Accueil Blog Page 857

Soutenez le Rojava, aidez l’ONG humanitaire Roja Sor – Soleil Rouge

0
PARIS – La dernière invasion turque au Rojava, dans la région de Serekaniye, a forcé plus de 300 000 civils à se réfugier dans d’autres régions du Rojava où les plaies ouvertes par DAESH n’étaient pas encore pensées.
 
Malgré la situation humanitaire catastrophique dans une région manquant d’hôpitaux, du matériel de soin et de médecins, toutes les ONG internationales présentes sur place sont parties depuis les attaques turques. Seule l’ONG kurde « Heyva Sor a Kurdistanê » (Croissant rouge du Kurdistan) vient en aide aux réfugiés, avec le peu de moyens dont elle dispose.
 
Roja Sor – Soleil Rouge, l’ONG franco-kurde partenaire d’Heyva Sor en France, est mobilisée activement pour venir en aide aux réfugiés, dont des femmes et enfants, du Rojava. En novembre 2019, elle a participé au convoi d’aide d’Heyva Sor à hauteur de 30 000 euros. 
 
En plus de l’aide de première nécessité fournie aux réfugiés du Rojava, Roja Sor a de nombreux projets en cours, notamment l’ouverture d’hôpitaux, l’acheminement d’équipement médical et des professionnels de santé au Rojava, dans le nord de la Syrie.
 

Le président du Roja Sor – Soleil Rouge, le cardiologue Alexandre Koroglu appelle aux dons pour aider les réfugiés du Rojava. Il rappelle que les dons sont déductibles à hauteur de 66 % de vos impôts : exemple, si vous donnez 100 euros, l’État vous rembourse 66 euros, ou en crédit d’impôt si vous n’êtes pas imposables.

Envoyez vos dons:

– par chèque, au siège de l’association
7, rue de Castellane
75008 Paris

– par virement
Banque : CIC TROYES HOTEL DE VILLE
IBAN : FR7630087335000002074770150
BIC : CMCIFRPP
– par PAYPAL sur le site
https://rojasorfrance.com/paypal/

Pensez également à adhérer au Soleil Rouge afin de les aider dans leurs activités car on n’est jamais trop nombreux pour aider le Rojava ! 
Christine Valain au stand du Roja-Sor Soleil Rouge

Un Britannique parlant couramment le kurde crée le plus grand dictionnaire kurde en ligne

0
KURDISTAN DU SUD – ERBIL (HEWLER) – Un expatrié britannique dans la région du Kurdistan s’est lancé dans un projet de création du dictionnaire kurde en ligne le plus vaste et le plus complet.
 
Ibrahim Kocher est un expatrié britannique qui a passé les 10 dernières années de sa vie dans la province de Duhok avec sa famille. Aujourd’hui, Kocher parle couramment le kurde.
«Nous devons prendre toutes les mesures nécessaires pour normaliser notre langue – la langue kurde», dit-il au Kurdistan 24 dans le dialecte kurmanji du kurde.
 
Au cours des dernières années, Ibrahim a travaillé à l’expansion d’un dictionnaire kurde en ligne via la plateforme de Wikipédia, Wiktionary.
 
Il a fait des progrès importants dans cette initiative et estime que la langue kurde est l’une des plus importantes au monde.
 
«Je suis ravi de voir le succès de ce dictionnaire en ligne. La langue kurde est riche, mais nous devons travailler dur pour la standardiser», explique-t-il.
 
«Par exemple, je pense qu’il faut accorder une attention à la standardisation de l’écriture en kurde pour les lettres en arabe ainsi que les lettres en latin. Avec cette étape, la langue kurde deviendra plus standardisée.»
 
Wikiferheng, un dictionnaire de contenu gratuit basé sur le Web, n’inclut pas seulement des définitions de mots en kurde, mais comprend également des idiomes et des proverbes couramment utilisés en kurde ainsi que leur signification.
 
Ibrahim a fait des progrès importants dans la création d’une vaste base de données de définitions ainsi que des idiomes et des proverbes au cours des quatre dernières années depuis le début de son projet. Il a également fourni deux plateformes pour le dictionnaire en ligne: l’une via le Web et l’autre via une application.
 
Ferhad Kurdi (à droite) avec Ibrahim

Ferhad Kurdi, un Kurde qui a aidé Ibrahim dans le projet, a déclaré que la plate-forme avait considérablement progressé depuis sa création.
 
«Lorsque nous avons commencé à développer le dictionnaire kurde en ligne, il était classé 13e sur la liste des dictionnaires en ligne de Wiktionary. Cependant, au cours des quatre à cinq dernières années, nous avons pu atteindre la huitième place», a-t-il déclaré au Kurdistan 24.
 
«De plus, nous avons augmenté le nombre de pages de 600 000 à 800 000. Notre objectif est d’atteindre plus d’un million de pages», a ajouté Kurdi.
 
«Le dictionnaire en ligne fournit des définitions dans toutes les langues, pas seulement le kurde, l’arabe ou l’anglais. Vous pouvez rechercher un mot ou un proverbe dans n’importe quelle langue, et il fournira la traduction ou la définition kurde.»
 
Il y a plus de 350 ans, l’écrivain, poète et philosophe kurde classique Ahmad Khani a écrit le tout premier dictionnaire kurde intitulé «Nubehara Biçukan» ou «Le printemps des enfants».
 
Depuis lors, de nombreux autres dictionnaires kurdes ont été écrits et publiés. Ibrahim dit qu’il s’attend à ce que son projet soit le plus grand dictionnaire kurde car il est disponible pour les gens du monde entier qui parlent différentes langues.
 

« Elle ne peut plus parler aux hommes » (une ex-otage des gangs de la Turquie)

0
SYRIE / ROJAVA – L’histoire de Zainab, retenue en otage contre rançon à Serekaniye.
 
Jumah Sheikho ne s’attendait pas à ce que la décision de retourner avec sa femme dans sa ville, Serekaniye, se termine par une tragédie.
 
Le 9 octobre 2019, la Turquie et ses supplétifs islamistes ont lancé l’invasion militaire de Serekaniye à Gire Spi. Des batailles féroces ont éclaté sur un front de 120 km à la frontière entre les deux villes, et ont abouti à ce que la Turquie parle de contrôler toute cette zone après le retrait des Forces démocratiques syriennes (FDS), selon un accord entre Washington et Ankara.
 
C’est le troisième jour après le début des bombardements et des combats que Juma Sheikho a décidé de faire sortir sa famille de la ville au sud et à l’ouest, dans les villages de la ville de Til Temer sur la route de Heseke, pour tenter de sauver leur vie alors que les bombardements turcs atteignaient leur paroxysme et que des bandes djihadistes armées envahissaient Serekaniye dans une « guerre de rue ».
 
Cet après-midi-là, il est parti avec une moto qui était son seul moyen de faire sortir sa famille. Comme la plupart de leurs voisins, ils craignaient pour leur vie et avaient l’impression de ne pas avoir le choix.
 
Pendant les premiers jours des bombardements turcs axés sur la ville et la campagne, environ 150 000 personnes ont fui la ville. Elles ont traversé la campagne de Til Temer et ont atteint Heseke, dans des scènes qui incarnent l’une des pires tragédies en Syrie pendant les huit années de guerre. Des centaines d’enfants et de femmes se sont rassemblés à l’extérieur, se réfugiant du froid et de la pluie dans des écoles ou des bâtiments inachevés.
 
Pendant ce temps, la plupart des organisations humanitaires internationales ont retiré leur personnel du Rojava et sont parties de l’autre côté de la frontière, dans la région du Kurdistan irakien. Cela a entraîné une forte pression sur les organisations locales, qui se sont retrouvées à assumer toute la responsabilité de l’assistance aux personnes déplacées, malgré des capacités limitées.
 
Le treizième jour d’octobre a marqué un tournant tragique pour Zainab et sa famille. Deux jours après avoir atteint la sécurité, elle et son mari ont pris la décision de rentrer chez eux pour découvrir ce qu’il était advenu de leur maison.
 
« Nous avions pris la décision de vérifier notre maison et d’aller chercher quelques produits de première nécessité, mais nous n’avions jamais pensé que Zainab serait enlevée par une faction armée dans le centre ville. Par chance, j’ai réussi à m’échapper avec d’autres familles, » a déclaré Sheikho.
 
Zainab a passé deux semaines en détention, pendant lesquelles Juma n’a pas pu dormir. Cette crainte a été ressentie par des dizaines de familles déplacées de Serekaniye, selon des rapports locaux sur les droits humains, bien qu’elles n’aient pas été en mesure de recueillir des statistiques précises sur ces violations.
 
Après que Sheikho eut rejoint sa famille, il a tout essayé pour savoir ce qui était arrivé à sa femme, mais en vain, jusqu’à ce qu’il reçoive des messages des gangs qui l’avaient détenue.
 
Des cheveux gris lui tombant sur le visage, il dit : « Ils m’ont envoyé des photos de Zainab, et ont exigé une rançon d’un million de livres syriennes en échange de sa libération ». Il a essayé de se procurer le montant dans le but de l’envoyer par l’intermédiaire de courtiers aux agents qui avaient détenu sa femme.
 
« Le million de livres que j’ai envoyé aux factions armées, j’ai travaillé dur pour le récupérer, mais le retour de ma femme dans sa famille ne se mesure pas en argent. »
 
Cependant, le retour de Zainab dans sa famille ne mettra pas fin à ses souffrances, comme l’avait espéré son mari. Les effets de la période de détention forcée sur elle sont loin d’être oubliés. L’horreur des scènes de meurtre et de torture qu’elle a vécues pendant deux semaines a été un cauchemar dont elle ne peut toujours pas se réveiller.
 
Le magazine Shar n’a pas pu prendre son témoignage et savoir ce qui lui est arrivé pendant la période de détention, car Zainab n’a pas pu regarder l’appareil photo pendant que nous prenions des photos. « Elle ne peut plus parler aux hommes », a déclaré son mari.
 
Zainab vit aujourd’hui avec sa famille dans l’école de Umm Hajariya, située à l’ouest du quartier d’Al-Nashwa à Heseke. Ils vivent dans une seule pièce, avec deux autres familles, dans des conditions difficiles.
 
Expliquant la situation de sa famille, Sheikho a ajouté : « Comment trois familles peuvent-elles vivre dans une seule pièce ? Ces enfants ne sont pas scolarisés. Tout s’est fait du jour au lendemain. »
 
Pour Juma, la douleur et les épreuves qu’il a vécues et qu’il a traversées avec sa famille, cela en vaudrait la peine si seulement il pouvait voir sa femme se remettre de sa souffrance psychologique et surmonter les horreurs qu’elle a vécues.
 
Article à lire en anglais ici et en arabe là 

Pétition pour une Kurde d’Allemagne tenue en otage en Turquie

0
TURQUIE – Senem Kartal, une femme germano-kurde atteinte d’une maladie grave, est interdite de quitter la Turquie depuis le mois d’octobre 2019 où elles s’était rendue pour les funérailles d’un oncle. Ces proches et amis travaillent pour que l’interdiction de quitter la Turquie pour des raisons humanitaires et médicales soit levée immédiatement.
Ils ont également lancé une pétition appelant à son retour immédiat en Allemagne avant que son état de santé s’empire.
 
Qui est Senem Kartal ?
 
« Senem Kartal est âgé de 57 ans et est Kurde. Elle vit à Nuremberg depuis 47 ans et n’a que la nationalité allemande.
 
Senem est mariée et a deux enfants adultes. Pendant de nombreuses années, elle a été une syndicaliste active pour IG Metall, une déléguée syndicale et une conseillère d’entreprise. Après une grave maladie, elle est maintenant handicapée à 80% et en préretraite. En raison de sa maladie chronique, elle a un besoin urgent de traitement médical et d’une surveillance constante.
 
Senem s’est engagée depuis des années en faveur des droits des femmes et est également actif dans la politique locale. Elle est candidate aux élections municipales de Nuremberg au printemps 2020.
 
Arrestation en Turquie
 
Le 05.10.2019 Senem s’est rendue aux funérailles de son oncle en Turquie. Lors de l’escale à Istanbul, elle a été arrêtée par les forces de sécurité turques. Deux jours plus tard, elle a été emmenée dans une prison à Ankara. Après plusieurs interrogatoires pour « propagande terroriste » présumée, le ministère public a demandé sa mise en détention provisoire. Cependant, le juge de la prison a rejeté cette demande. Elle a ensuite été relâchée en détention après un total de cinq jours. Le ministère public a toutefois imposé une interdiction de quitter le pays combinée à une obligation quotidienne de se présenter aux autorités.
 
Senem vit actuellement chez des proches à Antalya. Le 18 décembre, l’obligation d’enregistrement a été levée – un soulagement, car le trajet quotidien jusqu’au poste de police prenait plus d’une heure et demie. Son état de santé se détériore de plus en plus, car aucun soin médical adéquat ne peut être garanti en Turquie.
 
Les accusations
 
Les accusations de la justice turque sont radicales, comme dans de nombreux cas similaires : L’adhésion à une « organisation terroriste [kurde] », à la « propagande terroriste » ainsi que le partage de contenu critiquant Erdoğan sur Facebook.
 
Le rôle de l’ambassade d’Allemagne
 
Le fils de Senem a contacté l’ambassade allemande à plusieurs reprises et a demandé le soutien de sa mère. Senem lui-même a également visité la représentation allemande à Antalya et a demandé de l’aide. Là, on lui a dit que c’était « une affaire pour les autorités turques » et qu’il n’était pas possible d’intervenir.
 
Ce n’est pas un cas isolé
 
Le Senem Kartal n’est pas un cas isolé. Il y a actuellement six cas similaires confirmés en Bavière et dans le Bade-Wurtemberg, exclusivement des Kurdes ayant un passeport allemand. Le 17.12.2019, le journal Die Welt rapporte : « 74 cas sont connus dans lesquels des citoyens allemands sont soumis à une interdiction de quitter le pays en Turquie. [1]
 
Après le début de l’offensive militaire de l’Etat turc sur le Rojava (nord-est de la Syrie), les cas de refus d’entrée, d’emprisonnement et d’interdiction de sortie contre les Kurdes ont augmenté. C’est le cas de Gönül Dilan Örs (Cologne), fille de la chanteuse Hozan Canê, Nebahat Yıldırım (Hambourg), l’épouse de Bekir Topgider (Cologne), le président de la Communauté kurde d’Allemagne et membre du conseil d’administration fédéral de l’Association des clubs du Kurdistan en Allemagne. Ils sont tous touchés par des arrestations arbitraires avec toujours les mêmes accusations.
 
La responsabilité du gouvernement fédéral allemand 
 
Le Senem est une citoyenne allemande, et pour cette seule raison, le gouvernement fédéral est responsable. En outre, le scandale des données qui a été récemment mis au jour a considérablement contribué à mettre en danger les opposants au régime turc. Après l’arrestation des avocats de confiance de l’ambassade allemande en Turquie, des milliers de dossiers de demandeurs d’asile se sont retrouvés entre les mains des services secrets turcs [MIT]. En coopérant avec les autorités d’un État qui a perdu tout État de droit, le gouvernement allemand est en partie responsable du sort des personnes qui sont tombées dans les griffes de l’administration turque.
 
La pression que l’administration turque exerce sur les Kurdes en Allemagne est tolérée par le gouvernement allemand. Le droit fondamental à la liberté d’expression – aboli depuis longtemps en Turquie – est également limité ou suspendu pour les opposants au régime vivant en Allemagne. Avec l’aide de l’application pour smartphone « EGM Mobil », les Turcs fidèles au gouvernement sont appelés à signaler les critiques de Erdoğan directement aux autorités turques. 2] Les accusations portées, comme « l’insulte au président » ou les accusations de « terrorisme », sont généralement absurdes, mais dans certains cas, elles peuvent détruire la vie des personnes touchées lors de leur prochaine visite familiale.
 
Demandes 
 
Nous exigeons que, pour des raisons médicales et humanitaires uniquement, Senem Kartal soit autorisé à quitter la Turquie immédiatement. Le ministère fédéral des Affaires étrangères doit faire pression sur le gouvernement turc pour qu’il lève immédiatement toutes les interdictions de sortie. »
 
Pétition à signer ici : Libérez Senem Kartal
 
 
 

« L’attaque turque a renforcé le vivre ensemble entre les peuples du Rojava »

0
PARIS – Hier soir, une émission-débat a été réalisée par l’association Tamazgha au Café solidaire de la radio Fréquence Paris plurielle (FPP), en soutien au peuple kurde.

Baqer Kurdo, un membre de la Représentation du Rojava en France, Mylène Sauloy, réalisatrice de nombreux documentaires, notamment du « Kurdistan, la guerre des filles » qui met en lumière la lutte des femmes kurdes contre DAECH (l’Etat islamique), et le journaliste Chris Den Hond qui revient tout juste du Rojava étaient les invités de l’émission animée par Masin Ferkal.
Lors de l’émission – qui sera diffusée prochainement sur la radio FPP, Chris Den Hond a déclaré que l’attaque militaire turque contre le Rojava avait « renforcé le vivre ensemble entre les peuples du Rojava », à savoir, les Kurdes, Arabes, Turkmènes, Syriaques, dans 30% des territoires syriens contrôlés par les Forces démocratiques syriennes (FDS). Il a assuré le public en déclarant qu’ils avaient, la journaliste Mireille Court qui était également du voyage au Rojava, constaté que les relations entre tous les peuples vivant au Rojava s’était améliorées considérablement depuis que la Turquie et ses supplétifs islamistes avaient lancé leurs attaques d’invasion contre le Rojava le 9 octobre 2019. Il a ajouté que les habitants du Rojava rejetaient totalement l’invasion turque et qu’ils refusaient également le retour du régime syrien, préférant s’auto-gouverner à tous les niveaux, que ce soit militaire ou politique.
 
Chris Den Hond a déclaré également que le Rojava restait debout contre toute attente – avec toutes ses institutions militaires et civiles opérationnelles – alors que la Russie pensait qu’avec l’attaque turque, l’administration autonome de la Syrie du Nord et d’Est allait se jeter dans les bras du régime d’Assad…
 
Den Hond a fait remarqué que le système démocratique de gouvernance mis en place au Rojava continuait à fonctionner et que le retour des forces du régime sur la ligne de la frontière séparant le Rojava de la Turquie n’avait en rien altéré ce système de gouvernance avant-gardiste. Il a insisté sur le fait que les habitants du Rojava refusaient que leurs jeunes soient enrôlés dans l’armée arabe syrienne, préférant rester dans les rangs des FDS. Idem pour l’éducation, chaque communauté ayant aujourd’hui le droit d’avoir un enseignement dans sa langue maternelle, en plus de l’arabe qui est la langue nationale de la Syrie… Ils refusent le système d’éducation actuelle dans la Syrie contrôlée par Assad où seule la langue arabe est autorisée…
 
La réalisatrice Mylène Sauloy a rappelé la place centrale des femmes dans la société kurde au Rojava. Elle a également rappelé la co-présidence homme/femme mise en place dans tous les domaines, que ce soit politique, militaire, culturel, civil…
 
Sauloy a évoqué l’assassinat de trois militantes kurdes à Paris en janvier 2013, il y a sept ans, et l’absence de procès dans le meurtre de Sakine Cansız, une membre fondatrice du PKK, Fidan Doğan, représentante du Congrès national du Kurdistan (KNK) à Paris, et Leyla Şaylemez, une membre du Mouvement des jeunes.
 
Baqer Kurdo a déclaré que l’administartion autonome du Rojava avait, dépuis le début de la guerre syrienne, appelé au dialogue avec le régime central pour une solution politique aux nombreux problèmes concernant les droits des Kurdes et des autres minorités vivant en Syrie. Jusqu’à présent, ces appels n’ont pas eu d’échos réels mais cette situation ne pourrait s’éterniser et tôt ou tard, les peuples de la Syrie obtiendront gain cause grace à leur lutte acharnée.
 
La première partie de l’émission pourrait être visionnée ici et une autre séquence
 

La France sommée de faire la lumière sur le meurtre de 3 femmes kurdes à Paris il y a 7 ans

0
PARIS – Plusieurs milliers de Kurdes venus de toute l’Europe ont manifesté à Paris pour demander «vérité et justice» sur l’assassinat de trois militantes kurdes à Paris il y a sept ans. Ils ont de nouveau exhorté les autorités françaises pour qu’elles fassent la lumière sur ce triple meurtre politique.

Image
La manifestation de ce samedi 11 janvier a été organisée à l’occasion du septième anniversaire du meurtre de Sakine Cansız, une membre fondatrice du PKK, Fidan Doğan, représentante du Congrès national du Kurdistan (KNK) à Paris, et Leyla Şaylemez, membre du Mouvement des jeunes.
 
Promue par le Mouvement des femmes kurdes européennes (TJK-E), la marche a attiré des milliers de Kurdes et leurs amis, qui ont afflué à Paris et qui ont marché de la Gare du Nord à la place de la République.
 
Des femmes portant les portraits de Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Şaylemez, et des banderoles où on pouvait lire notamment « 7 ans d’impunité, c’est assez ! » ont ouvert la marche.
 
Les portraits de la politicienne kurde Havrin (Hevrin) Khalaf* ainsi que ceux de Sêvê Demir, Fatma Uyar et Pakize Nayır**, ont rejoint ceux de Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez.
Image
Des proches de Cansız, Doğan et Şaylemez, des politiciens français Jean-Luc Melanchon, Olivier Besancenot, le coprésident de KONGRA-GEL Remzi Kartal, le membre du Conseil exécutif du KNK Zübeyir Aydar, les coprésidents du KCDK-E Yüksel Koç et Fatoş Göksungur, ainsi que des représentantes du TJK-E et d’autres représentants kurdes, représentants des institutions françaises, tamoules et turques ont également participé à la marche.
 
S’exprimant à la Gare du Nord, point de départ de la marche, Pascal Torre, membre de l’Association France-Kurdistan, a déclaré que l’État turc a une tradition de massacre et a ajouté: « L’État turc a commis des massacres à travers l’histoire. Les massacres ont visé tous les les minorités de la région, notamment les Arméniens et les Kurdes. Cela se poursuit encore aujourd’hui. » (l’intégralité du discours de Torre est en bas de l’article.)
L’image contient peut-être : 1 personne, plein air
La marche s’est terminée par un rassemblement sur la place de la République. Des politiciens français ainsi que des représentants de nombreuses institutions kurdes ont pris la parole et ont appelé les autorités françaises à faire la lumière sur cet assassinat politique qu’on veut étouffer car il menacerai les intérêts étatiques de la France d’avec la Turquie que les Kurdes accusent d’en être la commanditaire.
Image
La militante kurde, Xane Ozbek a déclaré à l’AFP : «Nous parlons de triple assassinat politique, triple féminicide. Après sept ans, il n’y a aucune lumière qui a été faite. A travers elles [Sakine, Fidan et Leya], c’est des milliers de femmes aujourd’hui qui sont déterminées plus que jamais et qui prennent le relais pour renforcer la lutte pour la libération des femmes. Et à travers la libération des femmes, la libération du peuple kurde.»
 
«Nous revenons sept ans après pour pouvoir crier vérité et justice, et je dirais même plus justice que vérité puisqu’aujourd’hui toute la vérité est connue», a déclaré à Agit Polat, représentant du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F).
Depuis sept ans, les Kurdes luttent pour obtenir justice et reprochent à la France de vouloir classer l’affaire dans le but de protéger ses intérêts étatiques d’avec la Turquie considérée comme étant le commendataire de ce triple assassinat.
 
*Havrin Khalaf était la co-présidente du parti Avenir de la Syrie. Elle a été violée et lapidée le 12 octobre par les mercenaires de la Turquie dans le nord du Rojava.
 
**Sêvê Demir, Pakize Nayır et Fatma Uyar, 3 militantes kurdes ont été tuées par les forces turques lors de couvre-feu, le 5 janvier 2016 à Silopi, district de Sirnak.

L’intégralité du discours de Pascal Torre : « Voilà sept ans que Sakine, Leïla et Rojbin ont été arrachées à la vie par un assassin qui agissait sur les ordres de la Turquie.

La Turquie contemporaine s’est fondée sur le crime : contre les Arméniens, les Grecs, les Assyro-chaldéens, les Kurdes.

Longtemps pilier oriental de l’OTAN, Ankara a écrasé dans des coups d’Etat sanglants les forces progressistes. Dans cette tourmente les Kurdes ont résisté et résistent encore.

R.T. Erdogan s’est lancé dans une nouvelle guerre contre les Kurdes en Turquie : je pense au massacre de Suruç, aux destructions de Nusaybin, Cizré, Hakkari. Je pense à A. Ocalan qui croupît depuis près de 20 ans dans sa prison, aux parlementaires, aux maires, aux militants du HDP révoqués et emprisonnés par milliers. Vous me permettrez d’avoir un message de solidarité pour S. Demirtas que R.T. Erdogan a voulu laisser mourir dans sa prison et que la mobilisation a permis de sauver.

R.T. Erdogan s’est lancé dans une guerre ouverte contre les Kurdes du Rojava.

Après s’être emparé d’Afrin, il contrôle désormais une partie du Rojava. Un sanglant nettoyage ethnique s’y produit avec la destruction de cet espace de liberté où des milliers de femmes et d’hommes expérimentaient les voies du féminisme, de la démocratie, du progrès social et de la paix.

R.T. Erdogan a aussi déclaré la guerre aux Kurdes de France et d’Europe avec l’ambassade de Turquie à Paris qui est devenue un repère de tueurs. Après l’assassinat de Rojbin, Sakiné et Leïla de nouvelles menaces pèsent sur les dirigeants kurdes.

Jusqu’à quand la France et l’Union européenne vont-elles capituler devant ce dictateur ? Jusqu’à quand va-t-on laisser faire R.T. Erdogan qui s’empare de territoires en Syrie et en Irak ? Maintenant il entend semer le chaos en Libye en y envoyant des soldats, des djihadistes et des armes. R.T. Erdogan menace la Grèce et Chypre en modifiant illégalement les frontières maritimes de la Méditerranée orientale.

R.T. Erdogan c’est la guerre ! R.T. Erdogan c’est le crime !

Il faut que cela cesse. Il faut que cessent les petits arrangements entre la France et l’Union européenne et ce criminel.

Pour cela il faut que la mobilisation grandisse. Dans ce combat vous pouvez compter sur la solidarité du PCF qui est engagé depuis des années à vos côtés.

Au Parti communiste français nous connaissions bien Rojbin. Poursuivre ce combat solidaire, ensemble, est une manière de rester fidèle à sa mémoire. »

 

FRANCE. Les Kurdes fichés S comme les membres de Daech, leurs ennemis jurés…

0
PARIS – On l’oublie souvent, mais de nombreux militants kurdes sont fichés S en France à cause de leurs engagements politiques pour les droits des Kurdes opprimés dans les quatre pays occupant le Kurdistan : Turquie, Iran, Irak et la Syrie.
 
«Fichée S comme les types de Daech, contre lesquels nous nous battons en Syrie et en Irak, c’est humiliant pour moi», Berivan Firat, l’une des militants kurdes fichés S*, l’a rappelé par ces mots lors d’un entretien accordé à la journaliste Ariane Bonzon à l’occasion du septième anniversaire de l’assassinat de Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, 3 militantes kurdes, à Paris le 9 janvier 2013.
 
Firat a également déclaré que son fils Kemal-Nicolas Akyol a décidé de rejoindre les rangs de la guérilla kurde après ce triple assassinat de Paris. (Kemal-Nicolas est tombé martyr dans les bombardements de l’armée turque le 4 septembre 2017 au Kurdistan du Sud.)
 
 
*En France, une fiche S est une fiche signalétique du fichier des personnes recherchées. La lettre S est l’abréviation de « sûreté de l’État ». Les fiches S sont principalement émises par la direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) pour des personnes suspectées de jouer un rôle actif en lien avec une organisation terroriste.

PARIS. Les Kurdes d’Europe manifestent pour exiger la vérité dans le triple meurtre de Paris

0
PARIS – Cela fait 7 ans que trois femmes kurdes ont été assassinées au cœur de Paris. Malgré les nombreux éléments prouvant l’implication des services secrets turcs (MIT) dans ce crime politique, la justice française traîne les pieds. Mais les Kurdes ne baissent pas les bras et restent mobilisés pour obtenir justice, même si face à eux, ils ont des Etats qui privilégient leurs intérêts plutôt que la divulgation de la vérité dans ce dossier relevant du secret d’Etats…
 
C’est dans ce contexte que les Kurdes d’Europe et leurs amis vont manifester à Paris pour la septième année consécutive pour que la justice française fasse toute la lumière dans ce triple féminicide politique dont ont été victimes 3 femmes kurdes il y a 7 ans. En effet, le 9 janvier 2013, les militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez ont été exécutées à Paris. Le présumé coupable, Omer Güney est décédé en prison le 17 décembre 2016, un mois avant le début du procès. Depuis, une nouvelle enquête judiciaire a été ouverte à la demande des familles des trois victimes.
 
Cette année, les portraits de la politicienne kurde Havrin (Hevrin) Khalaf – co-présidente du parti Avenir de la Syrie violée et lapidée le 12 octobre par les mercenaires de la Turquie dans le nord du Rojava – vont rejoindre ceux de Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, tuées à Paris en 2013.
 
RDV ce samedi 11 janvier, à 10:30, à la Gare du Nord de Paris, à deux pas de 147 rue La Fayette, le lieu où Sara, Rojbin et Ronahi (Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Şaylemez) ont été abattues, pour une marche en direction de la place de la République.

Le génocide des Kurdes alévis de Dersim à travers le journal d’un soldat turc

0
TURQUIE / BAKUR – Une historienne turque a récemment découvert le journal d’un soldat turc qui a pris part au génocide des Kurdes alévis dans la province de Dersim, dans l’est de la Turquie, en 1937-38.
Lorsque la population de Dersim s’est rebellée contre la présence croissante des militaires turcs dans la région, une répression brutale a été déclenchée par Ankara.
 
Des milliers de Kurdes zazas de confession alévie, ainsi que des Arméniens, ont été tués ou déplacés à l’intérieur du pays par la campagne militaire turque. Le chef de la rébellion, Seyid Riza, et son fils ont été pendus le 15 novembre 1937 à Dersim*.
 
L’historienne turque Zeynep Türkyılmaz est une universitaire qui a longtemps travaillé sur l’histoire ottomane et l’histoire turque moderne.
 
En août 2019, en cherchant dans les archives Internet d’Ataturk, elle a découvert le journal d’un soldat turc nommé Yousif Kanaan Akim, qui raconte la brutale campagne de l’armée turque à travers son point de vue.
 
« Je cherchais parmi les archives en ligne d’Ataturk. Un des mots clés que je cherchais était Dersim. En cherchant, je suis tombée sur le journal du soldat turc », a dit Türkyılmaz à Rudaw.
 
Türkyılmaz, qui travaille sur un livre sur le massacre de Dersim depuis 1999, « a immédiatement téléchargé le document ».
 
« Ce document est l’une des sources les plus précises et les plus importantes, pleine d’informations avec beaucoup de détails concernant le massacre », a-t-elle dit.
 
Elle a parlé du document à ses amis, et eux aussi ont essayé de le trouver. Cependant, il semble ensuite « avoir été supprimé des archives ou sauvegardé à nouveau sous un autre nom de fichier », a-t-elle dit.
 
Le soldat Akim était originaire de la ville côtière de Samsun, au nord de la Turquie. Il semble avoir écrit quotidiennement dans son journal intime alors que son unité se déplaçait de village en village, de ville en ville, dans la province de Dersim, massacrant Kurdes et Arméniens.
 
« Certaines pages du journal ne peuvent pas être lues à cause des taches d’encre entre les pages », a dit Türkyılmaz à M. Rudaw lundi.
 
Akim détaille ses habitudes de temps libre, notamment les sorties au cinéma et la lecture de romans. Il parle également de son amante, Nedime, qui dit lui avoir envoyé des messages alors qu’il était sur le champ de bataille.
 
Le gouvernement turc a à plusieurs reprises évalué le bilan officiel du massacre de Dersim à plus de 13.000 morts ; des sources kurdes ont avancé un chiffre proche de 60.000.
 
En 2011, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a présenté ses excuses pour le massacre, le décrivant comme « l’un des événements les plus tragiques de notre histoire récente ».
 
« Après les excuses d’Erdogan, le Parlement turc a formé un comité pour documenter le massacre », a-t-elle dit.
 
« De nombreux documents ont été rassemblés. Mais malheureusement, ils ont été gardés dans un endroit secret, et le travail a été arrêté. Rien n’a été fait pour le massacre, sauf une seule excuse de la part d’Erdogan », a-t-elle ajouté.
 
Après que Türkyılmaz ait fait savoir qu’elle avait trouvé le journal, elle a reçu des messages mitigés d’appréciation et de critique de la part du public.
 
« Certaines personnes ont accueilli chaleureusement les efforts que j’ai déployés pour documenter le massacre de Dersim et pour trouver ce journal, tandis que d’autres l’ont critiqué (…) en disant que je dois payer le prix de l’antagonisme avec l’État », a-t-elle ajouté.
 
Voici quelques-unes des activités quotidiennes que le soldat avait notées dans son journal :
 
11 août : Plus tôt aujourd’hui, nous avons pris d’assaut le village de Yalan Dagi, mais il n’y avait personne. Nous avons apporté des outils avec nous et nous attendons les ordres de démolition du village.
 
En poursuivant notre raid, nous avons réussi à découvrir dix Kurdes. Deux d’entre eux ont été tués par notre unité, d’autres ont été blessés et pris en otage. À 11 h 30, nous avons brûlé Zozoloja, un autre village.
 
12 août : C’était tôt le matin quand nous avons entendu des obus de mortier et des avions. Les Kurdes ont été assiégés. Ils sont dans une situation terrible. Nous avons découvert une vache, trois moutons et 15 chèvres dans les forêts. Nous les avons tous tués et mangés.
 
13 août : Notre unité a découvert 20 000 moutons dans une vallée et a capturé 50 Kurdes.
 
19 août : Nous sommes juste derrière la colline de Ziyarat, attendant de recevoir des renforts. Nous avions très faim, alors nous avons fouillé quelques grottes et nous avons découvert de la farine, et nous en avons fait du pain. Il fait très froid ici. La neige tombe bien au-dessus du genou.
 
18 août : A 7h30 du matin, nous avons avancé de la ferme Zazawa vers les villages de Pulur et Cevizli. Nous avons brûlé tous les villages sur notre chemin. Nous avons découvert une grotte avec 100 chèvres dedans. Nous avons repéré une scène étrange ; une femme kurde s’était pendue. Nous sommes retournés à 21 heures dans un village appelé Karaoglan, où nous avons passé la nuit.
 
3 septembre : Nous avons atteint la périphérie de la ville de Cevizi. A minuit, nous avons plié nos tentes, nous sommes partis et nous sommes arrêtés au bord d’une rivière à 7 heures du matin. Nous avons failli mourir de soif, mais nous ne pouvions pas boire l’eau de la rivière à cause des cadavres qui l’avaient contaminée. Mes jambes étaient presque brisées, car nous avions fait un long chemin. Oh mon Dieu, s’il vous plaît, sortez-moi de là. Assez avec toute la douleur et la souffrance que j’ai endurées.
 
5 septembre : Avec mon officier, nous sommes allés au bain Hozat. Nous étions très épuisés. Prendre un bain nous a redonné de l’énergie.
 
7 septembre : Nous avons atteint un village aujourd’hui. Les soldats ont pillé les maisons, découvert des ruches d’abeilles. Les abeilles ont piqué le visage de certains des soldats. Dans la nuit du même jour, nous avons gravi les montagnes pour monter la garde jusqu’au petit matin. Nous pouvions voir les moutons et les cadavres en bas de la montagne. J’avais très sommeil quand je montais la garde.
 
10 septembre : Aujourd’hui, nous avons fait un raid sur toutes les forêts et les terrains découverts. Nos unités ont apporté avec elles les crânes des rebelles. Un soldat de notre unité nommé Rushan est chargé des décapitations. Il décapite tout le monde quand on lui en donne l’ordre.
 
11 septembre : Aujourd’hui, nous allons faire un raid dans toutes les montagnes. Nous ne pouvons pas aller dans les vallées, à cause des multiples cadavres. Le temps est très froid et nous sommes sur le point de mourir de froid. Dans la nuit, nous crions tous très fort et nous pleurons nos mères.
 
12 septembre : Nous nous sommes réveillés tôt le matin. Encore une fois, on nous ordonne de faire un raid dans les montagnes. Pendant la journée, nous sommes occupés à décapiter. Aujourd’hui, nous avons découvert de l’huile, alors nous allons faire cuire du riz… Je ne me sens plus comme un être humain. (…)
 
15 septembre : « Aujourd’hui, nous avons pris d’assaut le village de Soyotlo. Nous avons mobilisé tous les suspects. Nous avons abattu Ibrahim Agha, le fils du chef de la tribu Koch. »
 
A partir du 25 septembre, le soldat fait une pause de quelques jours.
 
7 octobre : Aujourd’hui, je me suis pesé. Je pesais 61 kilos. Dersim m’a fait grossir.
 
Jusqu’à la fin de 1938, le soldat continue à écrire son journal sur Dersim. Il n’écrit aucun bilan du nombre de personnes massacrées. Depuis le début de 1939, il n’écrit plus sur Dersim.
 
Le 31 août 1939, cependant, il écrit une note à quiconque découvre son journal : Ne lisez pas ce journal, mais renvoyez-le à cette adresse : Yousif Kanaan Akim dans les montagnes de Dersim.
 
Publié en anglais sur le site de RUDAW
Le nom de Dersim a été changé en Tunceli par la suite…

SYRIE. La Turquie vole 20 000 tonnes de blé et d’orge à Girê Spî

0
SYRIE / ROJAVA – À l’instar des olives et d’autres biens du canton kurde d’Afrin volés par l’occupation turque, l’État turc pille également la région de Girê Spî. 20 000 tonnes de céréales confisquées doivent être acheminées en Turquie. Les médias turcs présentent ce vol comme étant de l’importation de céréales achetées en Syrie.
 
Le pillage du nord de la Syrie par l’armée turque et ses mandataires djihadistes prend de nouvelles dimensions. Tout comme les troupes d’occupation pillent systématiquement le canton d’Afrin, occupé depuis mars 2018, et vendent notamment la récolte d’olives de manière rentable, la Turquie a maintenant commencé à transporter 20000 tonnes de céréales stockées à Girê Spî (Tal Abyad) à la Turquie.
 
Le contrat de transport de 20 000 tonnes de céréales de Girê Spî a été mis aux enchères. Le contrat a été attribué à la société d’expédition internationale Öz-Duy. Les céréales devraient être transportées vers les silos de stockage de l’Office turc des céréales (TMO) à Urfa d’ici le 30 juin 2020.
 

Sakine Cansiz: une vie dédiée à «réaliser des utopies ici et maintenant»

0
« Notre approche du socialisme n’a jamais été très utopique. Pour nous, il n’a jamais été quelque chose de très lointain. Au contraire, nous avons essayé de voir comment nous pouvons concrètement réaliser le socialisme, la liberté et l’égalité. Comment pourrions-nous au moins commencer par nous-mêmes à réaliser ces principes dans notre propre vie ? Nous avons toujours eu des espoirs et des utopies, que nous ne voulions pas projeter sur les générations futures. Au lieu de cela, nous avons commencé à réaliser nos utopies et nos espoirs, ici et maintenant. »
 
Sakine Cansız
 
Le matin du 10 Janvier e 2013, des millions de Kurdes se réveillèrent par les nouvelles horribles du meurtre de Sakine Cansiz (Sara), Leyla Şaylemez (Ronahi) et Fidan Doğan (Rojbîn) dans le Centre d’information du Kurdistan sis 147 Rue La Fayette, au centre de Paris. Immédiatement, des dizaines de milliers de personnes de toute l’Europe, des Kurdes et leurs amis, ont pris d’assaut le lieu du crime pour exprimer leur colère. Trois jours plus tard, des centaines de milliers de personnes de cultures et de nationalités différentes envahissaient les rues de Paris pour protester contre cet acte lâche de meurtre politique.
 Résultat de recherche d'images pour "sakine cansiz"
Sakine Cansız était l’une des fondateurs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et figure de proue du mouvement des femmes kurdes. Elle était l’un des rares révolutionnaires à avoir été une légende de leur vie, notamment en raison de son rôle historique dans la résistance de la prison de Diyarbakir dans les premières années du PKK. Fidan Doğan était une représentante du Congrès national du Kurdistan (KNK) en France. Elle a porté la cause politique du peuple kurde aux réunions et institutions internationales telles que le Parlement européen. Leyla Şaylemez était une jeune militante du mouvement de la jeunesse kurde et du mouvement des femmes kurdes. L’assassinat a eu lieu à un moment rempli de promesses de paix et de liberté, quelques jours à peine après qu’une délégation politique se soit rendue sur l’île priosn d’Imrali pour rencontrer Abdullah Öcalan, le dirigeant du PKK.
 
Ce que les meurtriers de sang-froid n’ont pas compris, c’est que les graines semées par l’esprit de Sakine Cansız et de ses camarades devaient devenir des fleurs, des arbres et des forêts dans les années suivantes – lors de la révolution du Rojava, dans la solidarité des femmes en lutte du Moyen-Orient, dans la libération de la femme dans le monde entier…
 
Sakine Cansız était une Kurde alevie, née en 1958 dans un village du Dersim, au nord du Kurdistan. Le peuple de Dersim a été victime d’un génocide en 1938 à la suite d’un soulèvement dirigé par Seyit Riza. Environ 70 000 personnes ont été tuées dans les bombardements commandés par Mustafa Kemal Atatürk, tandis que des dizaines de milliers de personnes ont été déportées par l’État turc. Le nom Dersim a été effacé des cartes et remplacé par Tunceli, «poing de fer» pour imposer l’assimilation et le silence à la région. L’âge de Seyit Riza – il avait plus de 70 ans – a été abaissé dans les registres de l’État pour légaliser son exécution.
 
Avant de mourir, il aurait déclaré: « Je n’ai pas pu pas rivaliser avec vos tours et vos mensonges. Cela fut ma souffrance. Mais je ne me suis pas mis à genou devant vous. Puisse cela être votre souffrance. »
 
Sakine Cansız était donc un enfant des montagnes rebelles du Dersim, baignées dans les eaux de la rivière Munzur. Cependant, au moment de sa naissance, le silence et la peur régnaient dans sa communauté. Semblable à beaucoup de jeunes de l’époque, élevés dans l’idéologie officielle de l’État turc, elle a grandi sans connaître son identité kurde. Cela a changé lorsque Sakine Cansız a rencontré les jeunes étudiants kurdes et turcs de la classe ouvrière intéressants autour d’Abdullah Öcalan, qui s’appelaient alors le «révolutionnaires du Kurdistan».
 
Avant de rejoindre les révolutionnaires du Kurdistan, Cansız était profondément influencée par les grandes figures révolutionnaires turques exécutées par l’État, tels que Deniz Gezmiş et Mahir Çayan.
 
Sakîne a expliqué sa première expérience de la vie révolutionnaire de la manière suivante : « L’idée de lutte politique et révolutionnaire m’a conduite sur le chemin qui a complètement changé ma vie. J’ai rencontré des jeunes vivant à proximité. Leur mode de vie, leurs débats et leurs approches des valeurs et des concepts moraux m’ont profondément touché. J’ai réalisé qu’ils portaient le flambeau de la liberté entre leurs mains. »
 
Sakine Cansız, de nature rebelle et émotive, s’est sentie attirée par les révolutionnaires du Kurdistan, non seulement en raison de sa théorie révolutionnaire, mais aussi parce qu’elle se sentait attirée par la façon dont le nouveau groupe est sorti de sa capacité à «ressentir la douleur de la population». Son premier contact avec ses futurs camarades a eu lieu pendant son adolescence, quand elle a envoyé de la nourriture et d’autres objets utiles aux étudiants pauvres dans la maison misérable du quartier. Selon ses propres mots, les révolutionnaires du Kurdistan constituaient une alternative claire et autonome aux deux options dominantes offertes aux personnes comme elle à l’époque: le chauvinisme social de la gauche turque, qui niait les conditions spécifiques du Kurdistan, ou le nationalisme conservateur kurde, qui avait peu à offrir en termes de changement social et de lutte de classe. Très tôt dans sa jeunesse, elle a identifié la principale contradiction qu’elle a vécue dans sa vie privée : la condition difficile de la femme au Kurdistan.
 
Dans les années 1970, après avoir quitté sa maison pour refuser une vie traditionnelle qu’elle ne souhaitait pas, elle a commencé à travailler dans des usines pour organiser les femmes ouvrières. Au cours de ses actions, elle a été emprisonnée à plusieurs reprises. Dans les prisons de différentes régions de la Turquie, elle a été témoin d’une géographie de personnes oubliées mais rebelles : des ouvriers d’usine misérables, des femmes roms fières, des prostituées volontaires et des survivants traumatisés du génocide. Dans ses mémoires, elle rend hommage à ces vies fascinantes et affirme sa conviction qu’elle est capable de toutes les transformer en militants de la révolution. Sa décision de devenir une révolutionnaire professionnelle a coïncidé avec la décision de ses camarades de former un parti.
 
À la fin des années 1970, des «apoistes» [les jeunes réunis autour d’Abdullah Ocalan] ont organisé des comités dans de nombreuses régions du nord du Kurdistan. Les dirigeants ont chargé Sakine Cansız de créer le mouvement des femmes, un devoir qui lui tenait à cœur. À elle seule, elle a réussi à rassembler de grands groupes de jeunes femmes, souvent des étudiantes, pour des discussions et une éducation. Le 27 novembre 1978, à l’âge de 20 ans seulement, Sakine Cansız est devenue l’une des deux femmes fondatrices du Parti des travailleurs du Kurdistan, lorsqu’elle a participé au congrès fondateur de ce parti.
 
À l’époque, le fameux coup d’État du 12 septembre 1980 était déjà préfiguré par de sinistres développements visant les groupes révolutionnaires dans le pays, et en particulier au Kurdistan. Peu de temps après la formation du parti, Sakine Cansız et plusieurs de ses camarades, dont des membres du comité central du PKK, ont été arrêtés lors d’un raid en 1979 à Elazig. Au moment du coup d’État, elle a été transportée dans la nouvelle prison de Diyarbakir, une prison basée sur le système pénitentiaire américain et où la loi martiale a porté atteinte à la dignité humaine. Jusqu’à ce jour, la grande majorité des violations atroces des droits de l’homme et des actes de torture systématiques perpétrés à l’intérieur des murs de la prison de Diyarbakir n’ont toujours pas été documentés. Ils incluent le viol et les violences sexuelles, les décharges électriques, le choc des prisonniers avec les eaux usées et leur faire manger les excréments de chiens. L’Etat turc voulait briser la volonté des prisonniers pour qu’ils abandonnent leur identité de Kurdes et de socialistes. Même si la Turquie n’a toujours pas été tenue pour responsable de ces crimes impensables, les événements qui se sont déroulés à l’intérieur des prisons ont été profondément gravés dans la mémoire du peuple kurde. Au cours de ces années, le PKK, à l’instar d’autres groupes révolutionnaires, est confronté à un anéantissement total de ses structures organisationnelles du fait du régime du coup d’État.
 
Les tortures infligées par l’État allaient si loin que certains membres éminents se sont bel et bien transformés en informateurs de l’État. D’autres, qui luttaient contre la tentation de devenir des collabos face à une torture insupportable, ont été sauvés de l’abîme de la trahison – précisément grâce à l’atmosphère d’amitié et de solidarité créée par des personnes comme Sakine Cansız. C’est essentiellement grâce à son esprit qu’aucune des prisonnières du quartier des femmes n’est devenue un agent de l’État turc.
 
Parmi les prisonniers figuraient des membres fondateurs du PKK, tels que Mazlum Doğan, Kemal Pir et Hayri Durmuş. En créant une atmosphère de rébellion constante par le biais d’activités culturelles et de cérémonies politiques, leurs stratégies visant à annuler le projet de l’État turc comprenaient des défenses idéologiques devant les tribunaux qui thématisaient le colonialisme, le travail éducatif et politique dans les cellules, l’autodéfense physique, les jeûnes de mort et les immolations.
 
Le jour de Newroz (la fête du nouvel-an kurde] 1982, Mazlum Doğan a lancé la résistance en prison en allumant trois allumettes, en les plaçant sur la table dans sa cellule et en s’immolant avec le message « La reddition est une traîtrise, la résistance mène à la victoire ».
 
Sakine Cansız a écrit sur l’action de Mazlum Doğan : « Nous avons essayé de saisir l’objectif de l’action de Mazlum. Finalement, nous avons compris que cela avait un rapport avec Newroz. Son message était clair, il proclamait : La résistance, c’est la vie ! »
 
À la suite de l’action de Mazlum Doğan, quatre détenus, Ferhat Kurtay, Eşref Anyık, Necmi Önen et Mahmut Zengin, se sont immolés en signe de protestation. C’est avec les dirigeants des membres centraux du PKK, Kemal Pir, Hayri Durmuş, Akif Yılmaz et Ali Çiçek, que le 14 juillet 1982, le début d’un jeûne mortel a été annoncé pour protester contre les conditions de la prison de Diyarbakır. Tous les quatre sont morts dans la grève de la faim. La résistance de la prison de Diyarbakir a toutefois suscité le soutien de la population et a incité le PKK à prendre définitivement la décision de lancer une guerre de guérilla contre l’État turc le 15 août 1984.
 
Les femmes en particulier étaient ciblées par les autorités pénitentiaires, qui souhaitaient utiliser les notions traditionnelles de l’honneur pour supprimer l’identité révolutionnaire des femmes et évoquer le sentiment patriarcal féodal parmi les hommes. Le directeur le plus notoire de la prison, Esat Oktay, était connu comme un sadique, qui jouissait des cris de douleur de ses victimes sous la torture. Un homme sans aucun respect pour la dignité humaine et l’honneur, Oktay a ensuite été tué dans la rue par quelqu’un qui lui a apporté les salutations de Kemal Pir, mort en prison. Oktay était obsédé par l’idée de stériliser les prisonnières par des infections des trompes de Fallope et des lésions de leurs organes sexuels. Il a explicitement déclaré qu’il souhaitait la disparition de la «race» kurde. Sakine Cansız a écrit dans ses mémoires : « En tant que sadique, il a montré son amour pour les femmes en nous frappant avec une massue entre les jambes jusqu’à ce que nous saignions, en menaçant de «remonter une massue» et en utilisant ses doigts pour nous tirer les lèvres jusqu’à ce qu’elles se déchirent. » La position sans peur de Sakine face au bourreau pervers se répandit comme une traînée de poudre. Tous les sympathisants du PKK connaissent l’histoire de la façon dont elle a craché au visage d’Esat Oktay lors de la torture. Les prisonniers de sexe masculin du PKK de l’époque ont décrit comment le combat de Sakine Cansız en prison les avait encouragés à résister malgré le désespoir.
 
La résistance de Sakine Cansız à la prison de Diyarbakir a conduit à une nouvelle approche à l’égard des femmes dans la société kurde. Il encourageait les femmes à rejoindre les structures révolutionnaires dans les villes et les poussait à la politisation dans les villages. À partir de sa résistance en prison, l’activisme des femmes kurdes a gagné en respect et en soutien parmi les masses populaires.
 
Au moment de sa libération en 1991, elle avait passé 12 ans dans les prisons d’Elazig, Diyarbakir, Bursa, Canakkale et Malatya. Tout de suite après avoir respiré l’air de la liberté, elle a poursuivi sa lutte active dans les rangs du PKK. Ainsi, elle s’est rendue à l’Académie Mahsum Korkmaz du PKK, dans la vallée de la Bekaa au Liban, où elle a rejoint les formations idéologiques conduites par Abdullah Öcalan. Des aspects de sa volonté, de sa lutte et de sa vie ont souvent été cités en exemple dans les discours d’Öcalan. C’est Öcalan qui l’a encouragée à écrire sa vie. Ses mémoires ont été écrits en 1996 et mis à la disposition du public après sa mort en trois volumes. Dans les années 1990, elle a assumé d’importantes tâches dans l’organisation du mouvement kurde en Palestine, en Syrie et au Rojava.
 
Elle a estimé qu’il serait possible aux femmes du Kurdistan de se recréer et de reconstituer leur histoire en rejoignant la lutte militante du PKK. Elle a décrit la lutte pour la liberté de la manière suivante :
 
« Ce mouvement aborde l’essence de l’être humain. Dans tous nos débats, nos éducations et nos discours, notre humanité et nos valeurs humaines constituent le point de départ. Nous discutons du développement de l’homme et de la société, des étapes historiques et des valeurs de l’humanité. Les femmes, qui voulaient comprendre ces problèmes, se sont identifiées au mouvement de la liberté. Au tout début de la lutte pour le Kurdistan et de la lutte politique, l’implication des femmes dans ce processus révolutionnaire était très difficile. Pourtant, nous avons réussi et nous avons acquis le pouvoir de façonner notre mouvement. »
 
Selon ses propres termes, le temps qu’elle a passé comme combattante dans les montagnes du Kurdistan a été le plus beau et le plus significatif de sa vie. L’engagement de Sakine Cansız dans la lutte pour la libération du Kurdistan s’inscrit dans la chronologie du mouvement des femmes kurdes organisées. Elle a joué un rôle crucial dans la formation de l’armée autonome féminine (aujourd’hui YJA Star) et du parti des femmes (aujourd’hui PAJK). Ce n’était pas une personne qui attendait les ordres. Au lieu de cela, elle prenait des initiatives, même dans les moments les plus difficiles. En raison de son fort caractère, elle était connue comme une camarade qui n’accepterait jamais la domination masculine ou d’autres formes de comportement antirévolutionnaire. Elle luttait contre le retard social et l’injustice, et pourtant, elle était attentive aux réalités et aux conditions sociales de son peuple. Elle avait une personnalité collective et communale qui établissait une solidarité avec tous ceux qui l’entouraient, mais elle était aussi têtue et intrépide lorsqu’il s’agissait d’exprimer ses critiques et ses désaccords. Tout au long de sa vie, elle a toujours encouragé ses camarades à progresser, à être forts et persistants. Comme l’a décrit l’une de ses premières camarades féminines et amies de toujours : « Sara était toujours prête à partir, mais elle travaillait comme si elle allait rester pour toujours. »
 
En 1998, Abdullah Öcalan lui a confié la mission d’assumer les tâches et responsabilités du mouvement de libération kurde en Europe. Entre autres tâches, elle a organisé et formé des cadres du mouvement dans plusieurs pays européens, ainsi que la communauté des migrants kurdes. De même, elle a noué des liens avec différents mouvements progressistes hors du Kurdistan, respectant les différences et insistant sur l’importance de lutter pour des valeurs humaines communes comme mouvements alternatifs, féministes, de gauche et démocratiques afin de mettre en place des structures d’autonomie démocratique et une société démocratique, libre et libérée du genre. Elle a donc joué un rôle important dans la création d’une solidarité pour la cause kurde. Elle recrutait, organisait et éduquait toujours son peuple, en particulier les jeunes femmes, jusqu’à son dernier souffle.
 
À ses yeux, la lutte était le facteur déterminant de la liberté : « Dans mon utopie, vous devez lutter pour la liberté toute votre vie. Dans un Kurdistan libéré, la lutte doit être glorieuse. »
 
À la lumière de cette vie légendaire remarquable, personne ne s’attendait à ce que cette héroïne soit tuée de sang-froid lors d’un assassinat insidieux au cœur de Paris. Dès le premier jour, le mouvement des femmes kurdes a souligné le caractère barbare du meurtre en tant que tentative de frapper le cœur de la révolution du Kurdistan : la femme libérée. Bien que le meurtrier, Ömer Güney, ait été identifié très tôt, il est notoire que les services de renseignements de l’Etat turc ont ordonné l’assassinat de saboter le processus de paix. Les autorités françaises n’ont pas dévoilé le caractère politique de ce crime. Le meurtrier est mort dans des circonstances mystérieuses en prison, quelques semaines à peine avant le début du procès. Chaque année, le mouvement kurde organise une manifestation de masse à Paris avec d’autres mouvements de femmes pour réclamer «Justice et vérité !».
 
Sakine Cansız a toujours voulu revenir à Dersim en tant que guérilla. Et effectivement, elle est retournée dans son pays natal en tant que héroïne. Sa tombe est devenue un sanctuaire, un lieu de pèlerinage pour les opprimés, les jeunes, les ouvriers, les femmes. Des millions de personnes lui ont fait ses adieux en portant son cercueil de Paris à Amed, puis à Dersim.
 
Lors de la révolution du Rojava, les efforts de libération des femmes rendent hommage à Sakine Cansız et à ses camarades. La lutte engagée par un petit groupe de jeunes a maintenant atteint un stade où sa philosophie et sa pratique sont discutées par les révolutionnaires du Brésil jusqu’à à l’Inde. Les femmes, qui ont libéré le monde des fascistes violeurs de l’Etat islamique, l’ont fait en adoptant des noms de guerre tels que Sara, Rojbîn, Ronahî. Aujourd’hui, les nouvelles générations de filles et de garçons kurdes sont élevées dans le même esprit que Sara.
 
Comme le dit souvent le mouvement des femmes : « Ils peuvent couper nos fleurs, mais ils ne peuvent pas empêcher l’arrivée du printemps ! »
 
Jamais oublier, jamais pardonner !
 
Vous pouvez commander le premier volume de «SARA – Toute ma vie était un combat» en anglais auprès de Pluto Press. Les traductions allemande et italienne des trois volumes ont été publiées par Mezopotamien Verlag. Le premier volume est également disponible en espagnol chez Descontrol.
 
Publié par le Komun Academy

Anti-impérialistes, Soleimani ne peut être votre héros

0
« Être à l’extrémité réceptrice de la machine de guerre impérialiste américaine ne fait pas de vous un anti-impérialiste – encore moins lorsque vous êtes un agent d’un régime meurtrier. » – Hawzhin Azeez
 
Nous vivons dans un monde où nous oublions souvent que plusieurs vérités peuvent coexister en même temps. A une époque de conglomérats médiatiques qui régurgitent les mêmes slogans et titres pro-guerre, et à une époque où les échecs de la gauche sont flagrants et vastes, la vérité est souvent réduite à une dualité simpliste et manichéenne de la perspective noir/blanc, soit/soit, USA/Iran.
 
Les anti-impérialistes qui ont longtemps soutenu la brutalité du régime Assad au nom de la praxis idéologique de gauche défendent avec rage un autre régime brutal et violent – l’Iran – sans aucun égard pour les faits et les réalités historiques ; sans aucun égard pour la réalité de la vie de millions d’Iraniens terrorisés, violés et opprimés en silence ; sans aucun égard pour la réalité quotidienne des opprimés vivant sous une dictature brutale qui n’est surpassée que par la Chine en exécutant des dissidents, des artistes, des féministes et des militants des droits de l’homme.
 
Pourtant, les anti-impérialistes ont transformé le général iranien assassiné Qassem Soleimani en une figure héroïque et stoïque, dégoulinant de charisme et d’une tranquille assurance ; un héros qui a lutté vaillamment contre DAECH [l’acronyme de l’Etat islamique, ISIS en anglais] et a sauvé le peuple iranien qui contraste fortement avec l’incohérence et l’insouciance de Trump. Depuis quand l’anti-impérialisme signifie-t-il être un fervent défenseur des dictateurs maléfiques plutôt que des opprimés et des colonisés ?
 
Quelques vérités de base sur la situation actuelle des Etats-Unis et de l’Iran :
 
1 – Soleimani était un boucher et un instrument de la violence par procuration iranienne qui terrorise des millions de personnes en Iran, Irak, Syrie, Liban, Yémen, etc. Un de ses principaux rôles était de fournir au Hezbollah un flux constant de missiles et de roquettes, tout en déployant discrètement 50 000 militaires iraniens en Syrie pour soutenir le régime brutal d’Assad. Il a contribué à la tragédie qui se déroule actuellement au Yémen grâce au soutien direct de l’Iran aux Houthis.
 
Son rôle dans l’empêchement de l’entrée de DAECH en Iran peut être largement attribué à la division entre les sunnites et les chiites (DAECH est sunnite, l’Iran est un régime chiite avide). Son rôle dans la lutte contre DAECH en Syrie a plus à voir avec le soutien au régime d’Assad et la fin d’un groupe sunnite rival qui menaçait directement sa propre hégémonie régionale, qu’avec le souci de Soleimani d’assurer la paix et la sécurité des gens ordinaires. Au moment où il s’est engagé dans ces interventions étrangères, il était le chef des forces notoires de Quds qui terrorisaient, exécutaient, espionnaient et kidnappaient des organisations et des militants pro-démocratie, des droits des femmes et des droits humains à l’intérieur de l’Iran.
 
Des centaines de milliers de personnes sont mortes à cause du rôle de Soleimani dans la poursuite des objectifs régionaux de l’Iran. Son engagement dans ces pays a eu un impact direct sur les aspirations démocratiques des Kurdes, des Syriens, des Iraniens et d’autres minorités opprimées dans la région.
 
2 – L’Iran est un régime criminel et répressif. Les seuls qui pleurent réellement l’exécution de Soleimani sont les Iraniens conservateurs alliés aux mollahs qui dirigent le régime. Oui, Soleimani représentait le nationalisme iranien, mais dans une vision très spécifique et étroite qui se conformait à la vision des Ayatollah sur « l’Iran ». La plupart des Iraniens, des Irakiens et des Syriens célèbrent la mort de Soleimani en silence, voire ouvertement – bien que lassés. Ils savent également que tuer une tête de figure symbolique – qui a déjà été remplacée par le général de brigade Esmail Ghanni, une figure encore plus conservatrice et notoire du régime iranien – ne met pas fin à une politique mise en œuvre et minutieusement propagée par les ayatollahs.
 
3 – Les Etats-Unis sont une puissance impérialiste criminelle et répressive avec une mémoire malheureusement courte et une incapacité à tirer les leçons du passé en déclenchant des guerres par des interventions directes, des invasions ou des politiques imprudentes comme l’assassinat du deuxième boucher le plus brutal au sein des forces de sécurité notoires iraniennes.
 
Il est vrai que l’Iran réagit de façon beaucoup plus mesurée et modérée. Non pas parce qu’il est nécessairement plus prudent face aux terreurs de la guerre et qu’il respecte la vie de ses propres citoyens, mais plutôt parce qu’il poursuit soigneusement ses objectifs à long terme au moyen de la puissance douce : pression ou soutien économique et politique, et interventions militaires limitées. Elle est mesurée. Elle utilise soigneusement ses mandataires pour mettre en œuvre clandestinement et secrètement ses vastes aspirations et programmes régionaux. Sa seule et unique loyauté est de se préserver elle-même, tout en enracinant les divisions entre chiites et sunnites.
 
Il y a une unité, une cohérence dans la politique étrangère iranienne et dans sa mise en œuvre de la puissance douce – surtout en contraste avec la récente incohérence de la politique étrangère américaine sous Trump. C’est pourquoi un récent rapport de « International Institute for Strategic Studies » a indiqué que l’Iran est le plus grand influent dans la région. C’est pourquoi la réponse de l’Iran a été plus calculée et plus contraignante que la manière irréfléchie et imprudente dont Trump a ordonné l’exécution de Soleimani.
 
Enfin, les citoyens ordinaires du Moyen-Orient, en particulier l’Iran et l’Irak, ne veulent pas d’une guerre avec les Etats-Unis. Ils veulent que le régime ayatollah, qui continue à les terroriser et à influencer leurs réalités quotidiennes avec sa propre sécurité et ses propres intérêts nationaux, soit démantelé, mais pas de la même manière que Saddam a été démantelé en 2003. Cette invasion a entraîné l’échec de l’Irak en tant qu’État, la montée de DAECH et le niveau incompréhensible de violence qui en a résulté, le génocide des Yazidis, la montée des milices Hashd al-Shahbi soutenues par l’Iran et bien d’autres choses encore.
 
Aucune personne saine d’esprit ne veut la guerre. Aucune personne qui aime la démocratie ne veut la guerre avec l’Iran. De même, les sanctions ne feront qu’imposer davantage de pression sur le peuple iranien qui souffre déjà et qui est aux prises avec une crise économique. Le changement de régime doit se faire à l’intérieur, organiquement et par la voix et les actions du peuple iranien. Toute autre chose aura une odeur d’interventionnisme et d’impérialisme – et ne sera jamais considérée comme légitime.
 
Voici quelques dernières vérités de base : Vous pouvez applaudir la fin de Soleimani tout en restant anti-guerre. Vous pouvez condamner la façon dont Soleimani a été exécuté, mais vous pouvez être soulagés qu’il ne soit plus là pour terroriser les gens. Vous pouvez être contre l’impérialisme américain et contre la dictature et la brutalité iraniennes. Être contre l’impérialisme américain, être contre le mépris insouciant de l’humanité de Trump ne signifie pas que vous devez faire de Soleimani un symbole de liberté, ou une idéologie de gauche.
 
Soleimani était un boucher. Trump est un dangereux mégalomane. Les ayatollahs sont tout aussi coupables, dégoulinant du sang de millions de personnes à travers la région en finançant des groupes terroristes et des guerres par procuration. Laissez Soleimani mourir le boucher qu’il était, avec une fin illégale appropriée – la même que celle qu’il a donnée à des milliers de personnes – sans en faire un héros anti-impérialiste du peuple et, par extension, justifier le régime iranien.
 
La seule loyauté que vous devriez avoir devrait être pour les gens ordinaires d’Iran, d’Irak et de la région. Nous sommes en 2020, et il est temps que nous commencions à considérer ces questions dans toute leur complexité, en réalisant que de multiples vérités peuvent coexister et qu’une analyse simpliste ne sert à personne d’autre que ceux qui ont faim de guerre.
 
Hawzhin Azeez est une universitaire, activiste et poétesse kurde. Elle est titulaire d’un doctorat en sciences politiques et relations internationales. Elle est actuellement chargée de cours au Centre for Gender and Development Studies de l’Université américaine d’Irak, à Sulaimani.