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Le silence régional et international garantit l’annexion d’Afrin à la Turquie

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AFRIN – Alors que la communauté internationale garde le silence les violations de l’occupation turque à Afrin, l’occupation étend la construction du mur de séparation dans les villages du district de Shirawa, de la citadelle de Semaan au poste-frontière de Bab al-Salama, avec une longueur de 70 km.
 
Actuellement, les forces d’occupation turques tentent de relier le mur de séparation du village de Jilbra au village de Basela (au sud du village) de 3 km et le relient au mur en construction dans le village de Kimar.
 
Le 8 avril, les forces d’occupation turques ont commencé à poser des dalles de béton autour des villages de Jilbra (Gelbel), Kimar et Meryemin, au sud-est d’Afrin, afin de construire un mur le long de la frontière avec le canton d’Afrin.
 
Le village de Jilbera a été gravement endommagé par l’occupation turque. Plus de 20 maisons ont été démolies en plus des installations publiques.
 
Face à cette politique turque, la communauté internationale reste silencieuse, tandis que la Turquie viole l’unité et la souveraineté du territoire syrien en érigeant un mur qui sépare une partie du territoire syrien.
 
Les habitants d’Afrin déclarent que le projet de construire le mur d’annexion et de séparer Afrin du territoire syrien sert les intérêts des pays du monde entier, d’où le silence de ces pays qui ne disent rien sur ce qui se passe.
 
L’agence de presse Hawar s’est rendue au dernier point près du mur dans les villages de Tenab et de Sgounaka pour surveiller la construction du mur et a préparé un rapport sur la construction et la démolition de maisons dans le village de Jilbera.
 
Les civils kurdes vivent dans des villages situés à plusieurs kilomètres de leurs villages d’origine et ne peuvent pas se rendre dans leurs villages. Ameen Aref, du village de Basla, dans le village de Shirawa, est l’un de ces civils et il vit actuellement dans le village d’Aqiba.
 
Aref a déclaré qu’ils construisaient le mur et brûlaient les oliviers. « Ils ont brûlé 1000 oliviers dans mon champ. J’habite maintenant dans le village d’Aqiba situé à 3 km de chez moi et je ne peux pas y aller. »
 
Juma Fellaha, du village d’Aqiba, a déclaré : « Il y a des complots contre nous, ils disent que les Kurdes étaient séparatistes. »
 
Fellah a déclaré qu’avant l’invasion turque, « Afrin était une destination pour des milliers de composantes de la Syrie originaires de toutes les régions de la Syrie et que les habitants d’Afrin vivaient ensemble comme des frères sans discrimination, et Afrin était connue comme la ville de la paix. »
 
Il a également condamné l’engagement du Conseil national kurde (ENKS) dans l’occupation turque à Afrin, ajoutant que « de nombreux civils et citoyens ont été enlevés avec l’aide de l’ENKS ».
 
À son tour, le citoyen Aomar Amin, a déclaré que l’occupation turque « pille la maison des civils à Afrin, enlève les civils à Afrin et les torture, exige des rançons et tue tous ceux qui ne paient pas la rançon.
 

Lamentations de femmes Kurdes déplacées : Les chemins de l’identité kurde en Turquie aujourd’hui

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« Nous, femmes kurdes, quand nous chantons, nous pleurons.
Nos enfants sont morts, nous sommes exilés, nos malheurs sont sans fin. »

« Les Etats qui se sont partagés les régions peuplées par les Kurdes après la première guerre mondiale, notamment la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie, ont essayé, soit de contrôler, soit d’anéantir, souvent de manière extrêmement violente, l’identité, la langue et la culture de ces populations. En Turquie d’aujourd’hui, 80 ans après la fondation de la République, il existe plus que jamais des gens pour se dire Kurdes. Il semble même le mot kurde et les expressions « cultures kurdes », « traditions kurdes », « musiques kurdes » ou encore « histoires kurdes » se chargent aujourd’hui de nouveaux sens. Ces dernières décennies,beaucoup de Kurdes ont connu le chemin de l’exil, soit vers les villes environnantes, soit vers les grandes métropoles turques, soit encore en Europe ou aux États-Unis. Ces départs sont le résultat de déplacements forcés de population par l’armée turque ou sont parfois un exode lié à des raisons économiques.

C’est dans ce contexte, et en choisissant les conditions d’exil, que je me suis penchée sur le rôle des lamentations des femmes dans la culture kurde aujourd’hui.

J’ai choisi de travailler uniquement sur les Kurdes de Turquie qui ont été obligés de quitter leur village et ont fui vers d’autres régions de la Turquie.Ces populations ont ainsi été déplacées de force à l’intérieur du pays, mais n’ont pas obtenu de statut de réfugiés. Ce choix laisse de côté les Kurdes des autres pays, et ceux de la diaspora internationale. »

La thèse universitaire d’Estelle Amy de la Bretèque (soutenue en 2010 à l’université Paris Ouest Nanterre). A lire ici 

Estelle Amy de la Bretèque est une chercheuse au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France.

Image via Agos, des femmes kurdes pleurent sur les tombes de leurs enfants tués dans le massacre de Roboski en décembre 2011.

Incendie des récoltes au Rojava : Une nouvelle forme de terrorisme économique contre l’autonomie

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Après la défaite de l’Etat islamique sur les territoires du nord et de l’est de la Syrie, une tentative de construction d’un système démocratique est en cours. Ces dernières années, des travaux ont également été menés sur la diversité des cultures afin de garantir l’indépendance alimentaire. Les régions du Rojava et de Syrie situées au nord et à l’est sont les plus productives du point de vue de l’agriculture. Ici, l’Auto-administration a fourni tout l’équipement et les machines nécessaires pour augmenter la production et faciliter le travail. Le résultat est une renaissance de l’agriculture.

Mais « quelqu’un » n’aime pas ça

 
En mai et juin 2019, de grands incendies se sont produits dans ces zones. Les causes sont diverses (températures élevées accompagnées de vents, propagation excessive de mauvaises herbes en raison des fortes pluies de l’hiver dernier, etc.), mais les principaux incendies à Raqqa, à Deir ez-Zor, à Tabqa, à Kobanê et à Manbij sont certainement d’origine criminelle.
 
Simona Deidda fait partie du réseau Kurdistan-Sardaigne. Elle est dans la Confédération du nord et de l’est de la Syrie depuis 20 jours avec une délégation italienne. Simona Deidda a commencé à expliqué ce qui se passe avec la demande pressante faite aux journalistes de se rendre sur place pour voir ce qui se passait.
 
Simona Deidda a déclaré : 
 
« Je traite de la question kurde depuis 10 ans maintenant. Au départ, mon intérêt portait sur la question kurde en Turquie, mais avec l’avènement de la révolution au Rojava, il s’est étendu aux 4 régions du Kurdistan. J’ai rédigé une thèse sur les personnes déplacées internes kurdes en Turquie et sur le rôle des organisations et des instituts internationaux dans le pays. Je suis chercheuse en relations internationales avec une thèse de doctorat sur l’hydro-conflittualité dans les régions kurdophones de la Turquie, avec une attention particulière pour la population de Dersim et le barrage de Keban. Depuis 2010, j’ai visité des dizaines de fois la Turquie et le Bakur [Le Kurdistan du Nord] (…), pour y étudier et effectuer des recherches, mais j’ai également participé en tant qu’observatrice étrangère aux élections du 1er novembre 2015 dans la ville de Sanlıurfa. (…) »
 
Après la défaite de l’Etat islamique, certaines régions de la Syrie tentent de mettre en place un système démocratique. Qu’as-tu vu ?
 
« Je suis actuellement dans la Confédération syrienne du nord et d’est depuis environ 20 jours, avec une délégation de Sardes et d’Italiens qui rendent compte au Réseau Jin de leur solidarité avec les femmes kurdes. Nous avons visité plusieurs régions et villes de la région autonome, de Jazire à Kobanê, Raqqa, Manbij, Ain-issa. Toutes les zones qui ont longtemps été sous la domination de Daech mais connaissent actuellement une situation de renaissance et de reconstruction à la fois structurelle, politique et sociale.
 
En tant que délégation du réseau Jin, nous sommes ici pour connaître et comprendre la force de ce que l’on appelle la « révolution des femmes » et qui est à la base du paradigme du confédéralisme démocratique. Ces jours-ci, nous avons rencontré plusieurs institutions pour femmes, de la Mala Jin (Maison des femmes) à Qamişlo aux différentes branches du Kongreya Star, à la fondation Sara, au centre et à l’académie de Jineoloji de Kobane, au Desteya Jin basé à Ain-İssa.
 
Nous avons assisté à la construction d’un nouveau système, entièrement fondé sur la participation et le partage de l’idée de gouvernement autonome, qui place les femmes dans tous les domaines de la vie sociale, économique et politique, donc au centre d’une nouvelle façon de penser vivre. Avec les nominations au plus haut système d’autonomie locale et au sein de chaque institution mixte, il existe une partie féminine autonome dans laquelle les décisions sont prises et discutées. Nous avons eu l’occasion de comprendre comment la mentalité masculine dominante est remise en question par le biais de la formation constante de femmes et d’hommes: l’histoire de l’humanité est réexaminée en donnant la priorité aux femmes, en se réappropriant le savoir de la société naturelle et en essayant de saper le système. capitaliste basé sur le sexisme et le patriarcat. Comme nous l’a dit le co-président du DEM-DEM, il n’est pas facile de partager le pouvoir avec des femmes, en leur laissant l’espace qui était entre les mains de l’homme jusqu’à récemment, mais il est mieux et nécessaire que la société jette les bases d’un système démocratique et écologique. »
 
Avez-vous vu les incendies ? Qu’en pensez vous ?
 
« Pendant notre séjour, nous avons malheureusement vu des dizaines d’incendies qui ont détruit des milliers d’hectares de champs de blé et d’orge. De Kobanê à Raqqa jusqu’à Qamişlo, toutes les récoltes de la région autonome ont pris feu : à cause de la chaleur et des problèmes liés au pétrole, dont la région de Jezira est le principal producteur, mais surtout à cause des incendies allumés par l’homme. Des dizaines de témoignages accusent l’armée turque d’allumer des incendies directement, c’est-à-dire d’infiltrer le territoire syrien, ou d’utiliser des balles tirées de l’autre côté de la frontière. Il y a quelques jours, l’armée turque a tiré sur le territoire de la région autonome, provoquant un vaste incendie, puis a ouvert le feu sur la population qui tentait de l’éteindre. D’autres fois, les incendies sont l’œuvre de cellules dormantes de Daesh encore présentes, notamment dans le nord de la Syrie. Le régime de Bachar al-Assad représente une autre menace. De toute évidence, les raisons de ces incendies sont à la fois économiques et politiques. Économique puisque la région autonome a toujours été le grenier de la Syrie; on estime que 65% de toute la farine syrienne est produite ici. L’objectif des incendies est donc d’affaiblir économiquement cette région, ce qui est préférable si nous réduisons la population à la faim pour démontrer l’incapacité du gouvernement de la Confédération autonome de la Syrie au nord et à l’est de gérer l’économie et d’assurer la sécurité. Le terrorisme économique représente le nouveau visage de la guerre dans la région: il a multiplié ses formes, causant des pertes énormes et une peur croissante. Si la population affamée était forcée d’évacuer, elle deviendrait plus contrôlable et plus répréhensible pour ce qui restait de Daesh ou des gouvernements turc et syrien. »
 
Que peut-on faire en Italie pour soutenir un processus démocratique dans ces régions de la Syrie ?
 
« Les visites (officielles ou autres) et les rencontres avec des centaines de personnes nous ont permis d’approfondir notre connaissance du système du confédéralisme démocratique, fondé sur la coexistence, la coopération (…) entre différents groupes ethniques, religions et identités (des Arabes aux Kurdes, aux Yezidis, aux Turkmènes, Circassiens et donc à la fois musulmans et chrétiens). Et le besoin est apparu de faire connaître la révolution en cours qui crée une nouvelle mentalité dans un nouveau système politique, économique et social. Ce que vous pouvez faire en Sardaigne et dans toute l’Italie, c’est promouvoir les rencontres et les échanges d’expériences. Nous devons continuer et renforcer les réseaux déjà créés. »
 
FICHE
 
Certaines vidéos confirment l’implication de la Turquie dans les incendies.
 

Voici quelques liens :

Un soldat turc met le feu aux cultures à la frontière près de la ville de Darbasiya à Hasaka

Tentatives de la population de Darbasiya d’éteindre l’incendie

https://www.youtube.com/watch?v=0XQy6Z3yfD0 

Dans la vidéo https://www.youtube.com/watch?v=j1a1kHTBJ0w, vous pouvez voir des soldats turcs incendier des champs cultivés le samedi 8 juin 2019 à Dirbesiye, au nord de Hasakeh, à la frontière entre la Syrie et Turquie.

Malheureusement, il y a eu beaucoup de morts dans la tentative d’éteindre les incendies. Il y a eu 6 civils morts : Rashid Ayoub Muslim, dans la campagne près de Kobane; Ahmed Rimelan al-Mukhlaf dans le village d’Al-Atshan; Ali Mufidi al-Abbas; Ragheb Ibrahim al Hamid; Aziz Saleh al-Mansi; Majrafa ‘Hanoush Al-Ali. Il y a eu quatre morts parmi les militaires engagés dans des incendies: Ayman Ibrahim al-Thiab; Mazen Abdullah; Saleh Ali al-Mohammed; Saleh Maani ‘al-Awad.

Les cultures endommagées par les feux à partir du 16 juin 2019

Région Proportion de cultures brûlées (blé / orge) Hectares brûlés
Jazira 70% de blé 30% d’orge 37 800 hectares
Euphrate 80% de blé 20% d’orge 2 650 hectares
Raqqa 60% de blé 40% d’orge 3 842 hectares
Deir ez-Zor 70% de blé 30% d’orge 386 hectares
Manbij 60% de blé 40% d’orge 110 hectares

Plus de 2 000 arbres sont brûlés dans les territoires de l’Euphrate et de Raqqa, du matériel agricole (deux cueilleuses et un tracteur) et de nombreuses maisons dans la région de Jazira. Le gouvernement autonome estime les pertes à 19 milliards de livres syriennes.

Kobanê, cité des femmes

Vous trouverez ci-dessous un témoignage (daté du 5 juillet) de la délégation du réseau italien Jiin :

Le réseau Jin – https://retejin.org – se définit comme: « un réseau de femmes solidaire du mouvement des femmes kurdes et donc plus généralement de la lutte pour le confédéralisme démocratique: contre l’État, le patriarcat et le capitalisme; pour la démocratie, la révolution des femmes et le changement social ».

Publié en italien sur le site  La Bottega del Barbieri

Le calvaire d’un journaliste kurde en Turquie

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Je veux partager avec vous l’histoire d’un jeune journaliste courageux dont l’âge est égal au nombre de poursuites judiciaires qui ont été engagées contre lui. C’est l’histoire de Ferhat Parlak, un journaliste de la ville de Silvan, région kurde du sud-est de la Turquie, qui a passé 14 mois derrière les barreaux dans l’attente de la justice. L’histoire de Ferhat illustre également la difficulté d’être journaliste en Turquie.
 
(par Nurcan Baysal)
 
La famille Parlak travaille dans le journalisme à Silvan depuis 1988. Dans les années 90, avec la ville de Batman, Silvan était une plaque tournante du mouvement du Hezbollah kurde islamiste. Le père de Ferhat, Yaşar Parlak, a publié le journal Mücadele (lutte). Il s’est concentré en particulier sur les crimes commis à Silvan par le Hezbollah et l’Organisation de renseignement de Gendarmarie (JİTEM), que le gouvernement turc a utilisés dans la lutte contre le mouvement kurde. Il a commencé à recevoir des menaces de mort.
 
« Nous étions toujours sur nos gardes. Quand nous étions enfants, deux membres du Hezbollah ont été tués devant notre maison. Parfois, quelqu’un sonnait à notre porte, mais quand nous allions pour vérifier qui c’était, il n’y avait personne. Mon père était toujours suivi et il sentait toujours que sa vie était en danger. Il luttait contre le Hezbollah et JİTEM. Ils exerçaient une pression psychologique sur mon père », a déclaré le frère de Ferhat Parlak, Serhat.
 
Yaşar Parlak a commencé à écrire un livre sur les crimes du Hezbollah et de JİTEM à Silvan. Son livre « Silvan: la ville des martyrs » détaille près de 400 meurtres non résolus, 45 attaques ayant entraîné des blessures et 111 cas de torture. Mais en 2004, avant de pouvoir terminer le livre, il a été touché à l’arrière de la tête dans une mosquée de Silvan.
 
Son meurtre reste un mystère. Le fils aîné Ferhat, qui avait 20 ans à l’époque, a suivi les traces de son père, est devenu journaliste et a terminé le livre. Ferhat avait toujours des problèmes avec les autorités turques et des poursuites judiciaires étaient engagées contre lui. En un sens, il est devenu la voix de Silvan. En 2014, les impressions du journal ont pris fin, mais Ferhat a continué en ligne. En août 2015, lorsque des combats de rue ont éclaté dans le sud-est du pays, un tribunal a fermé le site Web du journal, mais Ferhat a continué à partager des informations sur Silvan via les réseaux sociaux.
 
Lorsque le gouvernement a commencé à imposer des couvre-feux de 24 heures dans la région, le rapport de Parlak a de nouveau été porté à l’attention des autorités et la police l’a ouvertement menacé. Son domicile et ses bureaux ont été fouillés et son ordinateur, des magazines, des livres et des documents liés à son journalisme ont été confisqués.
 
Lorsque le gouvernement central a commencé à nommer des administrateurs pour gouverner les municipalités kurdes, Parlak a commencé à en rendre compte. Il a développé une cible énorme sur son dos. La police a même agressé un jeune journaliste en visite à Silvan parce qu’il l’avait pris pour Ferhat. De nombreuses affaires ont été préparées contre lui et il a été arrêté il y a 14 mois, mais seulement cette semaine a comparu devant un tribunal.
 
J’ai lu l’acte d’accusation contre Ferhat, ainsi que sa défense. Il l’accuse d’appartenir à une organisation terroriste armée et réclame une peine de quinze ans d’emprisonnement. Beaucoup de ses activités journalistiques sont caractérisées comme des activités militantes. L’acte d’accusation s’appuie sur de vieilles photographies prises par son père avec des combattants de Peshmerga kurdes irakiens.
 
Le livre « Silvan: la ville des martyrs » a été qualifié de « publication terroriste ». Selon des témoignages d’un témoin secret, Parlak est accusé d’avoir forcé un adolescent à rejoindre un groupe armé, mais l’adolescent en question mène actuellement une vie normale à Silvan.
 
De plus en plus de témoignages de ce type émanent de témoins secrets, mais jamais ces témoins sont convoqués à la barre. Dans une lettre qu’il a écrite depuis prison, Ferhat Parlak a déclaré que les preuves retenues contre lui incluaient des entretiens et des photographies qu’il avait prises à Qandil, la base du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dans le nord du pays, à une époque où le gouvernement turc et les forces armées kurdes étaient engagés dans un processus de paix entre 2013 et 2015.
 
« Pendant le processus de paix, des agences de presse officielles ainsi que des agences de presse renommées, telles que l’Agence Anadolu, l’Agence Doğan et Cumhuriyet, entre autres, ont envoyé près de 100 personnes à Qandil… Si aller à Qandil est un crime, l’agence Anadolu et moi-même avons commis le même crime. Pourquoi suis-je poursuivi en justice alors que l’agence Anadolu n’est pas poursuivie à mes côtés ? », demande Ferhat dan sa lettre.
 
En bref, un jeune journaliste critique le gouvernement et le Hezbollah, fait face à la mort et va même en prison, mais comme ce journaliste est kurde et travaille de manière indépendante, personne ne lui vient en aide, il est resté seul et emprisonné. L’histoire de Ferhat raconte également le fait d’être un journaliste indépendant et critique dans la région kurde de la Turquie.
 
Ferhat Parlak a fait l’objet de 34 procédures judiciaires mais n’est journaliste que depuis 14 ans. Ses cheveux ont déjà commencé à grisonner. Il a 34 ans, deux enfants en bas âge et autant d’affaires devant les tribunaux.
 
Ferhat Parlak a été libéré sous caution lors d’une audience le 8 juillet, après 14 mois de prison. Sa prochaine audience aura lieu en novembre.
 
Publié sur le site d’Ahval

Le rôle de l’Allemagne dans le génocide de Dersim porté devant le parlement

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BERLIN – Le groupe du parti de gauche au Bundestag a interrogé le gouvernement Merkel sur le gaz de fabrication allemande utilisé lors du génocide de Dersim et les avions de combat Heinkel He111 vendus à la Turquie en 1937.
 
En mai dernier, Hüsnü Gürbey et Mahsuni Gül, du journal Dersim, ont obtenu des documents signés par Mustafa Kemal Ataturk selon lesquels les gaz toxiques utilisés dans le génocide de Dersim avaient été reçus de l’Allemagne nazie. Ensuite, une recherche détaillée sur le sujet a eu lieu dans le journal Yeni Özgür Politika (la traduction en français à voir ici).
 
Le fait que des gaz toxiques aient été utilisés à Dersim était déjà connu depuis longtemps, à la fois par le récit des victimes et par le récit des responsables turcs qui ont pris part au massacre. Selon les documents qui ont émergé des années plus tard, le gouvernement turc de cette période avait 20 tonnes de chloracétophénone et d’Iperit, etc. et des installations automatiques pour mettre ces gaz dans les bombes.
 
Les documents portent la signature de Mustafa Kemal Ataturk datée du 7 août 1937 concernant l’achat de moyens de guerre et de génocide à l’Allemagne. En outre, les documents signés par les ministères compétents du gouvernement d’Ankara, montrent que l’État turc a utilisé des avions de combat, dont un modèle Marten en 1937.
 
Que sait-on de la complicité de l’Allemagne dans le massacre de Dersim ?
 
La complicité de l’Allemagne dans le génocide des Kurdes alévis de Dersim, qui a débuté en 1937 et s’est terminée en 1938, a été porté au Bundestag à l’initiative du parti de gauche d’opposition. À l’initiative des députés de gauche, Ulla Jelpke, André Hahn, Gökay Akbulut, Christine Buchholz, Heike Hänsel, Andrej Hunko, Amira Mohamed Ali, Niema Movassat, Alexander S. Neu, Petra Pau, Martina Renner, Kersten Steinke, Friedrich Straetmanns et Kirsten Tackmann, une motion a été présentée au parlement allemand.
 
Dans la motion, dont le gouvernement fédéral dirigé par Angela Merkel est sommé de répondre, les députés ont posé des questions détaillées sur les gaz de fabrication allemande utilisés à Dersim. Dans la motion datée du 1er juillet 2019, les députés ont demandé une réponse détaillée pour savoir quelles informations le gouvernement fédéral a-t-il concernant les documents ?
 
Interrogés sur le fait que les historiens aient examiné les documents, les députés ont déclaré que « ces documents confient au gouvernement fédéral la responsabilité de mener une étude historique et politique sur le massacre de Dersim ». Le groupe du parti de gauche a également demandé une réponse à la question de savoir quelle entreprise allemande produisait les gaz toxiques utilisés à Dersim et si l’autorisation d’exportation avait été approuvée par le régime nazi de cette période.
 
En 1937, des avions Heinkel HE111 ont-ils été vendus à la Turquie?
 
Concernant les avions Heinkel HE111 vendus à la Turquie en 1937, les députés attirent l’attentions sur un document, au sujet de la vente des Heinkel HE111, issus de l’Office fédéral des affaires étrangères allemandes, les députés demandent de savoir si le gouvernement fédéral est au courant de ce document. S’il est vrai la vente de ces avions a été réalisée, les députés demandent de savoir dans quelles conditions ils ont été vendus à la Turquie.
 
La question parlementaire poursuit : « Le gouvernement fédéral est-il au courant des études scientifiques menées concernant la coopération militaire entre la Turquie et l’Allemagne dans les années 1930 – 1940 et quels sont les résultats tirés de ces études ? »
 
Dans les prochains jours, le gouvernement devrait répondre par écrit à la motion. En avril dernier, les députés de gauche, Ulla Jelpke, Gökay Akbulut et André Hahnne ont déposé une autre proposition concernant les connaissances et l’attitude de l’Allemagne à l’égard du massacre de Dersim. Le gouvernement Merkel a déclaré : « Nous connaissons la souffrance des victimes et partageons leurs chagrins. Mais, en ce qui concerne la situation de l’époque, des études politiques et historiques doivent avoir lieu dans les frontières de la Turquie. »
 

Le meurtre du politicien kurde Vedat Aydin et le massacre du 10 juillet

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TURQUIE – Le politicien kurde et défenseur des droits humains, Vedat Aydın a été enlevé à son domicile à Diyarbakir (Amed), par des hommes armés le 5 juillet 1991. Son cadavre torturé a été retrouvé sous un pont à Elazığ / Maden le 7 juillet 1991.
 
Le 10 juillet, plus de 100 000 personnes assistaient à son enterrement à Diyarbakir. Les forces armées masquées ont ouvert le feu sur la foule pendant 20 minutes. 23 personnes ont été tuées sur place. Plusieurs d’autres ont été blessés.
 
Plus de 28 ans après, les responsables du meurtre de Vedat Aydın et du massacre de 10 juillet restent impunis.
 
Retour sur les faits :
 
La campagne turque des années 90 contre la lutte des Kurdes pour l’indépendance fut une des périodes les plus violentes de l’histoire récente du pays. Et dans le cadre d’une tradition politique turque, l’État turc a commencé à utiliser sa tactique centenaire à son encontre: massacres et migration forcée de groupes ethniques.
 
Tout a commencé avec un meurtre. C’était le début des assassinats politiques à cette époque : le meurtre de Vedat Aydın.
 
Le meurtre qui a créé une onde de choque
 
Vedat Aydın était à la tête de la section Amed (Diyarbakır) du Parti travailliste du peuple (HEP). Il était une figure éminente et un politicien très respecté à cette époque. Lorsqu’il a été placé en garde à vue par la police turque le 5 juillet 1991, cela n’a surpris personne. L’oppression de l’État turc contre les politiciens kurdes était immense et les peines de prison ou même la torture étaient courantes à cette époque.
 
Mais les choses se sont compliquées. Le lendemain, des responsables turcs ont nié que Vedat Aydin soit en garde à vue. Des assassinats d’unités de la contre-guérilla turques auraient été signalés à Şırnak, Cizre et Mardin, mais personne ne pensait qu’une personne aussi connue que Vedat Aydın serait prise pour cible.
 
Le 7 juillet, un corps non identifié a été retrouvé sous un pont à Maden, un district de la province d’Elazığ, situé à environ 50 km au nord d’Amed. Il y avait des signes de torture extrême et de multiples blessures par balle sur le corps. La famille d’Aydın s’est précipitée à la morgue de Maden et a identifié le corps.
 
La police turque a été préparée pour un massacre
 
Ce meurtre a envoyé une onde de choc dans la communauté kurde, en particulier Amed, la ville natale de Vedat Aydin. Les autorités turques ont remis le corps d’Aydın à sa famille trois jours plus tard. On leur a dit que c’était à cause de processus juridiques. Mais il y avait autre chose. L’Etat turc avait ses propres préparatifs pour les funérailles. Et quand tout fut réglé, ils ouvrirent la voie à l’enterrement.
 
Plus de cent mille personnes ont assisté à l’enterrement. La cérémonie a été animée par des personnalités du monde politique kurde ainsi que des défenseurs des droits de l’homme et des intellectuels. Le cercueil d’Aydin a été amené à la mosquée Sümer, dans le centre d’Amed. Après la prière, la foule s’est rendue au cimetière de Mardinkapi pour l’inhumation.
 
La foule a été arrêtée avant l’entrée du cimetière par la police turque. La police disait qu’elle ne laisserait pas entrer une si grande foule dans le cimetière. Alors qu’il y avait des pourparlers pour supprimer la barrière de police, des coups de feu ont été entendus.
 
Les soi-disant forces spéciales masquées ont ouvert le feu sur la foule. Il y avait une immense panique. Les coups de feu ont continué pendant 3-4 minutes. Quatre personnes ont été tuées sur le coup. Plusieurs ont été blessés.
 
Après la première attaque, la police a enlevé la barrière et laissé la foule se déplacer vers le cimetière. La foule s’est rassemblée à nouveau.
 
Vedat Aydin a été enterré après un bref discours de son frère Deniz.
 
Les gens ont été délibérément ciblés
 
Tout le monde a pensé que c’était fini et la foule s’est dispersée et la plupart des gens ont commencé à marcher jusqu’au centre-ville. Mais la route a de nouveau été bloquée par la police turque. Cette fois, il y avait plus de policiers, plus de forces spéciales et de véhicules blindés. La police a laissé la foule se diriger vers la ville en petits groupes. Une fois que la plupart des gens ont passé la barrière de la police, seuls quelques milliers de personnes attendaient l’autorisation de la police pour se rendre à pied au centre-ville.
 
Il y a d’abord eu trois coups. Ensuite, des centaines de policiers armés ont ouvert le feu sur les personnes restantes. Un hélicoptère et un véhicule blindé escortaient l’attaque. Les personnes qui essayaient de fuir la zone ont été capturées et battues par la police turque.
 
Les députés Ahmet Türk, Orhan Doğan, Hatip Dicle et d’autres personnalités politiques kurdes ont été torturés, ainsi que des journalistes et des défenseurs des droits de l’Homme.
 
L’attaque d’environ 20 minutes a fait 23 morts et plus de deux mille blessés. 19 ont été enterrés la nuit. Seules 4 familles ont obtenu l’autorisation d’organiser des funérailles.
 
23 personnes ont été assassinées et personne n’a été jugé
 
Aucun responsable ou policier turc n’a comparu devant un tribunal pour le meurtre de civils innocents. Les assassins de Vedat Aydın n’ont jamais été retrouvés.
 
L’assassinat de Vedat Aydın était le début d’une ère de meurtres politiques et d’exécutions extrajudiciaires visant les kurdes. Entre 1991 et 1999, plusieurs milliers de Kurdes, dont le député Mehmet Sincar, ont été tués. Près de deux millions de Kurdes ont été chassés de leurs terres, environ 17 000 villages kurdes ont été brûlés par l’armée turque.
 

Aram Taştekin : Les Kurdes ne font-ils rien d’autre que résister ?

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PARIS – Le premier Festival des films kurdes de Paris s’est déroulé du 3 au 6 juillet 2019. Parmi les organisateurs du festival se trouvaient le Centre Wallonie – Bruxelles, l’Institut kurde de Paris, la Cinebej (l’Association du cinéma franco – kurde) et la Mairie de Paris.
 
Le festival, qui a débuté avec le documentaire d’Hüseyin Tabak sur la vie, les combats et les films de Yılmaz Güney s’est achevé avec le film Zagros, une production belge.
 
Le journaliste de Demokrat Haber, Ercan Jan Aktaş a interviewé le jeune cinéaste kurde, Aram Taştekin, au sujet du festival du film kurde et son avenir.
 
Aram Taştekin critique les sujets des films kurdes et demande : « Les Kurdes ne font-ils rien d’autre que résister ? »
 
Inteview :
 
Pourriez-vous nous présenter brièvement ? Comment as-tu commencé avec le cinéma, qu’as-tu fait jusqu’à présent ?
 
Aram Taştekin : J’ai été expulsé de la municipalité où je travaillais comme professeur de théâtre à la même époque où j’étais acteur de théâtre et de cinéma à Diyarbakır. Je voulais faire un documentaire sur les conflits de 2016 et j’ai été torturé et détenu à Sur. J’ai essayé d’être membre de l’organisation et c’était la raison de l’expulsion. Je suis parti en France à cause des risques que je courais dans le même dossier. Je vis ici depuis environ deux ans et je poursuis mes études de théâtre à l’Université Paris 8. En même temps, je continue à jouer dans le cinéma et le théâtre.
 
Ma relation avec le cinéma a commencé avec Yılmaz Güney, comme tous les Kurdes. J’ai toujours étudié ses films et c’est peut-être pour cela que je suis acteur. Depuis une dizaine d’années que je joue, j’ai une vie intime avec le cinéma, le scénario, l’histoire, le personnage et la dramaturgie. Je regarde un film presque toutes les semaines et suis de près le cinéma kurde.
 
Vous avez participé au festival du film kurde à Paris en tant que spectateur. Qu’avez-vous VU et que voulez-vous dire à leur sujet ?
 
J’ai regardé La Légende de Yılmaz Güney, Reşeba, La mère, La tache, The Colorless Dream, La maison sans toit, Pantor. Je pense que c’était un peu difficile car c’était la première année, mais disons que nous avons finalement cassé la jambe du diable [une expression pour dire qu’on a réussi finalement]. Certains des films que j’ai visionnés étaient très bons, comme The Colorless Dream et La Légende de Yılmaz Güney. Je tiens à féliciter Hüseyin Tabak pour son long et bon travail. J’ai particulièrement apprécié la manière dont il a mis son style de travail dans le documentaire. En tant que spectateur, je m’interroge toujours sur la méthode des films documentaires. Il y avait quelque chose qui me rendait heureux dans Colorless Dream, les personnages étaient clairs et puissants. En général, nous devons encore progresser dans le cinéma et la littérature kurdes. Malheureusement, les personnages ne sont pas très bien gérés et cela crée une faiblesse dramatique.
 
Les courts métrages que j’ai visionnés n’étaient pas mauvais. Je pense que les courts métrages contribuent beaucoup au cinéma, il devrait donc être soutenu et reproduit. Je voudrais profiter de cette occasion pour remercier l’équipe du festival pour l’année à venir [Il faut qu’elle prenne des courts métrages]. En fait, il y a beaucoup à dire sur Resheba, mais je pense l’écrire dans un autre article. Mais je ne veux pas passer sans mentionner cela. Tourner les histoires réelles se fait avec une bonne recherche et en suivant une bonne méthode. Le film Resheba est très incomplet en ce sens. Ces dernières années, un nouveau genre est apparu. Le film est tourné avant la fin d’un événement et le livre est en cours d’écriture. À mon avis, on devrait le laisser infuser un peu. Lors de la remise en question des résultats de l’événement, il est nécessaire de prendre en compte ses aspects sociologiques. Nous avons tous regardé le massacre des Yézîdîs en direct déjà. Je ne veux pas le revoir au cinéma. Je préférerais voir ce qui a changé depuis ce massacre. Parce qu’il y aura beaucoup de contradictions ici, et cela [est très précieux].
 
Ces dernières années, de nombreux pays européens ont organisé des festivals du film kurde, pouvez-vous les regarder ? Que voulez-vous dire à ce sujet ?
 
Malheureusement, je ne peux toujours quitter la France et je n’ai pas l’occasion de suivre ces festivals, mais comme je l’ai dit, je suis de près le cinéma kurde. C’est très agréable de les avoir dans une région comme l’Europe. Après tout, ce que vous appelez l’art se touche, et les festivals sont un outil pour cela. J’espère que ces festivals se multiplieront et deviendront chaque jour plus professionnels.
 
LES KURDES NE FONT-ILS RIEN D’AUTRE QUE RÉSISTER ?
 
Y a-t-il un changement ou une transformation dans le cinéma kurde, qu’en pensez-vous ?
 
Le cinéma kurde se développe et se transforme, mais la même insistance persiste. Il fut un temps, on a fait des films sur des vieux enregistrement et sur la langue. Ils ont été remplacés par des films de guerre et d’exil. Je veux dire, les Kurdes font des films selon l’actualité. Je voudrais préciser que ceci n’est pas une objection, il est très difficile de vivre en étant coupé de l’actualité dans un endroit comme le Kurdistan. Quand le sujet des films se situe généralement dans ce cadre, on se demande si les Kurdes font autre chose que résister. Ce ne serait pas une mauvaise idée de voir plus de films de tous les jours. Vous voyez que même dans la vie quotidienne la plus ordinaire, un incident de guérilla ou de peshmerga surgit, vous vous demandez d’où sort ça. J’espère que nous verrons ce genre de films à l’avenir. Ali Kemal Cinar est l’un de ceux qui font bien ces choses et ce ne serait pas si mal de voir ses films lors de festivals.
 
Enfin, le cinéma kurde doit nouer plus de relations dans les quatre parties et en Europe. Chaque producteur, réalisateur, acteur devrait être étroitement lié entre eux et se soutenir mutuellement. Par exemple, nous regardons quatre morceaux de résistance dans nos films, mais pourquoi ne résistons-nous pas ensemble dans le domaine du cinéma ? L’art n’est-il pas ce qui rend les frontières inutiles ? Alors qu’est-ce qu’on attend, embrassons-nous.
 
Publié sur le site Demokrat Haber
 

Aldar Khalil : On ne peut parler de fin de Daesh avant la fin de l’occupation turque

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SYRIE / ROJAVA – Aldar Khalil, membre de l’organe exécutif du Mouvement de la société démocratique (TEV-DEM), a déclaré qu’il n’était pas possible de dire que Daesh est fini si la Turquie ne quitte pas la région et ne met pas un terme à ses menaces.
 
Khalil a déclaré lors du Forum international sur DAECH qui s’est tenu entre le 6 et 8 juillet dernier : « Du fait que nous clarifions les faits de Daesh et ses violations, l’Etat turc nous menace et n’accepte pas que nous révélions la vérité sur Daech. »
 
La victoire sur Daesh est incomplète
 
Khalil a déclaré que la victoire sur Daesh a été remportée grâce au soutien de la Coalition mondiale, mais cette victoire doit être complétée et ajoutée : « (…) Une grande résistance a été obtenue dans la région. Nous avons établi une administration qui regroupe toutes les composantes de la région et cette administration va devenir un modèle pour le futur de la Syrie démocratique. »
 
Il a ajouté que lorsque le peuple syrien a demandé la liberté, Daech n’était pas là.
 
« (…) la victoire sur Daesh n’est pas encore achevée, la communauté internationale nous en remercie, mais il n’y a pas de mesures à cet égard », a-t-il déclaré.
 
« Depuis 3 jours, nous avons dit qu’il y a des détenus de Daesh mercenaires et il y a un besoin de solution. Nous devons voir ce sujet partout. Les participants à ce forum sont les ambassadeurs de la vérité, nous sommes sûrs qu’ils vont envoyer les voix de la liberté ici dans leurs pays. »
 
La Turquie cherche à venger Daesh par ses menaces
 
Khalil a déclaré : « L’occupation turque nous menace parce que nous révélons la vérité sur Daesh et les violations de ces mercenaires. La Turquie s’oppose à la tenue de ce forum parce qu’elle le considère comme un travail terroriste ?! L’occupation turque a occupé Afrin, Azaz, Jarablus, et al-Bab. Dans ces zones, il y a encore une présence de Daesh et les mercenaires.
 
Si nous voulons mettre fin complètement à Daesh, nous devons mettre fin à l’occupation turque et mettre fin à ses menaces. Nous devons savoir que la Turquie représente un danger. La lutte contre Daesh continuera jusqu’à ce que nous ayons un pays libre. »
 

ROJAVA. Déclaration finale du Forum international sur DAECH

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SYRIE / ROJAVA – Le Forum international sur DAECH : Dimensions, défis et stratégies d’affrontement, s’est achevé à Amûdê le lundi soir après trois jours de débats, de discussions, de témoignages et de propositions, qui ont rassemblé des centaines de participants du monde entier.
 
Le Centre d’études stratégiques du Rojava (NRLS) a invité plus de 200 personnes, dont des politiciens, des chercheurs et des représentants d’institutions de la société civile de plusieurs pays.
 
Pendant trois jours, les participants ont discuté de divers aspects du terrorisme de DAECH / ISIS, dont les aspects politiques, historiques, militaires, sécuritaires, culturels, religieux, économiques, sociaux et humains, ainsi que de la question des femmes et de la persécution des femmes, par leurs contributions et discussions directes, écrites ou visuelles.
 
Les participants qui n’ont pas pu assister physiquement au forum y ont également participé par le biais de vidéos, de lettres et de messages.
 
Les participants ont déclaré dans une déclaration finale qu’ils appréciaient « le rôle pionnier joué par les unités de protection du peuple et des femmes (YPG et YPJ) et les forces démocratiques syriennes (FDS) pour mettre fin à la présence physique de DAECH avec l’appui de la Coalition internationale contre le terrorisme. » Ils ont également salué les conditions de sécurité et de stabilité dont jouissent les zones d’auto-administration du nord et de l’est de la Syrie.
 
Voici la déclaration finale :
 
« Nous, en tant qu’administration du Centre d’études stratégiques du Rojava (NRLS), exprimons nos remerciements (…) à tous les participants et à leurs précieuses discussions et questions ; nous adressons nos recommandations à la communauté internationale.
 
Ces recommandations sont les points les plus importants qui ont fait l’objet d’un accord lors des sessions du forum visant l’élimination totale du terrorisme et à empêcher DAECH de se réorganiser et de déstabiliser la sécurité et la stabilité en Syrie, au Moyen-Orient et dans le monde.
 
1. Élaborer une stratégie commune avec la coalition et la communauté internationale pour lutter contre les aspects sécuritaires, intellectuels, culturels, économiques et sociaux du terrorisme de DAECH.
 
2. Pour que DAECH ne se réorganise pas, il est nécessaire d’établir la sécurité et la stabilité dans la région. Cela nécessite un soutien à l’auto-administration dans divers domaines.
 
3. Malgré les énormes sacrifices consentis par les unités de protection du peuple et des femmes et les forces démocratiques syriennes pour protéger la région et le monde du terrorisme, et malgré le rôle constructif joué par l’auto-administration de la Syrie du Nord et de l’Est pendant les années de la crise syrienne, le manque de participation des résidents syriens aux négociations pour résoudre cette crise est une grave injustice contre les composantes de la région, facteur négatif ayant une influence sur la sécurité et la stabilité politique. Par conséquent, les autorités concernées et les puissances internationales devraient impliquer l’administration politique du nord et de l’est de la Syrie dans le processus de négociations avec une représentation adéquate.
 
4. Pour trouver une solution à la crise syrienne et à la région, il faut un nouveau système démocratique qui [assèchent] les sources qui ont produit les organisations extrémistes. La nation démocratique en tant que système intégré avec ses dimensions et ses composantes est un modèle de solution et un projet de paix si elle est développée.
 
5. Conformément aux résolutions du Conseil de sécurité relatives à la lutte contre le terrorisme et à la justice, un tribunal international devrait être créé dans le nord et l’est de la Syrie pour poursuivre des dizaines de milliers de membres de DAECH et leurs familles, qui sont détenus dans des camps (…). La coalition internationale devrait fournir un soutien matériel et logistique pour aider l’auto-administration dans cette réalisation.
 
6. En ce qui concerne la perpétration du génocide contre les femmes, et afin de protéger la liberté et la dignité des femmes, il est nécessaire de mettre en place un nouveau système politique et social qui garantisse les droits des femmes dans tous les domaines.
 
7. Du fait de la violence exercée par DAECH contre les enfants, il est nécessaire de les considérer comme des victimes de la guerre, de les réadapter et de les intégrer dans leur communauté d’origine, et de les protéger en leur offrant un environnement sûr et stable.
 
8. Mettre l’accent sur la spiritualité des religions et leurs valeurs morales en mettant en évidence le concept d’Islam démocratique face à l’Islam radical ; la spiritualité de l’Islam et la généralité des religions renforcent les aspects moraux des sociétés (…).
 
9. Compte tenu du génocides des Kurdes yézidis et des femmes yézidies de Shengal [commis par DAECH], il est nécessaire que les Nations Unies reconnaissent ce génocide et garantissent les droits des Yézidis en Irak en reconnaissant leurs droits (…). C’est nécessaire pour protéger ces gens d’une nouvelle anéantissement.
 
10. Afrin est soumise aux changements démographiques et au nettoyage ethnique par les factions djihadistes et extrémistes, qui sont soutenues par l’Etat d’occupation turc. C’est une continuation des [islamistes] et du Front al-Nosra sous des noms différents. La lutte contre ces organisations est donc nécessaire pour la sécurité de la région et du monde entier.
 
11. Faites du 23 mars, la Journée de la fin géographique de DAECH, la « Journée internationale pour l’élimination du terrorisme. »
 

Si vous êtes « l’autre » en Turquie, vous devez savoir que vous avez la mort dans votre poche

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Nedim Türfent, journaliste kurde de l’agence de presse Dicle, a été condamné à 8 ans et 9 mois de prison par un tribunal turc.
 
TURQUIE – En tant qu’un des « autres », je demande une « justice pour les autres ». L’avez-vous ou dois-je attendre l’au-delà ?
 
Ils disent que les gens ont le sourire aux lèvres quand la justice est rendue. La justice en Turquie fait aussi sourire les gens – parfois, même quand elle n’est pas rendue. Quel mystérieux succès ! La personne qui passe ces verdicts pourrait même être nominée pour le prix Nobel en tant que maître de l’humour noir si seulement une personne oubliait que les sentences étaient le produit de la justice. Je pense qu’il n’y a pas un seul pays sur terre avec un système judiciaire qui plaît à tout le monde. Une telle chose n’est possible que dans l’au-delà pour les croyants. Un système judiciaire qui plaît à la majorité pourrait être qualifié de « pas mal », même si on ne peut pas l’appeler « bon ». (…) Vous ne pensez pas que c’est un peu trop tard ? La justice retardée, c’est la justice refusée, non ? J’entends les gens de mon pays répondre par « mieux vaut tard que jamais ». Mais pourquoi la justice est-elle en retard alors que vous pouvez l’avoir plus tôt ?
 
La justice en Turquie est boiteuse depuis longtemps parce qu’elle se sabote elle-même. Aussi bonnes que soient les lois, celles qui rendent la justice ont été mauvaises de leur propre chef ou ont dû l’être par intérêt.
 
La raison principale des verdicts qui rendraient envieux même les meilleurs maîtres comiques est que ceux qui mettent en œuvre la justice sont sous la direction du gouvernement, ce qui signifie qu’ils doivent agir selon des ordres venant d’en haut. Ce qui compte pour l’air du temps aujourd’hui, ce n’est pas que la justice soit rendue, mais la menace d’un bâton judiciaire qui s’écrase sur votre tête si vous contredisez l’esprit de l’époque. Ce n’est pas la loi, mais les règles du gouvernement qui sont en vigueur. Vous pouvez le voir en regardant comment les « bons garçons » d’aujourd’hui sont acquittés un par un. C’est ce qu’exige l’esprit du temps.
 
Ce pays abrite un juge qui a accepté la demande d’un procureur de mettre sur écoute un certain nombre de téléphones, dont le sien. Lorsque l’incident a été révélé, il a dit qu’il ne pouvait pas lire correctement à l’époque puisqu’il n’avait pas ses lunettes sur lui et a signé le verdict sans bien comprendre la demande. Jetons un bref coup d’œil sur quelques idées uniques de la justice en Turquie, qui s’adapteraient mieux à un travail d’humour fictif qu’à une salle d’audience. Mais c’est le monde réel, et ces peines ont toutes affecté la vie des gens en violant leur droit à la liberté.
 
Un suspect accusé d’avoir chanté des slogans dans la foule a été condamné pour propagande terroriste. Pour l’instant, tout va bien. Mais si cette personne est sourde et muette ? Si vous vivez en Turquie, vous devez éviter les foules autant que possible, pour votre propre bien. Sinon, vous pourriez avoir mal à la tête, ou même une migraine, de la part des autorités pour des raisons telles que ne pas quitter la foule, regarder les gens qui dansent une ronde politique, siffler ou garder le rythme sur la musique. Je vous le dis…
 
En parlant de problèmes de santé, vous devriez faire attention à vos mains, en vous lavant souvent les mains. C’est naturellement important pour l’hygiène, mais c’est aussi important pour éviter des maladies particulières et vous éviter d’être détenu en tant que suspect. S’il vous plaît, ne demandez pas comment. Un fonctionnaire, qui revenait d’une visite cadastrale sur le terrain, a été arrêté et poursuivi pour avoir lancé des pierres à la police parce qu’il avait les mains sales. On ne peut pas savoir avec certitude si le fait de ne pas se laver les mains a eu des conséquences pathologiques, mais il est évident que cela a entraîné un traumatisme psychologique.
 
Ne vous excitez pas et ne courrez jamais. Soyez comme un koala ; ne soyez jamais pressé. Bougez doucement et lentement. Sinon, les policiers qui arrivent pour intervenir en cas d’incident peuvent vérifier au hasard et remarquer que votre cœur bat vite, ce qui les amène à vous arrêter et à vous poursuivre en justice pour avoir été impliqué dans un incident et pour avoir fui la police. C’est en partie la raison pour laquelle la Turquie n’est pas particulièrement performante en athlétisme.
 
Si vous arrivez en Turquie en provenance d’un pays asiatique, vous devriez avoir un traducteur avec vous. Sinon, le tribunal pourrait ne pas lire votre défense après que vous ayez passé près de deux ans derrière les barreaux parce qu’il ne trouve pas de traducteur. Vous avez peut-être commencé à apprendre le turc entre-temps. Parler une seule langue est très important en Turquie. Mais de quelle langue s’agit-il, à votre avis ? Vous plaisanteriez si vous pensiez que c’était tout sauf le turc. Le kurde, par exemple, est toujours mentionné comme « X » ou « langue inconnue » dans les procès-verbaux parlementaires.
 
Assurez-vous de ne pas avoir de cartes sur des bouts de papier, votre mobile, votre tablette ou tout autre appareil que vous transportez. Et s’il y a des couleurs et des lignes différentes sur la partie turque de cette carte, alors vous êtes dans le pétrin, parce que vous pouvez être arrêté ou poursuivi pour avoir prévu de diviser le pays. Une telle carte, qui montrait les habitats et la population d’abeilles en Turquie, a été acceptée comme preuve dans une affaire dans laquelle le procureur a demandé une peine d’emprisonnement à vie aggravée pour une personne qui aurait « perturbé l’unité et l’intégrité territoriale de l’Etat ». Alternativement, vous pouvez faire face à une sonde pour transporter une carte du monde qui montre la Turquie plus petite qu’elle n’est. Seuls ceux qui en font l’expérience le sauraient.
 
Si votre pays a les couleurs jaune, rouge et vert dans son drapeau – ce qui est le cas pour beaucoup de pays africains – et si vous avez des vêtements avec les mêmes couleurs, ne venez pas en Turquie en les ayant sur vous. Vous pourriez devenir un suspect de terrorisme au moment où vous atterrissez à l’aéroport. S’il vous plaît, ne soyez pas si méchants (…) ! Ils n’aiment pas les couleurs ou les couleurs mises ensemble en Turquie. C’est pourquoi les premiers feux de signalisation à Yüksekova, dans le sud-est de la Turquie (une région kurde), ont été remplacés par des feux bleus au lieu de verts. C’est peut-être aussi la raison pour laquelle la couleur la plus appréciée dans le pays est le noir.
 
N’examinons pas ma profession de céphalée. « Propager pour moi ou la fermer », c’est ce qu’on dit ici. Justice ? Qui l’a perdu pour que vous le trouviez ? Un journaliste dont je ne divulguerai pas le nom a écrit un article qui a reçu un prix. Que s’est-il passé ensuite ? L’auteur de l’histoire a été condamné.
 
Par une nuit froide au milieu de l’hiver, votre seule crainte ne devrait pas être de vous geler les mains et les jambes lorsque vous transportez du carburant diesel sur le dos de votre mule pour gagner de l’argent de poche. C’est parce que votre corps pourrait être déchiré en mille morceaux si l’un de ces oiseaux de fer qu’ils appellent des avions de chasse ouvrait le feu sur le groupe avec lequel vous marchez. La prochaine chose que les mules porteront pourrait être les parties de votre corps et vos amis enveloppés dans une couverture. Ils se ficheront de savoir pourquoi vous avez pris la crête abrupte de la montagne par une nuit glaciale, et peu importe que vous soyez armé ou non. Qui se soucie que la plupart d’entre vous soient des enfants ! Rien n’a d’importance. Ici, « tout est un petit détail quand il s’agit la patrie. » C’est ce que vous vivez ; c’est ce qu’ils vous font vivre ; c’est la vérité. A prendre ou à laisser ! Parce qu’à l’issue de l’enquête lancée pour enquêter sur l’incident susmentionné [massacre de Roboski], il a été décidé que les personnes décédées en étaient responsables.
 
Si vous êtes « l’autre » dans ce pays, sachez que vous avez la mort dans votre poche. Votre linceul doit être à portée de main car ce n’est pas le créateur qui sait quand vous en aurez besoin, mais ceux qui se considèrent comme son reflet sur terre. Dans ces conditions, comment pourrais-je écrire une histoire sur la justice ? Maintenant, en tant que « l’autre », je demande une « justice pour les autres ». Vous l’avez oubliée ou dois-je attendre l’au-delà ? Pour être honnête, je n’ai pas l’intention de sonner les glas de l’ange de la mort. En fait, cette histoire elle-même est une œuvre de fiction complète et n’a pas le moindre lien avec la réalité. Est-ce le cas ?
 
Nedim Türfent, pour Index on Censorship
 
Cet article fait partie de partenariat d’Index on Censorship avec la MLSA (Media and Law Studies Association, Turquie).
 
La série Histoires de justice est un projet MLSA soutenu par la Fondation Friedrich Naumann pour la liberté.
 

Avec l’aide internationale, les FDS peuvent superviser la préparation des combattants de l’IE pour les poursuites et leur réhabilitation

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Le CIESVE* a été invité à prendre la parole lors du « Forum international sur DAECH: dimensions, défis et stratégies d’affrontement » au Rojava, en Syrie, et a fait la présentation suivante sur les prochaines étapes recommandées aux forces démocratiques syriennes pour faire face aux milliers de membres de DAECH actuellement détenus dans leurs prisons et camps.
 
12 000 combattants étrangers et 12 000 épouses et enfants étrangers de l’Etat islamique, dont beaucoup d’Européens, sont actuellement détenus, aux côtés d’environ 50 000 à 70 000 Irakiens et Syriens déplacés, qui ont peut-être appartenu ou non à l’Etat islamique. Ils sont dispersés dans des camps et des prisons. par les Forces Démocratiques Syriennes (FDS). [je]La question de savoir quoi faire avec ces détenus est une question sérieuse, à la fois pour les FDS et les gouvernements nationaux de ces voyageurs en Irak et en Syrie. Bien que diverses réponses soient évoquées, la solution n’est pas de les transférer en Irak, où la justice occidentale n’est pas exécutée, ni d’appeler à un tribunal international, ce qui n’est pas politiquement viable. La solution consiste peut-être à offrir un soutien sérieux et réel aux FDS avec la collecte de preuves et des processus de réhabilitation psychosociale et idéologique qui peuvent rendre plus politiquement viable pour les gouvernements nationaux de ramener leurs citoyens chez eux aux fins de poursuites et de réhabilitation.
 
La question de savoir ce qu’il faut faire des prisonniers de DAECH et de leurs familles a beaucoup à voir avec les ambitions politiques concernant l’avenir des FDS et du Rojava, à savoir le désir du Rojava de faire la transition vers le système fédéral syrien et d’être reconnu comme un État semi-indépendant au niveau international et interne. En ce qui concerne ces détenus, il y a quatre alternatives importantes que le Rojava et les FDS peuvent envisager.
 
Le premier est de continuer à les détenir sans accusation légale et sans juridiction légale, car de nombreux gouvernements occidentaux refusent actuellement de les reprendre. Cela s’est avéré être un exercice frustrant jusqu’à présent, ce qui a entraîné une augmentation du nombre de détenus détenus par les FDS, sans aucun processus officiel. Un scénario similaire s’est produit en Irak lorsque les forces américaines ont retenu jusqu’à 20 000 prisonniers à Camp Bucca sur les champs de bataille dans l’ensemble de l’Irak. Parmi eux se trouvaient également de nombreux prisonniers qui avaient comploté et planifié avec succès des actes terroristes, dont certains avaient été relâchés sans poursuites, et d’autres qui étaient finalement devenus des personnalités clés de l’Etat islamique. Nous ne pouvons pas laisser cela se reproduire.
 
À l’heure actuelle, la politique américaine en la matière consiste à exhorter les gouvernements étrangers qui n’ont pas encore rapatrié leurs citoyens à le faire. Les gouvernements de Russie, du Kazakhstan et du Kosovo sont rentrés chez eux en assez grand nombre et les traitent en précisant qui peut et doit être poursuivi, qui peut être libéré et réintégré dans la société. L’armée américaine a demandé instamment des transferts et des rapatriements, bien que certains pays désirant reprendre leurs citoyens soient frustrés de ne pas savoir comment ramener leurs citoyens sans avoir à interagir avec, ou à reconnaître, les FDS en tant qu’entité politique, qui est leur demande. Il y a une impasse à cet égard, de nombreux pays refusant de reconnaître le Rojava et les FDS ou établissant une relation politique pour rapatrier leurs détenus de l’Etat islamique qu’ils craignent. Les États-Unis et les autres pays doivent être plus proactifs pour faciliter et soutenir ce processus.
 
La seconde alternative suit la logique du gouvernement français. Onze citoyens français et un résident français, tous membres de l’Etat islamique, à la suite de leur transfert des prisons des FDS en Irak, ont récemment été condamnés à mort en Irak. Un certain nombre d’avocats de la défense français ont critiqué le gouvernement français au motif qu’il « violait la constitution en mettant en danger l’exécution de ses citoyens et en utilisant plus généralement la menace du terrorisme pour justifier une érosion globale de la situation ». protections contre les suspects et les détenus. » En effet, l’Irak reste un pays où des aveux forcés, et non des preuves, constituent fréquemment le fondement des condamnations, aboutissant souvent à la réclusion à perpétuité ou à des peines de mort, ce qui a suscité des critiques de la part d’acteurs nationaux et internationaux contre le système judiciaire irakien. Les plaintes portent principalement sur le fait que les aveux sont souvent obtenus sous la torture, que les étrangers placés en détention ne comprennent pas les procédures judiciaires se déroulant en arabe et que tant les habitants que les étrangers ne sont souvent pas légalement représentés devant les tribunaux. Human Rights Watch (HRW) a exprimé sa préoccupation devant le transfert de suspects de l’Etat islamique de Syrie vers l’Irak, y compris des étrangers, et le risque de torture en détention. Ainsi, on prétend que le système judiciaire irakien est défectueux et qu’il entérine également les condamnations à la peine capitale, qui ont été abolies dans tous les États membres de l’UE en vertu de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH). Alors que le gouvernement irakien est favorable à la possibilité de juger tous les prisonniers de l’Etat islamique devant leurs tribunaux et que cela soulagerait les FDS de ce fardeau, pour les pays liés par la CEDH, le transfert de leurs citoyens de la garde des FDS en Irak aux fins de poursuites ne devrait pas être une obligation déontologique. option légale, malgré les actions récentes du gouvernement français. De même, certains rapports suggèrent que les Irakiens demandent des millions de dollars pour maintenir ces condamnés dans les prisons ou pour annuler les condamnations à mort, ce qui pourrait également exclure cette option.
 
La troisième option exige un bon équilibre entre les aspirations politiques et des options politiques crédibles. Les FDS demandent actuellement la création d’un tribunal international pour juger les prisonniers d’ISIS sur un sol contrôlé par le FDS. David Scharia et David Wells de la Direction exécutive des Nations Unies pour la lutte antiterroriste (C-TED) ont expliqué à l’ICSVE que l’ONU et la Cour pénale internationale à La Haye (CPI) sont deux entités qui constituent la base de la mise en place de tribunaux internationaux. Selon eux, le problème des tribunaux internationaux est qu’ils sont extrêmement coûteux et non productifs. En se référant aux exemples de ceux établis dans le cas des Balkans, du Rwanda et du Liban, ils ont cité des coûts énormes aboutissant à très peu de condamnations, voire à aucune, ayant abouti. En outre, ils ont également déclaré que les tribunaux internationaux ont généralement une date de fin claire, et sont très difficiles à fermer, ce qui les rend encore plus coûteux et moins viables. En outre, ils ont fait valoir que la CPI, confrontée à des problèmes budgétaires, ne pouvait actuellement pas se permettre de mettre en place un tribunal international, ajoutant que l’ONU ne va pas en créer un au Rojava, les membres du Conseil de sécurité de l’ONU y opposant un veto, et non approuvé par les États membres de l’ONU. Ils expliquent également que cela va à l’encontre de la politique américaine actuelle et qu’un tel tribunal requiert une juridiction internationalement reconnue, ce qui manque actuellement aux FDS, en tant qu’acteur armé non étatique. En réalité, le Rojava est à l’intérieur de la Syrie et est soumis à la juridiction syrienne. Dans ce contexte, un tribunal aurait besoin de coopérer avec le gouvernement d’Assad, ce qui n’est clairement pas viable politiquement.
 
Dans le cas où un tribunal international pourrait être établi au Rojava, en Syrie, il faut examiner la portée des tribunaux proposés, y compris la question de savoir si cela couvrirait l’ ensemble des tribunaux.crimes commis sur le territoire syrien depuis le début du conflit en 2011. En vérité, les forces d’Assad ont tué plus et commis beaucoup plus d’atrocités que l’Etat islamique, et elles ne sont pas sur le point de se mettre en position de répondre de cela devant un tribunal international . Ainsi, s’il existe un tribunal international dans la région, il est probable qu’il soit établi en Iraq et non en Syrie. Même dans un tel scénario, cela exigerait que le gouvernement irakien obtienne l’approbation constitutionnelle lui permettant de poursuivre en justice des entités étrangères sur son territoire, ce qui pourrait poser problème, car les Irakiens ne prévoient pas la nécessité d’un contrôle international. L’approbation et la coopération du gouvernement irakien sont également nécessaires. De même, si l’on veut réduire les coûts, il faudrait probablement faire appel à une combinaison d’organismes locaux et internationaux. Par exemple, un tribunal spécial pour la Sierra Leone a été créé sur le modèle d’un tribunal international ad hoc, tel que ceux formés pour juger les crimes commis en Sierra Leone et dans l’ex-Yougoslavie. Cela nous ramène encore au transfert des prisonniers détenus par les FDS en Irak et à tous les dilemmes juridiques et éthiques impliqués.
 
Le Mécanisme international indépendant et impartial de l’ONU (IIM) est déjà opérationnel en Syrie et en Irak pour rassembler des preuves sur les crimes graves commis depuis le début du conflit syrien en 2011. Malgré de nombreux défis bureaucratiques et politiques, leurs efforts en cours sont cruciaux. obtenir des preuves pour d’éventuelles poursuites et procès chez eux.
 
Une quatrième option est peut-être la plus viable. Les FDS et le gouvernement du Rojava peuvent prendre des mesures qui ne nécessitent ni reconnaissance internationale ni juridiction internationale. Ils sont libres d’engager un processus systématique d’évaluation, de collecte de preuves et de traitement psychosocial des prisonniers sous sa garde. Ce choix s’appuie sur le potentiel et les atouts actuels des FDS. En particulier, le fait qu’il ait réussi à former une armée qui, par le biais de l’armée américaine et d’autres formes de soutien, a réussi à vaincre DAECH territorialement, libérant de vastes étendues de territoires qu’il occupait auparavant et en tuant et emprisonnant nombre d’entre eux. De même, les FDS continuent de faire la preuve de leur détermination à mettre en place une démocratie populaire fonctionnelle au cœur du Moyen-Orient.
 
Les FDS doivent tirer parti de ces deux atouts: créer un environnement sûr et une bonne gouvernance, tout en évitant les problèmes de violations graves de la sécurité, de corruption et de copinage qui sont omniprésents dans la région et qui, à bien des égards, ont contribué à la montée de DAECH en premier lieu. Plus de 80 prisonniers de DAESH interrogés par les chercheurs d’ICSVE sous la garde des FDS, beaucoup nous ont dit qu’ils étaient bien traités en prison et que les FDS ne se livraient pas à la torture. Bien que l’EIIL ait assassiné beaucoup de personnes en Syrie, notre expérience en matière de recherche montre que les FDS ne se vengent pas de la sorte. (…)
 
Nous savons également que les prisonniers de guerre étrangers et les épouses de DAECH sont venus ici pour suivre le récit de DAECH. Face aux graves violations de la sécurité et aux échecs politiques en Syrie et en Irak, ainsi qu’en Europe des musulmans de deuxième génération d’origine immigrée, l’Etat islamique vendait le rêve d’un Etat islamique utopique qui promettait de délivrer un Etat islamique, prospérité et domination des idéaux islamiques. Dans notre expérience d’interviewer près de 200 cadres de l’Etat islamique emprisonnés en Irak et en Syrie, nous constatons que de nombreux hommes et femmes de l’Etat islamique réalisent maintenant [que c’était une erreur d’adhérer à l’idéologie de DAECH]. En conséquence, bon nombre d’entre eux présentent des signes de déradicalisation spontanée. Cependant, pour se réadapter et se réinsérer dans la société, ils ont également besoin d’un traitement psychosocial, d’une réorientation,
 
Peut-être que les FDS peuvent offrir cela. Ils continuent de montrer leur détermination à poursuivre une démocratie de base qui assure l’égalité des sexes et englobe les autres religions et entités vivant sur leur territoire. Ils se sont également engagés à respecter les normes des droits de l’homme en ce qui concerne les détenus de l’Etat islamique, ce qui constitue un message puissant pour ces cadres de l’Etat islamique emprisonnés qui viennent tout juste de vivre et de servir sous le régime de la tyrannie et des injustices de l’Etat islamique.
 
Notre recommandation est que les FDS commencent par une évaluation formelle et un processus de tri permettant de commencer à faire face aux problèmes idéologiques et psychosociaux qui ont entraîné les prisonniers et détenus de l’Etat islamique dans l’extrémisme violent. Les chercheurs de l’ICSVE croient en la plausibilité de tels efforts, car ils ont déjà entamé un tel processus lors de leurs entretiens, en constatant que nombre d’entre eux sont déjà en train de se dérader spontanément. Nous pensons qu’il est possible d’identifier où se trouvent ces prisonniers sur la trajectoire terroriste et qui est susceptible de réagir au traitement.
 
Les services de renseignement peuvent également continuer à collecter des éléments de preuve pour de futures poursuites, ainsi que recueillir des témoignages et des aveux non forcés afin de préparer et de coopérer avec les gouvernements des pays de combattants étrangers afin de les aider à être poursuivis, ainsi que pour ceux qui sont en mesure de récupérer, à se lancer dans des programmes de réadaptation et de réintégration dans leur pays d’origine. De nombreux cadres de l’Etat islamique peuvent et vont témoigner les uns contre les autres et beaucoup sont prêts à avouer au moins certains de leurs crimes, si cela signifie qu’ils peuvent purger une peine de prison à la maison. De même, leurs victimes peuvent témoigner contre elles et les Yézidis, par exemple, sont très frustrés de constater que personne n’a recueilli leurs témoignages et ne les a pas aidés à poursuivre leurs auteurs en justice pour viol généralisé et systématisé.(…)
 
Il est également vrai que certains cadres de l’Etat islamique ont commis des crimes odieux et peuvent donc être totalement irrécupérables. Ce sont des violeurs, des meurtriers et des sadiques qui nuisent à la population locale et ils doivent être sérieusement punis. Mais beaucoup aussi sont maintenant prêts à avouer leurs crimes de lutte pour le groupe État islamique et sont prêts à coopérer pour être renvoyés et poursuivis chez eux pour leurs erreurs avouées.
 
Les FDS sont déjà connues pour leur bravoure et sont un bon partenaire international auprès des pays occidentaux pour sa victoire militaire sur l’Etat islamique. Désormais, ils peuvent également être un partenaire puissant dans la lutte contre DAECH sur le plan psychosocial et idéologique dans les prisons et les camps où ils sont détenus. Cela doit commencer par une évaluation, la collecte de preuves, un conseil psychosocial, un défi idéologique lorsque cela est nécessaire et, finalement, une coopération et une plus grande facilité pour les pays occidentaux de les ramener chez eux, prêts à être poursuivis et réhabilités. Les hommes et les femmes de DAECH que nous avons interrogés ont mentionné à plusieurs reprises que les étaient juste et n’utilisait pas de mesures punitives pour les atrocités et les destructions commises par DAECH. Beaucoup sont prêts à commencer leur rééducation. De même, les pays occidentaux nous disent que les politiciens les ramèneront chez eux (…).
 
Les FDS ont la possibilité de lancer immédiatement dans la prison des programmes positifs qui peuvent mener à ces résultats, mais ils ont besoin de la communauté internationale pour les aider à le faire.
 
Cela implique de fournir immédiatement un financement, une expertise technique et un soutien aux programmes de traitement en prison, qui devraient avoir lieu sans délai. Après avoir contribué à la création du Programme de réadaptation des détenus en 2006 et 2007 pour le Département de la défense américain, qui a traité plus de 20 000 détenus, dont 800 mineurs, alors détenus par nos forces (le premier auteur), nous savons par expérience que les programmes de traitement destinés aux problèmes psychosociaux et les problèmes idéologiques peuvent être construits même pour un grand nombre de détenus. Nous sommes également fermement convaincus que les dirigeants politiques des FDS et du Rojava seront des partenaires positifs à cet égard. En soutenant de tels efforts, nous éviterons également de répéter des griefs, qui ne feront que contribuer à la perpétuation de l’extrémisme violent, tant au niveau mondial que dans la région.
 
ICSVE (le Centre international pour l’étude de l’extrémisme violent)
 

Redcrow : Il est important de dénoncer le soutien turc à l’Etat islamique

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SYRIE / ROJAVA – La Conférence internationale sur DAECH / ISIS, organisée à Amûdê par le Centre de recherche stratégique du Rojava (NRLS), s’achèvera aujourd’hui.
 
L’un des invités de la conférence est Thoreau Redcrow, un analyste américain des conflits mondiaux, spécialisé dans les études kurdes, les mouvements de guérilla et les nations sans État.
 
« Je suis venu à cette conférence car je vais présenter toutes les façons, dont le gouvernement turc et le régime de Tayyip Erdogan, ont armé, aidé et utilisé DAECH comme force de substitution contre les Kurdes du Rojava, contre les Kurdes du Kurdistan du Sud et contre les Syriens et les Irakiens également.
 
Ma présentation [montrera] les nombreuses preuves de ce que j’appellerais le secret le plus mal gardé au monde : Pendant 5 ans, DAECH était essentiellement une armée mandataire de la Turquie. Et la plupart des gens dans le monde le savaient, mais personne ne l’admettait. »
 
Quant à l’importance de la conférence, Thoreau a déclaré : « Je pense que ce genre de conférence ne laissera plus aucun doute au reste du monde, et j’espère que ce qui en résultera sera soit un tribunal international, soit que la Turquie sera traduite devant la CPI pour crimes de guerre, car on ne peut permettre à un État de favoriser un mouvement comme DAECH, qui viole, asservit et tue tant de personnes, et qui ne prévoit aucune sanction pour ceux qui y sont impliqués.
 
DAECH a été détruit en tant qu’entité, mais la Turquie est en train de les réformer à Idlib et à Afrin, les appelant HTS, ou certains sont al Nosra maintenant, mais ce sont essentiellement les mêmes types qui ont coupé un peu leur barbe, utilisent un drapeau différent, mais essentiellement la même force de proxy de DAESH que la Turquie utilise depuis toujours. Et donc, j’espère qu’après cette conférence, il n’y aura aucun doute, une fois que toutes les preuves auront été données. »