Accueil Blog Page 902

Un raid aérien turc a tué un civil kurde au Kurdistan du Sud

0
KURDISTAN DU SUD – Alors qu’un avion de reconnaissance turc s’était écrasé près d’Amadiya, des raids aériens turcs ont tué un civil dans la campagne de Hewler.
 
L’État turc poursuit sa guerre génocidaire contre le peuple kurde, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières turques.
 
Des avions de combat turcs ont bombardé le mont Bote situé dans la région de Barzan, dans le gouvernorat d’Hewler (Erbil).
 
Kazım Eli, un civil âgé de 50 ans, a été tué lors de l’attaque. L’homme ramassait des betteraves dans la zone ciblée par les avions de guerre turcs.
 
D’autre part, l’État d’invasion turque poursuit également ses raids aériens et ses activités de reconnaissance dans les zones de défense de Medya, sous contrôle de la guérilla, situées sur le territoire du Kurdistan du Sud.
 
Un avion de reconnaissance de l’armée turque s’est écrasé mercredi près de Bere Qer, dans la campagne d’Amadiya. La cause du crash n’était pas claire.
 
Des sources locales ont rapporté que des avions de combat turcs avaient bombardé l’avion de reconnaissance trois fois après son crash.
 
Selon certaines informations, l’avion de reconnaissance aurait été détruit afin d’empêcher que son pays d’origine ne soit découvert.
 

Militantes kurdes tuées en 2013 à Paris: enquête relancée autour du rôle des services secrets turcs

0

PARIS – « Un juge antiterroriste a été chargé mardi de reprendre l’enquête sur l’assassinat en 2013 à Paris de trois militantes kurdes, à la demande des familles qui réclament d’approfondir la thèse de l’implication des services secrets turcs (MIT). » (Via Figaro)

Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez ont été assassinées à Paris le 9 janvier 2013.

Plus de six années années se sont écoulées depuis les meurtres de Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez dans le bureau du centre d’information kurde à Paris. Les trois militantes kurdes ont été exécutées de trois balles dans la tête chacune, le 9 janvier 2013.

Le 23 janvier 2017 devait débuter le procès aux Assises d’Ömer Güney, le présumé coupable. Le suspect, qui était lié aux services de sécurité turcs à Ankara selon les informations obtenues par les avocats des familles des victimes, est décédé subitement en prison le 17 décembre, un mois avant le début du procès.

En  mars 2018, les familles des trois femmes assassinées ont déposé une plainte avec constitution de partie civile pour obtenir la reprise des investigations sur le rôle des services secrets trucs dans ce triple meurtre.

Les familles des 3 révolutionnaires assassinés avaient fait appel en mars 2018 pour que l’enquête inclue les personnes qui avaient ordonné le massacre et leurs collaborateurs.

Un juge anti-terroriste a été nommé pour rouvrir l’enquête. L’avocat Jean-Louis Malterre a confirmé que l’enquête avait été ouverte et que le rôle des services de renseignements turcs serait examiné.

« Le pouvoir judiciaire a reconnu que les services turcs avaient joué un rôle », a déclaré Malterre à l’ANF, ajoutant qu’ils n’avaient pas encore reçu l’acte d’accusation et qu’ils ne savaient pas combien de temps l’enquête prendrait.

Malterre a parlé de leur appel l’année dernière et a déclaré: « Après la mort du suspect, nous avons fait valoir qu’il n’agissait pas seul et qu’il avait reçu une arme des services secrets turcs. »

Malterre a déclaré que le cas précédent avait été limité à Omer Guney mais que le rôle du MIT avait néanmoins été clairement défini.

Un événement historique

L’avocat Antoine Comte a déclaré à l’ANF : « C’est un événement historique, c’est la fin de l’impunité pour les meurtres politiques en France ordonnés depuis l’étranger. »

Le massacre avait été commis le 9 janvier 2013 dans la rue Lafayette, près de la gare la plus fréquentée du centre de Paris, la Gare du Nord. Sakine Cansiz (Sara, fondatrice du PKK), Fidan Dogan (Rojbin), représentante de KNK à Paris, et membre du mouvement de jeunesse kurde, Leyla Saylemez (Ronahi) ont été exécutées par 3 balles dans la tête.

Le seul suspect en détention provisoire était Omer Guney, qui avait perdu la vie dans des circonstances suspectes à la fin de 2016, quelques semaines avant le début prévu des audiences. L’affaire contre lui a été classée par défaut. Mais les familles des 3 femmes et les Kurdes en général ont refusé d’accepter une telle fin, et ont commencé à demander que les commanditaires du massacre soient retrouvés et traduits en justice.

Le 12 mars 2018, des accusations ont de nouveau été portées. En mars, l’avocate Antoin Comte a évoqué les plans d’attaque de l’État turc en Allemagne et en Belgique et évoqué un lien avec la triple exécution en France. Comte a déclaré: «Nous demandons à un juge d’enquêter sur tous ces facteurs».

Plus de six ans après le massacre, les familles et les avocats attendaient l’évolution de la situation dans 2 affaires. L’un d’eux était la demande d’une enquête pour découvrir le réseau pour les exécutions en Europe et les personnes qui avaient ordonné l’exécution des 3 femmes. L’autre était la demande que les «fonds réservés aux victimes du terrorisme» soient utilisés pour les trois femmes.

L’avocat Jean-Louis Malterre avait déclaré au début de l’année qu’il avait fait appel des deux affaires en 2018 et qu’il s’attendait à une évolution de la situation en 2019.

Malterre a évoqué les éléments de la demande d’une nouvelle enquête et, évoquant les plans d’assassinat en Belgique et en Allemagne, a déclaré: « Ils ont été organisés par les services spéciaux d’Erdogan ». Malterre a ajouté que de nombreux plans d’assassinat avaient été organisés par l’Etat en Europe. a déclaré: « La méthode est similaire à celle des meurtres à Paris. »

.

Appel urgent international : Sauvez Hasankeyf ! Pas de remplissage du réservoir du barrage Ilisu !

TURQUIE – Les autorités turques commenceront à remplir le réservoir du barrage Ilisu qui inondera la ville antique d’Hasankeyf, vieille de plus de 12 000 ans, dans la région kurde de Batman.
 

75 ONG ont lancé cet appel urgent pour sauver Hasankeyf de disparition :

Il n’est pas trop tard pour SAUVER HASANKEYF et le fleuve Tigre !

 
Pas de remplissage du réservoir du barrage d’Ilisu !
 
Depuis 12.000 ans, Hasankeyf, dans le sud-est de la Turquie, est un site d’habitation humaine ininterrompue. Grâce au travail de dizaines de cultures, ce site universel exceptionnel a été créé sur les rives du Tigre et dans les petites vallées et collines adjacentes. Des fouilles récentes montrent qu’Hasankeyf se trouve au sommet d’un patrimoine culturel enfoui et découvert. Des chercheurs indépendants affirment qu’Hasankeyf et la vallée du Tigre environnante sont aussi importants historiquement qu’Ephèse, Troie et la Cappadoce et remplissent 9 des 10 critères de l’UNESCO pour être classé comme au patrimoine mondial de l’humanité. On suppose qu’Hasankeyf est le jumeau de Göbeklitepe, un sanctuaire situé à 225 km à l’ouest avec un âge similaire, ce qui a conduit à de nouvelles conclusions mondiales sur le premier établissement humain de l’histoire.
 
Alors que le gouvernement turc a obtenu l’inscription de Göbeklitepe sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, Hasankeyf et la vallée du Tigre environnante devraient être inondés par le projet de barrage et de centrale hydroélectrique d’Ilisu, qui est presque entièrement construit. Dans des déclarations récentes, le gouvernement turc a annoncé qu’il commencera à remplir le réservoir du barrage d’Ilisu le 10 juin 2019. Les responsables ajoutent qu’en octobre 2019, la ville d’Hasankeyf serait touchée par l’élévation du niveau de l’eau.
 
Le projet Ilisu a été et est toujours un investissement complètement erroné et destructeur. C’est pourquoi, depuis le début, le projet a reçu une opposition forte non seulement au niveau local en Turquie, mais aussi en Irak, en Syrie et dans le monde entier. Contrairement aux affirmations officielles, le barrage n’aurait aucun avantage socio-économique ou autre pour la majorité de la société dans la région touchée et jusqu’à 80.000 personnes perdraient leurs moyens de subsistance. Outre Hasankeyf, une partie importante du patrimoine culturel non encore fouillé de la Haute Mésopotamie, le long du Tigre, serait inondée. La biodiversité de l’écosystème du Tigre – encore essentiellement naturel – serait fortement dégradée. Le projet Ilisu affecterait également gravement les tronçons en aval du Tigre, mettant gravement en péril l’approvisionnement en eau des grandes villes irakiennes, et l’agriculture irakienne serait sérieusement menacée. En particulier, le site de l’UNESCO des marais mésopotamiens dans le sud de l’Irak serait menacé d’assèchement en raison de la réduction des débits en aval.
 
Au cours des dernières années, le programme gouvernemental de « déplacement et de consolidation des monuments et des roches » a gravement endommagé le patrimoine culturel à Hasankeyf. Mais il reste encore tant de patrimoine culturel à sauver. Malgré l’achèvement imminent du projet, nous croyons fermement que l’annulation du projet Ilisu stimulerait un processus dont la population locale, la Turquie et l’Irak bénéficieraient directement au niveau économique, social et culturel.
 
Nous appelons le gouvernement turc à ne pas commencer le remplissage par le barrage d’Ilisu, ni en juin ni plus tard. Au lieu de cela, une nouvelle discussion large, participative et transparente avec tous les représentants de la population locale sur l’avenir des cinq provinces touchées devrait être lancée. Sur la base des résultats communs de ces discussions participatives, des politiques sur l’avenir de la vallée du Tigre et de la région environnante devraient être élaborées et mises en œuvre avec l’accord de toutes les parties concernées. Une autre condition devrait être la conclusion d’un accord mutuel avec l’Irak et la Syrie, conformément au droit international, qui devrait garantir un débit d’eau suffisant dans les marais mésopotamiens et le sud de l’Irak.
 
Nous appelons toutes les personnes et organisations du monde entier à soutenir nos revendications et à lancer des appels similaires au gouvernement turc !
 
Appel lancé par :
 
Initiative pour garder Hasankeyf en vie, Turquie
 
Campagne Sovons le Tigre, Irak
 
Les gardiens de la montagne, Iran
 
Humat Dijlah, Irak
 
Make Rojava green again, Rojava/Syrie
 
Mouvement écologiste de Mésopotamie, Turquie
 
Gardiens de l’eau Irak, Kurdistan Région de l’Irak
 
Hasankeyf Matters, Turquie
 
Initiative de solidarité de la société civile irakienne (ICSSI), Irak
 
Union écologique, Turquie
 
Association environnementale de Munzur, Turquie
 
Forum social irakien, Irak
 
Collectif écologiste de la rage verte, Turquie
 
La campagne populaire de protection de Zağros, İran
 
TMMOB (Union des chambres d’ingénieurs et d’architectes) Conseil provincial de coordination Batman, Turquie
 
Organisation pour le développement civil (CDO), région du Kurdistan irakien
 
Campagne Droit à l’eau, Turquie
 
Union pour la conservation de Çoruh, Turquie
 
Voyageurs de la vie et de la solidarité, Turquie
 
Résistance verte – Ecologie et journal de vie, Turquie
 
Conseil écologique d’Antalya, Turquie
 
Alakır Sœur/frère, Turquie
 
Conseil écologique d’HDK, Turquie
 
Région de la mer Noire en rébellion, Turquie
 
Les défenseurs de l’environnement de Saqiz, Saqiz, Kurdistan, Iran
 
Institutions environnementales de Shney Piro, Muchish, Kurdistan/Iran
 
Institutions environnementales de Kareza, Kurdistan/Iran
 
Institution Shney Nojin, Kurdistan/Iran
 
Les défenseurs de l’environnement d’Halabja, région du Kurdistan

Organisation kurde pour l’environnement et l’éducation, Halabja, région du Kurdistan d’Irak

Population du Kurdistan vert, Kurdistan/Iran

Les institutions de Pajin, Bane, Kurdistan/Iran

Institution Green Chiya, Meriwan, Kurdistan/Iran

Mouvement Liban Eco

Eco-Conscience, Tunisie

La Fondation pour l’Avocat du Peuple pour la Justice et la Réparation, Afrique du Sud

Coalition internationale Rivers sans frontières), Asie

Forum des pêcheurs du Pakistan
Groupe d’appui à l’environnement, Inde

Vigilance interaméricaine pour la défense et le droit à l’eau (Red VIDA), Amériques
Chili Durable, Chili
Fondation April (Fundacion Abril), Bolivie
Mouvement pour la défense de l’eau, de la terre et de l’environnement (MODATIMA), Chili

Mouvement des personnes touchées par les barrages (MAB), Brésil

Amis de la Terre, El Salvador

Mouvement européen de l’eau

La Terre prospère, dans les Balkans

Odbranimo reke Stare planine, Serbie

Ekologistak Martxan, Pays Basque

Réseau pour une nouvelle culture de l’eau (XNCA), Catalogne

Ecologistes en action, Espagne

Observatoire du patrimoine mondial (WHW), Allemagne

Plate-forme de défense de l’Èbre, Catalogne

UPP – Un Ponte Per, Italie

Contre-courant, Allemagne

The Corner House, Royaume-Uni

Amis de la Terre, France

Forum italien des mouvements de l’eau

Riverwatch – Société pour la protection des rivières, Autriche

Les animaux sont des êtres sensibles, USA

Coordination EAU Île-de-France, France

Plan C, Royaume-Uni

Shoal Collective, Royaume-Uni

Initiative de Hasankeyf Berlin, Allemagne

Institut pour la politique agricole et commerciale, USA

Coordination EAU bien commun, France

Urgewald, Allemagne

SF Bay, Californie/États-Unis

EcoMujer, Allemagne

Association d’économie solidaire, Royaume-Uni

FreshWater Accountability Project, États-Unis

Plataforma Ciudadana Zaragoza sin Fractura, Espagne

Association de culture populaire Alborada, Gallur/Espagne

International Rivers, États-Unis

Solifonds, Suisse

Centre de recherche sur les entreprises multinationales (SOMO), Pays-Bas

Centre écologique DRONT, Russie

Horizons écosocialiste, États-Unis

Union Socio-Ecologique Internationale, Russie

Centre pour la conservation de la biodiversité, Russie

Earth Law Centre, États-Unis

Front Vert Anti-Capitaliste, Royaume-Uni

Cambridge Social Ecology Group, Royaume-Uni

Coopérative Intégrale d’Héraklion, Crète/Grèce

Plus d’information:
 
www.hasankeyfgirisimi.net
 
Contacte:
 
Email: hasankeyfgirisimi@gmail.com
Twitter: @hasankeyfdicle
Facebook: www.facebook.com/hasankeyfyasatmagirisimi

15 mai, la Journée de la langue kurde

0
A l’occasion de la Journée de la langue kurde, le Comité de formation de l’Union des communautés kurdes du Kurdistan (KCK) a appelé le peuple kurde à œuvrer pour la préservation et le développement de la culture et de la langue kurdes pendant toute l’année. Le KCK appelle également chacun à apprendre la langue kurde et à l’utiliser dans tous les domaines de la vie.
 
Le KCK a publié un communiqué à l’occasion de la Journée de la langue kurde, qui a lieu le 15 mai de chaque année.
 
Voici le communiqué du KCK :
 
« A ce stade, qui est témoin d’une force majestueuse de la volonté représentée dans les grèves de la faim (…), qui a commencé dans les prisons, et s’est répandue dans toutes les parties du Kurdistan et dans le monde, et au moment où la résistance des mères a atteint le sommet, nous accueillons la Journée de la langue kurde, une des raisons importantes pour cette résistance. Ces sacrifices protègent la langue kurde et toutes nos valeurs saintes, et de ces significations, nous félicitons le leader [Abdullah Ocalan], tout notre peuple résistant et tous nos camarades à l’occasion de la Journée de la langue kurde.
 
Le 15 mai 1932, le magazine Hawar fut publié par Celadet Bedir Khan, et fut considéré comme une étape importante dans l’écriture latine. Par conséquent, à partir de 2006, le 15 mai a été considéré comme la fête de la langue kurde.
 
L’un des faits prouvés par les recherches linguistiques, historiques et archéologiques est que la langue kurde est l’une des plus anciennes langues de l’histoire humaine. Si le peuple kurde a historiquement réussi à préserver sa langue malgré les attaques, les persécutions et l’occupation, c’est en raison des racines profondes de cette langue. Notre monde et le grand penseur Ehmedê Xanî (Ahmed Khani) l’ont confirmé.
 
L’ordre mondial qui contrôle le monde aujourd’hui n’agit pas en fonction des faits de la vie, mais nie plutôt ces faits. Par exemple, les Nations Unies n’agissent pas selon la mentalité de « la nation et du peuple, mais selon la mentalité de l’État et de l’autorité. S’il avait été fondé sur le principe des peuples et des sociétés, le peuple kurde, avec sa langue et sa culture, en aurait été membre. Le peuple kurde qui était divisé en quatre pays du Moyen-Orient, s’est répandu dans de nombreux pays du monde et avait une diversité culturelle en termes de langue et de dialectes avec une population de 40 millions d’habitants est soumis à des politiques de déni et de génocide. Cela prouve l’essence et la réalité de l’ordre international dont nous parlons. (…)
 
La phrase « Je ne peux pas parler dans ma propre langue, l’écrire et la comprendre » n’a plus de sens. S’il s’agit de culture et de langue, notre attitude, notre travail et nos efforts doivent être de trouver une solution et de prendre une position historique. Au contraire, nous serons comme quelqu’un qui apporte de l’eau au moulin des régimes d’occupation.
 
Par conséquent, une position sérieuse doit être prise à partir des mots du leader Oclan disant : « Le langage est le corps, la culture est le corps, la géographie est le corps, alors gardez votre corps ».
Cette étape de la vie, à laquelle notre lutte a abouti par le biais de résistances et de sacrifices historiques, nous impose des responsabilités historiques, à savoir préserver, saluer et développer notre culture et notre langue plus que jamais, et nous efforcer d’intégrer notre culture et notre langue à la culture mondiale.
C’est pourquoi nous félicitons nos camarades qui font une résistance historique et félicitons notre peuple à l’occasion de la Journée de la langue kurde. Nous appelons chacun à développer et à maintenir la culture et la langue kurdes non pas en ce jour de l’année, mais tout au long de l’année. »
 

Le sénateur français : Nous soutenons les Kurdes dans cette action courageuse

0
FRANCE – Dans une lettre adressée Yüksel Koç, co-président de KCDK-E en grève de la faim à Strasbourg depuis 148 jours, Guillaume Gontard, a déclaré que les Kurdes luttaient contre l’isolement et a ajouté qu’il était de leur côté.
 
Solidarité avec la résistance de la grève de la faim
 
Dans sa lettre, Gontard souligne que la résistance à l’isolement était « courageuse ». Le sénateur français s’est dit sensible à la question de la grève de la faim et de la répression des Kurdes, en particulier du HDP, et a rappelé qu’il avait reçu une lettre du député emprisonné Ferhat Encu. Le sénateur a également exprimé sa solidarité avec les grèves de la faim qu’il suit depuis le début, le 17 décembre.
 
« Je tiens à réitérer mon soutien total à cette initiative kurde, militante et courageuse pour la cause du peuple kurde », a déclaré le sénateur, ajoutant que les injustices dans le monde devraient cesser.
 
Appel à la communauté internationale
 
S’adressant à la communauté internationale, Guillaume Gontard a déclaré : « Les violations injustifiables des droits fondamentaux du peuple kurde doivent cesser dès que possible. La communauté internationale devrait immédiatement prendre des mesures pour assurer la protection des peuples en danger sur la base du respect des conventions internationales. »
 
Appel particulier aux gouvernements français et européens
 
Le sénateur Gontard s’est surtout adressé aux gouvernements français et européens qui restent silencieux face aux violations commises par l’Etat turc.
 
Il a ajouté que la France et les autres pays européens devraient jouer un rôle en élevant leur voix auprès de la Turquie.
 
Gontard a conclu sa lettre en réitérant la nécessité d’une unité d’action afin de pousser les gouvernements à exercer des pressions sur la Turquie et de l’exhorter à cesser les attaques contre les Kurdes dans les pays du Moyen-Orient.
 
 

Leyla Qasim : féministe et militante kurde pendue à l’âge de 22 ans en Irak

0

Le 12 mai 1974, le régime sanguinaire du dictateur irakien, Saddam Husein, a pendu Leyla Qasim, une activiste et féministe kurde qui militait pour les droits des Kurdes et des femmes dans un Kurdistan colonisé. Près de 45 après son meurtre, Leyla Qasim est considérée comme l’une des femmes les plus respectées de l’histoire du peuple kurde. Son portrait orne les murs de nombreux foyers kurdes et les lieux publics au Kurdistan.

 Résultat de recherche d'images pour "Leyla Qasim"
Leyla Qasim est née en mai 1952 à Xaneqin, au Kurdistan du Sud (nord de l’Irak). Elle est la fille de Dalaho Qasim et de Kanî qui avaient 5 enfants. Les Qasim étaient des paysans vivant dans une grande pauvreté, dépendant des rations alimentaires et des vêtements. Leyla et son frère, Chiyako, ont appris l’arabe par leur mère quand ils avaient six et huit ans. Leyla a fréquenté l’école primaire et secondaire dans sa ville natale – Xaneqin. Elle est partie s’installer à Hewler à 14 ans. En 1971, elle est allée à Bagdad et a étudié la sociologie à l’Université de Bagdad. Leyla était la membre fondatrice du syndicat des étudiants kurdes. Elle a un impact significatif sur les étudiants kurdes de l’Université de Bagdad. Leyla militait pour l’égalité, les droits des femmes et la sensibilisation à la question kurde.
 
Quand Leyla avait seize ans, Abdul Rahman Arif fut renversé par le chef du parti Baas, le général Ahmed Hassan al-Bakr. Leyla fut frappée par la prise de contrôle violente dans la capitale. À la fin des années 1960, Leyla et Chiyako ont écrit des brochures sur les horreurs du parti Baas, dont le nouveau chef, Saddam Hussein, qu’ils ont décrit comme étant contre l’indépendance kurde.
 
Leyla et ses camarades ont été arrêtés à la suite d’une vaste opération des anciennes troupes irakiennes et elle a été reconnue coupable de séparatisme. Pendant son incarcération, elle a été torturée et soumise aux traitements les plus inhumains. Mais elle n’a jamais rien avoué et a toujours été fidèle au mouvement de libération kurde. Finalement, elle a été pendue après un long procès, diffusé dans tout l’Irak.
 
Leyla Qasim fut la première femme à être exécutée en Irak et la quatrième prisonnière politique au monde à être exécutée. Leyla et ses quatre camarades Jawad Hamawandi, Nariman Fuad Masti, Hassan Hama Rashid et Azad Sleman Miran furent exécutés à Bagdad, le 12 mai 1974.
 
Leyla est considérée comme un symbole national et une force morale pour les nouvelles générations qui ont rejoint le mouvement de résistance kurde. Leyla a été exécutée, mais des milliers de fillettes nées au Kurdistan reçoivent encore aujourd’hui le prénom de Leyla.
 
Leyla Qasim est devenue le thème de nombreux poèmes et chansons kurdes. En exécutant Leyla et ses camarades, le régime Baas espérait l’éradication du mouvement de libération kurde, mais l’exécution de Leyla était un début pour de nouveaux Leyla. Une Leyla a été exécutée, mais des milliers de Leylas sont maintenant à l’avant-garde de la résistance kurde qui combat les puissances occupantes au Kurdistan et ne s’arrêteront pas avant de triompher.
 
Ecrit par Kurdo Challi, en hommage à Leyla Qasim

TURQUIE : Libération de l’enseignante qui avait été emprisonnée pour avoir dit « Les enfants ne doivent pas mourir »

TURQUIE, AMED – Ayşe Çelik, l’enseignante qui avait été emprisonnée pour avoir dit « les enfants ne doivent pas mourir » à la télévision alors que l’armée turque commettait des massacres dans les villes kurdes, a été libérée hier.

Hier, la Cour constitutionnelle turque (AYM) a statué sur le cas de l’enseignante Ayse Çelik et a déclaré que la liberté d’expression de Çelik avait été violée.

L’AYM a ordonné que l’affaire de Çelik soit jugée de nouveau.

Ayşe Çelik, une enseignante de Diyarbakır, avait appelé une émission populaire, « Beyaz Show », par téléphone le 8 janvier 2016, à un moment du conflit armé dans la région kurdes de la Turquie entre les forces turques et des combattants kurdes.

« Êtes-vous au courant de ce qui se passe dans le sud-est de la Turquie ? Des enfants à naître, des mères, des gens sont tués ici … Les choses qui se passent ici ne se reflètent pas sur les écrans de télévision ou sur les médias. Ne vous taisez pas … regardez, écoutez et prêtez-nous la main. C’est dommage, ne laissez pas ces gens, ces enfants mourir; ne laissez plus les mères pleurer », avait dit l’enseignante, en référence aux victimes civiles du conflit en cours.

Çelik a été condamnée à 15 mois de prison en vertu de l’article 7/2 de la loi antiterroriste pour « propagande d’organisation terroriste », le 26 avril 2017.

Bianet

Affaire Mawda, ou la chasse aux migrants, dont des kurdes, en Europe

BELGIQUE, Il y a un an, le 17 mai 2018, une fillette kurde de 2 ans avait été tuée par un policier belge lors d’une course-poursuite. Elle s’appelait Mawda et elle se trouvait avec ses parents et d’autres migrants à l’arrière d’une fourgonnette sur l’A42, à Maisières, près de Mons, en Belgique. Son meurtre illustre la chasse impitoyable faite migrants en Europe.
 
Le 8 mai dernier, une conférence sur l’affaire Mawda a été organisée par la Ligue des droits humains un an après ce meurtre. Gulistan Ozer, une jeune belgo-kurde a pris la parole pour la communauté kurde à l’ouverture de la conférence. Elle lance un cri du cœur pour que cesse la chasse aux migrants qui ne sont coupables que de vouloir échapper à la guerre ou à la misère qui sévit dans leurs pays. (Pour plus d’infos concernant l’affaire Mawda, voir le site Justice pour Mawda Le 17 mai, une commémoration aura lieu au cimetière multiculturel d’Evere-Schaerbeek à 14 heures, suivie d’une manifestation le lendemain, 18 mai, près du lieu où Mawda a été tuée.)
 

Voici son discours ( voir la vidéo ici) :

« Bonsoir à toutes et tous,

 
Je tenais avant tout à remercier la Ligue des droits humains de m’avoir invitée ce soir pour faire l’introduction de la soirée mais aussi et surtout exprimer la manière dont ce drame a été vécu dans la communauté kurde.
 
Je ne suis pas la mieux placée pour parler de l’affaire d’un point de vue juridique mais ça me tenait vraiment à cœur de prendre la parole en tant que jeune femme d’origine kurde.
 
Mawda était une enfant de deux ans dont la vie a été arrachée prématurément en mai 2018. Son crime ? Ne pas avoir eu les bons papiers… En fait, oui, c’est cela, une histoire de papiers…
 
Nous vivons dans un monde où des frontières ont été tracées par les hommes pour rendre légale ou non la présence de certaines personnes sur des dits territoires. Vous me direz certainement que celles-ci n’ont pas été tracées que pour cela. Certes mais ça n’empêche que ça reste l’une des raisons principales.
 
Il est important et nécessaire de prendre conscience des raisons pour lesquelles les individus quittent leur pays ; la pauvreté, l’oppression, la guerre, la famine, une orientation sexuelle ou une identité de genre non conformes à la norme hétéro-patriarcale,… Dans les cas de figure cités précédemment, deux possibilités s’offrent aux individus: partir ou mourir !
 
En parallèle, des individus de pays du Nord s’expatrient pour étudier ou trouver un travail dans lequel ils gagneront plus d’argent. S’ils ne quittaient pas leur pays de naissance, il n’y aurait aucun de risque de mort.
 
Dans un cas, la migration des personnes est criminalisée et dans l’autre, elle est vue très positivement… La politique du deux poids, deux mesures !
 
Et oui, vous l’aurez compris, nous vivons dans un monde dans lequel les êtres humains sont placés sur une échelle de légitimité à quitter leur pays.
 
Pour en revenir à Mawda, la communauté kurde a été profondément choquée. Choquée de la perte de cette jeune enfant mais aussi de l’utilisation d’armes dans cette course-poursuite alors qu’il s’agit d’une pratique non-recommandée, choquée de la banalisation de cette mort par beaucoup, du déferlement de haine de la part de certains membres de la population, de la tentative d’étouffement de l’affaire et de la criminalisation de la part de certains politiciens, pour ne pas citer de noms. Il y a des vies qui valent moins que d’autres malheureusement, Mawda en a été un énième exemple.
 
En ce qui concerne les émotions ressenties par la plupart des Kurdes, il s’agissait avant tout d’incompréhension par rapport à l’utilisation d’armes contre un véhicule rempli d’êtres humains mais aussi de choc que cela soit arrivé ici, en Belgique, et non pas dans une zone de guerre. La colère et le sentiment d’injustice étaient très présents aussi car nous ne comprenions pas qu’on salue la lutte des Kurdes contre Daesh en Syrie et en Irak et qu’au même moment, on interdise l’accès au territoire à certains et certaines ayant osé rêver d’un lieu de vie plus sûr, plus paisible et dans lequel leurs libertés seraient davantage respectées.
 
Vous savez, naître Kurde n’est pas chose facile. En effet, pas un jour ne passe sans qu’il n’y ait une mauvaise nouvelle. Oppression, humiliations, tortures, viol, crimes pour notre simple identité. Tant d’injustices, d’horribles injustices et ce, souvent dans le silence complice voire même l’approbation des puissants de ce monde.
 
Il s’agit de la triste destinée du peuple kurde dont certains membres tentent de changer la trajectoire et ce, notamment en s’exilant.
 
La famille de Mawda désirait se rendre au Royaume-Uni afin d’y rejoindre de la famille. Malheureusement, ils furent stoppés avant et perdirent par la même occasion leur fille qui venait de fêter ses deux ans.
 
Aujourd’hui, le semblant de solution que la Belgique a offert à la famille est un visa humanitaire d’un an. Quel soulagement ! Elle a le droit de se recueillir sur la tombe de leur fille dont le destin a été brisé à cause d’un tir qui lui a été fatal pendant un an et ensuite, et bien la Belgique est incapable de donner une véritable solution à ces parents meurtris par la perte de leur enfant. Vous imaginez-vous abandonner votre enfant derrière vous ? Non et pourtant certains l’imaginent très bien pour ces parents.
 
Fort heureusement, tout n’est pas tragique dans cette histoire que je vous conte. J’ai parlé de la rudesse des propos de certains mais j’aimerais souligner toutes les beaux messages et les marques de soutien à la famille, les actions de solidarité comme l’affichage de vêtements de bébé aux fenêtres et cette marche blanche où nous avons toutes et tous, ensemble, main dans la main, sans nulle distinction, accompagné Mawda dans sa dernière demeure.
 
Ce fût un moment très émouvant où nous avons pu être aux côtés de la famille et avons fait passer le message au gouvernement que nous n’acceptons pas sa politique répressive à l’égard des migrants et migrantes.
 
Il est temps de stopper la criminalisation de la migration et la banalisation des morts.
Toutes et tous doivent avoir les mêmes droits, les droits humains et ceux-ci doivent être respectés.
 
Chaque mort sur le chemin de l’exil est une mort de trop. Ce soir, je tiens à saluer la mémoire de Semira Adamu étouffée, Mawda Shawri tuée par balles, Alan Kurdi retrouvé mort sur une plage turque, ce jeune garçon de 14 ans mort noyé avec son bulletin de notes et tous les migrants et migrantes anonymes qui meurent sur le chemin de leur Eldorado.
 
Merci. »

La Turquie a acheté des armes chimiques à l’Allemagne nazie pour le génocide de Dersim

0

De nouveaux documents [fuités probablement pour influencer le vote kurde à Istanbul] révèlent que le fondateur de la Turquie, Ataturk a acheté des armes chimiques à l’Allemagne nazie (1937) pour les utiliser dans le massacre des Kurdes alévis à Dersim.

Un membre d’HDP, Nesimi Aday a déclaré : « On savait que l’armée turque avait utilisé des armes chimiques contre des civils kurdes à Dersim, mais qu’on ne pouvait pas le prouver. Les derniers documents trouvés dans les archives présidentielles turques confirment l’utilisation de ces armes qui avaient été évoquées par par Nuri Dersimi dans son livre « Kurdistan tarihinde Dersim » en 1952″.

Dersim’de nazi gazı (« Gaz nazi à Dersim », article en turc)
 En plus de 20 tonnes de gaz toxique, la Turquie a acheté également des avions Heinkel à l’Allemagne nazie.
L’Etat turc a tué des dizaines de milliers de civils à Dersim, au Kurdistan du Nord, en 1937-38.
 

Le gaz toxique acheté à l’Allemagne nazie était : La moutarde au soufre (ypérite), le chlorure de phénacyle (chloracétophénone).

Des documents montrent qu’Atatürk ordonne que du gaz toxique soit transporté à Elaziz (Elazig) pour être utilisé contre des civils à Dersim, au Kurdistan. 

 
Atatürk prouve à Hitler que tuer des civils avec un gaz toxique n’est « pas un crime » en 1937, puis Hitler marche sur son chemin et fait exactement la même chose aux Juifs en Allemagne.
 
Kemal Ataturk a fait gazer les Kurdes alévis dans les grottes de Dersim, Adolf Hitler a fait gazer les Juifs dans les chambres à gaz d’Auschwitz.
 

L’ancien ministre turc des Affaires étrangères Ihsan Sabri Caglayangil a également avoué que l’armée turque avait utilisé des armes chimiques contre des femmes et des enfants piégés dans des grottes et avait exterminé toute la population de Dersim dans cette vidéo (en turc) : 

 
Une photo d’un soldat turc remplaçant le drapeau allemand d’Hitler par le drapeau turc sur un bombardier Heinkel He-111. L’Allemagne nazie a livré ses premiers avions (24 He 111F-1s) en 1937. Les attaques chimiques de Dersim menées par les mêmes avions Heinkel.
Ci-dessus, Sabiha Gokçen, la fille adoptive d’Atatürk, l’un des pilotes qui survolèrent le Dersim alors que l’aviation turque lâchait du gaz sur la population kurde. Un aéroport d’Istanbul porte son nom en l’honneur de son rôle de première femme pilote de chasse en Turquie.

D’une prison turque à Tate Modern : L’histoire de Zehra Dogan

0
D’une prison turque à la Tate Modern : L’histoire de l’artiste et journaliste kurde Zehra Dogan, lauréate du Prix Index Awards 2019, soutenue par Banksy et Ai Wei Wei.
 
Zehra Doğan a été libérée de prison le 24 février 2019. Elle a été emprisonnée pour un tableau qu’elle a adapté d’une photographie de l’armée turque où elle représentait des véhicules blindés dévorant des civils dans sa ville natale, Nusaybin. On lui a refusé l’accès à du matériel de peinture pendant son incarcération et elle a commencé à faire de la peinture à partir de fruits, d’épices et de sang, et a utilisé des journaux, des lettres et des draps de lit comme toile. Elle utilisait des plumes et ses cheveux comme pinceaux. Zehra a également enseigné à d’autres prisonniers à peindre et à utiliser des matériaux alternatifs. Sa situation a été remarquée par des artistes de renom : Banksy qui a peint une grande fresque murale pour elle à New York et Ai Wei Wei Wei qui lui a envoyé une lettre de solidarité. Doğan a récemment remporté le Prix Prix de Liberté d’Expression » 2019 dans la catégorie Arts décerné par « Index on Censorship Freedom of Expression » et est une artiste en résidence avec English Pen.
 
Lancez Riot : Qu’est-ce qui vous a motivé à commencer à critiquer la censure gouvernementale de l’art et les troubles politiques à travers vos peintures ?
Zehra Doğan : Je suis née au Kurdistan et les indigènes y sont témoins de beaucoup de choses dans leur vie. Depuis 1923, le pays a été divisé en quatre avec des frontières faites de fils barbelés et de mines terrestres. Tous ceux qui sont originaires de ce pays grandissent en connaissant et en vivant la guerre. En général, les gens de cette région produisent des œuvres d’art et des histoires qui décrivent la guerre et, en tant qu’artiste et journaliste née là-bas au moment des affrontements, le thème principal de mon art a toujours été la guerre. Je vivais dans un endroit constamment bombardé et des centaines de personnes que je connaissais sont mortes. Les gens ont été désensibilisés par les affrontements et les morts autour d’eux. Les reportages que j’ai écrits n’ont eu aucun effet. J’ai décidé que la seule façon d’exprimer l’immense tragédie qui se déroule autour de moi serait de peindre. Toute mon expérience dans la vie m’a motivé à peindre. Ma ville étant complètement détruite, je n’ai rien trouvé d’autre.
 
RR : Quels artistes ont le plus inspiré votre style de peinture, et qu’en est-il de leur style et de leurs messages qui ont inspiré les messages que vous vous efforcez de communiquer à travers votre art aujourd’hui ?
 
Zehra : Tous les artistes m’inspirent parce que l’art de chacun raconte une histoire différente. Par exemple, Goya a décrit la guerre dans un endroit et à une époque où il n’y avait ni caméras ni enregistrements. Si un artiste comme Picasso n’avait jamais représenté « Guernica », nous ne saurions même pas qu’il existe. Grâce à Frida Kahlo, nous avons pu vivre ce qui se passait au Mexique. Tous les tableaux réalisés par ces artistes décrivent également leur façon de penser politiquement. Je suis très inspirée par l’artiste René Magritte dont la peinture d’une pipe avait écrit « ceci n’est pas une pipe », ce qui la rend très philosophique. Les artistes qui combinent la philosophie et l’art m’inspirent le plus parce que, pour moi, la vie est une combinaison des deux.
 
En tant qu’artiste, vous ne transmettez souvent pas directement votre message, mais moi si. Par exemple, je peins généralement des femmes avec de grands yeux pour montrer leurs expériences dans la vie et ce dont elles ont été témoins. Dans un de mes tableaux, Dorşîn, je représente un enterrement où des femmes aux grands yeux portent le corps d’une autre femme. Les femmes ont un sourire et je l’ai rendu très coloré pour que ce soit comme si c’était un mariage. Mes peintures sont vibrantes et colorées parce que je veux donner un contexte à la douleur et à l’obscurité dans les vies humaines.
 
RR : Comment le public a-t-il réagi pour la première fois à votre art, et comment y réagit-il aujourd’hui ?
 
Zehra : J’ai commencé à partager mes peintures sur les réseaux sociaux [et] j’ai reçu beaucoup d’insultes car j’illustrais la guerre. Ceux qui insultaient mon travail étaient principalement des soldats et des policiers. J’ai souvent dessiné des gens qui ont été tués, et je recevais des menaces sur les réseaux sociaux en disant que quelque chose de semblable m’arriverait. Cependant, je voyais cela comme quelque chose de positif parce que mon art avait un effet. J’ai aussi été emprisonnée car les autorités détestaient mes peintures mais, parce que j’étais emprisonnée, j’ai reçu la solidarité internationale. Des artistes comme Banksy et Ai WeiWei ont entendu mon histoire et m’ont soutenu. J’ai reçu des messages de gens du monde entier me faisant savoir que mon art les avait éclairés sur les atrocités commises en Turquie. Bon nombre des messages que j’ai reçus de personnes s’excusaient aussi parce qu’elles ne savaient pas que de telles choses se produisaient. Mes peintures ont donc commencé à se répandre et les gens ont commencé à les apprécier davantage. C’est grâce à des organisations comme Index on Censorship, English Pen, Pen International et IWMF qui m’ont soutenu et m’ont donné une voix que j’ai eu la même solidarité que lorsque j’étais en prison.
 
RR : Quels sont les thèmes centraux que vous essayez de transmettre à travers votre art aujourd’hui, et comment ces thèmes ont-ils changé au fil du temps ?
 
Zehra : Les thèmes principaux de mes peintures aujourd’hui sont les femmes et la guerre. Parce que je peins ce dont je suis témoin, plusieurs de mes thèmes n’ont pas beaucoup changé avec le temps.
 
RR : Pendant que vous étiez en prison, qu’est-ce qui vous a motivé à continuer votre travail malgré les limites auxquelles vous étiez confronté, et comment vous êtes-vous motivé à continuer à produire de l’art ?
 
Zehra : Quand on m’interdit de faire quelque chose, cela m’inspire à le faire davantage. Si la peinture n’avait pas été interdite en prison, je n’aurais peut-être pas peint autant […]. Être emprisonnée était un test pour moi en tant qu’artiste. Je me suis dit : « Je suis une artiste, je dois le faire ». Je me suis aussi demandée : « Suis-je une artiste qui ne peint que lorsqu’elle en a l’occasion, ou suis-je une artiste qui a une position politique d’opposition ? » J’ai travaillé dur pour réussir ce test en tant qu’artiste, et je l’ai réussi. Ils ont interdit la toile et la peinture, mais comme toile j’ai utilisé des vêtements, des journaux et des draps de lit, et comme peinture j’ai utilisé des feuilles de roquette, des curcuma et autres épices, et mon propre sang menstruel.
 
RR : Comment représentez-vous et défendez-vous les droits des femmes dans vos œuvres d’art ? Quels problèmes liés aux droits des femmes décrivez-vous dans vos œuvres d’art ?
 
Zehra : Je ne dépeins pas les femmes comme étant opprimées ou pitoyables parce que je sais que les femmes sont fortes et je veux montrer cette force. Parfois les femmes sont illustrées de façon érotique mais j’essaie de le faire différemment en peignant la dignité des femmes.
 
RR : Pourquoi le gouvernement turc voit-il vos œuvres d’art comme une menace ?
 
Zehra : Le gouvernement turc voit mon art comme une menace parce que je peins ce qu’ils ont fait. Je peins leur honte. En conséquence, ils détestent mon art mais je n’ai pas d’autre choix, le gouvernement turc m’a donné tellement de matériel pour travailler avec lui. Le gouvernement n’aime pas mon art parce qu’il documente et est la preuve de leur destruction – il en va de même pour mon écriture.
 
Pour les artistes d’aujourd’hui, la Turquie est un pays fertile pour produire de l’art parce qu’il y a tant de sujets qui peuvent être illustrés.
 
RR : Comment avez-vous inspiré et soutenu des artistes qui s’opposent également au gouvernement turc ?
 
Zehra : Je pense que l’inspiration serait un mot trop audacieux pour cela. Nous avons été affectés en tant que prisonniers et nous avons été affectés les uns par les autres, ce qui a eu pour résultat un type d’art différent qui n’aurait probablement pas vu le jour si nous n’avions pas été emprisonnés. Je dirais aux détenus que n’importe qui emprisonné peut faire de l’art. Faire de l’art est facile, c’est comme trouver la beauté dans la vie et la rendre plus esthétique. J’ai rencontré des détenus à qui j’ai parlé et qui ont commencé à avoir leurs propres expositions. J’ai même motivé des enfants emprisonnés à peindre. Les détenus ont commencé à comprendre que l’art est une forme d’expression et se sont efforcés de trouver des alternatives pour le produire. Si vous n’avez pas de peinture, utilisez du sang menstruel ou des légumes. Si vous n’avez pas de pinceau, faites-en une avec vos cheveux. Ils ont vu, à travers moi, que c’était possible et c’était mon but : faire des alternatives et protester à travers l’art. J’ai maintenant des gens autour de moi qui pensent la même chose. Je suis sûr que les enfants qui ont commencé à peindre en prison seront des meilleurs artistes que moi dans 10 ans.
 
Quand je sortais de prison, les enfants venaient me voir et me montraient leurs tableaux. Un jour, j’espère créer un atelier à Mardin (ma ville), pour que les gens puissent y aller et apprendre à peindre gratuitement. Ils apprendront à quel point c’est simple et n’auront plus besoin de moi pour leur apprendre après un certain temps. L’art est, vraiment, très simple. L’art a été commercialisé comme étant quelque chose de divin et inatteignable de sorte qu’il serait précieux, mais il est fondamental et n’importe qui peut le faire. L’art a de la valeur parce qu’il est fondamental, comme l’amour, tout le monde a de l’amour et nous apprécions l’amour de la même manière que tout le monde peut faire de l’art ce qui le rend précieux.
 
RR : Quel a été l’impact de votre expérience en prison sur votre œuvre d’art ? Comment votre expérience a-t-elle donné une voix plus forte aux messages que vous essayiez de faire passer dans vos œuvres d’art ?
 
Zehra : Mon expérience en prison m’a appris qu’il n’y a aucune excuse pour l’art. J’ai appris que les objets n’ont pas un seul usage. La purée de tomates peut donner un meilleur goût aux aliments, mais elle peut aussi être utilisée comme peinture. Même le vêtement le plus intime comme les sous-vêtements peut être une toile. Je ne l’ai pas découvert en étant intelligente, mais c’est quelque chose qui est même transmis par nos mères qui utilisent ingénieusement des vêtements usés comme chiffon de nettoyage. Le sang menstruel m’a montré ses nombreux buts. C’est quelque chose qui a été considéré comme « dégoûtant » pendant des milliers d’années. J’ai été emprisonnée et étiquetée comme terroriste, ce qui a également été considéré comme « dégoûtant » par le gouvernement. J’étais considérée comme dégoûtante quand j’avais mes règles. Ainsi, lorsqu’une terroriste étiquetée vient avec une femme qui a ses règles, vous produisez alors un autre type d’œuvre d’art. Je n’aurais jamais pensé que j’exposerais les choses dégoûtantes que l’État a faites par le biais d’un médium comme le sang menstruel.
 
RR : Pouvez-vous nous parler de votre installation à la Tate Exchange ?
 
Zehra : J’aurai une exposition à la Tate Exchange du 21 au 25 mai avec trois autres artistes. L’événement intitulé « Qui sommes-nous » est organisé par Counterpoints Arts et The Open University avec des artistes et des activistes.
 
En tant que journaliste couvrant les affrontements dans les villes kurdes de Turquie, de 2015 à 2016, j’exposerai des objets que j’ai recueillis et qui ont été laissés sous les décombres des bâtiments détruits. À travers ces articles, je raconterai l’histoire des gens afin que cette pièce m’aide à mettre en valeur mon travail en tant qu’artiste et journaliste. L’une des pièces les plus touchantes qui sera exposée est un tapis coloré brûlé. Le tapis représente tous les habitants du pays : Turcs, Kurdes, Arabes, etc. Les gens sont tous beaux quand ils sont ensemble, mais pas quand ils sont divisés. Cependant, le tapis est brûlé, ce qui montre que sur la terre, nous avons été divisés et brûlés. Il y aura aussi des vêtements qui font partie de l’identité des gens – comment ils les valorisent et les définissent. Les vêtements qu’ils ont dû laisser derrière eux ont été brûlés et sous les décombres, ce qui montre qu’ils sont morts. Les visiteurs de l’exposition seront accueillis par ces cadavres.
 
 

TURQUIE. « Le gouvernement doit déclarer la fin de l’isolement pour que les grèves de la faim prennent fin »

0
TURQUIE – AMED – Les députés HDP qui sont en grève de la faim illimitée depuis des mois ont déclaré que le gouvernement devait déclarer la fin de l’isolement afin que les grèves de la faim prennent fin.
 
Leyla Güven, Dersim Dağ, Murat Sarısaç et Tayip Temel, quatre députés du Parti démocratique des peuples (HDP), qui ont entamé une grève de la faim illimitée pour exiger la fin de l’isolement du dirigeant kurde Abdullah Öcalan, ont publié un communiqué après que les avocats d’Öcalan ont annoncé l’avoir rencontré à la prison d’Imralı le 2 mai.
 
Voici le communiqué des députés du HDP :
 
« Après huit ans, M. Öcalan a eu une réunion avec ses avocats. Cette réunion est historique et d’une grande importance. Cependant, cela soulève aussi la question suivante : « Dans quel genre de pays vivons-nous en nous sentant heureux d’une visite d’avocats qui a été arbitrairement et illégalement interdite jusqu’à présent ? ». C’est vrai, nous vivons tous un bonheur doux-amer. Les corps fondent pour faire en sorte que cette réunion ait lieu. 8 jeunes ont mis fin à leur vie pour que cette visite ait lieu. Nos mères sont traînées dans la rue tous les jours pour que cette rencontre ait lieu, pour que cet État mette en application ses propres lois, pour que les lois soient égales pour tous.
 
Comme l’a souligné M. Öcalan dans son dernier message, « une profonde réconciliation sociale est nécessaire dans ce processus historique que nous vivons. Nous pouvons résoudre les problèmes en Turquie, et même dans la région — d’abord et avant tout la guerre — avec le soft power ; c’est-à-dire avec intelligence, pouvoir politique et culturel au lieu d’outils de violence physique. »
 
Nous nous sommes battus pour faire en sorte que des messages aussi importants atteignent l’opinion publique. Il est évident que dans un environnement où l’isolement est totalement aboli, M. Öcalan apporterait d’autres contributions remarquables à la démocratisation et à la paix dans le pays et la région.
Nous sommes préoccupés par le fait que cette rencontre avec Öcalan a eu lieu (…) sans donner la moindre assurance que les pratiques [d’isolément] d’Imralı prendront fin. C’est pourquoi notre résistance se poursuit avec détermination.
 
La chose la plus importante que l’on attend du gouvernement en ce moment est qu’il déclare à l’opinion publique la suppression totale de l’isolement. Une telle déclaration contribuera non seulement à la démocratie de la Turquie, mais servira également de pas en avant pour mettre fin aux grèves de la faim en cours. »
 
ANF

TURQUIE : Les nouvelles élections à Istanbul et les spéculations sur le vote kurde

0
TURQUIE – Le 6 mai, le Conseil électoral suprême turc (YSK) a décidé d’annuler les élections municipales d’Istanbul du 31 mars qui avaient été remportées par l’opposition CHP.
 
L’YSK a pris sa décision suites aux recours extraordinaires déposés par l’AKP (le parti au pouvoir dont Erdogan est le président) pour de nouvelles élections locales à Istanbul et dans son district de Büyükçekmece (et par le MHP pour le district de Maltepe). L’YSK a annoncé que les nouvelles élections auraient lieu le 23 juin prochain.
 
Maintenant, tous les regards sont tournés de nouveau vers l’électorat kurde d’Istanbul qui avait voté en masse pour le candidat de l’opposition, Ekrem Imamoglu, le 31 mars dernier.
 
Depuis l’annonce d’YSK, les spéculations vont bon train quand à savoir si cette fois-ci les électeurs kurdes à Istanbul voteront pour le parti d’Erogan.
 
Pourquoi de telles spéculations ? Tout simplement, le pouvoir turc a laissé les avocats d’Abdullah Ocalan, le dirigeant kurde emprisonné sur l’île prison d’Imrali, de le rencontrer de nouveau le 2 mai, après 8 ans d’interdiction absolue.
 
Le dirigeant historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Ocalan est emprisonné depuis 1999 sur l’île prison d’Imrali. Les autorités turques l’ont soumis à un isolement carcéral aggravé avec l’interdiction de rencontrer ses avocats depuis juillet 2011 et ses proches depuis 2016.
 
Une grève de la faim initiée en novembre 2018 par la députée kurde d’HDP, Leyla Guven dans la prison d’Amed – pour briser l’isolement imposé à Abdullah Öcalan et le retour aux pourparlers de paix entre le gouvernement turc et le PKK pour la résolution pacifique de la question kurde – a fait tache d’huile en Turquie avec plus de 7 000 prisonniers politiques qui ont rejoint l’action. D’autres militants et responsables kurdes ont également rejoint la grève de la faim dans de nombreux pays du monde.
 

Quel rapport entre Ocalan et les élections à venir à Istanbul ?

Le YSK a annoncé sa décision quelques heures après l’annonce des avocats d’Ocalan qui ont tenu une conférence de presse annonçant leur rencontre avec leur client qui aurait eu lieu le 2 mai dernier…

 
Cette coïncidence est certes troublante, mais penser que le gouvernement turc d’AKP peut obtenir le vote des millions de Kurdes par l’autorisation d’une simple visite à Ocalan c’est prendre les Kurdes pour des idiots sans conscience politique.
 
Les Kurdes luttent depuis des décennies pour obtenir leurs droits élémentaires dans une Turquie qui nie même leur existence et qui pense les dompter à coup de massacres.
 
Le parti politique de gauche, HDP (Le Parti démocratique des peuples) – déclaré « parti pro-kurde » à cause de ses membres majoritairement kurdes et sa lutte pour défendre les droits des Kurdes, mais pas exclusivement, a rallié le soutien des millions de Kurdes depuis sa création en 2013.
 
Dès les élections législative de 2015, le HDP a prouvé qu’il était le parti clé dans le paysage politique turc. A l’époque, avec ces dizaines de députés, il avait fait perdre la majorité parlementaire au parti d’Erdogan. Depuis, l’AKP mène une guerre sans merci à HDP et à ses électeurs kurdes. Les arrestations en masse des responsables d’HDP, la destruction des localités kurdes de Cizre, Sur, Nusaybin, Sirnak, Silopi… entre 2015 et 2016 sont étroitement liés aux défaites électorales d’AKP dans les urnes.
 
Lors des élections municipales du 31 mars, le HDP n’a pas présenté de candidats dans les grandes villes de la Turquie a fin de faire barrage à l’alliance d’AKP – MHP. Ainsi, l’électorat d’HDP a fait perdre plusieurs grandes villes turques, dont Istanbul, Ankara, Izmir, Antalya… à l’AKP en votant pour les candidats présentés par le parti de l’opposition CHP.
 
Pourquoi les Kurdes ne voteront pas pour l’AKP ?
 

L’Etat turc refuse toujours de reconnaître les droits élémentaires des Kurdes, des milliers de leurs représentants – dont Selahattin Demirtas – croupissent dans les prisons turques depuis plus de 2 ans. Leurs représentants qui ne sont pas en prison sont pourchassés partout où ils se trouvent.

Les demandes des grévistes de la faim ne sont toujours pas acceptées.

La Turquie menace toujours d’envahir d’autres régions kurdes en Syrie et que le canton d’Afrin reste sous l’occupation de la Turquie et des ses mercenaires islamistes. Dans ces conditions, il est impossible que les Kurdes votent pour l’AKP qui est leur bourreau actuel.

 
Ceux qui avancent ce genre d’inepties sont les nationalistes turcs qui se nourrissent de la haine et du sang des Kurdes depuis la création de la Turquie en 1923…