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Le président de la CEDH, Robert Spano, appelé à démissionner

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La visite de complaisance du président de la CEDH, Robert Spano, en Turquie a scandalisé les défenseurs des droits humains et les Kurdes de Turquie tant son attitude était indigne d’un représentant d’une institution de défense des droits humains.
 
« Vous avez choisi de voir ce que vous vouliez voir, pas ceux qui cherchent la justice, pas ceux qui cherchent les droits de leurs enfants. Vous avez choisi de ne pas entendre la voix de la justice qui nous est murmurée depuis les cimetières et les prisons de ce pays. Au lieu de cela, vous avez choisi d’être « honorés » par un État qui viole systématiquement les droits humains et l’État de droit, des crimes souvent condamnés par la CEDH. Vous avez porté atteinte non seulement à votre honneur, mais aussi à celui de la cour que vous représentez (…). Je pense que cette tache sur la CEDH ne peut être effacée que par votre démission. »
 
La journaliste kurde Nurcan Baysal a écrit une lettre ouverte à Robert Spano pour lui rappeler, avec des exemples à l’appui, que sa visite était un soutien au régime autocrate turc et lui demander de démissionner de la présidence de la CEDH:
 
« Cher Monsieur Spano,
 
Votre visite en Turquie la semaine dernière a profondément déçu ceux qui luttent pour les droits humains, la démocratie, l’égalité et l’État de droit. Votre visite dans mon pays, où l’État de droit a été bafoué et où des centaines de milliers de personnes sont illégalement emprisonnées, aurait pu être tout à fait différente. Avec votre visite, vous auriez pu donner des moyens d’action aux personnes et aux institutions qui luttent pour les droits humains, la démocratie, l’égalité, la liberté et l’indépendance judiciaire, et renouveler leur foi dans la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qui est devenue un mécanisme de secours pour des milliers de personnes face à l’illégalité dans ce pays. Cependant, au mépris des principes de la cour que vous dirigez, l’une des cours des droits de l’Homme les plus précieuses au monde, vous avez choisi une autre voie.
 
L’université d’Istanbul, où vous avez reçu votre doctorat honorifique lors de votre visite, a licencié illégalement près de 192 universitaires par décret. L’Académie de justice (Adalet Akademisi), où vous avez prononcé un discours, n’a pas pris la parole lorsque 4 260 juges et procureurs ont été licenciés au cours des quatre dernières années, et n’a pas lutté pour leurs droits lorsque des milliers d’entre eux ont été jetés en prison. La Cour constitutionnelle et la Cour suprême que vous avez visitées ont un bilan médiocre en matière de droits de l’Homme et d’État de droit ces dernières années. Enfin, le gouverneur de la province méridionale de Mardin que vous avez visitée a été nommé par le gouvernement en remplacement d’Ahmet Türk [maire élu sous l’étiquette du parti HDP], qui a été élu démocratiquement avec plus de 200 000 voix.
 
Cher Monsieur Spano,
 
La Turquie est dans une obscurité terrible, avec des centaines de personnes qui attendent la justice depuis de nombreuses années. Lorsque vous avez visité mon pays, vous auriez dû écouter les personnes et les institutions qui luttent pour les droits humains, ainsi que les organisations non gouvernementales. Cependant, lorsque vous rencontrez des représentants de l’État et du parti au pouvoir [AKP] mais que vous décidez de ne pas vous réunir avec les personnes qui ont été victimes des pratiques de l’État et du gouvernement, vous jetez une grande ombre sur votre impartialité et celle de la CEDH.
 
Cher Monsieur Spano,
 
Le système judiciaire et l’État de droit a été détruit dans mon pays depuis longtemps. Des centaines de milliers de personnes, hommes politiques, défenseurs des droits humains, journalistes et écrivains sont en prison. Pour quelle raison ? Parce qu’ils sont opposés au gouvernement, parce qu’ils veulent la paix, parce qu’ils veulent la liberté, parce qu’ils pensent différemment de ceux qui sont au pouvoir, parce qu’ils écrivent, parce qu’ils disent « des enfants meurent », parfois parce qu’ils portent un foulard jaune-rouge-vert symbolisant la culture kurde, parfois parce qu’ils chantent une chanson kurde. Leurs cas – y compris le mien – seront un jour soumis à la CEDH. Comment allez-vous juger ces affaires contre le gouvernement turc ? En tant que défenseur des droits humains et journaliste, comment puis-je avoir confiance en votre impartialité lorsque ma propre affaire sera portée devant la CEDH, M. Spano ?
 
Mon cher ami Osman Kavala, un philanthrope et militant turc des droits humains, est injustement emprisonné depuis 1 044 jours malgré la décision de la CEDH de le libérer. Pensez-y, Monsieur Spano, votre arrivée aurait pu apporter de l’espoir à nos amis qui comptent les jours et les heures dans une cellule. Votre arrivée aurait pu être une toute petite lumière d’espoir pour Kavala, Selahattin Demirtaş, Ahmet Altan et bien d’autres. Malgré les verdicts de la CEDH demandant leur libération, Demirtaş et Kavala sont toujours derrière les barreaux, et c’est pourquoi votre visite, franchement, me met en colère. Avec votre voyage, vous avez donné une légitimité au régime oppressif de la Turquie qui ignore les décisions du tribunal que vous représentez, et vous avez sapé les principes de la CEDH.
 
Monsieur Spano, il y a un district à Mardin où vous avez rencontré le gouverneur, son nom est Nusaybin. Le dernier couvre-feu à Nusaybin a commencé le 14 mars 2016 et a duré 134 jours. Près d’une centaine de personnes sont mortes au cours de ces 134 jours, les six quartiers les plus peuplés de Nusaybin étant complètement détruits. 45 000 habitants de Nusaybin se sont retrouvés sans abri. Certains des corps n’ont jamais été retrouvés. Si vous alliez à Nusaybin, qui n’est qu’à une demi-heure de Mardin, M. Spano, vous verriez des pierres tombales numérotées dans le cimetière. Elles appartiennent à ceux dont l’identité n’a pas pu être déterminée en raison d’un manque d’intégrité corporelle qui les rend méconnaissables. Même après cinq ans de conflit, vous verriez des parents cherchant un morceau, un os de leurs enfants.
 
Mais vous avez choisi de voir ce que vous vouliez voir, pas ceux qui cherchent la justice, pas ceux qui cherchent les droits de leurs enfants. Vous avez choisi de ne pas entendre la voix de la justice qui nous est murmurée depuis les cimetières et les prisons de ce pays. Au lieu de cela, vous avez choisi d’être « honorés » par un État qui viole systématiquement les droits humains et l’État de droit, des crimes souvent condamnés par la CEDH. Vous avez porté atteinte non seulement à votre honneur, mais aussi à celui de la cour que vous représentez, qui a soutenu la mise au jour de nombreuses fosses communes et de nombreux meurtres non élucidés dans ce pays et qui est un espoir pour les citoyens en quête de justice depuis les années 1990.
 
Je pense que cette tache sur la CEDH ne peut être effacée que par votre démission. »
 

TURQUIE. Une députée kurde du parti HDP condamnée à 10 ans de prison

TURQUIE / BAKUR – La députée kurde d’HDP, Remziye Tosun a été condamnée aujourd’hui à dix ans de prison pour « terrorisme ».
 
Remziye Tosun a été reconnue coupable d’appartenance à « un groupe terroriste armé [le PKK] », comme la quasi totalité des dizaines de milliers de Kurdes actuellement dans les prisons turques ou en liberté provisoire…
 
La députée élue dans la ville de Diyarbakir (Amed) a fait appel de sa condamnation.

Sortie du livre « vingt-cinq années aux côtés du peuple kurde »

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RENNES – En août dernier, l’association « Amitiés kurdes de Bretagne » a publié un livre marquant les 25 ans de leur existence.
 
Dans ce livre de 200 pages portant la signature d’André Metayer, vous trouverez 160 photos, des portraits, des rencontres, des documents inédits, des analyses politiques, des témoignages et tant d’autres trésors au prix de 15 € seulement !
 
Ce samedi 12 septembre, Amitiés kurdes de Bretagne (AKB) – soutenant les Kurdes dans leur lutte pour la reconnaissance de leurs droits – organisent une rencontre pour la présentation de leur livre à la Maison Internationale de Rennes. Lors de la rencontre, il vous sera possible d’acheter le livre et même de le faire signer.
 
RDV à 12 heures (accueil à partir de 11h30)
A la Maison Internationale de Rennes
Espace international Pierre Jaffry
7 quai Chateaubriand
RENNES
 
 
 

FRANCE. Plusieurs manifestations kurdes ce samedi 12 septembre

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PARIS – La diaspora kurde en France organise plusieurs manifestations ce samedi 12 septembre pour attirer l’attention sur les attaques de la Turquie contre le Rojava et le Bashur ainsi que la répression visant les partis, organisations et les militants kurdes et de gauche en Turquie. L’isolement carcéral imposé à Abdullah Ocalan, chef historique du PKK, sera également dénoncé lors des rassemblements de demain.
 
Voici les lieux des rassemblements kurdes de ce samedi :
 
PARIS, 16h
Place de la République
 
MARSEILLE, 14h
Kiosque à musique des Réformés
 
BORDEAUX, 18h
Place de la Bourse
 
STRASBOURG, 14h
Gare centrale
 
TOULOUSE, 18:30
Au métro Jean Jaurès
 
 
 
 
 

ROJAVA. L’économie des femmes renforcée grâce aux coopératives

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SYRIE / ROJAVA – Le mouvement kurde des femmes Kongreya Star est un moteur pour le développement de la coopération féminine et l’indépendance économique des femmes dans le nord et l’est de la Syrie.

La crise économique provoquée par l’embargo et la situation générale se fait sentir dans toute la Syrie. En revanche, le mouvement des femmes Kongreya Star développe constamment de nouveaux projets de coopération dans les régions autonomes, grâce auxquelles, d’une part, la subsistance est assurée, d’autre part, la spéculation sur les prix est efficacement contrée. Les coopératives de femmes également essaient de répondre aux besoins de la société à des prix équitables.

Le Comité économique de Kongreya Star a mis en place toute une série de projets agricoles féminins dans la région de Cizire. Environ 275 femmes travaillent en permanence dans ces projets à Derik, Qamishlo, Tirbespiye, Amude, Heseke et Shaddadi. A Amude, un marché des femmes a déjà été créé où les légumes sont vendus à des prix raisonnables et des projets de potagers sont en cours de développement à Dirbesiye et Tirbespiye.

A Heseke et Rimelan, des cours de formation sur la production textile ont été organisés. Les vêtements qui y sont produits sont vendus à Qamishlo et à Dirbesiye. Il y a aussi un cours de menuisier. Les femmes produisent des meubles et les vendent à Qamishlo et Girkê Lege.

La production coopérative pour contrer la spéculation sur les prix

Il existe des projets de boulangerie à Heseke et Til Temir, d’élevage d’animaux à Tirbespiye et des coopératives de boulangerie Qamishlo et Amude sous le nom de «Lara». En outre, des restaurants coopératifs ont été ouverts à Heseke et Dirbesiye. Dans ces coopératives, 400 femmes travaillent en permanence. Des prix raisonnables attirent également l’attention ici. La production a conduit au fait que les prix du marché ont été poussés à la baisse malgré les tentatives de spéculation.

Lema Xelil est l’une des dirigeantes d’une coopérative de femmes à Tirbespiye. Elle raconte que les femmes sont devenues économiquement indépendantes grâce aux coopératives, mais que les coopératives apportent également une contribution importante à l’économie de la région. « Les produits des coopératives sont mis à la disposition de la population à un prix raisonnable. Par exemple, l’ail coûte 2 000 lires au marché et seulement 400 lires dans les coopératives. »

« Nous ne voulons pas faire de profit »

Armanc Mihemed, du Comité pour l’économie des femmes dans le nord et l’est de la Syrie, déclare: « Nos coopératives travaillent avec le plus grand succès. Notre objectif est d’étendre la vie communautaire à l’ensemble de la société et de renforcer l’économie de la région. Nous ne voulons pas pour faire du profit, au contraire, nous voulons détruire cette mentalité de profit. Nous voulons aider à stabiliser l’économie, qui a été affaiblie par les sanctions. »

ANF

FÉMINICIDE. Deux sœurs tuées et enterrées par leur père au Kurdistan du Sud

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KURDISTAN DU SUD – Un Kurde a tué ses deux filles dans la ville de Chamchamal, dans le gouvernorat de Sulaimani, au Kurdistan du Sud, a indiqué la police.
 
La direction de la police de Chamchamal a déclaré mercredi qu’elle enquêtait sur le meurtre présumé de deux filles par leur père dans un village du district.
 
Le directeur de la police de Chamchamal, Mohammed Abdi, a déclaré que des témoins ont déclaré que le suspect avait tué ses filles puis s’était enfui.
 
Leurs corps ont par la suite été découverts dans un cimetière d’un autre village, où ils avaient été cachés, selon une source de la sécurité de Sulaimani qui s’est exprimée sous couvert d’anonymat.
 
La source a ajouté que la police locale attendait l’ordre de la justice pour prendre possession des corps.
 
Les corps d’Awara Faqé Haseeb (19 ans) et Hélin Faqé Haseeb (17 ans) ont été retrouvés dans une tombe d’un village du sous-district de Shwan à Kirkouk, une semaine après leur disparition.
 
Les violences faites aux femmes sont très répandues au Kurdistan irakien, malgré les promesses du gouvernement de les combattre.
 
Les femmes de la région kurde d’irak (Bashur) subissent des niveaux élevés de violence domestique. En 2019, 120 femmes sont mortes dans la région kurde des suites de violences basées sur le genre, dont 41 qui ont été assassinées et 79 qui se sont suicidées.
 
Selon la Direction générale de la lutte contre la violence à l’égard des femmes du gouvernement régional du Kurdistan (GRK), au moins trois femmes ont été tuées au cours des six premiers mois de 2020.
 
Treize autres femmes se sont suicidées, 26 femmes se sont brûlées et 35 ont été violées au Kurdistan irakien.
 
Ces statistiques sont probablement sous-estimées car la violence domestique est souvent cachée.
 
De nombreuses autres femmes kurdes sont confrontées à des mariages forcés ou aux mariages en étant mineures, à la violence domestique ou à la polygamie.
 
Via le site E-KURDE
 
 
 
 
 

« L’insurrection kurde pourrait conduire à l’effondrement de la Turquie »

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« La belligérance régionale d’Erdogan pourrait-elle amener d’autres pays à soutenir le PKK ou d’autres insurgés kurdes ? L’internationalisation de la question du Kurdistan en Turquie pourrait-elle conduire à la partition de ce pays ? » écrit l’analyste américain Michael Rubin, en ajoutant que l’insurrection kurde pourrait conduire à l’effondrement de la Turquie.
 
Voici le nouvel article de Rubin publié sur le site National Interest :
 
« Une fois que d’autres pays commenceront même secrètement à soutenir l’insurrection kurde en Turquie, il n’y aura pas de retour en arrière.
 
La Turquie moderne est née il y a près de cent ans dans le contexte des efforts européens pour diviser la péninsule anatolienne. Ce fait alimente à la fois la paranoïa collective de la Turquie et sa xénophobie. Son cauchemar est une sécession kurde. Alors que le PKK et ses groupes dérivés ont abandonné depuis longtemps cet objectif en faveur d’une autonomie localisée, le penchant du président turc Recep Erdoğan pour susciter des combats avec des voisins et des États régionaux pourrait bientôt faire des craintes de la Turquie une prophétie auto-réalisatrice.
 
Le problème kurde de la Turquie existe depuis presque aussi longtemps que la République turque elle-même : Deux ans seulement après la fondation de la Turquie en 1923, les Kurdes se sont soulevés dans la rébellion de Sheikh Said en opposition à l’abolition du califat. En 1927, İhsan Nuri Pasha a déclaré la République d’Ararat, un petit État kurde situé à l’extrême est de l’Anatolie, le long des frontières iranienne et arménienne. Mustafa Kemal Atatürk, le premier président de la Turquie moderne, a ordonné l’écrasement de cette entité. L’armée et l’aviation turques ont répondu avec une efficacité brutale au cours des trois années suivantes. En 1936, une autre rébellion kurde a éclaté à Dersim pour protester contre la turquisation forcée et la délocalisation obligatoire afin de diluer les identités démographiques non turques. Une fois de plus, l’armée turque écrasa le soulèvement. Dans chaque cas, les Kurdes pouvaient justifier leurs soulèvements par des griefs spécifiques allant au-delà de la simple identité nationale, mais leurs révoltes n’ont fait que renforcer la méfiance du gouvernement turc à l’égard de toute expression de l’identité kurde.
 
L’antipathie du gouvernement turc pour l’identité kurde s’est ossifiée après la mort d’Atatürk en 1938. Les gouvernements successifs d’Ankara ont ignoré les zones à population kurde en modernisant l’économie turque. Les Turcs ont accepté les Kurdes, mais seulement lorsque les Kurdes ont juré de leur propre identité ethnique et culturelle.
 
Au cours des décennies suivantes, la Turquie a subi sa part d’instabilité politique. Certains Kurdes y ont participé, mais la violence politique s’est généralement produite dans le cadre d’un affrontement entre la gauche et l’extrême droite. C’est dans ce contexte que le futur membre fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (Partiya Karkerên Kurdistan, PKK), Abdullah Öcalan, a fait ses débuts. Il a fini par s’indigner de la subordination des Kurdes dans la soi-disant lutte des classes et a formé le PKK pour y remédier. Öcalan a officiellement lancé l’insurrection du PKK en 1984, ciblant aussi souvent les Kurdes rivaux que les Turcs.
 
Les États-Unis ont offert un soutien aveugle à la Turquie dans sa lutte contre le PKK. Le PKK était un groupe marxiste et, dans le contexte de la guerre froide, cela l’emportait sur tout. Alors que le PKK et les partisans de ses groupes dérivés en Syrie pourraient s’engager dans une amnésie historique, le groupe s’est également engagé dans la brutalité et la terreur à l’intérieur de la Turquie. Curieusement, il faudra attendre treize ans – et avec en toile de fond une vente d’armes de l’ère Clinton – avant que le Département d’État ne désigne officiellement le groupe comme une entité terroriste. C’était une action anti-climatique et peut-être même contre-productive : Non seulement son calendrier laissait entrevoir des motivations autres qu’une évaluation objective du terrorisme, mais l’effondrement de l’Union soviétique et la fin de la guerre froide avaient également changé la réalité du groupe. Sous le président Turgut Özal, le gouvernement turc avait commencé à réformer en vue d’un accord. La mort prématurée d’Özal a sabordé cet effort, mais la capture d’Öcalan en 1999 a forcé le groupe à prendre de nouvelles directions. Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a lui-même autorisé la diffusion secrète en 2012, mais a finalement rompu ses pourparlers après que de nombreux Kurdes de Turquie aient voté pour le Parti démocratique des peuples (HDP) plutôt que pour son propre Parti de la justice et du développement (AKP). Le processus de paix Turquie-PKK a connu un certain succès, comme en témoignent les efforts de ses négociateurs : Un accord intérimaire a vu le PKK déposer les armes à l’intérieur de la Turquie et de nombreux combattants se sont rendus en Syrie.
 
Ces dernières années, l’évolution du groupe a été prononcée : Le vide causé par la guerre civile syrienne a donné aux Kurdes syriens la possibilité de s’auto-gouverner. Ils ont remarquablement réussi ; alors que certains critiques des groupes de réflexion de Washington dépeignent le groupe comme des marxistes impénitents, ces universitaires n’ont apparemment jamais pris la peine de visiter les pays pour lesquels ils donnent leurs avis. L’autonomie kurde peut être beaucoup de choses, mais elle n’est pas marxiste.
 
(…) Les milices à dominante kurde ont largement vaincu les groupes d’Al-Qaïda dans le nord-est de la Syrie et ont également été indispensables dans la lutte terrestre contre l’État islamique. Les autorités turques établissent souvent une équivalence morale entre l’État islamique et les groupes kurdes, mais celle-ci est insuffisante pour deux raisons : Premièrement, il existe des preuves accablantes que des employés du gouvernement turc, le service de renseignement turc et des membres de la propre famille de Erdoğan ont soutenu, fourni ou fait des affaires avec l’État islamique. Deuxièmement, après que le gouvernement turc ait fait pression sur la sécurité belge pour qu’elle arrête plusieurs activistes kurdes accusés de terrorisme, un tribunal belge a entendu les preuves et a conclu que l’étiquetage par la Turquie du PKK et des groupes associés en tant qu’entités terroristes était inexact ; le tribunal a plutôt conclu que le PKK était simplement « une partie dans un conflit armé non international ».
 
Alors que l’économie turque vacille, Erdoğan est devenu de plus en plus agressif envers ses voisins. Les bombardements de l’Irak, en particulier dans la région de Yazidi Sinjar, sont devenus fréquents. La Turquie a transporté par avion des vétérans de l’État islamique en Libye et a violé à plusieurs reprises l’embargo sur les armes de ce pays. La Turquie a justifié son invasion du nord et de l’est de la Syrie par la création d’un refuge, mais en réalité, elle est devenue une zone de nettoyage ethnique anti-kurde.
 
Aujourd’hui, Erdoğan menace la Grèce. « Lorsque le moment de prendre une décision arrive, et je le dis clairement, ceux qui s’opposent à la Turquie au prix de la mise en danger de la sécurité et de la prospérité de ses citoyens, doivent payer un lourd tribut », a déclaré Erdoğan le 7 septembre. Mesut Hakkı Caşın, un proche conseiller de Erdoğan, a menacé : « Nos pilotes vont bientôt abattre cinq ou six d’entre eux [les avions de guerre grecs] et nous entrerons en guerre ». (…)
 
La Turquie a la chance que pendant des décennies, la seule force extérieure qui a apporté une aide significative au PKK a été la Syrie, peut-être avec la bénédiction de l’Union soviétique et, après son effondrement, la Russie. Les responsables saoudiens se rendent maintenant ouvertement dans le nord et l’est de la Syrie. Alors que l’armement américain fourni aux forces de défense syriennes est destiné à la lutte du groupe contre l’insurrection de l’État islamique, l’aide potentielle saoudienne aux Kurdes ne serait pas aussi limitée. L’aide égyptienne ne le serait pas non plus : Le Caire reste convaincu que l’objectif de Erdoğan en soutenant le gouvernement islamiste libyen est en fin de compte d’apporter une aide aux Frères musulmans et de menacer la sécurité égyptienne. Si l’on ajoute la Grèce, les insurgés kurdes en Turquie pourraient bientôt avoir à leur disposition le type d’armes et de financement dont ils ne pouvaient que rêver dans le passé.
 
Le PKK n’aurait pas non plus à être complice ; le groupe semble vraiment avoir tourné une nouvelle page de ses objectifs et comportements passés. Mais comme beaucoup de groupes terroristes du passé, le PKK a aussi des factions et des groupes dissidents comme les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK) ne sont pas aussi réticents qu’Öcalan l’est devenu.
 
Les nationalistes turcs peuvent réagir avec ombrage et fanfaronnade, mais ils doivent aussi être réalistes : Erdoğan est erratique et de plus en plus téméraire. Choisir un seul combat est mauvais ; en choisir plusieurs simultanément est idiot : Une fois que d’autres pays commenceront à soutenir secrètement l’insurrection kurde en Turquie, il n’y aura pas de retour en arrière. Tout Turc qui se rallie à l’agression régionale de Erdoğan ne permet pas la grandeur de la Turquie, comme peuvent le prétendre ceux qui l’encouragent, mais plutôt sa partition ultime. »
 
Michael Rubin

La Turquie en colère contre un manuel scolaire français parlant des Kurdes

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PARIS – Récemment, on a découvert que le nouveau manuel d’histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques de terminale des lycées français avait consacré quelques pages aux Kurdes sous le chapitre « Un peuple sans Etat: Les Kurdes ».
 
Les lycéens français vont apprendre brièvement la situation politique et militaire des Kurdes dans les quatre parties du Kurdistan : Rojava, Bashur, Rojhilat et Bakûr, respectivement occupés par les 4 Etats colonialistes qui sont la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran depuis la chute de l’empire ottoman.
 
« Curieusement », seule la Turquie a vu rouge, dans son reflex pavlovien anti-kurde, quand elle a eu vent de ce manuel parlant des Kurdes, criant à la « propagande d’organisations terroristes [kurdes] YPG / PKK » dans un livre pour des lycéens français. (Les 3 autres Etats occupant le Kurdistan n’ont pas encore émis de critiques envers la France pour le manuel en question.)
 

David Graeber a eu raison de reconnaître l’importance de la lutte kurde

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L’anthropologue et activiste David Graeber a été un partisan précoce et engagé du mouvement de libération kurde et de la révolution du Rojava. Il a insisté pour que la communauté internationale, et la gauche internationale en particulier, reconnaissent et défendent ce qu’il a décrit comme « une expérience démocratique remarquable » jusqu’au moment de sa mort, à Venise la semaine dernière.
 
Il s’est rendu à plusieurs reprises dans la région autonome de la Syrie du Nord et s’est tenu aux côtés des militants kurdes à l’étranger lorsqu’ils se sont efforcés de sensibiliser la population à leur lutte.
 
Établissant un parallèle avec l’Espagne des années 1930, il a souligné dans une interview accordée à Novara Media l’année dernière que le Rojava représentait « l’une des rares occasions où les gens ont eu une vaste étendue de territoire pour voir si les idées socialistes libertaires peuvent réellement fonctionner sur le terrain », en décrivant le « succès étonnant » du projet.
 
Basée sur les idées du leader emprisonné du mouvement de libération kurde Abdullah Ocalan, le Rojava est composé de trois provinces à prédominance kurde qui ont obtenu leur autonomie au milieu de la guerre civile syrienne qui a débuté en 2011. Il est gouverné sur la base de principes tels que l’écologie sociale, la démocratie directe et la libération des femmes.
 
Après sa capture et son arrestation en 1999, Ocalan a commencé à réévaluer le programme politique du mouvement, qui avait auparavant cherché à créer un État kurde dans la tradition des autres mouvements marxistes-léninistes de libération nationale. Il est arrivé à un nouveau paradigme qui voyait dans l’État-nation lui-même, et non plus seulement dans les États-nations qui opprimaient et effaçaient le peuple kurde, un obstacle à la liberté.
 
Écrivant depuis une prison insulaire isolée et militarisée, Ocalan proposait que seule une société basée sur la démocratie directe, la décentralisation et la liberté des femmes pouvait renverser le système de l’Etat-nation et la modernité capitaliste. Il a qualifié ce système de confédéralisme démocratique – « le paradigme contrasté des opprimés ».
 
Graeber a crédité Ocalan d’être ouvert à l’adoption des idées qui sous-tendent la région autonome. Il a vu très tôt comment le confédéralisme démocratique pouvait être une alternative pour les personnes opprimées par le capitalisme et l’État-nation partout dans le monde, une alternative qui s’attaquait aux échecs des programmes radicaux plus courants sur la gauche internationale faible et disjointe.
 
Il a également compris et mis en pratique une chose qui fait partie intégrante de la cause kurde, et pourtant souvent effacée par ceux qui cherchent à la réduire à des préoccupations géopolitiques et à des développements stratégiques : que la lutte pour l’existence au Kurdistan est aussi une lutte pour la liberté de l’humanité.
 
Pendant des milliers d’années, dans la région qui a été divisée en un Moyen-Orient moderne, les gens se sont élevés contre la tyrannie. Depuis les premiers dirigeants des premiers États et empires jusqu’aux capitalistes et impérialistes modernes qui ont imposé de nouvelles frontières à la région, chaque escalade de l’oppression s’est heurtée à des gens prêts à se battre et à sacrifier leur vie pour l’empêcher.
 
Partout dans le monde, les gens connaissent mieux ces histoires qu’ils ne le pensent – certaines comme la mythologie, d’autres comme la religion, d’autres encore comme l’histoire moderne. Dans la philosophie d’Ocalan, elles font toutes partie d’un grand refus d’abandonner la liberté humaine – un refus qui n’a pas toujours été couronné de succès, mais qui a continué quand même.
 
Il est difficile de ne pas voir le combat du mouvement kurde pour la liberté contre Isis comme faisant partie de cette même tradition. Les grandes batailles de 2014 à Kobanê et à Shengal semblaient impossibles à gagner. Des dizaines de milliers de civils étaient confrontés à des massacres et à la brutalité de DAECH. Les armées des États de la région, plus habituées à sévir contre leurs propres civils qu’à les défendre contre des ennemis armés, s’étaient effondrées ou avaient fui.
 
Les femmes et les hommes des YPJ / YPG et du PKK étaient largement en infériorité numérique. Ils avaient peu d’armes, peu de ressources et moins d’alliés. Mais ils ont quand même gagné – parce que DAECH se battait pour mourir et détruire, et ils se battaient pour exister.
 
Dans les régions qu’ils ont libérées, ils ont mis en place un système basé sur les idées d’Ocalan – la promotion de l’égalité des sexes, la coexistence entre les différentes communautés religieuses et ethniques, et la démocratie ascendante. Ils ont non seulement stoppé l’avancée d’un groupe terroriste qui menaçait le monde, mais ils ont prouvé aux gens du monde entier qu’un système pouvait être mis en place pour garantir que cette oppression ne revienne jamais.
 
Graeber a été l’un des rares intellectuels occidentaux à voir ce que le Rojava signifiait pour les habitants de la région et les gens du monde entier – à une époque où la révolution y était la plus radicale et la plus fragile. En 2014, alors que la victoire à Kobanê était encore incertaine, il a comparé la bataille à la guerre civile espagnole, en se posant des questions précises : « Le monde – et cette fois-ci, le plus scandaleux de tous, la gauche internationale – va-t-il vraiment se rendre complice en laissant l’histoire se répéter ? »
 
Lorsque la région a été attaquée par la Turquie l’année dernière, avec le soutien total des mêmes États occidentaux qui avaient fait l’éloge de la lutte kurde contre DAECH, il a appelé les peuples d’Europe et des États-Unis à rejeter les actions de leurs gouvernements et à se montrer solidaires.
 
Aujourd’hui, alors que l’aggravation des crises rend les gens du monde entier plus conscients de l’insoutenabilité d’un système basé sur l’exploitation et la division, nous devons être capables de tirer les leçons d’autres luttes sans présupposés et de prendre des engagements de solidarité qui vont au-delà des mots. Avec la disparition de Graeber, nous avons perdu un homme qui vivait ces principes universels au quotidien. Ce que nous n’avons pas perdu, c’est l’exemple qu’il a donné et les idées qu’il a défendues. Nous pouvons nous souvenir de lui comme il s’est souvenu des habitants du Rojava qui ont donné leur vie dans la lutte contre DAECH – en mettant ces idées en pratique.
 
Giran Ozcan, le représentant du Parti démocratique des peuples (HDP) aux États-Unis.

En Turquie, la démocratie reste une utopie

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Tribune signée par Ihsan Kurt, président de l’Association pour le fonds kurde Ismet Chérif Vanly (AFKIV), Prilly (VD)
 
Quarante ans après le coup d’Etat militaire du 12 septembre 1980, les attentes populaires d’une Constitution démocratique restent utopiques en Turquie.
 
Entre 1960 et 2017, la Turquie a subi cinq coups d’Etat dont les quatre premiers furent perpétrés par les militaires. Le putsch du 12 septembre 1980, mené par le général Kenan Evren et quatre autres généraux (pashas) turcs, a renversé le pouvoir par la force des armes, parachevant ainsi le troisième coup d’Etat militaire, après ceux de 1960 et de 1971. Le putsch de 1980 constitue une grande étape de la militarisation du pays en imposant une Constitution raciste et despotique après des répressions sanguinaires contre les Kurdes et les mouvements d’opposition de gauche. Quarante ans plus tard, le pays souffre des répressions et des crises économiques et politiques, alors que la démocratie et les droits humains et des peuples sont de plus en plus bafoués.
 
La Constitution mise en place en 1982, dont les bases essentielles sont toujours en vigueur, ne respecte ni les droits fondamentaux des peuples kurde, arménien, assyrien, grec, ni les minorités confessionnelles alévis et yézidis de Turquie. Ses articles 3, 42 et 66 prônent la supériorité et le monopole de la race, de la langue et de la culture turques. L’article 4 établit que l’art. 3 n’est susceptible d’aucune modification à l’avenir.
 
Dans son Livre noir de la «démocratie» militariste en Turquie (2010, Bruxelles), Dogan Ozgüden dresse une liste des crimes contre l’humanité commis par la junte militaire de 1980, avec plus de 650’000 personnes arrêtées; des dizaines de milliers victimes de torture et autres mauvais traitements; plus d’1,6 million de personnes fichées; 210’000 procès politiques ouverts devant les tribunaux militaires, dont une centaine de milliers pour délit d’opinion; sur 6353 personnes jugées sous menace de la peine capitale, 517 y ont été condamnées, dont 50 exécutées; 470 personnes ont perdu la vie sous la torture, en prison ou en grève de la faim; tous les partis politiques ont été interdits et des centaines de milliers de livres ont été brûlés…
 
Depuis quarante ans, malgré une opposition politique, démocratique, mais aussi armée de la part des Kurdes et des mouvements contestataires pacifiques, les gouvernements successifs du pays succombent aux menaces et chantages de l’armée au nom «des intérêts de la nation et de la patrie». Dans ce contexte, les acteurs politiques appliquent des politiques nationalistes et militaristes, l’armée étant considérée comme «l’institution la plus digne de confidence du pays». Devenant un espoir pour l’opposition antimilitariste, démocratique et libérale, le Parti de la justice et du développement (AKP) du président, Recep Tayyip Erdogan, a, quant à lui, créé au milieu des années 2000 son propre système basé sur les valeurs d’un islam conservateur sunnite et du nationalisme turc, au lieu d’instaurer une véritable démocratie dans le pays.
 
Le plus désespérant pour l’opposition, c’est qu’avant son arrivée au pouvoir en 2002, le gouvernement islamo-conservateur de Tayyip Erdogan, malgré ses promesses d’éradiquer tous les vestiges du régime fasciste du 12 septembre 1980, a fait des retouches dans la Constitution militaire selon la doctrine islamo-nationaliste et a créé sa propre armée et sa propre police. De plus, profitant du mystérieux «coup d’Etat avorté» qui aurait été orchestré par la confrérie «Gülen» le 16 juillet 2016, Erdogan a aboli nonante-cinq années de système parlementaire en instaurant un régime présidentiel adopté par référendum en avril 2017. Appelé «le système du gouvernement de la présidence du peuple», le régime, qualifié de «superprésidence», concentre en la seule personne du chef d’Etat l’essentiel du pouvoir (budget, nomination des hauts fonctionnaires et des magistrats) sans outils de contrôle. Les attentes populaires d’une Constitution démocratique conforme aux conventions internationales des droits humains et des peuples restent utopiques en Turquie.
 
Le passé de la Turquie, c’est une histoire de coups d’Etat. Celui de 1980 a le plus marqué la société. La terreur d’Etat qui a suivi le 12 septembre a forgé une nouvelle idéologie officielle négationniste et nationaliste, transformée sous le pouvoir de l’AKP à une synthèse turco-islamique. Ce régime vise à fonder une identité unique de la population turque et musulmane, avec des conséquences dramatiques pour les minorités ne rentrant pas dans ce cadre. La brutalité de la répression subie par les Kurdes a poussé ces derniers à la lutte armée en 1984, ce qui a coûté la vie à plus de 50’000 personnes; plus de 4 millions de personnes ont quitté le pays (dont 1 million en Europe et plus de 50’000 en Suisse). Même si les généraux putschistes ont été jugés en 2012, l’âme de la Constitution militaire plane toujours sur l’homme fort de la Turquie, dont les ambitions coloniales néo-ottomanes visent la Syrie, l’Irak, la Libye et la mer Égée.
 
Publié par le site Le Courrier

Les mouvements féminins kurdes, un puissant vecteur d’influence pour le PKK

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« Au plus fort de la couverture médiatique de la guerre entre l’Etat islamique et les Kurdes dans le nord de la Syrie, de 2014 à 2016, l’opinion publique internationale s’est émue [1] de la présence nombreuse, structurée et institutionnalisée de femmes dans les rangs kurdes, et de la crainte que ces dernières inspiraient à leurs adversaires djihadistes [2]. Ces femmes, en première ligne au même titre que leurs pairs masculins, ont ainsi attiré l’attention des médias et des chercheurs [3] sur la place toute particulière occupée par la femme dans certaines sociétés kurdes et, plus encore, dans les mouvements à caractère révolutionnaire comme le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), qui a fait du rejet des valeurs patriarcales de la société traditionnelle kurde l’un de ses axes idéologiques majeurs. »

Par Emile Bouvier, à lire sur Les clés du Moyen-Orient 

Hommage à Yilmaz Guney, cinéaste kurde décédé en exil à Paris

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PARIS – Les Kurdes ont rendu hommage au cinéaste kurde Yilmaz Güney, sur sa tombe, à l’occasion du 36e anniversaire de sa mort.
 
De nombreuses organisations kurdes et de la gauche turque ont participé à l’hommage rendu à Yilmaz Guney sur sa tombe hier, au cimetière de Père-Lachaise.
 
Yılmaz Güney, né 1 avril 1937, était un réalisateur, scénariste, romancier et acteur kurde qui a produit des films en turc. La majorité de ses films avaient comme sujet le sort des Kurdes et la classe ouvrière en Turquie. Güney a remporté la Palme d’Or au Festival de Cannes en 1982 avec le film Yol qu’il a coproduit avec Şerif Gören.
 
Güney était constamment harcelé par le gouvernement turc en raison de la présence du sort des Kurdes, dont l’existence même était niée par l’Etat turc, dans ses films. Après avoir été condamné en 1974 en étant accusé d’avoir tué un juge, ce dont Guney a nié, il s’est réfugié en France après s’être évadé de la prison et a ensuite été déchu de la citoyenneté turque. Guney est le seul réalisateur au monde à avoir réalisé des films depuis la prison grâce à ses instructions données à son ami Zeki Ökten.
Quelques uns des films les plus connus de Guney, considéré comme étant le plus grand cinéaste kurde du XXème siècle, sont : Yol (la Permission), Duvar (le Mur) et Sürü (le Troupeau).
Guney est décédé à Paris d’un cancer de l’estomac le 9 septembre 1984, à l’âge de 47 ans. Sa tombe se trouve au cimetière de Père Lachaise, dans le 20ème arrondissement de Paris.