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La mère de Çiçek Kobanê: «Notre fille est détenue dans une prison turque dans des conditions inhumaines»

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SYRIE / ROJAVA – Suite à l’offensive turque lancée contre le Rojava en octobre 2019, les mercenaires de l’Armée nationale syrienne (ANS), ont kidnappé la combattante kurde Çiçek Kobanê lors de l’invasion de Serêkaniyê et Tel Abyad (Girê Spî). Çiçek Kobanê a ensuite été emmenée illégalement en Turquie où elle est emprisonnée depuis.
 
La ville de Serêkaniyê (Ras al-Aïn) qui a été libérée par les forces des YPG et prise au terroriste de Jabhat al-Nosra en 2013, a été occupée et est maintenant sous contrôle de l’Etat turc et du soi-disant l’ANS.
 
Le journaliste local Diyar Ahmed affirme que: « [Les factions de l’ANS] n’ont pas une structure bien organisée. Il y a 20 groupes armés dans la ville et ils se battent les uns contre les autres. (…) »
 
L’impact humanitaire de la guerre a été sévère. Il y a eu 250 000 personnes déplacées de leurs maisons, des dizaines de quartiers et des infrastructures cruciales ont été détruites par les bombardements et les frappes aériennes, et la perte irrémédiable de vies humaines.
 
Attaques de Serêkaniyê en octobre 2019
 
Le 17 octobre, le soi-disant «accord de cessez-le-feu» a été signé et annoncé à la suite des négociations américaines et turques. Cinq jours plus tard, un autre accord entre la Turquie et la Russie a été annoncé et la soi-disant «zone de sécurité» a été placée sous leur contrôle.
 
Néanmoins, les attaques turques contre le nord-est de la Syrie ne se sont pas arrêtées. Des crimes et des atrocités sont perpétuellement commis contre la population.
 
Chaque jour, des villages sont bombardés et des milliers d’hectares de champs sont brûlés. De nombreux civils ont été blessés et tués, dont de nombreux enfants. Dans cette région occupée, des maisons ont été pillées et des femmes kidnappées, violées et tuées.
 
L’Etat turc et ses mandataires djihadistes, à travers cette pratique barbare de nettoyage ethnique, forcent des changements démographiques dans la région et ouvrent l’espace à toutes sortes de groupes terroristes dans cette région.
 
Lors de cette occupation, la combattante des YPJ, Çiçek Kobane était au Rojava, dans sa patrie, lorsque la Turquie a envahi et occupé Gire Spî. Elle a été blessée et capturée le 21 novembre par l’un des groupes jihadistes alliés à la Turquie et envoyée dans une prison turque.
 
Ce fait prouve également le lien direct entre l’Etat turc et les groupes djihadistes. La vidéo de sa capture a été envoyée directement à sa famille et également diffusée sur les réseaux sociaux.
 
Çiçek Kobane avant d’être capturée
 
Nous avons mené un entretien avec sa mère qui, après 7 ans de vie en Turquie, est revenue dans le nord-est de la Syrie.

Que pouvez-vous nous dire sur la situation actuelle de votre fille et comment elle s’est retrouvée dans une prison turque?
 
Au début, nous n’avions aucune information depuis 4 jours et quand elle a disparu, nous avons pensé qu’elle devait être tuée. Après quatre jours, une vidéo a été envoyée au téléphone de mon mari de sa capture. Nous avons immédiatement informé toutes les personnes que nous connaissions au Rojava et avons commencé à la chercher.
 
À cette époque, nous vivions en Turquie, cependant, nous avons pu trouver un avocat kurde et nous sommes rendus dans un établissement gouvernemental avec sa photo. Nous avions peur d’être arrêtés également, mais nous voulions savoir où elle se trouvait et confirmer si elle était en vie.
 
Il y a une oppression constante sur la population kurde et ses droits au sein de l’Etat turc. Les Kurdes sont le quatrième groupe ethnique en importance au Moyen-Orient et l’une des minorités les plus persécutées de notre temps. Nulle part leur avenir n’est aussi menacé qu’en Turquie, où les Kurdes représentent un quart de la population.
 
Après quelques jours à l’hôpital et une autre semaine à la prison d’Urfa, Çiçek a été amenée à la prison sans aucun soin médical et toujours avec du métal dans la jambe.
 
Comment vont sa santé et sa psychologie pourrez-vous communiquer avec elle?
 
Sa jambe est dans un très mauvais état. Elle ne peut pas se déplacer correctement, marcher ou changer de vêtements. Elle est vraiment inquiète pour sa santé. Nous avons du mal à obtenir son traitement médical pour sa jambe, mais depuis 6 mois, elle n’en a toujours pas reçu. Elle est incapable d’être autonome et cela affecte sa psychologie. La plus grande priorité est que sa jambe soit traitée.
 
Pendant la pandémie du coronavirus, de nombreux prisonniers ont été libérés, mais elle et d’autres prisonniers politiques ne l’ont pas été. Elle a été blessée et à cause de cela, elle aurait dû être libérée.
 
Toutes les visites ont été suspendues et aucune précaution contre le virus n’a été prise; pas même les contrôles médicaux.
 
Nous avons reçu des menaces et avons été humiliés. Mon mari et mes deux fils ont été arrêtés et torturés. Ils ont même cassé les doigts de mon mari.
 
La Turquie a également mis en œuvre diverses mesures pour lutter contre le COVID-19 dans les prisons à travers le pays, y compris une loi d’amnistie spéciale très contestée qui a permis la libération de quelque 90 000 condamnés.
 
Selon les rapports des organisations de défense des droits de l’Homme et de surveillance des prisons, les conditions dans les prisons se sont aggravées avec la pandémie.
 
Les autorités turques ne suivent pas les principes et directives spécifiés par l’Organisation mondiale de la santé, le Comité pour la prévention de la torture (CPT) ou les commissaires aux droits de l’homme des Nations Unies et du Conseil de l’Europe. La vie des prisonniers est très menacée.
 
Combien de fois avez-vous pu voir Çiçek? Comment votre famille a-t-elle été traitée?
 
Nous pourrions lui rendre visite une fois par mois et parler au téléphone une fois par semaine pendant 10 minutes. Nous avons vécu avec la pression constante de la police turque dans notre maison chaque mois. Nous avons reçu des menaces et avons été humiliés. Mon mari et mes deux fils ont été arrêtés et torturés. Ils ont même cassé les doigts de mon mari.
 
Notre avocat a également été arrêté et a subis le même traitement.
 
En raison de cette pression et de cette menace constantes, il y a trois mois, nous avons décidé de quitter la Turquie et de venir au Rojava, d’où nous sommes originaires. Nous n’avons pas revu notre fille depuis.
 
Le gouvernement turc n’a pas suspendu sa politique anti-kurde même dans les conditions d’une pandémie mondiale. Au contraire, le gouvernement utilise la pandémie comme une occasion de réprimer davantage les institutions démocratiques kurdes; leurs communes en particulier.
 
Voulez-vous envoyer un message à la communauté internationale?
 
Les organisations de défense des droits de l’Homme ne doivent pas rester silencieuses, car la Turquie viole le droit international. Cicek n’a pas été arrêtée en Turquie. Elle a été blessée et kidnappée dans son pays. Elle a été kidnappée sous les yeux du monde par des mercenaires djihadistes et remise à la Turquie. Cela montre clairement que la Turquie travaille et coopère avec les groupes djihadistes.
 
Le procès de notre fille est fixé au 28 juillet 2020. Nous voulons que les organisations de défense des droits humains soient au courant de sa situation et interviennent pour l’aider à rentrer chez elle dans sa famille.
 

Un chauffeur de l’UNICEF tente de faire sortir des familles de l’EI du camp d’al-Hol

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SYRIE / ROJAVA – Un chauffeur de citerne d’eau travaillant pour l’UNICEF a tenté de faire sortir des femmes et des enfants de l’Etat islamique détenus par les Kurdes dans le camp d’al-Hol, dans le nord de la Syrie.
 
Des documents et des images obtenu par l’agence North Press montrent un chauffeur de camion-citerne travaillant avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) essayant de faire passer en contrebande plusieurs familles de l’EI du camp d’Hawl près de Hasakah, dans le nord de la Syrie.
 
North Press a obtenu des documents montrant que le chauffeur travaille pour l’UNICEF, et une vidéo montre comment le chauffeur a caché des proches des terroristes de l’Etat islamique dans une pièce cachée au fond du réservoir avant qu’ils ne soient arrêtés par les forces de sécurité.
 
Le camp d’Hol abrite environ 11 000 femmes et enfants de familles de l’Etat islamique originaires d’environ 54 pays, qui sont détenus dans une section distincte du camp connue sous le nom de section des étrangers. Ils sont connus pour être extrémistes dans leurs opinions, selon l’administration du camp.
 
Plus tôt dimanche, North Press a publié une vidéo montrant des chauffeurs de citernes d’eau appartenant au Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) faisant passer en contrebande des familles des membres de l’EI depuis le camp.
 

TURQUIE. Six femmes arrêtées pour s’être rassemblées dans une maison

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ISTANBUL – Six femmes activistes, dont la coprésidente du parti ESP, Özlem Gümüştaş, ont été arrêtées par la police au motif « d’avoir tenu une réunion dans une maison ».
 
La coprésidente du Parti socialiste des opprimés (ESP) Özlem Gümüştaş, la porte-parole de l’Assemblée des femmes socialistes (SKM) Deniz Aktaş, membres de l’ESP-SKM Çiçek Otlu, Satiye Ok, Ebru Yiğit, Züleyha Mangan, Ezgi Bahçeci, Tanya Kara et la coprésidente d’HDP Edremit, Sevgi Özdem Altınoluk, ont été arrêtées à Balıkesir dimanche matin.
 
Les avocats ont indiqué que les femmes du SKM étaient venues à Balıkesir pour discuter d’une série d’initiatives féminines, dont la mise en pratique de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, appelée l’ « accord d’Istanbul », alors que des féminicides et les violences faites aux femmes font les unes de l’actualité dans le pays, ainsi que des développements politiques et de la loi n ° 6284. En même temps, elles étaient en vacances. Les avocats ont déclaré qu’apparemment, la raison de l’arrestation était précisément la réunion tenue à la maison.
 
La semaine dernière, dans de nombreuses villes de Turquie et du Kurdistan du Nord, on a assisté à des marches de protestation organisées par des femmes contre le meurtre de Pinar Gultekin, une jeune Kurde de 27 ans, par son ex petit ami.
 

Le journaliste & écrivain kurde, Behrouz Boochani, obtient l’asile en Nouvelle-Zélande

Le journaliste et écrivain kurde Behrouz Boochani a a obtenu l’asile en Nouvelle-Zélande après six ans passés dans un camp d’internement de réfugiés sur une petite île du Pacifique. 

 

Après des années de détention dans un camp d’immigrants australiens sur une île du Pacifique, le journaliste et écrivain kurde Behrouz Boochani a obtenu l’asile en Nouvelle-Zélande. Ce militant des droits de l’homme, originaire d’Îlam, au Rojhilat (Kurdistan de l’Est sous l’occupation de l’Iran), a reçu le message du gouvernement jeudi, jour de son 37e anniversaire. Boochani a remporté plusieurs prix littéraires pour son roman « No Friends but the Mountains » (« Pas d’amis mais des montagnes »), écrit par texto sur son téléphone portable alors qu’il était détenu sur l’île de Christmas.
 
« Je suis très heureux d’avoir une certaine certitude quant à mon avenir, je me sens enfin soulagé et en sécurité », a-t-il déclaré au Guardian depuis Christchurch.
 
« Mais, en même temps, je ne peux pas pleinement célébrer cela car tant de personnes qui ont été incarcérées avec moi luttent encore pour obtenir la liberté,  à Nauru, en détention en Australie. Et même s’ils sont libérés, la politique australienne existe toujours ».
 
Boochani a officiellement reçu une notification du gouvernement néo-zélandais indiquant que sa demande d’asile avait été acceptée jeudi, exactement sept ans jour pour jour après son arrivée en Australie en 2013.
 
Le 23 juillet est également l’anniversaire de Boochani
 
Cet ancien professeur de langue et de littérature kurdes et militant du mouvement étudiant kurde a été co-fondateur et rédacteur en chef du magazine littéraire en langue kurde Werya en Iran. En février 2013, des unités des gardes révolutionnaires paramilitaires ont fait une descente dans les bureaux du magazine à Îlam et ont arrêté onze de ses collègues. Il a pu se cacher pendant trois mois avant de quitter finalement le pays pour l’Indonésie en mai. Dans sa tentative de rejoindre l’Australie à partir de là, le bateau de Boochani a été intercepté par un navire de guerre australien. Après quelques semaines de détention sur l’île Christmas, il a été transféré à la prison de l’île.
 
 
Depuis le début de l’année 2013, après une interruption de plusieurs années, l’Australie a de nouveau déporté vers le camp d’internement ceux qui ont tenté de rejoindre le pays par la mer. L’île située dans l’océan Pacifique – autrefois possession des Allemands, puis des colons australiens – appartient désormais à la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les conditions pour les réfugiés qui y règnent sont dénoncées par les médecins et les travailleurs humanitaires comme étant contraires aux droits de l’homme. De terribles histoires de prison sont sans cesse rapportées au public – rapports de violence et d’abus sexuels par le personnel de sécurité, conditions d’hygiène choquantes, manque de nourriture et de soins médicaux.
 
Nombre de ces rapports ont été rédigés par Behrouz Boochani. En captivité, il est devenu un témoin clé de la politique australienne contre les droits de l’homme des réfugiés et le porte-parole des détenus du camp de Manus. Il a également écrit des poèmes et le livre primé « No Friend But the Mountains » : Writing from Manus Prison », qui relate son séjour sur l’île de Manus. Le documentaire « Chauka, please tell us the time » est basé sur des enregistrements sur smartphone de Boochani du camp d’internement. Après six ans, il a finalement pu partir pour la Nouvelle-Zélande à la fin de l’année 2019.
 
« Aujourd’hui, nous célébrons la Nouvelle-Zélande comme un pays où règnent l’équité et la compassion », a déclaré le Parti des Verts du pays après que Boochani ait obtenu le statut de réfugié la semaine dernière. « Les personnes qui échappent à la torture et à la persécution en raison de leur religion, de leur race et de leur militantisme politique méritent un endroit qu’ils peuvent appeler leur foyer », a déclaré Golriz Ghahraman, porte-parole des droits de l’homme et de l’immigration. Cette femme politique, qui travaillait auparavant comme avocate pour les Nations unies, est venue d’Iran alors qu’elle était enfant réfugiée et est la première députée néo-zélandaise à avoir le statut de réfugié.
 
 

TURQUIE. 61 corps de réfugiés retrouvés dans le lac de Van

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TURQUIE / BAKUR – VAN – Après le naufrage d’un bateau transportant des réfugiés pakistanais et afghans sur le lac Van, dans la province kurde de Van, fin juin, 61 corps ont été repêchés jusqu’à présent.
 
Le 27 juillet, un bateau transportant des réfugiés a chaviré par temps de tempête. Quelques jours plus tard, le bateau a été retrouvé au milieu du lac à une profondeur de près de 107 mètres. Un mois après le naufrage du bateau transportant des réfugiés, les sauveteurs ont repêché 61 corps dans le lac.
 
Cinq personnes ont été arrêtées au cours d’une enquête préliminaire. Cependant, aucune information n’est disponible sur la procédure, car une ordonnance de confidentialité a été émise concernant l’affaire.
 
On a d’abord déclaré que les pêcheurs Medeni Akbaş et de Servet Akbaş, ainsi que d’autres proches auraient transporté plus de 100 réfugiés à bord de leur bateau qui  a coulé dans le lac de Van, dans l’est du pays. Le sort et le lieu où se trouvent les deux pêcheurs étant inconnus, le chef du village Altınsaç ainsi que les forces de police et de gendarmerie ont été informés de l’incident.
 
Medeni Akbaş, qui a réussi à sortir vivant du bateau chaviré, a rejoint le quartier de Çitören à Tuşba et a appelé sa famille. Suite à l’audition d’Akbaş, détenu par la gendarmerie, une opération de recherche et de sauvetage a commencé dans la zone où le bateau a coulé.
 
Dans une déclaration publiée par le bureau du gouverneur de Van le 8 juillet, il a été indiqué que le bateau se trouvait à une profondeur de 106,5 mètres au large des côtes de Çarpanak. Alors que cinq personnes ont été arrêtées en relation avec cet incident, on estime que 70 à 80 réfugiés se trouvaient à bord.
 
A la frontière avec l’Iran
 
La province kurde de Van est située à la frontière turco-iranienne et représente donc le premier point de contact sur le territoire turc pour les personnes qui veulent aller en Europe. La frontière et la région sont fortement militarisées en raison de la guerre que la Turquie mène contre la guérilla kurde. Les militaires collaborent souvent avec des passeurs qui font traverser les réfugiés dans une zone montagneuse dangereuse, profitant de la situation précaire des réfugiés.
 
Ce n’est pas la première catastrophe
En moyenne, entre 1000 et 1500 ressortissants d’Afghanistan, d’Iran, d’Irak et d’Asie centrale viennent chaque jour à Van. Selon les chiffres officiels, 40 180 migrants ont été appréhendés à la frontière l’année dernière. Un nombre bien plus important tombe entre les mains de trafiquants. Ce dernier incident n’est pas la première catastrophe à se produire sur le lac de Van. Le 26 décembre 2019, sept personnes ont été tuées lorsqu’un bateau transportant des réfugiés a coulé alors qu’il se rendait à Bitlis. 64 personnes ont été sauvées avec l’aide de villageois des environs. Avec une longueur de rive d’environ 576 km, le lac de Van est l’un des plus grands lacs de montagne du monde.
 
 

Chercheur égyptien: La Turquie exploite l’OTAN pour atteindre ses objectifs

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Depuis plusieurs années, la Turquie mène une politique colonialiste en Syrie, notamment contre les Kurdes du Rojava. Mais, progressivement, elle a élargie cette guerre expansionniste au Kurdistan d’Irak, à la Méditerranée, avec l’envoi des mercenaires syriens en Libye et des déclarations hostiles vis-à-vis des voisins grecs. Le Chercheur égyptien et spécialiste des affaires turques, Mohamed Rabie Dehi fait le point en ce qui concerne la présence turque en Libye et dans la région. Il déclare que la Turquie profite de l’OTAN pour atteindre ses propres objectifs dans la région, en particulier en Libye, ajoutant qu’on fait face à l’expansion turque et aux divisions qu’elle entreprend dans la région.

« La situation en Libye est la plus dangereuse car avec l’exacerbation de cette situation, nous ne serons pas face à une nouvelle Syrie, mais plutôt face à une nouvelle Somalie, au cours de laquelle toute solution pacifique ou négociée sera difficile », a déclaré Rabie Dehi.

 
Le rôle de la Turquie pourrait provoquer une troisième guerre mondiale
 
Dehi estime que « le rôle de la Turquie pourrait placer le monde devant l’option d’une troisième guerre mondiale, compte tenu d’une division au sein de l’Union européenne sur la nécessité d’imposer des sanctions sévères, et d’autres considèrent que les sanctions sont économiques, en plus de la division au sein de l’OTAN (l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord), qui menace la poursuite de l’OTAN à la lumière de l’exploitation par la Turquie de l’OTAN pour réaliser ses ambitions dans la région, ce qui a fait que l’OTAN se retrouve dans une position d’impuissance et de spectateur sur les politiques d’Ankara sans arrêter ces aspirations et compétences turques, de sorte que la situation en Libye devient plus dangereuse par la poursuite du soutien turc ».
 
La Turquie n’est pas acceptée dans la rue arabe
 
Le chercheur égyptien a expliqué : « Il semble qu’Ankara soit devenue un partenaire dans un nouveau plan de division de la région arabe, et cherche à resserrer le contrôle sur l’Afrique du Nord et de nombreux pays arabes pour mettre en œuvre ce plan, mais la réalité arabe prouve la prise de conscience du citoyen arabe de cette menace. La région et les peuples arabes rejettent désormais largement les Frères Musulmans, bras exécutant des cibles turques dans la région arabe, même s’ils souhaitent aller bien au-delà de la Libye. Elle ne sera pas acceptée par la rue arabe.
 
Sur l’importance de la Libye pour Ankara et l’insistance à lui imposer l’hégémonie turque, Dehi dit que : « la Libye est considérée comme le point focal de la stratégie turque après l’échec de la Turquie à contrôler l’Egypte, ainsi que l’échec de son ambition en Syrie. Par conséquent, la Turquie considère la Libye comme un point focal important dans ses stratégies d’existence en Afrique du Nord et de pénétration dans la profondeur africaine, ainsi que de son exploitation pour perturber les grands pays régionaux tels que l’Égypte qui a détruit le projet turc ».
 
Il a souligné que la Turquie, par sa présence en Libye, « peut saisir les richesses pétrolières de la Méditerranée orientale, soutenir les Frères musulmans, et les utiliser comme une carte de pression ou une provocation contre l’Union européenne en menaçant la sécurité de l’UE ou en envoyant des terroristes à travers la Méditerranée ».
 
Un retrait attendu du rôle de la Turquie en Libye
 
Commentant les positions des pays européens et arabes sur l’intervention turque en Libye, M. Dehi déclare : « Je pense que l’intervention turque sur la scène libyenne connaîtra un déclin significatif au cours de la période à venir, compte tenu du refus des puissances internationales de jouer ce rôle, ainsi que la position égyptienne qui indiquait la possibilité d’utiliser la force militaire en cas de poursuite du rôle déstabilisateur de la Turquie dans la région, en plus de cela la position européenne a commencé à se durcir et marque un effort pour imposer des sanctions à la Turquie de manière large et sérieuse, craignant que la Turquie ne provoque une troisième guerre mondiale. »
 
Le chercheur a enfin appelé à la nécessité d’unir les efforts aux niveaux arabe et européen pour faire face au rôle de la Turquie dans la région sans accorder d’importance aux pays dont les régimes doivent allégeance au régime turc.
 
 

TURQUIE. La police turque attaque le 800e rassemblement des mères du samedi

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TURQUIE – ISTANBUL – La police turque a attaqué les mères du samedi rassemblées à l’occasion de leur 800e rassemblement hebdomadaire pour exiger le sort de leurs proches portés disparus. Trois proches des disparus, dont une mère âgée, ont été arrêtés par la police turque.

Depuis 25 ans, les mères du samedi se ressemblaient tous les samedis sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.

Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de la Turquie.

Le 25 août 2018, les autorités turques ont annoncé qu’elles avaient interdit les rassemblements des mères du samedi. Suite à cette annonce, lors de leur 700ème manifestation pacifique, les mères de samedi ont subi des violences policières et plusieurs des participants ont été arrêtés, dont Emine Ocak, une mère de plus de 80 ans. Depuis le début de la Pandémie de coronavirus, leurs actions ne se sont déroulées qu’en ligne.

Pour le le 25e anniversaire de leur premier rassemblement, elles avaient tenté de se rassembler sur la place Galatasaray. La police les avait de nouveau attaquées. Aujourd’hui, on a assisté au même « spectacle » lamentable de la police turque qui s’en prend à des femmes âgées pacifiques…

L’attaque de la police turque a été condamnée, notamment sur Twitter sous les hashtags #CumartesiAnneleriSusmayacak et #CumartesiAnneleri800Hafta

Appel au boycott culturel de la Turquie

Le collectif réuni sous le nom « Boycott Turkey » appelle au boycott culturel de la Turquie tant que cette dernière ne mettra pas fin à sa guerre anti-kurde et à son invasion au Kurdistan du Sud et au Rojava.
 
Voici le texte appelant au boycott culturel de la Turquie publié par « Boycott Turkey »:
 
Pendant le boycott de l’apartheid sud-africain, le Congrès national africain a produit un document sur la politique de boycott culturel qui exigeait que: « »ucun travailleur culturel, artiste, sportif ou universitaire ne devrait être autorisé à se rendre en Afrique du Sud pour offrir ou transmettre ses services et son expertise, sauf et sauf dans les cas où un tel voyage est clairement dans la poursuite de la lutte démocratique nationale ou de l’un de ses objectifs. »
 
Nous appelons à un boycott culturel similaire de la Turquie et appelons tous les musiciens, artistes, sportifs, philosophes ou autres personnalités ou travailleurs culturels à refuser de participer à des concerts, expositions, conférences ou tout autre domaine connexe en Turquie, en solidarité avec le Rojava et le peuple kurde.
 
L’État turc tente activement d’enrôler des artistes, des sportifs et des interprètes pour agir en tant que propagandistes pour eux. Nous appelons les gens du monde entier à protester contre les tournées internationales organisées par:
 
Artistes et musiciens ayant des liens avec l’État turc, ou ceux qui promeuvent l’agenda raciste et nationaliste de l’État
visites des équipes sportives nationales turques.
Nous appelons nos amis à faire pression sur les promoteurs et les maisons de disques pour qu’ils annulent les performances de ces artistes et sportifs.
 
Passer à l’action:
 
Si vous êtes un artiste, un travailleur culturel ou un universitaire, veuillez signer le nouvel appel au boycott des institutions universitaires et culturelles parrainées par le gouvernement turc. »
 

En tant que femmes, que doit-on faire pour ne pas être tuées / agressées ?

Elles veulent se séparer de leurs maris/copains, elles sont tuées par eux. Elles refusent les avances d’un homme, elles sont tuées. Elles portent plainte contre un mari/copain violent, elles sont tuées par eux. Elles portent plainte pour viol(s), elles sont tuées par leur violeur ou par la famille (on parle de crime d’ « honneur/horreur »). Elles refusent de se marier avec un homme choisi par la famille, elles sont tuées…
 
En tant que femmes, que doit-on faire pour ne pas être tuées / violées ? Ou, que faire pour avoir le droit à la vie en tant que femmes alors que les violences sexistes, féminicides, viols, agressions sexuelles… visant les femmes (et les enfants) sont devenus un fléau mondial ? (Bien qu’on assiste à l’augmentation de ces horreurs à travers le monde, attardons-nous sur ce qui se passe au Kurdistan.)
 
En l’espace de quelques jours, on a assisté à une tentative de viols d’une fillette kurde de 13 ans par un sergent de l’armée turque à Sirnak. 2 jours après, on découvert qu’une adolescente kurde de 17 ans avait tentée de se suicidée après avoir été séquestrée et violée pendant plusieurs jours par un autre sergent turc dans la ville de Batman. Peu de temps après, on appris que Pinar Gultekin, une jeune Kurde de 27 ans, avait été tuée, brûlée et enterrée dans une forêt de Mugla par son ex petit ami qu’elle avait quitté. Quelques jours après, une femme kurde (Fatma Altınmakas) avait été tuée par son mari après qu’elle ait essayé de porter plainte contre son beau-frère qu’il l’avait violé à Ağrı…
 
Hier, on a vu une vidéo prise à Afrin, canton du Rojava occupé par la Turquie depuis 2018, où un homme frappe sa femme car celle-ci ne veut pas que leur fille soit mariée à un mercenaire de la Turquie. Une famille dont tous les biens ont été volés par les gangs de la Turquie…
 
Ces exemples ne sont que le point visible de l’iceberg en ce qui concerne les violences faites aux femmes et aux enfants ainsi que les féminicides et les mariages forcés dont sont victimes les Kurdes à travers tout le Kurdistan et du Moyen-Orient. (Même au Rojava, figure d’exception dans la région grâce à la mise en place d’une révolution féministe garantissant les droites des femmes et des enfants, on assiste à des violences faites aux femmes.)
 
Malgré ce tableau bien sombre, les femmes ne baissent pas la garde. Au Kurdistan du Nord (Bakur), elles s’organisent au sein d’associations (Association Rosa), collectifs (la plateforme « Nous mettrons fin aux féminicides » (Kadın Cinayetlerini Durduracağız Platformu – KCDP), partis politiques (le HDP et le DBP)… pour mieux défendre leurs droits et protéger leur vie. Mais en face, les défenseurs du système patriarcal misogyne redoublent de violence pour que les femmes continuent à n’être que des sujets serviles, sans défense et qui acceptent l’inacceptable comme un destin inévitable. Leurs associations sont fermées, leurs membres, responsables sont arrêtées, sans que cela ébranle leur volonté pour construire une vie égalitaire entre les genres.
 
(Les femmes ont beaucoup de chemin à parcourir pour changer leurs sociétés misogynes et les mentalités sexistes qui vont avec. Mais les femmes savent que ceci n’est pas une fatalité. Une fois qu’elles ont pris conscience leur vraie force, plus rien ne peut stopper ni les femmes, ni leur colère juste accumulée au fil des années.)

GENÈVE. Les Kurdes dénoncent le traité de Lausanne qui les a privé d’un Etat

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SUISSE – La diaspora kurde a manifesté aujourd’hui à Genève à l’occasion du 97e anniversaire du traité de Lausanne qui a condamné les Kurdes à vivre sous la colonisation de la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie, en les privant d’un Etat kurde.
 
Les organisateur de la manifestation ont dénoncé les campagnes d’assimilation des Kurdes qui ont été exposés aux plus atroces schémas d’assujettissement et aux opérations génocidaires dans les 4 partie du Kurdistan.
 

Une marche de deux jours est organisée par les Kurdes à Genève, en Suisse, à l’occasion du 97e anniversaire du Traité de Lausanne qui a divisé le Kurdistan en quatre parties. La partie genevoise de la marche s’est conclue par un rassemblement aujourd’hui.

Les manifestants kurdes ont été rejoints par des cercles de gauche, socialistes, révolutionnaires et patriotiques qui se sont rassemblés place de Navigation. La foule a également protesté contre les attaques génocidaires et d’occupation de l’Etat turc contre le Maxmur et le sud du Kurdistan (nord de l’Irak).

La manifestation a commencé par une minute de silence à la mémoire des martyrs de la révolution et de la lutte pour la liberté. Sous le slogan «Le fascisme sera vaincu par la résistance et l’organisation», les manifestants ont organisé une marche derrière une banderole intitulée «Lutte unie contre les politiques génocidaires de l’État fasciste turc».

La marche dans les rues de Genève, qui a duré une heure, a été suivie d’un rassemblement place de Neuve où des responsables kurdes ont prononcé des discours.

La deuxième étape de la marche de deux jours se tiendra demain à Lausanne. Les Kurdes seront rejoints par des cercles démocratiques et un rassemblement se tiendra place de la Riponne à 15 heures par la suite.

 

« Les Frères musulmans sont un outil aux mains d’Erdogan »

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Entretien avec Arwa al-Khattabi
L’universitaire et militante des droits humains, Arwa al-Khattabi, a déclaré que les Frères musulmans au Yémen étaient un outil pour mettre en œuvre les projets d’expansion du président Recep Tayyip Erdogan visant à faire revivre l’empire ottoman.
 
Les femmes du Moyen-Orient souffrent généralement de marginalisation, en particulier dans les pays qui utilisent l’Islam comme excuse pour appliquer leurs lois et celles islamiques selon leur concept.
 
Arwa al-Khattabi, une universitaire yéménite et militante des droits humains, déclare dans une interview exclusive avec l’agence de presse Hawar ANHA que malgré la formation d’alliances et d’entités féministes révolutionnaires yéménites, le rôle de l’époque yéménite dans le soutien à la progression du processus de paix est encore très faible, car les partis politiques n’ont pas assuré la présence politique des femmes, ce qui indique que le gouvernement légitime yéménite est principalement issu des Frères musulmans, et n’est pas prêt à donner aux femmes un rôle important dans les négociations de paix.
* Comment évaluez-vous les événements et le conflit qui se déroulent aujourd’hui au Yémen et les ambitions de l’État turc ?
 
« Le conflit au Yémen dure depuis très longtemps, mais selon la question sur les ambitions turques au Yémen, les Turcs n’ont quitté le Yémen qu’en 1918 après leur défaite pendant la Première Guerre mondiale, qui les a obligés à se retirer de toutes les terres qu’ils occupaient dans le monde arabe et sur le continent européen.
 
Après leur sortie du Yémen, les Zaidi Imamate ont régné de 1918 jusqu’à l’éternelle révolution du 26 septembre. La période de l’Imamate a été marquée par des guerres et des troubles politiques permanents, qui ont provoqué l’effondrement économique et social du Yémen, la corruption, la pauvreté, la faim et la propagation de maladies, et un grand nombre de Yéménites ont émigré hors du Yémen.
 
Avec la défaite de l’Imamate lors de la révolution du 26 septembre 1962, les différents gouvernements républicains ont essayé d’améliorer les conditions politiques et économiques des citoyens, mais leur succès a toujours été modeste en raison de la persistance des problèmes et des guerres internes entre les Yéménites eux-mêmes. Au début des années 90, l’accord d’unité du Yémen a été signé le 22 mai 1990.
 
Les bouleversements de la situation arabe et la première guerre du Golfe ont conduit à la déstabilisation de l’unité, et en 1994, une grande guerre a éclaté entre les artisans de l’unité, provoquant une rupture majeure dans les rangs nationaux dont nous souffrons encore aujourd’hui, et la corruption et l’échec politique et économique, outre la prolifération de groupes religieux conflictuels, se sont répandus, et la région arabe est entrée en conflit entre eux afin de contrôler l’influence et la propagation des fonds destinés aux partis religieux et aux milices islamistes, qui a contribué à la destruction de l’Etat de l’intérieur, ainsi le groupe Houthi a émergé depuis le début des années 90, qui a contribué à six guerres qui ont détruit l’Etat entre 2004 et 2010, et Al-Qaïda dans la péninsule arabique et ce qu’il a causé de la destruction de l’Etat en tuant des chefs de l’armée et de la sécurité ; enfin, ISIS a émergé, qui a détruit beaucoup de capacités du Yémen.
 
En 2011, les révolutions du printemps arabe ont commencé, les alliances ont commencé à changer et les intérêts internationaux se sont formés d’autres manières ».
 
* Quels sont les objectifs et l’expansion du nouveau projet colonial ottoman au Yémen ?
 
« Avec la montée des Frères musulmans en Turquie, dirigés par Recep Tayyip Erdogan, et avec l’éclatement des révolutions du printemps arabe qui ont été financées par le Qatar près des Turcs, les rêves d’Erdogan de revenir à l’époque du califat ottoman semblaient plus proches de se réaliser.
 
Au début de la révolution, le célèbre clerc, Abd al-Majid al-Zindani, est apparu sur la place du changement où les sit-in de la révolution annonçaient le califat islamique 2020. En effet, cet homme ne faisait qu’annoncer ce qui se passait dans l’esprit des Frères musulmans et ce qui se passait dans leurs réunions à huis clos.
 
En effet, de nombreux faits sont apparus qui confirment la nouvelle marée ottomane dans la région et au Yémen en particulier. Le Qatar, en tant que financier et le Yémen en tant que partisan de la restauration du califat islamique, ont cherché à confirmer l’expansion turque dans la région, ce que confirme le contrat de l’organisation des Frères musulmans yéménites en Turquie, dirigée par le chef de tribu et homme d’affaires de la confrérie, Hamid al-Ahmar.
 
Bien que les autorités turques ne cachent pas leurs ambitions expansionnistes dans la région, elles n’ont pas exprimé d’opinion claire à l’époque, et ce qui s’est passé quelques jours avant la conversion du musée Sainte-Sophie en mosquée ne s’écarte pas complètement du domaine de la tentative de restitution du califat islamique à la région. Ce travail n’est ni innocent ni neutre, mais il est symbolique des ambitions de la Turquie dans la région arabe, y compris au Yémen, car il constitue un défi pour la communauté internationale et l’Europe, qui refuse de rejoindre la Turquie au sein de l’Union européenne ».
 
* Qu’en est-il du rôle des femmes pour faire avancer le processus de paix ?
 
« Quant au rôle des femmes dans l’avancement du processus de paix, il est généralement très faible malgré la présence de certaines activistes féministes qui communiquent avec l’envoyé international pour résoudre la question yéménite, Martin Griffit. Cette organisation de femmes rencontre Griffith de temps en temps et lui fait des propositions, mais ce ne sont que des travaux de décoration.
 
Les partis politiques n’ont pas assuré aux femmes une présence politique importante, ni leur légitimité à jouer un rôle important dans les négociations de paix ».
 
* Quelles sont les manifestations organisées par les femmes au Yémen ?
 
« Quant aux protestations féministes, elles sont très diverses et variées. Par exemple, il y a de nombreuses actions pour la libération des femmes prisonnières et détenues dans les prisons, et il y a l’Association des mères de disparus enlevés et forcés, et il y a l’Organisation de solidarité des femmes en faveur de la paix, et toutes ces organisations essaient de défendre les droits des femmes et les droits de l’homme.
Au mois de mars, nous avons créé à Genève, le bloc du 8 mars, pour le bien des femmes yéménites afin de défendre les droits des femmes et des enfants, et de contribuer aux négociations de paix. La célèbre organisation de défense des droits de l’homme, le docteur Wissam Basandawa, en était le président, et nous espérons que toutes les femmes ne seront pas exclues des négociations de paix.
 
Je voudrais également souligner que les femmes yéménites ont besoin de plus de soutien, et du rôle qu’elles jouent à tous les niveaux politiques et juridiques ».
 
 
 

Sainte-Sophie, le 24 juillet, le traité de Lausanne et les Kurdes…

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Ce vendredi 24 juillet, le Président turc, Erdogan a assisté à la première prière musulmane dans la basilique Sainte-Sophie transformée en mosquée, à Istanbul. Alors que certains voient dans cet acte un pied de nez d’Erdogan à l’Occident et ses tentatives de se faire passer pour le leader du monde musulman, les Kurdes y voit tout autre chose. En effet, le 24 juillet 1923, il y a 97 ans, on signait le traité de Lausanne qui a acté la mort d’un Etat kurde, pourtant prévu dans le traité de Sèvres signé trois ans plutôt.

Il y a presqu’un siècle, on assistait à la chute de l’empire ottoman. Cette chute a permis la naissance de nombreuses nations dans les années et décennies suivants : Arménie, Irak, Syrie… Seul les Kurdes, un peuple de dizaines de millions de personnes, ont été privés d’avoir un Etat sur les terres où ils vivaient depuis des millénaires.

Cela fait donc près de 100 ans que les Kurdes privés de leur droit à l’autodétermination en tant que peuple, pourtant prévu dans le charte des Nations Unis, sont à la merci des 4 Etats colonialistes qui occupent le Kurdistan et qui ont essayé toute sorte de barbaries pour en finir avec les Kurdes, soit en les exterminant physiquement, soit en les assimilant de force et surtout, en interdisant leur langue, leur culture qui a été pillée par leurs colonisateurs.

On ne compte plus le nombre de massacres visant les Kurdes depuis le XXème siècle. En effet, dès la signature du traité de Lausanne privant les Kurdes d’un Etat, les leaders kurdes ont mené de nombreuses révoltes dans les régions kurdes occupées par la Turquie (Dersim, Koçgiri, Zilan…). Elles ont toutes été écrasées dans le sang. A chaque révolte, des dizaines de milliers de civils kurdes ont été massacrés, d’autres déportés du Kurdistan… En Iran et en Irak également on a assisté aux massacres des Kurdes, dont le génocide d’Anfal commis en 1988 par le dictateur irakien Saddam Hussein et la campagne génocidaire menée par l’ayatollah Khomeini dans les régions kurdes d’Iran après l’instauration de la République islamique d’Iran en 1979. (Les colonisateurs des Kurdes ne s’en prennent pas aux Kurdes uniquement à cause de leur origine ethnique, ils les massacrent également à cause de leurs croyances qui ne sont pas toujours celles soutenues par le pouvoir en place. En Turquie, les Kurdes alévis ou Yézidis ont été persécutés aussi à cause de leurs confessions non sunnites. En Iran, les Kurdes, à majorité sunnites, sont persécutés également en tant que minorité sunnite par le régime chiite iranien. En Irak et en Syrie également, les Kurdes sunnites sont une minorité religieuse face à la population à majorité chiite…)

Seuls les Kurdes du Bashur (Kurdistan « irakien ») ont obtenu une autonomie régionale après la défaite de l’Irak dans la guerre du Golfe, en 1991. Mais après la référendum d’indépendance – demandée par le Président kurde Massoud Barzanî – le 25 septembre 2017, les forces armées irakiennes ont envahi de nombreuses régions kurdes, dont Kirkouk, chassant de centaines de milliers de Kurdes de leurs terres. Depuis, la région vit dans l’incertitude quand à son avenir. D’autant plus qu’on assiste à une présence toujours plus nombreuses de soldats turcs, qui combattent soit disant le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), dont le QG se trouve dans le montagne de Qandil, au Kurdistan du Sud. Certains Kurdes affirment que le régime irakien va envoyer son armée au Kurdistan du Sud pour mettre fin à l’autonomie kurde, au prétexte de chasser l’armée d’occupation turque qu’il n’a jamais empêcher d’entrer dans le nord du pays…

Les gains durement acquis par les Kurdes syriens après une lutte héroïque menée contre le groupe Etat islamique (EI) sont aujourd’hui menacés par la Turquie et ses mercenaires islamistes qui ont envahie le canton kurde d’Afrin en 2018 et la région de Serê Kaniyê en octobre 2019.

En Turquie, les gains politiques du parti « pro-kurde », HDP obtenus depuis les élections de 2015 ont été balayés par une vague d’arrestations de politiciens et d’élus et la destructions de nombreuses villes kurdes qui avaient déclaré l’autonomie-locale.

En Iran, les quelques millions de Kurdes du pays sont persécutés en tant que minorité ethnique et religieuse. Ils sont condamnés à la pauvreté par le régime iranien qui pille par ailleurs leur ressources naturelles. Les militants kurdes sont sévèrement punis par des peines de prisons à vie ou des peines de mort. Pour rappel, la moitié des prisonniers politiques en Iran sont des Kurdes et en 2018, les Kurdes représentaient 28 % des personnes exécutées en Iran, alors qu’ils ne constituent qu’environs 10 % de la population.

Loin de se décourager par un siècle de massacres, de déportations et de politiques d’assimilation forcée, les Kurdes continuent à lutter pour vivre librement sur leurs terres avec les autres peuples de la région, sans avoir forcément un Etat kurde. C’est du moins ce que les Kurdes du Rojava, du Rojhilat et du Bakur affirment.

Pour revenir à Erdogan et le traité de Lausanne, on se demande où Erdogan priera le 24 juin 2023 pour le centenaire du traité de Lausanne ? Va-t-il retourner à Sainte-Sophie ou voudra-t-il aller à Jérusalem ? Ou sera-t-il « remercié » par son propre peuple entre temps à cause de ses dérives autoritaires et la pauvreté galopante dans laquelle s’enfonce le pays depuis de nombreuses années?