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CUISINE. Salade d’oignons marinés au citron

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Saviez-vous qu’on dit que l’oignon qui a une place importante dans la cuisine kurde,  c’est la pomme des Kurdes ? Une pomme qu’on aime écraser entre deux pierres avant de le déguster. (Les plus vantards des Kurdes vont jusqu’à l’écraser avec leur coup de poing !)

Des mauvaises nouvelles dues au coronavirus viennent du quatre coins du monde. Nous sommes des milliards de confinés à cause du Covid-19. Mais nous avons l’espoir que l’humanité retrouvera enfin son chemin après des siècles d’errance la menant à sa perte. Alors, pour mettre des couleurs à nos vies devenues « otage » d’une pandémie mondiale, on vous propose une recette kurde de salade d’oignons marinés au citron. C’est riche en vitamines et bon pour ces temps bien étranges.

Ingrédients :

1 gros oignon
1 salade verte (laitue, batavia ou pousses d’épinards) 
1 citron
Huile d’olive
Une c-à-s de graines de sésame

Sel, piment ou poivre

Préparation :

Émincez finement l’oignon, faites-le mariner pendant une heure ou deux dans le jus de citron, du sel, du piment, graines de sésame et huile d’olive. Ensuite, coupez à la main les feuilles de la salade en plusieurs morceaux dans un grand saladier. Versez-y vos oignons marinés.

A déguster accompagné d’un plat de riz ou de boulgour.

Nocican be / Bon appétit  

Quand ARTE crache sur la mémoire de 3 femmes kurdes assassinées à Paris

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PARIS – Arte vient de diffuser le documentaire « Autopsie d’un triple meurtre » ayant pour sujet l’assassinat politique des militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, à Paris le 9 janvier 2013. Le documentaire a blessé la communauté kurde meurtrie tant les propos étaient indignes de la mémoire de ces trois femmes dont on refuse toujours que la justice leur soit rendue, 7 ans après les faits.

La réalisatrice Milène Sauloy a déclaré au sujet de ce documentaire : « Un documentaire nul, plein d’approximations et franchement, ça parle d’avantage de la communauté kurde (de manière plus que douteuse) et bien peu des responsables de ce triple meurtre. »
 
Le Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F) vient de publier ce communiqué pour exprimer son indignation devant un tel démarche de la part d’Arte :
 
« Lettre ouverte à Arte et aux auteurs de « Autopsie d’un triple meurtre », un documentaire totalement à charge
 
 
« Autopsie d’un triple meurtre », un documentaire d’Ahmet Senyurt diffusé sur Arte mardi soir, était censé décrypter les meurtres des militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, assassinées à Paris le 9 janvier 2013 par les services secrets turcs. Mais au lieu de s’intéresser aux responsabilités cachées derrière ces assassinats politiques impunis, comme on pouvait naturellement s’y attendre, le reportage dérive pitoyablement vers une approche qui criminalise les activités de la diaspora kurde en Europe et fait des victimes des coupables.
 
Approche superficielle et tendancieuse visant à dénigrer le mouvement de libération kurde et les organisations kurdes en Europe
 
Tout au long de ce documentaire, on assiste à une tentative claire de remettre en question la légitimité de la résistance kurde, alors que ce n’était en rien son sujet.
 
Personne n’a manqué de relever les passages très douteux insinuant que le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) est responsable de la reprise des violences en Turquie et lui attribuant une image terroriste. Le discours invalide et méprisant employé à l’encontre de cette organisation est à nos yeux une preuve des graves lacunes journalistiques et professionnelles des auteurs de ce documentaire.
 
Réduire une lutte de libération de plusieurs décennies portée par des millions de personnes, Kurdes et non Kurdes, à du terrorisme, en quelques minutes, avec quelques images sélectionnées arbitrairement et des commentaires en voix off plus que simplistes, révèle l’ignorance absolue des auteurs du documentaire quant à la profondeur des dimensions historique, géopolitique et humaine de la résistance kurde. Cette approche est totalement contraire à la déontologie du journalisme qui implique des recherches sérieuses et des énoncés clairs, véridiques et complets.
 
D’autre part, le documentaire prend un soin tout particulier à renier la légitimité de la lutte menée en Europe par la diaspora kurde pour ses droits et pour la justice, remettant en question la légalité des activités des organisations kurdes qui sont pourtant parfaitement autorisées par les autorités nationales en Europe. Ceci revient à criminaliser des centaines de milliers de Kurdes réfugiés en Europe. Comme toute diaspora, la communauté kurde porte une histoire et des valeurs et, en tant que telle, elle a droit au respect de tous. La dénigrer de la sorte ne fait que souligner l’immoralité de l’argumentaire de ce documentaire.
 
Rappelons aussi, puisqu’il semble qu’un rappel soit nécessaire, que la lutte pour la justice et les droits humains ne connait pas de frontière. Tant qu’il y aura des injustices, il y aura des luttes pour la vérité, et ce, partout dans le monde.
 
Criminalisation des victimes et de leur engagement politique
 
Au-delà du dénigrement des revendications portées par la diaspora kurde, le documentaire sous-entend, scandaleusement, une responsabilité des victimes et de leur famille. Pour rappel, il s’agit ici de l’assassinat de trois militantes kurdes en plein cœur de Paris, commandité par les services d’un État étranger, la Turquie en l’occurrence. Toutefois, l’angle choisi par les auteurs du documentaire déplace le focus sur le jugement de l’engagement politique des victimes, laissant de côté l’investigation sur les responsables de ces crimes politiques. Nous condamnons cette approche scandaleuse et sexiste qui se préoccupe avant tout de porter un jugement sur les revendications des victimes, leur positionnement politique, leur mode de vie, cherchant ainsi une justification ignoble aux crimes commis à leur encontre.
 
Criminalisation d’une communauté
 
Le documentaire tente par ailleurs de donner une image négative de la communauté kurde en France et en Europe, en décrivant ses organisations comme issues d’une mouvance terroriste qui serait recyclée dans une forme plus pacifique en Europe.
 
Comme tout groupe ethnique en Europe et dans le monde, nous avons le droit d’exister, de revendiquer et de communiquer sur les enjeux auxquels notre peuple doit faire face. Ce documentaire contribue très clairement à la politique de criminalisation du peuple kurde, suggérant que le Kurde qui se tait est le bon Kurde et celui qui se révolte un terroriste.
 
Les auteurs du documentaire se permettent d’ailleurs, éhontément, d’imputer la responsabilité des assassinats des trois femmes à leur propre communauté, parce que celle-ci aurait manqué de lucidité et de prudence face aux risques qu’elles ne pouvaient éviter d’encourir du fait de leurs revendications. L’angle nécessaire, qui aurait voulu que l’on se penche sur les capacités d’infiltration des renseignements turcs en France, notamment à Paris, est effacé pour faire place à une liste de manquements de la communauté kurde à identifier et se protéger des dangers. Faut-il rappeler aux auteurs de ce documentaire que la problématique première de ces assassinats est la perméabilité du territoire français aux activités criminelles des services étrangers et l’impunité de celles-ci ?
 
Nous rappelons également que la communauté kurde composée majoritairement de réfugiés politiques, vit en France de manière modeste, dans le respect des lois nationales ; Comme toute personne vivant en France, les Kurdes ont droit à la protection et à la sécurité. Nous ne sommes ni responsables, ni qualifiés pour assurer notre propre protection, car dans un État de droit, il est légitime d’attendre que les autorités publiques assurent la sécurité. Si la sécurité a fait défaut, il est de notre droit d’exiger la justice.
 
C’est justement cette justice qui manque à l’appel dans cette affaire, ce qui ne semble nullement intéresser le documentaire. Par conséquent, nous sommes en droit de questionner le professionnalisme et la neutralité des auteurs de ce reportage qui au lieu de chercher à déceler les véritables responsabilités se cachant derrière ces crimes, s’appliquent à dénigrer la lutte politique d’une communauté et de ses militantes assassinées impunément au cœur d’un pays naguère qualifié de patrie des Droits de l’Homme. »
 

CORONAVIRUS. La revanche de la mésange

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Habitant une grande ville depuis mon exil du Kurdistan, je n’avais pas la chance de me réveiller chaque matin aux chants des oiseaux. J’avais un alarme à la sonnerie affreuse dont le bruit m’angoissait plus qu’il ne me réveillait … Mais, depuis qu’on nous a ordonné de rester confiné à la maison à cause de la pandémie du Covid – 19, j’ai balancé le réveil. Désormais, ce sont le couple de merles qui habitent dans notre cour qui me réveillent avec leurs chants du printemps alors qu’ils sont occupés à préparer leur nid pour l’arrivée de leurs petits.

Certains matins, je suis réveillée assez tôt et quand je n’entends pas les merles chanter, je m’inquiète et vais à la fenêtre voir s’ils sont bien là, en espérant les voir voltiger dans la haie rampante qui est devant chez moi où ils se posent très souvent et d’où ils nous observent.

Il y a 3 jours, de nouveau, je me suis réveillée sans leurs chants. Je suis allée à la fenêtre, chercher leur présence qui me rassure. Mais quelle ne fut pas ma surprise de voir une mésange voltiger autour de la haie ! On avait des mésanges, en plus des merles !

Cette épidémie du Covid 19, que beaucoup maudissent mais que moi, je considère comme un « message » salutaire destiné à l’humanité pour qu’elle arrête sa course folle la menant à sa perte, a fait que toute la famille est à la maison, les enfants sans école, ni d’autres activités périscolaires. Alors, j’apprécie enfin les matins ensoleillés du printemps où je ne suis pas obligée de courir réveiller les enfants dormant encore d’un sommeil profond et dont l’école est le cadet de leurs soucis… Au lieu de cela, je vais à la fenêtre, « saluer » le soleil qui me gratifie en retour de ses caresses chaudes qu’il pose sur mon visage.

Je ferme les yeux et soudain, je suis au Kurdistan, il y a des siècles de cela. Je pense à ceux qui accusent les Kurdes alévis et yézidis d’être les adorateurs du Diable ou du feu. Je pense au feu du Newroz (le nouvel-an kurde hérité du zoroastrisme), à la légende du Forgeron Kawa qui a terrassé Dehak, un roi assyrien cruel, dans les montagnes des Zagros, au fin fond du Kurdistan. Je pense à la tradition de garder le feu vivant H24 dans les cheminées de nos maisons en terre battue, nichées dans les montagnes. Je sens des larmes coulées sur mes joues… Il est temps d’ouvrir les yeux, non sans regret.

Je dois mettre fin à ce voyage. Sinon, il durerait une éternité. Oui, je dois revenir au présent car j’ai mes enfants et mes sœurs et frères qui m’ordonnent par millions d’écrire l’histoire de mon peuple martyr. Mais, le plus important encore, il y a cette petite fillette dont je porte l’ombre depuis mon premier jour sur cette terre. Cette fillette dont on a tué les rêves trop tôt. Elle me supplie depuis des années d’écrire l’histoire des vaincus, l’histoire de ceux qui n’ont pas droit au chapitre dans les livres d’Histoire. Ces vaincus à qui on a volé le destin d’hommes et femmes libres et à qui on a ordonné le silence à tout jamais.

J’ai mal à la gorge. J’avale ma salive. Tiens, ça a le goût de la galette fine salée qu’on cuisait sur le tôle posé sur un feu de branches séchées. Les enfants arrivent. Des rires et des cris remplissent la maison. Je deviens la mère. Mais la petite fille me chuchote à l’oreille: « N’oublie pas ta mission ! » Je lui promets que non, je la réaliserai, en volant du temps à mes enfants. Mais, j’ai la conscience tranquille. Mes enfants ont besoin de connaître l’histoire tragique de leurs ancêtres kurdes. Eux, mais aussi moi, on doit redécouvrir notre passé qu’on a voulu nous faire oublier alors qu’on nous interdit notre présent. Il y a une distribution théâtrale de bisous et de câlins. On jure même que bientôt ce sera enfin la revanche des vaincus !

Merci au coronavirus de m’être permis de connaitre ce moment charnière dans l’histoire de l’humanité. Je garde l’espoir qu’on est capable de créer un monde enfin digne de nous et de nos enfants. Un monde où les mots « guerre » et « armes » ne seront prononcés que dans des livres d’Histoire(s). Un monde où les mères seront enterrées, une fois vieilles, par leurs enfants et non pas l’inverse… Ce monde qu’on a refusé à mon peuple depuis si longtemps.

Je dois vous laisser car il est tard et je veux me coucher pour être à mon rendez-vous de demain matin.

Keça Bênav / La fille sans nom (en kurde, Bênav signifie « sans nom » et Keç « fille »)

 

CORONAVIRUS. 75 morts et 3 629 malades en Turquie et au Bakur

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TURQUIE / BAKUR – La pandémie du Covid 19, s’aggrave de jour en jour en Turquie et dans les régions kurdes du Bakur.
 
Le ministre turc de la Santé Fahrettin Koca a annoncé les derniers chiffres concernant la pandémie de Covid-19 dans le pays.
 
Koca a écrit sur Twitter que 16 autres personnes sont mortes du coronavirus jeudi, portant le nombre de morts à 75.
 
Selon le ministre, 7 286 personnes ont été testées aujourd’hui et 1 196 d’entre elles ont été testées positives pour le coronavirus.
 
«Les patients et leurs contacts ont été isolés. Nous avons perdu 16 patients. Le nombre de morts est passé à 75 et le nombre total de personnes infectées à 3 629», a déclaré le ministre turc.
 
Koca a invité les gens à «appliquer strictement les mesures».
 

CORONAVIRUS. Les équipes d’intervention travaillent H24 au Rojava

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SYRIE / ROJAVA – Les Kurdes du Rojava ont mis en place des équipes spéciales de secours en raison de la pandémie Covid – 19. Ces équipent travaillent 24 heures sur 24.
 
Menacé par la Turquie et sous l’embargo total, le Rojava fait tout son possible pour empêcher ou du moins limiter la propagation du coronavirus dans la région. Les autorités ont décrété un couvre-feu et mis en place des équipes d’intervention d’urgence. Ces équipes sont joignables par téléphone. Après que les appelants ont été interrogés sur les symptômes, les équipes se rendent immédiatement auprès des personnes soupçonnées d’avoir été touchées par le virus.
 
Simav Ibrahim raconte ce qui suit au sujet du travail dans l’équipe: « Je travaille dans un poste de santé à Qamishlo. Suite à un appel, nous avons été informés du cas suspect d’un garçon de quatre ans. L’enfant avait une forte fièvre. Nous avons examiné l’enfant et a envoyé des échantillons à un laboratoire. Le résultat de l’examen a été négatif. »
 
L’administration autonome appelle les gens à désinfecter leurs maisons. Mais tout manque dans cette région largement isolée. En particulier, l’interruption de l’approvisionnement en eau par la Turquie est un problème majeur dans la lutte contre la pandémie.
 

Une femme kurde enlevée à Afrin rachetée par sa famille

SYRIE / ROJAVA – Des femmes kurdes d’Afrin sont kidnappées par des gangs de la Turquie au prétexte d’appartenance à l’ancienne administration kurde. La majorité subissent des violences sexuelles et ou de la torture.
 
L’organisation des droits de l’Homme d’Afrin a rapporté qu’une jeune kurde du nom de Shirin Mohammad Zini, 21 ans, avait été kidnappée par l’Agence turque de renseignement (MIT) avec l’aide de la soi-disant « Police militaire » depuis son domicile, situé au rond-point Marateh, à Afrin, le samedi 21 mars 2020.
 
L’organisation a déclaré que Shirin, originaire du village de Kakhreh, dans le district de Mabata, avait été enlevée avec son bébé le jour du Newroz, le Nouvel An kurde, peu de temps après la libération de son mari, Hammoda Waqqas.
 
« Après avoir passé quatre jours dans un centre de détention de la » police militaire « à Afrin, où elle a été détenue avec de nombreuses autres femmes kurdes, Shirin a été libérée après le versement d’une rançon de 150 000 livres syriennes », a déclaré l’ONG kurde, citant une source locale.
 
Selon l’organisation, Shirin et d’autres femmes kurdes ont été kidnappées car elles étaient affiliées à l’ancienne administration kurde – un prétexte bon marché utilisé pour kidnapper des hommes kurdes afin d’extorquer une rançon et des femmes pour l’esclavage sexuel.
 
« Toutes ces tactiques effrayantes sont systématiquement orchestrées par le MIT turc, les Loups gris et leurs factions mercenaires turkmènes et arabes sunnites pour nettoyer la zone des Kurdes indigènes restants, par l’humiliation, l’appropriation de biens, la torture, l’appauvrissement, les violences physiques et sexuels, » a déclaré l’ONG.
 

Hasankeyf disparaît sous le regard des Kurdes meurtris

TURQUIE / BAKUR – Le barrage Ilisu construit sur les rives du Tigre près de la région kurde de Batman a englouti un joyau de l’humanité nommé Hasankeyf : une ville antique de plus de 12 000 ans. Hasankeyf avait accueilli de nombreuses civilisations telles que les Sumériens, les Assyriens, les Babyloniens, les Byzantins, les Omeyyades, les Abbassides, les Artuqides, les Kurdes, etc. A Hasankeyf, la Turquie a commis un écocide doublé d’un ethnocide.
 
En plus d’Hasankeyf, où plus de vingt cultures ont laissé leur empreinte au fil de 12 000 ans d’histoire – que l’UNESCO aurait dû inscrire sur sa liste des sites protégés – le barrage Ilisu a également englouti près de 200 villages, chassant de leurs terres des dizaines de milliers de Kurdes, les ennemis jurés de l’Etat turc qui voudrait mettre fin à leur existence par tous les moyens…
 
Pourquoi le barrage Ilisu est un écocide doublé d’un ethnocide ?
Premièrement, Hasankeyf (Heskîf en kurde) est le patrimoine culturel de l’humanité avec ses plus de 12 000 ans d’histoire laissée par de nombreuses civilisations successives. Hasankeyf compte plus de 5000 grottes, 300 monticules et n’a pas encore livré tous ses secrets, fautes de fouilles archéologiques…
Deuxièmement, ce grand barrage d’Ilisu va chasser de leurs terres les populations qui vivent dans cette région depuis des millénaires. (On parle de plusieurs milliers de personnes ainsi déracinées de la région qui sera inondée par le barrage.)
Troisièmement, la réduction du débit des eaux du Tigre asséchera les marais située dans le sud de l’Irak causant une autre catastrophe écologique dans une région déjà dévastée par les changements climatiques et sécheresses répétées, tandis que la nature d’Hasankeyf sera engloutie par l’eau alors que la Turquie l’avait déclarée « zone de conservation naturelle » en 1981.
Quatrièmement, avec ce barrage, l’État turc prendra le contrôle des ressources en eau et sera en mesure de couper l’eau du Tigre à tout moment, affectant ainsi l’Irak. L’eau est très importante non seulement pour les Kurdes, mais aussi pour les Arabes et l’Irak. L’eau du Tigre ne doit pas être une arme de guerre laissée entre les mains du pouvoir turc.

Les effets de la pandémie COVID-19 sur les femmes

« La pandémie de coronavirus présente un risque particulièrement élevé pour les femmes réfugiées. Dans les camps de réfugiés ou, comme c’est le cas actuellement à la frontière [turco-grecque], les gens sont contraints de vivre en promiscuité les uns des autres. De plus, les femmes réfugiées occupent généralement des emplois précaires. En plus de l’exploitation de leur travail, il y a désormais un risque d’infection. Nous appelons le gouvernement à cesser d’utiliser ces personnes comme moyen de pression au niveau international et à prendre des mesures immédiates pour améliorer leur situation. »

TURQUIE / BAKUR – La politicienne kurde, Ayşe Acar Başaran, met en garde contre une augmentation des violences faites aux femmes pendant l’épidémie du coronavirus et demande au gouvernement de prendre des mesures de protection des femmes.

La porte-parole du Conseil des femmes du parti démocratique des peuples (Halkların Demokratik Partisi – HDP), Ayşe Acar Başaran, a parlé lors d’une conférence de presse à Batman de l’impact de la pandémie du coronavirus sur les femmes. La députée a souligné que le monde était confronté à la propagation de la maladie infectieuse Covid-19 depuis la fin de 2019, mais qu’en Turquie, la question n’avait été discutée que depuis début mars.
 
« Les mesures prises par le gouvernement turc ignorent la réalité sociale. Par exemple, il y a des appels constants pour que les gens ne quittent pas leurs maisons. Ce que cela signifie pour les femmes a été démontré en Chine et à travers des recherches dans d’autres parties du monde: la violence domestique a considérablement augmenté.
 
Cela s’accompagne d’une augmentation de la pauvreté chez les femmes. De nombreuses femmes travaillent même dans des conditions normales sans sécurité sociale et doivent maintenant prendre un congé sans solde ou ont été licenciées », a expliqué Ayşe Acar Başaran et a noté qu’en raison de la dépendance économique, les femmes sont souvent forcées d’endurer des relations violentes.
 
L’accès aux refuges pour femmes rendu plus difficile
 
Ayse Acar Basaran a souligné que l’accès aux maisons d’hébergement pour femmes avait été rendu plus difficile par la crise de la couronne. En conséquence, l’admission n’est désormais possible qu’en cas de danger grave pour la vie; un certificat médical attestant des violences subies et une preuve de l’absence d’infection sont requis. Başaran a critiqué le fait que la politique du gouvernement ne tienne pas compte de la situation spécifique des femmes et a exigé des mesures contre la violence domestique.
 
Fermeture des institutions pour femmes par les administrateurs nommés
 
La politicienne du HDP a également commenté la destitution des maires kurdes au début de la semaine avec la nomination d’administrateurs (kayyum) à huit autres municipalités gérées par le HDP. Dans la ville kurde de Batman, un homme vient d’être nommé chef du département pour femmes de la municipalité.
 
« La politique des administrateurs est une attaque contre notre politique des femmes et le système de double direction. Comme nous le savons déjà dans d’autres villes, le premier acte officiel des syndics est de fermer les institutions féminines et de bloquer le travail des femmes. Surtout dans la situation de crise actuelle, ces mesures ont entraîné une nouvelle augmentation de la violence à l’égard des femmes », a-t-elle déclaré.
 
Mesures immédiates pour les réfugiés
 
Concernant la situation des réfugiés retenus à la frontière turco-grecque, la députée a expliqué que les femmes souffrent le plus des guerres. La pandémie de coronavirus présente un risque particulièrement élevé pour les femmes réfugiées. Dans les camps de réfugiés ou, comme c’est le cas actuellement à la frontière [turco-grecque], les gens sont contraints de vivre très près les uns des autres. De plus, les femmes réfugiées occupent généralement des emplois précaires. En plus de l’exploitation de leur travail, il y a désormais un risque d’infection. Nous appelons le gouvernement à cesser d’utiliser ces personnes comme moyen de pression au niveau international et à prendre des mesures immédiates pour améliorer leur situation. »
 
Des violeurs libérés et des femmes incarcérées
 
Ayşe Acar Başaran a également abordé la situation dans les prisons: « Dans les débats de ces derniers jours sur le paquet judiciaire, il est question de libérer des meurtriers de femmes et de violeurs ou de leur accorder une peine réduite. Il n’y a pas de discussion sur les milliers de les femmes qui sont en prison parce qu’elles ont exprimé leurs opinions et se sont battues pour les droits des femmes dans une position de leader. Des politiciennes comme Gültan Kışanak, Figen Yüksekdağ, Sebahat Tuncel, Sara Kaya et toutes les autres doivent être libérées immédiatement.»
 
« Nous continuons de lutter contre la mentalité patriarcale »
 
De même, Başaran a exigé que tous les prisonniers malades, âgés de plus de 65 ans ou emprisonnés avec leurs enfants soient libérés de prison: « Dans la période à venir, nous continuerons de lutter contre la politique d’admistrateurs, la violence contre les femmes qui est favorisée en raison de la pandémie du coronavirus et de la pensée patriarcale, et nous continuerons notre travail. »
 
 

CORONAVIRUS. Onze citoyens kurdes et turcs décèdent à Londres

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LONDRES – Onze ressortissants kurdes et turcs ont perdu la vie en raison de l’épidémie de coronavirus à Londres.
 
Au Royaume-Uni, où le COVID-19 se propage à une vitesse dramatique et provoque déjà des centaines de décès, la ville avec le plus grand nombre est Londres à l’heure actuelle.
 
En une semaine, onze Kurdes et Turcs ont perdu la vie à Londres. Au cours des deux derniers jours, Melik Ejder, Mehmet Abdurrahman, Kamil Ahme, Yıldıray Faik et Hacı Ali Doğuş du village kurde de Sevdilli (région d’Alxas), à Elbistan, ont perdu la vie.
 
Hacı Ali Doğuş, 49 ans, était hospitalisé depuis environ 10 jours à l’hôpital Homerton. Malheureusement, Doğuş n’a pas pu être sauvé malgré toutes les interventions.
 
Les organisations kurdes ont publié un message de condoléances et ont demandé aux gens de rester chez eux.
 

CORONAVIRUS. Pour un monde digne de l’innocence de nos enfants

Un petit mot pour des milliards d’humains qui se sont aperçus que, où qu’ils habitent sur cette planète (Nord/Sud) et quelque soit leur rang sociale, ils étaient tous dans le même bateau dont le gouvernail a été cassé par nos dirigeants il y a des décennies déjà. Rien que pour nous avoir rappelé cette évidence ignorée, on devrait « être reconnaissants » à notre virus COVID-19.

Qu’on habitent un des pays dits « développés » ou ceux du « Tiers-monde », c’est la première fois que nous sommes sur le même pied d’égalité devant une pandémie. Nous voilà emprisonnés par milliards dans nos foyers, pour une durée indéterminée.

Nous sommes tous conscients que le monde d’après coronavirus ne sera plus jamais celui que nous avons connu ces derniers siècles. Un nouveau monde nous attend dans les années, voire les mois à venir. Ce nouveau monde qu’on a dû mal à cerner nous fait peur, en nous faisant craindre le pire, tant au niveau écologique, sociétal qu’au niveau politique. En effet, avec l’exploitation à outrance des ressources naturelles d’une part, la pollution de l’eau, de la terre, de l’air, ainsi que des océans, on n’a plus beaucoup de marge de manœuvre pour nourrir tous les êtres humains sur terre, ni leur offrir un environnement écologique sain, ni assurer une vie décente à chaque être humain dans un monde de concurrence et de « chacun pour soi ».

De plus, nous allons être obligés de revoir nos modes de vie réglés autour du travail, pour ceux qui en ont encore un, toujours plus éreintant, axés sur une société de consommation à outrance pour oublier qu’on a une existence vide de sens: Nous poussant à remettre en question et le travail et notre façon de vivre. La destruction du tissus social et de la tradition de

Et que dire des régimes politiques basés sur le capitalisme effréné qui exploitent éhontément et l’humain et toutes les ressources de la terre, même quand ils ont la preuve concrète que leurs actions mettent en danger la survie de l’espèce humaine ?

Ces quelques exemples donnés plus haut ne sont qu’une partie de la liste des doléances de nos sociétés. Une fois la « tempête » passée, les femmes et les hommes, nous allons devoir retrousser les manches et construire nous-mêmes un monde écologique, féministe, pluraliste… – un peu comme le modèle mis en place par les Kurdes au Rojava (Kurdistan « syrien ») – car ceux qui nous gouvernent ne « réalisent » pas toujours ce qui est dans l’intérêt général, ni ce que sont nos vrais besoins. Allez, sortons de nos torpeurs et nos peurs, imaginons notre vie de demain digne de l’innocence de nos enfants qui nous demandent des comptes pour tout le mal qu’on a fait à la terre depuis des siècles, les privant d’une vie enviable !

 

Kurdî (Kurdish): Looking for a forbidden language

« Who can say that robbing a people of their language is less violent than war? » Ray Gwyn Smith
 
Nowadays, the likelihood of hearing a Kurd tell you « I am Kurd but I don’t speak Kurdish » is very high. In fact, since the division of Kurdistan at the beginning of the 20th century, the occupying States of Kurdistan wanted to put an end to the existence of the Kurdish people by implementing policies of linguistic genocide because it was very difficult to physically exterminate millions of individuals, despite the many massacres perpetrated, as in Dersim, Zilan, Halabja… So these states (Turkey, Iran, Iraq*, Syria) severely banned the practice of Kurdish in the second half of the 20th century.
 
Kurds cannot be taught in the Kurdish language, cannot defend themselves before the courts, etc., nor can they even claim that they have a language called Kurdish because Turkey denies the very existence of this thousand-year-old language and registers it as « language X » (X as in « unknown »)!
 
A look back at a linguistic genocide through the eyes of a survivor
 
My family lived on an isolated farm in the mountains of Northern Kurdistan (Bakur) under Turkish occupation. During the winter, the only link we had with the outside world was the radio my father had bought for himself and the few guests who came from surrounding villages when there was not too much snow blocking the paths leading to the mountain. One day, when I was still a baby, my father told my mother that from now on all children should only speak Turkish, because the Turkish state had formally forbidden our language under penalty of prison etc.
 
This ban on speaking our mother tongue was going to cause unexpected trauma for the later generations of Kurds. It took me years to realise how serious it was. Many flashbacks remind me of the slow destruction of a people through its banned language.
 
Our village, where there was a new primary school, was several kilometres from our farm and the snowy winter months prevented my brothers and sisters from going there. So my father had to send them to a boarding school.
 
In order to « cut » the Kurdish language at its roots, as early as the 1980s, the Turkish state had decided to create boarding schools** for Kurdish children. From the age of 7, Kurds spent their school year in boarding schools at the mercy of teachers and supervisors whose mission was to instil the Turkish language in children who did not know a word of it and to Turkify them by cutting them off from their families, their culture, their language. I don’t even want to dwell on the psychological, physical and sexual abuse that many Kurdish children were subjected to in these horror boarding schools…
 
A few years later, we had to abandon our farm and move closer to the small town where my brothers and sisters were interned. That way, they were able to leave the boarding school and return home. But we spoke Turkish between us and our father. Kurdish was reserved for our mother who spoke Turkish very badly.
 
The fact that the teachers told us all day long that there were no Kurds in « Turkey » (because for Turkey there were neither Kurds nor Kurdistan) made me, as a little girl, feel guilty. Guilty of existing when logically I shouldn’t have, because that’s what our teachers said. Guilty also of speaking, in secret, a language that did not exist. So, one day when our teacher asked if there were children who couldn’t speak Kurdish and they had to raise their finger, I immediately did so. I was the only one and I wasn’t too proud of myself…
 
With Turkish school, TV and radio, we no longer had to make an effort to forget this clandestine language. The Turkish state had everything planned for us. We just had to let it go. Our Kurdish vocabulary was diminishing day by day, replaced by Turkish, even in our dreams, and this without « any » regret. In any case, we didn’t like this illegal language. Who likes illegality, especially when you are a child who wants to do everything right?
 
I, the « wise » and « intelligent » little girl, was the darling of my teachers and I even got the nickname « the Turk » in the neighbourhood for having started speaking Turkish before Kurdish, while the other children had more difficulty becoming perfect little Turks overnight. And what can I say about the shame I felt before my mother who had no command of Turkish? Shame for belonging to a people that should not exist, a « backward » people, according to the definition of the colonialist state that wanted to finish us off by Turkifying us as much as possible.
 
Once grown-up and exiled in a Western country (France) whose language I did not know, I immediately wanted to learn French to get rid of Turkish because this physical exile was the trigger for a mental return to my origins. Suddenly, I began to have flashbacks that reminded me of all the humiliations we had suffered as Kurds and children and the ban on speaking our language on our own land.
 
I spent my days listening to French-learning tapes, reading, and chatting with non-Kurds to quickly learn French. At night, I had the dictionary « Le Petit Robert » in my bed (I always say that Petit Robert was my first French lover!). In a few months, I managed to get by and, after a few years, French became my first language. But I still didn’t speak my mother tongue properly and my entourage had nicknamed me « The French » this time!
 
A few months ago, I was chatting with a Kurdish friend who asked me if I was born in France because my French was « very good ». I told him no, that I had come to adulthood without going through the school system. He barely believed me! I told him about my two nicknames related to languages, before adding that I had managed to be Turkish and French and that now it was time for me to become (once again) Kurdish and to finally be called « Kurdê » (adjective « the Kurd », for women)!
 
Today, I read and write Kurdish, with difficulty, except when it is these orphan poems that knock on my door to take me to the country. But, I do not despair, I am going to succeed in becoming a « true Kurd » who speaks her language, even if it will be difficult, I will have to stumble over the words, fall to the ground, after so many years spent in an imposed linguistic paralysis and long live the revenge of the « vanquished / defeated »! (Keça Bênav « the girl (keç) without name (bênav) »)
 
*In other parts of Kurdistan, in Iraq, Iran and Syria, we had roughly the same prohibitions. Today, in the autonomous Kurdistan of Iraq and in Rojava, teaching is done in the Kurdish language, while in Iran the Kurdish language continues to be criminalized… This is why, today, many Kurds, especially those in Turkey, no longer speak their language, but many of them are fighting for the right to relearn and speak it; to re-appropriate their music, their customs and habits, plundered and forbidden by their colonizers. The price to be paid by the Kurds to get what they want remains very high. It often costs lives, but they remain determined.
** This decision has been implemented rather successfully, and we easily imagine the devastating effects on the psychic and/or socio-cultural level among Kurdish children and the adults they have become.
 
To conclude on the issue of linguistic rights or prohibitions concerning languages, here is a story written by a Kurdish writer about the prohibition of Kurdish and what awaited us if we defied it:
 
« A Bread in Turkish » or how to forbid Kurds to speak their mother tongue
 
We are in the 1980s, in a Kurdish region under Turkish occupation. A peasant runs to the bakery in his village on his way back from his field and would like to buy a loaf of bread before the sunset which is close, because in this Kurdish region, the Turkish state has declared a state of emergency with a curfew at sunset. The peasant hastily launches « ka nanakî, bi tirkî.** » in Kurdish, which can be translated as « one bread, in Turkish”. This poor peasant can’t speak Turkish, but he must buy his bread somehow.
 
Now, let’s imagine for a moment that this scene takes place in France, during the Nazi occupation: A farmer from Corrèze, back from his field, runs to the bakery in his village. The sun is about to set, but there is a curfew at nightfall. The Nazis have forbidden speaking the French language and have imposed the German language throughout the country, but our Corrèze peasant does not speak a word of German. So he would probably say, « A loaf of bread, in German.”
 
Indeed, the Turkish State had banned Kurdish throughout the country, including the Kurdish regions, since the creation of Turkey in 1923. Even within their homes, Kurds could not speak their language under penalty of arrest and/or torture, in addition to paying a fine. (The Turkish State had dispatched officials for this purpose throughout Kurdistan).
 
Even today, in Turkey, the Kurdish language is still forbidden, even if in private life it can be spoken…
 
** Ka nanakî bi tirkî / Bana türkçe bir ekmek ver » is the name of a short story by Cezmi Ersöz, a Kurdish writer and journalist.
 

Le Kurdistan accueille le printemps

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Le printemps est arrivé au Kurdistan, habillant de mille et une couleurs les pleines endormies jusqu’à si peu alors que les sommets des montagnes rêvent encore bien au chaud sous leurs manteaux de neige d’un blanc immaculé. Nous, les exilés kurdes, on ne peut qu’admirer de loin cette beauté de notre patrie chérie, en attendant les jours de liberté…

LE PRINTEMPS AU KURDISTAN

Welat bu qedexe
Ez bum penaber
Tene bihar serbest e
Tene xemgînî serbest e
 
La patrie m’est interdite
Me voilà réfugiée
Seul le printemps a son laissé-passé
Seul la tristesse a son laissé-passé

Keça Bênav / La fille sans nom (en kurde, Bênav signifie « sans nom » et Keç « fille »)