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Engin Sustam : « L’exil est un lieu de contestation » (Partie I)

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« Les Kurdes ont organisé leurs premières activités politiques dans la diaspora au cours de la période qui a suivi la rébellion. Les premières activités culturelles, linguistiques et intellectuelles de l’intelligentsia kurde ont prospéré en exil. Tous les mouvements de résistance et les mouvements sociaux kurdes ont transformé l’exil en un lieux de révolte. »
 
LES DERNIERS RÉFUGIÉS
 
Par Ismet Kayhan
 
Le sociologue kurde, Engin Sustam a étudié la sociologie à l’Université des Beaux-arts de Mimar Sinan, en Turquie, et à l’EHESS, à Paris. Il a ensuite commencé à enseigner des cours de philosophie et de sociologie en Turquie. Mais il a dû fuir la Turquie pour échapper aux persécutions et ou à la prison après avoir signé le manifeste « des universitaires pour la paix ». Exilé en Europe, Sustam est l’auteur de plusieurs articles et ouvrages dont l’“Insurrection urbain dans l’espace kurde et l’écologie sociale”, “La Politique de la souveraineté du conflit urbain et la nouvelle forme d’insurrection au monde”, “La nécropolitique de la violence et la société d’enfermement au Moyen-Orient et en en Turquie”, “La masculinité au Kurdistan”, “Les contes des étranges créatures chez les peuples Kurdes et Bretons”, “Le Langage émancipatrice d’une pédagogie alternative universitaire au Rojava en Syrie et le mouvement ‘Sans-Campus » des Universitaires pour la paix en Turquie”. Il est l’auteur du livre “Art et Subalternité Kurde, L’émergence d’un espace de production subjective et créative entre violence et résistance en Turquie”.
 
Le journaliste Ismet Kayhan a interviewé Sustam sur l’exil et les Kurdes.
 
La littérature kurde, la presse kurde, la politique kurde et l’art kurde ont toujours émergé en exil. L’exil est-il une maison pour les Kurdes ?
 
Je crois que je voudrais répondre longtemps à cette question et je vais répondre en passant par l’exil kurde que je garde dans mon propre corps. Comme vous le savez, le 20ème siècle peut être lu non seulement comme une période de la rébellion pour les Kurdes mais aussi celle de la l’exil qu’ils choisissent comme patrie. Je suppose que mon nomadisme ou, comme Mehmed Uzun l’a si bien décrit, “welatê xerîbiyê”
n’est pas loin de la mémoire du peuple dont je fais partie, du blues anticolonial qu’il garde à l’intérieur. Les Kurdes ont eu leurs premières activités politiques dans la diaspora après la rébellion. Mais les premières activités culturelles, linguistiques et intellectuelles de l’intelligentsia kurde ont aussi prospéré en exil.
 
Depuis l’époque du premier journal Kurdistan (1898, Le Caire puis Genève) jusqu’à la Med TV ou le NÇM (Istanbul) des années 1990, l’Özgür Politika (Francfort) et l’Azadîya Welat (Istanbul) d’aujourd’hui peuvent être lus comme la mémoire de la résistance des Kurdes en exil.
 
Si on doit continuer à partir de là, l’exil est lu pour moi, non pas la prison des identités maudites (Fanon) que je porte en moi, mais comme un lieu d’existence propre d’un intellectuel qui est en ma possession, par le pouvoir qui réapparaît. C’est pourquoi, l’exil n’est pas le puits de la douleur, ou encore le fond d’un puits (…), mais peut être lu comme le lieu qui va créer l’évangile d’une nouvelle résurrection.
 
À mon avis, le jardin de la tristesse de l’exil ou de la décadence ne consiste pas seulement à s’éloigner de son foyer, comme au XXe siècle, mais aussi à la nostalgie de la maison perdue, mais également à ressaisir son histoire politique personnelle. Être exilé, en venant de la région kurde installée dans la mémoire de la guerre et de la violence, s’engager sur cette voie en introduisant une certaine mémoire, c’est entrer dans une nouvelle activité intellectuelle au sein de ce nouveau pays.
 
Je pense que nous devrions parler de l’exil intellectuel kurde, de son expérience accumulée…
 
Le concept de l’exil lui-même, surtout si nous lisons autour des expériences de guerre et de violence du 20ème siècle, a atteint de nombreuses formes différentes chez les Kurdes depuis les Bedrixan. Les exemples de la première littérature écrite kurde ne sont pas nés uniquement dans la mémoire de dengbêj, mais sont nés de nouveau dans la diaspora ou en exil. Ainsi, la littérature kurde, à travers un traumatisme et une pathologie sociale, a reconstitué son propre corps politique et l’histoire de la résistance en respirant dans ce lieu. Pour lui, l’exil peut signifier l’histoire coloniale et la mémoire dans la mémoire des opprimés. L’exil est un lieu de contestation, car c’est le lieu où la langue blessée fournit le produit politique de l’identité fragile en tant que nouveau sujet, permettant de nouveau l’émancipation du corps. Par exemple, Yılmaz Güney a réalisé ses meilleures œuvres et son identité se sont transformées en exil à Paris; Il a participé à la fondation de l’Institut kurde à Paris et, malgré toutes les conditions d’exil et du cancer, il a répété ces ses grandes paroles en exil. Et quand Selahattin Demirtas a été conduit en prison, il a répété les paroles du sujet kurde qui était en résistance par ces paroles : « Nous allons certainement gagner ». Le film Yol (La Permission), l’un des plus beaux films de Guney, est l’un des films qui décrit le mieux l’exil et la captivité des Kurdes.
 
L’exil kurde est la politique dans une impossibilité. Tous les mouvements de résistance et les mouvements sociaux kurdes ont transformé l’exil en un lieu de révolte. L’exil est le lieu où la fragilité, qui respire entre le néant et l’existence et dont le nom ne peut être lue, essaye de se décrire.
Bien que l’exil d’Edward Said fonctionne depuis la Palestine, il ne la décrit pas comme un destin comme Mehmed Uzun ; Alors qu’il s’éloignait de sa patrie, il a décrit une autre géographie comme une occasion de faire resurgir ici la patrie lointaine avec ses témoignages intellectuels, ses rencontres et sa respiration. Surtout du côté kurde, nous pouvons voir que l’intelligentsia kurde connaît un important exil depuis le moment où la question des Kurdes et du Kurdistan a commencé à apparaître sur la scène du XXe siècle.
 
Après les Bedirxan, Mehmed Uzun, Rojen Barnas, Fırat Cewheri, Mahmut Baksi, Şivan Perwer, Yılmaz Güney, Ahmet Kaya (cette liste s’allonge et arrive jusqu’à nous) ont vécu à la fois la souffrance et la disparition en tant que premiers acteurs de l’intelligentsia kurde en exil après les années 1960. A tel point que les artistes tels que Yılmaz Güney et Ahmet Kaya ont perdu la vie dans le puits de la «souffrance» créé par l’exil…
 
Après les années 1990, les Kurdes ont transformé la diaspora, l’exil en un lieu de résistance. À cet égard, la situation est différente de celle des exilés des années 70.
 
Je pense que les Kurdes, qui ont été inclus dans d’autres diasporas jusqu’à présent, se sont vus comme un public exilé en Europe et en Occident pour la première fois, en particulier à la fin des années 90. Par exemple, dans un article, j’ai dit, l’exil de la littérature kurde a donné naissance à une occasion linguistique et littéraire pour les Kurdes de passer du sujet militant au sujet intellectuel.
 
Cependant, nous verrons également qu’un mouvement politique qui s’est exilé a transformé la Syrie, le Liban et les exilés palestiniens en un champ de rébellion après le coup d’État de 1980 et que cette région est impliquée dans une révolution (comme le Rojava).
 
J’aime aussi me rapprocher du sujet de l’exil et de la définition intellectuelle d’Edward Said en exil. Je ne veux pas lire l’exil comme un champ de souffrance, un espace de création nostalgique. J’aimerais penser au fait qu’un exilé, à propos de Said Said, devrait transformer un exil en capacité intellectuelle, en espace de connaissance, en fête.
 
En partant d’Edward Said, je veux réfléchir à la manière dont un intellectuel exilé devrait transformer un exil en une capacité intellectuelle, un espace de connaissances, une fête.
 
Alors, comment pouvons-nous en exil transformer nos blessures en une fête ?
 
En fait, nous pouvons définir comme suit : en particulier avec la pratique récente dans les régimes totalitaires, ce qui limite l’espace de liberté, on commence à voir de nouveau qu’on ne peut plus respirer avec la montée du fascisme dans les zones micro ou macro en Turquie. L’histoire de la République de la Turquie est l’histoire de la capacité des Arméniens, des Kurdes et d’autres peuples à exiler. Le génocide arménien a créé un exil d’arménité dans sa mémoire de siècle. De même, cette raison sera valable pour la Palestine et peut-être le peuple arabe syrien. Il doit être lu non seulement comme l’évasion d’un régime totalitaire, de guerre et de violence, mais aussi comme une évasion de la société haineuse, comme un lieu de refuge pour les exilés (…), comme un refuge pour les dissidents. En tant que nécessité, nous sommes peut-être en exil, mais cette nécessité apparaît également comme une demande. Pour moi, il ne s’agit pas simplement d’un piège dans lequel je vais m’enfermer, un puits de nostalgie.
 
Quand je venais en exil, je me posais la question de savoir comment traduire les conséquences politiques de ceci en un espace de vie, comment résister au fascisme ? Comment ceux qui ne peuvent pas voir leurs familles, leurs proches pendants le longues années, ont-ils pu supporter l’exil ? Imaginez que vous veniez d’une sphère sociale folle, de l’expérience du pouvoir politique, et que bien que l’exil est l’endroit où vous cherchez l’asile, vous essayez de le transformer en une politique de la vie. Ma première écriture sur l’exil était dédiée à mon fils, Loran Mîro, né en exil.
 
Adorno avait dit [écrivant sur l’exil] : « Il fait aussi partie de la morale de ne pas habiter chez soi » … Comment décririez-vous l’état d’itinérance ?
 
Adorno n’était pas aussi malchanceux que Benjamin lors de la II guerre mondiale, alors qu’il s’exilait en Amérique et que les Juifs étaient tués dans les camps, il criait au milieu du silence et il disait ceci : « Il fait aussi partie de la morale de ne pas habiter chez soi ». Nous ne pourrons peut-être pas lire cela aujourd’hui comme un problème de moralité, mais être déporté politiquement aujourd’hui, comme le lieu de la création, nous pouvons envisager des moyens de créer des voies pour redéfinir le désir de libération ou un lieu de reproduction. C’est un état d’agitation, un lieu propice à la guérison des traumatismes. Je pense que les Kurdes sont un élément de base important sur cette question. En transformant l’exil en un royaume de création et en établissant la résistance, les Kurdes ont d’abord expérimenté l’autonomie dans le lieu de l’exil en tant que société sans État, créant des zones d’exil pour la télévision, la presse, l’art, la littérature, la dynamique politique et la solidarité sociale. Imaginez une société sans État et un peuple qui prépare l’avenir, au cours de ce siècle d’expérience, il a créé cette tristesse hautaine qu’il a cachée dans son bagage en tant qu’espace de liberté. Oui, dans ce sens, l’exil n’est pas la disparition, c’est exister. Etre sans foyer n’est pas seulement une métaphore chez les Kurdes, mais plutôt une expression décrivant la délocalisation d’une dynamique entière. Les Kurdes sont sortis de victimisation en exil et ont désormais le pouvoir de parler de leur propre corps en tant que matière et sujet. Bien que l’exil fournisse souvent la fermeture pathologique pour d’autres, qu’il sert de rideau décrit par Saïd, tandis que pour les Kurdes et les autres peuples apatrides, il peut devenir un espace de rencontre d’autres valeurs d’au-delà d’Etat, un champ de rencontre et de dialogue. L’exil est un voisinage, un lieu de reconstruction de voisinage avec certaines valeurs et actions volontaires. En ce sens, comme je l’ai déterminé au début, il peut être considéré comme un lieu où les Kurdes peuvent établir leurs mémoires brunes avec une mémoire anticoloniale et la libérer.
 
Suite dans un autre article…
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

TURQUIE : L’AKP n’accepte aucune défaite au Kurdistan

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TURQUIE – Non seulement à Istanbul, mais aussi dans plusieurs villes kurdes de la Turquie, l’AKP refuse d’accepter les résultats des élections municipales du 31 mars. Diverses tactiques sont utilisées pour ne pas reconnaître le résultat des élections. Dernière tactique : les maires HDP ne seront pas nommés car qu’ils ont été licenciés des emplois précédents par décret présidentiel entre 2016 et 2018, les candidats de l’AKP seront mandatés à leur place.
 
Le HDP s’est bien positionné lors des élections : il a gagné dans huit villes (Diyarbakir, Van, Mardin, Batman, Siirt, Hakkari, Iğdır et Kars) et 45 districts. La plupart des villes et communes où, les années précédentes, les co-maires élus du HDP avaient été remplacés par des « administrateurs » de l’AKP, ont voté massivement pour le PDH. Dans la ville de Diyarbakir par exemple, le HDP a augmenté son soutien de 55% à 62% des voix.
 
Rien de légitime
 
Il y a eu aussi une perte remarquable : la ville de Şırnak, l’un des bastions du HDP, est tombée entre les mains de l’AKP grâce aux votes des militaires turcs. L’AKP a également célébré une victoire dans trois petites villes de la province de Şırnak, Beytüşsebap, Uludere et Güçlükonak [tous gagnés grâce aux fraudes et irrégularités de toute sorte selon le HDP]. Il n’y avait cependant rien de légitime dans les victoires, comme l’explique en détail cet article : les autorités ont enregistré des milliers de soldats comme électeurs éligibles dans ces districts, qui ont tous voté pour l’AKP. Le nombre d’électeurs kurdes dans la ville de Şırnak avait déjà diminué pendant la guerre qui a fait rage dans la ville fin 2015, début 2016 : des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées et beaucoup n’ont jamais regagné leur terre natale après la guerre.
 
Dans les villes et les quartiers où le HDP a gagné, l’AKP applique toutes les astuces du livre pour ne pas céder le pouvoir. Au total, 48 des 70 candidats HDP qui ont remporté les élections n’ont toujours pas reçu leur certificat électoral officiel. Dans quatre cas, les conseils électoraux régionaux ont décidé de remettre les certificats aux finalistes, dans tous les cas des candidats AKP. Cela se produira dans Bağlar, un district de la ville de Diyarbakır où le HDP a remporté 70% des voix, et dans les petites villes d’Edremit, Çaldıran et Tuşba dans la province de Van. Les maires du HDP ne peuvent pas prendre leur place, ont décidé les autorités contrôlées par l’AKP, parce qu’ils ont été licenciés par décret d’état pendant l’état d’urgence qui a été déclaré après la tentative de coup d’état de 2016. Par exemple, Zeyyyat Ceylan, le candidat HDP qui a remporté le concours à Bağlar, a été licencié de son poste d’enseignant.
 
Beaucoup soutiennent que si une telle destitution constituait une objection contre l’entrée en fonction, ces candidats n’auraient pas dû être autorisés à se présenter au départ. Maintenant qu’ils ont gagné, les autorités cherchent des raisons pour ne pas les nommer et laissent les candidats de l’AKP prendre leur place. Le HDP s’y opposera.
 
Le sort d’Ahmet Türk
 
Un autre gagnant qui n’a pas encore été mandaté est Ahmet Türk, le vétéran de la politique kurde qui a été élu co-maire de Mardin en 2014. Il a été remplacé par un administrateur de l’AKP mais lui et sa co-candidate Figen Altındağ ont gagné avec 56% des voix. L’AKP s’est opposé à sa victoire, affirmant qu’il avait été remplacé auparavant, mais le conseil régional a rejeté cette objection : Türk n’avait pas été écarté par décret, comme les gagnants dans Bağlar, Edremit, Çaldıran et Tuşba. La Haute Commission électorale doit maintenant décider du sort de Türk.
 
Et les gagnants dans Diyarbakır grande municipalité ? Les candidats à la mairie de HDP, Adnan Selçuk Mızraklı et Hülya Alökmen Uyanık, ont gagné avec 62% des voix. Le procureur vient d’ouvrir une enquête contre eux pour « chanter l’hymne de l’organisation » (le PKK), qui « félicite l’organisation terroriste armée et les terroristes, scandant des slogans en faveur d’Abdullah Öcalan, le leader de l’organisation terroriste, et faisant des déclarations qui louent l’organisation terroriste et ses terroristes ». Toute chance que les gagnants prennent leur place est maintenant réduite au minimum.
 
La marge la plus faible pour l’AKP
 
Alors que l’AKP a demandé et obtenu le recomptage des voix dans plusieurs districts d’Istanbul, où le candidat du CHP Ekrem Imamoğlu a gagné, les autorités refusent le recomptage dans les districts kurdes où l’AKP a gagné avec parfois la plus petite marge possible. Le plus remarquable est la situation à Malazgirt, dans la province de Muş : l’AKP a gagné avec une marge de trois voix. Compte tenu de l’énorme quantité de votes nuls (souvent considérés comme nuls en raison d’un timbre vague ou pas clairement placé), un nouveau décompte semblait logique.
 
Une situation similaire s’est produite dans la ville de Muş, où l’homme politique kurde bien connu Sırrı Sakık était un co-candidat. Le candidat de l’AKP a gagné avec une marge de 538 voix, tandis que le nombre de votes nuls était de 2 449. Pervin Buldan, co-leader du HDP, s’est rendue sur Muş et a déclaré : « Il y a fraude et vol de votes. Le parti s’est engagé à porter la situation dans la province de Muş aux plus hautes autorités du pays. »
 
Muş n’est pas la seule province où les recomptages ont été rejetés malgré de faibles marges. Ce fut également le cas pour Gercüş (province de Batman, 43 voix), Şemdinli (province de Hakkari, 154 voix), Tatvan (Bitlis, 290 voix), Dargeçit (Mardin, 664 voix) et Viranşehir (Urfa, 757 voix).
 
Entre-temps, les détentions d’élus ont commencé au Kurdistan. Le 10 avril, par exemple, deux membres nouvellement élus du conseil local, Celil Çelebi et Ramazan Diril, faisaient partie des huit personnes détenues à Viranşehir, province d’Urfa.
 
Un soutien énorme
 
Quant aux Kurdes, ils ne sont pas surpris. Ils connaissent bien l’État turc. Ils savaient que leurs victoires ne seraient pas acceptées. Pourquoi ont-ils participé aux élections de toute façon ? Ils voulaient montrer qu’en dépit de la répression dont ils font l’objet, en dépit des « maires » nommés par l’État qui ont remplacé leurs élus au cours des deux dernières années, ils jouissent encore d’un énorme soutien parmi la population. (…)
 
Dans plusieurs villes du Kurdistan, les autorités locales ont interdit les manifestations.
 
Le 31 octobre 2016, quatre jours avant son incarcération, l’ancien co-leader du HDP Selahattin Demirtaş l’a formulé, comme le montre ce clip, dans lequel il fait référence à Erdogan : « Le monsieur du palais pense que les élections sont inutiles. Il ne voit que ceux qui votent pour lui comme des électeurs, des citoyens, des compatriotes. Toute autre personne en dehors de cela, et toute autre élection, est une nuance pour lui. Dans son esprit, la seule élection qui devait être remportée était l’élection présidentielle, et toutes les autres élections sont essentiellement inutiles. Dans son esprit, il a gagné le droit de gouverner la Turquie pour le reste de sa vie, et toute autre élection est inutile. Après tout, c’est lui qui sait le mieux pour nous tous. C’est ainsi qu’il voit les choses. La Turquie n’avancera jamais à travers cette façon de penser. »
 

La réfugiée kurde qui a traversé l’Europe en fauteuil roulant à la recherche de sécurité

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Nujeen Mustafa, une jeune Kurde originaire de Kobanê, ayant grandi à Alep, en Syrie, a parcouru 5600 km à travers l’Europe en fauteuil roulant. Elle est maintenant l’une des principaux porte-parole des réfugiés handicapés et a reçu un important prix HRW.
 
« J’ai fui en janvier 2014 », a-t-elle déclaré à propos de son départ de la Syrie. Elle a appelé Alep « très belle, l’un des meilleurs endroits où aller » – mais y rester n’était pas possible.
 
« C’est à ce moment-là que DAECH a fermé ses portes. Nous savions simplement que nous devions partir… nous en avions marre de tout, d’être tout le temps inquiets, de ne pas savoir si nous vivrions demain. Nous nous sommes enfuis pour aller en sécurité. »
 
Comme beaucoup de réfugiés syriens, Nujeen et sa famille ont fui par la frontière avec la Turquie voisine.
 
Mais comme beaucoup de réfugiés syriens, le sursis n’est que temporaire et partiel. Ils n’étaient plus en danger de mort immédiat à cause de la guerre civile qui sévissait dans le pays ou des terroristes de l’Etat islamique (EI), mais leurs options en matière de travail, d’éducation, de logement et même de nourriture de base étaient sévèrement limitées.
 
« J’ai réalisé qu’il n’y avait rien à l’horizon pour la famille », a déclaré Nujeen.
 
« Ce n’était pas très différent de la Syrie. Je ne pouvais pas aller à l’école, je ne pouvais pas continuer ma vie. Nous avons donc pris un coup, nous avons dit : allons en Europe, finissons-en avec ça ».
 
Nujeen avait 16 ans quand elle et sa sœur aînée Nasrine ont franchi le pas, décidant de risquer la périlleuse traversée de l’Europe à la recherche de sécurité. Leur destination : l’Allemagne, après avoir appris que les dirigeants politiques du pays ouvraient les portes aux réfugiés.
Le trajet de 5 600 kilomètres à travers la majeure partie de l’Europe continentale – traversée de huit pays vers la Grèce par un canot pneumatique, et traversé par la Macédoine, la Serbie, la Croatie, la Slovénie et l’Autriche – a été effectué par d’innombrables réfugiés entre 2014 et 2016. sur des centaines de milliers de réfugiés au cours de cette période, mais peu d’entre eux se sont volontairement engagés dans un voyage aussi difficile que celui que Nujeen et sa sœur ont accompli.
 
Nujeen est née avec une infirmité motrice cérébrale. Les sœurs ont fait le périlleux trajet à pied, poussant le fauteuil roulant en acier de Nujeen à fond.
« J’étais assez enthousiaste, j’allais explorer l’Europe, j’allais voir le monde et rencontrer des gens », a déclaré Nujeen au quotidien.
 
« Cela ressemblait à une aventure pour moi, à un jeu que vous regardez ou à une sorte de dessin animé. »
 
Elles ont voyagé sur des routes de gravier et de boue, pas tout à fait favorables aux pneus de fauteuil roulant. Elles ont traversé la perfide mer Égée à bord d’un canot en caoutchouc. Les sœurs ont eu recours à l’aide et à la bonne volonté d’autres réfugiés pour les aider à gravir des collines, à partir de bateaux, sur des chemins instables.
« Il existe un sentiment d’unité parmi les différents groupes de réfugiés. Tout le monde s’entraide, partage son histoire », a déclaré Nujeen.
 
« Vous partagez le même espoir, que demain soit un jour meilleur. C’est une expérience d’immigré qui vous fait traverser des montagnes russes émotionnelles, mais qui approfondit votre conscience de la nature humaine et de ce que cela pourrait être. »
L' »aventure » de Nujeen était du type que la plupart des gens espèrent ne jamais entreprendre. Mais le voyage d’un mois a vu son histoire devenir virale, car elle a été retrouvée par des équipes de presse à la télévision et son périple s’est propagé à travers le monde.
Depuis, elle a écrit un livre intitulé « The Girl From Aleppo » et est devenue une conférencière de renommée mondiale sur les conventions humanitaires internationales. Elle s’est consacrée ces dernières années à faire campagne et à défendre les droits des réfugiés ayant un handicap.
 
Nujeen a déclaré que les problèmes peuvent être encore plus immédiats.
 
« Vous craignez toujours que vous soyez la raison pour laquelle votre famille a une seconde de retard avant que quelque chose ne se produise. J’ai dû vivre avec cela et y faire face », a-t-elle déclaré.
 
« Ils pourraient être laissés pour compte parce qu’ils sont trop lourds à porter ou tout simplement pas assez importants pour être pris en compte dans leur plan de survie. »
 
Nujeen a collaboré avec Barriga et HRW afin de mieux éclairer les problèmes liés aux réfugiés et aux personnes handicapées, ce qui a conduit le commissaire européen à promettre que ces problèmes seraient considérés comme prioritaires dans les missions humanitaires.
 
« Il y a eu beaucoup de rhétorique et d’engagements, la preuve en est maintenant la manière dont elle sera mise en œuvre et comment elle sera traduite sur le terrain. Nous voyons des tas de bons exemples ici et là », a déclaré Barriga.
 
« Ce groupe a été en grande partie laissé à l’ordre du jour du Conseil de sécurité des Nations unies et nous devons en faire plus … pour reconnaître que les personnes handicapées, tout comme les femmes, les enfants et les personnes âgées, sont plus susceptibles de être laissé pour compte, être pris pour cible, être dans une situation désastreuse dans le conflit ».
 
Nujeen a adressé un message direct aux décideurs, les ONG et les dirigeants mondiaux qui prennent les décisions concernant les réfugiés, affirmant qu’un handicap ne devrait pas être la caractéristique déterminante d’une personne.
 
« Toute cette stigmatisation entourant [les personnes handicapées] devrait disparaître. Un handicap fait partie de vous mais il ne définit pas qui vous êtes en tant que personne et ce que vous pouvez faire », a-t-elle déclaré.
 
« Donnez-nous nos droits et tout ira bien. Nous le ferons nous-mêmes. Ne vous inquiétez pas pour ça. Nous ne constituerons un fardeau pour personne. »
 
Maintenant Nujeen vit en Allemagne et elle est heureuse.
 
 
 
 

TURQUIE : La kurdicité interdite sous le régime des administrateurs nommés par l’Etat

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Les grands changements arrivent souvent tranquillement.
 
TURQUIE – Par une belle journée de septembre 2016, le deuxième jour de l’Eid ul-Adha, la fête du sacrifice, nous nous sommes réveillés en apprenant que le gouvernement turc avait destitué les maires kurdes élus dans deux villes et 25 districts du sud-est du pays et les avait remplacés par des administrateurs.
 
Je n’oublierai jamais comment les administrateurs de l’État se sont emparés de mon quartier de Sur, l’ancien quartier central de Diyarbakır, la plus grande ville kurde du sud-est de la Turquie.
 
Ils sont entrés avec des chars, des véhicules blindés, des soldats et des policiers. Tout d’abord, des barrières policières ont été érigées autour des bâtiments municipaux. Puis, ils ont drapée la façade de l’hôtel de ville par un énorme drapeau turc . Des dirigeants de la société civile, des militants et des travailleurs municipaux se sont rassemblés devant le bâtiment municipal pour faire un communiqué de presse. Mais la police ne l’a pas permis et a procédé à des arrestations. Au milieu du chaos, la voix d’un jeune homme résonnait dans mes oreilles. « Nous sommes sous occupation », a-t-il dit.
 
Ce n’était que le début. Un mois plus tard, en octobre 2016, les co-maires de la municipalité de Diyarbakır, Gültan Kışanak et Fırat Anlı, ont été arrêtés et un administrateur de l’État a été nommé à leur place. Des administrateurs de l’État ont finalement été nommés dans 95 des 102 municipalités kurdes, en remplacement des élus.
 
Les mairies de toute la région kurde se sont transformées en commissariats de police entourés de véhicules blindés et d’officiers lourdement armés. C’était comme si nous avions été conquis et colonisés.
 
Le premier point à l’ordre du jour pour les administrateurs était de fermer tous les services municipaux pour les affaires féminines. Des centres de femmes dans toute la région, dont beaucoup avaient mis des années à voir le jour, ont également été fermés, notamment le Centre pour femmes de Dikasum (Diyarbakır), l’Atelier de travail pour femmes Buka Barane (Erciş), le Centre de consultation pour les femmes Sitiya Zin (Cizre), le Centre pour femmes de Meya (Silvan), le Centre pour femmes de Çiçek (Dargeçit) et le Centre pour femmes de Peljin (Derik).
 
Quelque 43 centres pour femmes et deux refuges pour femmes ont été fermés dans le sud-est du pays. Ces centres ont autonomisé les femmes locales en les sensibilisant davantage à leurs droits et en leur fournissant des services de conseil et des ateliers pour produire de la nourriture et de l’artisanat. Les administrateurs ont également congédié des conductrices d’autobus et fermé les lignes téléphoniques d’urgence que les femmes utilisaient pour signaler les cas de violence familiale.
 
Les administrateurs nommés par l’Etat ont également cherché à effacer tout ce qui est lié à la culture kurde. Les écoles de musique kurdes, les centres d’art, les centres de langue kurde, les crèches pour enfants de langue kurde et les théâtres kurdes ont tous été fermés. Vingt et un centres culturels ont été fermés dans la région kurde. Les noms kurdes de nos villes, comme Amed, le nom kurde de Diyarbakır, ont été retirés des panneaux publics.
 
Les noms kurdes ont été retirés des parcs publics, des rues et de tous les coins de nos villes. Les panneaux de signalisation multilingues en turc, en kurde et en arménien ont été supprimés et remplacés par des panneaux exclusivement turcs. Tout est devenu « une culture, une nation et un drapeau ». Les administrateurs ont également tout effacé de l’histoire kurde. Des monuments érigés à la mémoire de politiciens, écrivains, intellectuels et enfants kurdes tués par les forces de sécurité ont été enlevés. Les personnes nommées ont cherché à anéantir l’héritage kurde de ces terres.
 
Les administrateurs ont été nommés non seulement pour contrôler nos municipalités, mais aussi nos vies. Nous avons perdu nos centres de femmes, nos centres culturels, nos monuments, nos festivals kurdes, nos symboles kurdes, nos crèches pour enfants et bien d’autres choses qui avaient rendu nos vies précieuses.
 
Les barrières qui accompagnaient la guerre et les administrateurs entouraient non seulement nos villes, nos immeubles et nos parcs, mais aussi nos esprits. En effet, le caractère kurde était interdit.
 
Lors des élections locales du 31 mars en Turquie, les candidats du Parti démocratique des peuples (HDP), parti d’opposition pro-kurde, ont remporté la plupart des municipalités de la région. Dans les prochains jours, de nouveaux maires kurdes commenceront à travailler et les administrateurs de l’Etat partiront avec leurs barrières, drapeaux et véhicules blindés.
 
Comme la plupart des Kurdes, je n’ai pénétré dans aucun bâtiment municipal depuis deux ans et demi. J’ai évité de marcher près d’eux, car je ne voulais pas voir ma municipalité derrière ces barrières policières.
 
Aujourd’hui, j’ai remarqué que les barrières policières devant l’hôtel de ville avaient été enlevées. J’ai essayé de me souvenir, il y a quatre ans, de penser à tout ce qui a été perdu depuis lors, comment le conflit et les administrateurs avaient décimé nos villes et nos vies.
 
J’ai échoué. Je ne me souviens plus de ce qu’était la vie avant la guerre et les administrateurs. Maintenant, je ne peux m’empêcher de penser que nous ne récupérerons jamais ce qui nous a été pris.
 

TURQUIE : Le HDP demande la tenue de nouvelles élections alors que ses maires élus sont interdits d’exercer

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TURQUIE – Le Parti Démocratique des Peuples (HDP) a déclaré jeudi qu’il demanderait au Conseil électoral suprême (YSK) d’exiger la tenu des nouvelles élections municipales dans les localités kurdes où ses candidats ont été élus maires, mais ne pourraient pas prendre leurs fonctions car ils avaient été démis de ses fonctions par des décrets présidentiels entre 2016 et 2018.
 
L’YSK a décidé mercredi que les maires élus qui avaient été limogés de la fonction publique à la suite de la tentative de coup d’État en 2016 n’étaient pas éligibles à un poste de maire, bien qu’aucune condition de ce type n’ait été annoncée par ce même YSK avant les élections. L’YSK a déclaré que le candidat arrivé en deuxième position pouvait occuper ce poste.
 
Cette décision concerne quatre candidats au HDP, dont Zeyyat Ceylan, un ancien enseignant qui a remporté la course à la mairie du district de Bağlar de la province de Diyarbakır et obtenu 70% des suffrages. Dans les quatre districts, les candidats du parti Justice et Développement (AKP) au pouvoir sont arrivés en deuxième position dans la course à la mairie le 31 mars.
 
Mithat Sancar, un cadre du HDP, a déclaré que son parti contesterait la décision de l’YSK et demanderait de nouvelles élections dans tous ces districts.
 
Le porte-parole du parti, Saruhan Oluç, a également condamné l’YSK pour ce qu’il a appelé une conspiration délibérée de l’AKP au pouvoir et de son allié d’extrême droite, le Parti du mouvement nationaliste (MHP).
 
Le gouvernement a remplacé plus de 90 maires du HDP élus lors des scrutins locaux de 2014 par des administrateurs pour leurs soi-disant liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
 
Avant les élections du 31 mars, le président Recep Tayyip Erdoğan et le ministre de l’Intérieur Süleyman Soylu ont répété à plusieurs reprises que le gouvernement ferait de même si les nouveaux maires étaient liés à des « organisations terroristes ».
 
Mercredi, 48 des 71 maires élus du HDP avaient reçu leur mandat d’élu leur permettant de prendre leurs fonctions.
 
« Ni la loi électorale ni la constitution ne donnent à l’YSK le pouvoir de changer le résultat des élections et de donner l’autorisation à un candidat non élu », a déclaré Oluç. « Respectez la volonté du peuple et le vote », a-t-il déclaré.
 
L’YSK a décidé mercredi que le mandat d’élu serait donnée au candidat HDP arrivé en deuxième position à la tête de la mairie du district de Rüstemgedik de la province de Muş, à la place du candidat du Parti républicain du peuple (CHP), qui a remporté les élections mais qui avait un casier judiciaire. Le HDP a déclaré qu’il n’accepterait pas la décision, critiquant l’YSK pour avoir oublié de tels enregistrements avant l’approbation des demandes de candidature.
 
À ce jour, l’YSK n’a approuvé la tenue de nouvelles élections dans le district de Yusufeli, dans la province d’Artvin, dans le nord-est de la Turquie. Le CHP a fait appel des résultats à Yusufeli, où le candidat de l’AKP a remporté la course à la mairie.
 
 

TURQUIE : Le HDP réagit à la confiscation de ses mairies par l’intermédiaire du Conseil électoral

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TURQUIE – ANKARA – Le coprésident du HDP, Sezai Temelli, a déclaré : « Nous sommes confrontés à une situation de grande injustice lors des élections et les fondements de la sécurité électorale sont en train d’être ébranlés ».

Le coprésident du HDP, Sezai Temelli, la porte-parole de la Commission du droit et des droits de l’Homme, Ayşe Acar Başaran, et le porte-parole de la Commission des élections, Ali Ürküt, ont parlé des pratiques illégales auxquelles ils sont confrontés depuis les élections municipales du 31 mars.

Commentant l’attitude du haut Conseil électoral turc (YSK), Temelli a déclaré : « Nous sommes confrontés à une situation de grande injustice lors des élections et les fondements de la sécurité électorale sont en train d’être ébranlés. Même si les élections sont terminées, la Turquie continue de discuter des résultats des élections après dix jours écoulés depuis les élections. C’est le manque de prévoyance de l’YSK.

La société turque est confrontée à des situations telles que l’YSK ne respecte pas ses propres précédents, ne reconnaît pas ses propres lois, viole la Constitution. L’YSK est une institution constitutionnelle. Il n’existe pas d’autorité supérieure pour faire appel des verdicts du YSK. C’est une institution si importante. »

Les recours du HDP ne sont pas acceptés

Temelli a continué : « Aucune de nos objections n’est acceptée. Les objections de tous les partis sont acceptées dans une certaine mesure, et près de 90% des objections de l’AKP sont acceptées, et les urnes sont recomptées à maintes reprises, [mais] pas une objection de la part du HDP. Nous sommes confrontés à la réalité selon laquelle [YSK] agit conformément aux ordres du gouvernement. »

Les candidats gagnants ne sont pas mandatés

Temelli a déclaré que les candidats HDP, qui avaient été licenciés en vertu des décrets au cours de l’état d’urgence entre 2016 et 2018, qui ont été élus le 31 mars dernier, n’étaient pas mandatés par l’YSK.

Les candidats du HDP ont remporté les élections pour les municipalités métropolitaines de Van, Diyarbakır et Mardin, principalement peuplés de Kurdes.

L’YSK n’a pas encore expliqué pourquoi elle n’avait pas mandaté les maires élus du HDP.

« Il est en train de débattre pour ne pas donner le mandat à ceux qui ont été démis de leurs fonctions par les décrets statutaires. Ce débat est en soi une violation de la loi. Il ne respecte pas ses propres précédents, ses propres lois. »

« Les lois auxquelles l’YSK doit obéir sont très claires »

« Ici, nous avertissons encore une fois que les mandats doivent être donnés à tous les élus (…).

En particulier dans les articles 67 et 76 de la Constitution, les critères de candidature sont énoncés très clairement. Selon les articles 67 et 76 de la Constitution. L’YSK doit faire sa part. Les lois auxquelles il doit obéir sont très claires. »

 

ANF

TURQUIE : Main-basse sur les mairies kurdes

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TURQUIE, Le Haut Conseil électoral turc (YSK) a décidé que les maires élus lors des élections locales du 31 mars de cette année et qui avaient été démis de leurs fonctions par décret présidentiel dans le cadre de vastes purges lancées après 2016 ne seront pas autorisés à prendre leurs fonctions. Cette décision concerne principalement les mairies kurdes gagnées par le Parti démocratique des peuples (HDP), dont celles de Diyarbakır/Baglar, Siirt, Van/Tuşba, Edremit et Digor Dagpinar, localités de Kars.
 

Le YSK va donner le mandat de maire d’au moins 4 localités kurdes aux candidats du parti AKP qui sont arrivés deuxième après ceux du HDP.

Selon un rapport publié mercredi, 48 des 70 candidats du HDP qui ont remporté les élections du 31 mars n’ont toujours pas reçu leur certification électorale officielle.

Cette décision montre le désir du pouvoir turc de confisquer la volonté du peuple kurde qui a renvoyé les administrateurs du gouvernement nommés à la place de leurs représentants démocratiquement élus. Cette décision est d’autant plus scandaleuse que ce même conseil avait approuvé la candidature de ces maires élus…

Via T24

PARIS : Rassemblement en solidarité avec les Kurdes en grève de la faim

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PARIS – Le CDK-F appelle au rassemblement le 13 avril en solidarité avec les plus de 7 000 prisonniers politiques et militants kurdes en grève de la faim à travers le monde.
 

Voici le communiqué du CDK-F (Conseil Démocratique Kurdes en France) :

« Grèves de la faim – Contre le silence, je proteste par le silence !

Voilà plus de 5 mois que Leyla Güven, Députée kurde du HDP (Parti démocratique des Peuples) a entamé une grève de la faim dans la prison de Diyarbakir pour dénoncer la montée de la dictature et du fascisme en Turquie, et rompre l’isolement carcéral total imposé au leader kurde Abdullah Öcalan sur l’île-prison d’Imrali.
Déjà privé de la visite de ses avocats depuis 2011, Abdullah Öcalan n’a eu droit qu’à deux visites des membres de sa famille entre avril 2015 et aujourd’hui. Par cette pratique qui est en passe de s’étendre à tous les prisonniers politiques, la Turquie viole les conventions internationales et européennes des droits humains auxquelles elle est partie, en particulier la Convention européenne des Droits de l’Homme.
Le traitement infligé à M. Öcalan s’inscrit dans la guerre que le président turc Recep Tayyip Erdogan a engagée contre les Kurdes après avoir brutalement rompu en avril 2015 le processus de paix mené avec le mouvement kurde. Depuis, la répression, les violations des droits humains, voire les massacres, sont devenus le terrible quotidien des Kurdes et de l’opposition au Président turc Erdogan.
A l’instar des plus de 7000 prisonniers politiques qui ont rejoint progressivement le mouvement lancé par Leyla Güven, un groupe de 14 personnes est en grève de la faim à Strasbourg depuis le 17 décembre 2018. Des dizaines d’autres membres de la diaspora kurde à travers le monde sont également engagés dans cette action. Au Kurdistan, trois parlementaires du HDP ont rejoint le mouvement à compter du 3 mars : la jeune Députée de Diyarbakir, Dersim Dag, et deux Députés de Van, Tayip Temel et Murat Sarısaç.
Le mutisme et l’inaction des gouvernements et des institutions européennes face à la montée du fascisme en Turquie ont conduit plusieurs personnes à se donner la mort au cours des dernières semaines : Le 20 février 2019, un militant kurde s’est immolé par le feu en Allemagne. Et depuis le 17 mars, sept prisonniers politiques, quatre femmes et trois hommes, ont mis fin à leur vie dans les geôles turques.
Bien qu’informés à maintes reprises de l’ampleur sans précédent prise par ce mouvement et des conséquences graves qui pourraient en résulter, le gouvernement français, les institutions européennes, en particulier le Comité pour la Prévention de la Torture (CPT), continuent à se murer dans un silence totalement irresponsable, violant ainsi les principes et valeurs mêmes qu’ils sont censés défendre.
La revendication des Grévistes de la faim est la nôtre!
Nous appelons l’Europe et tout particulièrement le gouvernement français à rompre le silence meurtrier et agir pour empêcher d’autres drames.
Nous exigeons du Conseil de l’Europe et du CPT qu’ils accomplissent, enfin, leurs missions en agissant auprès de la Turquie afin de mettre un terme au régime d’isolement que le régime d’Erdogan, encouragé par le silence des institutions européennes, fait subir depuis des années à M. Abdullah Öcalan.
Contre le silence meurtrier de l’Europe,
nous appelons à manifester par le silence,
samedi 13 avril, à partir de 14h,
Place du Trocadéro »

IRAK : Projet de loi sur le génocide commis par l’EI contre les femmes yézidies

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IRAK – Le président irakien Barham Salih a envoyé au Parlement un projet de loi qui classerait de «génocide» les atrocités commises par l’Etat islamique contre les femmes yézidies.
 
En 2014, Sinjar, qui abrite la minorité ethno-religieuse yézidi, a été le lieu de ce que les Nations Unies ont appelé une campagne de génocide dirigée par l’Etat islamique.
 
Les mercenaires ont abattu, décapité ou brûlé vif et enlevé des milliers de Yézidis, en particulier des femmes. Beaucoup ont été forcés à l’esclavage sexuel.
 
« Le projet de loi présenté au parlement garantit les droits des femmes survivantes yézidies de l’EI. Il leur propose de recevoir une allocation mensuelle, de se réadapter et de mener une vie digne », a déclaré le bureau du président sur Twitter.
 
Le projet de loi stipule que la priorité doit être donnée aux femmes yézidies qui souhaitent travailler pour le gouvernement.
 
Il vise également à reconnaître les événements de 2014 comme un « génocide » et à déclarer le 3 août, jour où l’Etat islamique a attaqué Sinjar, jour férié.
 
Création d’une comité parlementaire relatif aux questions yézidies
 
« Il fournira les soins requis, le logement et les possibilités d’étude aux femmes yézidies, ainsi que le statut juridique des enfants nés dans ces circonstances », a déclaré le bureau.
 
Le projet a été compilé le 28 mars, selon le bureau de M. Salih.
 
On ignore quand le parlement votera la nouvelle loi.
 
Nadia Murad, une femme yézidie qui a échappé à la captivité de l’Etat islamique et remporté le prix Nobel de la paix l’année dernière pour son activisme contre les violences sexuelles, a participé à la discussion du projet de loi avec M. Salih.
 
Elle était l’une des 3 000 femmes et filles yézidies enlevées et vendues comme esclaves sexuelles.
 
Des milliers de Yézidis sont toujours portés disparus et la majorité de la communauté doit encore rentrer chez elle.
 
 
 

Ce que nous devons apprendre sur la parité homme/femme dans les municipalités kurdes de Turquie

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Les citoyens turcs se sont rendus aux urnes le 31 mars pour élire leurs maires et leurs élus locaux.

Les dernières élections régionales ont eu lieu le 30 mars 2014 et ont abouti à la victoire du Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir, qui a recueilli 43% des suffrages . Bien que les élections de cette année aient à nouveau marqué une victoire pour l’AKP, avec l’alliance AKP-MHP (parti du mouvement nationaliste) remportant 51,6% des suffrages , elles ont également ébranlé les fondements du pouvoir durable de l’AKP. Une percée importante a été réalisée par l’alliance d’opposition, le CHP (Parti républicain du peuple) et le Bon parti (İP), qui ont pris le contrôle de grandes villes comme Istanbul, Ankara, Izmir, Adana, Antalya et Mersin.

37 femmes maires et 34 femmes co-maires

Ce qui est également important cette année, c’est que 37 femmes maires ont été élues, dont 24 du Parti démocratique des peuples pro-kurde (HDP). De plus, 34 femmes co-maires étaient également candidates, bien que de manière officieuse, par le biais du système de coprésidence mis en place par le HDP, impliquant une présidence mixte hommes / femmes.

C’est une victoire rare, car les femmes ne représentent que 17% des membres de la Grande Assemblée nationale turque et que la représentation régionale des femmes en Turquie reste marginale, avec moins de 3%. Les partis politiques à travers le paysage politique turc ont longtemps résisté à la participation des femmes à la vie politique. Parmi les 2019 candidats municipaux, seulement 7,89% étaient des femmes et des candidats municipaux métropolitains, dont seulement 10,8% étaient des femmes.

Pourtant, le HDP pro-kurde a ouvert la voie avec une liste de candidats équilibrée sur 50%. Il s’agissait d’un phénomène inhabituel, la liste de l’AKP d’Erdoğan ne comptant que 1,25% de femmes et le principal parti de l’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), n’a guère fait mieux – sa liste ne comptait que 5,23% de femmes. Bien que la représentation des femmes ne soit restée que de 2,66% au niveau national, elle a prospéré dans les municipalités pro-kurdes.

Un quota de parité homme/femme efficace

Ce succès de la représentation des femmes est en grande partie dû au quota de femmes du HDP, qui oblige les hommes et les femmes à se faire remplacer sur les listes et les postes de direction. Inspiré par les Verts allemands, le système a été appliqué pour la première fois en 2005 par le Parti DTP pro-kurde, puis élargi lors des élections locales de 2014.

En 2014, pour la première fois dans l’histoire du DTP, ainsi que dans celle de la Turquie, le parti a fait campagne pour des maires masculins et féminins pour ses listes de candidats municipaux. Le DTP a déclaré :

« L’élargissement du système de coprésidence et sa mise en œuvre dans les municipalités seront un pas en avant pour élargir l’espace politique des femmes. Autant que l’on sache, aucun pays ne met en œuvre un système de coprésidence au niveau municipal. Dans ce contexte, la Turquie aura également l’opportunité d’apporter un changement novateur dans les structures d’opportunité qui serviront de modèle au reste du monde. »

Parité dans les municipalités kurdes

En tant que successeur du DTP, le HDP s’est engagé dans le système de co-maires en dépit des pressions exercées par le gouvernement. Le système a fait face à une opposition légale au motif qu’il enfreignait la loi sur les municipalités, qui permettait au gouvernement de réprimer les maires en 2016.

Brochure de campagne des candidats HDP, Ahmet Türk et Figen Altındağ pour les élections municipales de 2019

Malgré la pression politique, les municipalités kurdes ont adopté cette pratique, mais de manière non officielle. Toutes les municipalités détenues par le parti pro-kurde à la suite des élections locales de 2014 étaient dirigées par des co-maires. Bien que la coprésidence du leadership ait été appliquée ailleurs, la coprésidence a été unique pour les partis prokurdes en Turquie.

Bien que le HDP ne soit pas officiellement autorisé à affecter des co-maires à sa liste en raison de restrictions légales – un seul candidat est autorisé pour un grade – le parti ayant fait campagne pour le poste de co-maire. Maintenant que le parti a remporté 58 municipalités, dont 24 ont été remportées par les femmes candidates, toutes seront dirigées par une présidence commune composée d’un homme et d’une femme.

Les femmes sont sous-représentées à travers le monde

Les deux dernières décennies ont été marquées par une augmentation progressive de la participation politique des femmes à travers le monde. La proportion de sièges occupés par des femmes dans les parlements nationaux du monde entier est passée de 13% en 1998 à 24% en 2019.

Pourtant, les femmes sont toujours sous-représentées à travers le monde et exclues de toute participation à la vie politique. Au niveau régional, les Amériques sont en tête, avec une représentation féminine de 30,6%, grâce à l’application généralisée de quotas de genre en Amérique du Sud. La représentation des femmes en Europe est de 28,6%, suivie de l’Afrique subsaharienne avec 23,9%, de l’Asie avec 19,9%, des États arabes avec 19% et du Pacifique avec 16,3%.

Bien que la représentation dans les instances politiques supérieures reste un défi, les chercheurs soutiennent que les femmes sont mieux représentées au niveau local (municipal).

Des coûts de campagne plus bas et des obstacles financiers moins importants, des engagements de temps moins difficiles et des exigences de déplacement pourraient améliorer la participation des femmes, ainsi que la perception que les femmes sont plus intéressées par les problèmes «locaux» que par les autres niveaux de gouvernement.

Résultats contradictoires

Cette hypothèse a été difficile à vérifier en l’absence d’une documentation régulière dans le monde entier. Néanmoins, dans la mesure où les données montrent des résultats contradictoires.

En 2013, parmi 28 pays de l’Union européenne, 14% seulement des maires ou autres responsables municipaux étaient des femmes. En France, 84% des maires sont des hommes.

Aux États-Unis, à compter de 2019, seuls 20,9% des maires de villes comptant plus de 30 000 habitants étaient des femmes.

Evolution des femmes maires en France depuis 1974 (graphique 2015). Docteur Saint James / WikimediaCC BY

Pourquoi plus de femmes sont nécessaires en politique ?

La sous-représentation des femmes en politique révèle un déficit démocratique important dans le monde entier. Les experts affirment que l’inclusion des femmes dans la vie politique consoliderait la démocratie et garantirait l’élaboration de politiques favorables aux femmes, répondant à leurs besoins et à leurs préoccupations. Une étude de 2006 a indiqué que plus le nombre de femmes en politique augmente, plus la voix des femmes est entendue.

Avec cet objectif, de nombreuses organisations internationales, de l’Union européenne à l’Union africaine, œuvrent aujourd’hui aux côtés des gouvernements nationaux pour accroître la participation des femmes à la vie politique.

Cependant, les attitudes et les pratiques discriminatoires ainsi que les préjugés sexistes dans le recrutement et la promotion politiques persistent, empêchant les femmes d’accéder aux postes les plus élevés.

Cibler une vraie démocratie égalitaire ?

Le parti prokurde a pour objectif de promouvoir les femmes en politique tout en démocratisant et décentralisant la structure du pouvoir monopoliste et à dominance masculine au sein des institutions politiques turques. Cela contraste donc fortement avec la politique fortement masculinisée du pays et de la région.

En incluant les femmes dans la gouvernance locale, les municipalités prokurdes ont collaboré étroitement avec les groupes de femmes et la société civile pour s’attaquer à des problèmes tels que la violence à l’égard des femmes, l’accès au marché du travail et l’éducation au niveau local.

Au-delà de l’importance symbolique d’avoir une figure féminine de premier plan dans les affaires de la ville et l’élaboration de politiques sensibles au genre, la co-mairie a également permis d’accroître la participation et l’aspiration des femmes à la gouvernance locale. En promouvant la co-présidence des femmes, la mesure brise également le plafond de verre, qui empêche les femmes de progresser dans leur carrière politique au niveau local.

Résultat de recherche d'images pour "Sezai Temelli Pervin Buldan"Les co-présidents du Parti démocratique des peuples (HDP), Pervin Buldan et Sezai Temelli

Malgré tous ces avantages, la parité dans les municipalités kurdes n’est pas bien institutionnalisée en raison des restrictions légales et de l’opposition politique.

Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour observer la dynamique de pouvoir de la mesure de co-présidence, telle qu’elle est appliquée au niveau de la direction du parti et / ou au niveau municipal. Néanmoins, la demande peut toujours servir d’exemple à d’autres régions du monde pour favoriser la représentation des femmes dans la gouvernance locale, non seulement dans la prise de décision, mais également dans la prise de décision.

Par Hazal AtayPh.D candidate, INSPIRE Marie Skłodowska-Curie Fellow, Sciences Po – USPC

La version originale de cet article a été publiée en anglais.

Photo via HDP

A quand le retrait du mouvement kurde de libération de la liste des organisations terroristes de l’EU ?

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Le journaliste kurde, Maxime Azadi écrit au sujet du classement du PKK sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne et les tentatives pour retirer le PKK de cette liste qui est « un obstacle qui nuit à la paix et permet à la Turquie de renforcer sa politique répressive. Elle renforce la main de ceux qui veulent la guerre et affaiblit celle des défenseurs de la paix. »
 
A lire l’article « Quel avenir pour le PKK devant la justice européenne ? » ici

HDP : « Il est temps d’écrire ensemble une belle histoire de lutte démocratique »

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« Notre avenir dépend de la lutte pour la démocratie, la liberté, l’égalité et la paix, et de la solidarité, de l’intelligence collective et du travail acharné qui ont permis le succès du 31 mars », a déclaré le HDP.
 
TURQUIE – ANKARA – Le Parti démocratique des peuples (HDP) a publié un communiqué concernant les élections locales qui se sont déroulées en Turquie le 31 mars dernier.
 
« Le processus électoral n’a été ni démocratique ni équitable, car l’alliance AKP-MHP a créé un climat politique qui a polarisé la société, terrorisé et criminalisé les rivaux politiques, aggravé les tensions sociopolitiques, utilisé des propos haineux et n’a pas non plus assuré la sécurité électorale. »
 
Lors de la réunion de son Conseil exécutif à Ankara le 3 avril 2019, le HDP a évalué les résultats des élections locales, l’isolement d’Abdullah Öcalan et les grèves de la faim, et a publié le communiqué suivant :
 
1. Nous avons laissé derrière nous un processus électoral où toutes sortes d’injustices et d’inégalités, d’oppression et d’attaques ont été vécues. L’alliance AKP-MHP a mené une campagne d’attaques graves contre notre parti en utilisant toutes les ressources financières et institutionnelles de l’Etat à sa disposition, en premier lieu la bureaucratie de sécurité.
 
Le processus électoral n’a été ni démocratique ni équitable, car l’alliance AKP-MHP a créé un climat politique qui a polarisé la société, terrorisé et criminalisé les rivaux politiques, aggravé les tensions sociopolitiques, utilisé des propos haineux et n’a pas non plus assuré la sécurité électorale.
 
Une censure absolue des médias a été imposé à notre parti ; le gouvernement a fait une propagande extrême contre notre parti par le biais de la [chaîne] TRT et de l’Agence Anadolu, qui sont censées être des institutions publiques financées par les impôts publics. Les dossiers de renseignements sur nos candidats qui ont dû être pris à l’Organisation nationale du renseignement du ministère de l’Intérieur ont été publiés en violation de la loi sur la protection des données personnelles et de la Constitution. Notre parti, nos électeurs, le peuple kurde, l’ensemble de l’opposition et les forces démocratiques ont subi toutes sortes d’attaques, d’oppression et d’insultes ; les dirigeants de l’alliance AKP-MHP ont même tenté de chasser leurs rivaux politiques du pays.
 
En décembre et janvier, dans le cadre d’opérations conjointes du ministère de l’Intérieur et du ministère de la Défense, les électeurs ont été transférés dans des zones spécifiques des provinces kurdes. Ensuite, un nombre disproportionné de membres du personnel de sécurité ont été affectés aux bureaux de vote dans les petites localités. Comme si cela ne suffisait pas, la fusion et le transfert de bureaux de vote avec des revendications injustifiées et des raisons absurdes ont ouvert la voie à toutes sortes d’irrégularités et de fraudes.
 
2. Les élections locales du 31 mars auront, tout comme les élections générales, un impact sur le gouvernement, l’opposition, l’économie et la société. L’alliance AKP-MHP a polarisé les peuples et les croyances ; a marqué tous ceux qui pensent différemment comme des « terroristes » ; et avec la propagande de la survie de l’Etat, elle a implanté des craintes dans la société afin de recueillir plus de votes. Malgré tout, les Turcs ont voté contre la politique de l’AKP-MHP qui visait à polariser et à diviser la société et contre le discours de haine qu’elle diffuse.
 
3. La position du HDP en tant que parti clé contre l’alliance AKP-MHP, qui représente la polarisation sociale et les politiques de guerre, a une fois de plus été prouvée par les résultats des élections. Les politiques de HDP ont ouvert un espace de rassemblement pour toutes les identités que le régime AKP-MHP veut exclure de la politique ou même détruire. Notre parti pourrait s’avérer être la force pour déterminer les résultats des élections au sens général du terme, et dans les régions métropolitaines et de nombreuses provinces de l’ouest de la Turquie en particulier. Nous avons donné un souffle vital aux peuples turcs en veillant à ce qu’aucun vote ne soit gaspillé.
 
L’espoir que l’alliance AKP-MHP puisse être arrêtée et faire reculer, et que la lutte pour la démocratie, la justice, l’égalité et la liberté puisse l’emporter, est redevenu courant ; le courage s’est répandu pour remplacer la peur.
 
4. Le HDP a déterminé sa stratégie électorale en prenant une décision audacieuse pour que les peuples de Turquie et les forces démocratiques vivent ensemble en paix. Nous avons déterminé cette stratégie pour créer une alternative démocratique pour les peuples de Turquie, qui a gagné dans de nombreuses zones métropolitaines de l’ouest de la Turquie avec la puissante adhésion de nos peuples. Nous remercions tous les électeurs qui ont donné de l’espoir aux peuples de Turquie en utilisant des votes stratégiques et en forçant l’alliance AKP-MHP à battre en retraite. Ce succès est certainement le succès commun de tous ceux qui luttent pour la démocratie et la justice, y compris le HDP.
 
5. La stratégie électorale que nous avons élaborée sur la base d’une analyse politique minutieuse de l’orientation politique de la Turquie a été audacieusement soumise à l’attention de nos peuples. Le message politique qui ressort des résultats des élections est que notre stratégie était correcte et qu’elle a été adoptée par nos peuples. Dans la lutte entre démocratie et institutionnalisation du fascisme, notre stratégie a permis aux premiers de gagner et de mettre en place les bases politiques nécessaires pour construire une vie démocratique.
 
Ces résultats électoraux ont plus que jamais fait mûrir les possibilités d’une lutte démocratique commune en Turquie occidentale ; ils ont montré la nécessité de rassembler ceux qui luttent pour la démocratie, la justice et la paix.
 
6. Nous mettrons en œuvre les décisions les plus correctes au nom de notre peuple avec l’adhésion au conseil municipal et les possibilités de représentation que nous avons acquises dans l’ouest de la Turquie. Nous adopterons une position décisive contre toutes les injustices et créerons un pouvoir de contrôle et d’équilibre.
 
7. Dans les régions du Kurdistan, la réponse la plus forte a été donnée dans les urnes contre les administrateurs qui ont usurpé la volonté du peuple. Ces élections locales ont été en quelque sorte un référendum sur la démocratie, et la volonté du peuple est ressortie victorieuse contre les administrateurs et leur mentalité d’usurpateur. À cet égard, la mentalité d’usurpateur était enfouie dans les pages noires de l’histoire. Adoptant une volonté démocratique, notre peuple a récupéré les municipalités de l’alliance AKP-MHP et les administrateurs usurpateurs. La guerre, les administrateurs, l’assimilation, la polarisation, les politiques de division et les politiques anti-kurdes ont totalement fait faillite avec les résultats des élections.
 
8. Ayant compris que notre peuple se rangerait du côté de la démocratie contre la mentalité d’usurpateur, l’alliance AKP-MHP a essayé les irrégularités et les fraudes électorales et a utilisé les garnisons et les ombres des chars [lors des é;ections]. Le monde entier a été témoin de la façon dont les forces de sécurité transportaient les « électeurs » (soldats inscrits comme électeurs) vers les bureaux de vote avec des chars et des véhicules blindés, en particulier à Şırnak. Dans des villes comme Siirt et Şırnak, nous avons regardé en direct comment les policiers étaient transportés dans ces villes en car. Cette situation est un autre visage de la mentalité d’usurpateur des administrateurs, qui est vouée à l’échec. Les résultats l’ont montré.
 
9. Notre parti a également subi des pertes lors de ces élections. Nous nous engageons à identifier nos insuffisances et nos erreurs en évaluant, dans les instances pertinentes de notre parti, les raisons pour lesquelles nous avons perdu certaines municipalités et les messages que nos citoyens ont livrés dans les urnes. Notre peuple ne devrait avoir aucun doute : nous déterminerons nos insuffisances et agirons en fonction de leur message. L’approche autocritique est l’un de nos principes les plus fondamentaux. Nous défendrons la volonté de notre peuple jusqu’au bout. Ensemble, nous nous gouvernerons nous-mêmes et nos villes en tirant les leçons de nos erreurs et de nos faiblesses.
 
10. L’importance d’une lutte nationale démocratique unifiée a été confirmée une fois de plus par l’alliance que nous avions établie avec les partis kurdes dans le processus électoral. Nous avons délivré un message social fort pour renforcer cette alliance. Prendre des mesures dans ce sens est d’une grande importance pour la lutte à mener à l’avenir.
 
11. Avec une approche de municipalités démocratiques, nous mettrons en œuvre un modèle de gouvernement local pour décider, gouverner et produire ensemble. Nos municipalités deviendront des foyers pour les citoyens ; ce seront des institutions qui produiront des solutions, et non des problèmes, et qui socialiseront les décisions et les politiques.
 
12. Les peuples de Turquie ont chaleureusement accueilli et approuvé la stratégie générale de notre parti. Le succès obtenu a fait du HDP un acteur beaucoup plus important que jamais dans la politique turque. Sur cette base, nous proposons les mesures urgentes suivantes pour normaliser la vie politique et sociale dans le pays :
 
– Pour une solution pacifique de la question kurde et la démocratisation de la Turquie, le Parlement devrait être doté d’une capacité et d’une fonction politiques lui permettant de poursuivre les intérêts communs et l’avenir de nos peuples. Une commission parlementaire chargée de développer le dialogue et de trouver une solution à la question kurde devrait être créée avec la participation de tous les partis politiques.
 
– Les travaux en vue de l’élaboration d’une Constitution démocratique devraient commencer sans tarder. La nouvelle Constitution devrait assurer la séparation des pouvoirs et garantir tous les droits et libertés fondamentaux, en premier lieu la liberté d’expression.
 
– Le président doit être impartial ; il doit se retirer de sa position constitutionnelle et tous les problèmes sociaux et politiques, en particulier la question kurde, doivent être résolus par des méthodes démocratiques.
 
– Toutes les victimisations et pratiques illégales du gouvernement après le coup d’Etat d’état d’urgence du 20 juillet devraient être éliminées, tous les règlements qui ont rendu l’état d’urgence permanent devraient être annulés, tous les fonctionnaires et universitaires qui ont été illégalement et injustement purgés devraient retourner à leur travail, et les médias, associations et institutions culturelles interdits devraient être rouverts.
 
– Compte tenu des conditions internationales et régionales actuelles, la politique étrangère de la Turquie doit poursuivre l’instauration de la paix avec une Constitution démocratique en Syrie et assurer un statut politique aux peuples du nord-est du pays. Dans ce contexte, les politiques de guerre et de conflit du gouvernement qui aggravent les problèmes et causent le chaos devraient être abandonnées immédiatement.
 
13. Les grèves de la faim en Turquie, qui sont les plus massives, les plus longues et les plus critiques en termes de leurs impacts possibles dans l’histoire du pays, se poursuivent. Malgré tous les efforts, il n’y a pas eu jusqu’à présent une prise de conscience et une sensibilité sociales suffisantes sur les grèves de la faim. Cependant, comme le révèlent les résultats des élections, notre peuple a adopté une position claire en ce qui concerne la levée de l’isolement absolu illégal et inhumain imposé à M. Öcalan à İmralı au cours des quatre dernières années et les demandes des grévistes de la faim. Sur cette base ;
 
– Les grèves de la faim les plus critiques ont toujours eu lieu dans les prisons, parce que les conditions carcérales graves et l’isolement des détenus du reste de la société augmentent la possibilité de dommages permanents. L’insistance sur la politique d’isolement a conduit à des actions suicides dans les prisons. La principale autorité responsable de ces décès en prison est le gouvernement qui insiste sur la politique d’isolement et ignore les exigences des grévistes de la faim.
 
– Le gouvernement de l’AKP-MHP doit immédiatement mettre fin à ce silence sur l’isolement et les grèves de la faim et éliminer cette illégalité.
 
– Les revendications des grévistes de la faim sont à la fois légitimes et légales. Nous continuerons d’appuyer ces demandes. Cependant, nous soulignons une fois de plus que la vie humaine est au-dessus de tout et que les suicides politiques dans les prisons pour protester contre la politique de l’isolement doivent cesser immédiatement. Nous pouvons éliminer les politiques d’isolement en vivant et en luttant ensemble contre l’illégalité et l’injustice.
 
– Depuis le 5 avril 2015, le droit international est violé chaque jour. L’isolement imposé à M. Öcalan constitue une violation flagrante de la Convention européenne des droits de l’homme et d’autres conventions internationales, notamment les Règles de Mandela des Nations Unies. Nous appelons toutes les institutions internationales, en particulier le CPT et le Commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies, à protéger le droit et les normes démocratiques et à exhorter plus efficacement les autorités turques à mettre fin à cette illégalité.
 
14. Les résultats des élections locales ont assigné à l’opposition sociale et aux forces démocratiques le devoir et la responsabilité de lutter ensemble. Il ne faut pas oublier que le seul moyen de faire reculer l’alliance AKP-MHP est de renforcer les lignes de lutte commune.
 
Il est clair qu’ensemble nous avons ouvert une nouvelle page et obtenu un succès… Nous avons changé le cours des événements et permis à la société de respirer. Mais n’oublions pas que ce sont des élections locales. Le moment est venu de prendre de nouvelles mesures pour étendre la lutte pour la démocratie, la paix et la justice, et pour développer les bases d’une lutte politique commune.
 
Notre parti appelle toutes les forces démocratiques, les ONG, les partis politiques, les associations professionnelles, les syndicats, les associations, les initiatives citoyennes, les mouvements de femmes et de jeunes, les démocrates et les citoyens conscients : Le moment est venu d’écrire ensemble une belle histoire de lutte démocratique.
 
Notre avenir dépend de la lutte pour la démocratie, la liberté, l’égalité et la paix, et de la solidarité, de l’intelligence collective et du travail acharné qui ont permis le succès du 31 mars dernier.
 
Via ANF