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Kışanak : Nous sommes les femmes qui ne peuvent être faites prisonnières

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« La notion de « 8 mars, pas qu’un seul jour » est un slogan puissant qui peut mettre fin à la fois aux féminicides et à la guerre ainsi qu’au régime autoritaire réactionnaire. Le moment est venu de renforcer les rangs et d’intensifier la lutte contre le pouvoir et l’énergie que nous tirons d’ici pour être la principale réponse. Il est maintenant temps de jeter un pont sur la route de la paix en portant le flambeau de la liberté et de l’égalité, de le brûler le 8 mars et au Newroz. Nous, les femmes qui ne peuvent être faites prisonnières, serons (…) à vos côtés, avec nos tililis, nos chants et notre govend (ronde dansante). »
 
TURQUIE / BAKUR – Gültan Kışanak, qui est retenue en captivité dans une prison de la Turquie depuis quatre ans, a déclaré qu’il s’agissait « des femmes qui ne peuvent pas être prises en otage ».
 
Les femmes s’apprêtent à descendre dans la rue pour célébrer le 8 mars. Bien que le ministre turc de l’intérieur Süleyman Soylu ait interdit cette année la célébration à Istiklal Caddesi à Istanbul, où la marche traditionnelle des femmes a lieu chaque année, les femmes sont déterminées à aller jusqu’au bout de la marche.
 
ANF a interrogé l’ancienne co-maire d’Amed, Gültan Kışanak, détenue dans la prison de Kocaeli depuis 2016, sur le processus politique actuel, la situation en prison, le système de coprésidence, la signification du 8 mars, la Journée internationale des droits des femmes.
 
« Le devoir d’inverser ce processus antidémocratique ne doit pas être laissé aux seules femmes. Le mouvement des femmes devrait également jouer un rôle qui encourage et donne aux forces démocratiques le pouvoir d’agir ensemble », a déclaré Kisanak.
 
Les meurtres de femmes ont augmenté, il y a des controverses sur la subsistance. Comment évaluez-vous le processus que la Turquie traverse en ce moment du point de vue des femmes ?
 
En termes de droits et de libertés démocratiques en général, la Turquie traverse une période troublée. Cependant, les résultats de ce style d’administration autoritaire sont bien plus dévastateurs pour les femmes, en raison de l’exaltation de l’autorité et du pouvoir ; de l’élimination de la plus petite opposition par la force ; de la déclaration de ce qui dit le contraire comme un traître. Cette mentalité crée une atmosphère qui exalte la domination masculine et légitime la violence masculine contre les femmes qui tentent de contrôler leur vie.
 
La fermeture des institutions féminines, le procès des coprésidents, l’interdiction des activités des femmes, les attaques contre les femmes qui sortent dans la rue et veulent faire une déclaration à la presse, tout cela est le résultat du régime autoritaire général. Nous pouvons compter des dizaines d’interventions politiques effectuées par le pouvoir.
 
Parlant de deux poids deux mesures, l’opposition est en prison depuis des années alors que les hommes qui violent, blessent ou menacent les femmes marchent dans les rues.
 
Une situation plus dangereuse est l’abandon de la Convention d’Istanbul, qui traite et prend en charge le mariage des enfants, les pensions alimentaires et la prévention de la violence domestique.
 
Comment évaluez-vous l’attitude du mouvement des femmes face à ces attaques ? Les réactions sont-elles suffisantes ? Comment parvenir à une position commune plus forte ? Quels sont les obstacles ? Comment les surmonter ?
 
La position du mouvement des femmes face à cette vague d’oppression et d’intimidation de longue date n’a pas été retirée de la rue. Cette position a été une source de force et de moral pour nous. Je pense que la résistance des femmes de cette période prendra sa place dans l’histoire de la lutte des femmes.
 
La tâche de renverser ce processus antidémocratique ne doit pas incomber aux seules femmes. Le mouvement des femmes devrait également jouer un rôle qui encourage et ouvre la voie aux forces démocratiques pour qu’elles agissent ensemble. Les femmes, les jeunes, les travailleurs, les pauvres, les différentes identités et croyances, tous les groupes opprimés, s’ils peuvent adopter une position commune dans la lutte pour les droits, la loi, la liberté et la paix, cette mauvaise tendance peut être arrêtée.
 
Pourquoi la coprésidence est-elle importante pour les femmes ? Est-elle suffisamment défendue ?
 
La coprésidence est la plus importante réalisation de la lutte pour l’égalité des sexes. Tout d’abord, c’est une méthode qui brise la passivité enseignée aux femmes, qui les fait se considérer comme des sujets et les encourage à poursuivre leurs rêves, qui développe le sentiment de « femme qui peut le faire » et qui donne du pouvoir aux femmes. Une autre dimension consiste à résoudre le problème de l’inégalité entre les sexes. Il ne s’agit pas d’opposer les différents sexes, mais d’apprendre à établir ensemble une relation démocratique et égalitaire.
 
La raison la plus importante de l’inégalité entre les sexes est que les hommes ne voient pas les femmes sur un pied d’égalité. Afin de briser la mentalité dominée par les hommes qui définit les femmes sur le plan émotionnel, les voit incomplètes et inadéquates, il faut un niveau dans lequel elles ont des devoirs et des responsabilités égales. C’est ce que propose la coprésidente. La deuxième dimension de la coprésidence consiste à démocratiser la politique. Une conception de la politique et du gouvernement qui exclut de la politique et des mécanismes de décision les femmes qui constituent la moitié de la société ne peut être démocratique. Depuis des milliers d’années, ce sont les hommes qui décident à la place des femmes. Pour que les femmes soient une entité autonome, elles doivent avoir la possibilité de décider d’elles-mêmes et de leur avenir. La coprésidence donne aux femmes ce pouvoir, tout en ouvrant la voie à une essence démocratique de la politique et de la gestion.
 
La troisième dimension de la coprésidence concerne également la société. Là encore, pendant des milliers d’années, la mentalité dominée par les hommes a saisi la société et détruit le caractère démocratique de la société naturelle. Elle s’est transformée en un réflexe social selon lequel les femmes doivent vivre avec les hommes. En fait, les règles sociales qui doivent protéger le droit à l’égalité sont façonnées en fonction de cette pré acceptation (domination masculine). Corriger cette erreur est une étape importante pour répondre à l’essence démocratique de la société. La quatrième dimension de la coprésidence est que la gestion montre qu’il ne s’agit pas d’établir / de dominer le pouvoir, mais que la gestion est une question de « coordination ».
 
Alors, comment passez-vous vos journées en prison ?
 
La prison est un espace qui vise à déshumaniser. Pour les individus qui en sont conscients, au contraire, elle se transforme en un espace où l’on se déplace vers la créativité, où l’on rêve sans limite, où l’on fonctionne de façon autonome, où l’on renforce sa volonté, où l’on ouvre de nouvelles fenêtres sur le monde de l’émotion et de la pensée. Par conséquent, le temps ne suffit pas aux personnes. Vivre sans routine et sans modèles abandonnés procure aux gens une joie incroyable lorsqu’ils réussissent. Même le fait de pouvoir se faire entendre de ses amis en criant donne aux gens le plaisir de briser l’isolement. Ou de cuisiner dans un samovar, de tricoter à l’aide de stylos … Surtout pour ne pas avoir de soucis lors de la lecture des livres, lire chaque ligne est un plaisir incroyable.
 
Les préparatifs d’occasions spéciales comme le 8 mars, font que l’effort de chacun pour participer est si important qu’il donne des capacités musicales même à ceux qui n’ont jamais essayé de chanter dans leur vie. En bref, la mentalité autoritaire à dominante masculine ne fait rien de sage en nous mettant en prison.
 
Quel est votre message aux femmes pour le 8 mars ?
 
Toutes les femmes célèbrent la Journée internationale des femmes travailleuses le 8 mars. Je souhaite que la volonté et la posture des femmes se reflètent dans les rues et sur les places pour mener un nouveau processus. Nous, les femmes, ne pouvons répondre à toutes les attaques contre notre corps, notre identité, notre volonté, notre travail et notre existence qu’en renforçant la solidarité et l’organisation entre les femmes.
 
La notion de « 8 mars, pas qu’un seul jour » est un slogan puissant qui peut mettre fin à la fois aux féminicides et à la guerre ainsi qu’au régime autoritaire réactionnaire. Le moment est venu de renforcer les rangs et d’intensifier la lutte contre le pouvoir et l’énergie que nous tirons d’ici pour être la principale réponse. Il est maintenant temps de jeter un pont sur la route de la paix en portant le flambeau de la liberté et de l’égalité, de le brûler le 8 mars et au Newroz. Nous, les femmes qui ne peuvent être faites prisonnières, serons sur la place, à vos côtés, vous avec nos zilgit, nos chants et notre govend (ronde dansante).
 

8 mars. Peace in Kurdistan solidaire des femmes kurdes

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Peace in Kurdistan, le collectif œuvrant pour la paix au Kurdistan, a publié un communiqué à l’occasion u 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, exprimant sa solidarité avec toutes les femmes kurdes, au Kurdistan, et dans la diaspora, et toutes celles qui sont engagées dans la lutte pour la libération et pour leurs droits démocratiques justes.
 
Voici le communiqué de Peace in Kurdistan :
 
« Nous nous tenons aux côtés de toutes les femmes qui luttent pour la justice et l’absence de violence de l’État, qui sont si souvent à l’avant-garde des mouvements de libération mondiale.
 
En ces temps tragiques où le conflit kurde-turc a bel et bien enflammé la Syrie, la lutte du peuple kurde pour sa véritable libération reste plus urgente que jamais. Face à la violence systématique et à l’oppression de l’État, les voix et l’activisme des femmes kurdes sont parmi les plus forts et les plus intrépides du mouvement populaire de masse qui a émergé au cours des dernières décennies.
 
Elles paient si souvent le prix le plus élevé. Des femmes politiques ont été délibérément prises pour cible pendant le conflit, par exemple, Hervin Khalaf, secrétaire générale du parti Avenir de la Syrie, politicienne et diplomate très respectée, qui a été assassinée par des mercenaires soutenus de la Turquie en Syrie en octobre 2019.
 
Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Soylemez qui ont été brutalement assassinées à Paris en 2013, toutes des femmes inspirantes qui avaient joué un rôle de premier plan dans la double lutte des femmes kurdes contre le patriarcat et la répression de l’État turc de leur culture, linguistique et politique Confronter à la fois la violence étatique et la violence de genre demande beaucoup de courage; ces femmes formidables n’ont jamais manqué de démontrer leur capacité à relever le défi et leur exemple inspire les autres à les imiter maintenant et à l’avenir.
 
Nous saluons les combattantes kurdes qui ont joué un rôle central dans la lutte contre l’attaque de Daech (ISIS) et nous souvenons avec douleur des femmes qui ont été réduites en esclavage, à la fois celles qui ont été libérées et celles qui n’ont pas encore été trouvées. Nous salue le courage des femmes du Rojava qui ont lutté pour la création d’une société démocratique inclusive et équilibrée entre les sexes. Leur auto-administration est devenue un modèle pour tous les peuples qui cherchent à reconstruire une nouvelle société fondée sur la justice sociale pour tous.
 
Le Mouvement des femmes kurdes est une source d’inspiration pour les femmes du monde entier et nous honorons sincèrement leur énergie et leur courage remarquables alors que nous célébrons la Journée internationale de la femme en 2020. »
 
 

ROJAVA. Les déclarations d’Assad concernant les Kurdes sont un suicide politique

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SYRIE / ROJAVA – « Assad dit qu’il n’y a pas de question arménienne, pas de question syriaque, pas de question kurde et bien sûr ni de question druze ni de question sunnite. (…) Alors, quel est le problème en Syrie, peut-on le savoir ? »
 
Foza Yûsif, membre du conseil d’administration du Parti de l’Union démocratique (PYD), a commenté les dernières déclarations du président syrien Bachar al-Assad qui a ignoré les Kurdes en disant « en Syrie, il n’y a pas de problème kurde ».
 
Foza Yûsif a fait ces commentaires dans le cadre d’une émission spéciale de Ronahi Tv où elle a répondu aux questions de Mihemed Seydî.
 
Yûsif a déclaré : « [Au Moyen-Orient] il y a tellement de guerres et de conflits chaotiques. Ce que dit le président syrien est une répétition de ce qu’il a dit auparavant. Nous connaissons bien ces déclarations (…). La raison de la guerre de 9 ans qui dévaste la Syrie est précisément cette mentalité et cette approche ».
 
Ces déclarations négationnistes sont une politique qui a échoué
 
Yûsif a ajouté : « La Turquie a quelque chose à voir avec ces déclarations. Connaissant la phobie des Kurdes que la Turquie a, voici un message pour elle, Assad dit, rapprochons-nous sur certaines questions. C’est une politique très classique et c’est aussi une politique qui a échoué, qui est condamnée à s’effondrer. Ce n’est pas une politique qui apporte une solution à la Syrie. Dans ses déclarations, Assad dit qu’il n’y a pas de question arménienne, pas de question syriaque, pas de question kurde et bien sûr ni de question druze ni de question sunnite. (…) Alors, quel est le problème en Syrie, peut-on le savoir ? ».
 
Yûsif poursuit : « Ignorer et nier les problèmes est en fait un suicide politique. En même temps, aborder les problèmes de cette manière conduit à plus d’interventions étrangères et fait de la Syrie un second Irak. De telles déclarations contiennent des signes négatifs plutôt que l’espoir d’une solution.
 
La phrase « le cas kurde est un cas imaginaire » est une phrase qui complète celle d’Erdogan qui dit : « Si vous n’y pensez pas, il n’existe pas ». Les deux phrases ont en fait un dénominateur commun, qui est le déni ».
 
Si vous niez l’existence d’un peuple, ce peuple a le droit de résister
 
Yûsif a continué : « Si vous niez un peuple, ce peuple a le droit de résister. Cela conduit à une situation encore pire en Syrie. C’est pourquoi ce sont des mots qui méritent qu’on s’y attarde. Nous devons tous agir de manière responsable. Qu’est-ce qui a causé la mort de centaines de milliers de personnes en Syrie et la migration de millions de personnes ? Cette politique de déni a provoqué une révolte. Où la révolte a-t-elle commencé ? Elle a commencé à Dera. Il y a eu un déni du peuple arabe là-bas. Le problème n’est donc pas le même que dans les déclarations faites.
 
Les Kurdes ne sont venus de nulle part. Les Kurdes étaient sur cette terre, ils sont nés ici, ils ont grandi ici. Pour savoir combien de temps nos racines sont ici, laissons cela aux historiens. Nos origines sont en Mésopotamie tout au long de l’histoire. Mais nous n’avons jamais dit que ce sol n’était que le nôtre. Nous agissons sur la base de l’unité des peuples. Nous croyons que c’est l’unité des peuples qui assurera l’unité de la Syrie ».
 
Nous luttons pour une solution démocratique
 
Une fois de plus, Yûsif a réitéré: « Nous luttons pour une solution démocratique. Nous l’avons dit bien avant l’arrivée des États-Unis. Nous sommes pour la solution politique et l’unité de la Syrie. Nous disons la même chose depuis le début. Nous l’avons dit pendant que nous progressé et libéré chaque jour des lieux, et nous le disons aujourd’hui face à l’occupation turque.
 
Nous n’avons invité aucune force étrangère en Syrie. Si le régime syrien s’était battu contre Daech, l’Amérique ne serait pas venue. Par exemple, pendant la guerre de Kobanê, l’Etat islamique a attaqué avec des chars syriens. Pourquoi? Parce que l’armée syrienne n’a pas résisté à Daech et Daesh nous a attaqués avec leurs chars. « 
 
Nous avons eu plus de 500 martyrs à Serêkaniyê
 
Yûsif a insisté: « Nous n’avons donné aucune raison aux États-Unis de venir ici, ni aucune raison à la Russie. Il en va de même pour la Turquie. M. Bashar Assad a affirmé que nous n’avions pas tiré une seule balle contre la Turquie. Quelque chose pour vous laisser étonné, en fait …
Nous avons résisté pendant 2 mois à Afrin, nous avons donné plus d’un millier de martyrs. Nous avons donné plus de 500 martyrs à Serêkaniyê. À ce jour, nous n’avons pas vu un seul avion envoyé par la Syrie pour Idlib. Nous avons donné 11 mille martyrs contre l’Etat islamique, mais il peut facilement dire que nous n’avons tiré aucune balle. « 
 
Les déclarations provoquant une rupture émotionnelle doivent être évitées
 
Yûsif a terminé ses remarques en disant: « Si nous n’avions pas résisté comme nous l’avons fait, aujourd’hui Damas serait soit la capitale du califat d’Abubakir al-Bagdadi, soit la capitale de Tahrir al-Sham. Si nous n’avions pas résisté, avec Raqqa et Deir Ez -zor ils auraient aussi pris Damas.
 
La chose qui provoque la plus grande réaction chez les gens est le déni. Des précautions doivent être prises à cet égard. Assad doit agir avec un sens des responsabilités. Les déclarations provoquant une rupture émotionnelle doivent être évitées. »
 
ANF

BAKUR. 63,2% des Kurdes au seuil de la famine, 87,1% des femmes au chômage

TURQUIE / BAKUR – Les résultats des recherches effectuées dans les régions kurdes du Sud-Est de la Turquie (Bakur) sur le statut socio-économique des femmes sont tragiques : 63,2% des Kurdes vivent au seuil de la famine tandis que 87,1% des femmes kurdes sont au chômage.
 
Le centre de recherche « Sosyo Politik Saha Araştırmaları Merkezi » a réalisé un travail de terrain centré sur la situation socio-économique auprès de 6 907 femmes à Diyarbakır, Van, Mardin, Batman, Siirt, Bitlis, Şırnak, Iğdır, Şanlıurfa, Ağrı, Bingöl, Muş, Hakkâri ve Kars, Ardahan et Dersim, au Kurdistan du Nord, en novembre 2019. 34,1 % des femmes interrogées étaient âgées de 25 à 34 ans, 24,1 % de 35 à 44 ans et 3,1 % de 18 à 24 ans. La proportion de participantes âgées de 18 à 34 ans, qui sont considérés comme des groupes de jeunes, était de 57,2 %.

Les résultats des recherches montrent encore une fois que les Kurdes sont les parias en Turquie. En effet, 63,2% des Kurdes vivent avec des revenus de 0 à 2 mille livres turques qui correspondent au seuil de la pauvreté fixé par l’Institut de la statistique de la Turquie (Türkiye İstatistik Kurumu – TÜİK).
 
Les femmes kurdes frappées de plein fouet par la pauvreté
 
Un autre point important qui sort de ce travail de terrain, c’est le chaumage massif des femmes kurdes avec 87,1% d’entre-elles qui ne travaillent dans aucun emploi salarié. En revanche, elles sont presque toutes des esclaves domestiques assumant l’intégralité du travail domestique, non rémunéré, non reconnu par la société. Un drame absolu qui montre que l’autonomie des femmes kurdes et celle du peuple kurde sont intimement liées, mais que les femmes sont les première victimes des politiques anti-kurdes de l’Etat turc.
 
La structure familiale kurde modifiée en profondeur
 
Les réponses des participants concernant le nombre de personnes vivant dans le ménage montrent également que la structure familiale kurde surpeuplée est atomisée. En effet, 65,9% des participants sont des ménages de 4 à 7 individus, 15,5% de 1 à 3, 6,5% de 8 à 11, 2,1% sont des ménages avec 12 personnes et plus. Cela montre la fin de la vie traditionnelle kurde où jadis 2 à 3 générations vivaient dans le même foyer.
 
Les diplômés et les non-diplômés logés à la même enseigne
 

Selon l’étude, qui a tenté d’obtenir des données sur la relation entre l’âge et l’éducation entre le mariage et l’emploi, 88,4 % des femmes analphabètes du groupe de recherche sont des « travailleuses [non rémunérées] à domicile », 5 % sont « inaptes à travailler », 4,4 % sont « au chômage », 88,3 % des femmes qui savent lire et écrire mais qui sont sans diplômes sont des « travailleuses [non rémunérées] à domicile », 4,9 % sont « au chômage » et 2,6 % sont « inaptes à travailler ».

Selon les résultats sortis des recherches, une grande partie des femmes qui n’ont pas été inscrites et qui ont pu fréquenter l’école secondaire sont positionnées dans la vie sociale comme « travailleuses [non rémunérées] à domicile » ; 27,1 % des femmes ayant obtenu le baccalauréat sont « au chômage », 24,9 % sont « fonctionnaires », 17,9 % sont « étudiantes » ; 36,4 % des femmes ayant fait des études supérieures sont « fonctionnaires », 21,2 % sont « travailleuses [non rémunérées] à domicile » et 15,2 % sont « étudiantes ».

« Le plus grand problème, c’est la question kurde et le chômage »

A la question « Selon vous, quel est le plus gros problème en Turquie ? », 31,8% des femmes qui ont participé à l’étude ont dit «l’économie / le chômage», 20,4% «le problème kurde», 15,9% «la violence et un environnement conflictuel», 9,8% «l’absence de démocratie», 7,3% «le gouvernement», 5,9% «l’absence d’opposition politique», 4% «le nouveau système politique / le système présidentiel», 2% «la politique étrangère», 1,5% « autre », 0,3% « DAECH / ISIS » et 0,2% « le nationalisme [turc]».

Via l’agence Mezopotamya

Image via TJA Wan

 

Non à la suppression de la page Kurdistan au féminin !

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Facebook avait supprimé le 6 avril 2018 la précédente page « Kurdistan au féminin » (KAF), qui avait près de 60 000 abonnés, juste par ce qu’elle parlait des Kurdes et des injustices dont ils sont victimes dans les quatre parties du Kurdistan. Aujourd’hui, Facebook nous a averti qu’à cause de nos publications qui ne seraient pas conformes à ses standards [apologie du terrorisme car on a relayé une info où il était question du leader kurde Abdullah Ocalan], il allait supprimer notre page. Bien que Facebook ne le dise pas ouvertement, pour nous, la suppression de KAF a été manigancée par les nervis du pouvoir turc directement. En effet, le site Kurdistan au féminin est banni en Turquie sur décision de la « justice » turque.

En agissant ainsi, le pouvoir turc admet la force de « Kurdistan au féminin » et nous montre que nous sommes sur la bonne voie. Bien sûr, nous n’allons pas parler des nombreuses menaces « anonymes » venant des trolls turcs qu’on a reçues via Facebook…
 
Facebook a suspendu notre précédente page en prétextant qu’elle ne respectait pas les standards de la communauté de Facebook suite aux signalements de devinez qui. Aujourd’hui, Facebook est revenu en force en nous déclarant qu’à cause du « non respect » [répété] des standards de Facebook, il allait supprimer notre page. Qu’est-ce que FB nous reproche ? Que nous parlions du barrage Ilisu qui inonde la ville antique d’Hasankey, parler de Sakine Cansiz, du leader kurde Ocalan, du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK)…
Pour nous, Facebook veut nous faire taire car nous dérangeons le pouvoir turc étant donné que nous informons de manière efficace l’opinion publique internationale sur les violations des droits du peuple kurde en Turquie, au Kurdistan et partout dans le monde où la Turquie intervient…
 
Facebook ne va pas s’arrêter en si bon chemin et peut de nouveau supprimer notre page pour plaire au pouvoir turc qui veut notre peau. Mais il ne peut pas nous empêcher de crier haut et fort qu’en agissant ainsi, il se rend complice de l’Etat turc dans sa guerre de censure visant ses opposants et les Kurdes en Turquie et dans le monde. Il a déjà supprimé notre ancienne page mais n’a pas réussi à nous faire taire. Si jamais notre nouvelle page est supprimée, on reviendra encore plus déterminées qu’avant.

Nous sommes les femmes fières du Kurdistan, les sœurs de Zarife Xatun, Leyla Qasim, Sakine Cansiz, Leyla Guven, Zehra Dogan… La censure de Facebook et les attaques terroristes turques ne font que renforcer notre conviction de savoir que notre travail est utile pour tous les peuples du Moyen-Orient.
A bas la censure !

Vive le droit à l’information !

Au delà des lignes du front, la construction du système démocratique de la Syrie du Nord et de l’Est

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SYRIE / ROJAVA – L’invasion du territoire syrien par la Turquie, le 9 octobre 2019, a entamé un nouveau chapitre de la Guerre Civile syrienne et ouvert de nouvelles arènes aux jeux politiques des pouvoirs régionaux et internationaux.
 
Au moment où les Forces armées turques (TAF) et leurs milices franchissaient la frontière, soutenues par des frappes aériennes et d’artillerie, il est devenu plus urgent de répondre à la question : « Qu’est-ce qui est en jeu dans le nord et l’est de la Syrie ? » L’attention des médias internationaux dirigée vers le nord et l’est de la Syrie a mis en lumière la « trahison » des États-Unis envers les Forces démocratiques syriennes (FDS) et le coût civil catastrophique de l’invasion. Pourtant, pour bien comprendre l’assaut de la Turquie sur la Syrie du Nord et de l’Est, il est nécessaire de comprendre le caractère social et politique unique du système que les Forces démocratiques syriennes se battent pour protéger.
 
Les institutions civiles qui composent ce système social et politique – avec lequel les FDS sont alignées – cherchent à offrir une nouvelle orientation politique au Moyen-Orient en présentant un modèle d’organisation qui se décrit comme révolutionnaire. Le projet politique s’organise à travers le système d’ « autonomie démocratique confédéraliste », issu initialement du Mouvement pour les droits kurdes au sein des régions à majorité kurde du Nord de la Syrie – généralement appelé le Rojava. Cependant, il s’est depuis élargi pour inclure les régions à majorité arabe, ces zones ayant été libérées de l’État islamique par les FDS. Ce projet politique a jeté les bases d’une société démocratique multi-ethnique basée sur l’égalité de genre, la régénération écologique et un pouvoir décentralisé et local. Des milliers de militant·e·s, chercheurs, chercheuses et professionnel·le·s internationales et Syrien·ne·s sont venu·e·s dans la région pour soutenir et rejoindre le travail des institutions locales. Alors qu’elle en est encore à ses débuts et reste ouverte à des critiques valables – en ce qui concerne un certain nombre d’incohérences et de lacunes – la « révolution du Rojava » a fait un bout de chemin et démontré la viabilité de ses structures.
 
Ce rapport décrit les structures politiques et sociales de la Syrie du Nord et de l’Est, et le contexte social et historique qui les façonnent. Nous expliquons l’évolution des institutions depuis le développement de l’autonomie en 2012 ainsi que l’expansion et l’adaptation de ces institutions suite à la libération de régions auparavant sous contrôle de l’État islamique, de 2016 à 2019. Bien que nous mettions en évidence les écarts entre la théorie et la pratique, l’objectif de ce rapport n’est pas d’évaluer si le projet politique en Syrie du Nord et de l’Est a été un « succès », mais de décrire la situation telle qu’elle se présente et ce qu’elle tend à devenir. Quelques parallèles peuvent être établis avec le système des caracoles des zapatistes au Chiapas (Mexique) et des projets à plus petite échelle comme le projet confédéraliste municipal FEJUVE à El Alto, en Bolivie. Cependant, à bien des égards, le système de la Syrie du Nord et de l’Est s’aventure dans un territoire politique inexploré. Ayant déjà survécu plus longtemps et réalisé plus que ce que beaucoup d’observateurs attendaient, sa trajectoire future ne peut être anticipée. Par conséquent, une analyse du système politique doit nécessairement s’aventurer sur le terrain de l’idéologie et de l’histoire afin de rendre la compréhension du système plus accessible à ceux et celles qui s’y intéressent.
 
L’invasion turque a menacé la survie du projet, en particulier dans les régions occupées de Tel Abyad (Giré Spi), Seré Kaniyé (Ras Al-Ain) et la campagne environnante, ainsi que dans la région d’Afrin, qui a est occupée par la Turquie et ses mercenaires depuis 2018. Cependant, malgré une couverture médiatique acharnée cherchant à prouver le contraire, les institutions politiques et sociales restent intactes, fonctionnelles et autonomes dans tout le reste du nord et de l’est de la Syrie. Les interviewé·e·s locales ont souligné leur volonté de poursuivre le travail de construction du système politique même s’ils et elles continuent de se défendre des attaques turques.
 
Au moment de la publication – deux mois après le début de l’invasion – il y a des signes que, bien que secouées et poussées à bout, les institutions locales et les gens continueront à développer le projet politique qui a pris racine dans le nord et l’est de la Syrie.
 
Le dossier complet à télécharger ici
 
Par Rojava Information Center
 
 
 

LYON. L’importance de resté mobilisé pour Tuna ALTINEL

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LYON – Lors d’une réunion / débat sur le massacre des civils kurdes à Cizire en 2015, le Comité Lyonnais pour la Libération de Tuna Altinel a rappelé l’importance de rester mobiliser pour que le mathématicien tenu en otage en Turquie puisse revenir à Lyon où il enseignait.
 
Voici le compte-rendu de la réunion fait par les Amitiés Kurdes de Lyon et Rhône Alpes :
 
« Jeudi 27 février 2020, le Comité Lyonnais pour la Libération de Tuna Altinel organisait une réunion débat au Palais du travail de Villeurbanne. Cette soirée fut une réussite puisque ce sont 85 personnes qui y participèrent.
 
Cette initiative était proposée un an (presque jour pour jour) après une initiative identique qui s’était elle-même déroulée à Villeurbanne. En 2019 en effet, l’association Amitiés Kurdes de Lyon avait organisé une réunion d’information sur les crimes de guerre commis par l’armée turque dans la ville de Cizre au Kurdistan de Turquie. Ce soir-là, Tuna Altinel, de nationalité turque et enseignant- chercheur depuis plus de 20 ans à l’Université Lyon 1, avait servi d’interprète franco-turc. En représailles, profitant d’un de ses séjours auprès des sien s dans son pays, l’Etat turc l’avait arrêté, maintenu en prison 80 jours et lui avait confisqué son passeport, lui interdisant ainsi de rentrer en France pour poursuivre son enseignement et ses recherches en mathématiques.
 
Les organisations Amitiés Kurdes de Lyon, Association France Kurdistan 69, Comité universitaire de soutien à Tuna Altinel, Ensemble ! 69, Espace Culturel Mésopotamie, FSU 69, Gauche Républicaine et Socialiste 69, Génération.s 69, Ligue des droits de l’homme 69, Libre Pensée 69, NPA 69, Parti Communiste Français 69, Parti de Gauche 69, UD CGT69, CNT 69, Union Syndicale Solidaires 69, parties prenantes du COMITÉ LYONNAIS POUR LA LIBÉRATION DE TUNA ALTINEL ont voulu avec cette manifestation :
 
– Susciter un débat et un travail de mémoire sur les événements qui ont eu lieu, apporter notre soutien au peuple kurde de Cizre et d’ailleurs.
 
– Participer à la mobilisation pour la paix en Turquie au côté des Universitaires pour la Paix et de tous les démocrates qui payent de leur liberté leur engagement.
 
– Renouveler leur soutien et leur solidarité à Tuna Altinel
 
Devant un large public, c’est d’abord le sénateur Gilbert-Luc Devinaz qui ouvrait la soirée en apportant à Tuna et à notre initiative le soutien de la mairie de Villeurbanne, rappelant les démarches entreprises par quelques élus auprès du gouvernement (et particulièrement auprès du ministère des Affaires Etrangères) pour demander au gouvernement et à la « justice » turque l’abandon des poursuites contre Tuna et la restitution de son passeport. Car il est à noter que si Tuna a été acquitté des accusations portées contre lui le 24 janvier 2020, le procureur s’est pourvu en cassation, ce qui a annulé le jugement d’acquittement et interdit toujours la restitution de son passeport.
 
Après l’intervention de l’élu villeurbannais, un membre d’Amitiés Kurdes de Lyon a rappelé les faits dénoncés, à savoir l’assassinat en 2016, par l’armée et les forces spéciales turques de plus de 170 hommes, femmes et enfants dont les corps furent retrouvés calcinés dans les caves de trois immeubles de la ville de Cizre. Ces victimes étaient des civils et non des combattants : il s’agit donc bien là d’un crime de guerre qui est resté impuni à ce jour…
 
Puis un représentant du Comité Universitaire de soutien à Tuna Altinel (constitué à l’initiative de ses collègues universitaires), au moyen d’un vidéo- reportage, donna la parole à Tuna. Ce fut un moment très fort de la soirée. Dans cette vidéo, Tuna rappelait d’abord les faits qui l’avaient amené à dénoncer les crimes de l’armée turque. Et dans un deuxième temps, le reportage nous donna à entendre (et voir) la déclaration de Tuna à ses juges lors de son procès, intervention toute de fermeté, de courage, de dignité et de détermination : non, il ne regrette rien, non, il ne retire rien de ses déclarations, oui, il continuera à se battre pour la paix, pour la démocratie, pour la liberté d’opinion et d’expression, toutes valeurs actuellement bafouées et piétinées par le gouvernement d’Erdogan en Turquie.
 
L’émotion était palpable lorsque Faysal Sarıyıldız prit la parole. Ces propos furent traduits du Turc par un membre d’Amitiés Kurdes de Lyon. Faysal était député du HDP (Parti Démocratique des Peuples) de Cizre lors des évènements auquel il assista « en direct ». Son témoignage fut encore un grand moment d’émotion, d’autant qu’à son propos il ajoutait la projection de photos sur le sens desquelles on ne pouvait se tromper (et il faut préciser que les photos les plus « explicites » nous furent épargnées par souci de ne pas tomber dans le sensationnalisme…).
 
L’intervention de Faysal fut suivie d’un long et enrichissant débat avec le public. Malheureusement, l’heure tournant, la prestation attendue du musicien et chanteur Adem Kantekin dut être raccourcie… sous les applaudissements du public qui était resté nombreux.
 
AUJOURD’HUI PLUS QUE JAMAIS, LA SOLIDARITÉ AVEC TUNA ALTINEL RESTE À L’ORDRE DU JOUR. »

Les jeunes femmes de Dersim dans le viseur de l’Etat turc

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TURQUIE / BAKUR – Selon des témoignages recueillis par l’agence de presse Mezopotamya, des membres des forces spéciales turques rôdent autour des foyers pour étudiantes à Dersim, agressent et violent des jeunes femmes. Pour chaque fille piégée, ils se disent entre eux : « Nous avons tué une autre Kurde ».
 
On annonce que ces cas de viols auxquels les femmes sont confrontées dans la ville sont une politique spéciale mise en place par l’Etat turc pour détruire la société kurde.

 

La province kurde de Dersim est de nouveau à l’ordre du jour avec les cas de harcèlement et de viol de femmes et d’enfants et la disparition de Gülistan Doku, étudiante à l’Université de Munzur. On rapporte que des sergents spécialisés qui attendent constamment avec leurs véhicules devant les foyers pour étudiantes de Tunceli et celui d’Ehlibeyt communiquent avec les étudiantes via les réseaux sociaux. Des sergents des forces spéciales turques, qui travaillent dans un réseau systématique et organisé, auraient dit « Nous avons tué une autre Kurde » pour chaque étudiante qu’ils ont piégée. Les étudiantes qui ont été victimes de harcèlement et de viol de sergents spécialisés auraient quitté l’université, la ville ou se seraient suicidées.
 
Une étudiante qui a été violée dans la ville récemment aurait été transportée à l’hôpital et une bourse lui aurait été attribuée pour éviter qu’elle porte plainte, tandis que le sujet des «étudiants qui ont avorté» est constamment évoqué dans les foyers d’étudiantes. Les étudiantes qui réagissent contre les agissements et font des demandes légales sont systématiquement renvoyées sans réponses.
 
On annonce que ces cas de viols auxquels les femmes sont confrontées dans la ville sont une politique spéciale mise en place par l’Etat turc pour détruire la société kurde.
 

Via l’agence MEZOPOTAMYA

Le message du 8 mars des YPJ depuis le front de Til Temir

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SYRIE / ROJAVA – Les combattantes, qui ont résisté aux attaques de l’État turc et de ses mercenaires sur le front de Til Temir, célèbrent le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes.
 
À l’occasion de la Journée internationale de la femme du 8 mars, l’ANF a tourné son objectif vers les combattantes qui résistent sur le front de Til Temir.
 
Xemlin Zechariah, membre kurde du Conseil militaire de Til Temir originaire d’Afrin, a déclaré que les attaques d’invasion menées par l’État turc se poursuivent et a ajouté: « Les combattantes répondent aux attaques. L’ensemble du front où nous sommes déployées est composé de femmes combattantes. C’est le front le plus proche de l’ennemi. Avec cette conscience, nous apportons aujourd’hui la réponse nécessaire aux attaques de l’ennemi. »
 
La combattante arabe Beritan Cudi, de Til Temir, a déclaré qu’elle avait rejoint la lutte pour protéger son peuple. « Notre résistance mettra fin à l’occupation. L’État turc nous appelle « terroristes », mais ce sont nous les enfants de cette terre. Ce sont eux qui attaquent notre terre. Notre devoir est de protéger notre peuple contre toutes sortes d’attaques. »
 
Beritan Cudi a souligné qu’ils accueillaient le 8 mars sur le front de la résistance et en étaient fiers.
 
Rappelant la brutalité de l’État turc à Serêkaniyê et Girê Spî, une autre combattante Rumaf Amude a déclaré qu’ils n’oublieront jamais les larmes des mères et se battront jusqu’à ce que les envahisseurs soient expulsés.
 
Célébrant le 8 mars de toutes les femmes, Amûdê a déclaré: « Les combattantes passent tous les jours de l’année avec résistance et lutte. Dans aucune armée, les femmes ne sont impliquées à ce niveau. Par conséquent, en tant que combattantes, c’est une source de fierté pour nous de prendre part à cette résistance. »
 
Deniz Serêkaniye, de Serêkaniye, a également rappelé que les attaques brutales de l’État turc ne sont pas nouvelles. « Ils ont attaqué le peuple pendant des années. Cependant, au cours des 5 derniers mois, la Turquie a perpétré une brutalité sans bornes dans notre ville, libérant toute sa force technique. Ceci est contré par une résistance unique. »
 
Célébrant le 8 mars de toutes les femmes en lutte, Serêkaniyê a déclaré qu’elles feront de 2020 une année de succès.
 

Conférence : La place des femmes dans la société kurde

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GRENOBLE – A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l’Association Iséroise des Amis des Kurdes organise une conférence sur la place des femmes dans la société kurde, le dimanche 8 mars.
 
Après avoir rappelé l’histoire et l’évolution de l’empire ottoman suite aux traités de Sèvres et de Lausanne, et la situation des Kurdes, Maryvonne Mathéoud, co-présidente d’AIAK, éclairera le public sur la particularité de la place des femmes dans la société kurde. Elle relatera également ses rencontres avec les kurdes en France et en Turquie.
 
RDV le dimanche 08 mars, à 17h
Au siège du PCF de l’Isère
20 rue Eymile Geymard

La Turquie expulse le père et 2 frères de Çiçek Kobanê

TURQUIE / BAKUR – Trois proches de la combattante des YPJ, Çiçek Kobanê, qui a été capturée par les forces d’occupation turques lors de l’invasion du Rojava, ont été expulsés de Suruç vers Kobanê.
 
Trois proches de Çiçek Kobanê (Dozgin Temo), qui a été blessée et emprisonnée en octobre dernier au cours de l’invasion turque dans les zones autonomes du nord de la Syrie et détenue en Turquie en violation du droit international, ont été expulsés vers Kobanê.
 
Les policiers turcs ont pris d’assaut le lieu de travail de Salih Temo, le père de Çiçek Kobanê, et l’ont arrêté lui et ses fils Mahmut (15) et Mustafa (18) lundi dans la ville frontalière de Suruç, dans la province d’Urfa, au Kurdistan du Nord. Tous les trois ont ensuite été expulsés vers le nord de la Syrie via le poste frontière de Mürşitpınar, qui est fermé pour les passages frontaliers. Lors de l’expulsion extrêmement violente, presque tous les doigts de Salih Temo auraient été cassés par ses bourreaux.
 
Les autres membres de la famille, qui vivent à Suruç depuis l’attaque de DAECH / ISIS contre Kobanê en 2015, quitteront également la Turquie dans les prochains jours. On ne sait pas s’ils partiront volontairement ou si les autorités leur ont ordonné de partir.
 
Enlèvement de Çiçek Kobanê
 
La combattante des Unités de défense des femmes (YPJ) Çiçek Kobanê a été blessée et est tombée dans les mains de la milice djihadiste Ahrar al-Sham / Bataillon Darat Izza dans le village de Mishrefa près d’Ain Issa le 21 octobre. Le groupe Darat Izza a participé à l’invasion du Rojava aux côtés de la Turquie, partenaire de l’OTAN et de sa soi-disant « Armée nationale syrienne ». Des photos et des vidéos de la capture de Çiçek Kobanê sont apparues sur les réseaux sociaux, dans lesquelles les gangs ont annoncé l’exécution de la combattante.
 
Les djihadistes ont présenté la combattant des YPJ et ont crié: «À l’abattoir, à l’abattoir». Ce n’est qu’après les protestations internationales qu’elle a été transférée en Turquie. A cause de ses blessures à la jambe, elle ne peut pas se tenir seule et ne peut pas prendre soin d’elle-même.
 
Après sa capture, elle a été emmenée au département antiterroriste du siège de la police turque. En décembre, on a appris que le bureau du procureur général Urfa avait porté des accusations contre Çiçek Kobanê et au moins 98 autres prisonniers de guerre du nord de la Syrie. Ils sont accusés de « perturber l’unité et l’intégrité de l’État [turc] », « d’appartenir à une organisation terroriste armée » et de « tentative de meurtre intentionnel ». Ils sont tous détenus dans différentes prisons de la Turquie. Çiçek Kobanê est actuellement emprisonnée dans prison de haute sécurité d’Urfa.
 

Veysel Keser: «Avant que les oiseaux aussi nous quittent»

Appel à la paix et à la fraternité entre les peuples de Turquie, par Veysel Keser
 
Dans les œuvres littéraires de l’écrivain kurde Yaşar Kemal, une pensée envers le public a toujours prévalu, et il l’a réalisée en la combinant avec la pensée politique. Dans ses œuvres, il a essayé de ne pas rompre avec les valeurs humaines dans la poésie populaire, comme dans les épopées.
 
«A cette époque, des milliers d’oiseaux étaient gardés dans la plaine de Florya, des milliers d’oiseaux ont été emmenés à Istanbul, devant la mosquée Eyüp, la mosquée Yeni, le sultan Ahmed, Sainte-Sophie, le sultan Mihrimah, la mosquée Fatih; «Azat buzat, regarde-moi à la porte du ciel»… Les gens attaquaient les cages en rivalisant entre eux afin d’acheter un oiseau. À cette époque, les ornithologues amateurs d’Istanbul n’arrivait pas fournir assez d’oiseaux. Devant les synagogues des églises, on lisait des prières et libérer des milliers de oiseaux de leurs cages chaque jour et on regardait avec joie et espoir les joyeux oiseaux qui retrouvaient leur liberté.
A cette époque, l’aviculture était une activité très rentable pour les enfants. À cette époque, on ne pouvait pas dire que les gens étaient mieux, qui sait, mais ils étaient différents. Peut-être qu’ils aimaient plus les oiseaux. Peut-être qu’ils étaient remplis de déchirures, de plus de miséricorde et plus d’amour. Peut-être étaient-ils plus proches de la nature, qui sait… »
 
« L’humanité est-elle morte? » dis-je.
 
« Non, dit-il, elle n’est pas morte, mais quelque chose s’est passé, elle a dû resté coincée quelque part »
 
«Où est-elle ? »
 
« Les oiseaux sont partis », a-t-il dit. [extrait du roman « Alors, les oiseaux sont partis »]
 
Yaşar Kemal [Yachar Kemal – Kemal Sağdıkgöğceli] a déclaré que son point de vue politique et son art étaient parallèles et qu’il croyait aux «personnes et à la nature». Il nous a fait aimer ce grenadier par ses fissures dans l’écorce de l’arbre, l’écume de la Méditerranée, la perte d’érosion, la montagne, la pierre, le lézard, l’oiseau, la fourmi et surtout son bandit.
 
Cela nous a fait aimer la pluie, la neige, l’hiver, le printemps, l’été, l’automne, la femme, le blé, le coton, de ce pays…
 
La douleur, l’amour, l’épopée, la littérature, les ennuis de ce pays …
 
Il nous a fait aimer les gens de ce pays…
 
Un extrait d’İnce Memed (Mèmed le mince) ; Abdi Ağa télégraphie à Ankara et dénonce la cachette de Mèmed. Les gendarmes coincent Mèmed. Il y a des tires entre eux. Juste à ce moment, Hatçe accouche. Mèmed se rend pour sa femme et son enfant, mais Hatçe est abattue entre-temps. Le monde de Mèmed s’effondre. Il est libéré après une amnistie. Une amie de prison d’Hatçe prend l’enfant et l’emmène dans un village de Gaziantep.
 
Mèmed, qui tient Abdi Ağa responsable des événements, vient au village et tue Abdi Ağa. Les paysans qui sont satisfaits de cette situation feront la fête. Ensuite, Mèmed
chevauche son cheval en direction des montagnes et on n’a plus de nouvelles de lui depuis.
 
 
Depuis ce jour-là, les villageois de Dikenlidüzü brûlent les chardons avant de labourer la terre. À ce moment précis, une boule de lumière explose au sommet d’Alidağ, et elle reste allumée pendant trois jours et trois nuits.
 
Yaşar Kemal est venu à l’ordre du jour avec ses déclarations concernant la solution du problème kurde par des méthodes démocratiques, le dialogue et la paix.
 
À chaque fois, il n’a pas renoncé à insister sur la fraternité, la paix et l’égalité. Il a été jugé par des Tribunaux de sécurité de l’État (DGM). « La Turquie doit renoncer à assécher l’eau pour attraper le poisson … » disait-il.
 
«Jusqu’à cette époque, les cultures se nourrissaient les unes des autres, elles ne se détruisaient pas. Cependant, à notre époque, les cultures ont été délibérément utilisées pour détruire les cultures, par les impérialistes. Pour moi, le monde est un jardin culturel aux mille fleurs; Je suis d’avis que, même la disparition d’une fleur est une grande perte pour le monde.»
 
« Dans ma jeunesse, pendant mes années de journalisme, j’ai écouté les Turcs, les Kurdes et leurs souvenirs d’amour et d’amitié, qui ont combattu ensemble dans la guerre de libération. Aujourd’hui, leurs enfants et petits-enfants ne devraient pas accepter une telle guerre entre frères et sœurs. Ils ne l’acceptent pas. Cette guerre a pris un temps incroyablement long. Les Turcs et les Kurdes veulent que cette guerre prenne fin, je n’en doute pas. »
 
(…)
 
« Ô peuple turc, peuple kurde, tous les peuples qui font la richesse culturelle de ces terres, ma parole s’adresse à vous tous; J’ai appelé depuis plus de vingt ans à ce que tous vivent avec l’honneur, en paix dans ce pays…
 
Il est entre nos mains de sauver la dignité, le pain et la richesse culturelle de notre pays. Réunissons-nous avec nos esprits et nos cœurs pour établir un ordre démocratique approprié.
 
Ceci est un appel. Il s’adresse à vous. »
 
Il a renouvelé à chaque fois son insistance sur l’appel à la paix.
 
Dans son discours d’ouverture à la conférence «La Turquie est à la recherche de la paix», en tant que soutien actif, il a déclaré:
 
«Si les gens d’un pays choisissent une vie à vivre humainement, le bonheur et la beauté, cela passe d’abord par les droits humains universels, puis la liberté de pensée universelle et sans limites. Les populations des pays qui s’y opposent vivent comme des personnes qui ont perdu leur dignité au XXIe siècle et qui sont tombées dans des situations qui ne peuvent pas regarder l’humanité dans les yeux.
 
Soit une vraie démocratie, soit rien … »
 
Nous ne t’oublierons pas, maître de la paix, de la parole, du cœur humain, de la langue, Homère des Kurdes. Nous tisserons la paix avec les mots que que nous avons hérités de toi…