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Une internationaliste brésilienne partie au Rojava pour vivre en communauté, dans une vraie société

Une jeune internationaliste brésilienne s’est rendue au Rojava pour vivre en communauté, dans une vraie société. Elle a pris le nom kurde Rojda [roj = soleil + da = donné] qui signifie celle ou celui qui a fait naitre le soleil. Rojda a répondu aux question du journal Nûçe Ciwan sur ce qui l’a motivée à partir au Rojava et ce qu’elle a appris / apprend sur la vie en communauté en tant que femme, loin de la société capitaliste.
 
Rojda: « Est-il possible de vivre en communauté, de vivre dans une vraie société »
 
« Je m’appelle Rojda et « roj » est le premier mot que j’ai appris en kurde, qui signifie « soleil »… Et pour moi, mon expérience et mes sentiments sont liés au lever du soleil. Parce que pour moi le lever du soleil est synonyme d’espoir. Quand je suis arrivé au Rojava, quand je me suis réveillé après la première nuit, je me souviens avoir vu le soleil entrer par la fenêtre et j’ai eu un sentiment tellement différent et spécial parce que je savais que j’étais à la place de la Révolution, quelque chose que j’ai lu tant de choses à ce sujet, quelque chose dont j’avais parlé entre camarades et que je voulais vivre. Je voulais le prouver, pour moi et pour les autres camarades qui ne sont pas là, qu’il est possible de vivre dans un système alternatif. C’est possible de vivre en communauté, d’avoir de l’espoir, d’aimer davantage.
 
J’apprends beaucoup, chaque jour, parce que j’ai vécu dans le système capitaliste, dans un pays qui aujourd’hui est vraiment malade. Dans un pays qui lutte contre le fascisme, mais on se bat et… C’est vraiment difficile de se lever chaque jour avec la force et l’espoir de continuer à se battre parce qu’on regarde vers l’avant et qu’on ne voit pas de possibilité de transformation, de changement, de transformation. Je travaille avec les arts et la culture; Je choisis de travailler avec ça pour pouvoir parler de l’être humain, pour m’épanouir en tant qu’humain aussi, pour discuter, réfléchir, faire évoluer la société. Mais même ainsi, je sentais que c’était impossible mais quand je suis arrivée au Rojava, j’ai prouvée à moi-même que tout ceci est possible.
 
Combien est-il possible de se développer, de vivre en société – dans la vraie société. J’ai prouvé que chaque jour ici, spécialement en contact avec les familles qui m’ont reçu avec beaucoup d’amour pour en apprendre davantage sur la culture, la tradition kurde et les rituels. Cela montre à quel point dans les pays occidentaux – qui sont gouvernés par le capitalisme, à quel point nous sommes déconnectés de nos corps, de nos racines, et d’être ici – même de ne pas être d’ici – je me sens enracinée. C’est très spécial, participer à une commémoration, danser la danse kurde, écouter de la musique, et c’est comme si je le savais déjà. J’ai l’impression que mon cœur bat selon la chanson, à chaque pas qui est fait, tu danses en cercle, tu regardes dans les yeux des autres même si tu ne te connais pas. C’est comme si vous en faisiez partie, c’est comme si vous n’en faisiez pas partie. Et c’est très spécial, très humain. Ce sont des valeurs que nous avons perdues. Ce que le système capitaliste nous a pris, la mondialisation, nous sommes devenus très individualistes et là vous pensez non seulement à vous-même, mais aussi à la société, aux amis qui vous entourent.
 
Quelque chose que j’ai appris, c’est que tout ce que je fais, du réveil au coucher… je le fais pour moi et pour les autres et c’est pourquoi il est possible de vivre en communauté, de vivre dans une vraie société. Souvent, ils me posent des questions sur la culture et les habitudes brésiliennes, et je me perds pour en parler. Parce que de nos jours la globalisation influence tellement les pays occidentaux que nous connaissons nos propres racines. Ici quand tu vas dans une maison, tu fais tous les rituels, tu bois le thé, tu salues ​​toutes les personnes, tu t’assois en cercle – et c’est très symbolique, pécher en cercle, être en contact avec tous les personnes. Cela nous montre combien la Révolution est indispensable pour pouvoir vivre sans frontières. Pouvoir respecter les gens, rechercher une vie égale, et surtout aimer. Je crois que je n’ai jamais autant aimé. Être avec des gens que vous n’avez jamais vus, que vous n’avez jamais rencontrés, et être si différents… mais quand même, être liés par l’amour et par la lutte.
 
Être une femme en occident où le patriarcat est si agressif, si violent, et être ici être valorisée et respectée en tant que femme, être à l’écoute, c’est très bien.
 
Donc pour moi, ce n’est pas une expérience, mais un apprentissage en profondeur. C’est pouvoir aller de l’avant, aller de l’avant, avoir envie de continuer. Et c’est vouloir s’enraciner de plus en plus profondément, chaque fois encore plus vouloir que les gens viennent ici pour le vivre aussi parce que seul être ici on peut vraiment le vivre. Bien sûr il y a des contradictions, c’est dur quand on ne connaît pas la langue mais on l’apprend petit à petit, la culture les habitudes mais ça fait partie de ce processus. J’invite de tout mon cœur, celle/celui qui croit en une vie révolutionnaire, y crois et l’espère, à rencontrer le Rojava, le vivre, échanger… des expériences, des connexions, des combats. Et le fondamental, la lutte. »