Accueil Blog Page 550

Justice pour l’homme qui sifflait dans une langue interdite

0

«Si ma langue maternelle secoue les fondations de votre État, cela signifie probablement que vous avez construit votre État sur mes terres.»

TURQUIE – Musa Anter, écrivain et journaliste kurde persécuté pendant des décennies, a été tué par des paramilitaires turcs (JITEM) le 20 septembre 1992. 30 ans après son meurtre, la justice turque va fermer le dossier en invoquant le délai de prescription (comme si un tel crime pouvait bénéficier du délai de prescription) afin de garder dans l’ombre tout un système qui était derrière des milliers d’enlèvements et d’exécutions dans les régions kurdes pendant les années 1990.

«Si ma langue maternelle secoue les fondations de votre État, cela signifie probablement que vous avez construit votre État sur mes terres.»

L’affaire concernant l’assassinat en 1992 de l’auteur et journaliste kurde tombera en raison du délai de prescription le 20 septembre avec l’audience fixée au 21 septembre…

«Si ma langue maternelle secoue les fondations de votre Etat, cela signifie probablement que vous avez construit votre Etat sur mes terres.» Musa Anter, journaliste kurde persécuté pendant des décennies, a été tué par des hommes de l’Etat turc le 20 septembre 1992. Cela fait 30 ans jour pour jour que ce crime, comme des dizaines de milliers d’autres crimes dont sont victimes les Kurdes en Turquie, reste impuni et que l’affaire va être classée sans suite afin de protéger le système génocidaire turc au Kurdistan colonisé.

Musa Anter, alias Ape Musa (littéralement «oncle Musa» en kurde), était un écrivain, journaliste et intellectuel kurde important qui a été assassiné par le JITEM* turc en septembre 1992.

Parlant d’un de ses nombreux déboires avec les représentants du régime colonialiste turc, Anter racontait qu’un jour, il avait reçu une gifle du directeur de la faculté de Dicle qui lui reprochait d’avoir «sifflé en kurde» !

Anter, qui a écrit des articles dans le quotidien Ozgur Gundem et l’hebdomadaire Yeni Ulke, a été tué par balle à Diyarbakir. Attirés de son hôtel par un appelant qui lui a demandé de l’aider à régler un litige immobilier, Anter et un ami sont partis en taxi avec un inconnu, âgé entre 25 et 30 ans. Quand ils ont commencé à soupçonner qu’un piège était en train d’être tendu, ils ont exigé de sortir du taxi. L’homme qui les accompagnait est également sorti et, ayant marché devant eux, a commencé à leur tirer dessus avec un pistolet.

Anter a été touché par quatre balles et est décédé peu après. L’ami, touché par deux balles, a été grièvement blessé. Amnesty International a signalé qu’un pistolet de 9 coups de 9 mm avait été utilisé lors de l’attaque, qui aurait eu lieu en périphérie de la ville près d’un poste de police et d’un poste de contrôle de la circulation. Anter, qui ne vivait pas à Diyarbakir, visitait la ville pour signer ses livres lors d’un festival culturel.

*JİTEM : Organisation de renseignement de gendarmerie turque – Jandarma İstihbarat ve Terörle Mücadele ou Jandarma İstihbarat Teşkilatı (JİTEM). Actif fin dans les années 1980.

 

IRAN. Les mollahs tuent 4 manifestants kurdes lors des protestations du meurtre de Mahsa Amini

0
IRAN / ROJHILAT – Au 3e jour des manifestations dans les villes kurdes dénonçant le meurtre sous la torture de Jina Amini, une jeune femme de 22 ans, par la police des mœurs à Téhéran, les forces iraniennes ont tué au moins 4 civils et blessé plus de 75 autres.
 
Malgré la terreur du régime iranien, les protestations ne s’affaiblissent pas au Kurdistan iranien où les forces armées tirent à balle réelle sur les civils qui dénoncent le massacre des Kurdes par l’Etat colonialiste iranien. Aujourd’hui, une grève générale a paralysé toutes les villes kurdes d’Iran, malgré les menaces du régime.
 
Les femmes à la tête des protestations
 
Les manifestations du Kurdistan iranien sont dirigées par les femmes et une de leurs slogans est « Jin, Jiyan, Azadî! » (Femme, vie, liberté!), un slogan connu de monde depuis le début de la révolution du Rojava… Il y a eu de nombreuses femmes blessées par les attaques des forces armées iraniennes envoyées en masse au Kurdistan iranien.
 
« Vivent les Kurdes! »
 
Au 3e jours de manifestations après le meurtre de Mahsa Amini, les Kurdes de Saqqez, ville natale de Jina Amini, détruisent les symboles du colonialisme perse au Kurdistan, car l’Iran n’a pas tué juste une femme « mal voilée » , il a tué sous la torture une Kurde. La foule scande des slogans anti-régime et crie « Vivent les Kurdes! »
 
Selon les données obtenues par l’ONG Hengaw, aujourd’hui, les forces iraniennes ont tué 4 manifestants et blessé 75 autres, tandis que des dizaines d’autres ont été détenus.
 
Voici les villes avec le nombre de victimes:
 
Saqqez : 2 tués et 17 blessés
Divandare : 2 tués et 15 blessés
Mahabad : 13 blessés
Bukan : 7 blessés
Kamiyaran : 4 blessés
Ghorveh : 4 blessés
Bijar : 7 blessés
Baneh : 4 blessés
Tekab : 4 blessés
 

Actions de solidarité avec le peuple kurde en Europe

0

EUROPE – Le dimanche 18 septembre, un concert de soutien au peuple kurde a été organisé à Rome en présence de nombreux artistes italiens et kurdes, ainsi que l’auteur de Kobane Calling, Michele Zerocalcare, pour « Le temps de l’espoir ». Le même jour, à Marseille, des milliers de Kurdes demandaient la libération d’Abdullah Öcalan lors du 2e Festival de la culture kurde Sinan Dersim. Le samedi 17 septembre, les Kurdes d’Europe participaient en masse à la 30e édition du Festival international de la culture kurde qui a eu lieu cette année à Landgraaf, aux Pays-Bas.

Lors de ces trois événements européens, les Kurdes et leurs amis ont appelé de nouveau à la résolution pacifique de la question kurde alors que la Turquie (et l’Iran) massacre les Kurdes, qu’ils soient au Rojava, au Kurdistan d’Irak… et que la nature et les richesses naturelles du Kurdistan colonisé sont pillées et détruites.

Le Festival international de la culture kurde aux Pays-Bas 

Le 17 septembre, les Kurdes d’Europe ont participé à la 30e édition du Festival international de la culture kurde qui a eu lieu cette année à Landgraaf, aux Pays-Bas.

Des milliers de personnes ont participé samedi au 30e Festival international de la culture kurde à Landgraaf aux Pays-Bas. Des participants venus d’Allemagne, de France, de Belgique, de Suisse, d’Autriche, d’Italie et d’Angleterre se sont rendus à l’événement sous le mot d’ordre « Défendez le Kurdistan contre l’occupation et le génocide – libérez Abdullah Öcalan ».

Le programme a commencé par une minute de silence en hommage aux combattants tombés pour le Kurdistan, à la suite de laquelle les co-présidents du Congrès des Sociétés démocratiques du Kurdistan en Europe (KCDK-E), Yüksel Koç et Fatoş Göksungur, ont tenu un discours de bienvenue. Un autre discours a été prononcé par le co-président du KNK (Congrès national du Kurdistan), Ahmet Karamus.

Ilham Ahmed, co-présidente du comité exécutif du Conseil démocratique syrien (MSD) était également présente lors du festival. Mme Ahmed a déclaré que la révolution du Rojava était aussi une révolution de la langue et de la culture et qu’aujourd’hui, l’enseignement dans sa propre langue maternelle est dispensé de l’école primaire à l’université.

Les groupes de musique Koma Rêya Heq et Koma Rojava, ainsi que Koma MA, qui avait fait le déplacement depuis Amed (Diyarbakir), sont montés sur scène.

 

 

Festival « Le temps de l’espoir » pour le Kurdistan

L’initiative « Le temps de l’espoir » a été lancée en Italie pour remettre la question du Kurdistan à l’agenda politique. « Nous défendons le droit à l’autodétermination et la liberté du peuple kurde et voulons faire pression pour une solution politique à la question kurde avec nos efforts », déclare l’initiative, qui fait partie de la campagne pour la libération d’d’Abdullah Öcalan. Le fondateur du PKK, considéré comme une figure clé pour une solution à la question kurde, est retenu en otage par l’État turc depuis 1999. « C’est un représentant légitime de la société kurde. Sa libération est inéluctable et un préalable nécessaire à un nouveau processus de paix et à la résolution des conflits au Kurdistan », estime l’initiative.

L’actrice Anna Favella a lu des écrits de défense d’Abdullah Öcalan, elle a principalement présenté les principes de base de son idéologie de libération des femmes. Son collègue Elio Germano est également monté sur scène pour une lecture des œuvres du cerveau du PKK qui s’est consacré au principe du confédéralisme démocratique – un concept proposé par Öcalan comme une issue au système des États-nations avec une application au niveau national : la nation repensée comme coexistence démocratiquement organisée de différents groupes ethniques et religieux.

Alessandro Orsetti, père de l’internationaliste des YPG Lorenzo Orsetti (Tekoşer Piling), tombé en mars 2019 quelques jours seulement avant que le régime territorial de l’EI ne soit brisé dans l’est de la Syrie , a prononcé un discours émouvant. « Mon fils aspirait à un autre monde pour lequel il était prêt à mourir. Mon existence future est consacrée à la connexion à ses idéaux. »

Les artistes comiques Zerocalcare alias Michele Rech et Giacomo Bevilacqua se sont inspirés d’une performance artistique et ont mis en œuvre une action comique en direct. « L’Italie a joué un rôle clé dans l’arrestation d’Öcalan, mais lui a également accordé l’asile politique. Nous devrions donc être en première ligne pour le faire libérer », a déclaré Zerocalcare. La musique a été assurée par Fiorella Mannoia, Daniele Silvestri, Pierpaolo Capovilla, Punkreas, The Andre et Hani Mojtahedy & The Moon.

 

 

 

 

 

Des milliers de Kurdes réclament la libération d’Abdullah Öcalan à Marseille

Des milliers de personnes ont demandé la liberté du chef du peuple kurde, Abdullah Öcalan, et ont soutenu la résistance de la guérilla lors du 2e Festival de la culture kurde Sinan Dersim qui s’est tenu à Marseille.

Le 2e Festival de la culture kurde Sinan Dersim a été célébré dans la ville de Marseille avec la participation de plus de dix mille Kurdes et leurs amis. La résistance de la guérilla a été saluée lors du festival, où les militants ont également exigé la liberté du leader kurde Abdullah Öcalan.

Des Kurdes de Draguignan, Montpellier, Avignon, Toulouse et Bordeaux ont assisté au festival qui s’est déroulé au Parc de la Rose.

Les musiciens Hozan Menal, Hozan Rêber, Hozan Canê, Şivan Perwer et le groupe Koma Aram sont montés sur la scène lors du festival.

 

 

IRAN. Un scanner du crâne prouve que Mahsa Amini est morte sous la torture

0

Mahsa (Jina) Amini était une jeune Kurde de 22 ans. Elle a été tuée par la police des mœurs à Téhéran pour un voile « mal porté ». Alors que le régime iranien prétendait qu’elle était morte à cause des problèmes de santé antérieurs, un scanner du crâne de Jina Amini montre une fracture osseuse, une hémorragie et un œdème cérébral. La jeune femme a bien été tuée sous la torture.

Mahsa Amini, arrêtée mardi dernier par la police des mœurs, a été transportée à l’hôpital deux heures plus tard. Elle est décédée vendredi après-midi à l’hôpital de Kasra, dans le nord de Téhéran. Originaire de Saqqez dans la province du Kurdistan, Amini a été arrêtée dans la voiture de son frère lors d’une visite dans la capitale pour voir leurs proches.

La mort de la femme de 22 ans en garde à vue par la police du hijab a provoqué l’indignation de la population et plusieurs manifestations anti-régime en Iran mais surtout au Kurdistan iranien (Rojhilat) où des commerces et les écoles sont fermés aujourd’hui.

Alors que les responsables de la République islamique ont prétendu que la mort d’Amini avait été causée par des problèmes de santé antérieurs, notamment l’épilepsie, l’hydrocéphalie et les maladies cardiovasculaires, son père a nié ces allégations.

Une source de l’hôpital où elle est décédée a déclaré samedi à Iran International que son tissu cérébral avait été écrasé après de « multiples coups » à la tête, ajoutant qu’Amini avait été emmenée à l’hôpital de Kasra dans la capitale Téhéran alors qu’elle ne réagissait pas et qu’elle était en état de mort cérébrale. La source a ajouté que ses poumons étaient remplis de sang lorsqu’elle a été transférée à l’hôpital, et il était clair qu’elle « ne pouvait pas être réanimée».

La source a souligné que l’état de Mahsa « était tel qu’elle ne pouvait pas être sauvée et qu’une intervention chirurgicale n’était pas possible car son tissu cérébral était gravement endommagé, et il était clair que la patiente n’avait pas été blessée par un seul coup de poing et avait dû recevoir de nombreux coups à la tête. »

Une photo de Mahsa sur le lit d’hôpital la montrait inconsciente avec des signes très clairs de saignement de l’oreille droite. Plusieurs médecins, dont Mahdiar Saeedian, rédacteur en chef d’un magazine de santé, ont souligné sur les réseaux sociaux que l’otorragie (hémorragie des oreilles) prouve que son coma a été causé par un traumatisme crânien.

 

Le scanner du crâne de Mahsa Amini montre une fracture osseuse, une hémorragie et un œdème cérébral, a rapporté lundi Iran International.

Les documents médicaux et des dizaines d’images exclusives envoyées à Iran International par un groupe d’hacktivistes montrent clairement une fracture du crâne sur le côté droit de sa tête causée par un grave traumatisme crânien, ce qui corrobore les récits antérieurs de sa famille et des médecins selon lesquels elle aurait reçu plusieurs coups la tête, ce qui prouve que l’affirmation de la police iranienne selon laquelle elle a subi une crise cardiaque était fausse.

Les images de sa poitrine montrent une hémorragie alvéolaire diffuse bilatérale et des dommages dus à une pneumonie par aspiration, à une rétention de sécrétions et à une infection superposée. Les médecins disent que les résultats sont compatibles avec le syndrome de détresse respiratoire aiguë dû à un traumatisme cérébral.

ANF

Leyla Güven: Que veulent les dominants des morts?

0
La politicienne kurde emprisonnée, Leyla Güven a réagi aux traitements inhumains réservés aux cadavres des Kurdes par les autorités turques qui ont récemment rendu à un père les restes de son fils dans un sac, 7 après son meurtre par les forces armées turques.
 
La coprésidente du Congrès de la société démocratique (DTK), Leyla, détenue à la prison d’Elazig, a écrit un article concernant l’approche du gouvernement en matière de funérailles, après que les ossements d’Hakan Arslan aient été remis à son père dans un sac 7 ans plus tard.
 
Voici l’article de Leyla Guven publié dans la rubrique « De la plume de la femme » de Jinnews:
 
« Que veulent les puissances souveraines des morts depuis Hallac-ı Mansur, Mani, Hygieia, Cheik Said, Sayid Rıza [Seyid Riza] ? Depuis l’existence du sens du collectivisme, ou depuis l’établissement du système patriarcal, il y a eu des guerres et des conflits Au temps où il n’y avait pas encore de loi, la société se gouvernait avec des codes moraux. L’un des codes de l’époque et qui perdure encore aujourd’hui était l’approche des funérailles et des morts. Par exemple, les gens suspendaient les affrontements pour que les parties enterrent leurs morts dans la dignité. La guerre et le conflit avaient aussi un code moral. Bien que des centaines d’années se soient écoulées depuis lors, et malgré qu’il existe un code moral dans l’islam ainsi que dans d’autres religions qui [disent] qu’il faut respecter les morts, il y a eu des attaques très irrespectueuses contre les funérailles et les morts des Kurdes.
Des années 90 à nos jours
Les chaînes d’Etat dans les années 90 en Turquie montraient comment les membres des jeunes Kurdes étaient coupés et comment les soldats turcs se photographiaient avec des têtes coupées. Plus tard, ils ont commencé à ne pas remettre aux familles les corps des jeunes combattants tués dans les conflits et les ont enterrés dans les cimetières des inconnus. Comme nous l’avons vu lors de la cérémonie funéraire de Cemile Çağırga, les personnes présentes à la cérémonie ont été attaquées, les corps ont été jetés au sol lors de ces attaques ou comme la mère de la chère Aysel Tuğluk, les corps ont dû être exhumés de leurs tombes à cause des attaques des foules fascistes. Les pierres tombales des Kurdes ont été brisées à coups de marteau.
Nos mères ont ramassé les os de leurs enfants tous mélangés les uns aux autres et les ont enterrés à nouveau. Les lieux de sépulture des dirigeants du peuple kurde comme Shiek Said et Said Rıza ont été caché du peuple kurde. Bref, l’approche de ce pays face à la mort des Kurdes a toujours été brutale.
« J’ai fait le deuil d’une façon digne de mon Agit »
Nous sommes en 2022. Le 21e siècle. L’endroit est Amed, une ville kurde. Les os dans le sac appartiennent à un jeune homme kurde. L’homme qui porte ce sac est un père de famille kurde, un ouvrier. Il a vainement tenté de retrouver les ossements de son fils [tué il y a 7 ans et enterré au Cimetière des inconnus à son insu]. Aujourd’hui, sur le besoin, ils l’ont exhumé et ont donné ses os à son père Ali Rıza dans un sac.
 
Ce cauchemar a commencé avec Xalise. Mère d’un jeune homme kurde. Quelqu’un l’a appelée et lui a dit qu’elle avait un coli et qu’elle devrait aller le chercher. Lorsqu’elle s’est rendue au tribunal de Diyarbakır, ils ont laissé un paquet devant elle. Ses genoux se sont affaiblis lorsqu’elle a découvert qu’il y avait Agit dans ce coli, son fils qu’elle a élevé dans une grande pauvreté et avec beaucoup d’efforts. Elle dit, que malgré tout cela, elle s’est vite ressaisie et ajoute :  » Ceux qui m’ont fait ça veulent me voir craquer. Je ne les laisserai pas me voir craquer. J’ai pris la boîte et je suis rentré chez moi la tête haute. Je n’ai pas pleuré et ne leur ai pas montré mes larmes. J’ai fait dignement le deuil d’Agit. »
« Le pays des mères qui cherchent les corps de leurs fils et filles »
Ali Rıza ressent la même chose aussi. Il apprend que les ossements de son fils sont dans le cabinet du procureur depuis 5 jours. [Le procureur] travaillait probablement encore dans cette pièce pendant ces 5 jours. Il mangeait, il buvait du thé, il riait, a parlé à sa famille au téléphone. Il est rentré chez lui et a pu regarder ses enfants en face. Ont-ils perdu leurs humanité à tel point? Je ne poserait pas cette question. Ils n’ont jamais été humains du tout. Il suffit de commémorer Berfo Ana [une des Mères de la Paix et des Mères du Samedi qui cherchent leurs enfants enlevés par les forces de l’Etat dans les années 1980 – 1990. Berfo Kırbayır, mère de Cemil Kırbayır, elle est décédée le 21 février 2013, à l’âge de 106 ans]. Elle n’a pas changé de maison pendant 30 ans en pensant que son fils pourrait revenir. Elle n’a même pas peint la maison pour que son fils reconnaisse l’endroit. Elle savait que son fils était mort. Mais elle était incapable d’accepter ce fait en tant que mère. Elle voulait retrouver ses os pour qu’il y ait une tombe où elle puisse s’asseoir à côté et pleurer.
Cette société a dû faire face à la brutalité d’Erdoğan et de [Devlet] Bahçeli [président du parti fasciste MHP] alors qu’elle tentait de surmonter la brutalité de Kenan Evren [le général turc qui a mené le putsch militaire de 1980]. Nous savons que ces pratiques inhumaines du ministère de l’Intérieur ont été tentées et ont échoué. Il a fait assoir les familles devant le bâtiment du HDP à Amed, mais a échoué. Maintenant, il essaie d’autres méthodes. Son but est de démoraliser le peuple kurde et de le laisser sans défense. Quand cette personne sait que les Kurdes s’approprient leurs morts et leur font leurs adieux avec des youyous.
L’histoire écrira ceux qui ont commis ces atrocités. Il écrira également Ali Rıza et Xalise. Il écrira aussi ceux qui se taisent contre ces atrocités !
Inimitié contre les Kurdes
Regardons 30 ans arrière, il n’y a pas très longtemps, vous verrez que ceux qui sont restés silencieux face aux atrocités faites aux Kurdes subissent eux-mêmes aujourd’hui un sort similaire. Nous leur avons dit que cela arriverait. Oui, nous voyons que certaines personnes élèvent la voix maintenant. Mais l’attitude de l’opposition est embarrassante et lâche. Est-ce comme s’ils disaient : « Si cela est fait aux Kurdes, ils doivent avoir fait quelque chose [pour le mériter]. Après tout, les Kurdes sont des non-croyants, des terroristes, des séparatistes, Arméniens. » Le seul problème que le gouvernement et l’opposition ont en commun est leur inimitié contre les Kurdes. Chaque gouvernement suit les traces de celui qui l’a précédé dans ce domaine.
Apparemment, ni le gouvernement ni l’opposition n’ont jamais reconnu le peuple kurde, avec lequel ils vivent ensemble depuis mille ans. Les souverains, devenus fous parce qu’ils n’ont pas pu vaincre le peuple kurde, dont la langue, la culture et l’identité sont niées et qui ont résisté à ce déni pendant des années, sont dans un état de folie. Pour cette raison, ils ont utilisé toutes sortes de méthodes illégales. Sinon, comment expliquer l’envoi d’un corps dans un colis à ses parents ? Seuls la Turquie et Israël commettent ce genre d’atrocité dans le monde aujourd’hui. Ce sont des exemples de la même mentalité. Ce qui est intéressant, c’est que le monde reste silencieux sur ce que vivent le peuple kurde et le peuple palestinien au nom de leurs propres intérêts.
Un peuple organisé : les Kurdes
Notre peuple a dû faire face à toutes sortes de souffrances dans sa lutte légitime et juste. Cependant, ces personnes ont transformé leur douleur en pouvoir et ont acquis une attitude consciente et organisée qui privilégie les valeurs universelles. Par conséquent, les dirigeants de ce pays ne devraient pas continuer à faire les mêmes choses et s’attendre à des résultats différents. Même s’ils ne font qu’un petit voyage dans leurs propres archives, ils verront qu’il n’y a pas de méthode qu’ils n’aient essayée contre le peuple kurde.
Acharenemnts futiles
Au lieu de trouver une solution permanente à la question kurde, les gouvernements d’AKP et d » MHP bombardent les tombes des Kurdes et envoient leurs corps par coli. C’est presque comme s’il essayait d’obtenir des résultats avec une guerre psychologique. Il convient de noter que ces méthodes sont des efforts vains. Notre peuple protégera ses enfants en toutes circonstances. Nous nous souviendrons toujours avec respect et gratitude, de notre chef [Abdullah Ocalan], qui a résisté héroïquement à travers l’histoire, mais saurez-vous défendre les tortionnaires et les putschistes qui infligent toutes sortes de souffrances et d’oppression aux peuples ?
Aucun effort n’est vain
Courageuse Xalise et Ali Rıza; Nous ne pardonnerons jamais cette cruauté qu’on vous inflige à vous et aux autres mères et pères qui ont traversé ce que vous avez traversé ! (…) Ceux qui ont mis vos fils et vos filles dans des colis et des sacs seront tenus responsables devant l’histoire. En tant que prisonniers politiques, nous partageons votre douleur de tout notre cœur et nous inclinons respectueusement devant votre prise de position. Aucun effort n’est vain. La liberté de notre peuple est proche ! »
 
Jinnews

TURQUIE. Rassemblement homophobe à Istanbul

0
TURQUIE – Un rassemblement anti LGBT a réuni hier des milliers de partisans des communautés, groupes et ordres religieux conservateurs et d’extrême droite pour une marche homophobe à Istanbul où la marche des fiertés LGBTI+ avait été interdite.
 
Le concert de la chanteuse pop Aleyna Tilki prévu à Çorum a été annulé par la municipalité de la ville après que la jeune femme a condamné le rassemblement homophobe d’Istanbul.
 
La haine homophobe et transphobe incitée par le régime AKP/MHP est descendue dimanche dans les rues d’Istanbul. L’appel conjoint des loups gris turcs, des « organisations d’aide » et des organisations directement dirigées par les membres de la famille d’Erdoğan a été suivi par des milliers de personnes issues de la base du régime. Les manifestants ont montré à quel point l’homophobie et la transphobie sont étroitement liées à la haine des femmes en protestant également contre la loi protégeant les femmes de la violence comme une « atteinte à la famille». Comme dans de nombreux autres pays, les propagandistes ont tenté de se présenter comme victimes d’une « politique LGBTI+». Le chef adjoint du parti d’extrême droite Vatan Partisi, Meltem Ayvali, a déclaré : « Nous chasserons la coercition LGBTI+ de notre sol. Avec la Convention d’Istanbul, ils ont utilisé des femmes et leur ont imposé des LGBT». Cette incitation à la Convention d’Istanbul est conforme à la position du régime. Le président Erdoğan a démissionné de la Convention pour la protection des femmes contre la violence par décret.
 
Fondations proches du régime et associations fascistes réunies
 
Pour l’organisation de la manifestation haineuse, Yesevi Aleperenler Ocağı, entre autres, s’est mobilisé sous des slogans tels que « Arrêtez la perversion » . Yesevi Alperenler, Osmanlı Ocakları, IHH, İstanbul Aile Vakfı et HayDer.
 
Parmi les candidats figurent un nombre impressionnant d' »organisations d’aide » proches du régime, comme Hüdayi Vakfi, l’IDDEF ou l’IHH. Ils poursuivent tous un programme islamiste. L’IHH appartient au mouvement islamiste Milli-Görüş, qui, entre autres, enseigne l’Islamkunde dans les écoles des États fédéraux comme Berlin.
 
TÜGVA est même directement lié à la famille d’Erdoğan. Outre le fils du président Bilal Erdoğan, le conseil de surveillance de l’établissement, qui est principalement financé par des dons, comprend également un certain nombre de députés du parti au pouvoir AKP. Plusieurs révélations sur la fondation, la plus récente en 2021, ont clairement indiqué que son objectif principal est de produire des cadres fidèles au régime et de les placer dans la bureaucratie de l’État turc.
 
Haine homophobe et théories du complot antisémites
 
Alors que le gouverneur avait interdit la marche des fiertés à Istanbul, le régime a soutenu la manifestation d’extrême droite de diverses manières. Une publicité pour la marche a été publiée sur le site Internet du Conseil suprême de la radio et de la télévision (RTÜK). Cette publicité dégoulinait de discrimination et de haine. Il parlait d’un « virus de propagande LGBT » qui s’était emparé du monde. L’antisémitisme de la vidéo n’était caché que derrière des phrases, parlant de « lobbies mondiaux, impérialistes » qui voulaient détruire la famille.
 
ANF

Mahsa Amini était kurde et s’appelait Jina

0

Mahsa (Jina) Amini était une jeune Kurde de 22 ans. Elle a été tuée par la police des mœurs à Téhéran pour un voile « mal porté ». Sa mort brutale a créé une onde de choque à travers le monde. Mais nombreux sont ceux qui ignorent que Mahsa Amini s’appelait en réalité Jina (ou Zhina) qui signifie « femme » (jin) en kurde. Mais le régime colonialiste iranien a refusé d’enregistrer son nom kurde à l’état civil, le remplaçant par Mahsa.

Mahsa (Jina) n’est pas la seule Kurde à avoir un prénom officiel, en plus de son prénom kurde non reconnu par le pouvoir colonialiste au Kurdistan. Ils sont en réalité des millions de Kurdes à porter des noms turquisés (au Kurdistan « turc »), arabisés (au Kurdistan « syrien » et au Kurdistan « irakien ») et persanisés (au Kurdistan « iranien »), au milieu d’un génocide généralisé. Ainsi, au Kurdistan, on ne pleure pas seulement une jeune femme tuée par des mollahs islamistes, on pleure aussi une jeune Kurde dépouillée de son prénom, de son pays et enfin de sa vie…

Sur les réseaux sociaux, des fachos iraniens versent des larmes de crocodiles pour Mahsa (Jina) et disent avec mépris qu’en Iran, « tout le monde souffre » et qu’il ne faut pas qu’on parle du colonialisme perse au Kurdistan de l’Est (Rojhilat) où la pauvreté est imposée au Kurdes massacrés tandis qu’on pille leurs forêts et leurs richesses naturelles. Tant pis pour eux, tant qu’il y aura des Kurdes, le désir d’un Kurdistan libre brûlera dans leurs cœurs.

TURQUIE. Encore une mort suspecte de prisonnier kurde

0
TURQUIE / KURDISTAN DU NORD – Le prisonnier politique kurde, Barış Keve est mort dans une cellule d’isolement de la prison de Malatya/Akçadağ. Sa famille et les défenseurs des droits des prisonniers crient à un nouveau meurtre de prisonnier déguisé en suicide.
 
Keve, qui a été condamné à 6 ans et 3 mois de prison, était détenu à Edirne. Il a été transféré à la prison de Malatya Akçadağ il y a 5 jours et mis dans une cellule d’isolement pour des « sanctions disciplinaires».
 
L’administration de la prison a appelé la famille de Barış Keve vivant à Avn/Çatak et les ont informés que Barış s’était suicidé.
 
Le parti politique HDP a condamné ce nouveau décès survenu en prison, déclarant que près de 50 prisonniers sont morts depuis janvier, mais les autorités compétentes gardent le silence au lieu d’agir pour empêcher les morts en prison.

Grève générale au Kurdistan d’Est pour protester contre le meurtre de Jina Mahsa Amini

0
IRAN / ROJHILAT – Des partis et organisations kurdes ont appelé à une grève générale ce lundi au Kurdistan iranien pour protester contre le meurtre de Jina Mahsa Amini par la police des moeurs à Téhéran pour un voile « mal porté ».
 
La grève est très suivie par les commerçants et les habitants de Saqqez, ville natale de Mehsa Amini, malgré les menaces et la repressions des forces iraniennes qui ont blessé et arrêté de nombreux manifestants pacifiques au cours de 2 jours de protestations suite au meurtre de Mahsa Amini.
 
Le PJAK et le KODAR ont appelé tout le monde à se joindre à la grève générale aujourd’hui avec les slogans « Jin, jiyan, azadî, Şehîd Namirin » (Les femmes, la vie, la liberté, Les martyrs ne meurent pas) pour protester contre le meurtre de Jina Mahsa Amini par l’État iranien.
 
En outre, des partis affiliés au Centre de coopération des partis du Kurdistan iranien, le Parti communiste iranien-Kurdistan et un groupe de partis du Kurdistan oriental, ainsi que des organisations de la société civile et des militants politiques ont appelé à participer à la grève générale.
 
Jina Mahsa Amini a été arrêtée mardi par la police des mœurs lors d’une visite familiale à Téhéran car elle ne portait pas son hijab « convenablement». Emmenée dans un commissariat, des « mesures de sensibilisation et de formation » où elle devait suivre une formation sur le code vestimentaire, elle s’y est évanouie suite à une insuffisance cardiaque puis est tombée dans le coma, selon la police iranienne. Mais la famille et d’autres témoins racontent qu’Amina a été torturée et a eu une hémorragie cérébrale qui l’a tuée. Son décès a été confirmé vendredi.

ROJAVA. Un drone turc tue 3 soldats des FDS à Ain Issa

0
SYRIE / ROJAVA – Le 16 septembre, un drone turc a ciblé les forces arabo-kurdes à Ain Issa, dans le nord de la Syrie, tuant 3 combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS).
 
Les Forces démocratiques syriennes ont annoncé la mort de trois de leurs combattants aujourd’hui. Selon les informations, les combattants sont morts vendredi dernier dans une attaque de drone de combat de l’armée turque.
 
Les victimes sont :
 
Ibrahim Muhammad Barhou (Nom de guerre: Givara), Ahmed Hamad Al-Shawi (Nom de guerre: Zagros) et Hecî Xelîl Mihemed (Nom de guerre: Çiya Kobanê)
 
Les combattants martyrs étaient déployés sur les positions défensives le long de la ligne de désescalade entre la zone autonome et la zone occupée par la Turquie. Les FDS expliquent que ces attaques sont ignorées par la communauté internationale. Selon un accord de cessez-le-feu appliqué en octobre 2019 après que la Turquie a occupé Serêkaniyê (Ras al-Ain) et Girê Spî (Tall Abyad), la Russie s’est engagée à mettre en œuvre des mécanismes pour éviter l’agression turque contre le nord et l’est de la Syrie le long de la ligne de désescalade. La pratique, cependant, semble différente. Largement inaperçue du public, l’armée turque de l’OTAN bombarde la région presque tous les jours, et l’armée russe ignore également ces attaques et ne respecte donc pas les obligations découlant de l’accord.
 
FDS: nouvelle escalade de la violence depuis l’opération à al-Hol
 
Les FDS soulignent également que les milices alliées à la Turquie et à Ankara ont commencé leurs attaques contre les zones autonomes du nord et de l’est de la Syrie au début de l’opération de sécurité dans le camp d’al-Hol accueillant les membres de DAECH. L’opération contre les cellules dormantes de l’organisation terroriste « Etat islamique » (EI) dans le camp près de Hesekê, qui a duré plus de trois semaines a permis l’arrestation de 226 partisans de l’EI, dont 36 femmes. Depuis lors, selon les FDS, il y a eu une « nouvelle escalade de la violence » contre les régions autonomes. L’alliance exprime sa profonde sympathie aux proches des combattants morts à Ain Issa. « Nous promettons aux peuples du nord et de l’est de la Syrie de venger le sang de nos compagnons. »
 
ANF

Comment la guerre en Ukraine affecte la lutte kurde

0
Syrie
 
Lorsque le représentant européen pour l’administration autonome du nord et de l’est de la Syrie, Abdulkarim Omar, a rencontré des députés européens au Parlement européen cette semaine, la guerre en Ukraine était une présence constante. Pour commencer, comme de nombreuses personnes l’ont fait remarquer, il a évincé bien d’autres choses de l’agenda international. La Turquie a également été en mesure d’utiliser la guerre pour se mettre dans une position où les pays occidentaux et la Russie sont soucieux de la garder à ses côtés et de ne rien faire qui pourrait l’offenser.
 
Omar était venu à Strasbourg pour informer les eurodéputés de la situation dans le nord et l’est de la Syrie. Au centre de son message se trouvait la menace continue posée par l’État islamique (DAECH / ISIS), et la façon dont cela est aggravé par les attaques de la Turquie. Il n’y a pas si longtemps, l’Etat islamique dominait l’actualité, et la violence de son bref règne inspirait l’horreur mondiale. Grâce en grande partie aux Forces démocratiques syriennes (FDS) de l’administration autonome du Rojava, l’EI ne contrôle plus aucun territoire, mais il est loin d’être vaincu. Maintenant, cependant, les caméras d’information ont évolué, tout comme l’intérêt politique.
 
Omar a souligné que l’administration autonome a été laissée pour garder des milliers de prisonniers de l’EI et des dizaines de milliers de membres de la famille de l’EI, y compris une génération d’enfants élevés pour se venger. (Une vidéo récente montre ces enfants réagissant à l’arrivée des services de sécurité en mimant des décapitations.) Les camps et les prisons qui abritent les combattants de l’EI et leurs familles n’étaient censés être qu’une solution temporaire. Les logements sont insuffisants et précaires et l’Administration n’a pas les moyens d’y remédier ni même d’assurer la sécurité nécessaire. Dans le camp d’Al Hol, qui abrite des familles de l’EI, le régime de l’EI est en vigueur et ceux qui s’y opposent risquent d’être punis, voire assassinés, par les autres détenus.
 
Des organisations internationales protestent contre cette incarcération massive sans procès. Omar a expliqué qu’ils avaient raison de le faire, mais que l’Administration n’étant pas officiellement reconnue, elle n’est pas en mesure d’organiser un tribunal international, même si elle en avait les moyens. Ils ont longtemps cherché une aide internationale pour cela, mais rien n’a été obtenu. Et ils ont appelé à plusieurs reprises les pays européens à rapatrier ces combattants de l’EI et leurs familles venus de leur pays, mais très peu ont été repris. Les gouvernements européens se cachent derrière des affirmations selon lesquelles leurs électeurs n’accepteraient pas de tels rapatriements et qu’ils donneraient des munitions à l’extrême droite – et s’attendent à ce que le nord et l’est de la Syrie continuent à porter le fardeau.
 
Depuis un peu plus de trois semaines, l’Administration autonome procède à un ratissage sécuritaire du camp d’Al Hol. Cette semaine, une deuxième jeune femme yézidie a été découverte. Les femmes et les filles yézidies qui ont été emmenées par l’EI comme esclaves sexuelles ont peur de révéler leur identité dans le camp au cas où les femmes de l’EI détenues avec elles les attaqueraient. Les parties de la Syrie qui étaient sous le contrôle de l’EI contiennent toujours des cellules dormantes de l’EI. Cette semaine a également vu l’arrestation de deux hommes soupçonnés d’organiser le financement de ces cellules et l’évasion d’un combattant de l’EI capturé qui avait été transporté à l’hôpital, où il a tué ses deux gardes.
 
Donnant l’exemple de l’évasion de la prison de l’Etat islamique à Hassaké au début de l’année, Omar a souligné les risques d’une évasion des prisons et des camps de l’Etat islamique, et les dangers que cela entraînerait, non seulement pour la région, mais pour le monde entier. Et il a demandé si les pays européens attendraient d’agir jusqu’à ce que l’Etat islamique ait mené une autre frappe en Europe.
 
Comme Omar l’a dit aux députés, l’agression turque rend un tel scénario plus probable. Les attaques de la Turquie – qui sont dirigées contre les civils mais aussi contre les personnes qui combattent l’EIIL – visent à rendre la région peu sûre. Ils augmentent la menace de l’Etat islamique en augmentant les chances d’une évasion massive lorsque les forces de sécurité sont occupées ailleurs, et aussi en perturbant généralement tout le travail qui est fait pour construire une société qui fonctionne bien. Lorsque les gens ne trouvent pas de sécurité, ils sont plus facilement recrutés par des groupes extrémistes. L’Etat islamique reçoit également une aide directe de la Turquie et trouve refuge dans les zones occupées par la Turquie.
 
Mais, avec la guerre en Ukraine, les gouvernements occidentaux sont devenus encore moins susceptibles de tenter de retenir la Turquie, car le gouvernement turc joue sur leurs craintes que la Turquie puisse passer complètement du côté russe. Pendant ce temps, le président Poutine et le président Erdoğan ont conclu des accords mutuellement avantageux. Il a été soutenu que la seule chose qui empêche la Russie de permettre à la Turquie de mener une autre invasion majeure dans les zones contrôlées par l’administration autonome est l’Iran, avec lequel la Russie entretient également une relation mutuellement bénéfique. L’Iran ne veut pas voir davantage de Syrie passer sous le contrôle de ses rivaux turcs. Cependant, la Russie ne fait rien pour empêcher les attaques quotidiennes de la Turquie contre le nord de la Syrie, qui rendent la vie presque impossible pour ceux qui vivent dans les zones frontalières, tuent des personnalités clés qui mènent la lutte contre l’Etat islamique et ciblent les services essentiels, y compris l’approvisionnement en eau pour des millions de personnes. de personnes.
 
Le plan de la Russie est de réunir Erdoğan avec le président syrien Assad. Il a été rapporté qu’il y a eu des rencontres entre les chefs des renseignements des deux pays, mais, pour le moment, Erdoğan semble montrer plus d’enthousiasme qu’Assad, qui veut voir la Turquie mettre fin à son occupation des terres syriennes. Erdoğan a exprimé sa déception de ne pas avoir pu rencontrer Assad lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai cette semaine en Ouzbékistan, car le président syrien n’y a pas participé ; et Sputnik News ont rapporté que la Turquie avait coupé l’herbe sous le pied des groupes d’opposition syriens qu’ils soutenaient et leur avait dit qu’ils devaient fermer leurs bureaux en Turquie d’ici la fin de l’année. Si les deux autocrates s’unissent, cela anéantirait tout espoir d’autonomie et de démocratie. En renforçant les liens entre la Russie et la Turquie, l’Ukraine a rapproché la possibilité d’une telle issue.
 
Suède et Finlande
 
L’impact le plus flagrant de la guerre d’Ukraine sur la politique kurde et la vie des Kurdes découle de la possibilité qu’elle a offerte à la Turquie d’utiliser son veto sur l’adhésion à l’OTAN et de tenter de contraindre la Suède et la Finlande à réprimer les Kurdes dans leurs pays respectifs. Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu, a de nouveau rappelé aux deux pays nordiques que la Turquie ne ratifiera pas leurs demandes d’adhésion à l’OTAN à moins qu’ils ne prennent les « mesures nécessaires ». Celles-ci incluent la restriction de l’activité politique kurde et l’extradition d’une liste d’individus nommés. Il y a une semaine, le ministère finlandais de la Justice a clairement indiqué qu’en l’absence de preuves entièrement nouvelles, la loi finlandaise n’autorisait pas la possibilité de rouvrir les demandes d’extradition rejetées, comme l’avait exigé Ankara. Cependant, dans la politique suédoise, l’élection de cette semaine s’est avérée un tournant dangereux. Les partis de droite disposent désormais d’une légère majorité et devraient former un gouvernement qui sera soutenu par les démocrates suédois – un parti d’extrême droite, aux racines néonazies – qui a obtenu plus de 20% des voix. Ce sera un gouvernement fermement pro-OTAN, et l’immigration et la criminalité – et les liens supposés entre les deux – étaient au centre des débats électoraux. Il est peu probable que les droits et libertés kurdes soient traités comme une priorité.
 
Arménie et Azerbaïdjan
 
La Turquie n’est pas le seul pays pour qui l’Ukraine s’est avérée une guerre utile. Leurs proches alliés en Azerbaïdjan ont également sauté sur les opportunités offertes par la guerre en Ukraine. Après la capture par l’Azerbaïdjan de l’enclave contestée du Haut-Karabakh à l’Arménie il y a deux ans, avec l’aide des armes turques et même de certains mercenaires syriens turcs, la Russie a négocié un cessez-le-feu. La Russie a un accord de défense avec l’Arménie. Ces derniers mois, l’Union européenne a joué un rôle de médiateur dans les négociations de paix, mais il semble que lundi soir, le président dictatorial azerbaïdjanais, Ilham Aliev, ait profité de la préoccupation de la Russie à l’égard de l’Ukraine pour renforcer sa main, avec de nouvelles frappes dans la partie principale de l’Arménie. Outre l’histoire brutale de racisme anti-arménien de la Turquie, le gouvernement turc soutient l’ambition de l’Azerbaïdjan de se tailler un couloir de liaison le long de la frontière iranienne de l’Arménie. Un tel couloir serait un lien vital pour leurs propres rêves de pouvoir néo-ottoman et pan-turc.
 
En juillet dernier, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a célébré un accord avec Aliev pour doubler les importations de gaz d’Azerbaïdjan afin de remplacer les importations de gaz de Russie. Comme on le protestait à l’époque, cet accord mettait l’Union européenne dans une relation de dépendance avec un autre État belligérant. Dans son discours sur l’état de l’Union devant le Parlement européen mercredi, von der Leyen, vêtue de bleu et de jaune ukrainiens, n’a fait aucune mention de l’Arménie, ni du droit arménien de résister à l’invasion, bien que la question ait été soulevée par les députés.
 
Mercredi soir, Moscou avait négocié un nouveau cessez-le-feu. Même si, comme en Syrie, la Russie et la Turquie sont dans des camps opposés, elles ont démontré que cela ne les empêcherait pas de négocier. Moscou a déclaré que les deux parties devraient revenir à leurs positions antérieures, mais Ankara espère sans aucun doute que la dépendance mutuelle croissante entre la Turquie et la Russie dans d’autres domaines servira également à favoriser la position de négociation turque dans le Caucase.
 
Irak
 
Il est plus difficile d’affirmer que la guerre en Ukraine a détourné l’attention des incursions de la Turquie dans la région du Kurdistan d’Irak puisque le reste du monde a depuis longtemps montré son intention de les ignorer, mais l’Ukraine n’a pas facilité la diffusion de ce qui se passe.
 
La Turquie a utilisé l’excuse de mener des attaques préventives contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qu’elle qualifie de «terroristes», afin d’établir un réseau croissant de bases militaires dans les montagnes du nord de l’Irak. Cette guerre dont on ne parle pas a tué des dizaines de civils, déplacé des milliers de villageois et détruit des vergers et des ruchers ainsi que des milliers d’hectares de terres agricoles et de forêts.
 
Les États-Unis, qui ont toujours tenu à manifester leur soutien à la Turquie – et aussi à soutenir les attaques contre les mouvements populaires de gauche – soutiennent pleinement les actions de la Turquie. La semaine dernière, l’ambassade des États-Unis en Turquie a tweeté « ses plus sincères condoléances aux familles et aux amis des soldats turcs qui ont perdu la vie lors d’un affrontement avec des terroristes dans le nord de l’Irak», ajoutant « Nous sommes aux côtés de notre allié de l’OTAN, la Turquie, dans la lutte contre le terrorisme.”
 
La Turquie est aidée dans son invasion par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), qui, dans sa soif de pouvoir et de richesses, abandonne effectivement son autonomie kurde durement acquise pour travailler avec son puissant voisin. L’agence de presse Firat a partagé une vidéo censée montrer les forces du PDK construisant des positions militaires pour l’armée turque.
 
Dans une démonstration très visuelle de la soumission du PDK à la Turquie, une carte géante du Kurdistan qui avait été accrochée à la Faculté des sciences sociales de l’Université de Zakho a été remplacée après seulement trois semaines par une nouvelle version. Cela ne montre que la partie contrôlée par le gouvernement régional du Kurdistan, et non les zones qui font partie des pays voisins. Le remplacement a été effectué après la visite d’un ministre du PDK.
 
L’ingérence turque dans la politique irakienne s’est plus généralement traduite par la visite dimanche dernier du chef du National Intelligence Organisation (MIT) turc, Hakan Fidan. Choisir un chef du renseignement pour entreprendre une mission essentiellement diplomatique – tant ici qu’en Syrie – n’envoie pas de messages très rassurants. Fehim Taştekin commente que « le rôle de Fidan dans les relations extérieures de la Turquie a augmenté ces dernières années, en particulier sur les questions liées à la sécurité».
 
Turquie
 
Les libertés et les droits de l’homme turcs vont de mal en pis, mais la politique de la guerre en Ukraine fait en sorte que d’autres pays préféreraient ne pas voir ce qui se passe. Alors que les pays occidentaux craignent que la Turquie ne fasse défection et se retourne contre l’OTAN, Poutine travaille avec Erdoğan sur des arrangements évitant les sanctions qui profitent aux deux gouvernements. Amberin Zaman affirme que « l’amitié d’Erdogan devient de plus en plus importante pour Poutine » et que cela s’est manifesté dans le coup de pouce que la Russie a donné aux réserves de devises étrangères de la Turquie.
 
Poutine ne voudrait pas voir Erdoğan perdre les prochaines élections, qui doivent avoir lieu d’ici juin prochain. De nombreux politiciens occidentaux pourraient également se contenter de sa victoire, ne serait-ce que par crainte de ce qu’il pourrait tenter s’il perdait. Pas que quiconque se soucie des droits de l’homme, et en particulier des droits des Kurdes, puisse non plus faire confiance à la principale alliance d’opposition, qui est fermement ancrée dans la tradition nationaliste ethnique de la Turquie. Le plus grand parti, le Parti républicain du peuple, était responsable de nombreux abus passés, et son plus grand partenaire, le parti İYİ, est une dissidence des alliés d’extrême droite d’Erdoğan, le MHP.
 
La persistance de la persécution est démontrée dans le cas de l’assassinat en 1992 de l’écrivain et militant politique kurde Musa Anter, qui aurait été tué par l’organisation paramilitaire turque JİTEM, responsable des milliers de morts et de disparitions dans les années 1990. L’affaire vient d’être renvoyée au 21 septembre, un jour après avoir atteint son délai de prescription. Le fils d’Anter, Dicler Anter, a déclaré, « Le meurtre de Musa Anter [l’affaire] sera abandonné en raison du délai de prescription le 20 septembre. Cependant, il n’y a pas de délai de prescription pour les crimes contre l’humanité. Notre lutte pour faire la lumière sur le meurtre va se poursuivre. » Et il a ajouté: « Nous ne savons pas si justice sera rendue si le [gouvernement] change, car les autorités de l’époque sont actuellement dans l’opposition. »
 
La résistance
 
Chaque action contre les Kurdes a tendance à se heurter à une résistance – même dans les circonstances peu propices d’aujourd’hui. Les gens résisteront comme ils le pourront, et pour ceux qui sont déjà en prison, cela peut signifier mettre leur propre santé et leur vie en jeu et entamer une grève de la faim. Pour revendiquer leurs droits fondamentaux, trois détenues sont en grève de la faim à Kilis, six détenues sont en grève de la faim à Kırıklar et quatre journalistes en détention provisoire mènent une grève de la faim de cinq jours à la prison pour de Diyarbakır. Sibel Balaç a été hospitalisée après neuf mois grève de la faim afin d’exiger un procès équitable.
 
A Afrîn, dans le nord-ouest de la Syrie, occupée par Erdoğan depuis mars 2018 et sous le contrôle brutal de gangs de mercenaires concurrents, un groupe de résistance qui se fait appeler les Forces de libération d’Afrîn entreprend des attaques contre les occupants. Ils affirment qu’entre le 23 août et le 9 septembre, ils ont mené six opérations, tuant quatre soldats turcs et douze mercenaires turcs.
 
La résistance prend également la forme de manifestations et de marches – cette semaine, de jeunes militants militant pour la liberté d’Abdullah Öcalan ont participé à une marche de 6 jours à travers l’Allemagne – et de célébrations culturelles, comme le festival qui se tient aujourd’hui aux Pays-Bas. .
 
Cette semaine a également vu l’annonce d’une importante action de solidarité de l’extérieur avec la communauté kurde. Trois cent cinquante avocats de 22 pays différents ont demandé à représenter Öcalan et les trois autres prisonniers d’Imrali, et à visiter la prison de l’île. Cela fait suite à une demande de 775 avocats de Turquie qui a été déposée en juin. Les avocats ne s’attendent peut-être pas à ce qu’on leur dise de faire leurs valises et de se préparer pour une visite, mais ils aident à construire un mouvement qu’il devient plus difficile pour les autres d’ignorer.
 
Par Sarah Glynn
 
Texte d’origine publié en anglais ici: How the Ukraine war affects the Kurdish struggle

IRAN. Des dizaines de manifestants kurdes blessés par les forces iraniennes

0
IRAN / ROJHILAT – Depuis deux jours, des manifestations massives secouent les villes kurdes de Sanandaj et Saqqez contre le meurtre de Mahsa Amini, une jeune femme de Saqqez, par la police des mœurs à Téhéran. Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues et scandent des slogans contre le régime sanguinaire d’Iran. Des dizaines de manifestants ont été blessés et d’autres arrêtés par les forces iraniennes lourdement armées.
 
Les forces iraniennes tirent à balle réelle sur les manifestants
 
Les forces de sécurité iraniennes ont utilisé des balles réelles contres les Kurdes de Saqqez et de Sanandaj (Sînê) qui manifestent depuis deux jours contre le meurtre d’une jeune femme de Saqqez par la police des mœurs à Téhéran. Selon les statistiques de Hengaw, au moins 38 personnes ont été blessées dans ces deux villes par des tirs directs et des charges à la matraque des forces spéciales, et 13 personnes ont été arrêtées.
Lors des manifestations d’hier à Saqqez, au moins 33 personnes ont été blessées par des tirs directs des forces spéciales, dont 5 ont été emmenées dans des centres médicaux de Tabriz en raison de la détérioration de leur condition physique.
 
Parsa Sehat, 23 ans, Nechirvan Maroufi, 18 ans, et Kian Derakhshan, ainsi que deux autres personnes qui ont toutes été blessées à l’œil, ont été emmenés dans des centres médicaux de Tabriz en raison de leur grave état physique.
 
Des sources de Hengaw ont rapporté que 14 personnes blessées lors des manifestations d’hier à Saqqez sont actuellement hospitalisées à l’hôpital Shafa de cette ville, et bien qu’elles aient été blessées et hospitalisées, les agents de sécurité ont fait pression sur elles et les ont interrogées. En outre, les rapports reçus par Hengaw indiquent que les institutions de sécurité de Saqqez ont menacé le personnel hospitalier pour avoir signalé la situation et le nombre de blessés.
D’autre part, lors des manifestations d’hier soir à Sanandaj, au moins 5 citoyens ont été blessés, trois d’entre eux ont été blessés par des fusils de chasse et 2 personnes, dont un adolescent de 14 ans, ont été blessées par des coups et des matraques. Ils ont été admis à l’hôpital.
À Saqqez, au moins 8 citoyens ont été arrêtés par les agences de sécurité, et cinq d’entre eux identifiés comme Arian Majidzadeh, 17 ans, Midia Rahimi, 17 ans, Ahwan Houshmand, Kamyar Heydari et Bahram Didar ont été confirmés pour Hengaw jusqu’à présent.
Hengaw a été informé que des dizaines de militants civils kurdes dans les villes de Sanandaj et Saqqez ont été menacés d’arrestation lors d’appels téléphoniques des agences de sécurité au cours des deux derniers jours qui leur ont demandé de ne pas participer aux manifestations, de ne pas publier des messages sur les réseaux sociaux et ne pas participer à la grève générale prévue demain dans les villes du Kurdistan.
A l’appel des partis kurdes, une grève générale est prévue dans les villes du Kurdistan le lundi 19 septembre, en signe de protestation contre le meurtre de Mahsa (Zhina) Amini par la police des mœurs à Téhéran.
Il convient de mentionner que la situation sécuritaire dans les villes de Saqqez et Sanandaj est toujours instable, et dimanche, plus de 70 membres des gardiens de la révolution, qui résident à Mahabad et Bukan, ont été envoyées dans cette ville. En outre, des dizaines de membres des forces de l’unité spéciale de Baneh ont été stationnés à la prison centrale de Saqqez.
 
Hengaw