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Justice pour l’homme qui sifflait dans une langue interdite

«Si ma langue maternelle secoue les fondations de votre État, cela signifie probablement que vous avez construit votre État sur mes terres.»

TURQUIE – Musa Anter, écrivain et journaliste kurde persécuté pendant des décennies, a été tué par des paramilitaires turcs (JITEM) le 20 septembre 1992. 30 ans après son meurtre, la justice turque va fermer le dossier en invoquant le délai de prescription (comme si un tel crime pouvait bénéficier du délai de prescription) afin de garder dans l’ombre tout un système qui était derrière des milliers d’enlèvements et d’exécutions dans les régions kurdes pendant les années 1990.

«Si ma langue maternelle secoue les fondations de votre État, cela signifie probablement que vous avez construit votre État sur mes terres.»

L’affaire concernant l’assassinat en 1992 de l’auteur et journaliste kurde tombera en raison du délai de prescription le 20 septembre avec l’audience fixée au 21 septembre…

«Si ma langue maternelle secoue les fondations de votre Etat, cela signifie probablement que vous avez construit votre Etat sur mes terres.» Musa Anter, journaliste kurde persécuté pendant des décennies, a été tué par des hommes de l’Etat turc le 20 septembre 1992. Cela fait 30 ans jour pour jour que ce crime, comme des dizaines de milliers d’autres crimes dont sont victimes les Kurdes en Turquie, reste impuni et que l’affaire va être classée sans suite afin de protéger le système génocidaire turc au Kurdistan colonisé.

Musa Anter, alias Ape Musa (littéralement «oncle Musa» en kurde), était un écrivain, journaliste et intellectuel kurde important qui a été assassiné par le JITEM* turc en septembre 1992.

Parlant d’un de ses nombreux déboires avec les représentants du régime colonialiste turc, Anter racontait qu’un jour, il avait reçu une gifle du directeur de la faculté de Dicle qui lui reprochait d’avoir «sifflé en kurde» !

Anter, qui a écrit des articles dans le quotidien Ozgur Gundem et l’hebdomadaire Yeni Ulke, a été tué par balle à Diyarbakir. Attirés de son hôtel par un appelant qui lui a demandé de l’aider à régler un litige immobilier, Anter et un ami sont partis en taxi avec un inconnu, âgé entre 25 et 30 ans. Quand ils ont commencé à soupçonner qu’un piège était en train d’être tendu, ils ont exigé de sortir du taxi. L’homme qui les accompagnait est également sorti et, ayant marché devant eux, a commencé à leur tirer dessus avec un pistolet.

Anter a été touché par quatre balles et est décédé peu après. L’ami, touché par deux balles, a été grièvement blessé. Amnesty International a signalé qu’un pistolet de 9 coups de 9 mm avait été utilisé lors de l’attaque, qui aurait eu lieu en périphérie de la ville près d’un poste de police et d’un poste de contrôle de la circulation. Anter, qui ne vivait pas à Diyarbakir, visitait la ville pour signer ses livres lors d’un festival culturel.

*JİTEM : Organisation de renseignement de gendarmerie turque – Jandarma İstihbarat ve Terörle Mücadele ou Jandarma İstihbarat Teşkilatı (JİTEM). Actif fin dans les années 1980.