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Des masques en solidarité avec le Rojava

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PARIS – Des temps masqués ne font que commencer, avec l’épidémie du coronavirus (COVID19) qui semblent déjouer tous les pronostics. Ainsi, fleurissent sur nos visages des masques en tissus de toutes les couleurs, aux côtés des masques jetables qui finissent trop souvent dans la nature… Alors, puisqu’on est obligé de sortir masqués, autant porter des masques écologiques, beaux et dont les artisans sont rémunérés décemment. Si en plus de tout cela, par l’achat d’un masque, vous faites un don à une ONG humanitaire, vous pouvez respirer et sourire tranquille sous votre masque !

Pour chaque masque acheté, un euro versé au Soleil Rouge

Vous connaissez certainement l’Association Roja Sor – Soleil Rouge, l’ONG franco-kurde mobilisée notamment auprès des habitants du Rojava, dans le nord de la Syrie. Depuis la pandémie du COVID19, les événements caritatifs organisés en soutien au Roja Sor ont presque tous été annulés, la privant d’une rentrée d’argent non négligeable. Alors, sa coordinatrice, Christine V. a sorti sa machine à coudre, acheté des tissus de toutes les couleurs et pour tous les goûts pour confectionner des masques afin de faire rentrer un peu d’argent dans les caisses de son association. Le résultat est époustouflant : des masques aux motifs fleuris, animaliers pour enfants, à thème (Halloween oblige), des masques sobres pour celles et ceux qui veulent rester discrets sous leurs masques… Grâce à la vente de chaque masque, Roja Sor va recevoir un euro de don. N’est-ce pas astucieux ?

Combien coûtent les masques ? 

Le prix des masques varie entre 8 et 12 euros. Il est directement liée au prix de la matière première, le tissu, en général 2 à 3 plus cher à l’achat voire plus.
 
Masques barrières artisanaux en coton OEKO-TEX 2 couches, 2 plis, avec pince nez et élastiques derrière les oreilles. La première couche est réalisée en coton OEKO-TEX et si possible Bio, dans une couleur assortie au masque. Les couleurs des élastiques peuvent varier en fonction des stocks.
La réalisation des produits est totalement artisanale et faite dans les règles de l’art. Les produits sont réalisés à l’aide d’une simple machine à coudre à partir de carrés de tissu 20cmx20cm. Chaque pièce est unique et peut présenter des défauts qui n’altèrent en rien la qualité du produit.
 

Les masques barrières du site ne sont ni des équipements de protection individuelle ni des dispositifs médicaux. Ils n’exonèrent surtout pas des gestes barrières. 

Où acheter vos masques ?

Vous pouvez acheter vos masques en coton, faits à la main et conformes aux normes de l’AFNOR, en allant sur la boutique « De fil en Aiguille »

Ainsi, avec chaque masque acheté, vos ferez un euro de don au Soleil Rouge. Alors,
En créant ce site, j’espère apporter ma contribution financière avec ton soutien puisque pour chaque commande que tu passeras, 1€ sera reversée à l’association humanitaire pour laquelle je milite, Roja Sor – Soleil Rouge

 

Les Kurdes mènent une lutte armée dans un pays de non-droit

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PARIS – A l’occasion des 25 ans d’existence de l’association Amitiés kurdes de Bretagne (AKB) en septembre dernier, André Métayer, le président-fondateur de l’association, a été interviewé par Thierry Lamberthod, président de l’Association Amitiés kurdes de Lyon et Rhône Alpes, qui s’était rendu à Rennes pour la fête des 25 ans des AKB.
 
Dans cette longue interview, André Métayer fait le « bilan » de 25 ans de lutte aux côtés du peuple kurde en France et même au Kurdistan du Nord où des délégations de l’AKB se sont rendues de nombreuses fois, malgré les difficultés rencontrées à cause de l’hostilité de l’État turc agacé de voir d’autres peuples soutenir les Kurdes qu’il rêve d’exterminer.
 
Métayer rappelle que parfois on n’a pas d’autre choix que de prendre les armes où la la lutte pacifique devient impossible (ou inefficace) et explique qu’il faut rayé de la liste des organisations terroristes le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe armé kurde luttant pour les droits des Kurdes, car il s’agit d’une « lutte armée menée dans un pays de non-droit ».
 
Métayer répond ainsi à la question « Selon toi que faudrait-il faire pour amplifier ce soutien et dans quelle direction devons-nous nous orienter afin d’aboutir à une solution politique à la question kurde ? »
 
« Il faut clarifier la question de la lutte armée menée dans un pays de non-droit. Tous les défendeurs de la paix que nous sommes, tous les adeptes de la négociation dont nous faisons partie doivent approfondir leur réflexion et répondre à cette question : si j’étais kurde, militant pour l’acquisition de droits reconnus dans la déclaration universelle des droits de l’homme, je ferais quoi ? Je serais où ? En prison ? En exil ? Ou « à la montagne [rejoindre la guérilla] »?
 
Il faut, c’est ma conviction découlant devant l’évidence que la Turquie n’est plus un État de droit, -et ce depuis des décennies – que le PKK soit rayé de la liste des organisations terroristes. J’écrivais déjà, en 2010 :
 
Toute la politique nationaliste de la Turquie est basée sur la nécessité de diaboliser, à l’intérieur des frontières, toute opposition qui revendique des droits et de la discréditer aux yeux de l’opinion internationale. La martingale qui a, jusqu’alors, marché au grand casino du bluff a été de faire inscrire le PKK, fondé en 1978, sur d’hypothétiques listes d’organisations terroristes et de considérer comme terroristes tous ceux et toutes celles qui refusent d’entrer dans cette logique. C’est au nom d’une certaine solidarité entre pays de l’OTAN qu’on assiste à certains dérapages comme ceux, récents, en Italie, en France et en Belgique et on peut se demander : à qui le tour maintenant ? »
L’intégralité de l’interview à lire sur le site de l’AKB
 

ROJAVA. Il y a un an, la Turquie attaquait Serê Kaniyê

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SYRIE / ROJAVA – Il y a un an, la Turquie débutait son agression militaire contra la ville de Ras al-Aïn / Serê Kaniyê, dans le nord de la Syrie, avec la bénédiction de l’OTAN et des USA. Des centaines de milliers de Kurdes ont été chassés de leurs terres, d’autres ont été torturés ou tués, des femmes kidnappées, violées et tuées sous la torture comme Havrin Khalaf…

« Nous craignons que notre culture ne soit perdue. Ma maison que nous avons construite me manque (…) mon jardin que j’ai entretenu de ma main, nos oliviers et arbres fruitiers (…) mon salon où la famille se réunissait pour parler, rire et partager les petits et grands moments de la vie quotidienne. Mais surtout, les gens de la ville, les rires et la couleur me manquent – un endroit où les idéaux démocratiques, les droits des femmes et l’autonomisation des communautés gagnaient du terrain. »

Sinam Mohamad, politicienne kurde dont sa maison qui se trouve à Afrin est occupée par les gangs de la Turquie depuis plus de 2 ans, appelle la communauté internationale à mettre fin à l’invasion turque au Rojava et raconte ce qui se passe dans ses régions occupées dans un long article :

Un an après l’invasion turque qui a choqué le monde, la Turquie occupe toujours notre terre
 
La Turquie occupe les villes syriennes de Serêkaniyê et Girê Spî depuis un an maintenant. Il occupe également la région d’Afrin, en Syrie, depuis début 2018 – ma ville natale. Des soldats turcs et des miliciens soutenus par la Turquie occupent encore aujourd’hui ma maison à Afrin.
 
Il y a un an, le 6 octobre 2019, les troupes américaines ont commencé leur retrait de leurs positions dans le nord et l’est de la Syrie. Il s’agissait du premier acte d’une série d’événements qui ont conduit la Turquie à mener des bombardements aériens sur notre peuple, les premières bombes tombant sur le sol syrien le 9 octobre 2019. La Turquie a fait défiler ses armées dans nos villes et villages, violant la souveraineté territoriale de la Syrie et le lancement d’une campagne d’atrocités contre les droits de l’homme – meurtres, violences sexuelles, enlèvements, vols, expulsions illégales, profanation d’objets religieux et culturels et autres horreurs. Les responsables de l’armée et du gouvernement turcs et les milices soutenues par la Turquie se faisant appeler «l’armée nationale syrienne» (ANS / SNA) ont commis ces atrocités avec un mépris choquant pour la vie humaine. Il y avait plus de 300 000 personnes déplacées et elles restent déplacées.
 
Les larmes des habitants du nord et de l’est de la Syrie sont tombées comme une pluie sur le monde. Les médias ont diffusé histoire après histoire de l’agression en cours, avec des photos de chars turcs roulant dans les villes syriennes, des nuages ​​de poussière provenant des bombardements aériens et des bombardements turcs, et d’autres images de la tragédie. Ils portaient également des images pleines d’espoir des Forces démocratiques syriennes – des alliés américains qui se sont battus pour défendre notre terre. En fin de compte, ces braves hommes et femmes ont été tués par l’armée turque, l’une des armées les plus avancées au monde.
 
Les dirigeants mondiaux ont condamné l’acte d’agression de la Turquie. Les États-Unis et les pays européens ont émis des sanctions économiques pour faire pression sur la Turquie pour qu’elle arrête. Le président Donald Trump a envoyé une lettre personnelle rare au président Erdogan, et le secrétaire américain à la Défense a démissionné suite à la gestion américaine de leur retrait. «Stand With the Kurdes» (Se tenir aux côtés des Kurdes), qui signifiait «Stand With the North and East Syria» (Soutient à la Syrie du Nord et de l’Est), est devenu un cri de ralliement de protestations et de manifestations à travers le monde.
 
Aucune des protestations mondiales n’a empêché la Turquie d’une violente attaque. La censure de la communauté mondiale était louable, mais elle n’a finalement pas sauvé le nord et l’est de la Syrie des souffrances de la Turquie et des milices soutenues par la Turquie ou obligé la Turquie à se retirer. Leur marche brutale à travers notre terre n’a finalement été arrêtée que par la pression des États-Unis et de la Russie.
 
Le tollé n’a pas sauvé Hevrin Khalaf, la leader kurde du parti politique l’Avenir de la Syrie. Après que la voiture de Khalaf ait été arrêtée sur l’autoroute par des membres d’une milice soutenue par la Turquie, elle a été gravement battue et exécutée sommairement. Des vidéos horribles du meurtre et de la profanation de son corps ont été publiées sur les réseaux sociaux par les membres de la milice. Cela s’est produit le 13 octobre 2019, alors que la Turquie pénétrait dans la Syrie du Nord et de l’Est. Des dizaines de personnes ont été tuées lors de l’offensive initiale.
 
Le tollé n’a pas sauvé les huit enfants kurdes de Tel Rifaat, qui jouaient dans la cour d’une école le 2 décembre 2019, lorsque des bombes turques sont tombées sur eux. Les huit enfants étaient des enfants de moins de 15 ans dont les familles avaient fui l’occupation turque d’Afrin. Toutes les personnes vivant sous l’occupation turque vivent dans la peur de la violence turque.
 
Le tollé n’a pas sauvé les femmes d’Afrin, qui ont peur de quitter leurs maisons, de peur que des soldats turcs ou une milice soutenue par la Turquie ne les violent. La plupart des Kurdes d’Afrin ont fui, tout comme les Yézidis, les chrétiens et d’autres groupes minoritaires. Tous les Kurdes ou autres minorités qui sont restés dans les territoires occupés par la Turquie sont régulièrement harcelés (…). Le drapeau turc flotte maintenant au-dessus de la pauvreté et le gouvernement turc a usurpé la gouvernance de la région. À Afrin, ils poursuivent la turquification et imposent un changement démographique. Ils enseignent à nos écoliers la langue turque.
 
Nous craignons que notre culture ne soit perdue. Ma maison que nous avons construite me manque (…) mon jardin que j’ai entretenu de ma main, nos oliviers et arbres fruitiers (…) mon salon où la famille se réunissait pour parler, rire et partager les petits et grands moments de la vie quotidienne. Mais surtout, les gens de la ville, les rires et la couleur me manquent – un endroit où les idéaux démocratiques, les droits des femmes et l’autonomisation des communautés gagnaient du terrain.
 
Avant que la Turquie et les milices soutenues par la Turquie ne commettent encore plus de crimes de guerre et d’atrocités (…), déracinent nos communautés et ne provoquent l’extinction de notre culture, nous devons avoir une action significative de la communauté internationale.
 
Les paroles de la communauté internationale condamnant la Turquie pour son invasion sont admirables. Maintenant, je vous demande de faire le reste (…) pour expulser la Turquie des terres syriennes.
 
Les organismes internationaux et les pays puissants devraient exercer des pressions sur la Turquie pour la forcer à se retirer de Serêkaniyê, Girê Spî et Afrin, et respecter les frontières syriennes. Ils devraient appliquer des sanctions économiques pour faire pression sur la Turquie pour qu’elle agisse. Ils devraient utiliser toute forme de pression diplomatique sur la Turquie pour qu’elle se retire. Ils devraient insister sur l’inclusion de représentants du nord et de l’est de la Syrie dans les pourparlers de paix de l’ONU pour déterminer l’avenir de la Syrie, les pourparlers de la RCSNU 2254. Ils devraient insister pour que des représentants du nord et de l’est de la Syrie soient inclus dans le comité constitutionnel syrien pour rédiger un nouveau contrat social pour la Syrie. Ils devraient exiger que la Turquie arrête de soutenir les milices brutales qu’elle soutient maintenant. Ils devraient exiger que la Turquie respecte la souveraineté territoriale de la Syrie. Ils devraient exiger un calendrier pour le retrait de la Turquie de Syrie. Et une fois que l’armée turque est de retour en Turquie, les Nations Unies ou un autre organe indépendant devraient ouvrir une enquête sérieuse et dotée de ressources suffisantes sur les violations des droits humains, et tenir responsables la Turquie et les mercenaires soutenus par la Turquie [pour les atrocités commises].
 
Les habitants du nord et de l’est de la Syrie doivent être libres de rentrer chez eux, de vivre leur vie et de rechercher le bonheur sans peur ni occupation. Si jamais je dois retourner chez moi à Afrin, vos paroles sont nécessaires, tout comme vos actions. »

Publié en anglais ici 

Célébrations de la Journée des femmes journalistes kurdes

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Aujourd’hui, le 7 octobre, on célèbre la Journée des femmes journalistes kurdes dans tout le Kurdistan.
 
A l’occasion de la Journée des femmes journalistes kurdes, la Plateforme des femmes journalistes de la Mésopotamie a organisé une conférence de presse dans la ville d’Amed / Diyarbakir.
 
Lors de la conférence de presse, la Plateforme des femmes journalistes de Mésopotamie a lu un communiqué à l’occasion de la Journée des femmes journalistes kurdes.
 
«La vie de la première femme rédactrice en chef de Turquie, Gurbetelli Ersöz, a contribué à créer une tradition de femmes journalistes kurdes travaillant pour exposer la vérité. Les années 90 ont été une époque où les journalistes étaient assassinés dans la rue. Gurbetelli nous a laissé un héritage sur la façon de lutter contre l’oppression, les massacres et la destruction.
 
Toutes sortes de politiques d’annihilation mises en œuvre par les gouvernements sur le peuple kurde depuis des années se poursuivent aujourd’hui avec des méthodes différentes. En cette période où la société est entraînée dans l’obscurité, nous, en tant que femmes journalistes, disons une fois de plus que nous apporterons la « lumière » à la société, quoi qu’il arrive.
 
(…) Nous constatons que nous avons parcouru un long chemin depuis le premier jour où nous sommes allées dans les champs pour être la voix des femmes ayant très peu de possibilités.
 
Nous célébrons la journée de nos collègues journalistes kurdes et nous nous souvenons avec respect et admiration de nos amies journalistes qui ont sacrifié leur vie sans hésitation pour cette cause. » (Via ANF)

Image de la couverture : Gurbettelli Ersöz, Ayfer Serçe, Deniz Fırat, Nujiyan Erhan… des journalistes femmes mortes alors qu’elles exerçaient leur métier

*Gurbetelli Ersöz, chimiste de formation, a été marquée par la catastrophe de Tchernobyl de 1986 et l’attaque chimique à Halabja en 1988. Par la suite, elle s’est impliquée dans la politique. En raison de ses activités politiques, elle a été arrêtée par le régime turc en 1990, poursuivie et condamnée pour avoir soutenu le PKK. Elle est restée en prison pendant deux ans.

Gurbetelli Ersöz

Après sa libération, elle est devenue rédactrice en chef du journal kurde Özgür Gündem. Mais son mandat a été de courte durée car elle a été arrêtée avec 107 autres personnes lors d’une perquisition au siège des journaux à Istanbul le 10 décembre 1993. Tout au long du procès, elle et les autres journalistes poursuivis ont reçu le soutien du Comité pour la protection des journalistes et des personnalités comme Harold Pinter, Noam Chomsky ou Louis Begley.
 
Libérée en juin 1994 mais interdite de travailler comme journaliste, Ersöz a rejoint le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) en 1995. Elle a été tuée au combat le 8 octobre 1997.

ROJAVA. Un Cour populaire de défense pour juger 900 mercenaires syriens de Daech

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SYRIE / ROJAVA – Les Kurdes syriens et leurs alliés ont lancé des appels à la création d’un tribunal international pour poursuivre les mercenaires de Daech détenus pour des crimes de guerre et crimes contre l’humanité. En attendant, la Cour de défense populaire juge 900 mercenaires syriens de DAECH.

TURQUIE. Kidnapping et torture des membres de l’Assemblée des jeunes d’HDP

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TURQUIE / BAKUR – Le parti politique « pro-kurde », HDP dénonce l’enlèvement et la torture des membres de l’Assemblée des jeunes d’HDP par la police turque.
 
Feleknas Uca et Hişyar Özsoy, les porte-paroles des affaires étrangères du HDP ont publié un communiqué pour attirer l’attention « sur les politiques d’intimidation de l’assemblée des jeunes du HDP menées par la police, qui criminalisent les jeunes membres et leurs activités ».
 
Après l’enlèvement scandaleux par la police turque de Mme Hatice Büşra Kuyun, membre de l’assemblée du parti HDP, dans la province de Van le 11 mai 2020, plusieurs membres de l’assemblée des jeunes du HDP ont par la suite été kidnappés en plein jour, intimidés, menacés et torturés.
 
Le HDP a déclaré : « En tant que nouveau type de crime, les services de renseignements turcs ou la police anti-terroriste ont généralement forcé les jeunes qu’ils kidnappent à cesser leurs activités politiques et/ou à devenir des agents ».
 
Les témoignages de trois jeunes kidnappés révèlent les conditions de terreur dans lesquelles ils mènent les activités politiques du HDP.
 
Serhat Aktumur, membre du Conseil exécutif central et co-porte-parole de l’Assemblée des jeunes déclare :
 
« Le 18 septembre 2020, après être descendu d’un minibus au carrefour de la route Kantar à Diyarbakir [Amed] vers 15h00, quelqu’un m’a coupé la route et a dit qu’il voulait « discuter » avec moi.
 
Cette personne m’a montré une pièce d’identité avec le logo du MIT (services secrets turcs). Je lui ai dit que je n’avais rien à lui dire et que s’il y avait quelque chose, il pouvait entamer une procédure au poste de police.
 
Ensuite, j’ai été battu par trois personnes et mis dans une voiture. J’ai résisté et crié que j’étais kidnappé pour que les personnes autour de moi m’aident. J’ai été battu, insulté et menacé en cours de route. On m’a d’abord emmené au carrefour Diclekent Köprülü, puis on m’a fait sortir de la ville. La voiture s’est arrêtée au centre commercial de Ninova, et quelqu’un d’autre est monté. Pendant ce temps, lorsqu’elle était déverrouillée, j’ai essayé de sauter de la voiture, mais ils m’ont attrapé.
 
Ils ont menacé ma famille. Ils m’ont dit : « On va te tirer dans la tête. » Ils m’ont menacé en disant : « Notre responsable du Centre antiterroriste (TEM) est très ennuyé par vous, nous vous accueillons au TEM ; nous vous accueillerons très gentiment ». Finalement, on m’a emmené à la forêt de la ville Diyarbakır. En sortant de la voiture, ils m’ont fermé les yeux pour que je ne puisse pas voir la plaque d’immatriculation. Ils ont menacé de nous tuer, ma famille et moi, si je portais plainte auprès de l’Organisation des droits de l’homme.
 
Ils m’ont menacé en disant : « Nous sommes l’État, nous sommes la police, nous sommes le plus haut niveau, c’est ce que nous disons, nous faisons ce que nous disons ». Je leur ai dit : « Je n’ai pas peur de vous et je ne réponds à aucune question que vous posez ». Chaque fois que j’ai dit cela, la dose de violence a augmenté. Ils m’ont laissé sur une rampe de manière à ce que je ne puisse pas voir la plaque d’immatriculation.
 
La personne prétendant être l’inspecteur Nihat est sortie de la voiture avec moi. Il m’a menacé : « Si tu te retournes, on te fait sauter la tête. » J’ai dit : « Je viendrai au poste de police demain avec mon avocat. » Ils m’ont dit : « Quand tu viens, tu dis que tu veux voir l’inspecteur Nihat. »
 
Après être rentré chez moi, j’ai reçu un appel téléphonique. C’était l’inspecteur Nihat, disant : « Appelez-moi à ce numéro, je viendrai vous voir quand vous serez au poste de police demain. »
 
Özer Yıldırım, actif dans l’assemblée des jeunes du HDP entre 2018 et 2019:
 
« Le 22 août vers 18h, 3 policiers m’ont arrêté et ont vérifié mon casier judiciaire dans le quartier de Fatih du district de Sultanbeyli à Istanbul. À ce moment, ils m’ont dit : « Montez dans la voiture, ou nous agirons ».
 
Je ne voulais pas monter dans la voiture, alors ils m’ont forcé à monter dans la voiture. Ils m’ont mis dans une autre voiture après avoir conduit environ deux heures. Ils m’ont dit : « Travaille avec nous, nous sommes tes frères, aide-nous ». J’ai dit que je ne savais rien. Ensuite, des personnes différentes sont montées dans la voiture.
 
Quand j’ai refusé de travailler avec eux, ils ont commencé à me battre. Plus je disais que je ne voulais pas, plus ils augmentaient la dose de torture. Ils ont pointé une arme sur ma tête et m’ont dit : « Nous allons te tuer ici, et personne ne sera plus sage. » J’ai été soumis à toutes sortes de jurons et d’insultes. Ils m’ont proposé de l’argent chaque mois pour que je rejoigne le travail de jeunesse du parti et que je leur fournisse des informations. Lorsque j’ai refusé, j’ai été de nouveau soumis à la torture et aux coups et blessures. Finalement, l’un d’entre eux a dit : « Prenez-le, tuez-le et enterrez son corps quelque part. »
 
J’avais tellement peur, je pensais qu’ils allaient me tuer. Pour me débarrasser d’eux, j’ai dit que je travaillerais avec eux. Ils m’ont laissé quelque part et m’ont dit : « Rentre chez toi, dis que tu t’es battu avec quelqu’un et que tu ne le connais pas ». Ils m’ont confisqué ma carte d’identité. Ils m’ont dit : « On te la donnera quand on te reverra. » Ils m’ont aussi donné 100 lires turques pour que je prenne un taxi. Je suis rentré chez moi et j’ai tout raconté à ma famille et à mon parti. »
 
Cihan Çitgez, administrateur du HDP au district Sultangazi d’İstanbul:
 
Des policiers en civil m’ont kidnappé le 24 août 2020 à 17h20. Ils m’ont fermé les yeux et m’ont conduit en voiture pendant une heure et demie. Puis ils m’ont fait attendre dans un endroit pendant 30 minutes. Quand j’ai demandé qui ils étaient et où ils m’emmenaient, la réponse a été « ces frères vont vous emmener maintenant et vous enterrer ».
 
J’ai été battu, insulté et menacé. Puis ils m’ont donné des coups de pied et de poing dans une voiture de style VIP. Ils m’ont emmené dans une forêt désolée et m’ont proposé de travailler pour eux. Je n’ai pas accepté. Ils m’ont dit : « Vous pouvez faire ce que vous voulez, brûler un magasin, mettre le feu à une voiture, mais faites-le nous savoir. Alors nous ne vous ferons rien. » Quand j’ai insisté pour que je n’accepte pas, ils ont dit qu’ils me reprendraient, qu’ils me harcèleraient. »
 
D’autres enlèvements ont eu lieu
 
Feleknas Uca et Hişyar Özsoy ont déclaré qu’il y a eu d’autres enlèvements: « En avril, Musa Taştan (17 ans) a été kidnappé par la police et soumis à la torture et aux menaces à Arnavutköy, İstanbul. Il a été contraint de devenir un informateur. Lorsqu’il a refusé, on a menacé de faire du mal à sa famille ; le chantage et les menaces ont continué pendant trois mois.
 
Le 12 août, Muhammed Mahmut İlhan a été kidnappé dans la province d’Ağrı et forcé à devenir un informateur. De même, lorsqu’il a refusé, les ravisseurs ont menacé de faire du mal à sa famille. En août, Önder Polat, un autre membre de l’assemblée des jeunes, a été kidnappé dans le quartier de Kartal à İstanbul. Six policiers l’ont battu en voiture, les yeux fermés, les mains menottées par derrière. Après deux heures de conduite, il a été torturé nu pendant cinq heures. Son sac, ses cartes bancaires et son sac à main ont tous été confisqués.
 
Ces cas montrent clairement un schéma d’activité criminelle de la part de la police turque : enlèvement, intimidation, et forçage à devenir des informateurs, quand ils sont refusés, encore plus d’intimidation et de torture.
 
Nous savons que l’agenda de la Turquie est toujours très chargé, mais, en outre, nous voudrions que la communauté internationale, les organisations des droits de l’homme, les organisations de jeunesse et toutes les personnes et institutions concernant la police, la torture et l’État de droit prêtent également attention à la question des enlèvements en général, ceux des jeunes membres du HDP en particulier.
 
Les enlèvements deviennent malheureusement et de nouveau une pratique policière courante dans le cadre du régime d’urgence permanent de facto que nous vivons en Turquie ».
 

ROJAVA. Des femmes de Daech tentent de tuer un réfugié irakien dans le camp d’Hol

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SYRIE / ROJAVA – Un groupe de femmes de l’Etat Islamique (EI) a tenté de tuer un réfugié irakien dans le camp d’al-Hol où elles commettent des meurtres régulièrement depuis des mois.
 
La situation sécuritaire du camp de réfugiés d’al-Hol, près de la ville kurde d’Heseke, est inquiétante. Les femmes de Daech ont formé des milices pour terroriser les résidents du camp. En raison d’un manque de soutien extérieur, l’administration autonome peine à arrêter les attaques où ces femmes commettent des meurtres depuis des mois. Une autre attaque dans le camp a coûté la vie à un réfugié irakien.
 
Selon l’agence de presse Hawar (ANHA), les femmes des mercenaires de Daech dans le camp de Hol, à 45 km à l’est de la ville de Heseke, continuent de saper la sécurité du camp par des crimes tels que le fait de poignarder, tuer, brûler et de s’évader.
 
Il a été rapporté que les femmes des mercenaires ont tenté de tuer un réfugié irakien, appelé Hatim Abdul Karim. La tentative de meurtre a eu lieu dimanche soir, sur le marché du camp, où le réfugié irakien travaillant comme barbier sur le marché, a été blessé à la cuisse droite, et a ensuite été hospitalisé.
 
Les meurtres et les tentatives de meurtres à l’arme blanche ont augmenté à l’intérieur du camp, et les autorités de sécurité ont confirmé par des déclarations précédentes que cela est dû à l’état d’esprit de Daech que les femmes des mercenaires détiennent toujours.
Dans un récent rapport documentant les violations et abus continus de la part de presque tous les acteurs du conflit qui contrôlent le territoire syrien, la Commission internationale indépendante d’enquête sur la République arabe syrienne a accusé les Forces démocratiques syriennes (FDS) de la longue détention ou de l’internement des djihadistes de DAECH / ISIS et de leurs proches dans les prisons et les camps sous leur contrôle, y compris le camp de Hol.
 
Le commandant des FDS, le général Mazlum Abdi, a critiqué le rapport, déclarant que la « dimension complexe et internationale » de la situation dans le camp de Hol était « injustifiablement » ignorée. Le camp abrite quelque 65 000 personnes de dizaines de pays différents, dont des milliers de membres de Daech et leurs familles qui ont été appréhendés par les FDS après la capture du dernier bastion de l’organisation terroriste en Syrie orientale en mars dernier. « La plupart des Etats refusent de reprendre leurs ressortissants détenus dans le camp. Les organisations internationales ont réduit leur rôle à l’aide humanitaire », a déclaré Mazlum Abdi.
 
Le camp de Hol
 
Le camp de Hol, dans le canton de Hesekê, est composé de huit zones. Dans les zones un, deux et trois, il y a des personnes de Mossoul qui ont fui Daech en 2014. La zone 4 abrite des syriens déplacés. Dans les zones 5, 6 et 7, les djihadistes et leurs proches sont détenus, et les familles des djihadistes étrangers sont détenues dans la zone appelée « Muhajarad » (Emigrants).
 
Daech est toujours étroitement organisé parmi les femmes de l’ancien califat. Les enfants sont endoctrinés, les renégats sont assassinés. Depuis l’invasion turque d’octobre 2019, les tentatives d’évasion sont de plus en plus nombreuses. Ali Hesen, le responsable des forces de sécurité du camp, a déclaré qu’environ 700 tentatives d’évasion ont été empêchées depuis 2019.
 
Lorsque la règle territoriale de Daech dans le nord-est de la Syrie a été écrasée au printemps 2019, les familles de l’ancien « califat » ont été hébergées dans le camp de Hol. Actuellement, environ 40 000 femmes et enfants de Daech, originaires de 53 pays, vivent dans le camp dans des conditions précaires et sans aucune perspective d’avenir. À quelques exceptions près, les pays d’origine refusent de reprendre leurs ressortissants. Seuls les orphelins peuvent être rapatriés dans des cas isolés.

Les déclarations dangereuses russes visant les Kurdes du Rojava

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Le 3 octobre dernier, le Président turc Erdogan a réitéré ses menaces visant les Kurdes syriens, déclarant que si les « zones terroristes » [kurdes] ne sont pas « nettoyées » comme promis, la Turquie allait prendre « les choses en main »: envahir le reste du Rojava et en finir avec l’autonomie kurde.
 
Deux jours après les déclarations d’Erdogan, le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov fait une déclaration menaçante en direction des Kurdes syriens, en les accusant de « séparatisme » alors qu’ils font tout pour rester au sein d’une Syrie fédérale où les droits de tous les peuples, minorités religieuses et ethniques seraient protégées par une constitution. Chose inexistante à l’heure actuelle où les Kurdes ne sont pas reconnus en tant que peuple ayant une langue et culture différentes de celles de la république arabe syrienne…
 
« C’est toujours une violation flagrante du droit international que de jouer avec l’intégrité territoriale d’un pays. Dans ce cas précis, il ne s’agit pas seulement de la Syrie, mais aussi de la question kurde qui pourrait exploser d’une manière qui ferait apparaître la situation actuelle (…) beaucoup moins grave (…).
 
L’invitation au séparatisme – et pas seulement une invitation, mais la promotion active du séparatisme – peut très mal se terminer. Une fois de plus, c’est un pays [Etats-Unis] qui le fait, alors que les conséquences seront traitées par les pays de la région [dont la Turquie], ainsi que par l’Europe – et nous [la Russie] (…) », a prétendu Lavrov.
 
Les propos de Lavrov sont une véritable déclaration de guerre visant les Kurdes de Syrie. La Russie veut lâcher Erdogan contre les Kurdes syriens car ces derniers n’ont pas dû accepté les plans russes pour la Syrie qui veut également chasser les Américains de la région. Ainsi, on risque d’assister prochainement à une excursion militaire turque au Rojava, dans le nord de la Syrie, avec le feu vert de la Russie, comme on l’a vu à Afrin en janvier 2018. Les puissances étrangères n’hésitent jamais à sacrifier les Kurdes dans leur lutte pour assoir leur influence sur le Moyen-Orient.

L’administration autonome de la Syrie du Nord et de l’Est (AANES) a répondu à la déclaration du ministre russe des affaires étrangères en disant qu’elle ne fournissait pas une plate-forme pour résoudre la crise syrienne, mais incitait plutôt la Turquie et l’Iran à attaquer l’AANES.
 

Qui va arrêter la pieuvre turque ?

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Alors que la Turquie a ouvert un nouveau front militaire à l’extérieur du pays en soutenant et armant l’Azerbaïdjan contre l’Arménie et qu’elle annonce qu’elle va attaquer le reste du Rojava pour en finir avec l’autonomie kurde, l’analyste américain, Thoreau Redcrow dénonce la complicité de l’Occident qui risque de finir par une troisième guerre mondiale.
 
Voici l’analyse de Redcrow :
 
« En tant qu’analyste des conflits mondiaux, je postule qu’aucune nation n’a agi de manière aussi belligérante que la nation actuelle de la Turquie, depuis peut-être le Troisième Reich dans les années 1930. La liste de leurs actions illégales, de leurs invasions et de leur soutien au chaos international est vraiment exaspérante à voir.
 
D’autant plus qu’ils n’ont pratiquement pas eu à en subir les conséquences, puisqu’ils font chanter l’Europe avec des millions de réfugiés qu’ils ont armés comme otages de facto, se cachant derrière la bannière de l’OTAN, et brandissant toujours la menace de rejoindre pleinement l’orbite géopolitique de la Russie à la place (si l’Occident tente de les tenir pour responsables).
 
Mais le résultat de cette folie est que le dictateur turc Erdoğan a essentiellement un laissez-passer pour emprisonner qui il veut au niveau national, bombarder qui il veut au niveau mondial, et envahir n’importe quelle nation qu’il désire. C’est ce qui a conduit son régime en Turquie à :
 
Envoyer des djihadistes rémunérés de Syrie avec des navires-citernes d’armes en Libye pour soutenir leur gouvernement fantoche d’accord national (GNA).
 
Menacer de s’emparer des îles grecques de la mer Égée et de forer illégalement pour trouver du gaz naturel dans les eaux grecques de la Méditerranée orientale.
 
Continuer à occuper de grandes parties du nord de la Syrie (Rojava), y compris la ville kurde d’Afrin où des groupes terroristes soutenus par la Turquie commettent tous les crimes de guerre imaginables.
 
Envahir et bombarder à volonté les villages du nord de l’Irak (Kurdistan du Sud).
 
Envoyez des milliers de mercenaires Takfiri de Syrie en Azerbaïdjan et payez-les pour qu’ils attaquent les Arméniens de l’Artsakh.
 
Financer, armer et s’allier avec la majorité des « groupes terroristes » au Moyen-Orient et en Afrique du Nord : DAECH / ISIS, Al-Qaida, Al-Nosra, Hay’at Tahrir al-Sham (HTS), les Frères musulmans, le Hamas, Boko Haram, la Brigade Hamza, la Brigade Sultan Murad, etc. Il est à noter que, ironiquement, pendant tout ce temps, ils traitent de « terroristes » les combattants kurdes qui résistent à leurs tentatives de génocide culturel.
 
Par conséquent, les retombées géopolitiques de leurs actions sont énormes. Comme leurs illusions de grandeur expansionnistes néo-ottomanes ont créé une grande « Alliance » pour les contrer, composée de : France, Égypte, Grèce, Chypre, Rojava, Arménie, EAU, Arabie Saoudite, Irak, Bahreïn et même Inde. Pendant ce temps, la Turquie est rejointe dans son « axe de la terreur » par l’Azerbaïdjan, le Qatar, le Pakistan, la Somalie, les Talibans afghans et tous les groupes wahhabites de la planète.
 
La situation se complique du fait que la Turquie compte sur l’Allemagne pour la protéger économiquement et sur les États-Unis pour la protéger politiquement de ses actions – et les deux nations leur vendent par coïncidence les chars et les hélicoptères qu’ils utilisent dans la plupart de leurs crimes de guerre militaires, aux côtés des petits marchands d’armes anglo-saxons du Royaume-Uni (missiles) et du Canada (drones). »
 
Thoreau Redcrow finit son analyse en déclarant qu’à ce rythme là, un affrontement entre la Turquie et le reste du monde deviendra inévitable dans une sorte de troisième guerre mondiale et qu’on mesurera enfin l’ampleur des compromis faits à la Turquie pour calmer sa voracité sur la scène mondiale.

ALLEMAGNE. Une jeune femme kurde reçoit le Prix national d’intégration

ALLEMAGNE – Bijîn Alhassan, une jeune femme kurde qui a dû fuir la guerre au Rojava, a reçu le Prix national d’intégration des mains d’Angela Merkel à Berlin.
 
Bjeen Alhassan, lauréate du Prix de l’intégration 2020, aide les femmes réfugiées avec une plateforme d’apprentissage numérique en arabe, kurde, anglais et allemand.
 
Que faut-il pour que l’intégration réussisse?
 
«Renforcer les femmes» est au centre du Prix National d’Intégration (Nationalen Integrationspreis) de cette année, qui a été remis lundi à Berlin. La chancelière Angela Merkel a poursuivi avec une citation de Kurt Tucholsky: « Il n’y a pas de succès sans les femmes », a déclaré la chancelière. « Si les femmes issues de l’immigration se sentaient chez elles en Allemagne, si elles partageaient les valeurs fondamentales, alors il serait plus facile pour les enfants de bien se développer », a souligné Mme Merkel. « Les femmes sont majoritaires dans le travail d’intégration », a déclaré la chancelière. « Elles font du bénévolat, mais aussi travaillent à plein temps dans des crèches, dans les écoles – (…) en plus du travail normal », a déclaré Merkel.

 

Bien sûr, l’intégration ne peut se faire sans les hommes. «Indépendamment du sexe, je remercie tous ceux qui sont engagés dans ce travail de cohésion», a déclaré la chancelière. « L’idée de la cohésion de tous ceux qui vivent avec nous est très importante. »
 
Qu’est-ce que le Prix National d’Intégration ?
 
Le prix national de l’intégration récompense une réalisation d’intégration particulière. Le gagnant devrait être des modèles pour une intégration réussie et inspirer à s’impliquer. Cette année, le prix a été décerné pour la quatrième fois par la chancelière Angela Merkel et la commissaire à l’intégration Annette Widmann-Mauz. Le prix est doté de 10 000 euros. La cérémonie de remise des prix a eu lieu à la chancellerie.
 
Qui reçoit le prix d’intégration cette année ?
 
Le lauréat du Prix national d’intégration 2020 de cette année est Bjeen Alhassan, qui gère une plateforme d’apprentissage sur Facebook. Celui-ci s’adresse en particulier aux femmes réfugiées et les soutient dans leur carrière. Bjeen Alhassan propose des cours de langue numérique et du travail social numérique dans son groupe Facebook « Lernen mit Bijin » (« Apprendre avec Bijin »). «A travers ce groupe, je voudrais aider les femmes, leur donner de l’espoir et les encourager», souligne la jeune femme. Elle a elle-même fui la Syrie pour l’Allemagne en 2014 et vit maintenant à Hambourg, où elle a également terminé son master en 2019.
 
Désormais, elle se tourne chaque jour vers d’autres femmes de son groupe Facebook et est à leurs côtés avec des conseils et des actions dans divers domaines qui affectent la vie en Allemagne: de l’apprentissage de la langue à l’inscription à un diplôme ou à la candidature à un emploi. Bjeen Alhassan parle allemand, anglais, arabe et kurde et soutient les femmes kurdes et arabophones sur leur chemin. «La langue est la condition sine qua non pour bien arriver dans ce pays et c’est pourquoi je voudrais transmettre mes connaissances», déclare Alhassan.
 
Quels autres projets ont été sélectionnés pour le prix?
 
Au total, dix projets ont été nominés pour le prix national de l’intégration. Le focus cette année: les projets qui ont contribué à l’intégration des femmes issues de l’immigration. Entre autres choses, il a le projet « Objectif – universitaires STEM réfugiés sur le marché du travail » de l’Institut pour le développement par la qualification ( EQUAL) de l’Université des sciences appliquées de Kaiserslautern a été sélectionné. Le format offre des cours en face à face et en ligne, ainsi que l’auto-apprentissage et un programme de mentorat. La plateforme «tünews INTERNATIONAL» a également été nominée, sur laquelle des articles sont publiés en allemand, arabe, persan / dari et anglais depuis 2015. Les opérateurs du magazine veulent contribuer à un discours d’intégration des deux côtés avec des articles détaillés. Le format est soutenu par l’association à but non lucratif « KulturGUT ». (Info publiée sur le site du Gouvernement fédéral Allemand – Bundesregierung)

La solitude kurde

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Comment continuer à écrire quand vous êtes un.e Kurde alors que des nouvelles horribles concernant les Kurdes défilent sous vos yeux comme un long fleuve qui tarde à se jeter dans les bras de la mer?
 
C‘est ce sentiment de prêcher dans le désert, de ne pas être entendu des autres alors que votre peuple fait face à une extermination certaine qui pousse la journaliste kurde, Nurcan Baysal, a prendre sa plume pour dire la difficulté à écrire en tant que Kurde pendant ces temps troubles :
 
L’humeur d’une Kurde
 
« Depuis un moment, je n’ai plus envie d’écrire. Chaque fois que je m’assois devant mon ordinateur, je remarque un non-enthousiasme pour l’écriture. Avec chaque jour qui passe, le sentiment que j’écris sur le sable m’emporte plus loin.
 
J’ai passé la semaine dernière à regarder en boucle les informations et les vidéos de deux villageois kurdes jetés d’un hélicoptère. J’ai écouté des interviews avec leurs proches. J’ai regardé les yeux injectés de sang d’Osman Şiban allongé dans un lit d’hôpital. Je me suis assise pour écrire. Je ne pouvais pas. J’ai pensé: « Pour qui est-ce que j’écris? »
 
Mon écriture ne peut atteindre ceux qui croient que les villageois méritaient un tel sort, ceux qui croient qu’il est normal d’imputer arbitrairement des crimes aux gens et de les punir illégalement, ou ceux qui croient qu’ils «ont dû faire quelque chose». Probablement, si jamais nous obtenons un procès juste, il sera révélé que ces deux villageois n’ont en fait rien fait de mal, mais hélas, la question aura été oubliée depuis longtemps.
 
Puis je suis tombée sur des nouvelles d’Ali Boçnak, 80 ans, décédé en prison. Il avait été jugé pour avoir prié en kurde, accusé de propagande terroriste. Il a été condamné à sept ans et huit mois de prison. Il purgeait sa peine depuis 2017. Il était gravement malade.
 
L’État a fermé les yeux sur tous les appels à sa libération et Ali Boçnak est mort en prison. J’ai tweeté à ce sujet, puis un type au hasard est venu et m’a dit: « Il a dû faire autre chose! » Un autre marque la police, car j’ai «déploré la mort d’un terroriste». Il fait de moi une terroriste d’un imam de 80 ans et un partisan du terrorisme. Avec une telle facilité!
 
Peu de temps après, le ministère de l’Intérieur a lancé une opération contre le Parti démocratique des peuples (HDP) suite aux manifestations de Kobani de 2014, six ans après les faits. Quatre-vingt-deux personnes, dont des maires et d’anciens parlementaires, ont reçu des mandats d’arrêt. Pendant les premiers jours, les gens sur les réseaux sociaux se sont exprimés – je souligne que c’était sur les réseaux sociaux. Mais la majorité du pays reçoit toujours ses nouvelles de la télévision grand public. Et, grâce à la manière dont ils apprennent leurs nouvelles, ils ont probablement déjà rendu leur verdict selon lequel les détenus étaient des terroristes.
 
Je pense en moi-même: «Les médias sociaux nous trompent». Il n’y a souvent pas une réaction aussi intense à un événement que sur les réseaux sociaux. Peut-être que les gens ne sont pas non plus aussi favorables à la guerre qu’ils le semblent sur les réseaux sociaux. On ne peut plus dire. Je ne sais pas du tout à quel point les médias sociaux reflètent ce que ressent la Turquie.
 
Ce dont je suis sûre, c’est ceci: les mauvais gouvernements ont besoin d’un ennemi contre eux pour survivre. Mettre les Kurdes contre les Turcs en tant qu’ennemis, ou les Soviétiques pendant la guerre froide. Et ils doivent y garder l’ennemi. Peut-être que le gouvernement ne veut pas que la question kurde soit résolue un jour, car la seule façon de maintenir leur mauvais gouvernement est de créer des ennemis.
 
Et à la suite de cet effort, les gens ne parlent pas pour les droits de «l’ennemi». Un doute persistant demeure dans leur esprit tout le temps sur l’ennemi. «Ils ont dû le mériter, je me demande ce qu’ils ont fait, personne ne jetterait qui que ce soit hors d’un hélicoptère pour rien.
 
Les personnes jetées d’hélicoptères sont des «ennemis», le HDP est un «ennemi» dans son intégralité, ceux qui appellent à la paix sont des «ennemis», même ceux qui ne se joignent pas aux tambours de guerre sont des «ennemis». Les ennemis changent selon le contexte, parfois ils sont plus diversifiés, mais il y a aussi les ennemis constants – les Kurdes, les Arméniens.
 
Honnêtement, je ne sais pas à quel point il est significatif de continuer à écrire, d’essayer d’expliquer les choses. Les platitudes «ils seront partis à la première élection» ou «ils se noieront dans leur tyrannie» ne me disent plus rien. Le slogan «HDP n’est pas seul» perd son sens au bout d’un certain temps. HDP n’est peut-être pas seul, oui. C’est, après tout, un parti pour lequel six millions de personnes ont voté.
 
Mais le fait est que ces six millions de personnes sont aussi des «ennemis». S’ils s’expriment, ils pourraient être emprisonnés ou jetés hors d’hélicoptères. Tous les chants de «tel ou tel n’est pas seul» ne changent en rien l’image que je vois quand je ferme les yeux, et l’ambiance dans laquelle ça me met: Ayhan Bilgen, le maire de Kars, désormais démis de ses fonctions du parlement, le sociologue, le chroniqueur, l’activiste de la société civile, est seul dans une prison, avec un sac en plastique à moitié plein de tous ses biens terrestres actuels. »
 
 

Appel à la libération de l’écologiste suisse arrêté à Hewler

Un jeune écologiste suisse parti au Rojava en 2019 est retenu depuis dimanche dernier par les autorités kurdes dans le nord de l’Irak.
Le collectif écologiste internationaliste Make Rojava Green Again a publié une déclaration condamnant l’arrestation par le gouvernement régional du Kurdistan d’un de ses membres à Hewler il y a une semaine.
 
Le collectif a publié une déclaration appelant à la solidarité et à la libération de leur membre Hawar Goran:
 
« Il y a une semaine, (…) Hawar Goran a été arrêté par les forces de sécurité du KRG du PDK au Kurdistan du Sud, alors qu’il était en route pour rentrer en Suisse. Même si son avocat s’est immédiatement occupé de la situation et a pris contact avec les autorités suisses, Hawar Goran est depuis détenu à Erbil / Hewlêr.
 
L’arrestation du membre de nos campagnes n’est pas du tout acceptable et nous nous opposons fermement à l’attitude des responsables du KDP et du KRG. Il n’y a aucun doute sur les activités de Hawar dans la région, et donc il n’y a aucune raison de le retenir captif.
 
Si le KDP s’inquiétait pour son peuple, sa terre et sa région, il le libérerait. Hawar est venu au Kurdistan parce qu’il se sentait fortement attiré par la cause du peuple kurde pour l’autodétermination, et il voulait faire de son mieux pour soutenir cette cause en faisant ce qu’il sait le mieux faire, c’est-à-dire développer des projets socio-écologiques. pour le peuple et la région.
 
Après plus d’un an de dur labeur dans la région, être détenu comme ça est une honte pour le KDP et ne devrait être accepté par personne.
 
Nous avons été heureux d’apprendre que notre camarade pouvait parler à sa famille et que sa santé semblait aller bien. Mais ce n’est pas assez.
 
Il n’y a aucune raison pour qu’il soit détenu plus longtemps. Nous exigeons la libération immédiate de notre camarade et ami, afin qu’il puisse rentrer chez lui.
 
Tout le monde à montrer sa solidarité avec Hawar et avec la révolution écologique au Rojava et au Kurdistan. Et nous vous appelons tous à protester contre les politiques inacceptables du KDP et du gouvernement du KRG [Gouvernement régional du Kurdistan] ».