Accueil Blog Page 823

Aveux d’un ancien soldat turc: « L’exécution des Kurdes était autorisée »

TURQUIE / BAKUR – K, qui a servi comme soldat à Van, près de la frontière iranienne, a raconté l’exécution des Kurdes à la frontière, les explosifs militaires qui tuent les enfants kurdes et les réfugiés afghans qui traversent sans difficulté la frontière turco-iranienne.
 
180 villageois kurdes ont été tués par les forces turques dans les provinces de Van, Özalp, Saray et Başkale, entre 2002 et 2012, au motif qu’ils étaient des « contrebandiers » (kolbars).
 
Malgré ces meurtres, pas une seule personne n’a été punie, tandis que toutes les enquêtes ouvertes ont été closes par un verdict de « non lieu ».
 
K, qui a effectué son service militaire à la frontière entre l’Iran et le Van entre 2009 et 2010, a raconté son expérience et a déclaré que tuer des Kurdes à la frontière était autorisé et couvert.
 
Ne donnant pas son nom pour des raisons de sécurité, K a dit qu’il avait fait son service militaire en 2009-2010 dans ce qui s’appelait alors la caserne du général Mustafa Muğlalı.
 
Il a dit avoir été témoin de la mort de 3 civils en un an et de 5 enfants à Özalp qui sont morts à cause des explosifs laissés par les forces turques. Il a déclaré que les chevaux pris aux villageois ont été vendus aux villageois à nouveau, a déclaré K : « Les chevaux ont ensuite été emmenés au ruisseau et abattus. »
 
Combien de personnes ont été tuées pendant que vous étiez là-bas ?
 
Je sais que 3 personnes ont été tuées pendant que j’étais là-bas. Ils les appelaient « contrebandiers » et ils appelaient cela « violation de la frontière ». La partie iranienne disait « la Turquie les a frappés », la partie turque disait « l’Iran les a frappés » et les incidents étaient clos. Si un examen balistique avait été fait, il aurait révélé qui les avait frappés, mais cela n’a pas été fait.
 
A-t-on bien compris qui avait donné l’ordre de tirer ?
 
Il n’y a pas eu d’ordre de tir. Les soldats avaient déjà l’autorisation de tirer. Il y a un millier de personnes dans l’armée. Ils tiraient et tuaient des gens. Ils savaient que tuer des Kurdes resterait impuni, donc ils pouvaient tirer sans sommation. Les personnes qui ont été tuées étaient innocentes. […]
 
Les familles se sont plaintes après les meurtres. Une enquête a-t-elle été ouverte ?
 
Quand j’y suis allé, le sergent [membres des forces spéciales turques] a tué un adolescent de 16-17 ans. Les familles cherchaient celui qui avait tiré. On nous a dit de dire ceci : « Vous ne direz pas le nom du sergent, vous direz qu’il a été muté ailleurs et qu’il est parti. » Cette famille est venue, est partie, a téléphoné pendant des jours, et tout le monde a dit à la famille que le sergent était parti. En l’état actuel des choses, le sergent a été emmené dans un autre poste de police de la même zone et mis sous protection. Vous, les journalistes, devriez éclairer cet incident.
 
Lorsque vous y serviez, 5 enfants sont morts à Özalp suite à l’explosion d’une grenade près d’un bataillon. Qu’avez-vous entendu sur cet incident ?
 
Bien sûr que j’étais là à ce moment-là. Ils nous ont dit que des enfants étaient entrés par des grillages et étaient morts à cause d’un engin explosif qu’ils avaient emporté avec eux. L’événement a donc été clos. Cependant, si une arme est perdue, les responsables militaires ne peuvent pas rester silencieux, encore moins lorsqu’il manque un millier d’explosifs. Ces enfants ont été victimes soit d’une négligence, soit d’une situation consciente, je ne sais pas.
 
Actuellement, on parle beaucoup des Afghans qui traversent la frontière iranienne à Van. Comment était ce passage, quand vous y étiez. N’était-il pas possible de l’empêcher ?
 
Il est possible de l’empêcher si on le souhaite, mais certains soldats à l’intérieur et certains gangs à l’extérieur travaillent ensemble. Il y a beaucoup d’argent à tirer de la traite des êtres humains. Ils se partagent l’argent entre eux.
 
Avez-vous été témoin des négociations entre les militaires turcs et iraniens ?
 
Ils se rencontraient souvent. La Turquie et l’Iran s’étaient mis d’accord sur une limite et tout était rendu public. Mais je ne connais pas le contenu des réunions.
 

L’inhumation d’Ibrahim Gökçek se fait sous violence policière

0
TURQUIE – KAYSERI – Ibrahim Gökçek, guitariste du Grup Yorum, a été inhumé dans sa ville natale, Kayseri. Son épouse emprisonnée a été emmenée par les gendarmes pour l’enterrement. La police a bloqué le cimetière et attaqué la foule venue assister à la cérémonie funéraire.
 
Le corps du musicien Ibrahim Gökçek, décédé deux jours après avoir arrêté 323 jours de grève de la faim contre l’interdiction de faire de la musique, a été emmené au cimetière Alep de Kayseri.
 
De nombreux véhicules blindés, des policiers anti-émeute et des membres des opérations spéciales turques ont bloqué le cimetière. Sultan Gökçek, l’épouse de Gökçek, qui est actuellement en prison, a été amenée au cimetière par les gendarmes.
 
Sultan Gökçek a regardé le visage de son mari et lui a fait ses adieux. Pendant l’enterrement, des slogans ont été scandés, « Ibrahim Gökçek est immortel », « Grup Yorum ne peut pas être réduit au silence ».
 
Personne n’a été autorisé à s’approcher du cimetière pendant l’enterrement.
 
Après l’enterrement, une personne qui voulait ouvrir une bannière a été frappé par la police près du cimetière. Les amis de Gökçek qui voulaient faire un discours ont également été empêchés de le faire.
 
Ceux qui voulaient chanter une chanson de Grup Yorum ont été attaqués par la police. (La police turque avait attaqué aussi les funérailles d’Hêlin Bölek, chanteuse de Grup Yorum décédée le 3 avril dernier après 288 jours de grève de la faim.)
 
Les proches de Gökçek ont ​​protesté contre les autorités pour n’avoir « pas respecté le deuil. Vous remplissez l’endroit de policiers. »
 
L’avocate de Gökçek, Ayşegül Çağatay, a déclaré: « Ils ont attaqué ceux qui voulaient chanter sur la tombe. »
 
Çağatay a déclaré que Sultan Gökçek avait été amenée au domicile familial et qu’on ne savait pas le moment où elle serait ramenée en prison.
 
 

TURQUIE. 44 prisonniers infectés par le Covid-19 dans la prison de Silivri

TURQUIE / BAKUR – La pandémie du coronavirus continue sa propagation dans les prisons de la Turquie et du Kurdistan du Nord. On signale 44 détenus infectés par le COVID-19 dans le complexe pénitentiaire de Silivri.
 
Le parquet de Bakırköy a annoncé que 44 personnes du complexe pénitentiaire de Silivri avaient été testées positives. Les prisonniers infectés ont été mis en quarantaine. Les détenus entassés dans des prisons surpeuplées sont particulièrement menacés par la pandémie du coronavirus.
 
Alors que 90 000 prisonniers, principalement des prisonniers proches du cercle de l’AKP, le parti au pouvoir, ont été libérés en vertu d’une nouvelle loi d’amnistie dans le cadre des mesures contre la pandémie, 50 000 prisonniers politiques – dont des dizaines de milliers de Kurdes – restent en détention. Parmi eux se trouvent de nombreux prisonniers gravement malades pour lesquels une infection au coronavirus serait très dangereuse.
 

Deux journalistes kurdes tués au Rojava ajoutés au Mémorial des journalistes

0

Le « Freedom Forum » vient d’ajouter deux reporters kurdes au Mémorial des journalistes : Saad Ahmad et Mihemed Hisen Reşo tués lors d’un raid aérien turc contre le Rojava en 2019.

Le lundi 4 mai 2020, le Freedom Forum a ajouté les récits de 11 hommes et femmes à son Mémorial des journalistes pour représenter tous les journalistes qui sont morts ou ont été tués alors qu’ils couvraient l’actualité en 2019.

Le Mémorial des journalistes du Freedom Forum honore les journalistes qui ont perdu la vie dans leur quête de la vérité. Les 11 journalistes décédés en 2019 font désormais partie de la base de données du mémorial, qui retrace l’histoire de 2 355 reporters, photographes, diffuseurs et autres travailleurs des médias qui sont morts alors qu’ils couvraient l’actualité et l’information, depuis 1837.

Les 11 journalistes ajoutés au mémorial cette année comprennent Saad Ahmad et Mihemed Hisen Reş, tués lors d’une attaque aérienne turque qui a frappé un convoi civil dans le nord de la Syrie le 13 octobre 2019. Le convoi se déplaçait entre les villes de Qamishlo et Serekaniye (Ras al-Ain), dans le nord de la Syrie. Douze civils ont été tués dans l’attaque, tandis que 73 autres, dont huit journalistes, ont été blessés.

Saad Ahmad, un reporter kurde de l’agence de presse locale Hawar News (ANHA) a perdu la vie sur les lieux. Un autre journaliste kurde, Mihemed Hisen Reşo de la chaîne de télévision Yazidi ‘êzdî) Çira TV, qui travaillait également pour la chaîne de télévision kurde Stêrk TV, a succombé à ses blessures un jour plus tard.

Parmi les journalistes blessés figuraient le correspondant de l’ANF (Fırat News Agency) Ersin Çaksu, Emre Yunis de Stêrk TV, Dilsoz Dildar de l’Agence de presse du Nord, les journalistes indépendants Bircan Yıldız, Rojbin Ekin, Abdreşid Mihemed Mihemed, le correspondant de Rudaw Hûner Ehmed, et le correspondant de l’ANHA Mehmet Ekici.

Parmi les journalistes reconnus cette année par le Mémorial des journalistes du Forum de la liberté figurent :

Au Ghana
Ahmed Hussein-Suale Divela – Les enquêtes privées de Tiger Eye

En Haïti
Néhémie Joseph – Radio Panic FM, Radio Mega

Au Honduras
Leonardo Gabriel Hernández – Valle TV

En Irak
Hisham Fares Al-Adhami – Freelance

Au Mexique
Norma Sarabia Garduza – Tabasco Hoy, Diario Presente

En Syrie
Saad Ahmad – Agence de presse Hawar (ANHA)

Mohammed Hussein Rasho – Cira TV

En Ukraine
Vadym Komarov – Dzvin Ukraine

Au Royaume-Uni
Lyra McKee – Freelance

Aux États-Unis
Carley McCord – Freelance, WDSU-TV

Nancy Parker – WVUE FOX 8

ANF

Que se passe-t-il dans les territoires occupés du Rojava et du nord de la Syrie ?

0

SYRIE / ROJAVA – Les forces d’occupation turques et leurs gangs islamistes continuent à terroriser les habitants des régions d’Afrin, al-Bab, Jarablus et Azaz et opèrent une politique d’assimilation forcée visant les Kurdes, tout en se querellant entre eux pour le partage des biens volés aux populations.

L’État turc occupe une grande partie du nord et de l’est de la Syrie, dont des régions kurdes. Les territoires occupés sont de facto liés à l’administration turque via des gouverneurs provinciaux nommés par la Turquie, tandis que les groupes d’islamistes sont constitués en grande partie des vestiges de DAECH/ISIS, l’ancien front al-Nosra, mais aussi de gangs djihadistes tels qu’Ahrar al-Sham ou Faylaq al-Sham. Parmi eux, il y a régulièrement des conflits pour le partage des biens pillés ou des territoires. Il règne un climat de terreur. Les enlèvements, la torture et les exécutions extrajudiciaires sont monnaie courante. Ces conditions font que de plus en plus d’habitants sont forcés à quitter leurs foyers. Des colons loyaux sont logés à leur place.

Politique d’assimilation dans les villages kurdes

Le reste de la population kurde est soumis à une campagne d’assimilation. Des rapports d’al-Bab et de Jarablus, par exemple, parlent de rassemblements forcés de la population villageoise par les services secrets turcs du MIT. Lors de ces rassemblements, sous la devise « éducation », les habitants de la région se font dire à plusieurs reprises qu’ils ne sont pas du tout kurdes, mais en fait turkmènes. Les jeunes sont contraints de rejoindre les milices d’extrême droite ou les milices islamistes « turkmènes ». Dans ce contexte, la brigade du Suleiman Shah, la brigade du Sultan Murad et le djihadiste « Parti islamique du Turkestan » jouent un rôle particulièrement important.

Les djihadistes de DAECH/ISIS portant des cartes d’identité turques

Même les djihadistes de Daesh/ISIS capturés ont à plusieurs reprises fait état des activités de leurs membres au service des forces d’occupation dans la région. Cela se traduit souvent par de graves attaques contre la population. Le 18 novembre, de vives protestations contre de telles attaques ont eu lieu à al-Bab.

Enseignement obligatoire de la langue turque

Les représentants des services secrets font pression sur la population pour qu’elle rejoigne la célèbre milice du « Parti islamique du Turkestan ». Dans le même temps, des tentatives sont faites pour inciter les peuples kurde et arabe à s’opposer l’un à l’autre. Dans les écoles, sur lesquelles on agite des drapeaux turcs et on accroche des photos de Erdoğan, le turc est enseigné par la force. La lire turque a été introduite comme monnaie obligatoire dans la région.

Politique de colonisation autour d’Afrin

L’année dernière, une ceinture turkmène a également été créée de Shera à Bilbile, districts d’Afrin. De colons turkmènes de la Ghouta orientale et d’autres régions de Syrie y ont été installés.

Les affrontements entre les forces d’occupation

Certaines milices djihadistes, qui ont fidèlement servi la Turquie pendant des années sur la ligne de front, ont récemment commencé à refuser les ordres et à protester. Parmi ces groupes figurent les gangs d’Ahrar al-Sarqiya et Jaysh al-Sharqiya. Ces deux groupes figurent sur les listes internationales de terroristes et sont responsables des crimes de guerre les plus graves depuis des années. L’État turc tente de se débarrasser de ces groupes en les envoyant en Libye pour soutenir le régime des Frères musulmans. Cependant, de nombreux membres de ces milices ne sont pas prêts à s’engager dans le combat désespéré contre le général Haftar, qui a été mis à niveau par la Russie, et se retournent maintenant contre l’État turc. Dans des endroits comme al-Bab, Afrin et Azaz, l’État turc a ordonné à ses milices turkmènes de dissoudre ces deux groupes parce qu’ils n’obéissaient pas aux ordres. En conséquence, des affrontements féroces ont eu lieu entre les milices ces derniers jours. C’est dans ce contexte qu’il faut également considérer l’attaque la plus récente des pétroliers lourds en Afrique, au cours de laquelle plus de 40 civils ont trouvé la mort. A al-Bab, Jarablus et Afrin, il y a aussi des combats répétés qui durent des heures.

Les préparatifs d’annexion en cours

Hüseyin Velo, d’al-Bab, appelle la communauté internationale à faire enfin quelque chose pour mettre fin à la politique inhumaine de la Turquie dans la région : « Une identité turkmène est imposée aux Kurdes et aux Arabes ici dans la région. Ils veulent faire exactement la même chose que ce qu’ils ont fait à Hatay. La structure démographique a déjà été modifiée en faveur de la Turquie. Toutes les personnes qui s’identifient comme turkmènes se voient offrir un emploi, tandis que les autres sont condamnées à mourir de faim ».

ANF

Il y a des jours où le soleil regrette de s’être levé pour les humains

0
Je me dis souvent qu’il y a des jours où le soleil doit s’en vouloir amèrement de s’être levé au-dessus de la planète Terre où des individus appartenant à l’espèce humaine font pâlir de jalousie le diable, tant leurs agissements sont abjects. En effet, en tant que Kurde exilée focalisée sur ce qui se passe au Kurdistan mais aussi dans la diaspora kurde et les horreurs qu’on fait vivre aux Kurdes, sans parler des coups bas dont nous sommes victimes, parfois de la part de personnes déguisées en « amis » qui profitent de notre bienveillance, je me dis que le soleil doit s’en vouloir de s’être levé et d’assister à un tel spectacle macabre… 
 
Il ne passe pas un seul jour, sans qu’on relaye des horreurs dont notre peuple est victime. Un jour, on apprend que des ossements d’un jeune Kurde (Agit Ipek) tué lors de combats contre l’armée turque sont envoyés à sa mère par la poste, 3 ans après sa mort.
Un autre jour, on apprend qu’un autre jeune Kurde (Devran Dinç) porté disparu est retrouvé sans vie avec des traces de torture sur le corps près d’un poste de police turque dans une ville du Bakur. 

Un autre jour, on apprend qu’une chanteuse kurde (Nûdem Durak), accusée par l’Etat turc de faire du « terrorisme » pour avoir chanté dans sa langue maternelle, doit rester en prison pendant 19 ans.

Un autre jour, on apprend que le cadavre d’un chanteur d’origine kurde-alévie (Ibrahim Gokçek, guitariste de Grup Yorum décédé après 323 jours grève de la faim) est enlevé par la police turque dans le lieu de culte alévi, à Istanbul/Gazi.

 
Un autre jour, on apprend que l’Etat turc a coupé l’eau de plus d’un million de civils au Rojava, en pleine pandémie du coronavirus (COVID-19).
Un autre jour, on apprend qu’une prisonnière politique kurde (Zeinab Jalalian) souffrant de graves maladies qui risque de mourir en prison, est mise en isolement par ses bourreaux iraniens.

Un autre jour, on apprend que les mollahs iraniens ont accéléré l’exécution des prisonniers, dont des Kurdes.

Un autre jour, on apprend que les soldats turcs détruisent les tombes des combattants kurdes.

Un autre jour, on apprend que le camp de réfugiés kurdes de Makhmur (Maxmur), au Kurdistan du Sud, est sous l’embargo total depuis plusieurs mois, malgré la pandémie du coronavirus, pour faire plaisir à la Turquie qui prétend que le camp abrite des combattants du PKK.

 

Un autre jour, on apprend qu’une femme kurde (Şadiya Ahmed, 36 ans, mère de 3 enfants) originaire du Rojava, réfugiée en Allemagne, a été assassinée par son mari violent alors qu’elle avait déjà porté plainte contre le mari qui était interdit d’approcher sa femme.
 
Un autre jour, on apprend que plus de 50 000 prisonniers politiques en Turquie, dont des dizaines de milliers de Kurdes, sont interdits de quitter les prisons turcs alors qu’ils sont menacés par la pandémie du coronavirus alors que par ailleurs des criminels (exemple: le chef mafieux Alaattin Çakici, proche des services secrets turcs, remis en liberté après 16 ans de détention) sont libérés par le même pouvoir.
 
Un autre jour, on apprend qu’un jeune réfugié kurde (Resul Ozdemir qui a survécu aux massacres de Cizre de février 2016, et condamné à près de 15 ans de prison par la « justice » turque) est remis à la Turquie par la Suède alors qu’il est qualifié de « terroriste » et qu’il risquait également d’être torturé une fois livré à la Turquie.
 
Il y a tant d’horreurs de ce genre subis par les Kurdes au quotidien, comme si cela était leur destin forcé et qu’on a beau se battre avec acharnement, que cela ne changera rien car nous sommes un peuple apatride laissé à la merci des quatre Etats colonialistes occupant le Kurdistan qui ont le soutien total de l’OTAN, de l’ONU et des puissances occidentales.
Mais nous les Kurdes, têtus que nous sommes, on a dû mal à nous habituer à un tel « destin ». On continue de se lever chaque jour pour reprendre la lutte où on l’avait laissée la veille car nous sommes persuadés que nous aussi, nous méritons de vivre libres comme tous les autres femmes et hommes sur cette terre, sans nous plier devant des bourreaux, qu’ils aient le visage d’Etats et/ou du patriarcat. Qu’importe toutes les larmes qu’on verse, en plus de celles qu’on ravale, à cause de tant de souffrances et qu’importe notre solitude centenaire où seules les montagnes nous serrent encore dans leurs bras… 
 
Keça Bênav (la fille sans nom)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

TURQUIE. Le cadavre du musicien de Grup Yorum, Ibrahim Gokçek, enlevé par la police

0
TURQUIE – ISTANBUL – Aujourd’hui, la police a attaqué les funérailles d’Ibrahim Gökçek avec des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène. Elle a enlevé le cadavre de Gokçek, guitariste de Grup Yorum décédé hier, a été enlevé de la maison de culte alévie du quartier Gazi par la police turque. L’épouse de Gokçek, Sultan Gökçek, qui est emprisonnée depuis 4 ans, n’a pas été autorisée à participer aux funérailles de son mari.
 
La police turque a saccagé la maison de culte de Gazi où le corps d’Ibrahim Gokçek se reposait. Elle a enlevé le corps du musicien. Par ailleurs, une dizaine de personnes, dont le père d’Ibrahim Gokçek, ont été arrêtées par la police qui a attaqué le rassemblement en hommage à Ibrahim Gokçek. Des députés du parti HDP sont également sur place pour essayer de parlementer avec les autorités turques pour qu’elles rendent le corps de Gokçek.
 
Le corps de Gokcek avait été transporté jeudi de la morgue de l’hôpital au lieu de culte des Alévis (cemevi) du quartier Gazi, à Istanbul. La police turque a assiégé le quartier Gazi et empêche tout mouvement de masse dans la zone.
 
Ibrahim Gökçek, qui avait mis fin à la grève de la faim le 323 ème jour, est mort hier à l’hôpital où il était soigné. Gokcek avait mis fin a son action suite à la promesse d’un concert, faite par le pouvoir turc après plusieurs années de persécutions des membres de Grup Yorum accusés de faire du « terrorisme ».
 
Après le décès d’Helin Bolek survenu le 3 avril dernier, son camarade de scène, Ibrahim Gokçek est décédé après une grève de la faim de 322 jours car il était accusé de faire du terrorisme et il était interdit de faire de la musique ! (N’oublions pas que des musiciens kurde, comme Nûdem Durak, sont emprisonnés en Turquie pour avoir chanté dans leur langue maternelle.)
İbrahim Gökçek, membre du groupe de musique Grup Yorum*, comme Hêlin Bölek, demandait la fin des persécutions étatiques les empêchant de chanter et qui les accusent de terrorisme pour avoir fait de la musique contestataire !
*Helin Bölek et İbrahim Gökçek, membres du groupe de musique Grup Yorum, ont débuté une grève de la faim depuis le 16 mai 2019 en raison des restrictions à leur liberté d’expression artistique imposées par les autorités. En raison des chants politiques de Grup Yorum, le gouvernement turc considère les membres comme des terroristes et a emprisonné plusieurs membres du groupe pour « appartenance à une organisation terroriste ». D’autres membres du groupe se sont réfugiés à l’étranger pour échapper à la prison.
 
Le guitariste du Grup Yorum, İbrahim Gökçek et 5 autres membres du groupe ont été placés par la Turquie sur la liste des «terroristes les plus recherchés». Il y a une récompense de 300 000 lires turques (46 000 euros) pour chacun d’entre eux en fuite à l’étranger. Gökçek était emprisonné depuis près de 2 ans sur la base d’une déclaration de «témoin secret» et sans acte d’accusation ni audience.

Connaissez-vous le mast, le yaourt kurde ?

0
Avec l’arrivée du printemps, des paysans kurdes sont partis dans les pâturages (« zozan » en kurde) avec leurs troupeaux de chèvres et de brebis qui ont mis bas leurs petits. Tandis que les troupeaux se régalent des herbes parfumées des montagnes, les paysans kurdes sont occupés à faire du fromage (penîr) et du yaourt (mast) ainsi que du beurre (rûn) grâce au lait abondant de chèvres et de brebis.
 
C’est pourquoi, on a voulu vous donner la recette du yaourt que les Kurdes consomment notamment au petit-déjeuner ou pour faire du tzatziki ou d’autres plats à base de yaourt. Le mast des Kurdes a le même goût que celui que vous connaissez sous le nom du yaourt bulgare ou grec qu’on trouve en Occident.     
 
Pour faire votre yaourt, vous avez besoin d’un litre de lait entier frais et d’un petit pot de yaourt nature grec.
 
Préparation :
 
Versez 1 litre de lait entier frais (vous pouvez prendre le lait de vache si vous ne trouvez pas de lait de chèvre ou de brebis) dans une casserole après l’avoir rincé à l’eau pour éviter que le lait colle au fond de la casserole.
 
Faites bouillir votre lait à feu doux, en le remuant avec une spatule de temps à autre. (Attention à ne pas laisser le lait sans surveillance pour éviter qu’il déborde.)
 
Versez votre lait dans un saladier et laissez le tiédir jusqu’à 50°C. (Normalement, une fine couche de gras se formera sur votre lait qu’on appelle « tuq ».) Comme vous n’avez probablement pas de thermomètre de cuisinier, trempez dans le lait votre doigt bien lavé. S’il ne brûle pas, c’est que votre lait est à la température idéale pour y ajouter le pot de yaourt que vous aurez fouetté précédemment avec une fourchette jusqu’à qu’il ait une consistance bien liquide, presque comme du lait.
 
Remuez le lait après l’ajout du yaourt. Couvrez-le avec un couvercle puis maintenez-le au chaud en couvrant d’une ou deux serviettes de bain bien épaisses pour qu’il ne refroidisse pas trop vite. Ce qui empêcherait la fermentation. Laissez-le fermenter pendant 3 heures. Ensuite, enlevez les serviettes et mettez votre yaourt a frigo.
 
Vous pouvez le consommer dès le lendemain.
 
Sinon, si vous ajouter de l’eau à votre yaourt en le fouettant, vous obtiendrez une boisson que les Kurdes appellent « dew » qu’ils consomment lors des repas.
 
Nosican be / bon appétit
 

Le cadavre d’un jeune Kurde trouvé près d’un poste de police à Amed

0
TURQUIE / BAKUR – Le cadavre torturé de Devran Dinç, un jeune Kurde de 21 ans, a été découvert à deux pas d’un poste de police turque, dans le quartier historique d’Amed, une zone interdite au publique et surveillée par des caméras de surveillance des forces de sécurité turques. 
 
Le corps sans vie de Devran Dinç, qui se rendait une fois par semaine à Sur, le quartier historique de Diyarbakır (Amed), qui n’avait pas de cercle d’amis, qui ne faisait que jouer de la tembur et lisait des livres, a été retrouvé à l’intérieur des remparts de Sur, 4 jours après avoir quitté la maison. Le père İsmet Dinç a déclaré que le corps de son fils portait des traces de torture.
 
Devran Dinç, qui a quitté son domicile dans le district de Bağlar à Diyarbakır le 30 avril, n’est pas rentré chez lui ce jour-là. Les recherches de la famille ayant échoué, le corps de Devran a été retrouvé le 4 mai, derrière la porte verrouillée de Kirikkapi des remparts de Sur, près d’un poste de police.
 
La famille dénonce les irrégularités dans le traitement du dossier de leur enfant par la police turque qu’ils avaient contactée dès le premier jours de la disparition de Devran.
 
Via l’agence Mezopotamya
 

A vos chants, en réponse aux assassins d’Ibrahim Gokçek !

0
MUSIQUE. En Turquie, les autorités turques se sont rendues responsables de la mort de 2 musiciens du Grup Yorum en l’espace d’un mois !
 
Le 3 avril dernier, Helin Bolek, une chanteuse de Grup Yorum* nous quittait après 288 jours de grève de la faim. Son camarade de scène, Ibrahim Gokçek est décédé après une grève de la faim de 322 jours car il était accusé de faire du terrorisme et il était interdit de faire de la musique.
 
Ibrahim Gökçek, qui a mis fin à la grève de la faim le 323 ème jour, suite à la promesse d’un concert, faite par le pouvoir turc, est mort à l’hôpital où il était soigné. 
 
Aux assassins de la musique, chaque fois que vous provoquez la mort d’un musicien ou une musicienne, des milliers d’autres personnes se mettront à chanter ou à faire de la musique car la musique est immortelle et une vie sans musique est comme un monde sans oxygène ! C’est pourquoi, on ne vous permettra pas de nous priver d’oxygène.
 
 
*Helin Bölek, dont le prénom signifie « nid » en kurde, et İbrahim Gökçek ont débuté une grève de la faim depuis le 16 mai 2019 en raison des restrictions à leur liberté d’expression artistique imposées par les autorités. En raison des chants politiques de Grup Yorum, le gouvernement turc considère les membres comme des terroristes et a emprisonné plusieurs membres du groupe pour « appartenance à une organisation terroriste ». D’autres membres du groupe se sont réfugiés à l’étranger pour échapper à la prison.
 
İbrahim Gökçek et 5 autres membres du groupe ont été placés par la Turquie sur la liste des «terroristes les plus recherchés». Il y a une récompense de 300 000 lires turques (46 000 euros) pour chacun d’entre eux en fuite à l’étranger. Gökçek était emprisonné depuis près de 2 ans sur la base d’une déclaration de «témoin secret» et sans acte d’accusation ni audience.
 
 
 
 

En Turquie, on assassine la musique !

0
TURQUIE – ISTANBUL – En Turquie, on achève bien la musique en emprisonnant ou en laissant mourir les musiciens car leurs chansons dérangent le pouvoir.
 
Le guitariste de Grup Yorum, Ibrahim Gökçek, qui a mis fin à la grève de la faim le 323 ème jour, est mort à l’hôpital où il était soigné.
 
Ibrahim Gokcek avait mis fin a son action suite à la promesse d’un concert, faite par le pouvoir turc.
 
Après le décès d’Helin Bolek survenu le 3 avril dernier, son camarade de scène, Ibrahim Gokçek est décédé après une grève de la faim de 322 jours car il était accusé de faire du terrorisme et il était interdit de faire de la musique ! (N’oublions pas que des musiciens kurde, comme Nûdem Durak, sont emprisonnés en Turquie pour avoir chanté dans leur langue maternelle.)
 
İbrahim Gökçek, membre du groupe de musique Grup Yorum*, comme Hêlin Bölek, demandait la fin des persécutions étatiques les empêchant de chanter et qui les accusent de terrorisme pour avoir fait de la musique contestataire !
 
*Helin Bölek et İbrahim Gökçek, membres du groupe de musique Grup Yorum, ont débuté une grève de la faim depuis le 16 mai 2019 en raison des restrictions à leur liberté d’expression artistique imposées par les autorités. En raison des chants politiques de Grup Yorum, le gouvernement turc considère les membres comme des terroristes et a emprisonné plusieurs membres du groupe pour « appartenance à une organisation terroriste ». D’autres membres du groupe se sont réfugiés à l’étranger pour échapper à la prison.
Le guitariste du Grup Yorum, İbrahim Gökçek et 5 autres membres du groupe ont été placés par la Turquie sur la liste des «terroristes les plus recherchés». Il y a une récompense de 300 000 lires turques (46 000 euros) pour chacun d’entre eux en fuite à l’étranger. Gökçek était emprisonné depuis près de 2 ans sur la base d’une déclaration de «témoin secret» et sans acte d’accusation ni audience.

De Fanon aux ventilateurs : lutter pour notre droit de respirer

0
« Pour les États néolibéraux, la pandémie est une menace racialisée pour la sécurité et une opportunité de marché. Notre combat est pour le droit de respirer – dans tous les sens du terme. »
 
[Pour ceux qui disent « Quel rapport avec les Kurdes ? », on vit sur la même planète terre et toutes les mesures prises dans le cadre de la pandémie du coronavirus (COVID-19) nous concernent tous, où qu’on se trouve dans le monde. De plus, au Kurdistan-même, les Kurdes subissent la discrimination raciale imposée par les Etats colonialistes occupant les 4 parties du Kurdistan.]
 
Par Arun Kundnani
 
Les élites dirigeantes poursuivent la convergence de deux rêves dans leur réponse à COVID-19: un rêve d’État et un rêve de marché. Le rêve de l’État implique de vider l’espace public des populations indisciplinées – pauvres, migrants, racialisés, manifestants. Le rêve du marché est un monde régi par des algorithmes basés sur le marché, abstraits des relations humaines. COVID-19 a fourni un prétexte pour que les deux se réalisent. Alors que nous subissons des pressions pour vivre une vie docile privatisée, domestiquée et séparée, soutenue par une répression gouvernementale intensifiée, nous devrons défendre non seulement notre droit aux soins de santé, mais aussi notre droit d’être pleinement humain: notre droit de respirer – dans tous les sens.
 
La guerre contre le terrorisme nous offre des leçons sur ce qui se passe dans les états d’urgence. Ce qui a été présenté comme des mesures d’urgence temporaires après le 11 septembre est rapidement devenu un pouvoir permanent de l’État. L’autorisation d’utilisation de la force militaire, adoptée par le Congrès américain dans les jours qui ont suivi le 11 septembre, a effectivement permis à l’armée américaine de traiter le monde entier comme un champ de bataille; il reste en vigueur à ce jour. Il y a toujours des prisonniers à Guantánamo qui n’ont été reconnus coupables d’aucun crime. Et la législation antiterroriste introduite dans le monde dans les années qui ont suivi le 11 septembre reste presque entièrement inscrite dans les statuts. De plus, le racisme antimusulman qui a été alimenté par la guerre contre le terrorisme est toujours avec nous. En effet, il s’est propagé à la Chine, Mynamar, la Thaïlande, le Sri Lanka et l’Inde, où les musulmans ont maintenant été le bouc émissaire du virus.
 
La violence militaire inutile de la guerre contre le terrorisme des États-Unis a causé la mort de plus de 800 000 personnes. Son budget de 6 400 milliards de dollars représente une vaste réorientation des ressources qui auraient pu être utilisées pour construire des systèmes publics de santé ou d’éducation adéquats. En effet, beaucoup d’entre nous qui ont critiqué la guerre contre le terrorisme ont longtemps soutenu que l’objectif de la politique de sécurité devrait être de cultiver des relations sociales et écologiques saines plutôt que d’éliminer une série de menaces exagérées, telles que le terrorisme international.
 
Plutôt que de redéfinir la sécurité en termes de santé, nous sommes désormais susceptibles de voir la santé redéfinie en termes de sécurité. Les États néolibéraux ont pendant des décennies dilué la capacité de fournir des services publics tout en augmentant leurs capacités de maintien de l’ordre et de guerre. Maintenant, les réponses de santé publique dont nous avons besoin sont intégrées dans un lien plus large de sécurité nationale.
 
LE CONTRÔLE DE L’ESPACE PUBLIC
 
Le besoin réel de verrouillage et de quarantaine en réponse à COVID-19 a été exploité par les États du monde entier pour intensifier les schémas de violence qui sont déjà normalisés dans les services de police. En France, les banlieues de la classe ouvrière voient leur sanction des violations des règles de confinement trois fois plus élevée que dans le reste du pays. En Grèce, les migrants et les demandeurs d’asile sont harcelés , crachés et fouillés à nu par la police qui applique les règles COVID-19. En Bulgarie, un certain nombre d’établissements roms ont été placés en quarantaine obligatoire, avec des murs de séparation construits, des tests forcés et l’utilisation de drones avec capteurs thermiques pour prendre à distance la température des résidents.
 
En Israël, le siège de Gaza n’a pas été assoupli pour permettre une assistance de santé publique; il semble plutôt qu’Israël annexera une grande partie de la Cisjordanie sous le couvert du virus. En Inde, le gouvernement exploite la pandémie pour intensifier la répression au Cachemire. Au milieu du chaos de la pandémie aux États-Unis, les États du Kentucky, du Dakota du Sud et de la Virginie-Occidentale ont adopté des lois imposant de nouvelles sanctions pénales aux manifestations contre les oléoducs et les gazoducs.
 
Les migrants et les réfugiés sont particulièrement vulnérables. Des centaines de travailleurs migrants au Qatar ont été informés qu’ils se faisaient proposer des tests, puis emmenés pour être détenus et expulsés. En Méditerranée, des soldats maltais ont vandalisé un bateau échoué, entraînant la mort d’au moins cinq de ses passagers réfugiés. Le Premier ministre Robert Abela a déclaré que de telles actions étaient nécessaires en raison de COVID-19. De même, la Malaisie a refoulé des bateaux transportant des réfugiés de Rohingya et a arrêté et détenu plus de 500 migrants.
 
En cas de pandémie, des restrictions à la liberté de circulation peuvent être nécessaires pour protéger la santé publique. Mais lorsque les pauvres arrivant par bateau sont refoulés tandis que les riches arrivant en jet privé sont libres d’entrer, il ne s’agit pas de contrôler le virus mais de contrôler les dépossédés. Dans les centres de détention pour immigrés, qui sont restés peuplés tout au long de la pandémie, il n’y a aucune protection contre la propagation du virus – plus de 75% seront probablement infectés.
 
Alors que des mesures de verrouillage sont imposées aux pauvres sans tenir compte des besoins en nourriture, en eau et en abris, des manifestations éclatent inévitablement, pour se heurter à une violence policière extrême. En Afrique du Sud, les résidents des quartiers informels refusent de rester à l’intérieur et de mourir de faim. On estime que 5,5 millions de travailleurs du secteur informel ont perdu leurs moyens de subsistance , affectant 16,5 millions de personnes. Les forces de sécurité ont déchargé des canons à eau et des balles en caoutchouc pour imposer le verrouillage aux pauvres des villes. De même, en Inde, la police a tiré des gaz lacrymogènes sur des travailleurs migrants sans emploi qui protestaient contre la fermeture du coronavirus.
 
Ailleurs, des journalistes, blogueurs et militants critiques ont été arrêtés. Au Sri Lanka, les forces de police ont agi contre des personnes publiant des messages sur les réseaux sociaux critiquant des responsables gouvernementaux. Au Pakistan, ils ont arrêté des dizaines de médecins et de personnel médical qui protestaient contre le manque d’équipement de protection individuelle.
 
DES EFFETS DISPROPORTIONNÉS
 
Les manières violentes dont les États réagissent à la pandémie s’ajoutent à des schémas d’inégalité plus larges au sein desquels le virus nuit de manière disproportionnée aux autochtones, aux migrants, aux bas salaires et aux personnes de couleur. Comme l’a écrit Ruth Wilson Gilmore, le racisme peut être compris comme «une vulnérabilité différenciée par groupe à la mort prématurée».
 
Au Royaume-Uni, les personnes de couleur représentent plus d’un tiers des patients gravement malades hospitalisés avec le virus, bien qu’ils représentent moins de 15% de la population. À Chicago, les Afro-Américains représentent 64% des décès dus au COVID-19, bien qu’ils représentent 30% de la population. Quarante pour cent des décès dus à COVID-19 dans le Michigan sont survenus chez les Afro-Américains, qui représentent 14 pour cent de la population du Michigan.
 
Le risque d’infection plus élevé, le risque d’hospitalisation plus élevé après l’infection et le risque de décès plus élevé sont tous en corrélation avec les inégalités raciales et de classe. Les causes en sont des logements surpeuplés, des pénuries d’eau potable, des conditions de travail dangereuses, des inégalités de santé préexistantes et des hôpitaux insuffisamment financés. L’American Civil Liberties Union estime que la grande population carcérale aux États-Unis entraînera elle-même 100 000 décès supplémentaires.
 
À mesure que le virus se propage à travers l’Asie du Sud, l’Afrique, l’Amérique latine et les Caraïbes, les inégalités dans les effets du virus deviendront d’autant plus visibles. Frantz Fanon a écrit que les révoltes anticoloniales se produisent quand il devient «impossible de respirer». Plus récemment, «Je ne peux pas respirer» – les derniers mots infâmes d’Eric Garner alors qu’il était étouffé à mort par la police de New York – a été repris par le mouvement Black Lives Matter aux États-Unis. Cela prend maintenant une nouvelle couche de sens pour ces milliers de personnes qui mourront parce qu’elles n’étaient pas blanches ou assez riches pour avoir accès à un ventilateur d’hôpital.
 
LA THÉORIE DU COMPLOT
 
Aux États-Unis, Trump avait déjà déclaré l’état d’urgence en février 2019, afin d’affirmer son pouvoir exécutif pour construire un mur séparant les États-Unis du Mexique. Maintenant, dans une situation d’urgence réelle plutôt qu’inventée, le gouvernement américain n’a pas été en mesure de mobiliser quoi que ce soit comme une réponse efficace des soins de santé publics. Au lieu de cela, Trump a décrit le coronavirus comme le «virus chinois» et «l’ennemi invisible», coordonnant apparemment ses messages avec le Premier ministre hongrois Victor Orbán, qui a d’abord utilisé ces mêmes phrases à la même date que Trump . Comme les États-Unis, la Hongrie avait déjà déclaré un «état de crise dû à la migration de masse».
 
La théorie anti-conspiration chinoise est devenue l’un des principaux moyens de discuter publiquement du virus aux États-Unis. L’idée que le virus provenait d’un laboratoire chinois a été promue non seulement par Fox News mais aussi par le Washington Post , où Josh Rogin a écrit de la possibilité que «la pandémie soit le résultat d’un accident de laboratoire à Wuhan». Le secrétaire d’État Mike Pompeo a approuvé cette affirmation et Trump a insinué que la Chine avait utilisé le virus pour détruire l’économie américaine. Les membres du congrès suggèrent des sanctions qui comprennent la sanction des dirigeants chinois, la suppression des fabricants de médicaments chinois des chaînes d’approvisionnement, le refus de rembourser la dette et le lancement d’une enquête internationale dirigée par les États-Unis sur la propagande de Pékin. Le candidat démocrate à la présidentielle Joe Biden a publié sa propre vidéo de campagne anti-chinoise .
 
Il est bien sûr vrai que le virus est originaire de Chine et que les autorités y ont initialement caché au public des informations sur le virus. Mais il n’y a aucune raison de conclure que le virus est originaire d’un laboratoire chinois. En tout cas, ce qui anime la théorie du complot anti-chinois n’est pas le désir de découvrir la vérité. Comme la pensée conspirationniste américaine anti-communiste, antisémite et anti-musulmane du passé, elle sert un objectif différent. Les politiciens doivent expliquer pourquoi la pandémie s’est produite, pourquoi elle s’est propagée si voracement et a causé tant de ravages, et ce qui a été fait pour garantir que la dévastation ne se reproduira pas. Comme l’a écrit Mike Davis, la seule réponse véridique à ces demandes est de souligner que «la mondialisation capitaliste semble désormais biologiquement insoutenable en l’absence d’une véritable infrastructure de santé publique internationale».
 
Mais la théorie du complot en Chine nous offre plutôt une illusion collective réconfortante. En déplaçant le problème sur une abstraction appelée «Chine», nous pouvons éviter les discussions difficiles sur l’agriculture capitaliste, les soins de santé publics et les inégalités raciales et mondiales que la pandémie devrait induire. Ironiquement, la mobilisation du sentiment anti-chinois en Occident va de pair avec une similitude croissante dans les formes de régime autoritaire que les gouvernements occidentaux et l’État chinois déploient.
 
[LE MONDE] ALGORITHMIQUE
 
Confinées à nos foyers connectés à Internet, si nous en avons, nos vies sont prises au piège de dépendances de plus en plus profondes à l’égard des sociétés de médias numériques. Amazon, Zoom, Netflix et similaires ont fourni l’infrastructure d’isolement. Mais plus nos relations sont médiatisées par des algorithmes numériques, plus il est facile de réaliser le rêve néolibéral d’un monde régi par la logique des marchés. Chaque fois que la période d’urgence de la pandémie prend fin, nous sommes susceptibles d’émerger avec des structures sociales qui sont plus profondément numérisées, commercialisées et domestiquées – avec des implications profondes pour notre capacité future à se réunir dans des communautés humaines sans intermédiaire par les relations du marché.
 
Les prestataires de soins de santé et les universités, par exemple, ont introduit des services en ligne comme réponse d’urgence au virus. Mais les sociétés fournissant l’infrastructure pour ces services vont maintenant essayer de faire de celles-ci le moyen standard pour les moins riches de recevoir des soins médicaux et des études supérieures.
 
Déjà, les dirigeants politiques rivalisent pour s’imposer comme pourvoyeurs de commercialisation au milieu de la crise. Dans un discours prononcé le 3 février, le Premier ministre britannique Boris Johnson a déclaré « qu’il existe un risque que de nouvelles maladies telles que le coronavirus déclenchent une panique et un désir de ségrégation du marché », ce qui signifie des restrictions à la mondialisation néolibérale. Au lieu de cela, a-t-il dit, « l’humanité a besoin d’un gouvernement quelque part qui soit au moins disposé à défendre avec force … le droit des populations de la terre d’acheter et de vendre librement entre elles ». Ainsi, la Grande-Bretagne défendra le marché libre à l’échelle mondiale contre quiconque voit dans le virus une raison de poursuivre d’autres modèles.
 
Nous ne devons donc pas être éblouis par les arguments selon lesquels la pandémie renforcera automatiquement la gauche. Certains prétendent même que le néolibéralisme s’effondre alors que les États deviennent au cœur de la réponse médicale et économique au virus. Ceci est une illusion séduisante. Il repose sur l’hypothèse fausse que le néolibéralisme peut simplement être défini comme moins de gouvernement. Le néolibéralisme est mieux compris comme le déploiement de rationalités de marché pour désagréger l’action collective visant la justice sociale. Sur cette définition, la pandémie apporte autant d’opportunités néolibérales que de risques. Les marchés financiers indiquent que les investisseurs pensent qu’il y a plus de la première que de la seconde: avril 2020 a été le meilleur mois de Wall Street depuis des décennies. Et, entre le 18 mars et le 10 avril, la richesse combinée des milliardaires américains a augmenté de près de 10%, selon l’Institut d’études politiques.
 
NOTRE POUVOIR EST DANS LES RUES
 
Nous devons certainement nous battre pour qu’un nouvel ordre social soit construit sur les ruines laissées par la pandémie – un ordre organisé sur les besoins humains plutôt que sur le profit des entreprises. Mais nous devons reconnaître que nous le faisons dans une position où les progrès ne sont pas garantis par la structure de la situation dans laquelle nous nous trouvons. Ce que nous savons, c’est que nous ne pouvons pas attendre pour résister aux nouvelles mesures à venir – parce que ce qui est mis en place aujourd’hui sera plus difficile à défaire demain.
 
Nous savons également que notre force réside dans notre capacité humaine de solidarité et notre riche héritage de luttes sociales. Notre capacité à organiser, à construire des mouvements, à nous rassembler – quoique sous de nouvelles formes – est plus précieuse que jamais. Comme Sivanandan mis , nous devons tenir à « une foi simple des êtres humains et une profonde connaissance que, par lui – même ou elle – même, l’individu est rien, que nous devons confirmer et confirmer par l’autre, que seulement le bien collectif que nous-mêmes pouvons mettre en avant et grandir. »
 
Ce qui rend le virus si dévastateur, c’est la façon dont il exploite nos vies sociales pour se propager. Mais il existe encore de nombreux moyens sûrs de se mobiliser collectivement. En effet, pour de nombreux travailleurs – comme les travailleurs des centres d’appels , des livraisons et des entrepôts – la grève est plus sûre que le travail. Et nous ne pouvons pas abandonner les rues – c’est de là que dérive notre pouvoir. Comme le dit la journaliste Susie Day, « la révolution ne sera pas mise en quarantaine! »
 
Publié par ROAR magazine