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TRUQUIE. Bientôt, des salafistes déguisés en étudiants à l’université de Dersim?

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TURQUIE / BAKUR – Plus de 600 étudiants étrangers ont été admis dans un programme d’études de 2021 à l’Université de Munzur de Dersim. La province kurde-alévie est toutefois préoccupée par la composition de ces étudiants originaires des pays musulmans tels que la Somalie, la Libye, le Yémen, la Syrie, l’Irak…, des pays que la Turquie veut garder sous son influence hégémonique.
 
La politique d’assimilation à grande échelle de l’État turc mise en place dans la province kurde-alévie de Dersim prend une nouvelle dimension, selon le député d’HDP Istanbul Ali Kenanoğlu. Pour le semestre d’été 2021, plus de 600 étudiants étrangers ont reçu l’approbation pour un cours à l’Université de Munzur, qui est considérée comme le centre de l’endoctrinement du régime turc. La composition des étudiants est toutefois préoccupante: plus de 90% des étudiants étrangers sont des ressortissants de pays comme la Syrie, la Somalie, la Libye, le Yémen et l’Irak – des régions dans lesquelles la Turquie est intensivement active avec les établissements d’enseignement pour renforcer son soft power, à travers sa Fondation Maarif, alors qu’elle est militairement présente pour renforcer son leadership dans le monde musulman.
 
Kenanoğlu avertit explicitement que les futurs étudiants de Dersim pourraient être des partisans de l’école de pensée salafiste.
 
Kenanoğlu: Nous sommes plus qu’alarmés
 
« Nous attendons des universités d’État qu’elles agissent conformément à la culture et à l’histoire existantes de la ville et à la structure de leur espace social. Comme prévu, l’Université de Munzur doit donc correctement enregistrer, promouvoir et protéger toutes les facettes de l’alévisme, la diversité linguistique, les coutumes, les traditions et les structures du Dersim. Cependant, la base de l’action de cette université est la destruction de la mosaïque ethnoculturelle, linguistique et ethnoreligieuse de Dersim. Il est plus qu’alarmant que les futurs étudiants étrangers viennent presque entièrement de pays islamiques et islamistes », a déclaré lundi Kenanoğlu au parlement turc.
 
Plus de 400 étudiants originaires de la Syrie
 
Selon Kenanoğlu, 422 des 609 étudiants étrangers vivant à Dersim à partir du printemps étaient des ressortissants syriens, 31 autres étaient de Somalie, 30 d’Égypte et 76 d’Afghanistan, du Bangladesh, de Jordanie, du Maroc, de Libye, d’Irak et d’Iran. « Dans ce contexte, il est d’une importance existentielle pour la population alévie de Dersim de découvrir les opinions politiques, idéologiques et religieuses de ces étudiants.
 
Compte tenu des efforts de l’État pour promouvoir l’assimilation, l’idée que 600 personnes [à priori] islamistes doivent vivre dans la ville de province de 35 000 habitants seulement suscite une vive inquiétude. La direction de l’université, en revanche, fait profil bas. Les demandes de renseignements sur le sujet ont jusqu’à présent été ignorées. »
 
 

L’Administration du Rojava attaquée par des médias au sujet des enfants soldats

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SYRIE / ROJAVA – Un récent article d’al-Monitor affirmait que des mineures kurdes étaient encore recrutés comme soldats au Rojava alors que les autorités locales se sont engagées dès août 2019 à renvoyer chez eux les mineurs qui ont rejoint les forces armées, même si c’était de leur plein gré. Article signé par la journaliste Amberin Zaman a fait réagir le bureau de protection de l’enfance du Rojava qui dénonce son subjectivisme et son manque de professionnalisme. 
 
Le bureau de protection de l’enfance de l’administration autonome de la Syrie du Nord et de l’Est (AANES) a déclaré lundi que certains sites et médias qui ont attaqué l’AANES au sujet du recrutement d’enfants dans la région ne traitaient le sujet ni subjectivement ni professionnellement, sans mentionner le nom des sites en question.
 
Le Conseil exécutif de l’AANES a créé le Bureau de la protection de l’enfance à la fin du mois d’août. Cette mesure est intervenue après un accord signé par le commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), Mazloum Abdi, avec les Nations Unies le 29 juin 2019 pour empêcher le recrutement d’enfants et leur utilisation comme combattants dans les conflits armés.
 
Le 20 octobre, le Bureau de la protection de l’enfance de l’AANES a commencé ses travaux suite aux questions relatives à la protection de l’enfance.
 
À ce jour, le Bureau a reçu 86 plaintes déposées officiellement par des familles d’enfants  de l’AANES. Un grand nombre de mineurs a été remis à leurs familles, en plus de traiter légalement plusieurs plaintes, selon le communiqué publié par le Bureau.
 
Le Bureau travaille à l’élaboration d’une liste de professionnels pour traiter ces questions, un règlement et une stratégie pour la protection des enfants dans la Syrie du Nord et de l’Est, dans le but de parvenir à une loi unifiée pour la protection de l’enfance dans la région.

ROJAVA. Mazloum Abdi: Personne n’a le droit d’attaquer les bureaux des partis politiques

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SYRIE / ROJAVA – Le commandant général des Forces démocratiques syriennes (FDS), Mazloum Abdi a condamné les attaques visant les bureaux du Conseil national des Kurdes syriens (ENKS) à Qamişlo et Dirbesiyê qui ont eu lieu hier.
 
« Personne n’a le droit d’attaquer les bureaux du Conseil national kurde en Syrie ou de tout autre parti politique au Rojava, et les forces de sécurité intérieure s’acquitteront de leurs fonctions conformément à la loi », déclaré Abdi aujourd’hui en réponse aux attaques armées dont a été victime l’ENSK.
 
Le responsable kurde a également condamné l’attaque armée des forces du PDK visant des combattants du PKK près de Duhok le 13 décembre, demandant que les différends inter-kurdes soient résolus par le dialogue pour protéger les acquis kurdes.
 
Mazloum Abdi intervient régulièrement pour servir d’émissaire entre les forces kurdes rivales telles que le PKK et le PDK dans le but de préserver les intérêts du peuple kurde. Une initiative qui devrait être imiter par les autres dirigeants kurdes alors qu’on assiste à de nouvelles attaques visant les Kurdes en Irak, dont au Bashur et dans la région yézidie de Shengal, en Turquie, en Syrie…
 

ROJAVA. Les Forces démocratiques syriennes restent la force armée la plus efficace de la Syrie

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SYRIE / ROJAVA – Malgré l’invasion par la Turquie de plusieurs régions kurdes du Rojava, les Forces Démocratiques syriennes (FDS) restent la force armée la plus efficace de la Syrie et qui détiennent le plus grand territoire syrien qui échappe au contrôle du régime central. Mais la menace d’une nouvelle incursion turque contre cette région grâce à un soutien de la Russie n’est pas à exclure et fait planer l’incertitude quand à l’avenir du Rojava. C’est ce qui sort de l’analyse du journaliste néerlandais Wladimir van Wilgenburg publiée ce 14 décembre.

Voici la traduction en français de son article publié en anglais :

Après quatre ans, les Forces démocratiques syriennes (FDS) et les Unités [kurdes] de protection du peuple (YPG) restent les forces les plus efficaces sur le terrain en Syrie pour combattre DAECH, tout comme en 2016 – ceci malgré la perte d’un territoire important au profit de la Turquie et le retrait de la coalition dirigée par les Etats-Unis de plusieurs villes du nord de la Syrie en octobre dernier. En conséquence, les zones contrôlées par les FDS dans le nord-est de la Syrie restent le plus grand territoire contrôlé par l’opposition.
 
Les FDS et YPG n’ont pas pu atteindre leur principal objectif en marchant plus loin vers Afrin pour relier les trois cantons kurdes après la défaite de DAECH en août 2016. Les États-Unis se sont opposés à cette idée et ont dit aux FDS qu’ils ne les soutiendraient que pour libérer la capitale de DAECH, Raqqa.
 
De plus, en raison des craintes turques d’une entité autonome dirigée par les Kurdes à sa frontière et des propres ambitions territoriales d’Ankara, le président Recep Tayyip Erdoğan a lancé l’opération Bouclier de l’Euphrate. Celle-ci a duré d’août 2016 à mars 2017, et visait à empêcher les FDS de relier Manbij à Afrin en prenant des territoires entre les deux (dont Bab et Jarabulus). Le 20 octobre 2017, les FDS ont libéré la ville de Raqqa de DAECH. Cela n’a cependant pas empêché la Turquie de lancer de nouvelles opérations contre les FDS, bien qu’elle ait déjà contrecarré son plan d’unification des cantons.
 
Avec le soutien de la Russie (Moscou retire ses troupes et ouvre l’espace aérien à la Turquie), la Turquie a lancé l’opération Rameau d’olivier à Afrin en janvier 2018 (qui durera jusqu’en mars 2018). Le GPJ a refusé l’offre russe de livrer complètement Afrin au régime syrien et, en conséquence, la Russie a permis à la Turquie d’attaquer. Cela a temporairement perturbé la coopération entre les FDS et les États-Unis contre DAECH, les FDS ayant réorienté ses troupes pour défendre Afrin contre l’attaque turque. La précédente opération Bouclier d’Euphrate a également été coordonnée avec la Russie, tout comme la plupart des opérations turques contre les FDS.
 
Néanmoins, malgré la perte d’Afrin, les FDS ont continué à travailler avec les États-Unis et a libéré le dernier territoire de DAECH à Baghouz le 23 mars 2019. Mais cela n’a pas empêché la Turquie de lancer une autre attaque, l’opération « Sources de paix », en octobre 2019. Les États-Unis ont tenté en juin 2018 – par le biais de la feuille de route de Manbij et d’un accord de zone sûre en mars 2019 impliquant la Turquie et les FDS – d’empêcher une nouvelle incursion turque. Cependant, la Turquie a exigé que cette « zone de sécurité » à sa frontière soit entièrement sous son contrôle.
 
En conséquence, malgré le retrait par des combattants des FDS et des fortifications de Tal Abyad et de Ras al-Ain (Serekaniye), et les patrouilles conjointes turco-américaines dans les zones tenues par les FDS à la frontière, ces accords n’ont pas dissuadé la Turquie de lancer une nouvelle opération. Les États-Unis n’étaient pas non plus prêts à empêcher militairement l’armée turque d’attaquer les FDS. La Turquie a lancé l’opération dite « Printemps de la paix » le 9 octobre, après avoir reçu le feu vert du président américain Donald Trump lors d’une conversation téléphonique avec le président turc Erdoğan. Cette offensive turque majeure a entraîné le déplacement de près de 180 000 civils.
 
La Russie et les États-Unis ont pu rapidement conclure des accords de cessez-le-feu séparés avec la Turquie, qui ont limité le contrôle turc à une zone située entre Tal Abyad et Ras al-Ain. Cela a mis fin au plan initial de la Turquie de détruire l’administration autonome dirigée par les Kurdes en créant une « zone de sécurité » de 32 kilomètres de profondeur s’étendant sur les 460 kilomètres de la frontière turco-syrienne. La Turquie voulait également relocaliser les 3,6 millions de réfugiés syriens basés en Turquie dans le nord-est de la Syrie, ce qui aurait complètement changé la démographie de la région, et aurait peut-être bien menacé la présence kurde en Syrie.
 
Les FDS ont également conclu un accord avec Damas en octobre 2019 pour placer les forces du régime sur la ligne de front face aux forces turques et aux rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL / FSA). Les troupes américaines se sont également retirées des zones proches de Manbij, Kobanê et Raqqa fin 2019, tandis que les troupes russes se sont déplacées dans ces zones, ainsi que dans d’autres régions frontalières. Les États-Unis ont repositionné leurs forces dans la province de Hasakah et dans la région pétrolière de Deir az-Zour. Les forces de la coalition sont aujourd’hui chargées de protéger les infrastructures pétrolières et de poursuivre la lutte contre DAECH. En conséquence, les FDS ont gardé le contrôle d’importantes ressources pétrolières, ce qui leur a permis de conserver leur indépendance vis-à-vis de Damas. De plus, une compagnie pétrolière américaine, Delta Crescent Energy, a également reçu une dérogation pour moderniser les champs pétrolifères du nord-est de la Syrie détenus par les FDS en juillet 2020 dans le cadre d’un accord avec une compagnie américaine. Jusqu’à présent, la compagnie n’a pas encore commencé ses opérations.
 
En raison des accords de cessez-le-feu et d’un accord avec le régime syrien, le SDF continue à contrôler un territoire important. Avec une holding de détente, ils n’ont pas cédé de territoire au gouvernement Assad, et Damas n’a pas non plus reconnu le SDF ou l’Administration autonome locale du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES), malgré des tentatives de négociations répétées qui ont échoué. les FDS continuent à contrôler tous les points de contrôle de la région et n’ont subi que des défections mineures.
 
Environ 300 policiers militaires russes opèrent désormais dans la zone frontalière et effectuent des patrouilles conjointes avec la Turquie. En outre, on estime que 4 000 à 10 000 membres des forces du régime syrien opèrent dans la région. En outre, les FSD continuent de contrôler et de payer les salaires de plus de 100 000 soldats. Il reste 500 troupes de la coalition présentes dans les régions de Hasakah et de Deir az-Zour, ce qui a entraîné une concurrence et des tensions entre les forces américaines et russes dans la région en raison de l’opposition continue de Moscou à toute présence américaine en Syrie. En tant que telle, la solution préférée de la Russie est que Damas prenne le contrôle total du nord-est de la Syrie, sans aucune concession aux FDS.
 
Cependant, la Russie n’est pas en mesure de repousser les forces américaines par des moyens militaires. Cela a fait craindre au nord-est de la Syrie que la Russie puisse autoriser une autre intervention turque pour forcer les FDS à faire des concessions à Damas, ou même pousser les forces américaines plus loin hors de la zone. Erdoğan a récemment intensifié ses menaces d’envahir à nouveau le nord-est au milieu des troubles économiques en Turquie. Lors d’une récente interview, un haut responsable du Conseil démocratique syrien (DDC), Hikmat Al-Habib, a également exprimé ses craintes quant à un éventuel accord turco-russe qui pourrait ouvrir la voie à une attaque, après que la Turquie se soit retirée de certaines bases d’observation à Idlib. L’avenir du nord-est reste donc incertain. Cependant, jusqu’à présent, les FDS et l’AANES ont réussi à gouverner cette partie de la Syrie et continueront, à moins que la Turquie ne soit autorisée à attaquer à nouveau.
 
Wladimir van Wilgenburg est un journaliste et auteur néerlandais qui écrit principalement sur le Kurdistan du Sud (Bashur) et du Rojava.
 

TURQUIE. Le parti d’extrême-droite turc MHP appelle à interdire le HDP

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TURQUIE / BAKUR – Pervin Buldan, coprésidente du Parti démocratique des peuples (HDP) « pro-kurde », a commenté la demande du chef du parti d’extrême-droite Devlet Bahçeli (MHP) d’interdire son parti: « Personne n’a la force de fermer le HDP. »

Le président du MHP, Bahçeli a décrit le HDP comme une «structure de haine et de trahison qui se cache derrière la démocratie, la liberté et les droits de l’homme. »

Commentant cette manifestation verbale de haine du président du MHP, la coprésidente du HDP, Pervin Buldan, a déclaré: « En fait, nous n’avons pas vraiment besoin d’y répondre. Cependant, cette attente existe dans la population. Je tiens donc à préciser que personne n’a la force de fermer le HDP. »

La position agressive du président du MHP est une indication des conflits existants au sein de la coalition au pouvoir, a expliqué le coprésident du HDP, et a ajouté: « La déclaration de Devlet Bahçeli indique clairement qu’il y a une scission, une fracture dans la coalition. Bahçeli veut en fait envoyer un message à l’AKP en utilisant le HDP. Il attaque apparemment le HDP et Selahattin Demirtaş, mais à notre avis c’est une indication d’un conflit interne. C’est pourquoi nous vous conseillons de ne pas attaquer le HDP et Demirtaş et plutôt de résoudre les problèmes entre vous. »

Le MHP n’a pas de base sociale et n’est entré au parlement que parce qu’il s’accrochait à l’AKP, a déclaré Buldan et a ajouté: « Un parti qui n’a même pas assez de députés pour un groupe parlementaire à lui seul ne devrait pas prétendre s’attaquer au troisième plus grand parti. en Turquie . Quiconque a quelque chose à dire sur le HDP devrait d’abord enlever son chapeau et réfléchir cinquante fois avant de parler de nous et de Selahattin Demirtaş. Quels succès le HDP a-t-il eu ces derniers temps? Que pouvez-vous changer avec quelle approche stratégique? À qui peut-il causer des pertes? Qu’est-ce que le HDP et qui est Demirtaş? Quelle est leur base sociale? Que s’est-il passé lors des dernières élections? Avant d’ouvrir la bouche, vous devriez y penser. »

Selon Pervin Buldan, les dernières attaques du MHP à différents niveaux sont liées à la bonne performance de son parti. « Nous savons que l’agression résulte du fait que le HDP ne se laisse pas mettre à genoux malgré une répression massive et d’innombrables arrestations. Par conséquent, le HDP et Demirtaş sont attaqués. »

Mithat Sancar: Nous faisons confiance au peuple

Mithat Sancar, l’autre coprésident du parti, ne voit pas non plus de raison d’entrer dans la discussion sur l’interdiction du HDP: «Le pouvoir judiciaire est entre les mains du gouvernement. La fermeture de notre parti est hors de notre contrôle. Le gouvernement engage des procédures quand il le souhaite. Nous avons une vaste expérience dans toutes les formes d’opérations d’extermination légale. Nous ne laisserons pas cela nous arrêter, nous continuerons notre chemin. »

De l’opposition politique et sociale, Sancar exige une position commune contre «l’approche mafieuse» de l’AKP et du MHP. «Nous faisons confiance aux gens, à notre lutte, à notre détermination et à nos droits. Dans ce pays, le HDP est le parti avec la base la plus stable. (…) Notre pire sondage est à 11,5%. (…) »

ANF

TURQUIE. La région kurde-alévie de Dersim face à l’assimilation forcée

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TURQUIE / BAKUR – La province de Dersim, avec sa population résistante alevi-kurde, est en permanence la cible de la politique de guerre spéciale de l’État turc. Les habitants de Dersim doivent être assimilés par les organisations religieuses, les associations et les institutions pro-gouvernementales.
 
Le nom de Dersim est associé aux soulèvements, à la résistance et au génocide en Turquie et au Kurdistan du Nord. Environ 35 000 personnes vivent dans le ville de Dersim, qui a été rebaptisée « Tunceli » par l’État turc. Dersim est considéré comme l’un des foyers des Kurdes alévis. La population kurde-alévie n’a jamais cédé à la domination turque. C’est pourquoi les particularités historiques et culturelles des habitants de Dersim ont toujours été la cible d’une politique de guerre spéciale. Alors que d’une part une guerre brutale est menée, d’autre part la culture de la région est attaquée par l’établissement de foyers religieux, d’écoles et de fondations.
 
L’université de Munzur : foyer d’assimilation
 
L’université de Munzur est l’un des moyens de parvenir à cette assimilation. L’établissement d’enseignement est devenu le centre des ordres et des paroisses du régime turc. De là, ils se sont répandus dans la ville dans un but d’assimilation. Lorsque le gouvernement de Erdoğan travaillait encore avec la secte de Fetullah Gülen, la politique d’assimilation passait principalement par leurs établissements d’enseignement. Les professeurs de l’université étaient aussi souvent des partisans de Gülen. Ils ont depuis été échangés par des représentants du parti AKP de Erdoğan.
 
Par exemple, la Birlik Vakfı (Unity Foundation) est utilisée pour l’endoctrinement. Ahmet Zülfü Türkoğlu, un conférencier connu de manière controversée pour une prétendue agression sexuelle, a été nommé à la tête de cette fondation. Le directeur de l’université Munzur, Ubeyde Ipek, a ouvertement admis la fonction de ces structures : « Si nous ne comblons pas le vide à Tunceli, d’autres organisations et groupes politiques le feront. »
 
Les fondations religieuses islamistes et le viol
 
Le centre de recherche de Dersim (Dersim Araştırmaları Merkezi, DAM) critique ces développements dans la ville et fait état d’associations des ordres islamistes pro-gouvernementaux Menzil et Süleymanci, de la tristement célèbre Fondation Ensar et de plusieurs autres organisations qui effectuent un travail de propagande religieuse à Dersim. Les ordres ouvrent leurs propres magasins et structures commerciales et continuent à se développer dans la région. Le centre de recherche voit également un lien avec le nombre croissant de cas d’agressions sexuelles et de viols commis par des membres de la police et de l’armée à Dersim.
 
Fondation Ensar : Islamisme et agressions sexuelles
 
La Fondation Ensar est étroitement liée à la famille Erdoğan. Il existe des liens particulièrement étroits avec la fille de Erdoğan, Esra Albayrak, et son fils Bilal Erdoğan, qui a été impliqué dans divers scandales de corruption, et qui dirige la Fondation Turken créée par Ensar.
 
Ensar gère des établissements d’enseignement et des dortoirs et a été impliqué dans un scandale d’abus sexuels dans leurs installations en 2016 ; un enseignant a été condamné à la prison à vie. Bien que d’autres scandales aient suivi, la Fondation Ensar continue de recevoir des contrats gouvernementaux lucratifs et des millions de dollars de dons financiers municipaux. Le ministre de la famille et des affaires sociales de l’époque, Sema Ramazanoğlu (AKP), a tenté de mettre en perspective les abus de 45 élèves de la Fondation Ensar avec les mots : « Le fait qu’un tel incident se soit produit une fois n’est pas une raison pour salir une institution qui fait du bon travail ».
 

TURQUIE. 160 membres de l’Assemblée des jeunes d’HDP arrêtés en 10 mois

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TURQUIE / BAKUR – 160 membres de l’Assemblée des jeunes du parti politique HDP ont été arrêtés par le régime turc ces 10 derniers mois dans sa guerre visant le mouvement kurde. Le régime turc essaie forcer les jeunes membres d’HDP à devenir des agents.
 
Des milliers de membres de l’Assemblée des jeunes du Parti démocratique des peuples (HDP) ont été détenus lors d’opérations qualifiées de génocide politique en Turquie et dans le Kurdistan du Nord depuis 2015. Malgré la répression du régime turc, les jeunes du HDP ont mené de nombreuses campagnes. 
 
Dersim Dağ, députée et membre du conseil exécutif de l’Assemblée des jeunes d’HDP, qui a évalué les opérations menées sur les assemblées de jeunes, a déclaré qu’ils assumaient le rôle de l’opposition avec leur lutte malgré la répression du gouvernement turc. Soulignant qu’ils n’ont jamais renoncé à poursuivre une politique fondée sur des principes, même lorsque le gouvernement d’AKP était le plus fort et qu’aucun parti politique ne pouvait prendre position, Dağ a déclaré qu’ils continueraient à assumer le rôle de parti de l’opposition. Dağ a déclaré: « C’est précisément pour ces raisons qu’on essaye de criminaliser toutes les activités de notre parti. Le gouvernement, qui est mis au pied du mur par la politique que nous menons, ne peut pas parler, a commencé à s’accrocher à l’argument du « terrorisme », comme il le fait depuis 18 ans. (…) Ils essaient même de criminaliser leurs propres bases qui ne pensent pas comme eux (…). « Les efforts du gouvernement pour criminaliser le HDP, qui est la volonté de millions de personnes, sont des efforts vains, les gens savent bien qui est un terroriste, qui est un voleur, qui protège les assassins et les violeurs des femmes. » (Via l’Agence Mezopotamya)
 
Le HDP est le seul parti démocratique qui joue un rôle clé pour mettre fin aux politiques bellicistes du président Erdogan qui est soutenu par le parti de l’extrême-droite MHP et le parti nationaliste CHP dans ses guerres contre les pays voisins, dont la Syrie, le Rojava, le Bashur, la Libye…
 
Depuis 2015, plus de 16 000 membres du HDP ont été détenus, 6 000 ont été emprisonnés ainsi que 200 élus et 7 députés.

 
Le gouvernement turc a jusqu’à présent nommé 51 administrateurs en lieu et place des maires du HDP élus en mars 2019. En outre, 6 maires qui avaient remporté les élections de 2019 se sont vu refuser leur mandat sous prétexte qu’ils avaient antérieurement été démis de leurs fonctions par des décrets-lois pris sous le régime d’état d’urgence. Jusqu’à présent, 36 co-maires du HDP élus en 2019 ont été emprisonnés. Parmi eux, 16 sont toujours derrière les barreaux. Les poursuites contre les personnes libérées sont toujours en cours. En l’état actuel du système judiciaire turc, tous ces maires risquent d’être condamnés à des peines de prison. En outre, plus de 20 des plus de 80 maires kurdes arrêtés lors de la précédente mandature (2014-2019) sont toujours en prison.
 
C’est dans un tel climat de guerre et de haine que les Kurdes de Turquie et les forces démocratiques de gauche réunis au sein du HDP tentent de sauver le pays des mains d’un président despotique qui étouffe les aspirations de son peuple qui sombre par ailleurs dans la pauvreté.
 

KURDISTAN DU SUD. 3 civils kurdes tués par une frappe aérienne turque

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KURDISTAN DU SUD – BEHDINAN – Trois civils kurdes ont été tués dans une frappe aérienne turque au Kurdistan du Sud le 7 décembre. Leurs corps ont été retrouvés par les riverains aujourd’hui, alors que les avions de guerre turcs continuaient à bombarder la région.

Trois civils ont été tués lors d’une frappe aérienne turque sur la ville de Dêrelûk (Deralok), dans la région autonome kurde d’Irak. Les victimes, Muhsin Hacî, Sefer Selîm et Hesen Sadiq – membres de la tribu Nêrwehi – étaient portées disparues depuis lundi 7 décembre. Ce jour-là, selon des proches, ils se trouvaient sur leurs terres agricoles à la périphérie du village de Zêwe lorsque la région a été bombardée par les avions de guerre turque. Leurs corps n’ont été récupérés qu’aujourd’hui.

Depuis le début de la semaine, les riverains et les proches des victimes ont tenté de se rendre dans la région bombardée pour rechercher les disparus. Des témoins avaient entendu des appels à l’aide peu de temps après l’attaque aérienne de lundi. Étant donné que la zone à l’est de la ville d’Amadiya a été témoin d’une activité ininterrompue des avions de combat et des drones de reconnaissance de l’armée turque et a été attaquée à plusieurs reprises depuis, ils n’ont réussi qu’aujourd’hui à commencer à rechercher Hacî, Selîm et Sadiq. Mais même aujourd’hui, des avions de combat ont tenté d’effrayer les résidents locaux avec des frappes aériennes.

Les autorités de la région contrôlée par le PDK n’ont lancé aucune mesure de recherche. Après que les proches des victimes ont signalé leur disparition, les médias affiliés au KDP ont même répandu l’affirmation selon laquelle Muhsin Hacî, Sefer Selîm et Hesen Sadiq avaient été enlevés par des combattants du PKK. Il s’agit d’une pratique courante au sein du KDP, qui coopère avec Ankara. Ce n’est pas la première fois que le PKK ou ses combattants sont accusés de crimes de guerre commis par l’État turc.

ANF 

TURQUIE. Répression des prisonnières politiques kurdes de la prison d’Amed

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TURQUIE / BAKUR – Onze prisonnières politiques de la prison pour femmes de Diyarbakir décrivent les conditions de détention dans une lettre adressée à l’avocate Eren Keskin. La pandémie est utilisée comme alibi pour des traitements dégradants.

À Diyarbakir (Amed), les violations du droit carcéral des femmes ont augmenté pendant la période de la pandémie. C’est ce qui ressort d’une lettre écrite par onze prisonniers politiques à la présidente de l’IHD, l’avocate Eren Keskin. On demande aux prisonnières de payer leur propre consommation d’électricité.

Les prisonnières parlent de conditions qui rappellent l’époque du coup d’État militaire du 12 septembre 1980. La pandémie du coronavirus est utilisée comme alibi pour des traitements dégradants, écrivent les onze femmes. La santé et les droits de l’homme sont ignorés. « Même l’air que nous respirons est soumis à des obstacles bureaucratiques sous prétexte de mesures COVID-19 », écrivent les femmes.

Les salles communes et les activités sociales ont été annulées depuis des mois et les visites ne sont possibles que par une seule personne. De plus, les conversations des avocats sont mises sur écoute.

La pandémie utilisée comme alibi pour annuler les droits des prisonnières

Concernant les violations légales en cours, les prisonnières ont écrit : « La pandémie est utilisée comme alibi pour annuler un à un nos droits juridiques et humanitaires. Beaucoup d’entre nous souffrent de maladies chroniques, mais un médecin ne vient à l’infirmerie qu’un jour par semaine. Si le service d’urgence est appelé en cas d’urgence, il ne vient qu’après 30 à 40 minutes, alors que l’hôpital n’est qu’à cinq minutes ».

Prisonnières enchaînées ensemble pendant le transport

« La double contention est utilisée lors du transport vers le tribunal ou l’hôpital. Les deux mains sont menottées et la personne est menottée à une autre personne avec une deuxième menotte. Cette approche n’est pas seulement dégradante, elle constitue également une menace ouverte pour notre santé en raison du manque de distanciation sociale pendant la pandémie. C’est pourquoi nous ne sommes pas allées à l’hôpital ou au tribunal depuis près d’un an. Nous sommes ainsi privées du droit de nous défendre personnellement devant un tribunal. Il y a des amies qui ont voulu aller au tribunal et à l’hôpital malgré la double contrainte et ils ont même eu des problèmes respiratoires dans le transporteur, qui est petit et ressemble à un cercueil. Il a fallu les ramener à mi-chemin ».

Surveillance par caméra 24h/24 et 7j/7

Les prisonniers ont continué : « Notre espace de vie est surveillé 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, par des caméras. La caméra dans la cour est installée de manière à ce que nos lits et les toilettes puissent être observés. La pièce que nous utilisons pendant la journée est surveillée par une autre caméra. En tant que femmes détenues, nous considérons la surveillance 24h/24 et 7j/7 comme une violation et une atteinte à notre vie intime. En outre, les cellules sont fouillées chaque semaine à de nombreuses reprises ».

Fouilles à nu, pas de pansements, quarantaine

Comme les femmes l’ont écrit, les prisonniers nouvellement arrivés sont obligés de subir une fouille à nu complète. Celle-ci est suivie d’une quarantaine de deux semaines, pendant laquelle les besoins fondamentaux ne sont pas garantis. Les femmes doivent déchirer leurs draps ou leurs vêtements et les utiliser pendant leurs menstruations. Les mères arrêtées ayant des bébés et des jeunes enfants doivent également rester en quarantaine pendant deux semaines ».

Les livres accusés de mettre en danger la sécurité de la prison

Les prisonniers ont en outre écrit : « Alors que toutes les activités sociales ont été annulées, le nombre de livres distribués a été limité à dix en deux mois par personne. Certains livres sont classés comme douteux et confisqués ».

Le livre « Liberté d’expression, principes et Turquie » a récemment été interdit parce qu’il contiendrait de la propagande du PKK et mettrait donc en danger la sécurité des institutions. Dans la justification, il est dit que les sympathisants du PKK peuvent être gagnés grâce à ce livre. Les femmes ont fait appel en vain. Un chapitre dudit livre est écrit par le président de la Cour constitutionnelle. « Le fait que cela mette en danger la sécurité de l’institution résume le manque de droits et l’arbitraire dans les prisons de Turquie », ont écrit les femmes. A l’exception des médias traditionnels, tous les journaux, magazines, brochures et même les mots croisés sont interdits. Même les crayons de couleur pour enfants sont considérés comme dangereux et sont conservés. »

Les mères sont séparées de leurs enfants

À l’exception d’un nombre limité de vêtements, aucun objet de première nécessité ne peut être envoyé aux prisonniers de l’extérieur. Ils ne peuvent être achetés que dans le magasin de la prison, mais beaucoup de choses n’y sont pas proposées. « Et les produits existants sont de très mauvaise qualité et extrêmement chers », ont déclaré les femmes dans leur lettre.

Enfin, les détenues dénoncent le fait que les mères sont séparées de leurs enfants et que les visites ne sont plus autorisées depuis des mois.

ANF 

Les femmes kurdes veulent poursuivre en justice le Président Erdogan

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FEMINICIDES. Lors de la Journée mondiale de lute contre les violences faites aux femmes, le Mouvement des femmes kurdes en Europe a lancé une pétition pour traduire en justice le président turc Erdoğan en donnant 100 raisons pour lesquelles il devrait être jugé. Depuis, de nombreuses actions ont été menées à travers le monde.
 
Hier, des organisations féminines kurdes ont mené des actions en Belgique, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Suisse, en Suède et au Danemark dans le cadre de la campagne «100 raisons de poursuivre le dictateur».
 
Des femmes sont descendues dans les rues de Bruxelles, Londres, Berlin, Genève, Stockholm et le Danemark pour protester contre les féminicides et condamner le président turc Recep Tayyip Erdogan. Ces actions ont eu lieu dans le cadre de la campagne «100 raisons de poursuivre le dictateur» lancée par le Mouvement des femmes kurdes en Europe (TJK-E) le 25 novembre.
 
Des militantes du TJK-E et de la Fédération des femmes socialistes (SKB) se sont rassemblées devant le Conseil de l’Europe à Bruxelles avec des photos de femmes assassinées et une banderole sur laquelle on pouvait lire « La Femme, La Vie, La Liberté » (jin, jiyan, azadi). L’ancienne députée du HDP Tuğba Hezer, qui s’est réfugiée en Europe en raison de la persécution politique en Turquie, a prononcé un discours dénonçant l’hypocrisie de l’UE dans ses relations avec la Turquie. « Même avant le conflit sur le forage de gaz dans l’est de la Méditerranée, Erdogan a commis d’innombrables crimes contre le droit humain et international. Nous tenons à vous rappeler que le régime d’Erdogan a transformé le Moyen-Orient en un cimetière. dénoncer Erdogan, nous avons non seulement une centaine de raisons, mais d’innombrables raisons, et à chaque seconde une autre s’ajoute », a déclaré la politicienne kurde.
 

KURDISTAN DU SUD. Le gouvernement régional kurde réprime les manifestations anti-gouvernementales

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KURDISTAN DU SUD – Malgré l’interdiction et la répression violente des manifestants, la gronde ne faiblit pas dans la région autonome kurde d’Irak. Les manifestants poursuivent leurs rassemblements anti-gouvernementaux dans plusieurs villes alors qu’on dénombre plus de 7 morts et 70 blessés parmi les manifestants attaqués parfois à balle réelles, tandis que des dizaines d’autres manifestants, de journalistes et d’anciens députés ont été arrêtés par les autorités au cours de 10 jours de manifestations. 

Hier, les forces de sécurité ont tiré à balle réelle et utilisé du gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants rassemblés dans le bazar bondé de Slimani (Suleymaniyah) et sur des manifestants dans la ville de Kalar et ont arrêtés de nombreuses personnes, dont des journalistes et anciens députés.
 
Alors que des journalistes couvrant les manifestations rapportent les violences des forces de sécurité qui les menacent, les arrêtent et tentent de l’empêcher de couvrir les manifestations, la chaîne de télévision NRT, fermé par les autorités, fait le point sur les dernières arrestations des manifestants, des journalistes et des politiciens:

Après environ 24 heures d’arrestation, les forces de sécurité ont libéré deux des membres du groupe Insatisfied Voices [Voix insatisfaites] vers midi samedi (12 décembre), tandis que d’autres sont restés en détention, notamment le journaliste de NRT Digital Media Karzan Tariq et deux anciens députés.
 
L’appareil de sécurité à Sulaimani n’a pas révélé le sort des personnes arrêtées malgré la pression des groupes de défense des droits.
 
Le reporter de NRT Karzan Tariq a été arrêté alors qu’il couvrait la manifestation de vendredi dans la ville de Sulaimani. En fin de soirée, il est toujours en détention et les forces de sécurité n’ont pas révélé où il se trouvait.
 
Plusieurs manifestants ont été arrêtés vendredi par les forces de sécurité alors qu’elles protestaient contre la détérioration des services publics et des conditions de vie, le chômage et les retards et réductions de salaire.
 
Deux anciens législateurs, Abdulla Mala Nuri et Sherko Hama Amin qui représentaient le Mouvement pour le changement (Gorran) au parlement précédent, ont également été arrêtés après avoir soutenu la manifestation de vendredi dans un communiqué de la veille.
 
Le comité de haute sécurité de Sulaimani, qui dirige le dossier de la sécurité dans le gouvernorat, a déclaré dans un communiqué du jour au lendemain que les forces de sécurité continueraient à détenir ceux qui organisent et participent à des manifestations non autorisées.
 
Deux journalistes travaillant pour le service kurde de la chaîne publique irakienne al-Iraqiyah ont également été arrêtés alors qu’ils couvraient la même manifestation, mais relâchés après plusieurs heures.
 
La série actuelle de manifestations a commencé le 2 décembre dans le bazar principal de la ville de Sulaimani, avant de s’étendre aux villes voisines, la ville elle-même étant relativement calme après qu’un rassemblement ultérieur ait été interrompu le 3 décembre.
Ces derniers jours, les manifestations sont devenues de plus en plus violentes, les forces de sécurité utilisant des balles réelles. Les manifestants ont incendié de nombreux bureaux des partis et du gouvernement, y compris ceux de l’Union patriotique du Kurdistan (PUK), du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et du Mouvement Gorran.
 
Au moins neuf personnes sont mortes depuis lundi, dont sept manifestants, un cadre du PDK et un Peshmerga décédé des suites d’un accident vasculaire cérébral alors qu’il surveillait une manifestation.
 
Au cours de l’année, le Gouvernement Régional Kurde (GRK / KRG) a eu du mal à payer les travailleurs du secteur public, ne payant pas plusieurs mois de salaires et en réduisant les autres de près d’un quart. Les désaccords budgétaires entre Erbil et Bagdad, le manque de possibilités d’emploi pour de nombreux jeunes et les perturbations économiques causées par la pandémie du coronavirus en cours ont exacerbé la situation, rendant encore plus difficile la situation économique de nombreuses familles de la région du Kurdistan.
 

La Turquie tente d’accroître son occupation au Rojava

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SYRIE / ROJAVA – Selon des sources locales, la Russie, le régime syrien et les Kurdes du Rojava auraient signé récemment un accord pour créer trois points d’observation communs, à l’intérieur et autour d’Aïn Issa, pour surveiller le respect de l’accord de cessez-le-feu et observer les violations commis par l’État turc. Certains commentateurs ont déclaré que la Russie voulait que l’Administration autonome du Rojava remette la région d’Ain Issa au régime syrien. 
 
Un cadre kurde a démenti ces affirmations concernant une demande russe au sujet de la remise d’Ain Issa et ses districts au gouvernement syrien, et a déclaré que « la Turquie utilise la période de transition de l’autorité américaine pour étendre son occupation, notant que toute nouvelle attaque turque aura des répercussions catastrophiques, car le terrorisme va renaître dans le monde. »
 
Le vice-président de l’administration autonome de la Syrie du Nord et de l’Est, Badran Çiya Kurd, a répondu aux questions de l’agence de presse ANHA, commentant les derniers développements dans la Syrie du Nord et de l’Est.
 
* Quels sont les objectifs de la Turquie pour intensifier ses récentes attaques sur la région ?
 
Depuis un certain temps, l’Etat turc nourrit ses intentions d’occupation, et s’efforce constamment d’étendre les zones qu’il occupe en Syrie, car le schéma de contrôle de l’autoroute internationale M4 est l’un des principaux objectifs que la Turquie cherche à atteindre, depuis sa dernière attaque sur les zones de Serêkaniyê / Ras al-Ain et Gire Spi / Tal Abyad, en plus d’imposer un siège à Kobanê, ainsi que de contrôler certaines zones et villages dans les périphéries d’Ain Issa et Tal Tamer, et les récents développements dans ces zones ne sont que la continuation de ces plans.
 
Si les conditions appropriées sont réunies, et si la Turquie obtient le feu vert de la Russie et des États-Unis, elle n’hésitera pas un instant à mener à bien ce grand et dangereux plan.
 
* La Russie a-t-elle vraiment demandé à ce qu’on remette Ain Issa au gouvernement syrien ? Qu’est-ce qui se passe là-bas ?
 
Récemment, on a beaucoup parlé d’une demande russe de l’administration autonome de remettre au régime les zones de Ain Issa et les départements officiels qui s’y trouvent, et nous confirmons que cette nouvelle est sans fondement ; ce qui se passe là-bas, actuellement, c’est le mouvement coordonné entre les FDS (Forces démocratiques syriennes) et les forces russes au sein du mécanisme conjoint établi lors de l’agression turque sur Serekaniye et Gire Spi pour combler les lacunes que les mercenaires et les forces turques exploitent pour écarter tout danger, et pour limiter les arguments turcs.
 
* Ne voyez-vous pas la possibilité d’un nouvel accord entre la Russie et la Turquie pour l’incursion turque dans d’autres régions ?
 
Jusqu’à présent, nous n’avons touché à aucun accord russo-turc concernant une nouvelle incursion turque dans la région, mais si la position de dissuasion de la Russie ne se développe pas, nous comprendrons qu’il existe un accord caché entre les deux parties, et nous espérons donc que la Russie ne continuera pas ou ne restera pas en place en raison de son parrainage de l’accord dans cette région, et de son rôle principal sous forme d’accord et de compréhension.
 
* Mais la Russie a récemment gardé le silence sur les attaques turques
 
La poursuite du silence soulève certaines préoccupations, car il doit y avoir une position russe pour le bien de la stabilité dans cette région, et nous espérons que la position russe sera claire à cet égard, étant donné l’importance du rôle de la Russie dans la limitation et la limitation du règne turc, et la Russie doit jouer son rôle face à ces attaques, autre que celui de justifier la Turquie, qui vise des zones et des villages peuplés, et s’engage à perpétuer l’accord qui a été signé à Sotchi les 10/23 de l’année dernière avec elle.
 
* Et la position américaine, n’a-t-elle pas aussi la responsabilité de freiner la Turquie, puisqu’elle en est aussi l’un des garants ?
 
Oui, l’Amérique est également responsable, et l’accord qui a eu lieu le 17/10/2019 entre elle et la Turquie doit être pratiquement traduit, qui stipulait également la limitation du rôle de la Turquie et le cessez-le-feu.
 
Le non-respect de ces accords par la Turquie est un mépris de la volonté des grandes puissances, et c’est ce qui lui donne l’impulsion de menacer la sécurité de l’Europe et de la région, d’envoyer des extrémistes dans les zones de conflit, ainsi que de perpétrer des actes terroristes en Europe centrale après chaque menace directe.
 
L’Amérique et la Russie doivent faire leur part pour consacrer la réalité de l’accord passé avec la Turquie et l’application effective du cessez-le-feu, et si la Turquie sent un manque d’action de la part de ces deux pays, elle étendra son occupation et l’État islamique se développera grâce à ses cellules dont les activités ont été surveillées après la récente attaque turque, car ces cellules en ont profité et ont reçu un grand coup de pouce moral.
 
* Voyez-vous que les attaques de la Turquie en ce moment sont liées au vide actuel dans le pouvoir américain ?
 
Bien sûr, la Turquie profite de la période de transition en Amérique et veut en profiter pour créer des crises, soutenir le terrorisme et étendre son occupation, elle représente donc une menace pour tous dans la région, et il faut qu’il y ait une pression claire sur elle à ce sujet, à la lumière des différences évidentes entre elle et toutes les forces actives en Syrie. Nous ne voulons pas négliger ces différences lorsque nos régions sont le théâtre d’attaques (…) turques. Ces régions qui ont remporté une victoire historique sur DAECH, et ont contribué à sécuriser la Syrie, la région, et même le monde de ce danger.
 
* Pourquoi pensez-vous que la Turquie cherche à créer tout ce chaos, surtout avec l’Europe ?
 
Aujourd’hui, la Turquie travaille à créer et à développer des crises, du Karabakh à la Libye, en passant par la Méditerranée, la Syrie et l’Irak, et plus récemment au Cachemire et en Chine, où elle crée le chaos et veut répéter que dans tous les endroits qu’elle atteint, y compris la Syrie et l’environnement régional et même européen et mondial, c’est la politique du chaos et du développement des crises, et cela exige qu’il y ait des prises de position de la communauté internationale et de tous les États actifs en Syrie et dans le monde en général.
 
* Si le nord et l’est de la Syrie sont exposés à une nouvelle attaque, quelles sont ses répercussions régionales et mondiales ?
 
Nous affirmons que si nos régions sont soumises à une quelconque attaque, celle-ci aura des répercussions sur l’ensemble de la Syrie, la région et le monde, comme le développement d’opérations terroristes en Europe après son occupation de Serekaniye et de Tal Abyad, et nous pensons que notre peuple et ses forces militaires représentées par les Forces démocratiques syriennes rempliront leur devoir de la légitime défense.
 
Nous affirmons que la question de la prévention du développement de l’occupation turque concerne tout le monde, et nous espérons que le monde entier, y compris les autorités, les États et les amis mentionnés, soutiendra nos positions et nous aidera à atteindre la stabilité et à prévenir le développement du terrorisme qui tire sa force du développement du rôle turc.