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KURDISTAN. Les YPG démentent les allégations du PDK concernant l’envoi de masques à la guérilla kurde

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KURDISTAN – Tandis que l’alliance PDK-Turquie anti-PKK est devenue limpide, le clan Barzani qui a perdu la légitimité aux yeux de la majorité des Kurdes attaque également les YPG du Rojava dans une fuite en avant qui risque de lui exploser à la figure tel un boomerang.
 
Le 26 avril, les forces de sécurité liées au PDK (parti du clan Barzani) du Kurdistan irakien déclaraient avoir saisi à Dohuk des masques destinés au combattants du PKK pour se protéger des armes chimiques utilisées par la Turquie dans le nord de l’Irak. Un responsable des forces de sécurité de PDK prétendait également que ces masques étaient envoyés par le Unités de Protection du Peuple (YPG) depuis le Rojava.
 
Sur les réseaux sociaux, des membres de la famille Barzanî mènent une campagne anti-PKK, parlant par exemple de 86 milliards de dollars que le PKK aurait empoché grâce au trafic de drogue (rueur partagée par Piran Dilshad Mustafa Barzani sur Twitter).

C’est assez cocasse de voir que les Barzanî trempés dans des affaires de corruption et d’enrichissements grâce à des biens mal-acquis propagent de telles rumeurs au lieu de répondre aux questions soulevées depuis qu’un journaliste d’investigation a dévoilé l’enrichissements douteux des Barzani qui s’élève à des milliards de dollars.
 
Les YPG démentent les allégations des Asayish de Dohuk
 
Le porte-parole des Unités de protection du peuple (YPG), Nuri Mahmoud, a démenti les allégations selon lesquelles les Asayish (forces de sécurité) du PDK aurait saisi du matériel militaire envoyé par les YPG à Dohuk, soulignant que ces allégations sont sans fondement, et a déclaré que le PDK essaye avec de telles nouvelles de neutraliser les réactions que l’opinion publique kurde lui a manifestées, en raison de son alliance avec l’occupation turque dans ses attaques contre le Kurdistan du Sud.
Jeudi, le porte-parole des YPG, Mahmoud, déclaré:
 
« L’Asayish du PDK a fait des allégations le 26 avril. Selon ces allégations, du matériel militaire envoyé par l’Unité de protection du peuple a été saisi à Dohuk. Nous n’avons aucun lien avec ce matériel militaire saisi à Dohouk par l’Asayish du PDK.
 
Cette allégation précise que ce matériel a été envoyé par un responsable des YPG, Rudi Hussein. Il n’y a personne dans les rangs des Unités de protection du peuple qui porte ce nom. Cet incident qui, selon le Parti démocratique du Kurdistan, n’est pas vrai. Avec de telles nouvelles, le PDK tente de cacher son alliance avec l’État occupant turc. Il cherche également à montrer que les attaques d’occupation de l’État turc sont légitimes. La publication de telles allégations en conjonction avec l’augmentation des attaques d’occupation sur le Kurdistan du Sud et le nord-est de la Syrie soulève des doutes. Il veut cibler délibérément la révolution du Rojava et son peuple avec de telles nouvelles et nuire à ses relations diplomatiques. Il essaie aussi de neutraliser les réactions de l’opinion publique kurde à son encontre avec de telles nouvelles. Notre peuple et l’opinion publique ne devraient pas croire à de telles nouvelles. »
 

Adieu Kurdistan?

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Il est bien loin le temps où la petite ville de Kobanê redonnait de l’espoir à des dizaines de millions de Kurdes de vivre libres sur leurs terres en mettant fin à la colonisation du Kurdistan. En effet, hormis la victoire des Kurdes du Rojava entre 2015 (libération de Kobanê) et 2019 (libération de Raqqa), les Kurdes vont de défaites en défaites dans les 4 parties du Kurdistan occupé par la Turquie, l’Irak, l’Iran et la Syrie.
 
Après avoir été massacrés par DAECH au Rojava et à Shengal au début des années 2010, les Kurdes croyaient de nouveau à la libération du Kurdistan et à la fin du cycle des génocides kurdes centenaire. Malheureusement, l’espoir fut de courte durée.
 
Les Kurdes ont de nouveau été attaqués, d’abord au Kurdistan du Nord, avec la destruction de plusieurs localités kurdes par les forces armées turques pendant l’hiver 2015/2016, suite à la déclaration de l’autonomie locale. Depuis, des dizaines de milliers de militants kurdes ont été emprisonnés par le régime turc.
 
Un an plus tard, c’est le Kurdistan irakien qui fut dépecé suite à la référendum du 25 septembre 2017 organisé par les autorités kurdes demandant à la population si elle soutenait l’indépendance du Kurdistan d’Irak. Tandis que la Turquie et l’Iran rejetaient violement une telle initiative qui avait eu l’aval des Kurdes, les forces chiites pro-Iran attaquaient aussitôt plusieurs régions kurdes autour des régions de Mousoul et Kirkouk, chassant des centaines de milliers de Kurdes de leurs terres.
 
La Turquie, qui n’avait pas digéré la défaite de DAECH en Syrie et la révolution du Rojava embrassant les peuples de la région, attaquait en janvier 2018 le canton kurde d’Afrin, dans le nord de la Syrie. Après 3 mois de combats acharnés et le massacre de civils, la Turquie et ses mercenaires islamistes occupaient Afrin et sa campagne. Depuis, la région d’Afrin est devenue un paradis pour islamistes qui y ont imposé la charia et chassé la majorité des Kurdes de leurs terres.
 
Après l’invasion d’Afrin, la Turquie a envahi également la région de Serê Kanîyê, toujours dans le nord de la Syrie, en octobre 2019. Les forces commandées par la Turquie y ont commis les mêmes crimes de guerre et crimes contre l’humanité qu’elles avaient commis à Afrin précédemment.
 
Le régime syrien tente de son côté soumettre les Kurdes du Rojava avec le soutien russe. Pour ce faire, il a imposé l’embargo aux régions sous contrôle de l’alliance arabo-kurde et aux deux quartiers kurdes d’Alep qu’il affame depuis début avril en empêchant l’entrée des produits de première nécessité, dont de la farine, en plein mois de Ramadan.
 

Ces massacres visant les Kurdes ont été ignorés par la communauté internationale au Rojava, dans le nord de la Syrie, car la Turquie est un membre important de l’OTAN et de l’Occident. Mais la Russie a également trahi les Kurdes en laissant la Turquie envahir Afrin alors que l’espace aérien d’Afrin était contrôlé par la Russie…

 
La Turquie étant persuadée que la communauté internationale n’interviendra jamais pour l’empêcher de massacrer les Kurdes, aujourd’hui, elle s’en prend à d’autres régions du Rojava mais aussi dans le nord de l’Irak où est basé le PKK, l’ennemi juré de la Turquie. Mais sur ce front, la Turquie a un allié local, le PDK du clan Barzanî qui est empêtré dans des scandales de corruptions et de népotisme qui est décrié par sa propre population.
 
Se sentant sur la sellette, le clan Barzanî qui dirige le Kurdistan irakien a trouvé le « salut » en soutenant ouvertement le régime turc dans sa guerre actuelle avisant le PKK dans le nord du Kurdistan irakien, alors même que les autorités irakiennes dénonçaient l’invasion turque à l’intérieur des territoires irakiens! En parallèle à l’invasion turque au Kurdistan irakien, le premier ministre du Gouvernement régional du Kurdistan (KRG) Masrour Barzani s’est rendu d’abord en Turquie pour rencontrer Erdogan et le chef des renseignements turcs (MIT) avant de se rendre à Londres, le 18 avril dernier, pour rencontrer son homologue britannique Boris Johnson. Pour les Kurdes, ces visites étaient la preuve supplémentaire que le clan Barzanî s’alliait aux ennemis des Kurdes pour se maintenir au pouvoir, qu’importe si la région passe sous la domination turque et qu’à terme, la Turquie rayera de la carte le Kurdistan irakien…
 
Au Kurdistan iranien, la situation n’est guerre mieux où la population est condamnée à la pauvreté et réprimée par un régime sanguinaire qui continue à emprisonner et exécuter les activistes kurdes.
 
Après la victoire de Kobanê et la révolution du Rojava, les Kurdes s’étaient de nouveau approchés de la liberté. Mais à la lumière de ce qui se passe au Rojava, Kurdistan irakien, au nord du Kurdistan… il semblerait qu’on va devoir attendre la naissance du phénix kurde qui finira un jour par arriver. En attendant, le Kurdistan s’enfonce toujours plus dans les ténèbres après l’éclaircie des années 2010 qu’on avait surnommé « le printemps kurde »
 

Le Kurdistan irakien en déroute

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Jusqu’à récemment, les dirigeants des Kurdes irakiens montraient leur fierté d’être à l’avant-garde de leur communauté et un phare dans le mouvement de libération nationale du Grand Kurdistan qui s’étend à travers l’Iran, la Syrie et la Turquie.
 
L’enclave kurde dans le nord de l’Irak qu’ils gouvernent bénéficiait également de la lueur créée par des médias occidentaux amis, qui la qualifiaient de « Suisse du Moyen-Orient » et d’oasis de calme, de liberté et de prospérité dans une région tumultueuse.
 
Aujourd’hui, ce n’est certainement plus le cas car la région autonome s’enfonce plus profondément dans les luttes politiques internes et les troubles économiques et reste empêtrée dans des politiques chaotiques et fait face à des menaces croissantes de la part de ses puissants voisins.
 
Le gouvernement de la région du Kurdistan irakien (GRK) est aux prises avec la pire crise qu’il ait connue depuis qu’il est devenu une région fédérale de l’Irak après l’invasion américaine de l’Irak en 2003, entraînant une impasse politique. Il y a à peine un citoyen de la région qui n’a pas ressenti la morsure de l’effondrement catastrophique.
 
La région est depuis longtemps en proie à des divisions entre le Parti démocratique kurde (PDK) et l’Union patriotique du Kurdistan (UPK). Les deux groupes, qui se sont longtemps battus pour la suprématie politique, restent des rivaux politiques déterminés.
 
Le PDK, dirigé par le clan Barzani, contrôle la présidence avec Irbil, la capitale provinciale du Kurdistan, et Dohouk, tandis que l’UPK, dirigé par les Talabani, conserve son emprise sur le pouvoir à Sulaimanya et sur de larges pans de Kirkouk, qui reste en dehors de l’autorité du KGR. 
 
Le dernier différend entre les deux a porté sur l’élection d’un nouveau président pour l’Irak, un poste attribué aux Kurdes et occupé par un dirigeant de l’UPK depuis le renversement de Saddam Hussein en 2003. Le PDK a tenté de reprendre le poste largement symbolique.
 
Un accord officieux divise le pouvoir politique dans l’enclave kurde du nord entre le PDK, qui maintient la présidence de la région ainsi que certains ministères à Bagdad, et l’UPK, qui contrôle la présidence irakienne.
 
Après les élections en Irak en octobre dernier, le président du PDK Masoud Barzani a fait pression pour donner le poste à l’un de ses associés, creusant le fossé entre les deux partis rivaux et plongeant la région dans de nouvelles turbulences.
 
Autre signe de friction, les deux partis se sont engagés dans une nouvelle querelle à propos des élections régionales au Kurdistan irakien prévues plus tard cette année, l’UPK et plusieurs autres partis exigeant une nouvelle loi électorale qui, espèrent-ils, réduira le monopole du PDK sur le pouvoir. 
 
Le PDK, qui contrôle 60 sièges au parlement régional kurde de 111 membres, a bloqué les tentatives de l’UPK et de ses alliés de réviser la loi électorale de la région en remplaçant le système de vote actuel à un seul district par un système utilisant plusieurs districts.
 
Les opposants au PDK veulent également nommer une nouvelle commission électorale indépendante dans la région.
 
À la suite des objections du PDK, le président du parlement, un membre de l’UPK, a refusé de convoquer l’assemblée en session, la conduisant pratiquement à une impasse.
 
La querelle survient au milieu d’une crise économique aiguë dans la région malgré une augmentation des prix du pétrole et une expansion de la production et des exportations d’énergie en plus des revenus supplémentaires provenant des droits de douane lucratifs et de la part de la région kurde dans le budget fédéral irakien.
 
La région du Kurdistan compte une population de plus de cinq millions d’habitants, dont environ 1,3 million sont employés par le gouvernement. De nombreuses familles souffrent durement lorsque le gouvernement ne paie pas ses employés pendant plusieurs mois.
 
Les difficultés économiques subies par les Kurdes irakiens contrastent fortement avec la richesse accumulée et les propriétés à l’étranger que les oligarques de la région, y compris les membres de la famille Barzani, possèdent ou ont cachées dans des comptes secrets à l’étranger.
 
La corruption généralisée, le copinage, la mauvaise gestion, le manque de services publics, le chômage endémique, les bas salaires, la baisse du niveau de vie et la pauvreté ont continué de déclencher des protestations publiques.
 
Les manifestations ont balayé la région, les manifestants réclamant la fin de la corruption, le versement des salaires aux employés et des pensions aux retraités, et l’ouverture d’une enquête sur la richesse des membres des deux principaux partis de la région.
 
Certaines des manifestations sont devenues violentes, des personnes incendiant des bâtiments gouvernementaux et des bureaux de partis politiques. Alors que les forces de sécurité ont fait un usage excessif de la force contre les manifestants, le gouvernement a répondu aux critiques de sa réponse par des actes d’intimidation, des restrictions à la liberté d’expression et des arrestations arbitraires.
 
Pendant ce temps, la crise au Kurdistan irakien oblige des milliers de Kurdes à chercher refuge dans des endroits aussi éloignés que le Royaume-Uni, bravant des conditions désastreuses dans leurs tentatives pour les atteindre, avec de nombreuses noyades en cours de route et d’autres sauvés à quelques minutes de la mort.
 
Bon nombre des 27 hommes, femmes et enfants qui ont perdu la vie dans la Manche en décembre alors qu’ils tentaient de traverser la France vers le Royaume-Uni dans un canot pneumatique seraient des Kurdes d’Irak. D’autres sont également morts ces derniers mois à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, tandis que des centaines d’autres tentent toujours d’entrer en Europe depuis la Turquie.
 
De nombreuses interventions extérieures, certaines sur invitation, contribuent également à l’instabilité. Les relations de l’Iran avec le Kurdistan irakien sont compliquées, mais d’une manière générale, Téhéran a construit de solides bases d’influence dans la région.
 
L’Iran a attaqué Irbil le mois dernier avec un barrage de missiles balistiques lors d’un assaut contre la capitale de la région. Les puissants gardiens de la révolution iraniens ont revendiqué la responsabilité de l’attaque sans précédent, qui, selon eux, était dirigée contre un « centre stratégique de conspiration israélien » dans la ville.
 
Les milices chiites pro-iraniennes ont parfois pris pour cible la mission diplomatique américaine à Erbil et les installations de la coalition dirigée par les États-Unis contre le groupe terroriste État islamique (EI) en Irak.
 
D’autre part, Ankara entretient des liens avec le Kurdistan irakien et en particulier le PDK en tant qu’alliés et partenaires subalternes et dociles dans sa guerre contre l’insurrection kurde en Turquie.
 
L’armée turque effectue régulièrement des incursions dans les montagnes qui chevauchent la frontière turco-irakienne pour y attaquer les bases du groupe rebelle du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). L’escalade de l’hostilité de la part de l’Iran et de la Turquie est la principale source d’instabilité et serait à l’origine des déplacements depuis les zones frontalières et de l’émigration vers l’étranger.
 
Cependant, au lieu d’agir, certains dirigeants kurdes irakiens ont choisi de blâmer la politique internationale et le gouvernement fédéral irakien à Bagdad pour leur incapacité à tenir leurs promesses.
 
Leur jeu préféré consiste à insister sur les sentiments nationaux chaque fois qu’ils sont confrontés à des critiques sur leur incompétence et leurs échecs en matière de leadership.
 
La semaine dernière, le Premier ministre du Kurdistan irakien, Masrour Barzani, a déclaré que les problèmes de la région découlaient de ce qu’il a qualifié de « problèmes fondamentaux » tels que le tracé « arbitraire » des frontières de l’Irak après la Première Guerre mondiale et « le processus de prise de décision à Bagdad » n’était « pas vraiment indépendant » .
 
Il a déclaré à un public d’experts et de journalistes du Royal Institute of International Affairs, basé à Londres, également connu sous le nom de Chatham House, que l’Irak devrait être déclaré « une confédération » au lieu de continuer avec son système actuel qui donne l’autonomie aux Kurdes sous un gouvernement fédéral. 
 
Après le discours, Bafel Talabani, le chef du parti rival PUK, a donné sa vision d’une région du Kurdistan encore divisée politiquement, géographiquement et linguistiquement. Talabani a qualifié les provinces contrôlées par le PDK de Badinan, un ancien nom de la région, contrairement aux provinces sous le contrôle de son parti PUK, connu sous le nom de Soran.
 
Alors que les combats s’intensifient au milieu des nombreuses déceptions et occasions manquées (…), les erreurs de calcul des dirigeants du Kurdistan ont éclipsé la mythique « oasis de calme » et de prospérité censée être représentée par la région.
 
Shasawr Abdul-Wahid, le chef du Mouvement de la nouvelle génération au Kurdistan irakien, a lancé un appel passionné à la communauté internationale pour qu’elle intervienne au Kurdistan.
 
Selon lui, le monde pourrait notamment aider les Kurdes irakiens à organiser des élections libres et équitables. « Sans ceux-ci, il n’y a aucune garantie de paix et de stabilité dans une situation qui se dirige vers l’explosion » , a-t-il déclaré dans un communiqué.
 
En l’absence d’une telle aide, « nous serons obligés de prendre d’autres mesures pour défendre la liberté et la démocratie et les droits de nos citoyens » , a déclaré Abdul-Wahid, dont le mouvement cherche à briser l’establishment bipartite qui a dominé la politique en la région depuis des décennies.
 
Article de Salah Nasrawi publié par Ahram Online

PEN France: la condamnation d’Osman Kavala est une très grave atteinte aux droits humains et à la démocratie

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PARIS – Lundi, un tribunal turc a condamné le philanthrope Osman Kavala à la prison à vie aggravée dans le cadre du très critiqué « procès Gezi » d’Istanbul. À moins qu’un Cours d’appel n’infirme le verdict, Osman Kavala passera le reste de sa vie en prison.
 
Pour le club PEN France, la condamnation de Kavala et ses coaccusés, « est une très grave atteinte aux droits humains et à la démocratie. » Le club PEN France exige la libération de tous les condamnés du procès Gezi dans le communiqué suivant:
 

« Beaucoup de gens utilisent les mots liberté, égalité et démocratie ; mais bien peu sont prêts à consacrer leur temps, leur énergie et leur argent à ces idées. Osman Kavala est l’un d’eux. Il a dédié sa vie entière à la liberté, l’égalité et la démocratie. Il est le véritable ami des Kurdes et des Arméniens, des défavorisés et des opprimés, des Arts et des artistes, de la culture, de la terre et des arbres… Il a toujours été et restera toujours le véritable ami de la vérité.

     Les seules personnes qui méritent d’être jugées dans un tribunal pour ce qui s’est passé à Gezi, ce sont les policiers et la violence avec laquelle ils ont tué des civils, dont un jeune de quatorze ans, et en ont blessé des milliers. Et bien sûr ceux, quels qu’ils soient, qui ont donné l’ordre d’agir avec une telle violence. »

Aslı Erdoğan, le 26 avril 2022
Traduit par Cécile Oumhani

 

Le PEN Club français dénonce avec la plus grande vigueur le verdict injuste prononcé à Istanbul contre Osman Kavala, condamné lundi 25 avril 2022 à la prison à vie.

     Il dénonce aussi le verdict prononcé le même jour contre ses sept coaccusés, Mücella Yapici, Can Atalay, Çiğdem Mater, Tayfun Kahraman, Hakan Altinay, Yigit Ekmeçi et Mine Özerdem, condamnés à une peine de dix-huit ans de prison et mis en état d’arrestation. Il leur était reproché d’avoir apporté leur soutien à Osman Kavala.

      Le PEN Club français exige la libération immédiate d’Osman Kavala et de ses sept coaccusés.

      Il dénonce ce qui est une très grave atteinte aux droits humains et à la démocratie.

      Très engagé dans la défense des droits à la culture et des droits humains, Osman Kavala avait créé en 2002 le centre culturel Anadolu Kültür dans la ville majoritairement kurde de Diyarbakir. Avec son équipe, où l’écrivaine Asli Erdogan s’était aussi engagée, il mettait en avant la culture kurde ainsi que la culture arménienne. Anadolu Kültür rayonnait sur l’ensemble de la Turquie et œuvrait pour que la diversité culturelle soit reconnue comme une richesse.

       Osman Kavala a beaucoup agi pour la reconnaissance du génocide arménien.

       Il a également fondé plusieurs maisons d’édition, dont Ilitesim Yayinlari, dans un esprit de changement de la société et de défense de la démocratie après le coup d’état de septembre 1980.

       Osman Kavala a été arrêté le 18 octobre 2017, plus d’un an après le coup d’état manqué de juillet 2016. Il était accusé d’avoir cherché à renverser le gouvernement en s’impliquant dans les manifestations du parc de Gezi en 2013. Acquitté le 18 février 2020, il était réarrêté aussitôt et réincarcéré à la prison de Silivri. En janvier 2021, l’acquittement était annulé par un tribunal d’Istanbul.

        En 2019, la Cour européenne des droits de l’Homme avait dénoncé son arrestation et son emprisonnement et appelé la Turquie à la libération d’Osman Kavala.

Le 26 avril 2022

 

Prioriser le bien-être des femmes pour freiner les féminicides au Kurdistan du Sud?

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IRAK / KURDISTAN – La journaliste kurde, Rouwayda Mustafah déclare que donner la priorité au bien-être des femmes pourrait freiner le fléau des féminicides et violences faites aux femmes au Kurdistan irakien.
 
Donner la priorité au bien-être des femmes pourrait freiner les féminicides dans la région du Kurdistan
 
La semaine dernière, un homme a été arrêté pour avoir tranché la gorge de sa femme dans la capitale de la région du Kurdistan. Kwestan Pirot Khidr, dont le corps a été jeté à l’extérieur de l’hôpital d’urgence d’Erbil, était une mère de quatre enfants âgée de 35 ans. Un mois auparavant, un influenceur des médias sociaux de 20 ans avait été tué. Elle s’appelait Eman Sami Maghdid. Ce ne sont là que deux des meurtres tragiques visant des femmes dans la région.
 
Lorsqu’une femme ou une fille est tuée dans la région du Kurdistan, la première question que les gens se posent est « qu’a-t-elle fait ? suggérant qu’il existe une forme de conduite qui justifie ou justifie le meurtre de femmes. Cette mentalité omniprésente existe chez les hommes et les femmes dans la société kurde, ce qui la rend beaucoup plus difficile à contester.
 
Sans aucun doute, la région du Kurdistan n’est pas le seul endroit où la violence contre les femmes est en augmentation. Partout dans le monde, nous assistons à une augmentation de la violence, des soi-disant crimes d’honneur et du viol des femmes. Pourquoi cela se produit-il et que peut-on faire pour réduire ou contenir l’ampleur de la violence ?
 
La nature de la violence contre les femmes dans la région du Kurdistan est déformée par un système de croyances répandu qui place la conduite des femmes dans une relation de subordination à l’honneur, à l’estime de soi et à la position sociale des hommes. Cela inclut les femmes perçues comme modestes et celles qui défient les structures familiales qui leur sont destinées.
 
La région a mis en place une loi sur la violence domestique qui criminalise la violence à l’égard des femmes et rend obligatoire son enquête. En revanche, l’Irak n’a pas encore adopté son projet de loi sur la violence domestique. Il existe des maisons d’accueil et une ligne d’assistance téléphonique pour les victimes de violence, mais malgré cela, les services restent mal communiqués aux personnes les plus vulnérables, en particulier les femmes en dehors des centres-villes.
 
Les cas dont nous entendons parler dans les médias concernent des femmes qui sont à la toute fin d’un cycle de violence. D’autres femmes qui continuent à supporter la violence domestique – verbale et physique – ne sont pas entraînées dans l’équation ici. La recherche montre que les femmes survivantes de la violence ont des ramifications à long terme telles que des problèmes de santé mentale, des tentatives de suicide et l’itinérance.
 
Les femmes de la région du Kurdistan sont confrontées à une bataille difficile contre une société largement conservatrice qui traverse actuellement une phase de transition. Cette société a du mal à accepter les plus grandes libertés et opportunités auxquelles les femmes sont de plus en plus exposées. Le simple fait de prononcer des mots comme « ça suffit » n’a que peu de poids dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles.
 
Au moins 11 femmes ont été tuées dans la Région au cours des deux premiers mois de cette année. Quarante-cinq femmes ont été tuées dans la région du Kurdistan en 2021, contre 25 l’année précédente, a rapporté l’AFP en mars.
 
Sans indignation publique contre le meurtre de filles et de femmes, très peu de choses seront accomplies. Et ceci pour deux raisons : la région du Kurdistan est enclavée et fait face à des menaces constantes pour sa sécurité. Il connaît de multiples crises, de son exportation de pétrole jugée inconstitutionnelle par le plus haut tribunal irakien, à la désunion politique interne qui semble atteindre un point de rupture. Lorsque tous ces facteurs sont pris en compte, les femmes ne sont tout simplement pas considérées comme une priorité, et peu d’efforts ont été faits au niveau national pour changer cela.
 
Tant que le bien-être des femmes ne deviendra pas une priorité, la violence à l’égard des femmes et des filles continuera d’augmenter.
 
Sans un plan en place pour réduire l’ampleur de la violence à l’égard des femmes – des lois plus sévères pour les auteurs et des services efficaces en place pour permettre aux femmes d’échapper à des relations abusives, nous ne verrons pas de changement de sitôt.
 
Ruwayda Mustafah est journaliste et une défenseure des droits des femmes
 

ROJAVA. En moins de 4 mois, 33 enfants et 21 femmes tués/blessés par les attaques turques

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SYRIE / ROJAVA – Les attaques des forces turco-jihadistes visant les régions kurdes du nord de la Syrie ont fait des dizaines de victimes parmi les femmes et les enfants depuis le début de l’année 2022.
 
Les attaques des forces d’occupation turques contre les districts de Zarkan, Ain Issa et Tal Tamr, depuis le début de 2022, ont tué et blessé 33 enfants et 21 femmes, tandis que l’organisation de défense des droits humains de la région de Jazera a déclaré que les institutions internationale ne condamnent pas directement les crimes de l’occupation turque au Rojava.
 
Les districts Zarkan et Tal Tamr du canton de Hasakah dans la région d’Al-Jazira, et le district d’Ain Issa du canton de Girê Spî dans la région de l’Euphrate sont bombardés presque quotidiennement par l’État turc et ses mercenaires depuis Serêkaniyê et Girê Spî occupé le 9 octobre 2019.
 
Depuis le début de 2022, l’État occupant turc a intensifié ses attaques contre les zones situées sur les lignes de contact et a ciblé directement les villages peuplés, ce qui a entraîné la mort de citoyens, y compris des enfants et des femmes, et des dommages aux biens des citoyens.
 
Les attaques de l’occupation turque sur les zones de Zarkan, Ain Issa et Tal Tamr depuis le début de l’année 2022 ont causé la mort de 9 enfants et blessé 24 autres, dont certains ont causé des handicaps physiques, et entraîné la mort et des blessures d’environ 21 femmes, selon une statistique de notre agence basée sur des données officielles.
 
4 enfants d’une même famille ont été blessés à Zarkan
 
Dans le district de Zarkan, l’attaque de l’occupation turque a blessé 4 enfants d’une famille du village d’Al-Asadiya. Il s’agit de Baraa Mahmoud Al-Zaher (16 ans), Narges Mahmoud Al-Zaher (15 ans), Shafak Mahmoud Al-Zaher (9 ans) et du parent de la famille, Enas Ismail Al-Khalaf (17 ans).
 
33 enfants et environ 21 femmes tués ou blessés
 
Dans le district de Tal Tamr, le bombardement du village d’Umm al-Khair par l’occupation turque et ses mercenaires a entraîné la mort d’une femme.
 
En parallèle à ces attaques, les bombardements d’Ain Issa par l’occupation turque, qui se sont poursuivis quotidiennement, ont fait 33 morts et blessés parmi les enfants, et parmi ces enfants, les bombardements ont causé l’amputation de leurs membres.
 
Le nombre de femmes tuées et blessées à la suite des attaques de l’occupation turque a atteint environ 20.
 
« Les attaques de l’occupation turque contre le nord et l’est de la Syrie n’ont pas cessé malgré l’accord de cessez-le-feu conclu par les parties garantes en Syrie après l’attaque de l’occupation turque contre Serêkaniyê et Girê Spî en 2019 » , explique la directrice de l’Organisation des droits humains, Avin Juma.
 
Elle a ajouté : « La majorité des victimes sont des enfants et des femmes de familles qui vivent dans des villages de la ligne de front, qui sont exposés presque quotidiennement à des crimes à leur encontre, sans parler de l’état d’instabilité dans lequel ils vivent. Ces attaques ont provoqué la déplacement de dizaines de familles de leurs maisons. »
 
Silence de la communauté internationale devant les crimes commis par la Turquie
 
 Avin Juma a indiqué que les violations et les crimes de guerre commis contre les citoyens ont lieu au vu et au su des forces internationales présentes dans la région, qui ont été témoins des accords de cessez-le-feu signés, et a déclaré : « Tout le monde est silencieux sur les violations qui ont lieu. » 
 
En ce qui concerne la partie qui reçoit les documents relatifs aux crimes commis par l’occupation turque contre les citoyens du nord et de l’est de la Syrie, Juma précise que les crimes commis contre les citoyens sont documentés par l’organisation.
 
L’organisation des droits de l’homme dans la région d’Al-Jazeera s’efforce de remettre ces documents et dossiers aux organisations de défense des droits de l’homme et aux tribunaux internationaux afin de faire pression sur l’État turc pour qu’il cesse ses crimes et tienne les auteurs responsables, a déclaré Avin Juma.
 
Selon elle, les dossiers des victimes de la guerre sont joints aux certificats médicaux et aux rapports qui prouvent l’état dans lequel les blessés sont arrivés dans les centres de traitement, ce qui confirme que l’État turc et les groupes « d’opposition syrienne » ciblent les personnes sûres.
 
« Ils sont envoyés à des commissions internationales d’enquête pour les remettre aux tribunaux internationaux malgré les obstacles juridiques et les difficultés concernant le mécanisme de remise de ces dossiers aux tribunaux et le mécanisme pour les accepter comme cas individuels » , a-t-elle déclaré à propos des dossiers.
 
« Les commissions vérité ne condamnent pas les crimes turcs »
 
Elle a souligné que les rapports publiés par la commission d’enquête « ne condamnent pas directement les crimes turcs », et a précisé la clarification : « Les commissions d’enquête établissent des dossiers et les ajoutent aux rapports périodiques qu’elles publient, et les crimes commis sont condamnés, mais sans condamnation directe de l’État turc, qui commet des violations malgré sa participation effective. 
 
Attribuer les raisons de ne pas tenir l’occupation turque pour responsable de ses interventions et violations en Syrie aux droits de l’homme et aux organisations internationales ignorant ce qui se passe, et ne pas mettre fin aux crimes commis à l’intérieur du territoire syrien, ce qui encouragerait tous les auteurs à continuer de les commettre. La situation syrienne a besoin d’une vraie solution et réaliste. »
 
La responsable de l’Organisation des droits de l’homme dans la région d’Al-Jazeera, Avin Juma, a appelé la communauté internationale à reconnaître l’occupation turque des territoires syriens et à la tenir responsable de ses crimes. Syriens en sécurité sur leurs terres.
 
Elle a également appelé les organisations de défense des droits de l’homme et les forces internationales actives dans le dossier syrien à prendre la décision de mettre fin à la guerre en cours en Syrie, de retirer toutes les forces d’ingérence sur le territoire syrien et de tenir pour responsables tous ceux qui ont commis des crimes de guerre afin d’obtenir justice pour les victimes.
 

Une internationaliste brésilienne partie au Rojava pour vivre en communauté, dans une vraie société

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Une jeune internationaliste brésilienne s’est rendue au Rojava pour vivre en communauté, dans une vraie société. Elle a pris le nom kurde Rojda [roj = soleil + da = donné] qui signifie celle ou celui qui a fait naitre le soleil. Rojda a répondu aux question du journal Nûçe Ciwan sur ce qui l’a motivée à partir au Rojava et ce qu’elle a appris / apprend sur la vie en communauté en tant que femme, loin de la société capitaliste.
 
Rojda: « Est-il possible de vivre en communauté, de vivre dans une vraie société »
 
« Je m’appelle Rojda et « roj » est le premier mot que j’ai appris en kurde, qui signifie « soleil »… Et pour moi, mon expérience et mes sentiments sont liés au lever du soleil. Parce que pour moi le lever du soleil est synonyme d’espoir. Quand je suis arrivé au Rojava, quand je me suis réveillé après la première nuit, je me souviens avoir vu le soleil entrer par la fenêtre et j’ai eu un sentiment tellement différent et spécial parce que je savais que j’étais à la place de la Révolution, quelque chose que j’ai lu tant de choses à ce sujet, quelque chose dont j’avais parlé entre camarades et que je voulais vivre. Je voulais le prouver, pour moi et pour les autres camarades qui ne sont pas là, qu’il est possible de vivre dans un système alternatif. C’est possible de vivre en communauté, d’avoir de l’espoir, d’aimer davantage.
 
J’apprends beaucoup, chaque jour, parce que j’ai vécu dans le système capitaliste, dans un pays qui aujourd’hui est vraiment malade. Dans un pays qui lutte contre le fascisme, mais on se bat et… C’est vraiment difficile de se lever chaque jour avec la force et l’espoir de continuer à se battre parce qu’on regarde vers l’avant et qu’on ne voit pas de possibilité de transformation, de changement, de transformation. Je travaille avec les arts et la culture; Je choisis de travailler avec ça pour pouvoir parler de l’être humain, pour m’épanouir en tant qu’humain aussi, pour discuter, réfléchir, faire évoluer la société. Mais même ainsi, je sentais que c’était impossible mais quand je suis arrivée au Rojava, j’ai prouvée à moi-même que tout ceci est possible.
 
Combien est-il possible de se développer, de vivre en société – dans la vraie société. J’ai prouvé que chaque jour ici, spécialement en contact avec les familles qui m’ont reçu avec beaucoup d’amour pour en apprendre davantage sur la culture, la tradition kurde et les rituels. Cela montre à quel point dans les pays occidentaux – qui sont gouvernés par le capitalisme, à quel point nous sommes déconnectés de nos corps, de nos racines, et d’être ici – même de ne pas être d’ici – je me sens enracinée. C’est très spécial, participer à une commémoration, danser la danse kurde, écouter de la musique, et c’est comme si je le savais déjà. J’ai l’impression que mon cœur bat selon la chanson, à chaque pas qui est fait, tu danses en cercle, tu regardes dans les yeux des autres même si tu ne te connais pas. C’est comme si vous en faisiez partie, c’est comme si vous n’en faisiez pas partie. Et c’est très spécial, très humain. Ce sont des valeurs que nous avons perdues. Ce que le système capitaliste nous a pris, la mondialisation, nous sommes devenus très individualistes et là vous pensez non seulement à vous-même, mais aussi à la société, aux amis qui vous entourent.
 
Quelque chose que j’ai appris, c’est que tout ce que je fais, du réveil au coucher… je le fais pour moi et pour les autres et c’est pourquoi il est possible de vivre en communauté, de vivre dans une vraie société. Souvent, ils me posent des questions sur la culture et les habitudes brésiliennes, et je me perds pour en parler. Parce que de nos jours la globalisation influence tellement les pays occidentaux que nous connaissons nos propres racines. Ici quand tu vas dans une maison, tu fais tous les rituels, tu bois le thé, tu salues ​​toutes les personnes, tu t’assois en cercle – et c’est très symbolique, pécher en cercle, être en contact avec tous les personnes. Cela nous montre combien la Révolution est indispensable pour pouvoir vivre sans frontières. Pouvoir respecter les gens, rechercher une vie égale, et surtout aimer. Je crois que je n’ai jamais autant aimé. Être avec des gens que vous n’avez jamais vus, que vous n’avez jamais rencontrés, et être si différents… mais quand même, être liés par l’amour et par la lutte.
 
Être une femme en occident où le patriarcat est si agressif, si violent, et être ici être valorisée et respectée en tant que femme, être à l’écoute, c’est très bien.
 
Donc pour moi, ce n’est pas une expérience, mais un apprentissage en profondeur. C’est pouvoir aller de l’avant, aller de l’avant, avoir envie de continuer. Et c’est vouloir s’enraciner de plus en plus profondément, chaque fois encore plus vouloir que les gens viennent ici pour le vivre aussi parce que seul être ici on peut vraiment le vivre. Bien sûr il y a des contradictions, c’est dur quand on ne connaît pas la langue mais on l’apprend petit à petit, la culture les habitudes mais ça fait partie de ce processus. J’invite de tout mon cœur, celle/celui qui croit en une vie révolutionnaire, y crois et l’espère, à rencontrer le Rojava, le vivre, échanger… des expériences, des connexions, des combats. Et le fondamental, la lutte. »
 

Administration autonome de Shengal: le gouvernement irakien crée le chaos à Shengal

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L’armée irakienne a envoyé récemment des renforts militaires à Shengal alors que la région est menacée également par le régime turc qui veut chasser les Kurdes yézidis de leur patrie.
Le vice-coprésident du Conseil exécutif de l’administration autonome de Shengal, Azad Hussein, a déclaré que le gouvernement irakien porte la responsabilité du chaos qu’il crée à Shengal, ajoutant qu’il y a une grande pression exercée par l’Etat turc et le Parti Démocratique du Kurdistan (PDK) sur le gouvernement irakien.
 
Azad Hussein, vice-coprésident du Conseil exécutif de l’administration autonome de Shengal, a déclaré que l’argument du gouvernement irakien dans la construction du mur à la frontière de Shengal est sans fondement et a ajouté : « Ils appellent à s’opposer aux opérations d’infiltrations. L’Etat islamique s’est infiltré à travers Shengal, mais depuis la libération de Shengal jusqu’à maintenant, Shengal est la seule zone dépourvue de cellules de l’Etat islamique dans tout l’Irak.
 
Il a souligné : « La construction du mur vise à empêcher la relation entre le Rojava et le Shengal et à empêcher la relation entre les Yézidis dans les deux parties du Kurdistan. »
 
Azad Hussein a déclaré que l’administration autonome de Shengal et grâce à la résistance des yézidis, le drapeau irakien a été hissé à Shengal, et sinon le drapeau n’aurait pas été hissé, après l’attaque brutale de l’EI en 2014 : « Nous avons vu comment l’armée irakienne remis Shengal à l’Etat islamique, et comment les forces du Parti démocratique du Kurdistan l’ont fui, mais nous avons défendu Shengal, mais le gouvernement irakien n’a pas considéré cela comme une défense du territoire irakien. »
 
 

Concernant les accusations portées par le ministre irakien des Affaires étrangères au PKK, Azad Hussein a appelé le gouvernement irakien à en savoir plus sur l’histoire des yézidis et sur les campagnes d’extermination (ferman/édits) auxquelles ils ont été exposés, et il lui a demandé : « Pour toutes ces années et pendant les 74 fermans [édits], le PKK  existait-il, son idéologie existait-elle ? Bien sûr, ceux qui se sont précipités au secours des Yézidis, ce qui ne peut être nié, ce sont les combattants du PKK qui ont combattu avec les Yézidis contre l’EI. Mais nous disons aussi que celui qui crée le chaos à Shengal est l’armée irakienne qui veut entrer par la force et combattre les forces yézidies.
 
Les 18 et 19 avril derniers, les forces de l’armée irakienne ont attaqué les points de contrôle et les points des unités de résistance de Shengal et des forces de sécurité yézidies [Asayîşa Êzidxanê] pour leur imposer leur contrôle, ce qui a incité les forces yézidies à se défendre et à résister, forçant l’armée irakienne à reculer.
 
Cela s’est produit en conjonction avec l’attaque conjointe lancée par l’occupation turque et les forces du PDK sur les zones de légitime défense. »
 
À ce sujet, Azad Hussein a déclaré : « Le gouvernement irakien subit une forte pression de la part de la Turquie et du Parti démocratique du Kurdistan, et c’est la cause de la crise à Shengal, donc le gouvernement irakien doit assumer la responsabilité de ce qui se passe à Shengal, et il est en est principalement responsable. »
 

Bahçeli: « Les minorités non musulmanes ne peuvent plus défier ce parlement »

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TURQUIE – Dans un discours au parlement turc, le leader du parti ultra-nationaliste MHP a ciblé le député du parti pro-kurde HDP, Garo Paylan, à cause de son projet de loi pour la reconnaissance du génocide arménien.
 
Le partenaire de coalition du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, Devlet Bahçeli a ciblé les « minorités non musulmanes » dans son discours au groupe parlementaire mercredi.
 
Devlet Bahçeli, chef du Parti du mouvement ultra-nationaliste (MHP), a qualifié le député Paylan d’«agent de la diaspora» pour avoir proposé un projet de loi pour la reconnaissance du génocide arménien. Garo Paylan est un député arménien du Parti démocratique des peuples (HDP).
 
Dans son discours adressé aux députés du MHP, Bahçeli a déclaré :
 
« Chers amis, la veille du 23 avril, alors que nous nous préparions à célébrer le 102e anniversaire de la création de notre parlement des vétérans, un sale membre du HDP a proposé un projet de loi exigeant la reconnaissance d’un prétendu génocide arménien. Grâce à Dieu, cette proposition audacieuse fut aussitôt renvoyée à son auteur. Malheureusement, il y a un agent de la diaspora au sein du parlement turc. Préparer un projet de loi sur un prétendu génocide arménien est une insulte à nos ancêtres. C’est une trahison, c’est une calomnie absolue. C’est une dégradation pour nous tous qu’un fauteur de troubles aussi servile siège en tant que député au parlement.
 
On voit de qui ce député pourri prend courage, avec qui il coopère. Transformer les allégations de génocide en projet de loi a été utilisé comme une opportunité pour provoquer la Turquie et accuser notre peuple. 
 
Je préviens tout le monde. Le parlement turc n’est pas le parlement ottoman de l’ère constitutionnelle. Ce n’est pas du tout un endroit où les minorités non musulmanes peuvent défier [la nation turque]. Ce n’est pas un endroit où ceux qui qualifient la nation turque d’auteurs de massacres et de génocides pourront se réfugier, exister ou pourront nous regarder droit dans les yeux. »
 

Les dépenses militaires de la Turquie ont été multipliées par six depuis 2015

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Le régime turc d’Erdogan n’a assurément pas appris la leçon de ses prédécesseurs qui misaient sur la guerre pour écraser dans le sang les revendications plus que légitimes des Kurdes. Pire encore, il multiplie les dépenses militaires turques qui atteignaient les 350 milliards de dollars en 2021 et qui devraient augmenter encore cette année car la Turquie mène actuellement plusieurs guerres colonialistes contre les Kurdes d’Irak et de Syrie.
 
Pour Pervin Buldan, coprésidente du partie HDP, chaque centime dépensé pour l’armement, c’est autant d’argent en moins dans la poche des dizaines de millions de Turcs qui vivent sous le seuil de la pauvreté.
 
La coprésidente du HDP, Buldan, a déclaré que les dépenses de guerre de la Turquie ont été multipliées par six depuis 2015. Dans le même temps, le revenu moyen a chuté. Chaque balle tirée signifie que les Turcs ont moins d’argent dans leurs poches.
 
Pervin Buldan, s’exprimait lors de la réunion du groupe parlementaire de son parti à Ankara sur les questions d’actualité et le lien entre la pauvreté de la population en Turquie et les guerres d’agression du gouvernement Erdogan dans les pays voisins.

 
« La Turquie est à la croisée des chemins. Tous les groupes sociaux demandent de plus en plus des changements pour se libérer d’un système de crise qui ne produit aucune solution aux problèmes économiques, sociaux et juridiques existants. Des voix se font entendre partout disant : ça suffit ! Ces voix effraient le gouvernement. Afin de ne pas perdre son pouvoir et de maintenir son ordre, fait de profit et de corruption, elle devient de plus en plus agressive. Nous avons affaire à un gouvernement qui utilise toutes sortes de mécanismes de conflit et de crise pour rester au pouvoir : des conspirations judiciaires aux putschs politiques, d’une politique de polarisation aux guerres d’agression dans les pays voisins.
 
Le pouvoir judiciaire a lancé une campagne contre les personnes qui ont manifesté leur solidarité avec Kobanê au moment de l’attaque de l’Etat islamique et contre ceux qui ont déposé une objection collective au système existant lors du soulèvement de Gezi. Le gouvernement est en guerre dans la rue contre les femmes, les jeunes et les travailleurs et en politique contre le HDP et toutes les forces démocratiques. La guerre est également menée contre la nature, selon le coprésident du HDP. »
 
Procès Gezi: Solidarité avec Osman Kavala
 
Concernant le verdict du procès Gezi, Buldan a déclaré que la procédure a été rouverte après que les acquittements ont été passés par l’influence politique sur le système judiciaire : « Cher Osman Kavala a été condamné à la réclusion à perpétuité, cher Mücella Yapıcı et six autres amis à 18 ans chacun. Je leur adresse à tous mes salutations et leur exprime ma solidarité : vous n’êtes pas seuls dans votre combat pour la justice, la conscience démocratique de la Turquie est de votre côté. Par conséquent, les jugements rendus par ces tribunaux ne sont pas des jugements juridiques mais des décisions politiques. »
 
Guerre pour maintenir le gouvernement au pouvoir
 
Selon Buldan, un autre pilier de la lutte du gouvernement pour rester au pouvoir est les guerres d’agression dans les pays voisins de la Turquie. « Le gouvernement dit à l’Ukraine que personne ne peut gagner une guerre. En même temps, il a lancé une vague d’attaques transfrontalières dans la région fédérale du Kurdistan avec des objectifs impérialistes. Envahir d’autres pays au mépris du droit international signifie expansionnisme et une politique Le gouvernement se nourrit de crises et de conflits constants et exporte les guerres en Irak, en Syrie et au Moyen-Orient afin de déstabiliser davantage la région et de priver la population, en particulier le peuple kurde, de la possibilité d’une coexistence pacifique. « Le peuple doit payer le prix de cette politique. Cette politique va encore approfondir la question kurde et la plonger dans une situation sans espoir. »
 
Buldan a ajouté que « le chef de l’AKP [Erdogan] a déclaré la semaine dernière que le HDP était le seul parti mal à l’aise avec l’opération militaire. Ces mots montrent la position de l’opposition politique, qui n’a aucune objection à la politique de guerre. Je voudrais dire ceci à ce stade : en tant que gouvernement, vous êtes peut-être à l’aise avec la situation, mais nous ressentons certainement un grand malaise face à votre politique de guerre. Il n’y a pas que nous, nous entendons la même chose de la part de la population. Vous êtes peut-être détendu, mais nous ressentons une grande tristesse devant les cadavres de jeunes. Cela nous dérange que vous détruisiez la paix des peuples de la région et que la société doive en payer le prix avec une pauvreté croissante. Et vous perturbez notre politique de paix. Nous le voyons et le savons, mais nous ne les abandonnerons pas. Nous nous positionnerons toujours contre la guerre et pour la paix, et nous continuerons à vous mettre mal à l’aise. »
 
Selon Pervin Buldan, les dépenses de guerre de la Turquie ont été multipliées par six depuis 2015. Dans le même temps, le revenu moyen a chuté. Chaque balle et chaque bombe tirée signifie que les Turcs ont moins d’argent dans leurs poches.
 

LYON. Manifestation en solidarité avec la résistance kurde

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LYON – Ce samedi 30 avril, les Kurdes de Lyon et leurs amis manifesteront contre l’occupation du Kurdistan du Sud par la Turquie.
 
Voici le communiqué appelant à manifester publié par Rebellyon:
 
« A tous les ami.e.s de la lutte de libération kurde, à tous les antifascistes, socialistes, féministes, anarchistes, communistes, écologistes et tout ceux qui se battent pour une vie et un monde meilleurs, nous appelons à une manifestation à Lyon ce samedi 30 avril place Bellecour à 16h, contre les attaques de la Turquie au Kurdistan !
 
Depuis le 17 avril 2022, l’armée turque a lancé, avec le soutien du Parti démocratique du Kurdistan (PDK, dominé par le clan Barzani), une nouvelle opération d’invasion contre la région du Sud-Kurdistan (Kurdistan irakien).
 
Les ambitions néo-otomanes de la Turquie d’Erdogan se concrétisent de jour en jour. De la Syrie jusqu’en Irak, Erdogan et ses soutiens se lancent dans une nouvelle invasion sous prétexte de « sécurisation des frontières ».
 
Or, nous avons tous été témoins de ce que signifiait la « sécurisation des frontières » pour Erdogan à Afrin, à Serêkaniyê, à Girê Spî ou encore à Idlib.
 
Du Haut-Karabagh jusque sur le continent africain, la Turquie réinstaure les frontières de l’Empire ottoman sous le silence cynique de la communauté internationale.
 
Aujourd’hui encore ce silence honteux et assourdissant à encourager Erdogan à bombarder le centre de la ville Martyr de Kobanê, au Rojava. Plusieurs blessés sont à déplorer selon un premier bilan provisoire.
 
C’est pourquoi, le Conseil démocratique kurde en France appelle à manifester à Paris et dans plusieurs villes de France pour dénoncer et stopper le dictateur Erdogan.
 
Battons le fascisme turc et construisons le front international antifasciste !
Regroupons-nous et unissons-nous dans la lutte ! »
 
 
RDV le samedi 30 avril à 16h
Place Bellecour.

Maha Hassan, une écrivaine aux identités multiples

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PARIS – Le 16 avril dernier, l’Institut kurde de Paris accueillait Maha Hassan à l’occasion de la sorti de son roman Femmes d’Alep qu’elle avait écrit avec l’aide précieuse apportée par Ismaël Dupont. Écrivaine aux identités multiples et parfois conflictuelles, Maha Hassan ne cesse de remettre en question l’affiliation biologique à laquelle on aimerait la cantonner. En effet, Maha Hassan est une Kurde syrienne qui est née et a grandi à Alep, sans jamais vraiment appris sa langue maternelle. Maha a également des origines arméniennes car la grand-mère d’un de ses ancêtres est une femme qui a échappé au génocide arménien de 1915.
 
Maha Hassan se dit être avant tout citoyenne du monde qui possède les nationalités syrienne et française. Si elle parle de son identité kurde, c’est pour attirer l’attention sur les massacres subis par les Kurdes depuis plus d’un siècle et qui souffrent encore aujourd’hui. En effet, lors de la présentation de son livre, Maha Hassan a dit que sa boussole intérieure est la douleur et que par solidarité avec la souffrance actuelle du peuple kurde, elle se dit kurde et que si demain un malheur frappait le peuple français, elle se dirait française sans hésiter. En dehors de cela, il lui est impossible d’entrer dans des cases identités/origines ethniques, etc. Comme Amin Maalouf, Maha rejette violemment les «Identités meurtrières», sans oublier les identités meurtries. 
 

Réfugiée en France depuis 2004, Maha Hassan possède également la nationalité française. Écrivaine d’expression arabe ayant publié plus d’une dizaine de romans, Maha a entrepris le défit d’écrire son dernier roman Femmes d’Alep en français, même si elle a eu besoin d’aide pour cela. Le résultat est un roman de plus de 450 pages qui met en scène la vie de dizaines de femmes, majoritairement des femmes de la famille de Maha: des grand-mères, tantes, cousines, sœurs, nièces, sa propre mère, Maha elle-même et sa fille qui n’est jamais née… Des femmes victimes de crimes d’honneur, des femmes persécutées au nom de l’Islam, des femmes exilées, des femmes rescapées de génocide, des femmes victimes de guerre, des femmes à la sexualité réprimée, des femmes victimes de violences conjugales, des femmes privées de faire des études, des femmes qui luttent pour échapper à l’univers patriarcal et misogyne moyen-oriental, des femmes qui n’ont que Maha pour faire entendre toute l’horreur qu’on leur a infligée depuis leur plus tendre enfance car nées femmes…

 
Femmes d’Alep paru chez Skol Vreizh, 20,90 euros (prix d’éditeur)
 
 

Certains chapitres de Femmes d’Alep nous font penser au roman La laveuse de mort de Sara Omar, une écrivaine kurdo-danoise vivant sous la protection de la police pour avoir dénoncé les crimes d’honneur et les violences masculines au sein de la société conservatrice kurde. En effet, même si le roman de Maha englobe un champ plus large des violences faites aux femmes (quelles soient étatiques, religieuses, culturelles, ethniques, sexistes, racistes…) leur brutalité et l’effet destructeur qu’elles entrainent sont similaires dans les deux romans.

 
 
 
Ismaël Dupont et Maha Hassan
 
Née pour raconter les histoires des femmes
 

Maha Hassan dit qu’elle se sent être missionnée par les femmes qu’elle a croisées dans sa vie pour être leur voix qu’on a étouffée.  

 
Maha dit « Je suis née femme pour raconter les histoires de ces femmes autour de moi : femmes de ma famille, femmes d’ailleurs, voisines, cousines, amies, rendues étrangères à elles-mêmes. Femmes sorties de l’ombre où elles ont vécu dans l’injustice et la peur, femmes aux vies cabossées par la guerre et l’exil. Je suis née dans cette société orientale tyrannique pour témoigner des expériences des femmes dans ce monde définitivement perdu que fut la Syrie d’avant la Révolution et la guerre civile. Je suis née là-bas pour m’exiler et écrire ce livre rendu possible et nécessaire par la distance et l’éloignement. Je suis née pour raconter et je me suis exilée pour sauver mes histoires. »
 

Femmes d’Alep est un roman qui nous fait voyager à travers l’histoire depuis l’empire ottoman et le génocide arménien jusqu’à la guerre en Syrie qui a déversé des millions de femmes et d’hommes sur les chemins de l’exil. C’est également un roman qui nous emmène à Afrin, autrefois un havre de paix au milieu de la guerre syrienne aujourd’hui devenu un « Islamistan » avec des mercenaires jihadistes à la solde de la Turquie qui ont commis des crimes de guerre. C’est aussi un roman dans lequel Maha questionne sa place dans la société française qui lui colle souvent l’étiquette de femme arabe musulmane à cause de son accent et sa couleur de peau. A lire pour découvrir un monde féminin riche et insoupçonné…

 
Maha Hassan
 
Née à Alep, dans une famille kurde, Maha Hassan vit une enfance croisée entre la grande ville arabe et le village kurde. Études supérieures à la faculté de droit d’Alep. Écrivaine et journaliste de langue arabe exilée en France depuis 2004, Maha Hassan a écrit 13 romans, la plupart publiés au Liban et diffusés dans le monde arabe. Deux de ces romans son traduits en italien, un en kurde et un autre en néerlandais. Elle vit aujourd’hui à Morlaix.