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AKP : 16 ans de terreur – Deuxième partie

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Depuis l’arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdoğan et de son parti AKP, de nombreux enfants ont été assassinés.

L’AKP ressemble à une machine à tuer plus qu’à un parti. C’est parce qu’il a décidé que pour rester au pouvoir, il ne connaîtrait aucune limite quant à la quantité de violence et de mort dont il pourrait avoir recours.

La liste des crimes commis par l’AKP est sans fin et, malheureusement, continue : décès en garde à vue, décès en prison, torture à l’intérieur et à l’extérieur des prisons et des postes de police …

* Le 1er août 2015, des avions de combat turcs bombardant les zones de défense de Medya à Qandil [au Kurdistan irakien] ont frappé le village de Zergelê, tuant 8 civils et blessant gravement 14 autres. Le responsable des massacres de Kortek, Roboski, Zergelê et de l’utilisation d’armes chimiques contre les guérilleros, le chef d’ état- major Necdet Özel a reçu une médaille «honorifique» du président Erdoğan.

* 7 juin 2015 : Erdoğan a vu sa popularité baisser après les élections générales et 13 ans au pouvoir. Il a jugé bon d’utiliser DAESH (EI) pour maintenir le pays sous menace. Dans les attentats à la bombe d’Amed [Diyarbakir], de Suruç, d’Ankara et d’Antep, des centaines de personnes ont perdu la vie, y compris des enfants. Le 5 juin 2015, à peine deux jours avant les élections, 400 personnes ont été blessées dans une attaque à la bombe contre le rassemblement du HDP à Amed. Quatre membres du HDP sont morts.

* 20 juillet 2015 : À la suite d’un attentat suicide à Suruç, 33 jeunes socialistes ont perdu la vie.

* 10 octobre 2015 : Massacre d’Ankara. Au moins 100 personnes ont été tuées et 400 autres ont été blessées. Après l’attaque de Charlie Hebdo, Erdoğan avait déclaré : « Nous, les responsables politiques, nous sommes responsables des assassinats commis dans notre pays ». Il n’a pas démissionné et le Premier ministre Ahmet Davutoglu a expliqué pourquoi le gouvernement n’avait pris aucune mesure préventive contre des membres bien connus du DAESH. : « Nous avons une liste de kamikazes – at-il déclaré – Mais nous ne pouvons pas les arrêter tant qu’ils ne passent pas à l’acte ».

* Un attentat suicide a été perpétré lors d’un mariage kurde le 20 août 2016 à Antep, l’une des villes où DAESH recrutait. Sur les 57 personnes tuées, 40 étaient des enfants. Sur les 64 blessés, 13 ont été grièvement blessés.

Une autre « catastrophe naturelle »

* Le 24 août 2015, les inondations dans le district d’Artvin à Hopa ont tué 11 personnes. « Nous avons peut-être fait des erreurs, mais c’est une catastrophe naturelle », a déclaré le gouverneur d’Artvin après la catastrophe.

Enfants assassinés

* L’Etat turc ne s’est pas arrêté [dans le meurtre d’enfants], même lorsqu’il s’est entretenu avec le leader du peuple kurde, Abdullah Öcalan. Le 14 janvier 2015, les forces de sécurité ont assassiné Nihat Kazanhan, âgé de 12 ans, à Cizre. Des soldats et des policiers qui ont assassiné les enfants ont été déclarés héros et promus par Erdoğan et n’ont jamais été jugés.

* 18 octobre 2015 : La police a fait une descente dans une maison à Küçükmutlu, à Istanbul, et a assassiné Dilek Doğan, âgé de 25 ans.

* Une femme enceinte de 8 mois, Remziye Bor, a été abattue par la police des opérations spéciales qui a fait une descente chez elle dans le quartier de Van Xaçort (Hacıbekir) le 19 avril 2016. Elle est décédée après 28 jours aux soins intensifs.

* 18 novembre 2016 : La police effectue une descente dans la maison de la famille Ataman dans le quartier Agamast d’Ercis (Van), mettant le feu à la maison et brûlant Hediye Ataman. Les civils exécutés lors de raids ou au milieu de la rue étaient tous accusés d’être des «membres de l’Organisation [PKK]» par l’État.

* Kemal Kurkut, étudiant au département de musique de la faculté des beaux-arts de l’université d’İnönü, qui voulait entrer sur la place de Newroz à Amed le 21 mars 2017, a été abattu par la police. Le gouverneur de Diyarbakir a affirmé immédiatement après le meurtre que Kurkut était un «kamikaze». Un jour après, le mensonge du gouverneur a été découvert : Abdurrahman Gök de DiHaber a publié des photographies montrant les moments où la police a abattu Kurkut. Le tueur de Kurkut n’a pas été arrêté.

Quelque 10 000 femmes tuées

* Près de 10 000 femmes ont été assassinées au cours des 16 années de règne de l’AKP. Rien qu’entre 2002 et 2009, le nombre de femmes assassinées a augmenté de 400%.

La guerre a pris des milliers de vies

* Selon les chiffres de l’Association des droits de l’homme (Insan Haklari Dernegi – IHD), plus de 10 000 personnes ont perdu la vie à la suite des affrontements qui ont éclaté à cause de la question kurde non résolue pendant la période de l’AKP.

La mort liée au travail est très élevée

* Selon les chiffres officiels du gouvernement AKP, depuis 2002, 20 500 travailleurs ont perdu la vie dans des accidents de travail. (…) Parmi les accidents les plus graves : les chantiers navals de Tuzla, Davutpasa, Ostim, Soma, Karadon, Ermenek, Esenyurt et Torunlar. La Turquie est le premier pays d’Europe et le troisième dans le monde pour les décès liés au travail. En Turquie, chaque heure, il y a 80 « accidents du travail », chaque jour, 4 travailleurs meurent sur leur lieu de travail.

La mort d’enfants et de jeunes

* Les chiffres sont effrayants quand on parle de la mort des enfants et des jeunes. Selon les rapports officiels, 68 enfants et jeunes âgés de 18 à 21 ans ont perdu la vie entre 2009 et 2017. Ces décès ont été enregistrés comme «suspects».

* L’IHD a déclaré que 18 accusations de torture ont été portées par des enfants au cours des trois dernières années.

* 18 « accidents » de blindés militaires se sont soldés par la perte de la vie de 16 enfants pendant la période OHAL (Etat d’urgence). Au moins 19 enfants sont morts et 12 enfants ont été grièvement blessés à la suite d’accidents de véhicules blindés depuis 2008.

LA CRUAUTÉ DU PLAN DE RENVERSEMENT DE L’AUTONOMIE KURDE

* La période du «plan de renversement» est unique en termes de méthodes utilisées dans les massacres et les attaques visant les Kurdes. La brutalité de la violence était inouïe. Lors de la réunion du Conseil de sécurité nationale (MGK) qui s’est tenue le 30 octobre 2014, le «plan de résolution» d’Erdoğan a reçu le feu vert. Sa cible : le peuple kurde et son autonomie déclarée. A Sur, Silvan, Bismil, Cizre, Silopi, Idil, Nusaybin, Dargeçit, Varto et Gever, l’auto-administration et les Kurdes ont été attaqués avec une violence sans précédent. Les Kurdes ont cependant résisté. Erdoğan, qui n’a pas pu accepter la déclaration d’autonomie gouvernementale, est responsable du meurtre de 72 enfants et de 338 civils. Il avait déclaré : « Ou vous inclinez la tête, ou vous perdrez la tête ».

* Cizre, une des villes occupées avec des milliers de membres des « unités des opérations spéciales » (JÖH / PÖH), a été assiégée et détruite. Des centaines de civils résistants ont été brûlés vifs dans les sous-sols, y compris Mehmet Tunç et Asya Yüksel, co-présidents de la Maison du peuple de Cizre.

* Le bébé Miray de 3 mois et son grand-père de 75 ans, Ramazan İnce, ont été tués.

* 19 décembre 2015 : à Silopi, Taybet Inan, 57 ans et mère de 11 enfants, a été abattue alors qu’elle revenait de la maison d’un voisin. Son corps a été laissé dans la rue pendant 7 jours.

* 5 janvier : Pakize Nayır, la présidente de l’Assemblée populaire qui est allée soutenir le peuple de Silopi contre les attaques, Sêvê Demir, membre du conseil d’administration de KJA (Mouvement des femmes libres) et Fatma Uyar, membre de KJA ont été tuées par des coups de feu.

* A Nusaybin, Selamet Yeşilmen, mère de 5 enfants, et à Sur, Fatma Ateş, 57 ans, ont perdu la vie lorsque des équipes d’opérations spéciales ont ouvert le feu sur les gens.

* Le 14 octobre 2015, alors que les couvre-feux continuaient, le président du barreau des avocats d’Amed, Tahir Elçi, qui avait déclaré dans un programme de la chaîne de télévision CNN Turk que «le PKK n’est pas une organisation terroriste. C’est une organisation politique armée », a été attaqué pendants plusieurs jours par les cercles dirigeants et la presse turque. Des poursuites judiciaires ont été engangées contre Elçi et le 28 novembre 2015, lors d’une conférence de presse à Sur, il a été assassiné.

* Les Nations Unies (ONU) ont déclaré que les massacres perpétrés [dans les régions kurdes] par les forces de sécurité pendant les «couvre-feux» étaient des crimes contre l’humanité.

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AKP : 16 ans de terreur – Première partie

La Turquie veut faire revivre Daesh à Afrin et Idlib en plus du changement démographique

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AFRIN – Jour après jour, de nouvelles preuves montrent que la Turquie est la mère des gangs de l’État islamique (EI) : Partout où la Turquie est présente, il y a Daesh et, alors que ces gangs donnent leur dernier souffle en Syrie et en Irak, l’occupation turque veut le faire revivre, mais cette fois à Idlib et Afrin sous occupation turque et où un changement démographique a lieu.

 
L’agence de presse Hawar (ANHA) déclare avoir reçu de sources fiables des informations selon lesquelles des familles bien connues pour leurs relations avec l’EI ont été amenées par la Turquie pour tenter de ranimer Daesh à Afrin. Plusieurs familles de gangs de l’Etat islamique à Tabqa, Raqqa, Mayadeen, Deir-ez-Zor et Idlib, qui ont une longue histoire criminelle, ont été emmenées à Afrin et installées dans le village Ahemdi Misti, dans le district de Bulbul.
 
La source a mentionné que ces familles installées dans le village d’Ahmed Misti ont été amenées par la Turquie dans le cadre des politiques de changement démographique adoptées à Afrin et qu’elles appartiennent à 3 frères et leur père, qui ont tous rejoint les rangs de Daesh depuis son apparition en Syrie. Les mercenaires qui sont venus avec leur famille au village sont Mohammad Ahmad Khalil, Massoud Ahmed Khalil, Louay Ahmed Khalil et le père Ahmed Khalil.
 
Après la défaite de Daesh face aux forces démocratiques syriennes (FDS) en Syrie du Nord, des centaines de mercenaires ont fui vers la Turquie. Cette famille était parmi eux, et cette fois ils sont apparus à Afrin avec le soutien de l’armée d’occupation turque et on l’a installée dans le village d’Ahmedi Misti.
 
Selon les sources, le mercenaire Massoud Ahmed Khalil a été tué dans une attaque aérienne en 2016 de la Coalition internationale contre les gangs de l’État islamique (EI) à Raqqa.
 
Le mercenaire Louay Ahmed Khalil était Émir dans un bataillon aus sein de l’Etat islamique. Le 15 septembre 2016, il était dans la province d’Idlib, d’où il est allé à Raqqa. Il a transféré des mercenaires d’Idlib à Raqqa, puis à Mayadeen. Il avait un groupe qui lui appartenait au village d’Azamarin dans la ville d’Idlib et lorsqu’il passait d’Idlib à Raqqa, il était stationné au sud des villages d’Idlib et de Hama comme point de transit pour faire passer ses mercenaires à Raqqa, a déclaré une source éclairée.
 
Alors qu’Ahmed Khalil, le père des trois mercenaires, était aussi un mercenaire de Daech pendant leur présence à Tabqa, après la libération de la ville de Tabqa, ils ont fui Tabqa et sont allés à Mayadeen où Ahmed Khalil a épousé une jeune fille à 22 ans qui s’appellait Wafa Mohammed Shams al-Din Khalil. Wafa a mené une attaque suicide parmi les civils dans la ville de Shadadi à la demande de son mari.
 
Après l’invasion turque et de ses mercenaires du canton kurde d’Afrin, cette famille a été soutenue par l’occupation turque lorsqu’ils se sont installés dans le village d’Ahmadi Misti appartenant au district de Bulbul et sont actuellement dans les rangs des mercenaires d’Ahrar al-Sharqiya dans les villages de Balia et de Hassan Deira dans le district de Bulbul.
 
Par ailleurs, l’agence de presse Hawar (ANHA) a obtenu une vidéo de la ville d’Idlib qui a été filmée durant Ramadan. On y voit des gens qui font leurs achats dans les rues et sur l’un des murs derrière eux, il y a une photo du drapeau de l’Etat islamique soulignant que Daesh a une forte présence à Idlib et se relance sous avec le soutien turc.

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Le Tribunal Permanent des Peuples estime que la Turquie a violé les lois internationales concernant les droits des Kurdes

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BRUXELLES – Le Tribunal Permanent des Peuples a condamné l‘État turc et le président Erdogan pour le déni du droit international à l’auto-détermination du peuple kurde.

 
Le Tribunal Permanent des Peuples (TPP) a rendu son verdict jeudi sur la Turquie devant le Parlement européen à Bruxelles.
 
La conférence d’aujourd’hui sur la présentation du verdict a été organisée par les quatre organisations initiatrices du Tribunal en coopération avec les groupes politiques du Parlement européen, l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S & D), la Gauche unitaire européenne – Gauche verte nordique (GUE -NGL) et les Verts – Alliance libre européenne (Verts-ALE).
 
Le panel, composé de 7 juges, a jugé que « l’Etat turc était responsable du déni du droit à la auto-détermination du peuple kurde, de la négation de l’identité et de la présence du peuple kurde et de sa répression vie culturelle du pays, qui est interprétée comme une menace pour l’autorité de l’État turc. Le PPT a identifié le déni du droit à l’autodétermination comme la cause profonde du conflit armé entre les Kurdes et la Turquie ».
 
De même, le TPP a constaté que «la confrontation armée entre la Turquie et les Kurdes équivalait à un conflit armé non international régi par le droit international humanitaire. Le TPP a qualifié d’inadéquate la qualification du conflit par l’État turc comme étant une question de terrorisme devant être réglementée par une législation antiterroriste ».
 
Le TPP a également trouvé  » l’Etat turc, le président turc Recep Tayip Erdogan et le commandant des opérations militaires contre les villes kurdes entre le 1er janvier 2015 et le 1er janvier 2017, le général Adem Huduti, coupable de crimes de guerre durant cette période.
 
Le TPP a constaté que le président Erdoğan était responsable d’inciter et de légitimer la violence disproportionnée et aveugle des opérations contre les combattants kurdes armés et la population civile à travers ses qualifications répétées et sans discernement des Kurdes vivant dans les zones de conflit, ainsi que de leurs représentants choisis, en tant que « terroristes » « .
 
Enfin, «le TPP a également déclaré l’État turc coupable de crimes d’État, notamment d’assassinats ciblés, d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées commises par différentes branches des forces de sécurité et des services secrets en Turquie et à l’étranger, notamment en France».
 
Les juges ont demandé à toutes les institutions internationales compétentes d’accorder toute l’attention voulue au verdict et ont réaffirmé que la décision du TPP contient «des conclusions et des recommandations importantes qui devraient servir de lignes directrices à tous les organes et institutions internationaux concernés».
 
Les juges ont également recommandé «la reprise immédiate des pourparlers de paix de bonne foi et une amnistie générale à émettre au moment de la conclusion d’un accord de paix».
 
Le Tribunal permanent des peuples s’est réuni à Paris les 15 et 16 mars pour entendre l’affaire « Violations alléguées du droit international et du droit international humanitaire par la République turque et ses fonctionnaires dans leurs relations avec le peuple kurde et leurs organisations ».
 
Pendant deux jours, les juges ont écouté des dizaines de témoins sur le déni des droits politiques, culturels, sociaux et économiques de l’Etat turc vis-à-vis des Kurdes vivant en Turquie.
 
Au moment des audiences qui se déroulaient à Paris, l’État turc a intensifié ses attaques militaires contre Afrin. Le Tribunal n’a pas pu traiter des événements survenus après la période d’évaluation (entre le 1er juin 2015 et le 31 janvier 2017) et notamment l’offensive lancée en janvier 2018 par les forces armées turques contre le canton d’Afrin de la région kurde du Rojava, en Syrie.
 
Cependant, compte tenu de la gravité de l’agression, le Tribunal populaire s’est senti obligé de formuler des recommandations. En particulier, il a demandé « à la Turquie de mettre immédiatement fin à toutes les opérations militaires menées par son armée en Syrie et de retirer ses troupes à l’intérieur de ses frontières nationales ».
 
« L’offensive turque, lancée contre l’enclave d’Afrin et les autres régions de Syrie où la population kurde est majoritaire, constitue une violation manifeste du droit international, en contradiction avec le principe du non-recours à la force énoncé à l’article 2, paragraphe 4, de la Charte des Nations Unies et constitue un crime d’agression, conformément à l’article 5 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale.
 
Les faits montrent que les opérations militaires contre des villes ou des régions fortement peuplées constituent des crimes de guerre, conformément à l’art. 8, paragraphe 2, du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, tels que les meurtres, la torture, la destruction massive de biens non justifiés par des opérations militaires, la déportation ou le transfert forcé de populations. Par conséquent, ces faits constituent des violations graves des Conventions de Genève du 12 août 1949, en particulier de l’art. 147 de la IV Convention, à laquelle la Turquie est liée. »
 
Le TPP a rappelé que « la Turquie est tenue d’enquêter et de punir les responsables des crimes de guerre, constatés par le Tribunal permanent des peuples, commis dans le sud-est de l’Anatolie au cours de la période du 1er juin 2015 au 31 janvier 2017 ».
 
Sur la base de l’obligation conventionnelle, il a été fait référence à la règle commune aux quatre Conventions de Genève du 12 août 1949 (article 49 du I, article 50 du II, article 129 du III et article 144 du IV), qui prévoit que : « Chacune des Hautes Parties contractantes sera tenue de rechercher les personnes soupçonnées d’avoir commis ou d’avoir ordonné de commettre ces infractions graves et de faire comparaître ces personnes, quelle que soit leur nationalité, devant ses propres tribunaux ».
 
Cette obligation a été réitérée par l’article 85 du premier Protocole additionnel adopté à Genève le 8 janvier 1977 et elle s’étend également au cas des conflits armés non internationaux, comme prévu par le Protocole II additionnel.
 
Le Tribunal permanent des peuples est conscient que la détermination des crimes et la punition de leurs auteurs ne seront jamais possibles sans le rétablissement des mécanismes et des garanties de l’état de droit, en premier lieu l’indépendance du pouvoir judiciaire et la liberté d’information. En Turquie, après le coup d’Etat manqué de juillet 2016, 4 279 magistrats (juges et procureurs) ont été licenciés, 3 000 sont en détention préventive, des centaines de médias ont été fermés (radio, journaux, sites internet) et 150 journalistes détenus, tandis que des milliers d’enseignants ont été démis de leurs fonctions dans les universités et à tous les niveaux dans les écoles.
 
Ces événements empêchent l’exercice du contrôle légal contre les abus commis par les agents du gouvernement, qui ne peuvent être mis en œuvre que si l’indépendance du pouvoir judiciaire est assurée et si un média libre et indépendant qui exerce une influence sur l’opinion publique est garanti.
 
La troisième recommandation émane que «la Turquie doit rétablir la primauté du droit, libérer les magistrats et journalistes encore détenus, rétablir les droits des enseignants et des magistrats (juges et procureurs) licenciés à partir de juillet 2016, rétablir la liberté de presse et d’information, mettre fin à l’état d’urgence et appliquer pleinement la Convention européenne des droits de l’homme ».
 
« Les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité déterminés par la Cour découlent du refus de l’Etat turc de reconnaître le droit du peuple kurde à l’autodétermination, qui a conduit la Turquie à interdire l’usage de la langue kurde dans la vie publique. Ces mesures discriminatoires ont conduit à l’émergence de diverses formes de résistance, y compris des actions de guérilla menées par le Parti des travailleurs du Kurdistan, le PKK.
 
Les offensives militaires lancées dans le sud-est de l’Anatolie et étendues aux régions kurdes de l’autre côté de la frontière sont justifiées par le gouvernement turc qui prétend supprimer le terrorisme et protéger l’intégrité territoriale et la politique nationale. Cependant, la sécurité de l’Etat ne peut être assurée en niant l’identité d’un peuple, destiné à vivre avec les Turcs à l’intérieur des frontières données. Au contraire, ce n’est qu’en reconnaissant l’identité du peuple kurde qu’il est possible de mettre fin au conflit et à une longue période de conflit et de souffrance pour les deux parties.
 
Mettre fin au conflit est le seul moyen de garantir la sécurité. Il convient de noter que la reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple kurde n’implique aucune forme de sécession parce que les principes de l’inviolabilité de la frontière et du respect de l’intégrité territoriale de chaque État ne peuvent être remis en question, comme l’Acte final de 1975. Par conséquent, la reconnaissance de l’identité et de la dignité du peuple kurde et de son droit de vivre en paix avec les autres habitants du territoire turc est la clé pour assurer la sécurité, la liberté, la paix et la justice pour tous les citoyens de Turquie. »
La quatrième recommandation stipule «la proclamation immédiate préalable de toute trêve militaire, la Turquie doit reprendre les négociations de bonne foi pour une solution pacifique au conflit – interrompue le 30 octobre 2014 – et les achever dans un délai raisonnable».
 
« Au cours des négociations, des mesures doivent être prises pour atténuer le climat d’hostilité entre les parties, en particulier la libération des prisonniers, la réouverture des journaux et autres médias, le rétablissement des représentants locaux démis de leurs fonctions. le TPP pour indiquer des solutions spécifiques permettant d’accorder le droit du peuple kurde à l’autodétermination aux besoins de la cohabitation et de la bonne administration au sein de l’Etat turc. »
 
La dernière recommandation stipule «à la conclusion de l’accord de paix, une amnistie doit être accordée pour les crimes commis par toutes les parties pendant le conflit et tous les prisonniers politiques encore détenus doivent être libérés».
 
« En conclusion, la tragédie qui perturbe le sud-est de l’Anatolie et cause des souffrances incalculables au peuple kurde n’est pas le résultat d’un destin inévitable : il est le produit des erreurs, accablées par le temps, d’un dogme irréfléchi. du nationalisme, qui, dans le passé, a provoqué le génocide arménien.
 
Le peuple turc et le peuple kurde peuvent éviter ce destin en transformant totalement cette politique et en éliminant ses origines. Là où se déroulent aujourd’hui les rituels funestes de l’hostilité et du déni, demain pourrait voir la restauration et l’épanouissement de la justice, de l’amitié et de la paix. »

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KNK : Soutenez la Journée mondiale d’actions contre l’invasion du Kurdistan par la Turquie

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Le Congrès national du Kurdistan (KNK), basé à Bruxelles, a lancé un appel à soutenir la Journée mondiale d’action contre l’occupation turque au Kurdistan le 26 mai.

Des actions et des événements auront lieu partout dans le monde le 26 mai.

La déclaration a souligné que la structure démographique du Kurdistan a été systématiquement modifiée et que l’Etat turc a élargi ses opérations d’occupation à l’ensemble du Kurdistan (le Rojava, le Bakur et le Başur).

 
Le KNK a déclaré : « L’action promue pour protester contre les attaques d’occupation de l’Etat turc au Kurdistan aura le soutien des Kurdes et des amis des Kurdes dans le monde entier. Divers actions et événements auront lieu contre les attaques d’invasion de l’Etat turc ».
 
Le KNK a déclaré : « Nous soutenons la campagne intitulée « Journée mondiale d’action contre l’invasion turque du Kurdistan ». Le 26 mai, l’Afrique du Sud, la Scandinavie, l’Australie, l’Amérique latine, l’Inde et la Russie, et bien d’autres lieux organiseront des actions et des événements autours des Kurdes. En tant que KNK, nous appelons le peuple du Kurdistan à participer et à soutenir cette action. Tout le monde doit s’opposer aux attaques d’invasion de l’Etat turc ».
 
La déclaration appelant à la Journée mondiale d’action le 26 mai a rappelé que « le gouvernement Erdogan a porté les ambitions coloniales de l’Etat turc à un tout autre niveau. Il vise maintenant à détruire tous les gains réalisés par les Kurdes au Sud [Bashur] et à l’Ouest [Rojava] du Kurdistan ».
 
Le KNK a rappelé que « dans l’invasion d’Afrin, la Russie a ouvert l’espace aérien de la Syrie à l’armée de l’air turque et que les forces internationales dominantes (Etats-Unis et UE) sont restées silencieuses.

Un silence similaire continue lors des attaques contre le Kurdistan du Sud. La complicité internationale laisse les Kurdes vulnérables aux massacres dans toutes les régions du Kurdistan. Nous appelons tous les gouvernements et alliances internationaux (l’ONU, l’OTAN, l’UE, la Ligue arabe) ainsi que les peuples démocratiques du monde à s’opposer à l’agression turque. Nous appelons tous les partis politiques, les organisations des droits de l’homme, les syndicats, les activistes et les institutions internationales à soutenir la lutte pour la liberté du Kurdistan. »

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AKP : 16 ans de terreur – Première partie

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Depuis que Recep Tayyip Erdoğan et l’AKP sont arrivés au pouvoir en Turquie, une histoire de guerre et de meurtres s’en est suivie.

Le président turc actuel, Recep Tayyip Erdoğan et son parti AKP sont arrivés au pouvoir en 2002 en promettant de grandes choses. En fait, le manifeste des élections de l’AKP promettait une «vision pour une nouvelle Turquie». Une vision imaginée par un «islam modéré» autoproclamé, le genre d’islam que l’Europe et généralement l’Occident aiment. Le choix du label a réussi à tromper l’Europe et l’Occident.(…) Erdoğan a appelé les intellectuels et la société civile à se joindre à lui dans ses efforts pour «améliorer la démocratie». Mais comme il s’est avéré assez tôt, les promesses ont disparu et le contraire de ce qui était prévu est arrivé.

Pourtant, l’échec et l’hypocrisie de l’AKP ne peuvent pas être mesurés uniquement en tenant les promesses qu’il a faites et en montrant que l’exact opposé a bien été mis en œuvre.

Ce qui distingue l’AKP des autres gouvernements, c’est qu’il a été responsable des pires massacres et morts.

L’AKP, plus qu’un parti, ressemble à une machine à tuer. C’est parce qu’il a décidé que pour rester au pouvoir, il ne connaîtrait aucune limite quant à la quantité de violence et de mort dont il pourrait avoir recours.

La liste des crimes commis par l’AKP est sans fin et, malheureusement, continue encore : décès en garde à vue, décès en prison, torture à l’intérieur et à l’extérieur des prisons et des postes de police …

Les organisations de la société civile et les institutions des droits de l’homme ont confirmé qu’au cours des 16 dernières années, près de 3 500 civils ont été tués par les forces gouvernementales. Plus de 700 de ces victimes étaient des enfants. 1 532 personnes ont été exécutées lors de perquisitions au domicile ou dans la rue tandis que 69 personnes ont été exécutées alors qu’elles étaient en détention préventive.

Rohan Aktaş, rédacteur du journal kurde Azadiya Welat, et Hrant Dink, rédacteur en chef du journal arménien Agos, figurent parmi les quatorze journalistes assassinés pendant les 16 ans de règne de l’AKP.

Avec l’approche des élections anticipées du 24 juin, il vaut la peine de se souvenir des crimes de l’AKP :

L’accident du train à grande vitesse

* 2004 : accident de train de Pamukova. Alors que les travaux d’infrastructure pour le train à grande vitesse entre Ankara et Istanbul n’étaient pas terminés, le train a déraillé, faisant 41 morts. Le ministre des Transports à l’époque était l’actuel Premier ministre Binali Yıldırım.

Le génocide arménien n’a pas pris fin

* 10 janvier 2007 : Hrant Dink, journaliste arménien et rédacteur en chef d’Agos, a été abattu au milieu de la rue, à Istanbul. Avant son assassinat, Dink avait été averti par le gouverneur d’Istanbul Muammer Güler des menaces venant du MIT (service de renseignement turc).

* Au cours de la même période, des assassinats ont été commis par l’Ergenekon, une organisation de type Gladio qui visait tous les opposants à l’AKP, comme le raid du Conseil d’État, le meurtre de Murat Santoro et le meurtre de missionnaires chrétiens à Malatya.

De Ceylan à Berkin

* Ceylan Önkol, fillette kurde de 12 ans, a été tuée par un obus de mortier tiré du poste de police alors qu’elle faisait paître ses animaux le 28 septembre 2009 dans le village de Şenlik dans la province d’Amed (Diyarbakır).

Le 16 juin 2013, Berkin Elvan (14 ans) est resté dans le coma pendant des mois après avoir été touché par une capsule de gaz lacrymogène de la police. Il a perdu la vie le 11 mars 2014.

Le 28 juin 2013, des soldats ont ouvert le feu contre des personnes qui protestaient contre la construction d’un poste de police à Lice, tuant Medeni Yildirim, un Kurde de 18 ans.

Aydin puis Cengiz

* Aydin Erdem, étudiant à l’université de Dicle, a été abattu dans le dos par la police lors d’une action dans la ville kurde d’Amed pour protester contre la fermeture du Parti de la société démocratique (DTP) le 6 décembre 2009.

Le frère aîné d’Erdem, Cengiz Erdem, directeur du district du DBP (parti démocratique des régions) de Kızıltepe, a été tué lorsque le véhicule dans lequel il se trouvait a été attaqué par des unités spéciales armées le 12 janvier 2016.

Şerzan Kurt

Le 12 mai 2010, Erdoğan a fait usage de la force, qui a tué Şerzan Kurt, 21 ans, étudiant à l’université Sıtkı Koçman de Muğla. La cour a réduit l’accusation de meurtre à « blessure aggravée ».

D’abord le tremblement de terre puis le gouvernement

Les 23 octobre et 9 novembre 2011, 644 Kurdes ont perdu la vie à la suite d’un tremblement de terre dont l’épicentre se trouvait à Van. Après le premier tremblement de terre, le ministre de l’Environnement et de l’Urbanisme, a déclaré aux gens de rentrer chez eux car il n’y avait pas de danger de nouveaux tremblements de terre. Après le deuxième tremblement de terre, le ministre n’a pas été forcé de démissionner.

Le bébé de 6 mois et la guerre

* Les opérations militaires ordonnées par Erdoğan contre le peuple kurde ne se limitaient pas au Kurdistan du Nord. Des avions de combat bombardant des colonies civiles à Qandil, au Kurdistan Sud, ont pris pour cible un véhicule sur la route de Kortek le 21 août 2011. Une famille de sept personnes a été brutalement assassinée, dont Solin, un bébé de 6 mois.

Le massacre de Roboski

* Le 28 décembre 2011, 34 civils kurdes, dont la plupart étaient des enfants, ont été tués dans le village d’Uludere (Qilaban) à Roboski (Ortasu) lorsqu’ils ont été touchés par des avions de combat turcs. Les villageois étaient des commerçants transfrontaliers. La justice pour Roboski est toujours recherchée et en mai 2018 la Cour européenne des droits de l’homme a ajouté la honte à l’indignation quand elle a rejeté l’appel des familles.

Le massacre de Reyhanlı

* 11 mai 2013 : 54 personnes vivant à Reyhanlı, à la frontière avec la Syrie, sous la menace des bandes djihadistes ont été tuées. C’était la plus lourde perte civile en Turquie. Erdoğan est allé à Reyhanlı seulement deux semaines après le massacre et a empêché la presse d’aller dans la région.

Mort à la frontière

Au cours de l’ère Erdoğan, les exécutions à la frontière sont devenues systématiques. Les forces de l’État turc, qui ont sécurisé l’accès aux mercenaires de Daesh au Rojava par le biais du passage VIP, ont tué 165 civils qui tentaient de traverser la frontière, affirmant qu’ils traversaient illégalement la frontière.

* Le 16 novembre 2013, la police des opérations spéciales a tué Amir Ehmed Abdullah et son frère Yasir Ehmed Abdullah, qui se rendaient à Nusaybin depuis Qamishlo (Rojava) avec Mihemed Zahicir Amir, également originaire du Rojava.

* Le 18 mai 2014, une famille de Derik au Rojava a tenté d’entrer dans la ville kurde de Cizre. Saada Darwich, une femme de 28 ans qui avait tenté de traverser la frontière avec ses deux enfants âgés de 6 et 7 ans et son père, Medhat Derviş, a été tué.

Attaques sans fin

* Lors de la révolte de Gezi en 2013, huit militants ont été tués par la police. Ils étaient : Mehmet, Abdullah, Ethem, Berkin, Ali İsmail, Hasan Ferit et Ahmet. Plus de 10 000 insurgés ont été blessés. Tayyip Erdoğan a déclaré: « J’ai donné l’ordre » à la police d’ouvrir le feu.

Le massacre de la mine de Soma

* Le 13 mai 2014, 301 mineurs ont été tués dans la catastrophe de la mine de Soma. Après le massacre Erdoğan a déclaré : « Dans cet accident, il y a la main de la nature ».

La résistance héroïque de Kobanê

* 6-7 octobre 2014: La police et les mercenaires ont agi ensemble et ont tué 54 personnes dans l’attaque contre la résistance de Kobanê.

Plus de décès des mineurs

* Le 28 octobre 2014, 18 autres mineurs ont été tués dans le massacre d’Ermenek.

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Le festival de films documentaires FilmAmed revient après un an d’arrêt forcé

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TURQUIE – AMED (DIYARBAKIR) – L’usurpation des municipalités kurdes par le gouvernement turc a également entraîné des coupes dans le budget culturel.

 
Après avoir été suspendu pendant un an, le Festival du film documentaire FilmAmed se tiendra de nouveau cette année.
 
Le Festival du film documentaire FilmAmed (Mîhrîcana Belgefîlman a Fîlmamed) est devenu l’un des rendez-vous les plus attendus des documentaristes de l’étranger et de la région, ainsi que des amoureux des documentaires.
 
Le Festival avait eu cinq éditions précédentes, toutes soutenues par la municipalité de Kayapınar. Le gouvernement turc a cependant arrêté de nombreux maires kurdes et nommé des administrateurs pour contrôler et gérer les municipalités kurdes. Ceux-ci ont confisqué tous les biens que les Kurdes ont réalisés dans les domaines des arts et de la culture. Les salles culturelles ont été pratiquement fermées et les budgets municipaux alloués aux activités artistiques et culturelles ont été sévèrement coupés.
 
Précisément, à cause des coupures opérées par la municipalité «usurpée» sur son budget, cette année, le 6ème Festival FilmAmed bénéficiera du soutien de Pale Huner, de Ma Music, de l’Académie du cinéma du Moyen-Orient et du théâtre métropolitain d’Amed.
 
Mehmet Ali Aydin, coprésident de la municipalité de Kayapınar, a été arrêté le 6 décembre 2016. Le 8 décembre, un administrateur a été nommé à la municipalité.
 
Aydin a été placé en détention provisoire le 12 décembre pour « appartenance à une organisation illégale ».
 
Il a été libéré le jour de son audience, le 10 mai 2017.
 
FilmAmed, qui a tenu sa première édition en 2011, grâce au soutien de la municipalité de Kayapınar, n’a pas été organisé en 2017 à cause de la pression exercée alors sur la municipalité. Le festival ouvrira jeudi et se poursuivra jusqu’au 27 mai.
 
Dans un communiqué, les organisateurs du festival ont déclaré :
 
« Nous avons reçu 105 demandes de participation au FilmAmed Festival de films documentaires qui aura lieu cette année, après une année de pause forcée.
 
Nous sommes reconnaissants envers tous les cinéastes qui ont envoyé leurs films à notre festival et exprimé leur solidarité. Cette année, malheureusement, nous ne pourrons gérer le festival que pendant quatre jours, car les conditions pour le prolonger ne sont pas encore disponibles.
 
Nous aurions aimé pouvoir projeter tous les films qui ont été présentés cette année, mais malheureusement, cela n’est pas possible. Nous nous excusons auprès de tous les directeurs qui ont envoyé leur travail et nous espérons vous rencontrer tous à la prochaine édition, qui, nous l’espérons, pourrait être organisée dans une situation différente ».

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Construire une nouvelle société contre toute attente : une activiste écossaise raconte les espoirs et les défis auxquels sont confrontés les Kurdes en Syrie

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La militante de solidarité, Sarah Glynn a rendu visite aux femmes kurdes au Rojava où elle a été inspirée par leur engagement face à de multiples menaces

SARAH GLYNN de la Solidarité écossaise avec le Kurdistan faisait partie d’une délégation de femmes au nord de la Syrie, où elle a été témoin de l’engagement des femmes kurdes à reconstruire la région déchirée par la guerre, malgré les menaces et l’instabilité.

La délégation du Royaume-Uni et de l’Irlande a été invitée par le Kongreya Star, une coalition d’organisations de femmes kurdes au Rojava, au nord de la Syrie, où la communauté à prédominance kurde a réussi à établir une région autonome façonnée par la démocratie populaire, l’écologie et par un plus grand rôle pour les femmes dans la société.Après des années d’oppression sous le régime syrien, la guerre civile a créé un vide qui a permis au mouvement et à ses idées – qui avaient été discutées pendant des décennies – de s’imposer et les combattants kurdes ont remporté l’une des premières victoires majeures contre Daesh en 2014 quand ils les ont poussés hors de la ville de Kobanê, au Rojava.Parlant à CommonSpace, Glynn a déclaré qu’il y avait des leçons claires à apprendre de la Syrie du Nord à travers le Moyen-Orient, ainsi qu’ici au Royaume-Uni. « Ce qui m’a vraiment inspiré, c’est l’engagement de ces femmes – je suis sûre que les hommes sont aussi engagés, mais nous rencontrions les femmes – dans une société traditionnellement si patriarcale », a-t-elle déclaré.« Nous parlons d’un » autre monde possible « – ils le font vraiment, en se concentrant sur la démocratie de base et non sur la croissance capitaliste.« Ils voient cela comme quelque chose qui pourrait s’étendre à la Syrie et au Moyen-Orient, mais il y a aussi des leçons à apprendre ici [au Royaume-Uni] où nous voyons l’expansion de la cupidité qui n’est pas viable écologiquement. »

Sarah Glynn rencontre une organisation de femmes locale à Kobanê

 

Au cours de la visite, la délégation a rencontré des organisations de femmes de quartier qui ont envoyé des délégués à un comité et rencontré des organisations centrales, des partis politiques et les YPJ, la force de défense des femmes.En plus d’avoir des femmes, y compris de toutes les ethnies, impliquées dans des rôles de leadership et de comités – quelque chose que Glynn note est un pas significatif de la tradition – un village de femmes, Jinwar, a été construit au Rojava en utilisant des méthodes de construction écologiques prêt à être habité par les femmes.« Le village des femmes est destiné aux femmes qui ont été veuves ou ont dû quitter leur mari à cause de la violence domestique ou qui veulent vivre séparément avec des femmes », a expliqué Glynn, tout en notant que le projet n’est pas « isolationniste » et sera toujours lié au mouvement plus large.En avouant qu’elle avait des doutes au sujet de Jinwar, Glynn déclare : « mais je peux comprendre le besoin de cela dans cette société ». Glynn a déclaré que les femmes comprenaient que si des progrès ont été réalisés vers l’égalité pour les femmes, il y aura un long chemin à parcourir.«Elles sont très conscientes des difficultés que rencontrent les familles pour briser une longue histoire patriarcale – vous ne pouvez pas changer toute une façon de penser pendant une nuit», a-t-elle déclaré. Le taux de divorce a considérablement augmenté au milieu de ces changements sociaux, tandis qu’un système de justice pour les femmes a été mis en place pour soutenir les femmes grâce à un processus de négociation.

Glynn a toutefois déclaré que l’optimisme parmi les habitants du Rojava était atténué par le spectre de l’agression turque qui pèse sur la région kurde et par le sentiment d’être sans voix en Syrie et dans la communauté internationale.

YPJ (Forces de défense des femmes) 

 

En Janvier de cette année, les troupes turques ont envahi Afrin, l’un des trois cantons qui composent le Rojava avec Jazira et l’Euphrate. Alors que la Turquie, frontalière avec le nord de la Syrie, accusait les YPG (Unités de Défense Populaire) de liens avec le terrorisme, des militants des droits de l’homme et un certain nombre députés du parti national écossais (SNP), verts et travaillistes ont contesté cette action.En mars, la ville était tombée, des centaines de personnes avaient été tuées et plus de 160 000 personnes déplacées, laissant les communautés du reste du pays dans la peur de leur avenir, et découragées par ce qu’elles considéraient comme une réponse internationale faible.« La Turquie prend le contrôle de la zone kurde, menaçant d’étendre l’invasion », a expliqué Glynn. « Les habitants du Rojava étaient très préoccupés par le manque de soutien des puissances occidentales, et que la prise de contrôle d’Afrin était possible.« Pendant notre séjour, Theresa May avait une visite d’Etat avec la Turquie – c’est incroyable. »Si la prise de contrôle turque est autorisée à prendre de l’ampleur, Glynn a déclaré que cela serait « effroyable », non seulement pour le peuple kurde mais aussi dans le contexte international, étant donné les progrès sociaux et politiques considérables que la région représente.Même en dehors de la menace turque, Glynn a déclaré qu’il y avait un fort sentiment que [ce qui] a été atteint reste précaire. « (…) et ils sont sous blocus, donc il y a beaucoup de choses que les autres pays ne laisseront pas entrer ou sortir.

Bâtiment endommagé par la guerre et images des «martyrs» à Kobané

 

Partout où nous sommes allés, il y avait des cimetières pour ceux qui sont morts en combattant Daesh, et les cimetières s’accroissent tout le temps.Et le peuple kurde a été exclu des conversations sur l’avenir de la Syrie, malgré leur travail sur le développement de ce nouveau système. »En dépit ou à cause de tout cela, Glynn a déclaré que le peuple kurde a salué la délégation avec «des sourires, de la chaleur et des câlins», et qu’ils étaient vraiment heureux d’être visités «parce qu’ils veulent être entendus».Une organisatrice à qui Glynn a parlé lui a déclaré que «tant de gens viennent et font des promesses et rien ne se passe». « Dans cet esprit, a-t-elle déclaré, la Solidarité écossaise avec le Kurdistan est encore plus déterminée dans ses efforts pour collecter des fonds pour une école à Kobanê, après que la ville ait été presque détruite par Daesh.J’ai été en mesure de visiter la zone qui a quelques salles de classe temporaires, où l’école serait construite. Nous avons déjà récolté 10 000 £, mais ce n’est pas suffisant », a-t-elle expliqué.La campagne de collecte de fonds peut être trouvée ici, et Glynn, qui fera le tour de l’Écosse pour discuter de sa visite, peut être contactée à   sarahrglynn@hotmail.com par des groupes ou des organisations qui voudraient l’inviter à parler.  

Article publié la première fois le 22 mai sur CommonSpace  

Documents d’identité turcs donnés aux habitants d’Afrin pour les élections turques

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AFRIN – L’envahisseur turc et ses bandes alliées ont chargé des mercenaires pour ramener à Afrin les familles qui ont fui l’invasion turque. Les mercenaires reçoivent 1 000 $ pour chaque tranche de 10 familles qu’ils ramènent pour leur donner des papiers d’identité turc. L’objectif est une forte participation aux élections en Turquie.

Une source nommée YB d’Afrin a déclaré que certains gangs à Afrin ont été chargés de renvoyer les familles d’Afrin. Les membres des gangs reçoivent 1 000 $ pour chaque tranche de 10 familles qu’ils ramènent. Les sections locales qui ont été renvoyées sont forcées d’enregistrer des vidéos pour montrer qu’il y a la paix à Afrin. Selon YB, les gangs forcent les familles à rentrer parce qu’ils veulent les voir participer aux élections en Turquie.

AFFRONTEMENT ENTRE GANGS POUR LES VOLS

Les gangs chassent les villageois et pillent leurs maisons dans les village Meydana de Rajo. Il y a aussi des affrontements intenses entre les gangs, en particulier pour les biens volés. Au moins 4 membres de gangs ont été tués dans ces affrontements à ce jour. Les gangs ont accusé les civils d’avoir tué les mercenaires et ont enlevé les cadavres.

Par ailleurs, un civil kurde du nom de Cemal Şêxo du village de Qaim a perdu la vie en marchant sur une mine terrestre posée par des gangs.

L’armée d’invasion turque et ses bandes alliées délivrent des papiers d’identité aux habitants d’Afrin afin qu’ils puissent participer aux élections du 24 juin.

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Amnesty International appelle à une action urgente pour Ramin Hossein Panahi

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Amnesty International a appelé à une action urgente en faveur du prisonnier politique kurde Ramin Hossein Panahi, qui risque d’être exécuté de manière imminente après le ramadan.

Le prisonnier politique kurde, Ramin Hossein Panahi, condamné à mort en janvier 2018, court un risque imminent d’exécution. Le Bureau pour la mise en application des peines a déclaré que son exécution serait effectuée après la fin du Ramadan le 15 juin. Il a été reconnu coupable et condamné à mort à l’issue d’un procès manifestement inéquitable.
 
L’avocat de Ramin Hossein Panahi a appris le 17 mai que le dossier de Panahi avait été renvoyé à la section 4 du Bureau pour la mise en application des peines à Sanandaj, dans la province du Kurdistan, pour que sa condamnation à mort soit exécutée. Les autorités pénitentiaires ont par la suite déclaré à Ramin Hossein Panahi, le 19 mai, que son exécution aurait lieu après le 15 juin, date à laquelle le mois musulman du Ramadan prendra fin. L’exécution de Ramin Hossein Panahi était prévue pour le 3 mai et il a été transféré à l’isolement en vue de sa préparation. Cependant, à la suite d’un tollé général, les autorités ont reporté l’exécution et l’ont renvoyé au quartier général de la prison.
 
Ramin Hossein Panahi, un homme kurde d’Iran, a été reconnu coupable et condamné à mort à l’issue d’un procès manifestement inique le 16 janvier, qui a duré moins d’une heure. Sa famille a déclaré à Amnesty International qu’il avait comparu devant le tribunal révolutionnaire de Sanandaj avec des marques de torture sur son corps, mais que le tribunal n’avait pas ordonné d’enquête sur ses allégations selon lesquelles il avait été forcé à «avouer» le crime. Selon son avocat, le tribunal l’a reconnu coupable et l’a condamné à mort pour « avoir pris les armes contre l’Etat » (baqi) simplement sur la base de son appartenance au groupe d’opposition kurde Komala. Aucune preuve concrète n’a été fournie le liant à des activités impliquant la mise à mort intentionnelle, qui est le seuil requis définissant les « crimes les plus graves » auxquels le recours à la peine de mort doit être restreint en vertu du droit international. Entre son arrestation et son procès, il a eu droit à une brève rencontre avec son avocat, qui a eu lieu avec les représentants du renseignement présents. La Cour suprême a confirmé la condamnation et la peine de mort en mars 2018.
 
Ramin Hossein Panahi a été arrêté pour le 23 juin 2017. Après son arrestation, il a été déplacé de force pendant quatre mois. Selon lui, pendant cette période et deux mois d’isolement, les fonctionnaires du ministère du Renseignement et de la Garde révolutionnaire l’ont torturé à plusieurs reprises, notamment en le frappant avec des câbles, en le frappant au ventre et en lui cognant la tête contre le mur. Ils lui ont également refusé délibérément des soins médicaux adéquats pour les blessures qu’il avait subies après avoir été blessé par balles au moment de son arrestation.
 
Amnesty International a appelé les citoyens à écrire immédiatement en anglais, en persan ou dans leurs propres langues, appelant les autorités iraniennes à :
 
– Stopper l’exécution immédiate de Ramin Hossein Panahi;
 
– Assurer que sa condamnation et sa condamnation à mort soient annulées et qu’il soit libéré à moins qu’il n’y ait des preuves suffisantes non obtenues par la torture ou d’autres mauvais traitements pour l’inculper d’une infraction pénale reconnaissable et lui accorder un procès équitable sans recours à la peine de mort ;
 
– Offrir une enquête rapide, indépendante et impartiale sur sa disparition forcée, son isolement carcérale prolongé et ses allégations de torture et autres mauvais traitements, traduisant en justice toute personne jugée responsable dans des procès équitables.
 
L’organisation des droits de l’homme a appelé les gens à envoyer leurs appels avant le 2 juillet 2018 aux :
 
Haut Conseil des droits de l’homme
 
Mohmmad Javad Larijani
 
Boulevard Esfandiar, Intersection Niayesh
 
Avenue Vali Asr, Téhéran, Iran
 
***
 
Chef de la prison centrale de Sanandaj
 
Aziz Heidary
 
Rue Ershad
 
Sanandaj, province du Kurdistan, Iran
 
***
 
Député pour les droits de l’homme et les affaires internationales, Ministère de la justice
 
Mahmoud Abbasi
 
Numéro 1638, Ci-dessous Place Vali Asr
 
Avenue Vali Asr, Téhéran, Iran
 
Email: dr.abbasi@sbmu.ac.ir

https://anfenglishmobile.com/human-rights/amnesty-international-calls-for-urgent-action-for-panahi-26875

Le rapport sur les réfugiés d’Afrin publié

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L’administration du canton d’Afrin a publié un rapport détaillé sur les personnes déplacées du canton d’Afrin à Shehba, au nord de la Syrie, et dans les régions avoisinantes et a renouvelé ses appels à la communauté internationale pour aider les déplacés d’Afrin réfugiés à Shebha.

 
L’invasion d’Afrin par l’armée turque a commencé le 20 janvier et a conduit à un déplacement massif de la population d’Afrin. Menacés d’être kidnappés, torturés, violés ou tués par les forces islamistes alliées à l’Etat turc envahisseur, la majorité des citoyens d’Afrin ont été contraints de fuir leurs foyers.
 
Les attaques turques contre Afrin ciblent les civils
 
Depuis le début de l’invasion, la population civile a subi de nombreuses pertes, ciblées par des bombardements aveugles et des frappes aériennes. Les massacres étaient inévitables lorsque des avions turcs frappaient des bâtiments civils.
 
Le rapport énumère de nombreux exemples différents. Le deuxième jour des attaques, le 21 janvier, dans le village de Jilboul du district de Sherawa, 1 civils a été tué et 8 autres blessés dans un raid aérien. Entre le 20 janvier et le 18 mars 2018, selon un décompte officiel, 262 civils ont été tués par les forces d’invasion. Au moins 706 ont été blessés. Dans les derniers jours de l’invasion (14-18 mars), le nombre de victimes civiles a fortement augmenté, en raison de l’artillerie continuelle et des frappes aériennes sur la ville d’Afrin.
 
En outre, le rapport détaille les politiques abusives et oppressives des alliés islamistes de l’Etat turc contre les femmes, favorisées par leur idéologie misogyne. Ainsi les femmes d’Afrin avaient d’autres raisons d’avoir peur. Elles risquaient particulièrement d’être prises pour cible par les forces d’occupation pour lesquelles une femme qui a perdu son «honneur» est une cible légitime de viol et d’autres formes de violence. En outre, la ville était sur le point d’être encerclée et la population était en grave danger, car les forces d’invasion menaçaient de commettre un génocide. Les habitants d’Afrin n’avaient d’autre choix que de quitter leur foyer et de fuir vers la région de Shehba, une région voisine située entre Afrin, Azaz et Alep.
 
Le rapport décrit en détail la vie de centaines de milliers d’individus. « Ils vivent dans des conditions désespérées. » – A déclaré le rapport – En raison du grand nombre de personnes ayant besoin d’aide humanitaire, les ressources et les infrastructures existantes dans Shehba appauvri ont été complètement inadéquats pour répondre à leurs besoins. La plupart des gens ont quitté Afrin sans aucun bien. Les vivres, l’eau, les abris, les services de santé et d’éducation font cruellement défaut.
 
Les gens ont trouvé refuge dans des maisons endommagées par la guerre et abandonnées par leurs anciens propriétaires, qui ont fui l’occupation de l’EI dans la région. L’administration locale a rapidement construit un camp de réfugiés à Fafin pour fournir au moins les besoins humains fondamentaux, mais les soins de santé sont insuffisants : il n’y a pas assez de médecins, de matériel médical ou de fournitures devant la souffrance des personnes déplacées à Shehba. Aujourd’hui, le sort des réfugiés s’aggrave de jour en jour ».
 
Une étude de terrain complète a été réalisée par l’Administration autonome du canton d’Afrin. Les informations recueillies comprenaient l’âge, la situation familiale, leur état de santé, la façon dont ils ont fui leur domicile, les conditions auxquelles ils ont été confrontés depuis leur arrivée à Shehba, les normes d’hébergement et les risques actuels pour leur santé et leur bien-être.
 
Région de Shebha
 
Shehba est la zone entre les villes de Manbij, al-Bab, Azaz, Semann, Jarabulus et Tel Rifat. La région de Shehba est maintenant largement occupée par l’Etat turc et ses alliés se battant sous la bannière de l’islam sunnite radical. La petite partie de Shehba au nord d’Alep a été libérée par les forces démocratiques en 2016, qui est ensuite devenue le canton de Shehba.
 
Le rapport fait une courte histoire du « Canton de Shehba, qui a été pris par les groupes de l’Armée syrienne libre (FSA) en 2012, puis capturé par l’Etat islamique (ISIS) en 2013. En raison du régime brutal de l’Etat islamique, la population locale a quitté la région et s’est enfuie principalement dans le havre de paix paisible du canton d’Afrin».
 
Le rapport ajoute que « la population originelle de la région était d’environ 65% kurde, 25% arabe, 5% circassienne et arnaout et 5% turkmène. Les 58 villages libérés en 2016 (y compris Tel Rifat, Kafr Naya, Ahris, Um Hosh et Fafin) sont situés dans la partie de Shehba reliée formellement à Azaz. Cette zone est récemment devenue la destination de centaines de milliers de réfugiés d’Afrin, qui ont eux-mêmes fui l’invasion de l’Etat turc, et le bombardement de la ville d’Afrin à partir du 18 mars 2018.
 
Le sol de Shehba est fertile et la région a des rendements élevés. Dans le passé, le blé, l’orge, les pois chiches et les arachides y étaient cultivés, et la région de Shehba était un contributeur important à l’économie du gouvernorat d’Alep et de la Syrie. Cependant, l’infrastructure agricole a été complètement détruite par la guerre civile ».
 
Il est important de rappeler que la création du canton de Shehba a été annoncée lors de la troisième réunion du conseil fondateur de la Fédération syrienne du nord. Shehba a été déclarée partie de la région d’Afrin. La Commission électorale du Canton de Shehba a été créée. Les élections communales prévues par la Fédération de la Syrie du Nord, ainsi que la deuxième phase des élections des Conseils locaux, ont été annoncées le 8/7/2017 au nom du Conseil du Canton de Shahba. 47 communes ont été établies selon le système de coprésidence, garantissant une participation de 50% des femmes. Pour la première fois, le canton assiste à la participation des femmes à ce ratio. Le travail s’est étendu, en particulier dans les secteurs de la santé, des services, de l’éducation et de l’agriculture.
 
La Turquie et ses mercenaires – dont l’EI, Al-Nosra, la brigade Sultan Morad et d’autres groupes extrémistes islamistes – ont commencé leur assaut sur Afrin le 20 janvier 2018, en utilisant les armes de l’OTAN et un espace aérien contrôlé par la Russie.
 
Appel à la communauté internationale
 
Le rapport souligne que « plus de 700 personnes ont été tuées. Les Forces Démocratiques Syriennes et les Unités de Protection des Peuples et des Femmes (YPG / YPJ) ont manifesté une résistance historique depuis le 20 janvier 2018. Après le violent bombardement turc contre le centre de la ville d’Afrin les 17-18 mars 2018, les Forces Démocratiques Syriennes se sont retirées du centre de la ville et sauvé des dizaines de milliers de résidents d’Afrin, après avoir eu la confirmation que la Turquie commettrait un massacre et un génocide contre les habitants d’Afrin avec le soutien de la Fédération de la Russie. Des centaines de milliers de personnes ont été déplacées dans le canton de Shehba, qui n’a pas la capacité d’accueillir un tel nombre de personnes déplacées.
 
Le Conseil Shehba et 62 membres de la province et 168 membres des quatre villes ont annoncé une mobilisation générale pour recevoir un grand nombre de personnes déplacées.
Environ 250 000 ont été installées dans les villages, mais des dizaines de milliers restent dans les rues sans aucune aide ».
 
Le Conseil a fait appel aux organisations internationales. L’auto-administration des cantons de Jazira et de l’Euphrate, dans le nord de la Syrie, a répondu à l’appel en envoyant des douzaines de camions de nourriture, de médicaments, de lait pour bébés, de couvertures et de matelas et plus de 10 000 tentes. Pour éviter une catastrophe humanitaire, le rapport a rappelé qu‘ »un camp appelé « Berxwedan » (Résistance) a été installé dans le district de Fafin pour abriter les déplacés afin d’éviter les maladies et la mort ».
 
Selon le rapport, « les organisations humanitaires internationales n’ont jusqu’à présent apporté aucun soutien à ces personnes déplacées, à l’exception d’une aide du Croissant-Rouge syrien ».
 
Le Canton de Shehba a réitéré son appel aux organisations internationales de secours et aux Nations Unies pour :
 
– Apporter un soutien et une attention aux personnes déplacées d’Afrin à Shehba
– Pression des principaux pays pour expulser l’occupation turque et ses mercenaires d’Afrin
– Permettre le retour des habitants d’Afrin à leurs foyers
– Empêcher la Turquie de mettre en œuvre un changement démographique à Afrin par la réinstallation des membres de l’EIIL et les mercenaires islamistes de toutes les parties du monde, ainsi que les gens déplacés de Ghouta, à Afrin.

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Le combat des Kurdes en Syrie : résurgence d’un passé véhément

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Quel est le rôle des Kurdes dans le conflit syrien et quel est leur programme pour l’avenir de la Syrie ? 

 

Le conflit syrien, comme tous les problèmes du Moyen Orient, trouve sa racine dans l’histoire et spécifiquement celle du XXème siècle avec la fin de l’Empire Ottoman. Depuis la guerre civile syrienne qui débuta en 2011, grâce aux réseaux sociaux et ensuite grâce à certains médias, le monde entier est témoin de l’atrocité du gouvernement syrien envers sa population.

Dans ce contexte, en face du gouvernement central d’un État totalitaire, il y a plusieurs groupes extrémistes religieux qui ont un programme pour créer un Etat théocratique. Puis, il y a des groupes kurdes qui défendent un agenda laïc et égalitaire dans un État fédéral.

 

Au fur et à mesure que la guerre se propage, les participants augmentent. Dans ce cas, chaque parti a son alliance pour mener et financer ses projets. Les groupes islamiques et l’armée libre sont financés par la Turquie, le Qatar, l’Arabie Saoudite et certains pays Occidentaux. Le gouvernement syrien reçoit l’aide de l’Iran, des groupes chiites d’Irak et de Liban et de la Russie.

 

Malgré la place importante que les Kurdes jouent dans ce conflit et les valeurs humaines et démocratiques qu’ils défendent, les alliances de longue date et les intérêts économiques ne permettent pas aux différents acteurs de se rapprocher des Kurdes et ne font aucune alliance avec eux. Jusqu’à l’apparition de l’EIIL (État islamique en Irak et au Levant), en Irak et en Syrie. En 2014 la résistance kurde à Kobanê a attiré des sympathisants du monde entier. Après quoi, l’Amérique, membre de la coalition contre l’EIIL, a décidé de soutenir les Kurdes malgré l’opposition de la Turquie et des autres membres de la coalition.

De nos jours, grâce à la médiatisation de la situation syrienne et d’Irak, la question kurde revient sur le devant de la scène internationale. Ainsi, il y a plusieurs questions qu’on souhaite soulever et tenter d’y répondre : quelles sont les revendications du peuple kurde ? Pourquoi la communauté internationale reste indifférente envers leurs revendications ? Pourquoi à chaque fois leurs soulèvements ont été tus ? Et quel est leur programme pour l’avenir de Syrie ?

 

De ce fait, l’objectif principal de ce travail est d’analyser la situation actuelle en Syrie et plus spécifiquement la cause kurde. En effet, lors de ce travail, on va avoir un bref regard sur les mouvements politiques que les Kurdes ont menés. Et puis, un regard sur la place des Kurdes en Syrie jusqu’à nos jours. De plus, on va tenter de comprendre pourquoi, malgré tous les changements politiques dans cette région, la question kurde reste un problème majeur dans les pays où ils vivent. Par ailleurs, il est nécessaire de savoir que c’est l’un des obstacles auxquels fait face la Syrie depuis sa création, étant donné que les gouvernements syriens, afin d’éliminer les mouvements kurdes, ont mis en place des lois extrêmement fermes, qui toutes sont contradictoires avec les droits de l’Homme et les lois internationales.

Dans le but de mieux comprendre la question kurde, il est essentiel d’avoir un regard général sur l’histoire du XXème siècle de ce pays. De ce fait, nous pourrons examiner les demandes et les revendications du peuple kurde.

Quant à la deuxième partie de nos recherches, nous allons nous focaliser d’une part sur la manière dont les gouvernements de ce pays ont agi pour résoudre ce problème et d’autre part sur le rôle et l’agenda de Parti de l’union démocratique (PYD) qui contrôle quasiment toutes les régions kurdes en Syrie.

 

L’origine des Kurde et du Kurdistan

 

Quant à l’origine des Kurdes, il y a différents avis : certains historiens présentent les Kurdes comme des descendants des Mèdes (VIIème – VIème. Av. J.-C.) qui, en battant l’Empire d’Assyrien, avaient créé le premier Etat sur le territoire actuel du Kurdistan et une partie de l’Iran d’aujourd’hui. Et puis, il y a d’autres avis qui les présentent comme les descendants de Tribu Kardoukhois qui vivaient dans cette même région à la même époque. Xénophon, historien grec au IVème av.J.C, dans son ouvrage l’Anabase, écrit sur cette tribu qui se battit contre l’armée d’Alexandre, « lors de la retraite des Dix-Mille ». Xénophon les présente comme un peuple courageux qui vivait dans la région montagneuse et qui n’a jamais accepté d’être dominé ni par Xachira Shah, le roi d’Iran ni par celui d’Arménie.

Enfin, il faut ajouter que depuis l’apparition de l’État moderne au XIXème siècle, comme les Kurdes n’ont pas pu créer leur propre État, les historiens des États dominateurs ont commencé l’innovation des nouvelles théories sur leur histoire et leurs racines. Les avis de ces écrivains sont négatifs quant au futur des Kurdes, mais ils ne sont pas objectifs. En effet, ces écrivains ont été au service de ceux qui ont dominé, c’est-à-dire du nationalisme colonial. Ces théories dominatrices veulent assimiler, anéantir, effacer l’existence ce peuple, sans quoi les Etats dominateurs ne peuvent pas continuer leurs occupations. Notamment en Turquie, les gouvernements successifs, en utilisant ces idées, dans leur constitution, présentent les Kurdes comme les Turcs des montagnes, autrement dit, ils ignorent l’existence de ce peuple par la loi.

En ce qui concerne l’origine du mot Kurdistan, il signifie littéralement le pays des Kurdes. L’origine de ce terme remonte au XIIème siècle. En ce temps l’un des sultans seldjoukides qui gouvernait l’Iran a baptisé Kurdistan l’une de ses provinces. Au fil du temps ce terme a englobé tous les territoires où les Kurdes vivent. Actuellement, sur le plan géographique, cette région qui est majoritairement peuplée par les Kurdes, s’étend du nord-ouest de l’Iran jusqu’au nord-est de l’Irak, au sud-est de la Turquie et au nord-ouest de la Syrie. Autrement dit la terre kurde se divise en plusieurs parties.

 

Les Kurdes au Moyen Âge

 

L’arrivée de l’Islam pendant le XIIème apporte un changement majeur dans la région, car premièrement, les peuples qui y vivaient, avaient dû se soumettre à un nouveau système non seulement sur le plan gouvernemental, mais aussi sur le plan culturel, religieux, etc. Et puis, les peuples opprimés étaient obligés soit d’embarrasser la nouvelle foi soit ils devaient payer une sorte d’impôt pour continuer à vivre sur le territoire.

Quant aux Kurdes, ils n’étaient pas épargnés par ces nouveaux changements. La majorité d’entre eux s’est convertie à la nouvelle foi après quelque temps, mais certaines communautés, ont résisté, et ont continué de garder leur ancienne croyance, le zoroastrisme durant des siècles. C’est la raison pour laquelle il y a beaucoup de minorités kurdes qui, malgré tous les efforts et toutes les férocités des gouvernements des califats islamiques et des Sultans ottomans dans le but de les convertir, ont pu continuer leur existence jusqu’à nos jours. On  pourrait parler notamment des Yézidîs, qui plus de 73 fois, se sont fait déportés ou massacrés par les différents gouvernements sur leur terre, et cette cruauté continue jusqu’à nos jours.

Par ailleurs, durant cette période, les principautés kurdes ayant accepté la nouvelle foi, ont pu continuer leur existence pendant des siècles, et puis certaines d’entre eux avaient pu monter dans de la hiérarchie gouvernementale du califat, allant jusqu’à diriger les armées du califat. On peut citer comme exemple Saladin qui était le fondateur de l’Empire Ayyoubide qui a gouverné durant des dizaines d’années sur l’Égypte, la Syrie et la Palestine. De plus, ce fut durant son royaume que les guerres de croisades ont eu lieu.

 

La première division du territoire Kurde

 

Jusqu’au début de XVIème, le territoire des Kurdes se trouvait sous la domination de califat islamique. Cependant, d’une part, il y avait l’Empire Ottoman et d’autre part la dynastie Séfévide, qui venait de contrôler une grande partie de l’Iran. Le territoire kurde se trouve au milieu de deux puissances en conflit de pouvoir. Par ailleurs, les Kurdes, dans le système de califat se liaient habituellement au gouvernement qui gouvernait les provinces iraniennes. Le Roi séfévide, pour montrer ses différences avec l’Empire Ottoman, voulait que toute la population qui vivait dans son royaume se convertisse au chiisme. De plus, en utilisant cette tactique que le pouvoir des principautés des Kurdes en les obligeant à obéir à l’État central. Comme les Kurdes n’ont pas accepté ces conditions, pendant la bataille de Tchaldran en 1514, entre l’Empire ottoman et les Séfévides, ils ont aidé l’Empire Ottoman. C’est pourquoi la bataille était une grande défaite pour le Roi de l’Iran et comme le sultan ottoman acceptait de respecter les autonomies des principautés, la majorité des Kurdes se sont rangés du côté de celui-ci. On doit ajouter qu’étant donné que le sentiment du tribalisme chez les Kurdes était plus fort que celui du sentiment nationaliste, en choisissant ce pacte, ils ont signé leur propre malheur car d’une part, leur territoire a été divisé entre deux puissances et d’autres part, les deux Etats ont profité de cette division pour mieux les dominer. Finalement, comme on dit : diviser pour régner !

 

Les révoltes kurdes

 

Durant le  XIXème siècel, les Kurdes se sont révoltés à plusieurs reprises contre les sultans ottomans. Cependant, leur révolte n’a pas abouti à grand chose. D’une part, la mosaïque, des religieux et du peuplement, était devenue des outils que les Sultans ottomans utilisaient pour disperser les révoltes. Et d’autre part, le tribalisme a été l’un des principaux obstacles qui empêchait la naissance d’une conscience nationale kurde et l’unité du peuple.

Mais, à cause de tous ces problèmes, autant pour les Kurdes que pour les autres peuples, le XIXème  siècle est devenu le début de grands soulèvements menés par les princes, les seigneurs et les cheikhs kurdes contre l’Empire ottoman et le shah d’Iran. Certaines de ces révoltes avaient pour but de garder leur territoire et leur indépendance plutôt que de créer un Etat-nation dans lequel tous les Kurdes seraient unis.,

La révolte de Baban a commencé en 1806. La principauté de Baban qui a été créée au XVIème siècle, était devenue très puissante aux yeux du sultan d’ottoman. C’est pourquoi, après la mort d’Ibrahim Pacha, l’Émir de cette principauté, l’autorité ottomane voulait imposer une personne issue d’une tribu adverse de celle-ci comme Émir. Or, le neveu de ce dernier prit la tête d’une armée contre les forces turques. Après quelque temps, il y a eu d’autres tribus qui se sont joints à ce soulèvement. Leur manque d’organisation et le fait de ne pas avoir une armée régulière ont eu comme résultat la dispersion de la révolte en 1808 et la fuite des meneurs de la révoltes en Iran.

Toutefois, il y eut d’autres soulèvements avec comme but la création d’un État indépendant et souverain, notamment le soulèvement de 1830 qui fut dirigé par Mir Mohammed, souverain de la principauté de Soran. En effet, celui- ci voulait créer un Kurdistan indépendant et il réussit à mettre en place une vraie armée, presque 30 000 hommes, des entreprises d’armements. Mir tenta d’unifier les grandes tribus. Cependant, certains n’ont pas fait alliance avec le Mir. Malgré cela, le Mir assura son autorité sur tout le Kurdistan méridional. Durant les combats qui se passèrent entre l’armée kurde et celle du sultan ottoman, l’armée ottomane s’est repliée sans avoir pu mener son projet. En revanche, le Mir kurde tira un avantage de ce répit pour conquérir le Kurdistan iranien. Finalement, après deux ans, l’armée ottomane attaqua le territoire de Mir Mohammed, mais comme l’armée kurde s’était bien préparée, elle  put battre l’armée ottomane. C’est pourquoi le commandant de l’armée ottomane fit appel aux sentiments religieux des Kurdes en appelant à la rescousse unmollah kurde pour arrêter la guerre. Cette ruse a bien réussi, car un mollah kurde nommé Mollah Khati donna une fatwa selon laquelle la guerre contre le calife est « Haram » (interdite). Cela eut pour conséquence d’anéantir la résistance kurde, donc Mir Mohammed n’eut pas d’autre choix que de se rendre au sultan. Après quelques mois, le Mir fut autorisé à retourner au Kurdistan, mais sur le chemin, il fut assassiné par les hommes du sultan.

 

Mais, comme dit le célèbre proverbe : “On peut tuer une personne mais pas ses idées”. En effet, le peuple kurde trouva dans ce proverbe la force qu’il lui manquait, car après quelques années, il y a eu d’autres soulèvements ; chacun d’entre eux marqua l’histoire kurde.

Quatre ans après l’assassinat de Mir Mohammed, il y eut la révolte de Bedir Khan qui éclata en 1840. Bedir Khan, qui régnait sur sa principauté depuis de nombreuses années, réussit à mettre en place une armée régulière bien disciplinée. Suite à la défaite ottomane de Nizip en 1839 dans laquelle l’armée d’ottomane fut battue par celle du pacha d’Égypte, Bedir Khan profita de cette situation pour s’emparer d’une grande partie des régions kurdes de l’Empire Ottoman. Comme Bedir Khan connaissait bien les faiblesses de l’émirat, il essaya d’être juste avec toutes les minorités et de respecter tout le monde. De nouveau, les Ottomans essayèrent de corrompre les chefs des autres tribus contre Bedir Khan, mais cette démarche ne donna aucun résultat. Néanmoins, les chrétiens retournés par les mandataires anglais et américains à la demande du sultan, refusèrent de se battre contre l’armée ottomane. Après trois ans de guerre, trahi par son neveu, Bedir khan fut capturé en 1847 et envoyé en exil.

 

Après cette révolte, il y en a eu d’autres qui sont survenues au cours du siècle, qui montrera la suite du soulèvement kurde. Cependant, leur situation géographique, et le fait qu’ils étaient entourés par les puissances, a eu comme résultat plusieurs défaites récurrentes. Cependant, c’est en 1880 qu’il y eut un soulèvement commandé par Cheikh Ubaydullah. Avec celui-ci, on peut voir la naissance d’une véritable révolte nationale, car ces revendications visaient clairement l’existence d’un État indépendant et souverain afin que tous les Kurdes puissent être réunis sur le même territoire. Cheikh Ubaydullah qui était l’un des grands chefs spirituels des Kurdes, avait une influence crédible sur le peuple. En août 1880, dans une grande réunion à laquelle 220 chefs des tribus avaient participé, ils ont décidé de suivre le cheikh. Au début, ils ont réussi à battre l’armée Iranienne. Ce triomphe avait fini par susciter une grande inquiétude chez le gouvernement turc. C’est la raison pour laquelle, l’armée turque a aussi participé à cette guerre contre l’armée kurde; de ce fait les Kurdes rendirent les armes pour la énième fois. Ce soulèvement fut la dernière révolte kurde du XIXème siècle.

 

La Première Guerre mondiale (deuxième division)

 

En 1913, après plusieurs défaites, les jeunes-turques prirent le pouvoir. Comme les dirigeants turcs eurent (et ont encore) le rêve de la création de grande “Touran”, ils firent une alliance avec l’Empire Allemand. Ensuite, ils  déclarèrent la guerre à l’Entente. Quand ils avaient perdu beaucoup de batailles, ils commencèrent à massacrer les Arméniens (plus d’un million arménien et 700000 kurdes entre 1915 et 1916). Mais, les Alliés avant la fin de la guerre avec l’accord Sykes-Picot, décidèrent de se partager le Proche-Orient à la fin de guerre. Enfin avec le traité de Sèvres, qui fut conclu le 10 août 1920 à la suite de la Première Guerre mondiale entre les Alliés et l’Empire Ottoman, le territoire de l’empire devait se partager en zones qui étaient contrôlées par les membres des Alliés, en particulier, l’Angleterre et la France. De plus ils ont signé le fait que les Kurdes et les Arméniens, comme tous les autres peuples, devaient avoir leur propre territoire. Mais, trois ans plus tard avec le traité de Lausanne, signé le 24 juillet 1923 entre les Alliés et le gouvernement turc ils ont renoncé tout simplement à l’indépendance du Kurdistan. La mise en place de ces traités et la création de nouveaux États dans cette région était un changement brusque pour les populations, car tous simplement, on n’avait pas respecté les divisions de frontière des peuples, c’est-à-dire, des pays multiculturels, plusieurs confessions et multilinguismes ont été créés. Les Kurdes jusqu’à cette date avaient été divisé entre deux pays; mais cette fois ils se trouvèrent dans cinq pays dont quatre sont des nouveaux États tels que la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Arménie.

Il faut noter que les Kurdes entre les années 1918-1921 ont eu une opportunité de créer leur propre État. Cependant, l’ignorance et la confiance des hommes politiques et religieux kurdes envers ceux des Turcs, leur ont fait rater cette occasion.

Dans le livre «les Kurdes et le Kurdistan» Kendal Nezan écrit :

 

«Le vide politique était total, les unionistes avaient pris la fuite et l’autorité du sultan et de son gouvernement ne dépassait guère les limites de la capitale ottomane. Les débris de ce qui fut l’armée ottomane se désagrégeaient, les officiers désemparés étaient surtout préoccupés par leur sort personnel… La Russie, à qui la majeure partie du Kurdistan devait être annexée en accord Sykes-Picot, était devenue soviétique, l’armée persane se trouvait dans un état aussi pitoyable que son homologue ottoman»2.

Ajoutons que cette fois aussi, d’une part la naïveté des chefs kurdes a été une occasion perdue pour créer un Etat kurde et puis le comportement des Alliés qui ont trahi le peuple kurde

 

Les Kurdes en Syrie sous mandat français

 

Les Kurdes de Syrie, qui vivent majoritairement au nord du pays, se trouvent dans cette situation après une longue discussion entre la France et le gouvernement turc, de 1921 jusqu’en 1939. Malgré la division de la région kurde par le traité de Lausanne en 1923, la reconnaissance de la frontière entre les deux États était un problème non résolu. C’est pourquoi après son indépendance, la Syrie conteste les traités entre la France et la Turquie et veut changer la frontière entre ces deux pays.

 

«Si le mandat français a contribué au développement économique des régions kurdes, il n’a pas joué dans le sens d’une reconnaissance du fait ethnique en Syrie. La France, en effet, s’est intéressée aux Kurdes en tant que minorité sur laquelle s’appuyer occasionnellement : à l’extérieur contre la Turquie, à l’intérieur face au nationalisme syrien. Mais, contrairement à d’autres communautés, Paris ne les placera pas au cœur de sa politique coloniale»3

 

Mais, en ce qui concerne la question kurde, il faut noter que comme la Syrie se trouvait sous mandat français, les Kurdes de cette partie avaient plus de liberté que les autres parties qui vivaient dans les pays voisins. C’est pourquoi, ce climat donnait lieu à beaucoup d’associations culturelles dont les objectifs étaient d’avancer la cause kurde au travers des journaux et des livres dans la langue kurde et en même temps de propager leurs traditions. C’est pourquoi, à cette époque, la Syrie est devenue un refuge pour les résistants kurdes qui ont fui la Turquie et l’Irak.

 

Les Kurdes dans la Syrie indépendante

 

Après la Deuxième Guerre mondiale, la Syrie trouva son indépendance. Mais au cours des années suivantes, l’instabilité régnait dans le pays : d’une part le pays passait une période de troubles à cause de la guerre des pouvoirs parmi les dirigeants de pays, qui chaque fois se terminait par un coup d’État. D’autre part, la naissance de panarabisme a fait avancer l’idée du nationalisme arabe sur la région, spécialement en Égypte et la Syrie amenaient ce discours pour engendrer une république arabe unie.

Les deux peuples, kurde et arabe avaient vécu ensemble pendant des siècles. Cependant, dans ces conditions, tout était en train de changer, car dans l’idée du panarabisme il n’y a plus de place pour les autres ethnies. À ce propos, M. Nazdar écrit

«L’idée du panarabisme ne reconnaissait pas de droits aux Kurdes en tant que minorité nationale. Elle ignorait leur existence, comme le feront tous les pays arabes à l’égard de leurs propres minorités nationales ou religieuses4

 

Dans ces circonstances, des intellectuels kurdes créèrent le premier parti politique kurde en Syrie dans l’objectif de légitimer les Kurdes en tant que groupe ethnique et donc ils devaient avoir le droit d’étudier dans leur langue et de préserver leur propre culture et tradition.

Il faut noter que jusqu’à cette date, il y avait une certaine indulgence envers les Kurdes qui faisaient des activités culturelles. Mais avec l’accroissement de l’idée de la création de la République Arabe Unie, les lois furent de plus en plus strictes contre le mouvement kurde.

Dès 1962, l’État mit en place une nouvelle politique dans les régions kurdes, dans le but de toujours opprimer leurs revendications. Notamment, il déplaçait des Kurdes vers la région sud en les remplaçant par des Arabes. Autrement dit, le but était l’arabisation des territoires kurdes (“plan de la ceinture Arabe”). « La constitution syrienne affirmait que le peuple syrien était une partie de la Nation arabe par son histoire ».

 

«Le 23 août 1962, le gouvernement promulgue un décret-loi (n° 93) autorisant un recensement spécial de la population dans la province de la Djézireh. On prétend que les Kurdes S’infiltrent illégalement” en Djézireh à partir du Kurdistan turc, pour “détruire son caractère arabe”. Le recensement est mené en novembre de la même année ; à la suite de ses résultats quelques (entre 120000- 150000 et certains parle de 500000) Kurdes de Djézireh sont décomptés comme “étrangers” et les droits attachés à la nationalité syrienne leur sont injustement retirés. »5.

Avec l’arrivée du parti Baas au pouvoir, un nommé Mohamed Taleb Hilal qui était chef de police de la  province Djézireh, dans un livre intitulé “ Étude sur la province de Djézireh” essaya tout, dans le but de faire croire que les Kurdes ne sont pas une nation mais, des tribus qui ont acquis leur culture et leur langue grâce aux peuples dominateurs. Donc il proposa un plan en douze points pour anéantir le danger que représentaient les Kurdes de Syrie

« 1 – Transférer et disperser la population kurde.

2 – Priver les Kurdes de toute instruction, même en langue arabe.

3 – Priver les Kurdes de toute possibilité d’emploi.

4 – Livrer au gouvernement turc les rescapés des soulèvements dans les zones kurdes de Turquie.

5 – Dresser les Kurdes les uns contre les autres.

6 – Poursuivre la politique de la “ceinture arabe” déjà appliquée.

7 – Implanter des Arabes “pures nationalistes” dans la région des Kurdes pour les surveiller avant leur dispersion.

8 – Faire contrôler les Kurdes par l’armée.

9 – Soutenir les Arabes qui sont installés dans la région kurde.

10 – Imposer aux Kurdes l’apprentissage de la langue arabe.

11 – Priver les Kurdes de leurs leaders, en l’occurrence des hommes religieux kurdes, qui contestent la politique du gouvernement.

12 – Faire semer la panique parmi les Kurdes par les Arabes qui vivent dans cette région. »6

 

Nous devons préciser que des politiques semblables à celle- ci étaient déjà appliquées  dans les pays voisins où vivaient les Kurdes. Enfin, malgré toutes ces interdictions envers le peuple kurde, les Kurdes étaient obligés de faire leur service militaire.

 

« Si le droit à la nationalité syrienne leur fut refusé, on leur demanda par contre de faire leur service militaire, le plus souvent à la frontière israélienne. Beaucoup se battront dans le Golan en 1967 »7

 

Finalement, en 1970 il y a eu un autre coup d’État grâce auquel Hafiez al-Assad  prit le pouvoir. Dès qu’il devint président de la Syrie, il mis en place certains changements envers les Kurdes. Notamment en 1976, il renonça au projet de déplacement forcé. Cependant, il ne fit aucun changement dans la loi pour ceux qui furent déchus de leur nationalité. Deux menaces pesaient sur le pouvoir d’Assad. Premièrement, la menace d’une majorité sunnite. D’autre part, la menace d’une guerre avec l’Israël. De plus,le fait qu’il était membre d’une minorité alaouite, le poussa à adoucire sa politique envers d’autres minorités.

Il faut noter qu’à partir de 1982, la Syrie accueillait une nouvelle fois les partis politiques Kurdes, d’Irak et de Turquie. Notamment le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), cette collaboration continua jusqu’en 1998. Avec cette politique, le gouvernement syrien visait : d’une part affoler le mouvement kurde en Syrie et d’autre part s’appuyer sur le PKK contre la Turquie quand s’était nécessaire. Car il y avait des désaccords avec la Turquie sur la partage de l’eau d’Euphrate.

 

« Cette contradiction, de plus en plus flagrante, va alimenter des frustrations dont le régime aurait dû redouter l’explosion une fois le PKK «  éliminé » de Syrie. »8

 

Le printemps kurde

 

Avec l’arrivée au pouvoir de Bachar al-Assad en juillet 2000, un nouvel air souffle sur la Syrie. Il y  eut certaines ouvertures du régime envers des associations et des nouveaux partis politiques. Donc, pour la énième fois, les intellectuelles kurdes se rassemblent en créant un nouveau parti. Ils commencent à s’organiser et à réclamer leurs droits, particulièrement à travers des manifestations qu’ils organisaient. En 2002, à l’occasion de la journée mondiale des droits de l’homme, ils organisèrent une manifestation devant le Parlement à Damas pour que l’État les reconnaisse comme une minorité ethnique en Syrie.

En 2003, à l’occasion de la journée mondiale des droits de l’enfant, ils organisèrent à nouveau un rassemblement devant le bâtiment de l’UNESCO à Damas, afin de réclamer la nationalité pour les enfants que, comme leurs parents, sont déchus de la nationalité. Mais, les contestations deviennent de plus en plus régulières après les événements de Qamişlo en mars 2004. En effet, cette manifestation se déroule pendant un match de foot entre les supporteurs de deux équipes, l’une locale kurde et l’autre arabe de Deir ez-Zor. Quand la manifestation prise une grande ampleur, le gouverneur de l’Al-Haskah, ville majoritairement kurde, donna l’ordre d’ouvrir le feu sur les manifestants, six Kurdes furent tués. Le lendemain, lors des funérailles des victimes, des milliers de personnes défilent pacifiquement à Qamişlo.

 

« Les autorités ont à nouveau tiré sur la foule, ce qui a eu pour conséquence de mettre le feu aux poudres et déclencha des actes de violence tels que la destruction des statues d’Hafez al-Assad. »9

 

Après quoi, des contestations apparaissent dans toutes les régions où les communautés kurdes vivent. Le gouvernement syrien ne voulant pas accepter la réalité et afin de punir les responsables des violences, envoya le groupe armé, les gardiens de la République dans les villes. Cette action mit en colère les manifestants, qui attaquèrent les locaux du Parti Bass, les offices d’administrations liés à L’État. Dans certaines villes mixtes, la guerre commençait à éclater entre les Kurdes et les Arabes. Cette situation obligeait l’État à accepter la réalité. C’est pourquoi Bachar al-Assad essaya d’apaiser et de réconcilier. Finalement, Bachar al-Assad admit l’existence du problème des Kurdes déchus de leur nationalité et appela pour trouver une solution. Malgré aucun changement réel pour les Kurdes, cette déclaration du chef d’État est devenue une déclaration historique car pour la première fois, officiellement Bachar Al-Assad a reconnu l’existence du problème des Kurdes en Syrie.

 

Le Printemps Arabe

 

Le début des contestations qui ont démarré en Tunisie contre la corruption au sein de l’État, poussa le gouvernement tunisien à démissionner. Après quelques semaines, ce coup de vent souffla sur toute la région du Moyen-Orient, particulièrement sur le monde arabo-musulman. Certains de ces pays comme Arabie Saoudite et Maroc, afin d’éviter le pire, ont commencé à accepter les revendications, en faisant des réformes au sein de leurs institutions. Cependant, d’autres gouvernements voulaient éteindre les contestations par la force, comme ils l’avaient fait auparavant. C’est pourquoi, la guerre civile a commencé dans ces pays, tels que la Libye, le Yémen et la Syrie.

Force est de noter que le soulèvement de la Syrie a été différent par rapport aux autres pays, car la mésentente entre la majorité de la population qui est sunnite et le gouvernement syrien qui est contrôlé par une minorité alaouite (une branche chiite) a une racine profonde. Auparavant, toutes les manifestations contre l’État ont été écrasées sans équivoque.

Encore une fois les manifestations pacifiques en Syrie, ayant pour but d’avoir plus de libertés pour certains et un changement radical pour d’autres, sont réprimées par le gouvernement syrien. Elle a pour effet de pousser la population à la contestation, qui se propage très vite dans le pays. Face au comportement du régime, des groupes armés se forment et les manifestations pacifiques se transforment en une guerre civile.

Il faut noter qu’il y avait en plus des divisions intérieures, des facteurs extérieurs qui ont poussé la Syrie dans cette direction : d’une part l’hostilité entre l’Iran, l’allié de longue date de Bachar al-Assad, et l’Arabie Saoudite, l’alliée de l’opposition. D’autre part, la mésentente entre la Russie, autre alliée du gouvernement syrien, et l’Otan, la première voulant garder son influence dans la région et l’autre accroître sa zone d’influence.

Les Kurdes de Syrie, quant à eux, restent plus ou moins neutres, ne prenant pas clairement partie. Par conséquent, la transition dans la région kurde se passe plutôt pacifiquement car le retrait des forces armées syriennes des zones majoritairement kurdes vers des zones en conflit, laisse aux groupes kurdes une plus grande marge de manœuvre et une certaine autonomie pour diriger et administrer leur territoire. De plus, malgré des changements constitutionnels en faveur des Kurdes par le gouvernement syrien, ceux-ci restent sur leur position et n’acceptent pas de participer au conflit entre l’opposition et le gouvernement. Autrement dit, ils ont choisi la troisième voie, qui vise à la création d’un État démocratique, décentralisé et fédéral, dans lequel toutes les minorités, religieuses et ethniques, ont des droits égaux sur le plan constitutionnel. Ainsi, les zones kurdes ont pu dépasser une période difficile sans subir des répressions du gouvernement syrien.

 

Proclamation d’une région autonome

 

Alors que, depuis 2012 le Kurdistan syrien est gouverné par les partis politiques kurdes, ce sont eux qui gèrent et organisent tous les domaines tels que militaire, la sécurité, l’administration. Et puis, depuis novembre 2013, le Parti de l’union démocratique (PYD) proclame l’autonomie des cantons kurdes de Syrie : Afrîn, Djézireh et Kobanê. Pendant ce temps, ces localités sont attaquées par des groupes djihadistes comme le front al-Nosra, Ahrar al-Sham et l’État islamique. Mais ni l’opposition syrienne modérée ni le gouvernement syrien n’ont rien fait pour défendre les localités kurdes. Ainsi, le PYD, en janvier 2014, promulgue une Constitution pour le Kurdistan syrien (Rojava), sous le nom “Charte du contrat social” qui a été adoptée par les représentants des habitants du Rojava, dans laquelle ils insistent  : sur les droits fondamentaux de tous les citoyens devant la loi, sur les respects de minorités religieuses et ethniques et sur l’égalité des sexes devant la loi.

Chaque canton du Rojava est dirigé par un gouvernement et celui-ci est supervisé par l’assemblée populaire où siègent les représentants de chaque région et de chaque communauté.

 

 

Les batailles de Kobanê

 

En août 2014 après quelques jours où l’EIIL a pu battre l’armée irakienne et envahissait la ville de Mossoul, l’EIIL a pris plus ambition pour conquérir les autres villes qu’il avait mentionnés dans leur carte d’État islamique selon laquelle le califat islamique doit être créé. Cependant les guérillas de PYD et PKK étaient les seules armées qui avaient pu bloquer l’avance des forces djihadistes lorsque celles-ci préparaient le massacrer de la minorité religieuse Ezidî. Ainsi, L’EIIL a attaqué la ville Kobané, d’une part pour venger cette défaite et d’autre part pour contrôler une centaine de kilomètres de frontière avec la Turquie, ce qui lui autorisait d’immenses facilités pour recruter les djihadistes qui viennent de quatre coins du monde et pour continuer l’import-export des marchandises et du pétrole. De plus, l’armée turque a pris la position au long de la frontière de Kobané, autrement dit la ville a été  complètement encerclée, car pour la Turquie le vrai ennemi ce sont les Kurdes. C’est la raison pour laquelle elle fermait les yeux et laissait passer les djihadistes mais, elle bloquait tout renfort vers les Kurdes en attendant que la ville tombe dans la main d’EIIL.

Dès le début de la bataille, les djihadistes, grâce à leurs équipements et leurs matériels militaires ont pu prendre presque la moitié de la ville. Mais, durant ce temps, grâce à la médiatisation de la situation de combattants et combattantes d’Unités de protection du peuple (YPG) et d’Unités de défense de la femme (YPJ) qui résistaient pour empêcher la prise de la ville par les djihadistes d’EII, l’opinion des humanistes du monde entier s’est réveillée. C’est pourquoi Les États-Unis, membre de coalition contre l’EIIL, a  décidé d’aider les Kurdes de Syrie malgré opposition de la Turquie et des autres membres de la coalition comme de pays de golf notamment Arabie Saoudite.

Aussitôt, les Kurdes ont progressivement repris le terrain en repoussant les djihadistes. Finalement après quelques mois de bataille acharnée, la ville de Kobanê a été entièrement libérée le 14 juin 2015. De plus, au vu de la volonté et d’autodétermination de ces guérillas, les Américains et la Russe trouvaient un partenaire crédible sur le terrain, sur qui ils peuvent compter.

 

Des combattantes des YPJ, les forces armées féminines du Kurdistan syrien

 

Les femmes combattantes

 

Afin des mieux comprendre le rôle de femmes dans la question du Rojava, notamment celui des YPJ, il faudrait que l’on voit un peu l’histoire des femmes qui combattent au sein du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Car celui-ci, depuis sa création, a des combattantes qui participent activement à la vie au sein de parti. Elles occupent une place importante dans la hiérarchie du parti.

Donc, comme expliqué précédemment, la Syrie avait accueil le PKK, pendant la période de conflits avec la Turquie. Et comme les Kurdes de Syrie pouvaient rejoindre les rangs du PKK, il y a eu beaucoup de femmes et d’hommes qui ont adhéré au parti et à ses idées.

Ainsi, il faut savoir que ces femmes ont une place fondamentale dans la structure du Rojava : car, d’une part, dès le début de conflit, elles assument activement des rôles sur le plan militaire tant qu’administratif où elles ont une position égale à celle de l’homme au sein du système du Rojava. De plus, il faut noter que l’engagement des femmes des YPJ se fait, non seulement pour la cause kurde mais aussi pour elles-mêmes, c’est-à-dire qu’elles sont en train de combattre contre des idées selon lesquelles les femmes n’ont aucune place, ni droit, ni libertés. C’est la raison pour laquelle elles se battent contre la soumission de la loi  d’obscurantisme en espérant créer une société libre pour toutes et pour tous.

 

La déclaration de fédéralisme

 

Alors que les Kurdes contrôlent plus de 25 % du territoire de Syrie et que c’est l’un des principaux acteurs sur le terrain, qui a un programme clair et sans ambiguïté pour lequel ils se battent hardiment, ils ne peuvent pas participer à la négociation sur l’avenir de ce pays. Et la Turquie et l’Arabie Saoudite qui sont les parrains des oppositions djihadistes, et L’Iran et le gouvernement syrien font tout ce qui est en leur pouvoir, pour empêcher la participation des Kurdes aux négociations, tandis que chacun essaie d’augmenter le nombre des membres fondamentalistes qui mènent leur agenda ambigu sur le terrain.

C’est pourquoi, les Kurdes et leurs alliés sur le terrain, une fois de plus, ont envie de montrer leur projet. Le 16 mars 2016, pendant un rassemblement de 150 représentants de partis kurdes, arabes et assyriens, après une discussion sur un nouveau système pour le nord de la Syrie. Finalement, les participants approuvent le système fédéral démocratique du Rojava. De plus, les représentants mettent en avant que ce projet est créé sur une base territoriale et non ethnique, étant donné que toutes les minorités qui vivent dans ces localités ont soutenu ce système.

Mais, le gouvernement syrien, l’opposition syrienne, la Turquie et les pays arabes ont rejeté le fédéralisme en prétendant que ceci était une menace pour l’avenir de la Syrie.

Quant à la Russie et Les États-Unis, pour ne pas offenser la Turquie et les autres acteurs présents dans le conflit syrien, ils ont refusé de reconnaître le système fédéral proposé par les Kurdes et leurs alliés tout en poursuivant leur aide militaire.

 

Les relations avec les autres mouvements kurdes

 

Le PYD est présent depuis le début du conflit ; et puis, durant l’année 2013, ses régions sont attaquées par les islamistes, notamment par l’État islamique en Irak et au Levant et le front al-Nosra. Les forces YPG et YPJ sont alors les seules qui assument la défense de la population, qu’elle soit kurde, assyrienne ou arabe. C’est pourquoi au fil du temps, le PYD profite de la situation pour prendre une position de force sur toutes les régions kurdes en Syrie. Ainsi, les majorités des autres formations kurdes syriennes acceptent la supériorité de celui-ci.

Quant à la relation avec les Kurdes de la Turquie : il y a un lien étroit avec le PKK et d’autres mouvements de gauche de Turquie et ceux-ci sont reliés essentiellement par trois choses : 1- le lien historique entre la population kurde de Syrie et celle de Turquie, car malgré la frontière entre les deux pays, il existe des relations familiales qui réunissent les Kurdes de deux côtés. 2- Beaucoup de membres du PYD, avant le conflit syrien, étaient actives dans le rang de PKK. C’est pourquoi, ils ont un lien idéologique et politique très étroit. 3- Finalement, la mise en place du programme du confédéralisme démocratique grâce auquel les deux partis veulent résoudre les conflits religieux et ethniques du Moyen-Orient.

En ce qui concerne les Kurdes d’Irak : la relation est plus compliquée, car le Kurdistan irakien qui est gouverné par les Kurdes eux-mêmes depuis de nombreuses années, a une situation plus stable et en profitant de richesse de pétrole. Mais, malgré cette image, en réalité les Kurdes irakiens sont divisés entre les deux grands partis politiques PDK et UPK. Le premier a un lien étroit avec la Turquie et le deuxième avec l’Iran. C’est la raison pour laquelle leur décision politique est influencée clairement par ces deux pays. Compte tenu de la situation, hormis le PDK qui a un rapprochement très étroit avec la Turquie, et donc suit la position de gouvernement turc envers le Rojava, les autres partis politique notamment UPK soutiennent clairement le PYD.

 

Le Rojava

 

Un regard sur l’histoire des 20 siècles de la Syrie, nous montre que dans ce pays, les Kurdes, bien qu’ils forment 15% de la population, sont toujours vus comme les immigrés donc ils ne sont pas reconnues par la constitution comme minorité ethnique. De plus, l’avis officiel du parti Baas qui gouverne depuis un demi-siècle ce pays, est que les Kurdes sont des immigrés non arabes qui sont arrivés par une conspiration des pays étrangers. C’est pourquoi, ils ont mis en place une politique discriminatoire envers eux pour les obliger à partir, notamment la déchéance de nationalité, le déplacement forcé et l’interdiction de parler et d’étudier dans leur langue. Mais, après les soulèvements arabes (le printemps arabe) les Kurdes de Syrie aussi se soulèvent en 2011 pour demander leur droit et une fois pour toutes d’en finir avec les politiques assimilationnistes. Et puis, le conflit a pris une direction dans laquelle les partis kurdes ont pu d’abord contrôler les régions où ils vivent et puis mettre en place un gouvernement autonome pour le nord de la Syrie. En plus, en 2013, ils ont promulgué une constitution « la Charte du Contrat social » que l’administration doit suivre. Pour bien comprendre le système du Rojava, jetons un regard rapide sur certains articles de cette constitution.

D’abord, il faut noter que les thèmes plus importants qui sont cités, sont la place des femmes dans la société, la démocratie directe, le pluralisme et l’identité. Par exemple dans l’article trois pour montrer la diversité de la population :

« Articles3

a- La Syrie est un État libre, souverain et démocratique, gouverné par un système parlementaire basé sur les principes de décentralisation et du pluralisme.

b- Les Régions Autonomes sont composées des trois cantons libres d’Afrin, de Jazirah et de Kobané, formant partie intégrante du territoire syrien.

c- Le Canton de Jazirah est composé des communautés ethniquement et religieusement différentes de kurdes, arabes, syriaques, tchétchènes, arméniens, musulmans, chrétiens et yazidis, vivant dans la coexistence pacifique et la fraternité. L’Assemblée législative élue représente les trois cantons des Régions Autonomes. La structure de la gouvernance dans les Régions Autonomes »10

Dans l’article 21 ils acceptent sans aucune condition toutes les conventions internationales relatives aux droits de l’homme : « Article 21, la charte comprend la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Convention internationale relative aux droits civils et politiques, la Convention internationale relative aux droits économiques, sociaux et culturels, ainsi que d’autres conventions internationalement reconnues des droits de l’homme »11

Ou dans cet article ils précisent le droit l’individuel devant la loi « Articles 23 a – Toute personne a le droit d’exprimer son identité ethnique, culturelle, linguistique ainsi que les droits dus à l’égalité des sexes. b – Toute personne a le droit de vivre dans un environnement sain, basé sur l’équilibre écologique. »12

Enfin dans une région où les femmes n’ont aucun droit « Article 28 Hommes et femmes sont égaux aux yeux de la loi. La Charte garantit la réalisation effective de l’égalité des femmes et oblige les institutions publiques à travailler à l’élimination de la discrimination entre les sexes. »13

En effet dans le préambule de « Charte du Contrat sociale » on propose ce programme pour toute la Syrie. « Par la construction d’une société libre de l’autoritarisme, du militarisme, du centralisme et des interventions des autorités religieuses dans les affaires publiques, la Charte reconnaît l’intégrité territoriale de la Syrie et aspire au maintien de la paix intérieure et internationale »14

Sachons que la constitution Rojava est la plus progressiste au Moyen-Orient en ce qui concerne de l’individu sur le respect d’individu, Homme / Femme, le respect de la nature, etc. Donc nous pouvons conclure que le mouvement kurde de Syrie est le seul qui ait suivi les vraies revendications le soulèvement dans ce pays.

 

Les relations extérieures

 

Il est difficile de parler des relations extérieures du Rojava avec les pays étrangers. Certes, il y a les représentants du PYD aux États-Unis, en Russie, en France et dans d’autres pays européens. De plus, tous ces pays sont d’accord que les combattants kurdes sont la seule armée sur laquelle ils puissent s’appuyer contre les djihadistes. Et puis sur cette confiance, les États-Unis et la Russie les aident militairement et accueillent certains dirigeants kurdes. Mais, les intérêts économiques et la géostratégique avec la Turquie, l’Iran, et le Monde arabe les empêchent d’officialiser leur relations avec le Rojava, c’est la raison pour laquelle tout lien entre les Kurdes et d’autres pays passe par les services de renseignements de ces pays.

Il faut noter que les États-Unis sont l’acteur clé dans la région et les Européens suivent la plus souvent la stratégie américaine. Ainsi, on pourrait dire que le rôle est partagé entre l’Amérique et la Russie. De ce fait le Rojava essaie de collaborer avec les deux acteurs sous une forme spécifique. Certes, la Russie, a permis au PYD d’ouvrir un bureau de représentation à Moscou. Mais,il y est très peu probable que les deux puissances changent leurs stratégies régionales pour les Kurdes, c’est pourquoi l’administration du Rojava essaie de mener une relation diplomatique basée sur leur propre agenda.

 

Conclusion

 

Dès le début du conflit syrien en 2011, les Kurdes essayèrent de continuer de réclamer leur droit d’une manière pacifique. Mais en ripostant contre les groupes extrémistes qui les attaquent, les forces du PYD ont pu contrôler plus de 25% du territoire viable de la Syrie. Ensuite le PYD a mis  en place un programme dans lequel toutes les minorités ethniques et religieuses peuvent vivre sans aucune discrimination. Et cela n’est pas une chose donnée car pour chaque parcelle de cette terre ils ont combattu et des milliers des jeunes combattantes et combattants sont devenus martyrs pour leur cause en espérant qu’un jour ils puissent vivre dans la paix et la sérénité.

De plus, il faut que nous sachions que ces combattantes et combattants ne se battent pas seulement pour eux mais ils se  battent contre un ennemie caché, qui d’une part menace la paix dans le monde entier et qui d’autre part, soumet à l’esclavage chaque personne qui ne pense pas comme lui.  Ainsi, nous pourrons dire que la vraie menace n’est pas l’EIIL : celui-ci tout seul ne pourrait rien si il n’était pas soutenu dans ses idées par les Etats de la région.

Quant à l’origine de cette situation, qu’on le veuille ou non, il faut reconnaître que d’une part  les Américains et les Européens et d’autre part la Russie sont responsables de cette situation. En ce qui concerne les Kurdes; après la Première Guerre mondiale, les vainqueurs trahirent les Kurdes en les laissant opprimés, assimilé. Les Kurdes ont été victimes de génocide culturel et physique par les Turcs, les Arabes et les Perses  tout au long du 20 siècles. En même temps, ajoutons à cela que dans ces destructions massives contre les Kurdes, des milliers des citoyens non kurdes de ces pays, qui croyaient en la démocratie et en la liberté sont éliminées par les gouvernements d’élites en place qui sont soutenus soit par les Occidentaux, soit par l’Union soviétique.

Et puis, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’alliance entre les gagnants fut brisée en donnant naissance aux deux blocs militaires et idéologiques: l’un dirigé par les États-Unies et l’autre  par l’Union soviétique. La rivalité entre ces deux adversaires a pris une ampleur immense durant la guerre d’Afghanistan (1979-1989) qui fut occupée par l’armée de l’URSS.

Les Occidentaux commencèrent à soutenir tous les groupes djihadistes qui se battirent contre l’envahisseur d’URSS. En d’autres termes, les Occidentaux dans une ignorance complète, nourrissaient un serpent en leur sein. D’ailleurs, après la chute de l’URSS, les États occidentaux continuèrent à soutenir militairement et économiquement les États totalitaires et théocrates  qui opprimèrent tous les mouvements démocratiques et les soulèvements libérateurs. En retour, les mouvements islamistes ont eu la carte blanche pour mener leurs projets et semer la graine de la haine contre toutes les valeurs proclamées par l’Occident.

Les pays occidentaux se réveillèrent quand leurs villes telles que : New York,  Madrid, Paris, Nice, Bruxelles, Californie, etc. subirent des attentats terroristes. Actuellement, les forces armées du PYD luttent pour la construction d’une société plus juste qui approuve toutes les valeurs proclamées également par l’Occident.  Mais la Turquie qui, dès le début était contre les Kurdes, a récemment commencé à attaqué les Kurdes pour sauver les djihadistes. Dès lors, les Occidentaux doivent décider soit de soutenir les Kurdes clairement et sans ambiguïté pour réparer les erreurs morales et politiques qu’ils ont commises au fil du temps envers ce peuple, soit pour leurs intérêts économiques, une fois de plus, ils se soumettent aux exigences de leur allié turc et de ceux des pays du Golfe.

Au vu et au su de tous, nous devons préciser qu’il faut être naïf pour déclarer que les mouvements islamistes  sont affaibli, car il y a 15 ans, le seul mouvement islamiste était Al-Qaïda qui se trouvait dans deux pays, mais actuellement il y a plus 20 groupes islamistes que se propagent dans plus de 15 pays du Moyen-Orient et des pays d’Afrique. Et puis, l’islamisme radical a une grande capacité de mobilisation sur laquelle ils peuvent compter pour menacer la vie de chaque personne dans le monde. Les combattants des YPG / YPJ sont une remarquable machine de guerre sur le plan politique et idéologique. Avec ou sans les Américains et les Européens, ils mèneront leur combat. ils sont prêts à sacrifier leur vie, non seulement pour défendre leur cause mais aussi pour défendre nos libertés, nos valeurs humaines. En dépit de l’avenir incertain du Rojava, ces combattantes et combattants sont en train de continuer de se battre contre l’obscurantisme, les régimes totalitaires et la théocratie.

Alors, Nous sommes certains que le progrès de la démocratisation, qui est en train de se faire au Rojava, pourrait donner l’inspiration à tous les mouvements libérateurs de la région qui voudront créer un Etat démocratique, car sans celui-ci, la division entre les différents peuples ethniques et religieux est tellement profonde qu’il est peu probable qu’ils puissent continuer de vivre ensemble dans un seul pays.

Il est certain que, jusqu’à présent, les Kurdes ne demandaient que la liberté, le respect et leur acceptation en tant que peuple, ce que les nations dominatrices ne veulent pas. C’est pourquoi, Nous croyons que les grandes puissances, au lieu d’enfoncer le couteau dans la plaie, doivent accepter la création d’un Etat kurde, sans quoi, il serait difficile de trouver la paix au Proche-Orient.

 

Notes

 

  1. Le Dessous des cartes, l’émission diffusée  sur la chaîne de télévision franco-allemande Arte
  2. Les Kurdes en Syrie, in Gérard Chaliand, Les kurde et les Kurdistan : page 61

 

  1. Syrie : le facteur kurde Outre Terre 2006/1-n°14 pages 217à231)

 

  1. . Les Kurdes et le Kurdistan pages 315

 

  1. Les Kurdes en Syrie, in Gérard Chaliand, Les kurde et les Kurdistan pages 316

 

  1. . Mohamed Taleb Hilal, Etude sur la province de Djazira. La traduction française est faite par Ismet C. Vanly, Le problème kurde en Syrie p. 27-29

 

  1. . Gérard Chaliand, Le malheur kurde cit, p.169.

 

  1. . Page. 224 Syrie la facture kurde, Julie Gauthier

 

  1. . Ibid

 

  1. la traduction du charte du Rojava  en français : https://blogs.mediapart.fr/maxime-azadi/blog/091114/le-contrat-social-de-rojava

 

  1. Ibid

 

  1. Ibid

 

  1. Ibid

 

  1. Ibid

Bibliographie

 

– Les Kurdes : Basile Nikitine

 

– Les Kurdes et Leur Histoire : Sabri Gigerli

 

– Les Kurdes et le Kurdistan : ouvrage collectif sous la direction de Gérard Chaliand

 

– CONNAISSANCE DES KURDES : THOMAS BOIS

 

– Géopolitique des Kurdes : Philippe Boulanger

 

– La question Kurde à l’heure de Daech: Gérard Chaliand

 

– Le Mouvement national Kurde : Chris Kutschera

 

Mohamed Taleb Hilal, Etude sur la province de Djazira. La traduction française est faite par Ismet C. Vanly, Le problème kurde en Syrie

 

Syrie la facture kurde, Julie Gauthier

-https://feminact.wordpress.com/2015/06/11/turquie-un-parlement-feminin-historique/

 

https://blogs.mediapart.fr/maxime-azadi/blog/091114/le-contrat-social-de-rojava

D. Z.

Texte écrit en 2016

Lexique sur le Kurdistan

 

YPJ : Unités de Défense des Femmes, c’est la branche armée autonome des femmes au sein des YPG. Elles sont auto-organisées et leurs membres sont intégrés à la fois dans des unités non-mixtes et mixtes au sein de l’armée du Rojava. Les YPG, comme le reste des institutions du Rojava, pratiquent la co-présidence : le commandement militaire est partagé à égalité entre hommes femmes comme à Kobani où la co-commandante a joué un rôle de premier plan dans les combats contre Daech.

 

PYD : Parti de l’Union Démocratique, fondé 2003 il est le principal parti pro-kurde de Syrie et parti frère du PKK. Il a pris le pouvoir dans les zones kurdes de Syrie et est aujourd’hui quasiment hégémonique dans ces zones. Il a pris pour modèle le « confédéralisme démocratique » que prône Öcalan pour les peuples du Moyen-Orient pour instaurer un système politique à part au Rojava basé les quatre pilliers suivant : « la démocratie, le socialisme, l’écologie et le féminisme ».

 

PKK : Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé dans les années 1970, aux origines d’obédience tiers-mondiste et maoïste, il s’est reconverti en 2005, sous l’impulsion de son leader Abdullah Öcalan, dans le « confédéralisme démocratique » inspiré des idées du municipaliste libertaire Murray Bookchin. Après des années noires, il est aujourd’hui la force montante du mouvement kurde qu’il influence fortement.

 

Abdullah Öcalan dit « Apo » : Apo signifie oncle en kurde. Öcalan a été le principal leader du PKK et il est actuellement considéré comme le principal leader du mouvement kurde depuis l’île-prison d’Imrali. Enfermé illégalement dans les geôles turques depuis 1999, il n’a cessé de prôner la paix et une solution politique pour le Kurdistan, critiquant parfois durement le passé du PKK.

 

HPG : Force de Défense du Peuple. C’est la principale branche armée du PKK. Organisée comme une guérilla rurale, elle est active depuis sa première campagne militaire victorieuse du 15 août 1984. Elle était la principale plaie de l’armée turque dans ces combats contre la résistance armée kurde. Beaucoup de cadres des YPG/YPJ sont en réalité issus des HPG/YJA-STAR.

 

YJA-STAR : Branche militaire féminine des HPG, construite sur un modèle proche de celui des YPJ, bien qu’issue d’un processus différent du début des années 1990.

 

PDK : Parti Démocratique du Kurdistan, adversaire farouche du PKK, il est le parti au pouvoir au Kurdistan irakien. Il maintient son pouvoir grâce au système clanique et corrompu du Kurdistan sud ainsi que par l’appui des principales puissances occidentales. Puissances occidentales qu’il a bien servies en jouant un rôle de service d’ordre dans tout le nord de l’Irak. Il contrôle la majeure partie des Peshmergas.

 

Peshmerga : signifie en kurde « ceux qui bravent la mort », c’est par ce nom qu’on désigne l’armée du Kurdistan autonome d’Irak.

 

UPK : Union Patriotique du Kurdistan est un parti affilié à l’Internationale socialiste. Il fut le principal concurrent du PDK dans le Kurdistan Sud. Pendant la guerre civile entre Kurdes qui avait frappé le Kurdistan irakien entre 1994 et 1997, il s’était allié au PKK dans l’espoir de chasser Barzani et ses hommes. Il est aujourd’hui affaibli et en perte de vitesse face à la montée en puissance du mouvement Goran.

 

Parti Goran : Souvent appelé mouvement Goran ou mouvement pour le changement, c’est une mouvance politique qui s’appuie sur d’anciens cadres du PDK et de l’UPK sur la base d’un programme politique anti-corruption. Mouvement récent, il a gagné de nombreux sièges au parlement autonome du Kurdistan d’Irak.

 

TEV-DEM : Mouvement Pour une Société Démocratique, impulsé par le PYD en Syrie, il est censé être l’organe d’auto-organisation des masses du Rojava. Organisé en assemblées de villages et de quartiers, celui-ci joue un rôle majeur dans l’organisation et la prise de décision dans le domaine civile au Rojava.

 

Yézidis : Les Yézidis sont un peuple kurdophone qui pratique un culte dérivé du zoroastrisme. Principalement basé dans le Shengal, ils furent victime d’un horrible génocide par les djihadistes de Daech, où les hommes étaient exécutés sommairement et les femmes et les enfants réduits à l’esclavage sexuel avant que les HPG/YJA-STAR et YPG/YPJ n’interviennent pour en sauver la majeure partie.

 

KCK : L’Union des Communautés du Kurdistan est un organe impulsé par le PKK, censé être la représentation du mouvement kurde. Celui-ci est tiré des concepts du « confédéralisme démocratique » où le mouvement kurde doit être représenté dans des organisations larges.

 

Le mont Qandil : Situé dans les confins de l’Irak, proche des frontières iranienne et turque, il est le sanctuaire du PKK. C’est depuis cette chaîne de montagne que le PKK organise sa stratégie et ses plans d’actions.

 

Masssoud Barzani : Leader absolu du PDK et maître du Kurdistan autonome d’Irak, Massoud Barzani a bâti son immense fortune sur l’héritage de son père Molla Mostafa Barzanî, et la confusion entre ses richesses, celles des institutions du Kurdistan autonome d’Irak et celles du PDK.

 

AKP : Le Parti de la Justice et du Développement est un parti issu des mouvances islamistes de Turquie. Son véritable chef Recep Tayyip Erdogan, président de la République de Turquie, a réussi à s’imposer au fil des ans comme son leader incontesté et autoritaire, n’hésitant pas à purger l’appareil d’Etat de ses anciens alliés : la confrérie Gülen. L’AKP a pris le pouvoir en 2002, quand il avait réussi à obtenir les votes kurdes dans l’espoir qu’un processus de paix puisse aboutir. Depuis 2002, il n’a subi aucun véritable revers électoral jusqu’à récemment et la montée en puissance du HDP.

 

HDP : parti démocratique des peuples, dans lequel sont coalisés plusieurs partis de gauche, mais qui regroupe aussi des individu-e-s. Il est issu du mouvement politique kurde, mais rassemble aussi d’autres « minorités » et des turcs, celui-ci à mis un coup de semonce dans le paysage politique turc en rentrant au parlement avec plus de 13% des voix en 2015. Il a gêné les ambitions d’hyper-présidentialisation de Recep Erdogan qui ne compte pas en rester là. Depuis, l’AKP d’Erdogan et la police mènent une répression de grande envergure contre le HDP.

 

CHP : Le Parti Républicain du Peuple est un parti turc, laïque et nationaliste de « centre-gauche ». Kémaliste, c’est à dire se considérant dans la droite lignée de Moustapha Kémal fondateur de la république de Turquie, il fut l’un des grands garants de l’ordre bourgeois et républicain à la sauce française épicée à la turque (les Kémalistes se réclamant de l’héritage de la révolution française). Depuis le début de leur existence politique, les kémalistes ont toujours été les garants d’une république une et indivisible très répressive envers les minorités.

 

MHP : Le Parti d’Action Nationaliste est un parti ultra-nationaliste, panturc et islamiste. Lié aux sombres Loup gris, mouvement néo-fasciste et anticommuniste viscéral, il a toujours été à la pointe de la répression contre les mouvements révolutionnaires turcs. Lié aux services secrets turcs, il est soupçonné d’avoir commandité de nombreux assassinat comme celui-ci des trois femmes kurdes, dont une fondatrice du PKK, à Paris en 2013.

 

Rojava : L’entité politique née au Kurdistan syrien à la suite de la révolution kurde du 19 juillet 2012. Il désigne en kurde la partie ouest du Kurdistan.

 

Kurdistan ouest : Kurdistan situé en Syrie.

 

Kurdistan Nord : Kurdistan situé en Turquie

 

Kurdistan Sud : Kurdistan situé en Irak

 

Kurdistan est : Kurdistan sité en Iran

 

Shengal : Région irakienne frontalière de la Syrie au nord de l’Irak. Elle abrite une importante communauté Yézidi.

 

Mont Sinjar : Situé dans le Shengal, il fut le refuge privilégié des Yézidis lors de leurs nombreuses persécutions subies à travers les siècles passés. C’est là que les Yézidis ont fui par dizaines de milliers l’invasion de Daech, et que les forces militaires liées au PKK mirent un coup d’arrêt à la politique génocidaire de Daech. C’est aussi là que les Yézidis se sont réorganisés et ont fondé leur nouvelle milice d’auto-défense, les YBS.

 

YBS : Unité de résistance du Sinjar est une milice impulsée par le PYD et le PKK dans le Sinjar pour assurer l’auto-défense des Yézidis. Elle s’est construite sur le modèle des YPG.

 

MFS : Le Conseil Militaire Syriaque est un mouvement d’auto-défense des chrétiens syriaques qui compterait 1500 combattants depuis début 2015. Il est l’un des plus fidèles alliés des YPG/YPJ dans leur lutte contre Daech et les islamistes depuis sa fondation en 2013. Les syriaques ont longtemps été divisés entre un soutien aux YPG/YPJ ou au régime. Mais aujourd’hui avec la chute du régime dans les zones du Nord-Est syrien, les Syriaques semblent avoir choisi leur camp en faveur des Kurdes.

 

Sutoro : le nom de la police syriaque

 

L’armée Al-Sanadid : c’est un regroupement militaire de tribus arabes alliées aux YPG/YPJ. Leur drapeau est rouge avec des lettres imprimées couleur or en calligraphie arabe.

 

Asayesh : police en kurde

 

MIT : Organisation du Renseignement National qui sont les services secrets turcs. Cette organisation est complexe et ses différentes branches sont sous influence de diverses obédiences politiques. Actuellement c’est principalement l’AKP qui le contrôle.

 

Daech : Acronyme d’Etat islamique en Irak et au Levant. Daech est considéré par les Kurdes comme une milice fasciste et barbare soutenue par les services secrets turcs. Depuis des années de nombreuses preuves s’accumulent sur les liens étroits que le MIT entretient avec Daech dans le silence quasi-total des médias occidentaux.

 

SAA : L’Armée Arabe Syrienne, armée régulière du régime de Bachar El-Assad

 

Katiba : brigade rebelle syrienne.

 

FSA/ASL : Armée syrienne libre, aujourd’hui c’est un morcellement de groupes rebelles fortement islamisés.

 

Burkan EL-Firat : Force de l’Euphrate ou Volcan de l’Euphrate est un regroupement pour faire des opérations militaires conjointes entre l’ASL et des YPG/YPJ pour combattre Daech dans le canton de Kobani.

31 Janvier 2017,  Raphaël Lebrujah

 

Carte via l’institut kurde de Paris