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La France sommée de faire la lumière sur le meurtre de 3 femmes kurdes à Paris il y a 7 ans

PARIS – Plusieurs milliers de Kurdes venus de toute l’Europe ont manifesté à Paris pour demander «vérité et justice» sur l’assassinat de trois militantes kurdes à Paris il y a sept ans. Ils ont de nouveau exhorté les autorités françaises pour qu’elles fassent la lumière sur ce triple meurtre politique.

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La manifestation de ce samedi 11 janvier a été organisée à l’occasion du septième anniversaire du meurtre de Sakine Cansız, une membre fondatrice du PKK, Fidan Doğan, représentante du Congrès national du Kurdistan (KNK) à Paris, et Leyla Şaylemez, membre du Mouvement des jeunes.
 
Promue par le Mouvement des femmes kurdes européennes (TJK-E), la marche a attiré des milliers de Kurdes et leurs amis, qui ont afflué à Paris et qui ont marché de la Gare du Nord à la place de la République.
 
Des femmes portant les portraits de Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Şaylemez, et des banderoles où on pouvait lire notamment « 7 ans d’impunité, c’est assez ! » ont ouvert la marche.
 
Les portraits de la politicienne kurde Havrin (Hevrin) Khalaf* ainsi que ceux de Sêvê Demir, Fatma Uyar et Pakize Nayır**, ont rejoint ceux de Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez.
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Des proches de Cansız, Doğan et Şaylemez, des politiciens français Jean-Luc Melanchon, Olivier Besancenot, le coprésident de KONGRA-GEL Remzi Kartal, le membre du Conseil exécutif du KNK Zübeyir Aydar, les coprésidents du KCDK-E Yüksel Koç et Fatoş Göksungur, ainsi que des représentantes du TJK-E et d’autres représentants kurdes, représentants des institutions françaises, tamoules et turques ont également participé à la marche.
 
S’exprimant à la Gare du Nord, point de départ de la marche, Pascal Torre, membre de l’Association France-Kurdistan, a déclaré que l’État turc a une tradition de massacre et a ajouté: « L’État turc a commis des massacres à travers l’histoire. Les massacres ont visé tous les les minorités de la région, notamment les Arméniens et les Kurdes. Cela se poursuit encore aujourd’hui. » (l’intégralité du discours de Torre est en bas de l’article.)
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La marche s’est terminée par un rassemblement sur la place de la République. Des politiciens français ainsi que des représentants de nombreuses institutions kurdes ont pris la parole et ont appelé les autorités françaises à faire la lumière sur cet assassinat politique qu’on veut étouffer car il menacerai les intérêts étatiques de la France d’avec la Turquie que les Kurdes accusent d’en être la commanditaire.
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La militante kurde, Xane Ozbek a déclaré à l’AFP : «Nous parlons de triple assassinat politique, triple féminicide. Après sept ans, il n’y a aucune lumière qui a été faite. A travers elles [Sakine, Fidan et Leya], c’est des milliers de femmes aujourd’hui qui sont déterminées plus que jamais et qui prennent le relais pour renforcer la lutte pour la libération des femmes. Et à travers la libération des femmes, la libération du peuple kurde.»
 
«Nous revenons sept ans après pour pouvoir crier vérité et justice, et je dirais même plus justice que vérité puisqu’aujourd’hui toute la vérité est connue», a déclaré à Agit Polat, représentant du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F).
Depuis sept ans, les Kurdes luttent pour obtenir justice et reprochent à la France de vouloir classer l’affaire dans le but de protéger ses intérêts étatiques d’avec la Turquie considérée comme étant le commendataire de ce triple assassinat.
 
*Havrin Khalaf était la co-présidente du parti Avenir de la Syrie. Elle a été violée et lapidée le 12 octobre par les mercenaires de la Turquie dans le nord du Rojava.
 
**Sêvê Demir, Pakize Nayır et Fatma Uyar, 3 militantes kurdes ont été tuées par les forces turques lors de couvre-feu, le 5 janvier 2016 à Silopi, district de Sirnak.

L’intégralité du discours de Pascal Torre : « Voilà sept ans que Sakine, Leïla et Rojbin ont été arrachées à la vie par un assassin qui agissait sur les ordres de la Turquie.

La Turquie contemporaine s’est fondée sur le crime : contre les Arméniens, les Grecs, les Assyro-chaldéens, les Kurdes.

Longtemps pilier oriental de l’OTAN, Ankara a écrasé dans des coups d’Etat sanglants les forces progressistes. Dans cette tourmente les Kurdes ont résisté et résistent encore.

R.T. Erdogan s’est lancé dans une nouvelle guerre contre les Kurdes en Turquie : je pense au massacre de Suruç, aux destructions de Nusaybin, Cizré, Hakkari. Je pense à A. Ocalan qui croupît depuis près de 20 ans dans sa prison, aux parlementaires, aux maires, aux militants du HDP révoqués et emprisonnés par milliers. Vous me permettrez d’avoir un message de solidarité pour S. Demirtas que R.T. Erdogan a voulu laisser mourir dans sa prison et que la mobilisation a permis de sauver.

R.T. Erdogan s’est lancé dans une guerre ouverte contre les Kurdes du Rojava.

Après s’être emparé d’Afrin, il contrôle désormais une partie du Rojava. Un sanglant nettoyage ethnique s’y produit avec la destruction de cet espace de liberté où des milliers de femmes et d’hommes expérimentaient les voies du féminisme, de la démocratie, du progrès social et de la paix.

R.T. Erdogan a aussi déclaré la guerre aux Kurdes de France et d’Europe avec l’ambassade de Turquie à Paris qui est devenue un repère de tueurs. Après l’assassinat de Rojbin, Sakiné et Leïla de nouvelles menaces pèsent sur les dirigeants kurdes.

Jusqu’à quand la France et l’Union européenne vont-elles capituler devant ce dictateur ? Jusqu’à quand va-t-on laisser faire R.T. Erdogan qui s’empare de territoires en Syrie et en Irak ? Maintenant il entend semer le chaos en Libye en y envoyant des soldats, des djihadistes et des armes. R.T. Erdogan menace la Grèce et Chypre en modifiant illégalement les frontières maritimes de la Méditerranée orientale.

R.T. Erdogan c’est la guerre ! R.T. Erdogan c’est le crime !

Il faut que cela cesse. Il faut que cessent les petits arrangements entre la France et l’Union européenne et ce criminel.

Pour cela il faut que la mobilisation grandisse. Dans ce combat vous pouvez compter sur la solidarité du PCF qui est engagé depuis des années à vos côtés.

Au Parti communiste français nous connaissions bien Rojbin. Poursuivre ce combat solidaire, ensemble, est une manière de rester fidèle à sa mémoire. »