 
L’un des manifestants, qui était détenu depuis plusieurs jours et souffre désormais de troubles mentaux dus à la torture, a raconté son expérience.
 
«Après avoir été arrêtés, nos têtes étaient couvertes de sacs poubelle noirs et nous avons été transportés dans une Peugeot 405. Ensuite, nous avons été emmenés vers un endroit inconnu et maintenus dans de petites pièces de 50 cm sur 50 cm. Je pouvais entendre d’autres détenus être torturés. La chambre était si petite que nous ne pouvions pas nous dégourdir les jambes. Ils nous ont affamés pendant longtemps et ne nous ont même pas donné une tranche de pain», ont déclaré les manifestants.
 
«La nuit, nous avons été emmenés des cellules au centre de détention et forcés de nous déshabiller. Ensuite, de l’eau froide a été pulvérisée sur nous et nous avons été battus», a-t-il ajouté.
 
Il a également découvert que certains des enfants détenus étaient inconscients et il ne savait pas où ces enfants avaient été transférés et s’ils avaient survécu ou non.
 
«Les 16, 17 et 18 novembre, les forces du CGRI ont amené un véhicule anti-incendie au CGRI et ont utilisé son tuyau pour pulvériser de l’eau froide sur les détenus la nuit après qu’ils aient été nus. Ensuite, ils ont battu les détenus toute la nuit», ont également réaffirmé deux autres témoins à Marivan, le KHRN.
 
Selon les conclusions du KHRN, la plupart des détenus ont été libérés sous caution, mais le sort de certains d’entre eux n’est toujours pas clair. Certains civils ont été blessés lors de leur détention.
 
La torture des détenus ne se limitait pas au centre de détention du CGRI et les détenus au centre de détention du Bureau du renseignement et des postes de police ont également été torturés.
 
Aras Bafkari, un résident de Marivan âgé de 16 ans, était l’un des enfants arrêtés lors des manifestations du 16 novembre. Il a été sévèrement battu pendant cinq jours dans un commissariat de police de Marivan pour avoir « blessé à la tête le directeur de l’un des services de police de la ville ».
 
Un autre citoyen, Sahib Asadi, a été emmené au centre de détention après avoir été arrêté et roué de coups par des policiers au point que ses bras et ses jambes ont été cassés en plusieurs endroits. Le civil de 24 ans a été libéré sous caution après cinq jours, mais le médecin légiste a refusé de lui rendre visite, qui attend maintenant son rétablissement complet pour porter plainte contre les policiers.
 
Le KHRN a jusqu’à présent été en mesure de confirmer la mort d’Ershad Rahmanian, un civil de 24 ans, à la suite de tortures consécutives à son arrestation. Le corps de ce civil kurde a été retrouvé dans le barrage Garan de Marivan le 15 décembre, tandis que son bras, ses jambes et certaines de ses dents ont été cassés sous la torture.
 
La date exacte de sa disparition est inconnue car sa famille est réticente à divulguer des détails en raison des pressions et des menaces émanant des forces de sécurité. Cependant, sur la base de l’entretien du KHRN avec des sources informées, sa détention aurait probablement eu lieu le 16 ou le 26 novembre. Il a été vu pour la dernière fois lors d’un des MTI près de la mosquée Marwan Molavi.
 
Malgré les enquêtes répétées de la famille Rahmanian auprès des tribunaux et des agences de sécurité de Marivan, aucune information n’a été reçue sur le sort de ce détenu. Une source gouvernementale a annoncé son transfert à la prison centrale de Sanandaj, mais les autorités de cette prison ont déclaré n’avoir pas entendu parler d’une telle personne. L’histoire s’est terminée lorsque le cadavre de ce détenu a été retrouvé au barrage de Garan.
 
Des photos ont été envoyées au KHRN, ce qui pourrait être lié au repêchage de son corps du barrage de Garan. Les autorités de Marivan n’ont jusqu’à présent pas officiellement annoncé la cause du décès.
 

Le message du nouvel-an de la Communauté des femmes du Kurdistan

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« Nous devons commencer à rompre avec le système en nous-mêmes, dans notre propre personnalité, afin de pouvoir combattre le système avec succès. Nous devons devenir immunisés contre le capitalisme et ses offres. Si nous ne concilions pas notre lutte politique avec notre personnalité, avec nos pensées, nos sentiments et nos actions, nous agirons – sans le vouloir – en sa faveur. Par conséquent, un objectif de notre lutte au cours de l’année à venir devrait être une offensive idéologique contre le capitalisme dans nos personnalités. »

Pour la nouvelle année, la communauté des femmes du Kurdistan appelle à remplir l’internationalisme d’un nouvel esprit et de nouvelles actions, en déclarant que : « L’internationalisme du 21ème siècle doit être capable de penser, de sentir et d’agir localement et universellement. »

La Communauté des femmes du Kurdistan (Komalên Jinên Kurdistan, KJK) a publié un message du Nouvel An. Dans la déclaration, l’organisation fait des propositions concrètes pour surmonter la modernité capitaliste et appelle à une lutte internationaliste contre l’ancien système.

« Nous devons commencer à rompre avec le système en nous-mêmes, dans notre propre personnalité, afin de pouvoir combattre le système avec succès. Nous devons devenir immunisés contre le capitalisme et ses offres. Si nous ne concilions pas notre lutte politique avec notre personnalité, avec nos pensées, nos sentiments et nos actions, nous agirons – sans le vouloir – en sa faveur. Par conséquent, un objectif de notre lutte au cours de l’année à venir devrait être une offensive idéologique contre le capitalisme dans nos personnalités », dit le KJK.

Voici l’intégralité du message du Nouvel An du KJK :

« Chers camarades,
Depuis les zones de combat et de résistance, depuis les montagnes libres du Kurdistan, nous vous envoyons notre amour et nos plus chaleureuses salutations de solidarité. Plus que jamais, nous sommes déterminés à construire un socialisme démocratique sous la forme d’un confédéralisme démocratique comme alternative à la modernité capitaliste.

Avec cet esprit, nous nous souvenons de tous nos camarades internationalistes comme les camarades Ronahî (Andrea Wolf), Nûdem (Uta Schneiderbanger), Amara (Ekîn Ceren Dogruak), Rojvan Kobanî (Emir Kubadi), Bagok Serhed (Ashley Johnston), Kemal (Erik Konstandinos Scurfield), Avaşîn Têkoşîn Güneş (Ivana Hoffman), Aryel Botan (Mihemed Hisên Kerîm), Gelhat Rûmet (Keith Broomfield), Karker Kobanê (Rifat Horoz), Bagok Serhed (Reece Harding), Dilsoz Bahar (Kevin Jochim), Gabar Rojava (John Robert Gallagher), Rustem Cudî (Günter Hellstern), Kendal Qaraman (Mario Nunes), Gabar Amed (Jamie Bright), Agîr Şervan (Levi Jonathan Shirley), Givara Rojava (Carl Evans), Toprak Çerkez, Rodî Çekdar (Martin Gruben), Firaz Kardo (Badin Abdulhamid Mohammed Al-Imam), Cîwan Firat (Jordan MacTaggert), Amed Kobanê (William Savage), Rojbîn Agirî (Michael Israel), Berxwedan Gîvara (Ryan Lock), Kawa Amed (Paolo Todd), Demhat Goldman (Robert Grodt), Rodî Deysie (Nicholas Alan Warden), Soro Zinar (Luke Rutter), Zafer Qereçox (David Taylor), Orhan Bakırcıyan (Nubar Ozanyan) Şoreş Amanos (Jac Holmes), Canşêr Zagros (Oliver Hall), Delîl Emerîka (Jake Klipsch), Baran Galicia (Samuel Prada Leon), Kendal Breizh (Olivier François Jean Le Clainche), Baran Sason (Sjoerd Heeger), Şevger Ara Makhno, Şahîn Huseyni (Haukur Hilmarsson), Hêlîn Qereçox (Anna Campbell), Lêgerîn Çiya (Alîna Sanchez), Şiyar Gabar (Jakob Riemer), Şahîn Qereçox (Farid Medjahed), Giovanni Francesco Asperti (Hîwa Bosco), Bager Nûjiyan/Xelîl Viyan (Michael Panser), Têkoşer Piling (Lorenzo Orsetti), Sara Dorşîn (Sarah Handelmann), Andok Cotkar (Konstantin) et bien d’autres qui ont décidé de donner leur vie pour un avenir collectif.

Les martyrs sont immortels parce qu’ils continuent à vivre dans notre lutte et dans nos réalisations. A eux, nous renouvelons notre promesse de continuer notre lutte commune avec détermination jusqu’à ce que nous ayons atteint nos objectifs. En même temps, nous nous souvenons des milliers d’hommes et de femmes qui, dans le monde entier, ont perdu la vie en 2019 dans les luttes pour la liberté, la paix et la démocratie.

Une autre année de lutte et de résistance touche à sa fin et une nouvelle année nous attend. La troisième guerre mondiale, que les puissances hégémoniques ont déclenchée il y a 21 ans au Moyen-Orient avec la conspiration internationale contre notre dirigeant Abdullah Ocalan, se poursuit depuis lors et s’étend de plus en plus à d’autres régions du monde. La crise profonde et structurelle du système de gouvernement est évidente partout, bien que les formes diffèrent. Cette crise ressemble à une conflagration qui ne peut plus être arrêtée. Chaque tentative des puissances impérialistes de réorganiser le monde selon leurs intérêts approfondit cette crise et produit de nouvelles sources de conflit.

Les problèmes et les crises se renforcent mutuellement à différents niveaux et se manifestent, entre autres, par les guerres, la pauvreté, les déplacements, les changements démographiques jusqu’aux génocides et aux féminicides, le colonialisme, la négation des identités et des cultures, l’anéantissement, la violence, le militarisme, la destruction écologique et l’état de désolation des systèmes d’éducation et de santé. Le vrai visage de la modernité capitaliste a été démasqué. Sa responsabilité dans l’injustice, l’exploitation, l’oppression, la violence, la guerre et la destruction ne peut plus être dissimulée.

La modernité capitaliste, basée sur une histoire vieille de 5000 ans de domination et d’exploitation patriarcale et étatique, est la cause de tous ces problèmes sur notre planète. Il ne s’agit pas de « catastrophes naturelles ».

La recherche du profit, du gain et du pouvoir maximum par une petite minorité conduit à une exploitation maximale de toutes les ressources matérielles et des valeurs immatérielles. Aux yeux des dirigeants, tout est dégradé en un objet d’exploitation : les humains, les animaux, la nature, les idées et même les sentiments. C’est un processus de manipulation et d’aliénation dans lequel les dirigeants veulent imposer leur vérité à tous les gens, et la rendre crédible et acceptable.

Sous les yeux du monde entier, des coups d’État contre des gouvernements qui ne sont pas conformes aux intérêts impérialistes ou nationaux sont lancés, comme par exemple en Bolivie, au Venezuela et en Catalogne. Ou bien des forces extérieures tentent d’instrumentaliser la colère de la population rebelle pour leurs propres intérêts, comme on peut l’observer en Irak, en Iran ou au Liban. Pendant ce temps, des régimes fascistes comme le régime d’Erdogan en Turquie sont courtisés comme « partenaires importants » par les organisations et les puissances internationales.

Avec un soutien international, ces dictatures peuvent mener des guerres d’occupation qui sont en contradiction avec le droit international, comme par exemple contre Rojava et le nord de la Syrie. Des génocides sont commandités à des organisations terroristes telles que ISIS et Boko Haram afin que ces Etats ne se salissent pas officiellement les mains. Des milliers de vies sont sacrifiées pour confisquer et piller les matières premières. Les dirigeants assourdissent le peuple avec le nationalisme, le fondamentalisme religieux, le sexisme et le positivisme pour masquer leur cupidité illimitée. Dans de nombreux endroits, une grande partie de la population est ainsi transformée en partisans et en adeptes du système d’exploitation.

Ce n’est pas un hasard si, en ces temps de crise, on observe dans tous les pays un glissement vers le populisme de droite, qui conduit à des mobilisations et des régimes ouvertement dictatoriaux et fascistes. Afin de pouvoir maintenir le système patriarcal et capitaliste au pouvoir qui est la cause des crises, l’État-nation prend de plus en plus sa forme nationaliste-fasciste extrême, comme il l’a déjà fait lors des crises du 20e siècle. Tous les acquis et les valeurs progressistes de l’humanité ont été suspendus ou sont gravement menacés.

La crise systémique est la plus évidente dans l’escalade de la violence systématique contre les femmes, le meurtre des femmes et l’oppression des femmes dans le monde entier. Nous ne devons jamais oublier que la modernité capitaliste s’est construite sur la base de l’assujettissement des femmes et de la destruction des formes de société centrées sur les femmes et fondées sur la solidarité. Toutes ses formes d’oppression sont basées sur le modèle de la tyrannie patriarcale. Au cours de la troisième guerre mondiale, l’agression contre nous, les femmes, s’est également intensifiée et est devenue de plus en plus meurtrière. D’une part, les institutions étatiques intensifient leurs attaques contre les femmes et les droits acquis par les luttes des femmes.

D’autre part, le sexisme au sein de la société est massivement attisé. Les religions monothéistes, en particulier, sont utilisées à cette fin. Déjà à leur époque, ces religions définissaient le statut de la femme comme potentiellement pécheresse et comme servante des hommes. Par ce biais, une deuxième rupture entre les sexes s’est accomplie dans l’histoire, qui devait définir l’oppression des femmes comme leur « destin ».

Aujourd’hui aussi, les arguments religieux, sexistes et patriarcaux sont à nouveau utilisés pour repousser les femmes dans des rôles classiques, pour briser leur intégrité et leur identité de combattantes de la liberté et pour les priver de leurs droits durement acquis. Plus l’État est répressif à l’égard de la population, plus les attaques contre les femmes deviennent brutales. Les assassinats de la politicienne kurde Hevrîn Xelef, de l’artiste chilienne Daniela Corrasco, ou encore le lynchage de femmes indigènes en Bolivie sont des cas exemplaires de féminicides perpétrés par les autorités de l’État au cours des derniers mois seulement.

La violence masculine contre les femmes est légitimée par les politiques misogynes systématiques des États et elle est en augmentation. Selon les rapports de l’ONU, 87 000 femmes ont été assassinées en 2017, et le nombre de cas non signalés est en fait beaucoup plus élevé. Partout où le système capitaliste s’impose, la situation des femmes se détériore. Les femmes sont privées de leurs moyens de subsistance, de leur impact social et de leur autodétermination. Les femmes sont isolées, soumises à des contraintes sociales, privées de leurs droits et de plus en plus écartées de tous les domaines de la vie. Car le capitalisme est patriarcal à tous les niveaux.

Alors que les attaques contre les femmes, les communautés et les personnes opprimées augmentent à tous les niveaux, de plus en plus de personnes à travers le monde disent « Ya basta ! Êdî bes e (ça suffit)! » et s’opposent à ces attaques.

De plus en plus de gens prennent conscience que le système au pouvoir, qui est la cause des crises, n’a pas de solution à offrir. C’est pourquoi ils cherchent des alternatives collectives, solidement unies et écologiques qui valorisent la vie, l’homme et la nature et donnent un sens à la vie. Le confédéralisme démocratique et le paradigme d’une société démocratique et écologique basée sur la libération des femmes, qui ont été développés par notre leader Abdullah Öcalan et qui font avancer la lutte révolutionnaire et les processus de construction d’alternatives sociétales au Kurdistan depuis plus de 15 ans, sont une telle alternative.

Cela est devenu clair, surtout avec la participation internationaliste et la large solidarité pour la défense et la construction de la Révolution Rojava. C’est une épine dans le pied de la classe dirigeante. Parce qu’ils veulent faire croire à l’humanité entière qu’il n’y a pas d’alternative à leur système d’oppression et que nous devons tous nous soumettre à leurs diktats. Mais nous avons pris notre propre décision contre le choix entre la peste et le choléra. Nous insistons sur notre troisième voie, qui consiste à créer nos politiques démocratiques, l’organisation de la société et l’autodéfense avec notre propre volonté. Par conséquent, toutes les forces impérialistes régionales et internationales – malgré leurs différences entre elles – sont unies dans leur tentative d’écraser notre lutte pour la liberté et notre modèle d’autonomie démocratique.

Pour cette raison et avec cette tâche, le régime de l’AKP [la parti au pouvoir en Turquie] est toujours au pouvoir et est soutenu par les puissances internationales. En 2019, le gouvernement fasciste illégitime de l’AKP a intensifié une fois de plus ses attaques contre notre lutte de libération. Le 9 octobre 2019, exactement le jour de l’anniversaire de la conspiration internationale, il a commencé une nouvelle invasion au Rojava, dans le nord et l’est de la Syrie. Les zones occupées par l’armée turque et ses troupes mercenaires fascistes-jihadistes sont soumises à l’arabisation, la turquisation et l’islamisation.

Dans ces régions, une politique systématique de changement démographique et de dépeuplement est menée. Au lieu de la population locale native, des familles arabes sunnites ou turkmènes de Turquie, d’autres régions de Syrie et d’autres pays s’installent ici, la plupart d’entre elles étant membres ou sympathisants de groupes djihadistes. Ces changements démographiques forcés constituent un génocide culturel. En même temps, des violations draconiennes des droits de l’homme continuent dans la région africaine occupée par la Turquie. La population africaine est attaquée à la fois par les forces djihadistes et par l’État turc.

L’état d’urgence imposé aux Kurdes de Bakûr (Kurdistan du Nord) et de Turquie se poursuit également. La population n’est même pas autorisée à protester. Toute action publique est interdite. Les simples expressions d’opinion dans les médias sociaux sont punies de longues peines de prison. Les prisons sont à nouveau surpeuplées de Kurdes et de membres de l’opposition. Les maires kurdes sont arbitrairement démis de leurs fonctions et arrêtés par le biais d’un coup d’État de l’AKP contre les autorités locales.

A la place des maires élus, des administrateurs forcés sont nommés. La volonté de la population est déclarée nulle et non avenue. Cela conduit des familles entières à se suicider collectivement car elles ne peuvent plus se nourrir et encore moins s’exprimer. La population est littéralement privée de souffle. La dictature de l’AKP serait entrée dans l’histoire il y a longtemps si elle n’avait pas été continuellement soutenue par les puissances internationales, celles qui veulent rendre l’AKP fonctionnel pour écraser la lutte pour la liberté des Kurdes. L’AKP n’a cessé de perdre son approbation et son soutien.

L’AKP a littéralement pillé le pays. Erdogan a utilisé son pouvoir pour s’enrichir, ainsi que sa famille et sa clique de pouvoir. La corruption ne peut plus être cachée, alors Erdogan se bat maintenant pour son pouvoir et sa vie. Lui et son parti sont également conscients que sa fin ne peut être arrêtée. C’est pourquoi de plus en plus de membres de son parti quittent le navire qui coule. Ce qui a finalement causé le naufrage de ce navire, c’est notre lutte et notre insistance sur la liberté.

Nous traversons certainement des moments difficiles. Mais tout comme l’histoire entière de l’humanité n’est pas seulement l’histoire des dirigeants, le présent n’est pas seulement le présent des puissances fascistes, patriarcales et coloniales. En tant que femmes, peuples, classes opprimées et différents groupes sociaux, nous vivons simultanément une nouvelle période d’éveil et de renaissance. La politique de la classe dirigeante rencontre partout une résistance massive, les gens n’ont plus peur. Les protestations de masse qui se poursuivent pendant des mois déterminent le caractère de cette résistance. Ensemble, des barricades sont mises en place, des alliances sont renforcées.

Les rues sont devenues des lieux de créativité, de politisation et de résistance. Sous le slogan « Les vendredis pour l’avenir », les jeunes mobilisent des millions de personnes dans le monde entier dans des actions de protestation pour la protection du climat et pour s’opposer aux entreprises. Les gens descendent dans la rue, que ce soit pour dénoncer leurs mauvaises conditions de travail ou pour protester contre la guerre et la destruction.

Ils protestent et résistent contre la corruption et la dictature, contre le patriarcat et la pollution de l’environnement, contre le racisme et le fascisme. Ce qui caractérise ces protestations, c’est que beaucoup de gens ont perdu à la fois leur confiance dans l’État et leur peur du pouvoir étatique. Des centaines de personnes ont perdu la vie au cours des derniers mois lors de manifestations de masse dans différents pays du monde comme l’Irak, l’Iran, le Chili ou la Bolivie. Les gens refusent que la politique soit faite au-dessus de leur tête en leur nom. Ils veulent s’impliquer, avoir leur mot à dire, participer à sa formation.

Mais le garant d’une vie durable, meilleure, juste et autodéterminée pour tous les peuples est la lutte de libération des femmes. Ce n’est pas un hasard si notre leader Öcalan a déclaré que le XXIe siècle était le siècle de la libération des femmes. Le siècle précédent était caractérisé par les luttes de classe et les luttes de libération nationale. Aucune de ces deux approches n’a réussi à développer l’alternative propagée au système, parce que la mentalité patriarcale et les structures de pouvoir n’ont pas été suffisamment remises en question et surmontées. Les femmes libres sont la principale dynamique de la vie et de la société humaine. Une société dans laquelle les femmes ne peuvent pas participer de leur plein gré à la vie et dans tous les domaines de la société, est une société qui ne peut pas créer sa politique, sa vie communautaire et son économie autodéterminées. Par conséquent, elle est exposée à toutes sortes d’oppression et de contrôle étranger.

Avec nos efforts pour défendre et réactiver une culture sociale éthico-politique, nous vivons, en tant que femmes, un réveil d’espoir. Nous avons recommencé à bouger. Et plus nous bougeons, plus nous ressentons nos chaînes et cela augmente notre volonté de les briser et de nous libérer. Après plus d’un demi-siècle, les femmes du monde entier descendent à nouveau dans la rue en masse. Dans toutes les manifestations, les femmes sont une force motrice de premier plan.

« La place de la femme est la révolution » est un slogan qui a caractérisé les luttes des femmes en 2019. La modernité capitaliste ne peut être repoussée et combattue efficacement qu’avec des organisations féminines libres et indépendantes et une lutte féminine déterminée et radicale.

Nous constatons actuellement que le libéralisme, l’idéologie principale du capitalisme, commence à s’effriter. L’indifférence, l’égoïsme et l’attitude apolitique de la société, profondément enracinés et paralysants, se brisent de plus en plus. Le besoin de collectivité, de solidarité et d’organisation devient de plus en plus important pour les gens. Le mensonge capitaliste de la  » fin de l’histoire  » est mis à nu par la résistance du peuple et la vérité est que la fin de la modernité capitaliste est en train de se produire de nos jours. Il devient de plus en plus clair que nous n’avons pas seulement le même ennemi et adversaire, mais que nous menons aussi la même lutte avec les mêmes objectifs.

Nos luttes pour nos rêves, nos espoirs et nos visions de liberté, d’autodétermination, d’égalité et de démocratie, en tant que femmes, en tant que peuples, classes, groupes et individus opprimés, sont les mêmes. Nous ne pouvons réussir que si nous nous mettons en réseau, nous connectons et nous organisons à l’échelle mondiale. La solidarité mondiale avec la lutte de libération au Kurdistan, qui s’est exprimée dans le slogan « Nous sommes vos montagnes » et la diffusion de la campagne, les actions et les étapes d’organisation dans le cadre de la campagne internationale « Les femmes défendent la Rojava » sont très précieuses et puissantes.

Il est maintenant temps de donner suite à cela et de remplir l’internationalisme d’un nouvel esprit et de nouvelles actions. L’internationalisme du 21ème siècle doit être capable de penser, de sentir et d’agir aussi bien localement qu’universellement. Le confédéralisme démocratique permet de mener des luttes au niveau local ou régional, mais de relier, de coordonner et de remporter des victoires au niveau mondial. Nous devons réussir à développer et à vivre partout nos formes de vie et de société alternatives, libertaires et communautaires, sur la base de la démocratie, de l’écologie et de la libération des femmes.

Pour cela, nous avons besoin de mentalités, d’organisation, de relations et de structures de solidarité qui soient libres de tout pouvoir, de toute concurrence et de toute pensée possessive. 2019 a été une année de résistance et une année avec un potentiel révolutionnaire. Tous les signes indiquent que la nouvelle année sera encore plus émouvante, plus militante, plus révolutionnaire. En tant que mouvement, nous nous sommes préparés et armés pour les nouveaux défis. La lutte commune des peuples du monde entier déterminera l’issue de cette bataille des systèmes : Soit la modernité démocratique ou la destruction capitaliste, soit le socialisme démocratique ou la barbarie, soit la libération des femmes ou les féminicides… Nous devons nous préparer à une augmentation des attaques, du fascisme et des guerres.

La modernité capitaliste, qui est de plus en plus acculée, va essayer de prolonger son existence par tous les moyens, soit par la violence, soit par la restauration. Elle utilisera à la fois des méthodes dures et « douces ». Elle essaiera de diviser le peuple, de jouer les luttes les unes contre les autres, d’approfondir la dégénérescence et l’inutilité de la vie et des valeurs. Par conséquent, nous devons être très vigilants, attentifs et nous concentrer sur notre lutte et notre organisation. Plus nous relierons et répandrons nos luttes au cours de la nouvelle année, plus nous pourrons riposter avec succès aux attaques du système et les laisser se réduire à néant. Aucune lutte ne doit rester désorganisée et sans solidarité.

En 2020, nous devons rendre nos actions encore plus efficaces et efficientes et élargir les domaines de nos luttes. Nous devons également être conscients que nous ne pouvons vaincre la modernité capitaliste avec succès que si nous surmontons toutes ses caractéristiques également dans nos propres personnalités. Nous devons commencer à rompre avec le système en nous-mêmes, dans notre propre personnalité, afin de pouvoir combattre le système avec succès. Nous devons nous immuniser contre le capitalisme et ses offres.

Si nous ne concilions pas notre lutte politique avec notre personnalité, avec notre pensée, nos sentiments et nos actes, nous agirons – sans le vouloir – en sa défaveur. Par conséquent, l’un des axes de notre lutte pour l’année à venir devrait être une offensive idéologique contre le capitalisme dans nos personnalités. Cela signifie qu’il faut remettre en question, combattre et surmonter les attitudes, les modes de vie et les caractéristiques patriarcales, nationalistes, positivistes et libérales. Nous ne pouvons pas lutter de manière crédible pour la liberté si nous vivons nous-mêmes dans des rapports de force et reproduisons des hiérarchies.

(…)Une révolution signifie apporter des changements fondamentaux, libérateurs, fortifiants à chaque seconde, à chaque moment de la vie, dans sa propre personnalité, dans sa propre organisation, dans ses propres collectifs et dans la société. Nous voyons comment la peur se répand parmi les gouvernants alors que la résistance devient de plus en plus contagieuse parmi les opprimés. Les gouvernants ont peur des femmes et des hommes organisés, des personnes qui veulent vivre de façon autodéterminée, libre et collective.

L’étincelle de la liberté et la flamme de la résistance se répandent dans le monde entier. Nous ne devons pas hésiter et ne pas nous laisser prendre par de petits calculs. Nous avons une responsabilité historique. Cela vaut non seulement pour ce que nous faisons, mais aussi pour ce que nous aurions dû faire mais que nous n’avons pas fait. Nous avons de grands objectifs devant nous et nous sommes convaincus qu’ensemble, nous retrouverons une vie et une société libres.

Avec beaucoup de détermination, de motivation et d’enthousiasme pour les actions, nous vous souhaitons à tous une nouvelle année réussie, militante et puissante.

Jin Jiyan Azadî ! Bijî Serok Apo ! Vive la solidarité internationale ! »

 

Via ANF

GRÈCE – Nouvelle arrivée de Kurdes fuyant la guerre au Rojava

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LAVRIO – Le militant français, Jacques Leleu tire la sonnette d’alarme pour les nouveaux réfugiés kurdes arrivés en Grèce depuis le Rojava. Il appelle à la solidarité pour ces femmes, enfants … qui dorment dans les rues d’Athènes.
 
Voici son message :
 
« Nous sommes dépassés par l’actualité. Un jour nous lançons un appel à la solidarité pour construire l’école (en bois et toile) du camp extérieur de Lavrio.
 
Aujourd’hui nous constatons l’arrivée en masse de Kurdes fuyant la guerre au Rojava. 3 mois sont passés depuis l’attaque de la Turquie et des islamistes. Les premières familles arrivent à Athènes.
 
L’histoire se répète. Il y a 18 mois les camps de réfugiés de Lavrio accueillaient les réfugiés d’ Afrin.
 
Aujourd’hui les kurdes de Lavrio lancent un appel à la solidarité car les deux camps sont saturés. Des familles avec des enfants dorment dans les rues d’Athènes faute de place à Lavrio.
 
Les résidents de Lavrio ont décidé des premières mesures permettant d’accueillir des familles.
 
L’école en construction dans le camp extérieur est transformée en dortoir. Déjà 13 lits ont été installés.
 
Les salles de classes du camp du centre ville sont également transformées en dortoir.
 
Les jeunes qui dorment dans les chambres du camp principal ont cédé leur place aux familles qui arrivent.
 
Des travaux ont commencé pour dédoubler certaines chambres déjà petites. Cela donnera un peu d’intimité aux nouveaux arrivants.
 
Malheureusement la vétusté des bâtiments, jamais entretenus depuis 1945, rend les conditions de vie très précaires (fuite d’eau dans les chambres). Les matelas sont posés sur le sol. L’humidité ne permettra pas de tenir longtemps dans ces conditions.
 
Evidemment les deux camps sont totalement abandonnés par les autorités grecques et européennes. La croix rouge a abandonné les camps en juillet 2017.
 
Aujourd’hui, les deux camps ont besoin, de toute urgence, de matériel de construction, (ciment, cloisons, produits pour assécher les murs …) de lits, de matelas, de couvertures, draps …
 
Dans 7 jours je retournerai à Lavrio pour acheter du matériel.
 
Quelques infos sur les photos que je publie: Voici l’état du camp extérieur lorsqu’il pleut (eau, boue, rats, serpents). Pour mémoire le camp extérieur est au milieu de la décharge municipale. Le but des autorités était de rendre les conditions de vie des kurdes insoutenables. Les photos des tentes datent de début 2018 lors de l’arrivée des réfugiés d’ Afrin. Les deux photos qui montrent les sanitaires ne sont pas floue. Ce sont les douches et lavabos masqués par la buée.
L’image contient peut-être : ciel, arbre, plein air et natureL’image contient peut-être : intérieurL’image contient peut-être : une personne ou plus et intérieurL’image contient peut-être : ciel et plein air
Aujourd’hui la boue, les inondations rendent le camp totalement insalubre. 25 petits enfants vivent dans ces conditions.
 
Honte à l’Europe qui a utilisé les Kurdes pour vaincre DAESH. Aujourd’hui elle les abandonne.
 
La solidarité est l’arme des peuples.
 
PS: notre prochain « convoi solidaire » partira de la région de Grenoble vers le 20 mars. Nous aurons besoin de lits, couvertures, draps, matériel de construction (panneaux de bois …).

La Turquie expulse 33 demandeurs d’asile, dont un Kurde, vers l’Iran

IRAN / ROJHILAT – La Turquie a expulsé 33 demandeurs d’asile iraniens vers l’Iran, dont au moins un demandeur d’asile kurde iranien qui avait été enregistré par le Haut-Commissariat des Nations Unies (UNHCR) pour les réfugiés.
 
Un ami turc du réfugié kurde Adel Bahrami a confirmé au Kurdistan Human Rights Network (KHRN) que Bahrami s’était rendu au bureau du l’UNHCR à Ankara le 28 août à son arrivée en Turquie.
 
«L’UNHCR l’a transféré dans la ville d’Amasya, au nord de la Turquie, après avoir enregistré sa demande d’asile», a-t-il ajouté.
 
Selon la source, Bahrami n’avait reçu aucune carte d’identité pendant des mois après son inscription à l’asile et son séjour dans la ville d’Amasya. Il a donc décidé de quitter la Turquie «illégalement». Il a été arrêté le 14 décembre à Antalya et incarcéré jusqu’au 24 décembre. Son dossier a été renvoyé devant un tribunal qui a ordonné son expulsion.
 
Lors d’une conversation téléphonique avec son ami le 19 décembre, il a déclaré que la police turque allait le déplacer vers un lieu inconnu et qu’il s’était de nouveau rendu à Agri à la frontière turco-iranienne le 23 décembre.
 
«Adel Bahrami a été expulsé vers l’Iran via la frontière de Bazargan, avec 32 autres demandeurs d’asile. Lors d’une conversation téléphonique, que j’ai personnellement eue avec l’officier du l’UNHCR à Ankara, ils ont également confirmé son expulsion», a ajouté la source.
 
Lettre d’appel d’Adel Bahrami à l’UNHCR en Turquie :
 
 

Rencontre féministe mondiale au Chiapas

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Environ 3 200 femmes du monde entier sont réunies dans les montagnes du Chiapas pour participer à la « 2e Rencontre Internationale des Femmes Combattantes », organisée par l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) dans la jungle de Lacandon. Des femmes du Rojava ont envoyé une vidéo à la réunion.
 
Des femmes venues d’Argentine, d’Allemagne, du Pérou, d’Espagne et des États-Unis ont rejoint le site « Les empreintes de la Comandante Ramona » où environ 200 ex-combattantes sont entrées sur le site vêtues de leur veste verte habituelle, armées d’arcs et de matraques.
 
La délégation de femmes du Rojava n’a pas pu se rendre à la rencontre à cause des attaques d’invasion turques visant les Kurdes et d’autres minorités ethniques et religieuses de la région. Un message vidéo de solidarité a donc été envoyé par le mouvement des femmes Kongra Star, au nom des femmes de la Syrie du nord et de l’est.
 
La porte-parole zapatiste, la commandante Amada, a remercié les participantes d’avoir répondu à la brève réunion, consacrée à la violence contre les femmes dans le monde.
 
« De nos jours, bien qu’ils prêchent qu’il existe de nombreuses avancées pour les femmes, la vérité est qu’être une femme n’a jamais été aussi meurtrier auparavant dans l’histoire de l’humanité », a déclaré Amada.
 
« Ils disent que les femmes sont maintenant prises en compte, mais ils continuent de nous tuer. Ils disent qu’il y a maintenant plus de lois protégeant les femmes, mais ils continuent de nous tuer. Ils disent qu’il est maintenant très bien vu de bien parler des luttes des femmes, mais ils continuent de nous tuer », a-t-elle ajouté.
 
La commandante Amanda a envoyé sa solidarité aux familles et aux mères victimes de féminicide.
 
« Nous voulons envoyer un câlin spécial aux familles et aux amis des femmes disparues et assassinées. Un câlin qui vous fait savoir que vous n’êtes pas seule. Avec notre mode et à notre place, nous accompagnons votre demande de vérité et de justice. »
 

ROJAVA. «2020 sera l’année où la révolution des femmes deviendra permanente»

« Parce que les femmes révolutionnaires secouent leur empire basé sur la violence, l’oppression (…). Ils sont comme des chauves-souris, effrayés par la lumière, vivant dans l’obscurité et mourant dans l’obscurité. Ils essaient de se venger contre notre système démocratique rayonnant en attaquant les femmes. »

 

SYRIE / ROJAVA – Foza Yûsif, membre du comité exécutif du Mouvement pour une société démocratique – TEV-DEM , a fait des évaluations importantes sur les développements et le travail des femmes dans la Syrie du nord et l’est en 2019 dans un entretien publié par le site Women defend Rojava. Elle a décrit la création du conseil des femmes dans la Syrie du Nord et d’Est comme étant l’un des plus grands gains des femmes en 2019, et a déclaré qu’à travers ce conseil, les femmes ont désormais un pouvoir organisé pour résoudre leurs problèmes.

Dans son analyse, elle souligne qu’avec la révolution de la Syrie du nord et d’est, le pouvoir des femmes affecte le monde entier et est un flambeau autour duquel tous ceux qui luttent pour la liberté sont rassemblés.
 
Yûsif a également souligné que ceux qui détiennent au pouvoir craignent le développement de la lutte des femmes et a ajouté: « Parce que les femmes révolutionnaires secouent leur empire basé sur la violence, l’oppression (…). Ils sont comme des chauves-souris, effrayés par la lumière, vivant dans l’obscurité et mourant dans l’obscurité. Ils essaient de se venger contre notre système démocratique illuminé en attaquant les femmes. »
 
Voici l’interview de Foza Yûsif :
 
Comment évaluez-vous le travail militaire, politique et social réalisé par les femmes en 2019?
 
Au cours des 8 dernières années de la crise syrienne, les femmes du nord et de l’est de la Syrie ont connu une révolution constante et ont lutté. Chaque année, les femmes ont pris de nouvelles mesures pour élargir la lutte des femmes. À mon avis, l’un des plus grands gains de 2019 a été la création du «Conseil des femmes de la Syrie du nord et de l’est». Je pense que c’était une étape historique. Parce que le conseil se bat pour que les femmes adoptent une attitude commune avec leurs activités dans l’évolution et le développement de la société. Bien sûr, avec la présence de nombreuses organisations de femmes, ce conseil aura la fonction de parlement des femmes. Parce que de cette façon, les problèmes rencontrés par les femmes ici sont traités et évalués d’un point de vue différent et ils continueront d’être évalués. Bien sûr, en plus de cela, cela fait des femmes une force active dans les activités sociales, politiques et culturelles.
 
La participation au conseil des femmes de différentes ethnies de la région s’est considérablement améliorée. Ceci est très important en termes de travail collectif et de capacité à bénéficier d’expériences différentes.
 
LES YPJ ONT VENGÉ LES FEMMES VICTIMES DES ATROCITÉS DE DAECH
 
Une autre réalisation historique des femmes est la guerre menée par les Unités de défense des femmes YPJ contre l’Etat islamique. La participation des femmes à la lutte contre l’Etat islamique est une réalisation très importante pour les femmes. Les YPJ ont vengé de toutes les femmes qui ont été violées, vendues et soumises à la violence par les gangs de l’Etat islamique. La lutte et le succès des femmes est une lutte et un succès contre le système terroriste à l’esprit patriarcal millénaire. À cet égard, il est extrêmement important et précieux.
 
UNE ATTAQUE MONTRANT QU’ERDOGAN EST L’ENNEMI DES FEMMES
 
Il est également important et sacré que les femmes des rangs des Forces démocratiques syriennes (FDS) participent à la résistance d’honneur contre l’invasion de l’État turc et de ses gangs. La résistance des Ronahi, des Zin et des dizaines de leurs camarades a affecté le monde. Le martyre d’Havrin Khalaf [coprésidente kurde du parti l’Avenir de la Syrie tuée par des mercenaires de la Turquie le 12 octobre, près de l’autoroute M4], et de la mère Aqîde a eu un grand impact sur la conscience humaine en montrant au monde qu’Erdogan est l’ennemi des femmes, qu’il est DAECH lui-même et qu’il est hostile à toutes sortes de mouvements de libération démocratique.
 
Les femmes du nord et de l’est de la Syrie ont mené de nombreuses actions. Comment évaluez-vous ces actions?
 
Dans le sens de la mentalité de tous les segments de la société ; la famille, les femmes, les hommes est très importante pour assurer le progrès. Plus les femmes et les hommes ont une compréhension démocratique, consciente et individuelle de la société, plus la société devient saine et solide.
 
LES RELATIONS FAMILIALES, FEMMES / HOMMES DOIVENT ÊTRE RESTRUCTURÉES
 
La famille est importante pour la formation humaine. Les gens sont d’abord éduqués dans la famille. Cette école doit être développée en permanence, car les parents sont les premiers enseignants de l’individu. Un enseignant qui ne réussit pas ne peut pas élever une génération qui réussit. Par conséquent, les actions menées par les organisations de femmes sont importantes et nécessaires. Nous devons tous savoir comment vivre, comment échanger et comment créer une vie familiale développée. Nous devons également restructurer nos relations avec la famille. Parce qu’un déclin de la mentalité familiale entraîne une crise mentale et a d’autres conséquences. Par conséquent, de nouvelles mesures sont nécessaires dans les relations hommes-femmes. Nous devons lutter contre le phénomène de la violence à l’égard des femmes dans la famille.
 
Il faut aussi savoir très bien que la lutte pour la libération des femmes est aussi une lutte des hommes. Parce qu’un homme qui a du respect pour lui-même et donne de la valeur à sa vie veut vivre avec une femme libre qui a le libre arbitre et la compréhension. Vivre avec un serviteur ne signifie pas amitié. C’est une relation uniquement dans le cadre du propriétaire d’esclaves, ce qui signifie le déclin de la société.
 
LES MÈRES HÉROÏNES ONT DES ENFANTS HÉROS
 
À cela s’ajoute une participation remarquable aux actions et activités organisées contre l’État turc occupant. En lien avec cela, les mères de martyrs sont devenues un symbole d’honneur avec leur attitude courageuse et altruiste contre les envahisseurs. Leur réaction au martyre de leurs enfants avec les tililis (cri de victoire traditionnel des femmes) a été une grande source de pouvoir pour ceux qui ont résisté. Cela a montré que les mères héroïques créaient des héros
 
Depuis le début de la révolution du Rojava-Syrie du Nord et Est, l’État turc et ses gangs ciblent en particulier les femmes. Le meurtre d’Hevrîn Xelef le montre de la manière la plus claire. Pourquoi pensez-vous que les femmes sont ciblées de cette façon?
 
Oui. Erdogan et ses gangs ont peur des femmes libres, courageuses et conscientes. Parce que leur système réactionnaire est basé sur des femmes sans volonté et esclaves et des hommes despotes. Ils n’ont pas seulement peur de notre pouvoir en tant que femmes, ils ont aussi peur de nos cadavres et ils essaient de se venger d’eux. Aussi les cadavres de martyres Barîn Kobanê et Hevrîn Xelefin avaient été soumis à la violence des gangs.
 
LES FEMMES ÉBRANLENT L’EMPIRE DE L’OBSCURITÉ
 
Ils ont la rancune contre les femmes. Parce que les femmes révolutionnaires secouent l’empire qu’ils ont créé par la violence, la persécution (…). Ils sont comme des chauves-souris, effrayés par la lumière, vivant dans l’obscurité et mourant dans l’obscurité. Ils essaient de se venger de notre système démocratique rayonnant en attaquant les femmes. Parce qu’ils savent bien que les femmes sont le fondement du système social, et asservir les femmes signifie les retirer de la société. Par conséquent, ce n’est pas une coïncidence s’ils ciblent les femmes, c’est la politique et l’idéologie sur lesquelles l’AKP [parti au pouvoir en Turquie] est basé.
 
Le pouvoir des femmes affecte le monde entier et est devenu un flambeau autour duquel sont réunis tous ceux qui luttent pour la liberté. La mentalité d’Erdogan veut éteindre ce flambeau et briser l’espoir des femmes. contre cela, la révolution des femmes persiste avec insistance et continue d’évoluer. Cibler les femmes ne rompt pas notre volonté, au contraire, cela montre que nous sommes sur la bonne voie et nous incitent à nous engager plus étroitement dans la lutte.
 
Quel message souhaitez-vous transmettre aux femmes pour l’année 2020?
 
En tant qu’administration des femmes, nous avons réalisé une révolution sociale. Aucun pouvoir ne peut briser notre espoir de vie libre et honorable. Le viol et les attaques immorales contre les cadavres de femmes ne peuvent pas nous faire reculer. Au contraire, cela nous donne la force de continuer notre chemin.