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IHD TURQUIE : Les gens doivent s’opposer aux attaques de cimetières et de funérailles

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TURQUIE – ISTANBUL – En Turquie, les Kurdes et la minorité religieuse alévie sont victimes d’attaques racistes, jusque dans les cimetières où des tombes sont détruites par des soldats ou des fascistes turcs.

 
Öztürk Türkdoğan, co-président de l’Association des droits de l’Homme, a déclaré que les attaques contre les cimetières et les tombes étaient des signes d’une mentalité de haine envers les Kurdes et les Alévis. Cette déclaration intervient après l’attaque policière contre la cemevi (la maison cultuelle alévie) d’Istanbul / Gazi le samedi 9 mai, lors de la cérémonie mortuaire pour Ibrahim Gokçek, guitariste du Grup Yorum décédé le 8 mai.
 
Türkdogan a déclaré que l’attaque policière contre la cemevi, lieu de culte des Alévis, était inacceptable et que le fait de ne pas montrer de respect aux autres lieux de culte en dehors des mosquées signifiait qu’il y a un sérieux problème.
 
Il a également noté que ce genre d’attaques était une atteinte aux principes de laïcité en Turquie, et montrait aussi que la police turque recevait des ordres des autorités religieuses : « Si aucune procédure pénale n’est engagée à l’encontre des policiers responsables de ces attaques, cela signifie clairement que le gouverneur et le chef de la police d’Istanbul agissent pour des motifs religieux, ce qui est une situation très grave. Vous ne pouvez pas attaquer un enterrement parce qu’il a lieu dans le cimetière.
 
« Une fois de plus, ces attaques montrent la discrimination et la répression de la communauté alévie. Une situation déjà condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme à plusieurs reprises. En Turquie, il y a 20 millions d’Alévis. »
 
Rappelant que c’est un crime d’enlever les restes d’une personne et de détruire des tombes, Türkdoğan a souligné qu’une enquête doit être ouverte contre ceux qui le font. Déclarant que les attaques sur les funérailles et les cimetières constituent le crime d’ « insulte à la mémoire de la personne » selon le code pénal turc, Türkdoğan a déclaré que les victimes devraient déposer une plainte pénale concernant ces attaques. « Les Alévis ont été humiliés par les attaques dans les cimetières et le peuple kurde par la destruction des tombes ».
 

TURQUIE – Le coronavirus fait des ravages dans les prisons

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TURQUIE / BAKUR – Dans les prisons surpeuplées de la Turquie et des régions kurdes du pays, des centaines de milliers de détenus, dont 50 000 de prisonniers politiques – sont laissés à la merci de la pandémie du coronavirus (COVID-19). Chaque jour, de nouveaux cas de contaminations de détenus sont signalés.

 

Le 21 avril, 65 infections confirmées ont été signalées dans la prison d’Izmir-Buca. Le 28 avril, 21 infections ont été signalées parmi les prisonniers et le personnel pénitentiaire de la prison de type E de Konya. Mais il n’existe pas de données précises sur la propagation du coronavirus dans les prisons turques. Les chiffres ne sont connus que pour certaines prisons.

 

Le 8 mai, le ministère public de Bakırköy a signalé 44 cas dans le 7e établissement du complexe pénitentiaire de Silivri, près d’Istanbul. 40 prisonniers ont été mis en quarantaine malgré des résultats de tests négatifs en raison de contacts antérieurs avec des personnes infectées. Selon les médias, six gardiens de la prison de type E de Mardin ont été testés positifs.
Dans un rapport publié aujourd’hui, l’association des avocats libertaires ÖHD et l’organisation de solidarité des prisonniers d’Istanbul TUHAY-DER soulignent que le risque d’infection dans les prisons est encore très élevé et que les mesures prises pour prévenir la propagation de la pandémie sont insuffisantes.
Les visites de la famille sont toujours interdites et les avocats peuvent s’entretenir avec leurs clients par une fenêtre de séparation. Les soins médicaux prodigués aux prisonniers, déjà très précaires auparavant, se sont considérablement détériorés en raison de la pandémie. L’alimentation s’est également détériorée, car la nourriture ne peut plus être commandée à l’extérieur des prisons. L’offre des cantines des prisons ne répond pas à la demande et les repas sont de bien moindre qualité puisque des milliers de prisonniers utilisés comme personnel de cuisine ont été libérés dans le cadre de la réforme des prisons.
Le rapport critique également le fait que les salles de détention ne sont pas nettoyées et que les désinfectants ne sont disponibles qu’à l’achat. Les prisonniers n’ont qu’un accès très limité à la cour et il n’y a souvent pas d’eau chaude.
Dans leur rapport, les deux organisations déclarent : « Comme les prisonniers n’ont souvent aucun contact avec le monde extérieur pendant une longue période, ils sont plus sensibles aux maladies virales en raison de leur système immunitaire affaibli. La propagation du virus viole leur droit à la vie et à la santé. Ils doivent être libérés immédiatement ».

Hommage à Hozan Mizgîn, la musicienne révolutionnaire kurde

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Hommage à « Hozan Mizgîn à l’occasion du 28e anniversaire de son martyre avec le sens et l’esprit de résistance, qui sont devenus la huitième note de la musique kurde. » 
 
Hozan Mizgin, née Gurbet Aydın, est une musicienne kurde qui faisait de l’ « art révolutionnaire ». Aujourd’hui, la communauté kurde lui rend hommage à l’occasion du 28e anniversaire de son martyre.
 
Hozan Mizgîn, l’une des voix féminines importantes de la musique kurde, qui a marqué la lutte de libération kurde avec sa tembur (instrument à corde kurde) et son fusil, continue de vivre grâce à ses chants repris par le peuple kurde. Hozan Mizgîn, née dans le village de Bileyder, à Batman, en 1962, a rejoint le PKK avec un groupe de jeunes peu avant le coup d’État de 1980.
 
La commission de la culture et des arts du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) a publié un communiqué pour rendre hommage à « Hozan Mizgîn à l’occasion du 28e anniversaire de son martyre avec le sens et l’esprit de résistance, qui sont devenus la huitième note de la musique kurde. »

Voici le communiqué de la commission de la culture et des arts du PKK:

« En ce mois de mai, que notre parti et notre peuple considèrent comme le mois des martyrs, nous commémorons les martyrs de la révolution, qui sont la garantie de l’avenir libre des Kurdes. Nous rendons hommage à tous les martyrs de la culture et de l’art. Nous commémorons Hozan Mizgîn qui est tombée martyre le 11 mai, ainsi que tous les martyrs de TEV-ÇAND.
 
La musique d’Hozan Mizgîn est une musique révolutionnaire. Ses paroles sont l’expression poétique d’une société et du kurde. Le rythme de sa musique est l’enthousiasme de la révolution, et son action est la représentation de la femme kurde libre. Le camarade Mizgîn est non seulement artiste, elle a été à l’avant-garde de la lutte pour la liberté dans tous les domaines, de la guerre à la politique, au plus haut niveau de responsabilité et de commandement, avec sa personnalité déterminée.
 
« Comme le dit le leader Apo (Öcalan), » l’artiste du peuple est le combattant du peuple, le combattant du peuple est l’artiste du peuple ». Dans cette optique, Hozan Mizgîn a dirigé notre culture et notre art. mouvement depuis le premier jour de la lutte.
 
Ayant réussi à réaliser à la fois la représentation militante de la musique kurde et l’idée de femmes libres, Hozan Mizgîn a réussi à se faire une réalité à la fois avec son art et son combat. Alliant la simplicité de sa vie à sa passion pour la liberté, elle est devenue la voix de la révolution.
 
Les enfants kurdes qui ont grandi avec sa voix, avec l’enthousiasme de cette voix, ont résisté et continuent de résister aux colonialistes dans les quatre parties du Kurdistan, dans la montagne, dans la plaine, dans la ville et dans les prisons. Des centaines de jeunes femmes kurdes sont devenues Mizgîn dans la lutte pour la liberté et les femmes libres sont devenues la marque de la révolution. La croyance en la révolution a été exprimée dans la voix d’Hozan Mizgîn.
 
Elle n’est pas seulement une héroïne au Kurdistan, elle est une héroïne de l’art et une révolutionnaire culturelle qui a réussi à être la voix de toutes les femmes. En la personne de la Martyre Hozan Mizgîn, nous nous souvenons de tous les martyrs de la révolution au Kurdistan et réitérons la promesse de garder leurs souvenirs vivants dans un Kurdistan libre. »
 

KURDISTAN DU SUD. Deux Kurdes kakaï tués à Khanaqin

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KURDISTAN DU SUD – Deux agriculteurs kurdes ont été retrouvés morts lundi matin dans le village de Mekhas à Khanaqin, dans la province de Diyala, après avoir été enlevés par l’État islamique alors qu’ils travaillaient dans leurs champs. (Mekhas est un village habité par des Kurdes kakaï, un groupe religieux minoritaire.)
 
L’incident est survenu alors que les récentes attaques de l’État islamique (DAECH / ISIS) signalent la résurgence du groupe terroriste dans les provinces centrales de Diyala et de Salahuddin. Outre ses attaques par délit de fuite, la tactique de longue date du groupe consiste à brûler les cultures pendant la saison des récoltes.
 
« Ils étaient quatre fermiers kurdes en train de récolter quand des membres de l’État islamique les ont attaqués. Les fermiers cueillaient leurs récoltes même la nuit en continu par peur des incendies criminels du groupe terroriste. Plus tard, les terroristes ont arrêté deux des agriculteurs, dont l’un était le chef du village », a indiqué une source à Kurdistan 24. Les deux autres se sont échappés.
 
Après une mission de recherche intensive menée lundi matin par la police du district de Khanaqin, « les deux agriculteurs ont été retrouvés tués », a indiqué la source au Kurdistan 24.
 
Mekhas est un village habité par des Kurdes kakaï, un groupe religieux minoritaire, dans le district de Khanaqin, dans la province de Diyala.
 
Personne n’a encore revendiqué la responsabilité du meurtre. Cependant, une source de la direction de la police de Khanaqin a déclaré à Kurdistan 24 que l’État islamique était soupçonné d’avoir participé à des incendies criminels contre les champs des fermiers kurdes dans les villages de Khanaqin.
 
De hauts responsables de la région du Kurdistan et des commandants peshmergas ont à plusieurs reprises averti le gouvernement irakien et la communauté internationale que l’État islamique restait actif et capable de refaire surface dans les territoires contestés pour poursuivre sa campagne de violence.
 
Un «vide de sécurité», comme l’ont décrit des responsables kurdes, a rendu les zones contestées de Diyala, Salahuddin et Kirkuk plus vulnérables aux attaques de l’État islamique.
 
Wikipedia : Les Kurdes hétérodoxes d’Irak, les Kakaï (ou Sarlis) occupent une trentaine de villages du Kurdistan irakien, principalement dans les environs de Kirkouk et de Khanaqin, ainsi qu’à proximité des villes de Tall Afar et Mossoul.

TURQUIE. Des fascistes turcs veulent déterrer le cadavre d’Ibrahim Gökçek

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TURQUIE – KAYSERI – En Turquie, on ne se contente pas de faire taire la voix contestataire des opposants, on essaye de faire disparaître leurs cadavres également.
 
Depuis cette nuit, un groupe de fascistes turcs est rassemblé devant le cimetière de Kayseri où Ibrahim Gokçek, le guitariste de Grup Yorum, est enterré. Les fascistes disent vouloir déterrer le cadavre et le brûler, traitant Gokçek de « terroriste »...
 
Depuis cette nuit, une foule haineuse dénonce la présence, dans le cimetière de Kayseri, du cadavre d’Ibrahim Gokçek qui a été enterré le samedi 9 mai. Gökçek* est décédé le 8 mai, deux jours après avoir arrêté sa grève de la faim au 323ème jours. La cimetière est gardé par la police pour le moment.
 
Les fascistes déclarent qu’Ibrahim Gokçek ne mérite pas d’être enterré dans ce cimetière ou des « martyrs » turcs sont enterrés. Ils affirment qu’ils vont finir par déterrer le corps et le brûler…
 
De nombreux Kurdes sont dépités de voir que des jeunes Kurdes donnent leurs vies en espérant « démocratiser » enfin la Turquie dont l’existence est basée sur le fascisme et de génocides, que ce soit celui des Arméniens, des Kurdes, des Grecs, des Yézidis…
 
*Gokcek avait mis fin a son action suite à la promesse d’un concert, faite par le pouvoir turc, après plusieurs années de persécutions des membres de Grup Yorum accusés de faire du « terrorisme ». Son enterrement a eu lieu sous la violence policière et les personnes qui ont voulu assister à enterrement ont été attaquées par la police turque.
Après le décès d’Helin Bolek survenu le 3 avril dernier, son camarade de scène, Ibrahim Gokçek est décédé après une grève de la faim de 322 jours car il était accusé de faire du terrorisme et il était interdit de faire de la musique ! (N’oublions pas que des musiciens kurdes, comme Nûdem Durak, sont emprisonnés en Turquie pour avoir chanté dans leur langue maternelle.)
 
İbrahim Gökçek et Hêlin Bölek demandaient la fin des persécutions étatiques les empêchant de chanter et qui les accusaient de terrorisme pour avoir fait de la musique contestataire !
 
Helin Bölek et İbrahim Gökçek ont débuté une grève de la faim le 16 mai 2019 en raison des restrictions à leur liberté d’expression artistique imposées par les autorités. En raison des chants politiques de Grup Yorum, le gouvernement turc considère les membres comme des terroristes et a emprisonné plusieurs membres du groupe pour « appartenance à une organisation terroriste ». D’autres membres du groupe se sont réfugiés à l’étranger pour échapper à la prison.
 
 
 

CAMPAGNE DE TWEETS. Empêchons la Turquie d’attaquer les Kurdes

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LONDRES – Alors que la Turquie poursuit ses attaques contre les Kurdes au Rojava et au Kurdistan du Sud, avec le soutien actif de l’OTAN et des Etats européens qui continuent à lui vendre des armes, des voix s’élèvent en Europe contre cette complicité criminelle entre l’Europe et la Turquie. 
 
Des collectifs d’activistes soutenant le peuple kurde contre l’Etat génocidaire turc lancent un appel à l’action pour la reprise de la campagne de boycott du tourisme turc et la fin de vente d’armes à la Turquie. En effet, la source principale de revenu permettant à la Turquie de mener sa guerre anti-kurde est le tourisme et faire tarir cette source portera un coup dur à cette guerre, d’où l’appel au boycott du tourisme turc.

 

Voici leur appel :

« Empêchons la Turquie d’attaquer les Kurdes !

 

Aidez-nous à construire un mouvement mondial de boycott, de désinvestissement et de sanctions contre le régime turc qui cherche une solution purement militaire à la question kurde en Turquie et en Syrie.

On lance la campagne, ce soir, lundi 11 mai, 19h (heure londonienne) avec le hashtag donné 10 min avant la campagne par le compte Twitter @BoycottTurkeyUK. »

Dans leur appel lancé à tous les activistes des droits pro-kurdes et aux amis dans tous les pays, les organisateurs invitent tout le monde à participer à la campagne de tweets qui aura lieu ce soir, lundi 11 mai, à 19 heures (heure londonienne).
 
Les organisateurs appellent à participer activement à la campagne de tweets en la relayant et y participant vous-mêmes.
 
Quelques-uns des collectifs participant à cette nouvelle campagne sont :

Cambridge Kurdistan Solidarity

Appel soutenu par Kurdistan au féminin

Comment Zîlan Ciwanro a-t-elle échappé au mariage forcé et à DAECH ?

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IRAN / ROJHILAT – La vie civile de Zîlan Ciwanro a été marquée par la domination patriarcale et discrimination sexiste. Elle est née à Ciwanro (Jawanrud), une ville d’environ 60 000 habitants dans la province de Kermanshah au Kurdistan oriental (Rojhilat). Fille d’une famille féodale, dans laquelle les structures patriarcales sont prédominantes et où la conception traditionnelle des rôles n’attribue pratiquement aucun droit ni privilège aux femmes, elle a subi des violences, a été opprimée et discriminée.

Lorsque Zîlan Ciwanro et deux de ses cousines ont été contraintes de se marier, elles ont décidé d’échapper à la spirale de la violence. La première façon de sortir de l’ombre de l’ordre familial strictement hiérarchisé a été de s’enfuir. Elle se souvient de cette époque : « Les femmes de notre famille n’avaient pas leur mot à dire. Nous étions méprisées, considérées comme soumises. [Nous étions sous la] domination masculine. Cette situation a eu des conséquences de plus en plus négatives pour moi, ma mère et mes sœurs. La situation de mes cousines était tout aussi désespérée. Lorsque nous avons été forcées de nous marier toutes les trois contre notre gré, nous avons commencé à chercher une issue ».

Un oncle maternel de Zîlan Ciwanro, qui devait offrir un refuge aux trois femmes qui cherchaient de l’aide, a profité de leur situation. « Par pur égoïsme », dit-elle. Il les a persuadées de rejoindre DAECH / ISIS. Il a été révélé par la suite qu’il faisait cela « pour l’argent ».

« Nous n’avions aucune idée de ce qu’était DAECH, son idéologie, ses activités. Nous ne connaissions DAECH que par les histoires de mon oncle qui nous en parlait comme d’une sorte de mouvement de libération. J’étais même contente parce que je pensais que mon oncle m’aidait pour le bien de notre peuple. Après tout, je voulais me libérer, loin de l’oppression familiale, des coups et de la façon dont nous, les femmes, étions traitées. J’ai donc accepté la proposition de mon oncle. À ce moment-là, je n’ai pas réalisé que mon propre oncle prévoyait d’envoyer sa propre nièce à la ruine. De nombreux jeunes de notre famille avaient été attirés vers Daesh à cette époque. Mais j’ai eu la chance de rencontrer le mouvement de libération kurde au bon moment », dit Zîlan Ciwanro.

Centre du salafisme en Iran : Jawanrud

Le djihadisme, mais surtout le salafisme, est très répandu en Iran, principalement dans certaines régions kurdes sunnites. Les adeptes les plus actifs du courant ultra conservateur de l’Islam se trouvent à Jawanrud. Les premières traces du salafisme en Iran remontent à la période précédant la révolution de 1979. Cependant, avec l’émergence de Daesh dans le pays voisin de l’Irak, le courant a gagné en popularité et aujourd’hui, en plus de certaines régions du Kurdistan oriental, on trouve des adeptes actifs principalement dans la province iranienne du Sistan et du Baloutchistan ainsi que dans les grandes villes dominées par le chiisme comme Téhéran et Ispahan.

Jawanrud est situé près de la frontière irano-irakienne. Les survivants des attaques des troupes américaines contre le groupe islamiste kurde Ansar al-Islam y ont fui lors de l’invasion américaine en 2003. Avec des djihadistes du Kurdistan oriental, ils ont fondé le groupe Kataib Qaid à Jawanrud, qui visait à l’origine à combattre le gouvernement autonome du Kurdistan du Sud à Hewlêr (Erbil). Téhéran maintient une politique sélective à l’égard des groupes islamistes kurdes. Le régime a même soutenu le recrutement de jeunes kurdes qui ont été envoyés en Afghanistan ou en Irak. Cependant, les membres de Kataib Qaid qui dirigent leurs activités contre les dirigeants iraniens sont réprimés, emprisonnés et même exécutés.

Au sein de la famille de Zîlan Ciwanro, il existe de nombreux liens avec le mouvement de libération kurde ainsi qu’avec Daesh et d’autres milices islamistes ou salafistes radicales.

« Ce phénomène peut être observé dans presque toutes les familles de la ville. En tant que ville pilote, Jawanrud remplit les conditions idéales du point de vue du régime pour réaliser un ethnocide au Kurdistan. La zone est façonnée par la religion, mais elle est large sur le plan idéologique. Bien que les salafistes fondamentalistes dominent, il y a aussi un grand nombre de djihadistes. Ils justifient la violence avec l’Islam – une contradiction aux normes islamiques. Deux de mes cousins, par exemple, sont allés chez Daesh et se sont fait sauter à Kobanê. Ils l’ont fait alors que Kobanê luttait pour sa liberté. Dans l’islam, il est sacré de se battre pour la liberté, oui. Mais les attentats suicides de mes cousins étaient dirigés contre une lutte pour la liberté. Daesh n’a rien à voir avec le vrai Islam. Mais ces jeunes hommes ont subi un lavage de cerveau et ont été mis hors d’état de nuire. De nombreux membres de la  famille de Ciwanro n’étaient pas au courant de cette situation. Ils pensaient que leurs enfants étaient avec les guérilleros, mais Daesh les a formés à l’attentat suicide », dit Zîlan Ciwanro.

Expérience clé : la mort d’un combattant des HPG

En août 2015, les troupes du régime iranien, les gardiens de la révolution (Pasdaran) et les miliciens de Kataib Qaid ont mené une opération aérienne dans les environs de Jawanrud contre une unité mixte de quatre membres de l’organisation de guérilla du Kurdistan oriental YRK (Yekîneyên Parastina Rojhilatê Kurdistan) et la force de guérilla féminine HPJ (Hêzên Parastina Jinan ên Rojhilatê Kurdistan). Au cours des affrontements qui ont duré quatre jours, la guérillera Zîlan Gabar (également Zîlan Serdeşt), originaire de Sardasht, a perdu la vie.

« Zîlan Gabar a été tuée par des mercenaires qui avaient vendu leur âme. Au cours de l’opération, elle avait tué plusieurs membres des Pasdaran, dont un de leurs commandants. Elle était désintéressée, a opposé une grande résistance à cette trahison et a été gravement blessée. Peu de temps après, elle est morte. La nouvelle de sa mort s’est répandue comme une traînée de poudre à Jawanrud. Nous avons été profondément impressionnés par ce que Zîlan avait accompli à cette époque – en tant que femme séparée de son groupe pendant les combats. Cela nous a donné l’élan nécessaire pour nous battre également. D’abord mes deux cousins et moi, puis d’autres jeunes hommes et femmes de ma famille, avons décidé de rejoindre le YRK après la mort de Zîlan Gabar. Nous nous sommes immédiatement sentis liés à Zîlan et au chemin qu’elle avait pris », se souvient Ciwanro.

À cette époque, la combattante du YRK ne connaissait pas beaucoup les idées d’Abdullah Öcalan et du mouvement de libération kurde. « Nous ne savions presque rien de lui. Rétrospectivement, je pense qu’il s’agissait d’une approche systématique au sein des familles de Jawanrud, qui étaient marquées par la violence patriarcale. Ils voulaient évidemment nous empêcher à tout prix d’apprendre quoi que ce soit sur le mouvement de libération. La télévision, par exemple, était strictement interdite. Ce n’est que lorsque nous avons rejoint la guérilla que nous avons appris pourquoi Öcalan est emprisonné sur Imrali et pour quoi ce mouvement se bat réellement. Au fond, nous ne savions même pas quel était le but de cette résistance ».

« Venez dans les montagnes »

Dans le mouvement de guérilla, Zîlan Ciwanro a enfin pu connaître les pensées d’Öcalan. Elle s’est penchée sur l’idée de construire une vie libre et a développé une compréhension de la mentalité du mouvement de libération kurde. « Mais mon intention principale était et est toujours de venger la mort de Zîlan Gabar. Cela ne doit pas rester impuni, car ce sont des mercenaires de notre tribu qui ont été responsables de sa mort », dit Ciwanro.

« Des groupes religieux fondamentalistes continuent de dominer la ville de Jawanrud. Comme l’État n’offre aucune perspective à la jeunesse, de nombreux jeunes se réfugient dans la toxicomanie. Financer la consommation signifie que de nombreux habitants doivent vivre dans le souci constant de leur sécurité personnelle. Les activités criminelles telles que les vols sont à l’ordre du jour« , explique-t-elle.

À la fin de notre conversation, Zîlan Ciwanro lance un appel aux habitants de sa ville natale : « Quiconque n’est pas poussé à la marginalisation sociale par le régime de cette manière est poussé à la limite de son identité culturelle en étant recruté comme informateur ou en étant recruté dans des organisations comme Basij-e Mostaz’afin. J’en appelle à la jeunesse du Rojhilat : ne vous laissez pas tromper par cette politique insidieuse et ne restez pas silencieux sur l’oppression de notre peuple. Reconnaissez que l’instrumentalisation est le jouet du régime, en particulier à Jawanrud. Venez ici et vivez la vie amicale et commune, juste et indivisible dans les montagnes. »

ANF

Would there ever be a Kurdish Mother’s Day?

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Today, in Turkey, we celebrate « Mother’s Day », in a country where so many Kurdish mothers « dream » of receiving, not flowers, but the body of a child killed or missing in the hands of the henchmen of the Turkish state.

It is not clear when and how Mother’s Day arrived in Turkey and Northern Kurdistan (Bakûr), but one thing is certain: every year, on the second Sunday in May, Mother’s Day is « celebrated » there. On this day, many Kurdish mothers, at least one of whose children has been killed or reported missing among the henchmen of the Turkish state, spend the day in tears.

The « luckiest » of these Kurdish mothers who have the graves of their children go there to pay their respects. But often their children’s graves are destroyed by the Turkish army because their children are labelled terrorists for having embraced the struggle for freedom to live free on their colonised land. Sometimes they watch over the cemeteries to prevent the Turkish soldiers from destroying the graves and sometimes, with their bare hands, they rebuild the destroyed graves, hence their nickname « The Kurdish Antigone ».

Others of them will stay at home, hoping one day to find the remains of their children who have been missing sometimes for so long. Some of them died without their « wishes » being granted.

Others continue to search for the remains of their children and to appeal to the Turkish authorities by gathering, dressed in their white veils, symbol of peace, every Saturday in Amed (Diyarbakir) or in Istanbul, in Galatasaray Square, for 25 years already. They are called the Mothers of Peace or Saturday Mothers. So while others celebrate Mother’s Day, we want these Kurdish mothers to have the right to have their children alive, no matter if they don’t have a feast day for them. There is nothing more sacred than the life of a child.

 
Agit Ipek’s mother holding her son’s bones in her lap. The Turkish authorities delivered the remains of her son by the regular postal service. Her son was killed in a battle with the Turkish army in Dersim on 23 May 2017.

ÉCOCIDE. La vallée de Zilan ravagée par l’Etat turc

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TURQUIE / BAKUR – L’Etat turc poursuit la destruction de la nature du Kurdistan où il chasse les Kurdes de leurs terres ancestrales en installant à leur place des Kirghizes et des Ouzbeks emmenés d’Asie centrale. La construction de la centrale hydroélectrique dans la vallée de Zilan, à Van / Erciş, n’est que la continué logique d’un tel plan génocidaire.
 
La vie naturelle a été fortement endommagée par les projets de centrales hydroélectriques et les barrages construits au Kurdistan du Nord. Des milliers de plantes et d’espèces animales endémiques ont déjà disparu, l’agriculture et l’élevage ont pris fin. Des centaines de villages et de hameaux sont sous l’eau. Des milliers de personnes ont été forcées de quitter leurs terres.
 
La centrale hydroélectrique, lancée en 2014 dans la région de Zilan (Geliyê Zilan) à Erçis, a été arrêtée par une décision du Conseil d’État en 2015 sur l’objection des villageois.
 
Malgré cela, profitant de cette période de pandémie de coronavirus, les travaux de construction ont été relancés alors que toute l’attention était ailleurs. Des centaines d’ouvriers travaillent jour et nuit pour accélérer les travaux.
 
Lors du massacre de la vallée de Zilan le 13 juillet 1930, 15 000 personnes ont été tuées selon l’Etat turc et 50 000 selon les Kurdes. Après le massacre, 45 villages ont été brûlés et détruits. L’État a pris de force les terres des villageois de la région de Zilan, des milliers de personnes ont été exilées.
 
Le massacre de la vallée de Zilan fait partie d’une opération de nettoyage, et est décrit par le grand écrivain Yasar Kemal dans son roman Deniz Küstü (« Pêcheurs d’éponges »). En effet, le massacre de la vallée de Zilan a été l’une des dernières campagnes pour mettre fin à l’indépendance kurde. Cette mission secrète a été appelée « nettoyage ».
 
Des Kirghizes / Ouzbeks ont été amenés d’Afghanistan et d’Asie centrale et installés sur ces terres.

Y aurait-il un jour une fête pour les mères kurdes ?

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Aujourd’hui, en Turquie, on célèbre la « fête des mères », dans un pays où tant de mères kurdes « rêvent » de recevoir, non pas de fleures, mais le corps d’un enfant tué ou porté disparu entre les mains des sbires de l’Etat turc.
 
On ne sait pas trop quand et comment la fête des mères est arrivée en Turquie et dans le Kurdistan du Nord (Bakûr), mais une chose est sûre : chaque année, le deuxième dimanche du mois de mai, on y « célèbre » la fête des mères. Ce jour-là, de nombreuses mères kurdes, dont au moins un enfant a été tué ou porté disparu entre les des sbires de l’Etat turc, ne peuvent s’empêcher de passer la journée en larme.
 
Les plus « chanceuses » de ces mères kurdes qui ont les tombes de leurs enfants y vont s’y recueillir. Mais souvent, les tombes de leurs enfants sont détruites par l’armée turque car leurs enfants sont qualifiés de terroristes pour avoir embrassé la lutte de la liberté pour vivre libres sur leurs terres colonisées. Parfois, elles veillent dans les cimetières pour empêcher les soldats turcs de détruire les tombes et parfois, à main nue, elles reconstruisent les tombes détruites d’où leurs surnom « Les Antigone kurdes ». 
 
D’autres de ces resteront à la maison, en espérant un jour trouver les restes de leurs enfants disparus parfois depuis si longtemps. Certaines d’entre-elles sont mortes, sans que leur « voeux » sois exaucés.
 
D’autres continuent à chercher les restent de leurs enfants et à interpeller les autorités turques en se rassemblant, vêtues de leurs voiles blancs, symbole de la paix, tous les samedis à Amed (Diyarbakir) ou à Istanbul, sur la place Galatasaray, depuis 25 ans déjà. On les appelle les mères de la paix ou les mères du samedi. Alors, pendant que d’autres célèbrent la fête des mères, nous, on souhaitent que ces mères kurdes aient le d’avoir leurs enfants en vie, qu’importe si elles n’ont pas un jour de fête pour elles. Il n’y a rien de de plus sacré que la vie d’un enfant. 
*Image de la mère d’Agit Ipek tenant sur ces genoux les ossements de son fils. Les autorités turque lui ont envoyé par la poste les restes de son fils tué lors de combats avec l’armée turque à Dersim le 23 mai 2017.
 
 
 
 

Il y a 10 ans, l’Iran exécutait 5 activistes kurdes

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IRAN / ROJHILAT – Le 9 mai 2010, le régime iranien a exécuté 5 Kurdes, dont 4 enseignants et une révolutionnaire pour « inimitié envers Dieu ». Il s’agissait de Shirin Alamhouli (une femme), Farzad Kamangar, Ali Heidarian, Farhad Vakili et Mehdi Eslamian. Les quatre premiers étaient accusés d’être membres du PJAK (un mouvement armée kurde du Rojhilat, le Kurdistan iranien). Le cinquième, d’être un membre du mouvement pro-monarchie « Assemblée du Royaume d’Iran ».

 
Shirin Elemhuli était une activiste et une révolutionnaire. Kemanger, Heyderiyan et Wekili étaient des enseignants. Il n’y avait aucune preuve tangible contre eux, mais il a fallu quelques minutes pour prendre la décision de les exécuter.
 
Comme beaucoup d’autres prisonniers politiques, ils ont été accusés d’être des ennemis  « de Dieu » . L’opposition au régime iranien est interprétée par le régime comme « opposition à Allah » . Le régime s’identifie à « Allah ».
 
Le matin du 9 mai 2010, cinq prisonniers ont été exécutés à la prison d’Evin. Avant ces exécutions, il y en avait eu d’autres. Après eux, il y’en a eu d’autres…
 
L’Iran est parmi les pays avec le plus grand nombre d’exécutions dans le monde.
 
Elemhuli avait 28 ans. Dans la lettre qu’elle a écrite quelques jours avant son exécution, elle a souligné l’illégalité de cette décision et a déclaré qu’il s’agissait d’une décision politique.
 
« Aujourd’hui, le 2 mai 2010, ils m’ont ramené à l’interrogatoire … », ainsi commence la lettre.
 
« L’un des interrogateurs m’a dit : « Nous vous avons laissé partir l’année dernière, mais votre famille n’a pas coopéré. » En d’autres termes, je suis retenue en otage et ils ne me laisseront pas partir tant qu’ils n’auront pas ce qu’ils veulent, ce qui signifie qu’ils me garderont comme prisonnière ou qu’ils me pendront, mais ils ne me laisseront jamais partir».
 
Cette lettre a été écrite quatre jours avant l’exécution. En parlant des trois années qu’elle a passées en prison, Elemhuli a remarqué qu’on ne lui avait même pas donné la permission d’avoir un avocat pour la défendre. Le résumé de sa vie en prison pourrait être dit en deux mots : « Torture et cruauté ».
 
Elemhuli qui a vécu des jours de torture, a écrit : « J’ai traversé des jours de souffrance dans les mains des forces militaires. Pourquoi m’ont-ils arrêtée ou pourquoi me pendraient-ils ? Parce que je suis kurde ? Je suis née kurde et parce que je suis kurde j’ai été torturée et battue ».
 
Les autorités iraniennes voulaient qu’Elemhuli nie sa kurdicité. La réponse d’Elemhuli était claire : « Si je fais quelque chose comme ça, je vais fondamentalement renier mon moi même. Ma langue est le kurde. J’ai grandi en parlant le kurde. Mais ils ne me permettent pas de parler ou d’écrire dans ma propre langue ».
 
Comme Elemhuli s’est adressée au procureur et au juge. Elle a souligné l’illégalité de tout le processus : «Comme je ne connais pas bien le persan, vous avez pris mes déclarations dans ma propre langue et vous ne pouvez pas comprendre ce que je vous ai dit. »
 
La lettre a continué ainsi :
 
« La torture que vous m’avez infligée est le cauchemar de mes nuits, les peines et les souffrances de mes jours … Je souffre de maux de tête dus aux coups reçus lors de l’interrogatoire … Il y a des jours où je tombe tout simplement inconsciente. Je n’arrive pas à comprendre ce qui se passe autour de moi et je ne peux pas revenir à la raison pendant des heures … Un autre cadeau que vous m’avez donné à la suite de la torture est que j’ai presque entièrement perdu la vue. Vous ne m’avez donné aucun traitement.
 
Je sais que les tortures que vous avez fait sur moi et ma famille,  vous l’avez aussi fait sur Zeyneb Jalaliyan, Rûnak Sefazade et sur beaucoup d’autres jeunes kurdes … Depuis des jours, des mères kurdes attendent leurs enfants. Chaque fois que le téléphone sonne, elles ont peur d’avoir de mauvaises nouvelles : « est-ce qu’ils ont été pendus », se demandent-elles?
 
Bien longtemps après, quelques jours avant le 2 mai 2010, ils m’ont de nouveau emmenée à la division 209 de la prison d’Evin pour l’interrogatoire et ont répété leurs allégations sans fondement. Ils voulaient que je coopère avec eux et ils ont dit qu’ils annuleraient la peine de mort. C’était inutile. C’est pourquoi je n’avais rien à dire sauf ce que j’ai dit devant le tribunal. À la fin, ils voulaient que je répète ce qu’ils ont dit devant les caméras. Mais je ne l’ai pas accepté. Alors ils ont dit : « Nous sommes arrivés à ce point parce que nous voulions vous aider, mais votre famille ne nous a pas aidés ». L’officiel a dit qu’ils m’exécuteraient alors ».
 
Coupable d’être des enseignants kurdes
 
Ferzad Kemanger, Ferhad Wekili et Eli Heyderiyan ont été arrêtés ensemble en 2006. Kemanger était le porte-parole de l’Association des enseignants du Kurdistan. En 2008, ils ont été condamnés à mort. Il n’a fallu que sept minutes pour les condamner. Kemanger avait 33 ans. En attendant d’être exécuté à Téhéran, il a écrit une lettre.
 
« Je suis en prison depuis des mois », a déclaré Kemanger. Ils ne pouvaient pas écraser cet amour. Il savait que la «justice iranienne» lui enlèverait la vie. Il avait un grand coeur.
 
Kemanger a écrit :
 
« La prison était censée briser ma volonté, mon amour et mon humanité. J’étais enfermé dans une petite pièce entourée de murs, pensant m’éloigner de mes proches, mais chaque jour je sortais de la petite fenêtre. La prison a approfondi nos liens les uns avec les autres. Les ténèbres de la prison étaient censées effacer de l’esprit le soleil et la lumière, mais j’ai assisté à la croissance des aimants noir et blanc dans l’obscurité et le silence.
 
(…) Un jour, j’ai été qualifié de « kafir » [mécréant] parce qu’ils disaient que j’étais en guerre avec « Allah ». Je veux que mon coeur soit donné à un enfant avec tout l’amour et la compassion dedans. Peu importe d’où il vient ; un enfant sur les bancs de Kaaron, sur les pentes du mont Sabalaan, sur les bords du Sahara oriental, ou en regardant le lever du soleil des montagnes Zagros. Tout ce que je veux, c’est de savoir que mon cœur continuera à battre sur la poitrine d’un enfant. Peu importe la langue que vous parlez, laissez mon cœur battre dans la poitrine de quelqu’un d’autre ».
 
Avant l’exécution de ces cinq prisonniers politiques, une autre exécution a eu un impact énorme sur les Kurdes : celle de l’activiste et réalisateur Ihsan Fetahiyan.
 
Le militant kurde Fethahiyan a écrit une lettre le 11 novembre 2009, en attendant l’exécution à la prison de Sine. Il écrit :
 
« Je n’ai jamais eu peur de la mort, je n’en ai pas peur aujourd’hui, je sens la présence curieuse et honnête de la mort dans ma vie. Je veux toujours sentir son odeur, la mort est devenue la plus ancienne compagne de ce monde. Je ne veux pas parler de la mort, je veux attirer l’attention sur les problèmes qui la sous-tendent : si aujourd’hui c’est la punition de ceux qui cherchent la liberté et la justice, comment peut-on craindre son propre sort ? Ils ne sont coupables que de chercher à faire de ce monde un monde meilleur et plus juste : sont-ils conscients de leur action ? »

Hommage à Leyla Qasim: militante kurde pendue à l’âge de 22 ans par l’Irak

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Le 12 mai 1974, le régime sanguinaire du dictateur irakien, Saddam Husein, a pendu Leyla Qasim, une activiste et féministe kurde qui militait pour les droits des Kurdes et des femmes dans un Kurdistan colonisé. Aujourd’hui, 46 après son exécution, Leyla Qasim est considérée comme l’une des femmes qui ont marqué l’histoire du peuple kurde, comme ce fut le cas de Sakine Cansiz, Zarife Xatun… Son portrait orne les murs de nombreux foyers kurdes et les lieux publics au Kurdistan.
 
Qui était Leyla Qasim ?
 
Leyla Qasim est née en mai 1952 à Xaneqin, au Kurdistan du Sud (nord de l’Irak). Elle est la fille de Dalaho Qasim et de Kanî qui avaient 5 enfants. Les Qasim étaient des paysans vivant dans une grande pauvreté, dépendant des rations alimentaires et des vêtements. Leyla et son frère, Chiyako, ont appris l’arabe par leur mère quand ils avaient six et huit ans. Leyla a fréquenté l’école primaire et secondaire dans sa ville natale – Xaneqin. Elle est partie s’installer à Hewler à 14 ans. En 1971, elle est allée à Bagdad et a étudié la sociologie à l’Université de Bagdad. Leyla était la membre fondatrice du syndicat des étudiants kurdes. Elle a un impact significatif sur les étudiants kurdes de l’Université de Bagdad. Leyla militait pour l’égalité, les droits des femmes et la sensibilisation à la question kurde.
 
Quand Leyla avait seize ans, Abdul Rahman Arif fut renversé par le chef du parti Baas, le général Ahmed Hassan al-Bakr. Leyla fut frappée par la prise de contrôle violente dans la capitale. À la fin des années 1960, Leyla et Chiyako ont écrit des brochures sur les horreurs du parti Baas, dont le nouveau chef, Saddam Hussein, qu’ils ont décrit comme étant contre l’indépendance kurde.
 
Leyla et ses camarades ont été arrêtés à la suite d’une vaste opération des anciennes troupes irakiennes et elle a été reconnue coupable de séparatisme. Pendant son incarcération, elle a été torturée et soumise aux traitements les plus inhumains. Mais elle n’a jamais rien avoué et a toujours été fidèle au mouvement de libération kurde. Finalement, elle a été pendue après un long procès, diffusé dans tout l’Irak.
 
Leyla Qasim fut la première femme à être exécutée en Irak et la quatrième prisonnière politique au monde à être exécutée. Leyla et ses quatre camarades Jawad Hamawandi, Nariman Fuad Masti, Hassan Hama Rashid et Azad Sleman Miran furent exécutés à Bagdad, le 12 mai 1974.
 
Leyla est considérée comme un symbole national et une force morale pour les nouvelles générations qui ont rejoint le mouvement de résistance kurde. Leyla a été exécutée, mais des milliers de fillettes nées au Kurdistan reçoivent encore aujourd’hui le prénom de Leyla.
 
Leyla Qasim est devenue le thème de nombreux poèmes et chansons kurdes. En exécutant Leyla et ses camarades, le régime Baas espérait l’éradication du mouvement de libération kurde, mais l’exécution de Leyla était un début pour de nouveaux Leyla. Une Leyla a été exécutée, mais des milliers de Leyla sont maintenant à l’avant-garde de la résistance kurde qui combat les puissances occupantes au Kurdistan et ne s’arrêteront pas avant de triompher.
Par Kurdo Challi, en hommage à Leyla Qasim