Accueil Blog Page 789

30 femmes tuées en avril en Turquie

0
TURQUIE/FEMMES – 30 femmes ont été tuées et au moins 51 enfants ont été abusés sexuellement en Turquie en avril, selon un nouveau rapport publié par la plateforme KCDP (« Kadın Cinayetlerini Durduracağız Platformu » en français : « Nous stopperons les féminicides »).
La KCDP a publié son rapport sur la violence contre les femmes en avril. Le rapport indique que 30 femmes ont été tuées en avril et souligne que la violence sexuelle et la maltraitance des enfants continuent d’augmenter. La KCDP a annoncé que le taux de féminicide augmente à nouveau : « Le nombre de femicides a diminué en mars, mais il a encore augmenté en avril. La montée du mouvement des femmes et la condamnation de la violence contre les femmes et les enfants par tous lors de la Journée internationale de la femme ont été efficaces en mars, » déclare le rapport qui souligne que les femmes ont été tuées pour avoir décidé de leur propre vie. Le rapport indique que 10 femmes sur 30 ont été tuées en avril pour cette raison.
Les villes où les fémicides ont eu lieu le plus en avril sont Istanbul (5), Adana (3), Antep (3) et Kocaeli (3), indique le rapport.
Trois femmes entre la vie et la mort
Le rapport indique que trois femmes, grièvement blessées par des hommes à Adana, Tekirdağ et Kayseri, luttent pour survivre aux soins intensifs.
La KCDP annonce également qu’au moins 51 enfants ont été abusés sexuellement en avril et déclare : « Mais nous savons que le nombre réel [d’abus sur enfants] est beaucoup plus élevé que cela. » Le rapport indique que 26 enfants sur 51 ont été abusés sexuellement à leur école et 10 autres abusé sexuellement à la maison.

Une femme iranienne : La révolution des femmes au Rojava doit être appliquée en Iran et dans le monde

0
ROJAVA – QAMISHLO – Maryam Hikmat Shawar a déclaré que la révolution qui a été lancée au Rojava est une révolution qui représentait les femmes et leur a donné une vie démocratique libre et est devenue un modèle qui devrait être appliqué en Iran et dans le monde.
 
 
L’agence de presse Hawar (ANHA) a interviewé Mariam Hikamt qui vit en Allemagne depuis 30 ans et fait partie d’une délégation de femmes allemandes en visite au Rojava pour voir le projet de l’Administration autonome et de la fédération démocratique en Syrie du Nord et leur travail, l’organisation et la révolution qu’ils mènent.
 
Mariam travaille dans les affaires sociales en faveur des enfants et des jeunes et a travaillé pour aider les réfugiés en Allemagne.
 
Maryam a déclaré qu’elle est venue au Rojava car elle a beaucoup entendu parler des femmes du Rojava à travers les informations et d’autres personnes et a déclaré : « En venant ici pour voir de plus près la révolution des femmes, je vois cette société dans laquelle les hommes et les femmes partagent ensemble [les mêmes tâches] dans divers domaines. »
 
Mariam a décrit les progrès réalisés par les femmes du Rojava dans le saut historique des femmes dans la région ainsi : « Elles organise et gère leur propre entreprise, qu’elle soit politique, militaire, sociale ou économique, et elles ont la liberté de prendre des décisions dans toutes les institutions. »
 
Dans son discours, Mariam a souligné que la révolution des femmes au Rojava doit être appliquée à la fois à l’Iran et dan le monde, soulignant que les femmes en Iran sont soumises à divers types de violence et de persécution.
 
Mariam a terminé son discours ainsi : « Les femmes en Iran doivent s’organiser et se battre pour leur liberté, briser les restrictions imposées par l’Etat et commencer leurs premières démarches pour se libérer de l’injustice. Les femmes devraient suivre la révolution des femmes au Rojava pour atteindre une vie libre et démocratique. »

Les députés kurdes soumettent une proposition au parlement iranien pour les kolbars

0

TEHERAN – Les députés du Rojhilat (Kurdistan d’Est) ont manifesté leur soutien au boycott lancé contre l’Iran interdisant le commerce frontalier des kolbars (colporteur de marchandises transfrontalières). Les députés kurdes ont soumis une proposition et ont déclaré : « Si les demandes ne sont pas satisfaites, nous démissionnerons ».

Les boycotts des commerçants et des petites entreprises qui ont débuté, il y 22 jours, dans les villes kurdes de Bane et Ciwanro au Rojhilat (Kurdistan oriental) se sont répandus dans diverses villes depuis que l’Iran a interdit le commerce frontalier entre le Kurdistan Est et le Kurdistan Sud. Les députés du Rojhilat ont également manifesté leur soutien au boycott. 15 députés kurdes au Parlement iranien ont présenté une proposition hier et ont également annoncé qu’ils démissionneraient en masse si les demandes n’étaient pas satisfaites.

ROUHANI INVITÉ AU PARLEMENT

Le député de Mahabad, Mahmud Salihi a tenu un communiqué de presse sur la proposition et a déclaré que près de 7 millions de personnes doivent leur subsistance au commerce frontalier et aux kolbars. Salihi a déclaré : « Les restrictions imposées aux kolbars et l’arrêt du commerce frontalier ont causé des problèmes financiers parmi notre peuple. »

Salihi a déclaré qu’ils ont invité le président Hassan Rouhani au Parlement pour faire une déclaration sur la question et a annoncé qu’ils démissionneraient si leurs demandes ne sont pas satisfaites.

Source

AFRIN : L’artiste kurde Aslan Can kidnappé par les mercenaires de la Turquie

0
AFRIN – L’armée d’occupation turque et ses mercenaires ont kidnappé l’artiste populaire kurde Aslan Can et l’ont emmené dans un lieu inconnu.
 
Selon des sources proches de la famille d’Aslan, il aurait été kidnappé il y a deux jours après son retour dans son village de Shiah du canton de Shehba. Il n’y a aucune information disponible concernant son sort.
 
Les crimes et les violations de l’armée d’occupation turque et de ses mercenaires contre les civils d’Afrin continuent où ont enlevé environ 3 000 civils du canton d’Afrin depuis qu’ils ont lancé leurs attaques sur le canton. Le sort de la majorité d’entre eux est encore inconnu.

Pervin Buldan : Construisons l’avenir ensemble avec l’alliance des femmes

0

DİYARBAKIR – Coprésidente du HDP, Pervin Buldan a déclaré que l’alliance la plus significative en Turquie est l’alliance des femmes et elle a appelé les femmes à construir l’avenir des femmes ensemble. et a déclaré : « Participons à ce processus en préconisant le pluralisme contre ce système et ce régime d’un seul homme. »

Pervin Buldan, coprésidente du Parti Démocratique des peuples (HDP), a commenté l’alliance entre le Parti Justice et Développement (AKP) et le Parti du Mouvement Nationaliste (MHP) et l’alliance entre le Parti IYİ (Bon) et le Parti Démocratique (DP) ainsi que Parti républicain du peuple (CHP). Mentionnant que l’alliance des femmes se rassemblait autour du «Front démocratique des femmes», Buldan a souligné que tout le monde forme une alliance dans ce processus, mais que l’alliance la plus significative est l’alliance des femmes.

Buldan a déclaré : « Les femmes sont le segment le plus lésé dans la période de 16 ans de la Turquie. En tant que femmes, nous luttons contre toutes sortes de problèmes tels que les crises économiques, les crises sociales et les politiques de guerre en cours. La lutte des femmes dure depuis des années mais cette lutte est interrompue par l’AKP. Et ces processus forment une base pour les femmes menant la lutte des femmes kurdes et la lutte des femmes turques pour se rassembler. »

 
« Le 24 juin est une opportunité pour les femmes »
Notant que tout le monde forme une alliance dans ce processus, Buldan a déclaré : « Nous pensons que l’alliance la plus significative en Turquie est l’alliance des femmes. Par conséquent, nous pensons que toutes les femmes vivant en Turquie (…) devraient prendre part à cette alliance. Nous affirmons toujours que nous pouvons former cette alliance sous l’égide du HDP. Le 24 juin pourrait contribuer à cela. Cette période est un test et une opportunité pour les femmes vivant en Turquie. »
« Construisons notre avenir ensemble »
« Les femmes ont une bonne raison de préférer le HDP », a déclaré Buldan et elle a souligné que le HDP a pris de nombreuses mesures concrètes pour les femmes contre des politiques de persécution en cours depuis des années. Buldan a déclaré : « Il est très important pour nous que les femmes deviennent candidates du HDP. Nous avons 2-3 jours pour le faire. Nous appelons toutes les femmes (…) ; le HDP est à vous (…). Construisons l’avenir des femmes ensemble. Participons à ce processus en préconisant le pluralisme contre ce système et ce régime d’un seul homme. »

ROJAVA : La vie communale dans les villages de Qamishlo

0
????????????????????????????????????

QAMISHLO – Dans les villages de la région de Shexo près de Qamishlo au Rojava, les gens s’organisent et prennent soin d’eux-mêmes autour d’une vie communale.

«Résous tes problèmes toi-même et n’attends pas que les autres le fassent» – sous cette devise, les villageois de la région de Shexo du canton de Qamishlo s’organisent en communautés basées sur la vie communale.

Les habitants couvrent leurs besoins en légumes, fruits, pain et produits laitiers à travers leur propre production et sont à cet égard complètement indépendants des marchés de la ville. Dans le village, il y a un fonds commun, dont tout le monde peut bénéficier à des occasions telles que les maladies, les décès et les mariages. Ce fonds est principalement utilisé par des résidents ayant des difficultés économiques en situation d’urgence.

 
Comme Mihemed Elî Kûtê, âgé de 80 ans, a déclaré à l’agence de presse ANHA, tous les villageois versent mensuellement dans le fonds en fonction de leurs ressources financières. «Notre village a été fondé il y a une centaine d’années, et depuis lors, l’éthique sociale et les traditions ont été préservées», explique Kuta. Les habitants des villages environnants ont également examiné ce mode de vie et sont en train de construire une vie communale similaire.
 
Le mode de vie dans la région de Shexo est un modèle exemplaire pour développer un système démocratique-participatif dans le nord de la Syrie. L’objectif est de créer des municipalités et des conseils dans tous les villages et quartiers où la cohabitation est organisée. De cette manière, toute la population participe directement aux décisions politiques et sociales.

Les normes de Daesh mises en vigueur à Afrin

0
AFRIN – Dans la région kurde d’Afrin envahie, les forces occupantes ont établi des normes similaires à celles qui étaient en vigueur sous la domination de l’État islamique (EI) à Raqqa.
 
Le canton d’Afrin, occupée par l’armée turque et les groupes de l’armée syrienne libre (ASL) est soumis à des règles similaires à celles introduites par l’EI dans son ancienne « capitale » Raqqa. Selon des sources locales, il est maintenant interdit aux femmes d’Afrin de quitter la maison sans la burqa et sans escorte masculine.
 
Plus de 300 civils tués
 
Depuis 20 janvier, l’armée turque et les mercenaires de l’ASL ont tué plus de 300 civils, dont 56 femmes et 46 mineurs, durant l’opération d’invasion. La population du canton du nord de la Syrie a résisté à la deuxième plus grande armée de l’OTAN et à sa milice, pendant 58 jours. Lorsque les forces d’occupation se trouvaient juste à l’extérieur de la ville d’Afrin, le 18 mars, la majeure partie de la population a été évacuée vers le canton voisin de Shehba.
 
Afrin annexée à la Turquie de facto
 
Après l’occupation du centre-ville d’Afrin, un « Conseil Afrin » a été fondé à Antep, en Turquie, le 19 mars, dont la coordination est assurée par le Gouverneur de la ville turque d’Hatay. Ainsi Afrin a été effectivement annexée par la Turquie. Pour Afrin un gouverneur doit être nommé par l’Etat turc.
 
Enlèvements et viols 
 
Les actions des forces occupantes à Afrin et dans les villages de la région ont exercé une pression extrême sur la population restante. Les femmes sont particulièrement touchées par les nouvelles règles, qui sont conformes aux normes établies par l’EI. Les enlèvements et la violence sexuelle sont monnaie courante. On ne sait pas ce qu’il est advenu des femmes enlevées par les milices. Il y a aussi des kidnappings avec des demandes de rançon.
 
Les villages sont arabisés
 
Selon le Conseil démocratique de Syrie (MSD), environ 4 000 familles de milices de l’ASL ont été installées dans la ville et les villages. Le village de Kafr Jina, dans le district de Shera, a été complètement arabisé. Au moins 300 familles de mercenaires se sont installées dans le village de Kafr Safra.

Les réfugiés d’Afrin : nous ne céderons pas devant l’occupation turque

0
ROJAVA – SHEHBA – Des réfugiés d’Afrin ont déclaré qu’ils ne céderaient pas devant l’occupation, et qu’ils ne retourneront pas à Afrin avant de chasser l’armé turque et ses gangs qui commettent un génocide contre eux.
 
L’agence de presse Hawar (ANHA) a demandé l’avis des habitants Afrin qui avaient été chassés d’Afrin à cause des attaques et des violations commises par l’armée d’occupation turque et ses mercenaires.
 
Gula Ahmed, du district de Janders, a déclaré : « Les attaques de l’armée d’occupation turque et de ses mercenaires nous privent de la sécurité et de la paix que nous avions à Afrin. En raison du bombardement de l’agression turque, nous avons tout laissé derrière nous. Nous souffrons maintenant. Il est impossible de retourner à Afrin avant qu’elle soit libérée de l’occupation. »
 
Mohammed Gulin Mohammed, un autre réfugié d’Afrin a déclaré que les attaques de l’occupation turque visaient en premier lieu les civils, ajoutant : « Nous avons vu des centaines de victimes civiles. L’occupation turque nous a forcés à quitter nos maisons pour installer les familles des mercenaires dans notre maisons. »
 
Gula Hamo a déclaré qu’ils sont sortis d’Afrin pour se protéger de l’oppression de l’occupation et a continué : « L’injuste d’Erdogan a détruit nos maisons et nous a fait quitter nos terres pour y installer les familles des mercenaires de Douma et Qalamoun. Malgré le silence international envers Afrin, nous résisterons jusqu’au bout et ne nous l’abandonnerons pas à l’ennemi et à l’occupation. »

1 300 kolbars kurdes encerclés par les forces du régime iranien

0
ROJHELAT/IRAN – HAWRAMAN – Les forces du régime iranien ne permettent pas à quelque 1 300 kolbars kurdes de passer au Rojhilat (Kurdistan d’Iran) depuis la frontière de Piranshahr et Hawraman. De nombreux kolbars et kasibkars (commerçants) ont été arrêtés par les forces iranniennes.
 
Selon Kolbarnews, les forces du régime iranien ont bloqué quelque 1 300 kolbars (porteurs de marchandises pour un salaire journalier) qui voulaient passer au Rojhilat (Kurdistan oriental) par Kani Xuda, près de la frontière de Piranshahr-Hawraman hier soir.
 
Aujourd’hui, les forces du régime ont bloqué la traversée de mille kolbars près des montagnes de Tete près de Hawraman.
 
Les forces iraniennes ont non seulement interdit aux kolbars de retourner au Rojhilat depuis la frontière avec le Bashur (Kurdistan irakien), mais ont également attaqué les kolbars et en ont détenu un grand nombre. Les marchandises des kolbars ont également été incendiées.
 
Les kolbars continue d’attendre à la frontière entre le Rojhilat et le Bashur car ils ne sont pas autorisés à se déplacer vers des deux côtés de la frontière.

Une réponse kurde au changement climatique

0

Conversations avec le mouvement de libération kurde sur la société écologique et le confédéralisme démocratique

4 000 ans après la chute de l’empire akkadien en Mésopotamie, presque tous les principaux effondrements sociétaux ont présenté cinq tendances : la migration en spirale, l’effondrement de l’État, les pénuries alimentaires, les épidémies et les changements climatiques. Ce qui distingue l’ère actuelle, c’est que bien que les effondrements antérieurs aient été circonscrits géographiquement, la mondialisation de l’industrie à forte intensité d’émission du carbone depuis les années 1800 et en particulier au cours des quatre dernières décennies a obscurci la relation entre cause et effet. Beaucoup des personnes les plus touchées par le changement climatique causé par l’homme aujourd’hui sont aussi les moins responsables. Le projet Climate Stories estime que pour éviter d’autres dommages et construire un futur différent, il faut être dirigé par ceux qui sont les premiers à entendre la Terre se lever pour protester, en avoir examiné les causes et trouver des solutions innovantes. Dans cet esprit, cet article documente les réflexions d’une série de conversations avec des membres du mouvement kurde sur le changement climatique.

Explorer les racines d’une «crise climatique» du 21ème siècle

Historiquement, deux tendances clés opposées ont traversé les mouvements environnementaux. Le premier est réformiste et favorise l’ingénierie environnementale. Cette approche considère toujours la nature en termes de comment elle peut servir les besoins humains à travers des réformes et des technologies «respectueuses de l’environnement». Pour le mouvement kurde, cela évite la question de savoir qui a profité des dommages environnementaux et retarde une solution efficace au problème. La seconde est une approche de l’écologie profonde, qui tend à être anti-technologique et anti-humaine. Ceci est également limité parce que, que cela plaise ou non, ce sont les humains qui, avec le temps, ont développé le plus de capacité à façonner la nature. Ce pouvoir peut être utilisé pour renouveler et protéger la nature, ou pour la détruire.

Pour aller au – delà de ces deux approches, nous devons comprendre le rôle positif des technologies humaines qui ont joué – et pourraient jouer à nouveau – dans la relation entre la nature biologique et de la société humaine. Avons-nous vraiment besoin d’avoir un oiseau dans une cage de notre maison pour lui montrer notre amour, alors que c’est sa nature de voler à l’extérieur ?

Nous devons également comprendre les racines de la crise climatique actuelle. Comment l’idée de contrôler la nature a-t-elle émergé en premier lieu ? Les humains peuvent-ils contrôler la nature «externe» s’ils ne créent pas d’abord des structures de domination entre eux ? Notre point de vue à ce sujet est basé sur l’étude de notre histoire de 5 000 ans. Abdullah Öcalan, le chef du Parti des travailleurs du Kurdistan emprisonné (PKK),  a écrit  comment la hiérarchie a commencé à être institutionnalisée pour la première fois dans les temples de l’ancienne Mésopotamie, à commencer par la montée des prêtres et l’institutionnalisation du patriarcat. De-là, l’Etat, l’esclavage, l’armée permanente, la propriété privée (caractéristiques de nombreuses sociétés que nous connaissons encore aujourd’hui) sont partis. 

Pour Öcalan, deux tendances civilisationnelles coexistent. Vers la fin du néolithique, les structures fondées sur la hiérarchie, la violence et la subjugation sont devenues plus importantes. Pourtant, à la même époque, vers 2300 avant notre ère, le premier mot pour exprimer le concept de liberté –  amargi –  littéralement «le retour à la mère», a également émergé. C’est le fondement de ce qu’il décrit comme une «civilisation démocratique», qui traverse de nombreuses luttes historiques et se poursuit aujourd’hui, en particulier dans les sociétés indigènes qui pratiquent encore la politique communale ; au Rojava, notre modèle le plus connu de ce que nous pouvons appeler la «société écologique», beaucoup parlent d’un «retour à la nature». En d’autres termes, revenir à une société basée sur la liberté des femmes, l’écologie et la démocratie dans toutes les sphères de la vie.

Les femmes et la terre

En kurde, le mot  « Jin »  a une double signification: il signifie « femme », mais vient aussi de la racine « Jiyan »,  signifiant « vie ». Donc pour nous, opprimer la femme signifie inévitablement opprimer la vie elle-même.

Cela prend une  place centrale dans notre théorie de la libération, et la science des femmes, appelée  jinéologie, est devenue un principe fondamental du mouvement kurde. Pendant des siècles, la femme a été la gardienne des connaissances sur la nourriture, la nature, la croissance, la médecine, la guérison. Elle était vitale pour le système de production agricole dans lequel les récoltes étaient partagées également entre les communautés et détenaient un important pouvoir social.

Aujourd’hui, selon l’Organisation mondiale de l’alimentation, les femmes constituent encore la majorité des agriculteurs du monde, cultivant  plus de la moitié  de la nourriture mondiale. Au Kurdistan aussi, les femmes sont au cœur de l’économie rurale. De nombreux ménages kurdes dans les régions rurales de Turquie sont  dirigés par la mère , les pères et les fils étant souvent perdus à la guerre ou disparus. Nos exemples locaux nous amènent à nous interroger sur les contradictions sociales que nous observons: la production agricole mondiale actuelle peut nourrir  une fois et demie  la population mondiale, et pourtant environ  800 millions de personnes sont chroniquement sous-alimentés. À notre avis, c’est un symptôme de la façon dont la modernité capitaliste a fonctionné au fil du temps, avec des types très particuliers d’infrastructures politiques et de processus sociaux institutionnalisés Ceux-ci ont des ressources mobiles privilégiées à une minorité, même à grande distance, appauvrissant beaucoup dans le processus. Cela a ses racines dans la première forme de domination, des hommes sur les femmes.

Le contexte kurde aujourd’hui

Comprendre les échos du passé dans le présent est crucial pour comprendre le contexte kurde. Les Kurdes sont l’un des peuples les plus anciens vivant en Mésopotamie. Nous sommes au nombre de 40 millions, mais nous n’avons jamais eu notre identité en tant que peuple attaché à un État-nation. Les Kurdes sont également parmi les premiers praticiens du zoroastrisme, basés sur l’harmonie avec la nature et tournent autour de quatre éléments: l’eau, l’air, le feu et la terre. A partir de ces racines, la culture kurde développée liées aux terres que nous habitons – littéralement,  agro-Culture. La riche biodiversité de la région a donné naissance à certaines des premières sociétés agricoles établies de la civilisation humaine. Des millions d’hectares de terres irriguées dans le bassin du Tigre et de l’Euphrate produisaient de l’orge, du blé, du coton, du bétail, des fruits et des légumes et les régions kurdes de Syrie et d’Irak étaient souvent considérées comme le grenier de ces pays.

Ces zones contiennent également certaines des plus grandes réserves pétrolières régionales et la soif de combustibles fossiles a fait du Kurdistan une région géostratégique. Depuis le 19ème siècle, les intérêts britanniques et français   ont circulé autour de Mossoul et de Kirkouk, influençant les accords entre les puissances internationales, délimitant les frontières du Kurdistan et compliquant l’accès aux ressources naturelles de la région. Les compagnies pétrolières internationales et la richesse qu’elles ont accumulée dominent les villes de l’Irak sous la forme de gratte-ciels, le symbole du capital financier international, tandis que la production agricole a chuté à cause des conflits dans la région.

En Turquie, la mécanisation agricole des années 50 et 60 (financée en partie par l’ aide américaine  ) a poussé les Kurdes de leur foyer ancestral vers les bidonvilles de l’ouest de la Turquie et les politiques d’assimilation forcée les ont séparés de la terre. Pour saper simultanément l’identité de ceux qui restaient, des sites historiques et culturels ont été détruits. Des centrales nucléaires et des sites radioactifs ont été construits dans le Kurdistan rural, menaçant les cultures, les animaux et les moyens de subsistance. Lorsque la dernière vague de résistance kurde a commencé dans les années 1980, la réponse de l’État turc comprenait la destruction de 5000 villages et de  centaines d’hectares de forêts. Cette violence continue aujourd’hui. Entre juillet 2015 et avril 2016, près de 400 civils ont été tués par les forces spéciales turques et 300 000 personnes ont été déplacées pendant les couvre-feux et  les attaques militaires  dans le sud-est de la Turquie. Une fois de plus, les  rapports indiquent  que l’armée a ciblé non seulement les villes, mais aussi les forêts environnantes. Tout récemment, le 4 novembre,  des responsables kurdes élus ont été détenus et continuent d’être détenus à l’isolement , dans le cadre d’une répression en cours contre le mouvement.

Le déplacement des Kurdes de leur terre a détruit la vie, la terre  et la  culture, qui sont la base de l’identité. Nos expériences nous ont montré à quel point la culture, l’identité et le bien-être sont influencés par l’environnement dans lequel vit un peuple.

Si l’agriculture était le fondement de notre société, l’eau était sa mère. Aujourd’hui, les fleuves Euphrate et Tigre – sources de vie vitales qui traversent les régions kurdes à travers la Turquie, la Syrie et l’Irak – ont pris une importance géopolitique supplémentaire   avec la pénurie d’eau, comme la pénurie alimentaire, devenant un  facteur de conflit régional. Les rivières ne connaissent pas de frontières et ignorent la carte des États. En observant ce raisonnement des artères terrestres, les peuples, les nations et les gouvernements devraient travailler ensemble pour la préservation et l’utilisation équitable de l’eau, qui appartient à la terre. Cela n’a pas été le cas, cependant. Les projets de développement de l’eau ont amené à plusieurs reprises la Turquie, la Syrie et l’Irak au bord de la guerre, avec le peuple méconnu du Kurdistan, vivant là où les rivières passent, pris au milieu. Aujourd’hui, le  projet « Sud-est d’Anatolie (GAP) est en cours de déploiement dans les régions kurdes de Turquie, où 22 barrages seront construits. Le barrage d’Ilisu, sur le Tigre, réduira l’écoulement de l’eau vers l’Irak et la Syrie et déplacera des centaines et des milliers de personnes à partir de lieux tels que Hasankeyf, l’une des plus anciennes villes continuellement habitées du monde de plus de 12 000 ans. Alors que de tels projets sont presque toujours justifiés comme «développement et progrès», pour de nombreux habitants, le projet GAP est une tentative délibérée de dépeupler la région, de forcer les habitants dans les villes, saper le tissu social du Kurdistan et créer une sorte de barricade «naturelle» contre la guérilla kurde du PKK.

Vers la «société écologique»

Comme l’environnement naturel façonne l’identité humaine et la culture, la société humaine façonne la nature. Le dévouement à la recherche du profit par la surproduction a poussé la société mondiale vers l’autodestruction, aboutissant à un monde où l’industrie de l’ armement est l’une des industries les plus rentables  ; où les économies autorisent le monopole et la colonisation d’autres pays directement ou  indirectement ; où l’agriculture a  perdu sa valeur à  travers des technologies gourmandes en ressources, un génie génétique irresponsable et la perte de la diversité des semences. Nous sommes arrivés à un point où les humains doivent agir pour faire des changements démocratiques dans tous les aspects de nos vies, sinon nous nous séparons complètement de la nature.

Pour le mouvement kurde, la société écologique commence par briser le système patriarcal. La presse occidentale a  fait grand cas  du fait que les femmes kurdes se sont organisées dans la lutte armée, y compris récemment dans les forces d’autodéfense des forces du YPJ à Rojava et dans les forces du YJA-STAR dans d’autres parties du Kurdistan. L’orientalisme déshumanisant de ces histoires obscurcit le  tableau complet : l’autodétermination des femmes est essentielle au succès de notre lutte et à notre  vision  d’une société libérée, démocratique et écologique. Les femmes dirigent maintenant des académies à travers le Kurdistan, établissant des villages réservés aux  femmes pour les victimes d’abus, et sont les membres les plus actifs de la vie civique et politique, dans les conseils, les communes et en tant que représentants dans les partis politiques. Au moins 40% de chaque sexe doivent être élus à des fonctions politiques à tous les niveaux de la société, à travers un système co-présidentiel dans lequel seules les femmes ont le droit d’élire la coprésidente tandis que tout le monde élit le coprésident. Ce partage du pouvoir, a un impact éducatif et favorise un consensus équitable dans toutes les décisions politiques.

La société écologique est basée sur  le confédéralisme démocratique  au sein des nations démocratiques plutôt que sur la démocratie représentative au sein des États-nations. La plupart des États ont été fondés par des projets de construction de nation – y compris la guerre – exploitant parfois les tensions existantes, les créant parfois, écartant les familles et les communautés anciennes et établissant des frontières hautement militarisées, mais artificielles, qui empêchent l’humanité de problèmes. C’est un héritage de la science blanc-suprémaciste du 19ème siècle   qui a «prouvé» l’existence de « races » «supérieures» et «inférieures», dont la philosophie politique européenne liée à l’Etat-nation a une  identité ethnique ou culturelle singulière. À l’époque contemporaine, cela fait écho à bien des égards, notamment en croyant qu’il est  plus difficile pour des personnes de cultures différentes de coexister dans le même État, plutôt que de voir que le problème réside dans les principes d’exclusion de l’État moderne.

En revanche, nous croyons et avons expérimenté que plus une nation est diverse, plus sa démocratie est forte. C’est pourquoi le Parti démocratique des peuples (HDP) en Turquie, est le parti le plus divers du parlement turc, avec des représentants de toutes les communautés de Mésopotamie et d’Anatolie ; Kurdes, Turcs, Arméniens, Arabes, Assyriens, Musulmans, Alévis, Chrétiens et Yézidis. Lors des élections de 2015 en Turquie, le HDP a remporté une victoire historique, remportant 59 sièges. Pourtant, le 4 novembre 2016, 11 des élus, dont les deux coprésidents, ont été arrêtés par l’État turc.

Pourquoi est-ce si important ? Nous devons nous rappeler que si les différents groupes ethniques et religieux du Moyen-Orient sont unifiés, il sera plus difficile de diviser et de gouverner la région. Comme l’a expliqué un membre arabe de l’administration du Rojava  à l’universitaire et activiste kurde Dilar Dirik :

«Le système d’autonomie démocratique dans nos trois cantons secoue et bouleverse le monde entier parce que le système capitaliste ne veut pas la liberté et la démocratie pour le Moyen-Orient, malgré toutes ses prétentions. C’est pourquoi tout le monde attaque Rojava. Les différentes formes d’État illustrées par la République arabe syrienne sous Assad et l’État islamique sont les deux faces d’une même médaille, car elles nient et détruisent la diversité mosaïque de notre région. Mais de plus en plus d’Arabes du reste de la Syrie viennent au Rojava pour apprendre l’autonomie démocratique, car ils voient ici une perspective de liberté.

La plupart des États-nations centralisent le pouvoir décisionnel de sorte que peu d’activités politiques se produisent là où elles sont le plus nécessaires. Le confédéralisme démocratique, cependant, est basé sur la démocratie directe. Avec la codification du « contrat social » au Rojava, des personnes de diverses nations et confessions se réunissent pour faire de la politique à travers la participation directe aux commissions, comités, conseils, communes du niveau de la rue, aux régions, aux villes, etc. Cela se passe également en Turquie, où, par exemple, le Mouvement écologiste mésopotamien a été  récemment restructuré  en conseils locaux et provinciaux. Chaque conseil est autonome, mais est en réseau avec d’autres dans le cadre d’une confédération qui forme la structure politique du mouvement kurde.

Le confédéralisme démocratique défie les idées de propriété de la modernité capitaliste, un défi relevé par les mouvements indigènes dont l’expérience de la violence pendant la formation de l’État moderne les a conduits à s’écarter de cette voie et à travailler vers l’autodétermination au-delà des frontières. Tout comme les  zapatistes au Mexique, au Rojava, les  décisions sur les questions sociales, des infrastructures et de l’énergie à l’éducation et à la violence domestique sont toutes discutées et résolues ensemble. Ici, un gouvernement national «gestionnaire» ou «propriétaire» devient redondant – le but est que les gens eux-mêmes gèrent la société dans laquelle ils vivent ensemble.

Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de tensions, de désaccords et parfois même de conflits, d’autant plus que l’oppression intériorisée et les structures autoritaires sont profondes, conduisant à la fois à l’apathie politique et à l’abus du pouvoir politique. Mais c’est pourquoi nous rééduquer nous-mêmes est vital. Nos académies d’éducation favorisent une mentalité plus consciente ; Alors que notre engagement à régénérer une société coopérative signifie que cette approche est renforcée par les personnes qui font et assistent à de véritables changements sur le terrain.

Par exemple, nous construisons une économie collective par l’intermédiaire des coopératives. Cela crée non seulement des relations non hiérarchiques entre les travailleurs, mais aussi avec la terre. Ceci est en contraste direct avec le système économique mondialisé d’aujourd’hui, qui favorise la nature surexploitation pour les intérêts à court terme de quelques-uns, plutôt que la justice économique. Au Rojava, des  centaines de coopératives  ont été établies. Les besoins et l’économie historique de la région donnent la priorité aux coopératives agricoles, les terres locales étant prises en charge par les populations locales –  beaucoup d’entre elles étant des femmes. – avec les communes assurant sa répartition, son allocation et son utilisation équitables. Mais cela s’applique à tous les secteurs du Rojava ; les coopératives de travailleurs gèrent l’économie, y compris les petits secteurs du textile, du pétrole et de la transformation des aliments, tandis que les comités de médecins travaillent à la conception d’un système de santé gratuit.

La société écologique sert la nature et les humains de manière constructive, en utilisant des technologies appropriées. Par exemple, les énergies renouvelables comme les panneaux solaires, éoliennes et hydroliennes ou les digesteurs de biogaz – répondant à la diversité des cadeaux que la nature nous offre dans nos régions locales – sont de meilleures alternatives que le pétrole ou les barrages et les centrales nucléaires. Avec une grande partie de la région détruite par le récent conflit, un espace a été ouvert pour expérimenter des approches qui réduisent le fardeau écologique à travers des méthodes de construction durables et des principes communaux. Un projet pour construire un nouveau  centre de santé et social à Kobane, par exemple, on utilisera l’isolation thermique, un traitement biologique intégré des eaux usées et l’énergie solaire. Ce n’est pas un clin d’œil superficiel à la «durabilité»; Si les racines de la crise climatique s’inscrivent dans la nature destructrice de la modernité capitaliste, l’économie écologique doit remettre en question l’idée même de croissance et s’orienter vers une  relation (constructive) et  cyclique avec la nature.

Tandis que l’approche du mouvement s’est développée à travers des conversations avec  des personnes partageant les mêmes idées  du monde entier, elle aborde l’histoire, la culture et les paysages naturels du peuple kurde, ce qui explique sa présence dans les circonstances les plus répressives. Nos mères se souviennent des temps sans frontières, quand la vie était nomade et le troc et l’échange étaient une pratique courante. Pour eux, former des coopératives avec d’autres femmes pour faire du pain est à la fois une remise en cause de leur passé et une vision de leur avenir, libérée des structures féodales patriarcales qui leur refusaient tous les droits. Et pas seulement le patriarcat. En juillet, les combattants du YPJ ont envoyé un  message de solidarité au mouvement Black Lives Matter, reconnaissant que le sexisme s’est développé avec le racisme et le capitalisme et jusqu’à ce que nous mettions fin à toutes les formes de domination, personne ne peut dire qu’ils sont vraiment libres.

Pour construire un monde écologique, nous avons besoin de nouveaux états d’esprit, de cultures et d’institutions solides pour le protéger. Nous ne devons pas nier ces personnes qui posent déjà les pierres sur ce chemin.

Source 

Image : Les jardins d’Hevsel, à Amed (Diyarbakir)

Appel urgent à une action internationale pour empêcher la condamnation à perpétuité d’Eren Keskin

0
(TURQUIE) – Le réseau mondial de défense et de promotion de la liberté d’expression (IFEX) a lancé un appel urgent jeudi pour une action internationale visant à empêcher la condamnation à perpétuité d’Eren Keskin, éminente avocate  des droits de l’Homme en Turquie.
Eren Keskin, éminente avocate des droits de l’homme, court le risque d’une longue peine de prison pour ses nombreuses années d’exercice du droit à la liberté d’expression et pour avoir défendu les droits de l’homme liés aux tabous dans la société turque. Les organisations soussignées appellent à une action internationale urgente pour empêcher l’emprisonnement d’Eren Keskin.
 
Eren Keskin(1959) est avocate et coprésidente de l’Association des droits de l’homme en Turquie (İHD). Ayant travaillé sur des questions de droits de l’homme bafoués pendant près de trente ans, Keskin a contribué à la protection des droits des minorités, a lutté contre la violence contre les femmes et a fait campagne pour défier le militarisme et mettre fin à la torture. Keskin est le fondatrice d’un bureau juridique fournissant des services bénévoles aux personnes trans et aux femmes qui ont été violées ou agressées sexuellement par les forces de sécurité nationales. Membre honoraire du Conseil de l’Ordre des avocats de Paris, Mme Keskin est lauréate de plusieurs prix internationaux pour son travail en faveur de la paix et des droits de l’homme, notamment le prix de la société civile d’Helsinki en 2018.
 
En représailles pour ses activités en faveur des droits de l’homme, Keskin a fait l’objet de multiples cas de persécution et de harcèlement, y compris de tentatives d’assassinat. Ardente défenseur de la liberté d’expression, Keskin a été condamnée et emprisonnée en 1995 pour avoir utilisé le mot Kurdistan. Aujourd’hui, encore une fois, Keskin court un risque immédiat d’imposition d’un montant exorbitant d’amendes et d’une peine d’emprisonnement pour le reste de sa vie.
 
En faveur du droit à la liberté d’expression et d’un geste symbolique de soutien à la rédaction emprisonnée, Eren Keskin a reçu de 2013 à 2016 le titre de «rédactrice en chef» pour Özgür Gündem, l’un des rares journaux indépendants en Turquie critique du gouvernement et connu pour ses nombreux reportages sur le conflit kurdo-turc. En raison de son titre de «rédactrice en chef», plusieurs procès ont été lancés contre elle devant les tribunaux turcs. Keskin a été visée par des condamnations pénales pour des nouvelles et des articles d’autres auteurs exerçant leur droit à la liberté d’expression. Selon la loi sur la presse turque, les rédacteurs en chef peuvent être inculpés pour des publications dans les cas où les auteurs responsables ne peuvent être tenus pour responsables.
 
Six de ces jugements ont abouti à des décisions de justice avec toutes les options d’appel déjà épuisées. Les condamnations visent à «insulter le président» et à «ne pas publier les corrections d’articles dans les journaux». Des amendes de près de 14 500 euros (72 000 TL) ont été infligées à Keskin. Le non-paiement des amendes pécuniaires entraînerait environ 8,5 années d’emprisonnement. Seules quatre jugements ont été conclues en faveur de Keskin.
 
Dans 69 autres jugements, Eren Keskin a été déclarée coupable, mais ils sont toujours en cours de révision devant la Cour d’appel ou la Cour suprême. À moins que les décisions des tribunaux de première instance ne soient annulées, une peine cumulative de 12,5 ans de prison et une amende d’environ 93 000 euros (460 000 LT) seront infligées à Keskin, notamment en raison des infractions suivantes : «propagande contre une «Loi sur la lutte contre le terrorisme, article 7 (2)», «dénigrant la nation turque, la République de Turquie, les institutions et organes de l’État» (Code pénal turc, article 301), «insultant le Président» ( Code pénal turc, article 299), «défaut de publier des corrections d’articles dans les journaux» (article 18 de la loi sur la presse), «révélant l’identité de l’accusé» (article 21 c) de la loi sur la presse) et « insulte » (Code pénal turc, article 125). 
 
En avril 2018, il y a encore 47 affaires contre Keskin en attente de jugement. Des sessions de la Cour dans des procès liés à son titre de «rédactrice en chef» d’Özgür Gündem ont lieu les 3 et 7 mai 2018. En outre, Keskin est l’une des neuf accusés, y compris des membres du conseil consultatif, des journalistes et le directeur de la rédaction d’Özgür Gündem, dans une autre poursuite en cours, qui comprend des infractions « liées au terrorisme ». Cette poursuite comporte le risque d’une peine pouvant aller jusqu’à 24 ans de prison. La prochaine session du tribunal dans cette affaire est prévue pour le 4 juin 2018.
 
En plus des inculpations liées à son titre de rédactrice en chef auprès d’Özgür Gündem, Keskin a également été accusée pour des déclarations qu’elle a faites après le meurtre d’un père kurde et d’un enfant par la police à Kızıltepe, district de la ville kurde de Mardin. Elle a écrit sur les abus commis par les forces armées turques, intitulé «Le Mal Absolu».
 
En plus des nombreuses inculpations, le travail continu de Keskin en tant qu’avocate des droits de l’homme est également contesté: l’équipe juridique du Bureau du Président de Turquie a déposé une demande auprès du Barreau d’Istanbul pour imposer des mesures disciplinaires à Keskin dont sa radiation. Une interdiction de voyager a également été imposée à Keskin.
 
Dans le contexte de l’abus flagrant du pouvoir judiciaire en Turquie contre Keskin et du harcèlement juridique continu des représentants de la communauté des droits de l’homme dans le pays, les organisations soussignées appellent une attention politique de haut niveau au cas d’Eren Keskin.
 
Les organisations soussignées appellent le Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, le Représentant de l’OSCE pour la liberté des médias et le Rapporteur spécial des Nations Unies sur l’indépendance des juges et des avocats. avec le gouvernement turc pour atténuer les menaces imminentes à Eren Keskin, plaidant pour acquitter Keskin.
 
Les organisations soussignées appellent l’UE et ses États membres ainsi que d’autres agences et organes internationaux à dialoguer avec le gouvernement de la Turquie pour :
 
Appelle à des déclarations publiques, par des démarches officielles et des pourparlers bilatéraux avec le gouvernement de la Turquie pour l’abandon des accusations et l’acquittement d’Eren Keskin, plaide pour la protection de Keskin et autres défenseurs des droits de l’homme et des journalistes en Turquie les fonctionnaires, y compris dans les négociations sur les voyages sans visa pour les citoyens turcs vers l’UE, ainsi que sur la coopération économique, le commerce et l’investissement;
 
Condamner la criminalisation de l’exercice de la liberté d’expression et le droit de défendre les droits de l’homme en Turquie;
 
Appeler à la révision de la législation restrictive en Turquie, y compris les grandes lois antiterroristes mal utilisées dans les actes d’accusation contre les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes et d’autres voix dissidentes;
 
Demander la révision de la loi sur la presse, prévoyant la possibilité d’une série d’actes d’accusation contre les rédacteurs en chef et les auteurs, utilisés pour réprimer la liberté d’expression et la liberté des médias;
 
Appel à la levée de l’état d’urgence, utilisé pour protéger l’attaque contre les libertés fondamentales et la primauté du droit en Turquie.
 
Les organisations soussignées appellent les autorités turques à :
Mettre un terme à toutes les formes de harcèlement, y compris au niveau judiciaire contre Eren Keskin, car elles viennent en représailles pour son travail pacifique et légitime en faveur des droits humains;
 
Dans l’intervalle, garantir que toutes les procédures judiciaires en cours contre elle sont menées en pleine conformité avec le droit à un procès équitable;
 
Veiller à ce que les défenseurs des droits de l’homme en Turquie puissent mener leur travail pacifique et légitime sans entraves et sans craindre des représailles;
 
S’abstenir de criminaliser les défenseurs des droits humains sous des accusations forgées de toutes pièces;
 
Respecter toutes les dispositions de la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1998, en particulier ses articles 1, 6 a), 9, 11 et 12.2;
 
Assurer en toutes circonstances le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales conformément aux normes internationales relatives aux droits de l’homme et aux instruments internationaux ratifiés par la Turquie.
 
IFEX
Frontline Defenders
Fondation Helsinki pour les droits de l’homme
Pays-Bas Comité Helsinki
L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme (OMCT-FIDH)
Photo : Eren Keskin présente le document « Prix de la paix d’Aix-la-Chapelle » lors d’une conférence de presse à Aix-la-Chapelle, en Allemagne, le 1er septembre 2004.

Le tatouage ​​et les Kurdes : une relation d’amour et de haine

1
Les tatouages ​​étaient très populaires parmi les Kurdes depuis des centaines d’années. L’encre (Deq en kurde) était un mélange de lait maternel, de vessie d’animal et de la suie de fumée.
 
Une femme kurde tatouée
 
«Arbre de vie» est l’un des symboles les plus couramment utilisés dans les tatouages ​​kurdes. Cela représente l’immortalité. Ce tatouage commence entre la poitrine et monte vers le menton. Image: Ilhan Bakir
Les femmes tatouées étaient considérées comme plus belles et désirables, mais cela a complètement changé il y a quelques décennies.
 
De nos jours, les Kurdes âgés  tatoués disent que les tatouages ​​sont non seulement inappropriés, mais aussi loin de la culture kurde lorsqu’ils conseillent à leurs enfants et petits-enfants de ne pas se tatouer eux-mêmes. Mais bien sûr, tous les enfants n’écoutent pas ce qu’on leur dit ; surtout quand ils sont très fiers de leur culture.
 
Dejwar Khalaf, un Kurde vivant à Huddersfield, au Royaume-Uni, a tatoué tout son bras gauche avec des symboles liés à la culture kurde. 
 
Près de son poignet, Dejwar a tatoué deux jonquilles qui sont essentiellement des fleurs nationales kurdes
Une perdrix; un oiseau très populaire au Kurdistan
Kawa le forgeron; appartient à un mythe kurde très célèbre qui parle d’un jeune forgeron appelé Kawa, qui a tué un roi tyrannique et a ensuite allumé un feu au sommet de la montagne du village pour informer les villageois de la mort du roi. Les Kurdes célèbrent encore cet événement le 21 mars comme le début du printemps ainsi que Newroz, le nouvel an kurde.
Le feu; signe pour le Nouvel An kurde
Une ronde kurde où les hommes et les femmes se tiennent la main et dansent harmonieusement ensemble.
 
Une plume de paon : Le paon est l’ange principal de la religion yézidie, qui est plus ancienne que le christianisme et le judaïsme.
Un vieux poème kurde de Mela Ehmedê Namî appelé « Pêskevin Em Serfirazin Miletê Kurdî », qui signifie « allez de l’avant, nous sommes le peuple kurde victorieux ».
Une femme kurde tirant sa robe montrant le drapeau kurde pour dire que notre honneur est notre drapeau, notre pays et notre terre.
 
Tant d’autres symboles antiques comblent les vides entre ces tatouages ​​qui font de Dejwar un portail de la culture kurde.
Contact: ronak@zivmagazine.com