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Le rôle de l’Allemagne dans le génocide de Dersim porté devant le parlement

BERLIN – Le groupe du parti de gauche au Bundestag a interrogé le gouvernement Merkel sur le gaz de fabrication allemande utilisé lors du génocide de Dersim et les avions de combat Heinkel He111 vendus à la Turquie en 1937.
 
En mai dernier, Hüsnü Gürbey et Mahsuni Gül, du journal Dersim, ont obtenu des documents signés par Mustafa Kemal Ataturk selon lesquels les gaz toxiques utilisés dans le génocide de Dersim avaient été reçus de l’Allemagne nazie. Ensuite, une recherche détaillée sur le sujet a eu lieu dans le journal Yeni Özgür Politika (la traduction en français à voir ici).
 
Le fait que des gaz toxiques aient été utilisés à Dersim était déjà connu depuis longtemps, à la fois par le récit des victimes et par le récit des responsables turcs qui ont pris part au massacre. Selon les documents qui ont émergé des années plus tard, le gouvernement turc de cette période avait 20 tonnes de chloracétophénone et d’Iperit, etc. et des installations automatiques pour mettre ces gaz dans les bombes.
 
Les documents portent la signature de Mustafa Kemal Ataturk datée du 7 août 1937 concernant l’achat de moyens de guerre et de génocide à l’Allemagne. En outre, les documents signés par les ministères compétents du gouvernement d’Ankara, montrent que l’État turc a utilisé des avions de combat, dont un modèle Marten en 1937.
 
Que sait-on de la complicité de l’Allemagne dans le massacre de Dersim ?
 
La complicité de l’Allemagne dans le génocide des Kurdes alévis de Dersim, qui a débuté en 1937 et s’est terminée en 1938, a été porté au Bundestag à l’initiative du parti de gauche d’opposition. À l’initiative des députés de gauche, Ulla Jelpke, André Hahn, Gökay Akbulut, Christine Buchholz, Heike Hänsel, Andrej Hunko, Amira Mohamed Ali, Niema Movassat, Alexander S. Neu, Petra Pau, Martina Renner, Kersten Steinke, Friedrich Straetmanns et Kirsten Tackmann, une motion a été présentée au parlement allemand.
 
Dans la motion, dont le gouvernement fédéral dirigé par Angela Merkel est sommé de répondre, les députés ont posé des questions détaillées sur les gaz de fabrication allemande utilisés à Dersim. Dans la motion datée du 1er juillet 2019, les députés ont demandé une réponse détaillée pour savoir quelles informations le gouvernement fédéral a-t-il concernant les documents ?
 
Interrogés sur le fait que les historiens aient examiné les documents, les députés ont déclaré que « ces documents confient au gouvernement fédéral la responsabilité de mener une étude historique et politique sur le massacre de Dersim ». Le groupe du parti de gauche a également demandé une réponse à la question de savoir quelle entreprise allemande produisait les gaz toxiques utilisés à Dersim et si l’autorisation d’exportation avait été approuvée par le régime nazi de cette période.
 
En 1937, des avions Heinkel HE111 ont-ils été vendus à la Turquie?
 
Concernant les avions Heinkel HE111 vendus à la Turquie en 1937, les députés attirent l’attentions sur un document, au sujet de la vente des Heinkel HE111, issus de l’Office fédéral des affaires étrangères allemandes, les députés demandent de savoir si le gouvernement fédéral est au courant de ce document. S’il est vrai la vente de ces avions a été réalisée, les députés demandent de savoir dans quelles conditions ils ont été vendus à la Turquie.
 
La question parlementaire poursuit : « Le gouvernement fédéral est-il au courant des études scientifiques menées concernant la coopération militaire entre la Turquie et l’Allemagne dans les années 1930 – 1940 et quels sont les résultats tirés de ces études ? »
 
Dans les prochains jours, le gouvernement devrait répondre par écrit à la motion. En avril dernier, les députés de gauche, Ulla Jelpke, Gökay Akbulut et André Hahnne ont déposé une autre proposition concernant les connaissances et l’attitude de l’Allemagne à l’égard du massacre de Dersim. Le gouvernement Merkel a déclaré : « Nous connaissons la souffrance des victimes et partageons leurs chagrins. Mais, en ce qui concerne la situation de l’époque, des études politiques et historiques doivent avoir lieu dans les frontières de la Turquie. »