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LORIENT. Manifestation ce samedi contre le massacre des Kurdes en France

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LORIENT – Ciblés par la Turquie tantôt aux armes chimiques, tantôt par des drones tueurs, les Kurdes réfugiés en Europe pensaient être à l’abri des attaques turques sur le sol européen. Deux attentats sanglants qui les ont frappés en France à 10 ans d’intervalle ont eu raison de leurs espoirs d’une vie paisible loin du Kurdistan mis à feu et à sang. Ils s’insurgent contre l’impunité dont bénéficient les escadrons de la mort téléguidés par le régime turc ici en Europe. Depuis le dernier attentat de la rue d’Enghien, la diaspora kurde est de mobilisée pour que cesse enfin la chasse aux Kurdes jusqu’au coeur de Paris.

L’association kurde de Lorient appelle à manifester ce 14 janvier à Lorient contre l’inaction de l’État français face aux meurtres politiques des Kurdes et déclare qu’il faut protester « contre le meurtre de 6 militants kurdes à Paris en 10 ans, contre l’utilisation d’armes chimiques visant la guérilla, contre l’isolement du dirigeant Abdullah Ocalan et pour la paix, nous devons élever la voix ».

Elle appelle à manifester ce samedi 14 janvier, à 17h, sur la place François Mitterand, devant la gare.

L’Allemagne affirme qu’il n’y a pas d’éléments suffisants prouvant que la Turquie viole le droit international à Afrin

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Depuis son invasion par la Turquie en mars 2018, le canton kurde d’Afrin est le théâtre de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, nettoyage ethnique, écocide… commis par l’armée turque et ses mercenaires syriens, comme l’ont dénoncé plusieurs rapports de l’ONU et des ONG internationales dont HRW. Malgré cela, le gouvernement allemand vient de déclarer qu’ils n’ont pas suffisamment d’informations sur la violation du droit international à Afrin.

La déclaration du gouvernement allemand a été faite en réponse à une question de la députée Sevim Dağdelen portée à l’ordre du jour du Bundestag la semaine dernière.

L’État turc avait déclaré dans sa requête au Conseil de sécurité de l’ONU, deux jours après l’attaque d’invasion contre le canton d’Afrin le 20 janvier 2018 : « Cette opération est menée dans le cadre de la légitime défense conformément à l’article 51 de la Chartre des Nations Unies. »

Dağdelen a demandé au ministre des Affaires étrangères du Bundestag si la référence de la Turquie à l’article 51 était légitime et si le gouvernement fédéral allemand avait mené une enquête sur la violation du droit international.

Le sous-secrétaire Andreas Michaelis a répondu à la députée de Die Linke en affirmant que le gouvernement ne disposait pas d’informations nécessaires pour conclure si la Turquie violait le droit international dans la région d’Afrin. L’administration de Berlin n’a pas donné de réponse claire à la revendication de « légitime défense » de la Turquie et a une fois de plus soutenu l’occupation d’Afrin par l’État turc.

Déclarant que le gouvernement fédéral allemand a critiqué à plusieurs reprises la présence de la Turquie dans le nord de la Syrie, Michaelis a poursuivi : « Nous avons spécifiquement demandé que l’on prête attention à la protection de la population civile et que la présence militaire dans le nord de la Syrie prenne fin le plus rapidement possible ».

Contrairement au gouvernement fédéral, qui n’a jamais sérieusement commenté l’invasion d’Afrin et les crimes commis par la Turquie et ses troupes mercenaires, les services scientifiques (WD) du Bundestag ont identifié à plusieurs reprises des violations du droit international.

Dans un état des lieux commandé par Die Linke « sur la classification de la présence militaire turque dans le nord de la Syrie au regard du droit international », la WD a déclaré fin 2018 : « La présence militaire turque dans la région nord syrienne d’Afrin et dans la région autour d’Asas, al-Bab et Jarablus dans le nord de la Syrie répond à tous les critères d’une occupation militaire en vertu du droit international. »

ANF

TURQUIE. Confirmation de la peine de prison d’un journaliste qui a photographié le meurtre d’un Kurde par la police

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TURQUIE / KURDISTAN – Le journaliste Abdurrahman Gök avait photographié le meurtre d’un jeune Kurde par la police lors des célébrations du Newroz du 21 mars 2017 à Diyarbakır (Amed). Une cour d’appel a confirmé la peine de prison de Gök pour « propagande terroriste » à cause de ses clichés montrant le meurtre de Kemal Kurkut.

Le 30 juin 2022, le 5ème tribunal pénal de Diyarbakır a condamné Gök à 1 an, 6 mois et 22 jours de prison pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste [PKK] ».

Un policier turc en civil avait abattu Kemal Kurkut près d’un poste de contrôle de sécurité dans la zone où des centaines de milliers de personnes s’étaient rendues pour célébrer le Newroz. Gök avait photographié le déroulement du meurtre.

Les reportages de Gök sur la lutte des forces kurdes contre l’Etat islamique (DAECH / ISIS) lors du siège de Kobanê en 2014 ont également été cités comme motif de la condamnation.

Examinant un appel de Gök, la 9e chambre pénale de la Cour de justice régionale de Diyarbakır a jugé à l’unanimité que la décision était appropriée.

Resul Temur, l’avocat de Gök, a déclaré que le tribunal avait condamné Gök « sans discuter de son identité de journaliste. Cependant, l’article 7/2 de la loi antiterroriste sur la « propagande terroriste » entend protéger les journalistes en stipulant que les propos qui ne dépassent pas la limite de la critique ne doivent pas être considérés comme des dénonciations criminelles.

Tout le monde sait que la peine prononcée contre Abdurrahman Gök n’était pas légale. Comme elle n’a pas été légalement abordée, le tribunal a également évité d’appliquer des articles de loi. »

L’avocat a déclaré qu’ils vont déposer un recours devant la plus haute juridiction car la décision de la cour d’appel de Diyarbakir n’était pas motivée, tandis que Gok a déclaré qu’il était persécuté en tant que journaliste depuis des années mais que [l’acharnement des autorités turques] n’allait pas l’empêcher d’exercer son métier de journaliste.

Peuple kurde: une colère qui ne retombera pas

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PARIS – Alors qu’un deuxième attentat terroriste a visé les militants kurdes sur le sol français à dix ans d’intervalle et que la Turquie continue à massacrer les Kurdes en les gazant ou bombardant en Irak et en Syrie – de concert avec les mollahs qui les exécutent en masse depuis les protestations déclenchées par le meurtre de Jina Mahsa Amini en septembre 2022- la journaliste Mireille Court déclare que la colère du peuple kurde ne retombera pas.

Voici son article:

Peuple kurde: une colère qui ne retombera pas

Samedi 7 janvier, des dizaines de milliers de Kurdes ont manifesté à Paris lors de la commémoration de l’assassinat de Sakine, Rojbin et Leyla le 9 janvier 2013, rue La Fayette dans le 10e arrondissement.

Cette manifestation annuelle s’est déroulée alors qu’un autre massacre venait d’avoir lieu le 23 décembre devant le Centre démocratique kurde (CDKF), rue d’Enghien. Trois nouvelles victimes, un jeune musicien réfugié politique, une dirigeante du mouvement des femmes kurdes et un paisible retraité.

Vérité et justice en attente depuis 10 ans

Les Kurdes réclament la vérité et la justice car, déjà dans le cas des assassinats du 9 janvier 2013, elle n’a jamais été faite : le présumé coupable, Ömer Güney, atteint d’une tumeur du cerveau incurable, est mort en prison, un mois avant son procès, tous les documents écrits et audio prouvant son appartenance aux services secrets turcs, le MIT, ont été immédiatement classés « secret défense » par le gouvernement français, et sont devenus inaccessibles. La question est de savoir en quoi l’implication du MIT dans ces assassinats menace la sécurité de la France…

Les Kurdes craignent fort que l’attentat du 23 décembre soit tout autant étouffé. On peut pourtant émettre des doutes sur les motivations du principal suspect. La version de l’individu raciste s’attaquant aux étrangerEs, aux migrantEs comme il l’avait déjà fait récemment, devient douteuse quand on sait qu’à l’heure de l’attaque devait se tenir une importante réunion du mouvement des femmes kurdes, avec de nombreuses participantes, qui avait par chance été décalée d’une heure.

Les Kurdes ne croient pas à cette version du crime raciste et sont persuadés que, comme pour Rojbin, Sakine et Leyla, la main de la Turquie est derrière.

Comme l’explique Agit Polat, porte-parole du CDKF, « on se fait tuer et emprisonner en Turquie, bombarder et gazer avec des armes chimiques interdites en Irak, bombarder et cibler par des drones en Syrie, sans que personne ne réagisse, et même en France, nous ne sommes pas en sécurité ».

La Turquie a les mains libres

Les menaces d’invasion turque dans le nord-est de la Syrie restent bien réelles, même si elles ont été retardées par un veto russe et une faible opposition étatsunienne. D’autant que les élections législatives et présidentielle, prévues pour juin 2023, approchent à grands pas et que la colère gronde en Turquie avec une population qui subit une inflation à plus de 100 % sur les produits de base et une monnaie qui s’est effondrée.

Les seuls « succès » d’Erdogan sont dans son rôle d’intermédiaire dans la crise ukrainienne et dans son chantage sur la question des réfugiéEs. Fort du soutien de l’Europe, il peut donc continuer à jouer sur le nationalisme turc et se vanter d’avoir les mains libres en Irak et en Syrie. L’absence totale de réaction de la France et de l’Europe en général face à ces invasions à répétition interroge.

Le nettoyage ethnique de la province kurde syrienne d’Afrin bat son plein, ainsi que celui des autres régions envahies par la Turquie, comme celles de Serekanye et Tall Abyad. Les bombes pleuvent sur les villages autour de Kobané, prochaine cible prévue dans les discours d’Erdogan. Bien entendu, dans les régions occupées ou déstabilisées par la Turquie, on assiste à une résurgence marquée de Daesh.

Il est urgent d’exiger la protection des Kurdes en France, ce qui passe par la sécurité de leurs associations, il est urgent de sortir le PKK de la liste des organisations terroristes et d’enfin reconnaître son rôle majeur dans la défaite de Daesh en Syrie, il est urgent de lever le secret défense sur les assassinats perpétrés en France. Pour cela, bien sûr il faudra tenir tête au président Erdogan.

Article publié sur le site L’Anticapitaliste

ONU: L’Iran utilise la peine de mort pour effrayer la population

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En 10 jours, les mollahs iraniens ont exécuté au moins 7 civils kurdes, dont Mohammad Mehdi Karami, 22 ans, et Seyed Mohammad Hosseini, 39 ans, condamnés à mort suite aux protestations anti-régime déclenchées par le meurtre de Jina Mahsa Amini à Téhéran le 16 septembre dernier. Au total, des milliers de manifestants, dont des enfants de moins de 18 ans, sont poursuivis par le régime iranien pour « guerre contre Dieu » ou « corruption sur terre » et une bonne parti risque la peine capitale. Pour le moment, la communauté internationale observe les mollahs, et émet de protestations timides, comme on peut le voir dans le récent communiqué de l’ONU…

ONU: L’Iran utilise la peine de mort pour effrayer la population

«L’utilisation comme arme des procédures criminelles pour punir les personnes qui exercent leurs droits élémentaires, comme ceux qui participent ou organisent les manifestations, confine au meurtre d’État», a déclaré mardi le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk.

Selon les militants des droits humains, plusieurs autres exécutions de manifestants sont imminentes: Farzad Tahazadeh et Farhad Tahazadeh, deux frères kurdes, Mohammad Boroughani, 19 ans, Mohammad Ghobadlou, 22 ans.

 

Avocat du CDK-F: « Le massacre de Paris était un attentat terroriste professionnel »

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PARIS – David Andic, avocat du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) dont le siège a été attaqué par un terroriste le 23 décembre, qualifie l’attaque d’« attentat terroriste professionnel planifié ».

Le 23 décembre 2022, membre du Conseil exécutif du KCK Emine Kara (Evîn Goyî), membre du mouvement culturel kurde Mîr Perwer (Mehmet Şirin Aydın) et l’activiste Abdurrahman Kızıl ont été assassinés lors d’une attaque armée contre le centre culturel kurde Ahmet Kaya à Paris. Le tueur, William Malet, 69 ans, a été arrêté et inculpé pour « meurtre prémédité à caractère raciste et tentative de meurtre, ciblant une ethnie spécifique et possession d’armes non autorisées ». Dans une interview accordée au journaliste Maxime Azadi du site ANF, David Andic, l’avocat du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F), pointe les nombreuses questions sans réponse concernant attentat et fait par de leur peur que les preuves de l’attaque terroriste ne soient falsifiées.

Voici l’interview du maître David Andic:

De nombreux points d’interrogation entourent le meurtre, le 23 décembre, des trois militants kurdes à Paris. Pourquoi appelez-vous ce que les procureurs ont qualifié d’« attaque raciste » d’« attaque terroriste » ?

Même sans référence aux questions ouvertes, une attaque raciste peut être définie comme un « assassinat ». Le Code pénal prévoit qu’un meurtre peut être commis individuellement ou collectivement. Il y a aussi l’article 421-1 du Code pénal qui définit le terrorisme. En d’autres termes, toute atteinte délibérée, individuelle ou collective, à la vie d’une personne peut constituer un acte de terrorisme. La question en cause ici (concernant le massacre du 23 décembre) concerne les intentions de la personne. Mais on ne peut se fier uniquement aux déclarations de l’auteur présumé. Même si aucun groupe ou aucun État n’est derrière lui, il peut commettre seul une tentative d’assassinat, un attentat terroriste. Ce que nous ne comprenons pas dans ce cas, c’est que le Parquet National Antiterroriste (PNAT) n’a pas ouvert d’enquête.

La démarche est-elle la même lorsque les Kurdes mènent une action ?

Laissez-moi vous donner un exemple : lorsque des jeunes kurdes ont écrit des graffitis sur l’ambassade de Turquie à Boulogne-Billancourt (banlieue parisienne) et jeté des pétards, le PNAT a automatiquement lancé une enquête. Ceci est considéré comme un « incident terroriste ». Bien que le Conseil démocratique kurde en France ait été la cible de trois assassinats et de plusieurs tentatives d’assassinat, la question du caractère « terroriste » de l’attentat n’est même pas posée. D’abord, le parquet ouvre une enquête, puis il dit : « la définition peut changer ». C’est ça qui est inquiétant. Le PNAT n’a pas pris les choses en main, soulignant plutôt que l’attaque était raciste et n’avait aucune intention terroriste. En réalité, l’enquête a été abordée à l’envers. Lorsque des Kurdes écrivent des slogans sur le consulat de Turquie, le PNAT est immédiatement mobilisé car il s’agit d’un acte terroriste et les services secrets sont activés, mais lorsqu’une personne attaque le CDK-F et tue trois Kurdes, quelques jours avant l’anniversaire du meurtre de trois femmes kurdes à Paris (il y a 10 ans), le PNAT n’agit pas. Et ce n’était pas n’importe qui qui était visé. Emine Kara, également connue sous le nom d’Evîn Goyî, est une représentante officielle, une combattante. Pourtant, cela a été traité comme une nouvelle secondaire. Nous ne savons pas si les services de renseignement enquêtent sur cette affaire. Ce qui est clair, cependant, c’est que les moyens utilisés lors d’une affaire de tags ou des feux d’artifice n’ont pas été mis en œuvre ici [dans cette affaire].

C’est politique non ?

Je ne peux que mettre les faits sur la table. Il y a une différence de traitement. Lorsque les intérêts turcs sont visés, le PNAT entre automatiquement en action, mais lorsque les intérêts kurdes sont visés en France, c’est traité comme une histoire [insignifiante].

Quelles informations y a-t-il sur l’agresseur, il était déjà connu et en détention. Comment a-t-il été traité après son incarcération ?

Cette approche soulève sans aucun doute des questions. Il y a onze jours entre sa libération (le 12 décembre) et l’assassinat. Lorsqu’il a été arrêté [après l’assassinat], il a été décidé qu’il « ne pouvait pas » être tenu responsable. On peut se demander s’il était suffisamment sain d’esprit onze jours avant [l’assassinat] pour être libéré par les juges. Il y a une erreur quelque part, avant ou après. Onze jours avant l’assassinat, il a été libéré par la justice française, onze jours plus tard, il est allé assassiner trois personnes et tenter d’en tuer d’autres. Il n’est pas non plus mentionné qu’il a été interné lors de sa précédente incarcération. Il n’a jamais été dans un service psychiatrique pendant sa peine d’un an. Personne n’a dit qu’il avait des problèmes mentaux. Mais dans les journaux français cette carte a ensuite été jouée. Les gens ont commencé à dire qu’il était instable. Même son arrestation [après l’assassinat] a été suspendue pour cette raison. Bien qu’il ait finalement été renvoyé dans sa cellule, le fait que sa détention ait été interrompue montre que tout a été fait pour démontrer que son état était pathologique.

Lors de son interrogatoire par le parquet, il a lui-même déclaré être un « raciste pathologique ». N’est-il pas étrange qu’une personne mentalement instable fasse une déclaration aussi claire ?

Oui, il a lui-même dit qu’il était un raciste pathologique. En d’autres termes, il y a un patient qui se définit comme patient. Il est à noter qu’il utilise même le terme « haine pathologique ». Il semble qu’il ait été bien conseillé à cet égard. Du coup, on a affaire à quelqu’un qui est en bonne santé mentale depuis 11 jours et qui n’a jamais évoqué sa pathologie. Cependant, une fois arrêté, il parle de sa « haine pathologique » et se dit malade. En d’autres termes, il est en assez bonne santé pour être libéré sous contrôle judiciaire, mais lorsqu’il s’agit de répondre à des questions pendant sa détention, il devient fou.

Est-ce crédible ?

C’est ainsi qu’il se définit, et cette déclaration court comme un fil rouge dans les médias. Je ne crois pas aux paroles d’un meurtrier. Si quelqu’un veut croire aux paroles d’un meurtrier, c’est son affaire. Je suis avocat pénaliste, j’ai défendu de nombreuses personnes, y compris des meurtriers. Je peux dire que même en tant qu’avocat, je ne le crois pas. J’ai toujours des réserves. Il n’est pas malade car il a été renvoyé au centre de détention après avoir été réexaminé dans un hôpital psychiatrique. Il a été décidé qu’il était apte à être interrogé et qu’il devait être conduit devant un juge d’instruction. Il fera tout pour avoir l’air malade. Son avocat fera tout pour qu’il ait l’air malade. C’est le but. Ils veulent  faire croire qu’une personne malade a fait quelque chose de fou.

Mais il y a des points noirs dans son passé, notamment en prison, n’est- ce pas ?

Il y a beaucoup de points noirs. Avec qui était-il en prison ? C’est pourquoi nous voulons que le PNAT enquête. Le PNAT est familier avec de telles enquêtes. Nous n’avons pas encore vu le dossier, mais nous voulons savoir ce qui suit : Avec qui était-il en prison ? Était-il seul dans la cour ? Avec qui a-t-il eu des activités communes ? A-t-il travaillé et si oui, avec qui ? Qui était encore dans sa cellule ?

Il y a aussi des questions sans réponse sur les onze jours qui ont suivi sa libération…

Qui a-t-il rencontré après sa sortie de prison ? Avec qui était-il avant d’aller en prison ? Ce sont des questions légitimes que nous posons. Libéré sous contrôle judiciaire alors qu’il était parfaitement sain d’esprit, cet individu est devenu trop fou pour être jugé aujourd’hui. Si tel est le cas, il est alors nécessaire de clarifier ce qui s’est passé pendant ces onze jours.

Une enquête sur un attentat en 2021 s’est également révélée problématique…

D’après ce que nous pouvons voir, l’enquête initiale sur lui a été un peu bâclée. En d’autres termes, l’attaque a été traitée avec un certain mépris. J’ai entendu dire que même les migrants (qui ont été attaqués) ont été détenus. [Le 8 décembre 2021, il a gravement blessé deux personnes avec une épée dans un camp de migrants. Ceux qui ont été attaqués dans cet incident ont également été arrêtés, et les bénévoles des ONG qui ont aidé ceux qui ont été attaqués ont été condamnés à une amende.] On peut dire qu’il s’en est bien tiré dans cette affaire.

Il existe des témoignages selon lesquels le tueur a été déposé dans une voiture sur les lieux du massacre du 23 décembre. Avez-vous des informations qui peuvent le confirmer ?

Il y avait un tel témoignage, mais il y avait d’autres témoignages qui disaient le contraire, que le tueur était venu à pied. Il n’y a qu’une seule déclaration de témoin selon laquelle il est venu en voiture.

Est-ce que cela fait une différence qu’il soit venu à pied ou non ?

Même s’il est venu à pied, il s’agit d’un quartier connu sous le nom de « Petit Kurdistan », où se trouvent des dizaines de commerçants kurdes. Il y a des dizaines de personnes dans chaque magasin. Lorsqu’il s’y promène, il passe devant un restaurant africain, un restaurant asiatique et une épicerie arabe où de nombreuses personnes se tiennent juste devant lui et sont beaucoup plus visibles. Il passe également devant des restaurants et des cafés kurdes. Mais là, personne n’est attaqué. Il vise d’abord les membres du CDK-F.

Vous dites que c’était une attaque planifiée ?

Lorsqu’il a attaqué Evîn Goyî, il lui a également tiré une balle dans la tête. C’était une exécution. C’était une exécution planifiée. L’acte d’accusation indiquait déjà qu’il s’agissait d’une « attaque pré-planifiée ». C’est pourquoi on parle de « tentative d’assassinat ». Sinon on parlerait de meurtre, et quand c’est prévu on appelle ça un « assassinat ». On voit bien que c’est le travail d’un professionnel. Il vient ici, il a une mission. Il vise d’abord le CDK-F. Passant devant des restaurants et des boutiques qui affichent complet, il se dirige vers le CDK-F, un centre quasiment vide pour le moment mais où un rendez-vous important est prévu. La réunion avait été reportée d’une heure à la dernière minute. (…) normalement, il y aurait eu beaucoup de monde à l’importante réunion à ce moment-là. Si la réunion n’avait pas été reportée, de nombreuses personnes seraient venues. Donc, quand cette personne arrive, elle cible spécifiquement le CDK-F.

N’est-il pas étrange ce que le tueur a dit lors de son interrogatoire sur les raisons de ses actions contre les Kurdes ?

Lorsqu’on lui a demandé « Pourquoi les Kurdes ? », il a répondu : « C’est vrai qu’ils se sont battus contre l’EI, mais au lieu de les exécuter [les djihadistes de l’EI], ils les ont arrêtés. » Cela n’a aucun sens. C’est absurde. Malgré ces affirmations absurdes, les gens essaient de nous faire croire qu’il a fait tout cela uniquement parce qu’il est raciste. Ce qu’il dit n’est pas cohérent. Ce qu’il veut dire par ces propos, c’est ceci : « Je suis raciste, c’est pathologique, ce n’est pas de ma faute. » Peut-être a-t-il délibérément déclaré qu’il était malade lors de son arrestation pour être transporté à l’hôpital. Mais ensuite, nous avons vu qu’il a été rapidement refoulé. Il a été renvoyé dans sa cellule moins de 24 heures plus tard.

Ce motif est douteux. Les racistes français ont-ils ciblé les Kurdes jusqu’à présent ?

L’extrême droite française n’a jamais explicitement ciblé les Kurdes. L’extrême droite française ne voit pas les Kurdes comme un ennemi.

Cette enquête peut-elle se transformer en une enquête sur le terrorisme ?

Ce n’est pas parce que l’accusation de « mobile raciste » a été acceptée que cette définition ne changera pas. Le problème pour nous, c’est que cela n’a pas été traité comme une enquête sur le terrorisme dès le départ. Je reviens à notre exemple : lorsque l’ambassade de Turquie a été attaquée, le PNAT a d’abord ouvert une enquête, mais lorsque le verdict est tombé, il a été décidé qu’il ne s’agissait pas d’un « attentat terroriste ». (…) Très souvent ça se termine comme ça. La définition peut changer en route vers le jugement. Le problème, cependant, est que l’affaire est traitée à l’envers. Autrement dit, on part du principe qu’il ne s’agit pas d’un attentat terroriste, et même le ministre de la Justice dit lui-même que la définition peut changer. Pourquoi le PNAT n’est-il pas intervenu immédiatement ? Le PNAT est familier avec ces enquêtes et dispose de plus de moyens.

Qu’est-ce qui vous inquiète dans le fait que l’enquête n’ait pas été initiée par le PNAT ?

Notre crainte est que les preuves disparaissent. En fait, on voit dans la presse que les poursuites n’ont jusqu’à présent été menées que sur la base des déclarations de l’auteur. Nous exigeons donc que l’enquête soit menée par le Parquet national antiterroriste [PNAT].

En regardant cette affaire, voyez-vous un lien avec l’assassinat d’il y a dix ans ?

Compte tenu des similitudes entre le premier assassinat il y a dix ans et l’assassinat quelques jours avant l’anniversaire, c’est une question valable. Il est légitime de se demander s’il existe un lien entre ces deux événements. Le fait que le CDK-F ait été spécifiquement attaqué soulève de telles questions.

Malgré de nombreux documents et témoignages sur le rôle des services secrets turcs dans l’assassinat il y a dix ans, l’impunité règne. Craignez-vous actuellement un résultat similaire ?

Nous avons sans doute cette préoccupation. Le spectre des meurtres de 2013 et le processus très long et ardu et, surtout, la stipulation d’un «secret d’État» sur cette affaire amènent finalement à se demander si une puissance étrangère est derrière tout cela. Désormais, le public sait également que les services secrets turcs ont été impliqués dans les attentats. De nombreux éléments le prouvent. S’il n’y avait pas un tel problème, pourquoi s’appellerait-il un « secret d’État » ? Si ce cas est marqué comme « secret d’État », cela signifie qu’il y a des informations qui ne doivent pas être divulguées. Ce n’est pas une affaire simple, il y a quelque chose derrière. Les avocats se battent depuis dix ans pour la levée du « secret d’Etat ». Et oui nous sommes inquiets que dans ce dernier cas, toute une partie du complexe est dissimulée. Si le caractère « raciste » de l’attaque est abordé, le caractère terroriste est laissé de côté. Mais je le répète : une personne peut être à la fois raciste et terroriste. Il peut s’agir d’une attaque raciste à visée terroriste. Nous considérons cela comme une attaque terroriste. Nous ne comprenons pas la logique selon laquelle lorsque les intérêts turcs sont visés, les enquêtes anti-terroristes sont très faciles à lancer, mais lorsque des Kurdes meurent, cela ne se produit pas. Une personne peut être à la fois raciste et terroriste. Il peut s’agir d’une attaque raciste à visée terroriste. Nous considérons cela comme une attaque terroriste. Nous ne comprenons pas la logique selon laquelle lorsque les intérêts turcs sont visés, les enquêtes anti-terroristes sont très faciles à lancer, mais lorsque des Kurdes meurent, cela ne se produit pas. Une personne peut être à la fois raciste et terroriste. Il peut s’agir d’une attaque raciste à visée terroriste. Nous considérons cela comme une attaque terroriste. Nous ne comprenons pas la logique selon laquelle lorsque les intérêts turcs sont visés, les enquêtes anti-terroristes sont très faciles à lancer, mais lorsque des Kurdes meurent, cela ne se produit pas.

ANF

 

PARIS. Manifestation en solidarité avec la résistance en Iran

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PARIS – Alors que les mollahs ont accéléré l’exécution des manifestants (principalement des Kurdes) ces derniers jours, plusieurs organisations féministes irano-kurdes appellent à manifester le samedi 21 janvier à Paris contre la répression sanglante des protestations anti-régime et en solidarité avec la révolution féministe en cours en Iran.

Voici le communiqué appelant à manifester:

Contre la répression, pour la résistance  

Ils peuvent couper toutes les fleurs, ils n’empêcheront jamais le printemps 

La République islamique d’Iran est née par la violence : celle qui s’est abattue sur les luttes des  femmes et des minorités sexuelles et de genre, comme sur la mobilisation contre le hijab obligatoire dès mars 1979 –la légitimité historique de ce premier acte a été rappelée ces dernières années avec  la mobilisation des  » filles de la rue de la révolution » et plus récemment encore avec l’insurrection  suite au meurtre de Jina (Mahsa) Amini – ; la violence du jihad contre les minorités nationales non  perses ; la répression sanglante des mouvements d’autodétermination et des minorités religieuses  et non religieuses ; la violence de la répression des classes populaires, entraînant la dissolution des  conseils autonomes dans le monde du travail et à l’échelle des quartiers. Ce régime a posé ses  fondations en éliminant physiquement les opposant.es lors de la décennie noire (années 1980) –à l’ombre de la guerre Iran-Irak– et s’est finalement stabilisé avec l’exécution de milliers de  prisonnier.e.s révolutionnaires lors de l’été 1988. La contre-révolution islamique a pris le dessus sur  la révolution progressiste de 1979. Depuis, l’existence de la République islamique dépend de la  constante répression physique et idéologique. Récemment, le guide A.Khamenei a brandi la menace  des massacres de masse, en écho à celui des années 1980. Mais cette fois-ci c’est le régime qui craint  de disparaître. Le mouvement « Femme, Vie, Liberté » a montré que ce régime est mort dans l’esprit  des habitant.es de ce territoire. Il a aussi montré que l’intimidation, qui a jusque-là permis la survie  du régime, ne suffit plus. Nasrin Qaderi, étudiante kurde devenue martyre par une balle reçue à  Téhéran, a écrit dans son dernier message sur Internet : « N’essayez pas de nous faire craindre la  mort ! Nous la connaissons, nous avons déjà vécue ! ». Le mouvement « Jin, Jiyan, Azadi » a inscrit  la lutte contre les ennemis de la vie au cœur-même des existences, comme le montre le slogan « les  martyrs ne meurent jamais ». 

C’est le féminicide gouvernemental de Jina (Mahsa) qui a déclenché le soulèvement. Pendant ces 4  mois, le peuple opprimé s’est dressé contre toutes les menaces et les intimidations. Partout, il a  résisté aux forces de répression, avec un courage sans pareil : dans les maisons, les rues, les écoles,  les universités, les usines. Face à la militarisation des hôpitaux et le détournement des ambulances  pour en faire des armes de répression, des médecins et des jeunes habitant.es prennent en charge  les blessé.es, leur fournissent médicaments et soins et créent des réseaux clandestins d’entre-aide.  Les prisonnier.es continuent également de résister depuis leurs cellules, malgré des verdicts sans  fondement prononcés lors de procès-mascarade, sans accès à des avocats indépendants, malgré des  passages à tabac et des tortures physiques et mentales pour forcer des aveux, malgré les viols et  harcèlements sexuels, et malgré la répression collective dans les prisons. La République du massacre profite de la situation fragile des anonymes et des personnes marginalisé.es pour intensifier les  intimidations et prend même en otage les familles des défunt.es et des prisonnier.es. 

Depuis le début de l’insurrection, plus de 18 000 militant.es et manifestant.es ont été arrêté.es, des  milliers de personnes ont été blessées, plus de 500 personnes ont été tuées par balles ou sous la  torture et 44 personnes risquent d’être exécutées pour des accusations telles que « guerre contre  dieu » et « corruption sur terre ». Les récits de la répression envoyés depuis les prisons sont  terrifiants. Dans le même temps, l’oppression ne s’abat pas sur les corps de manière uniforme. 

Mohsen Shekari était employé dans un café ; il a été taxé d’« ennemi de dieu » et accusé d’avoir mis  le feu à une poubelle, alors qu’il défendait légitimement des manifestant.es sans défense face à la  violence des forces de répression. Les meurtres d’enfants comme Setareh Tadjik, afghane, et Kian Pirfalak, de la ville d’Izeh, le vendredi sanglant du Baloutchistan, la militarisation du Kurdistan, ainsi  que les récits terrifiants de viols et de violences sexuelles, témoignent des différentes faces de cette  répression. 

Et pourtant, le soulèvement « Femme vie libre » est toujours d’actualité et a besoin de solidarité. Il  se poursuivra avec le soutien internationaliste de toutes celles et ceux qui se battent pour la liberté. Le silence des peuples opprimés à travers le monde face au soutien direct et indirect qu’apportent  les puissances mondiales et régionales de tous bords accroît le sentiment d’impunité du régime et  facilite la répression. Dans le même temps, il faut condamner collectivement toute intervention  étrangère, militaire ou économique qui nuirait à l’autonomie de la mobilisation. 

Le 21 janvier 2023, nous descendront dans la rue pour condamner les exécutions, la répression, la  tyrannie et dire notre solidarité avec la résistance des prisonnier.es et leurs familles, avec les  condamné.es à mort et le mouvement des mères qui demandent justice. »

Appel signé par:

Berlin (Bolandgoo)
Brême (collectif Socialisme par le bas)
Bruxelles (Collectif Femmes, Vie, Liberté)
Paris (Groupe Roja)
Paris (feminists4Jina)
Francfort (Bloc Internationaliste)
Göttingen (Collectif Sans Nom)
Hambourg (Collectif Femmes, Vie, Liberté)
Manchester (Collectif Racines Rouges)

RDV le 21 janvier, à 15h, Place des Fêtes, Paris 19e

 

IRAN. Une femme kurde condamnée à deux ans de prison pour ne pas avoir porté le voile

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La 2e branche du tribunal révolutionnaire islamique de la ville de Shahriar, dans la province de Téhéran, a condamné une jeune femme kurde à deux ans de prison pour ne pas avoir porté le voile.

Le tribunal a inculpé Mahsa Farhadi, 21 ans, pour « rassemblement et collusion dans l’intention de perturber la sécurité nationale », a appris l’ONG Kurdistan Human Rights Network (KHRN).

Les forces de sécurité ont battu et arrêté Farhadi pour ne pas avoir porté le voile le 15 novembre après qu’elle ait quitté son lieu de travail, ont déclaré des proches.

Après deux jours de recherches, la famille de la jeune femme a appris qu’elle avait été conduite à la prison de Qarchak dans la province de Téhéran.

KHRN a appris que bien que la famille de la jeune femme ait fourni le montant de la caution et l’ait présenté au tribunal, le juge a refusé d’accorder sa libération conditionnelle. Le document délivré par le tribunal indique cependant que sa famille n’a pas fourni les conditions de sa libération sous caution.

Farhadi est originaire de Sanandaj (Sînê), province du Kurdistan, et vit à Téhéran. (KHRN)

Ainsi, la police des mœurs qui avait tué Jina Mahsa Amini le 16 septembre dernier pour le « port de vêtements inappropriés » continue à persécuter les femmes qui s’opposent au contrôle de leurs corps par le régime sanguinaire des mollahs.

PARIS. Des élu.e.s rendent hommage aux militantes kurdes tuées à Paris il y a 10 ans

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PARIS – Ce 9 janvier 2023, la maire de Paris, Anne Hidalgo, la maire du 10e arrondissement de Paris, Alexandra Cordebard, le sénateur Rémy Féraud… et des militants kurdes  se sont recueillis devant l’immeuble où trois femmes kurdes ont été assassinées par un agent turc il y a 10 ans jour pour jour et dont le crime est resté impuni.

S’exprimant au nom de ses pairs, Alexandra Cordebard a déclaré qu’ils exigeraient vérité et justice pour les Kurdes victimes d’assassinats politiques sur le sol français et ajouté que les Kurdes « sont chez eux à Paris (…). Nous demandons la levée du secret défense pour que Justice leur soit rendue et que toute la lumière soit faite sur leur assassinat ».

Les élu.e.s parisien.ne.s ont également rendu hommage à Evin Goyi (Emine Kara), Mir Perwer et Abdurahman Kizil, victimes du 2e attentat terroriste visant les Kurdes à Paris qui a eu lieu le 23 décembre dernier rue d’Enghien.

Sarah Macha, membre du Mouvement des Femmes Kurdes en France (TJK-F), a exhorté le Président Macron à lever le secret-défense qui bloque l’avancée de l’enquête pour le triple féminicide du 9 janvier 2013*.

*Le 9 janvier 2013, les militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan (Rojbîn) Dogan et Leyla Saylemez ont été abattues par un espion turc dans les locaux du Centre d’information sur le Kurdistan au 147 rue La Fayette, à Paris. Alor que les Kurdes demandaient justice et vérité pour ce triples féminicide depuis près de 10 ans, une autre attaque terroriste ciblant les militants kurdes a fait trois autres victimes rue d’Enghien, à deux pas de la scène du premier massacre.

 

IRAN. La famille d’un Kurde yârsân condamné à mort a caché ses origines en espérant le sauver

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IRAN / ROJHILAT – La famille de Mohammad Mahdi Karami, un Kurde yârsân qui a été exécuté le 7 janvier dernier, a caché l’identité ethnique et relieuse de leur fils en pensant empêcher l’exécution de la peine.

Le jeune homme avait été arrêté deux jours après les protestations du 40e jour de mort d’Hadis Najafi et officiellement condamné à mort le 7 décembre 2022.

Mohammad Mahdi Karami, champion de karaté de 22 ans, a été accusé de « Moharebeh » (inimitié contre Dieu) par la première branche du Tribunal révolutionnaire islamique de la province d’Alborz, sous l’accusation de « corruption sur terre par des crimes contre la sécurité intérieure ». Sa famille kurde de confession yarsan* a déclaré sa religion « islam et chiite » en pensant qu’ainsi, il échappera à la peine de mort. Mais les mollahs ont assez d’agents pour bien connaitre les origines ethniques et religieuses de leurs concitoyens.

L’audience sur les accusations portées contre Mohammad Mahdi Karami et 14 autres citoyens en tant qu’accusés dans l’affaire du meurtre d’un membre de Basiji nommé Ruhollah Ajamian a eu lieu le 30 novembre.

Mohammad Mehdi Karami a été enlevé par les forces gouvernementales iraniennes le samedi 5 novembre 2022, deux jours après le 40e jour anniversaire de la mort d’Hadis Najafi.

Un proche de Mohammad Mahdi avait déclaré que le jeune homme a été soumis à la torture physique et mentale, agressé et menacé de viol à plusieurs reprises.

Ce citoyen kurde s’est vu refuser le droit d’accéder à un avocat pendant sa détention et même pendant l’audience.

Mohammad Mehdi Karimi, 22 ans, était originaire du village de Kotan Alia, ville de Bijar, province du Kurdistan, et résident de Nazarabad, ville de Karaj, près de Téhéran.

*Les Kurdes/yarsans sont parmi les minorités les plus persécutés d’Iran. Tous leurs droits, linguistiques, culturels, ethniques, religieux sont bafoués, ils sont emprisonnés ou tués impunément par les forces armées iraniennes. Pour info, 50% des personnes exécutées par an en moyen en Iran sont kurdes alors qu’ils ne représentent que 10% de la population d’Iran.

La Mairie de Paris rend hommage aux trois militantes kurdes tuées à Paris il y a 10 ans

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PARIS. Le 9 janvier 2013, les militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan (Rojbîn) Dogan et Leyla Saylemez ont été abattues par un espion turc à Paris. Alor que les Kurdes demandaient justice et vérité pour ce triples féminicide depuis près de 10 ans, une autre attaque terroriste ciblant les militants kurdes a fait trois autres victimes* rue d’Enghien, à deux pas de la scène du premier massacre. Après la grande marche parisienne du samedi 7 janvier, une cérémonie organisée par la Mairie de Paris rendra hommage aux trois femmes kurdes ce lundi 9 janvier, à 15:30, devant le 147 rue La Fayette, Paris 10e.

Les organisations kurdes CDK-F et TJA-F participeront également à la cérémonie de demain.

Par ailleurs, le Jeudi 12 janvier, il y aura le colloque – « Devoir de vérité et justice, 10 ans après le féminicide à Paris des militantes kurdes Sakine CANSIZ, Fidan DOGAN et Leyla SAYLEMEZ » à la Salle Victor Hugo – 101, rue de l’Université PARIS 7e.

*Les victimes de l’attaque de 23 décembre 2022 sont la militante Evîn Goyî (Emine Kara); le musicien Mîr Perwer (M. Şirin Aydın) et Abdurrahman Kızıl, un patriote kurde dans la soixantaine.

IRAK. Le génocide silencieux: Kirkouk riche en énergie et les territoires kurdes contestés soumis à un nettoyage ethnique

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IRAK / KURDISTAN – L’année 2022 a propulsé sur la scène internationale le sort et la situation des Kurdes. Du sud du Kurdistan (nord de l’Irak, Bashur) bombardé à plusieurs reprises et soumis à des frappes de drones de Turquie et d’Iran, au nord de la Syrie (Rojava) soumis à l’utilisation d’armes chimiques, à des frappes aériennes et à des attaques de drones et aux Kurdes d’Iran (Rojhilat) à la tête d’un autre révolution dans leur quête de liberté, d’égalité et de justice. Dans le même temps, les Kurdes de la diaspora ont été victimes de plusieurs attentats dont celui du récent massacre de Paris au centre kurde d’Ahmed Kaya. Pourtant, alors que les histoires quotidiennes de massacres, de déplacements, de bombardements et d’assassinats des Kurdes se déroulent sur la scène internationale, une région du Kurdistan qui fait face à d’immenses actes de violence et de terreur n’a pas retenu l’attention.

Un récent rapport de 2022 intitulé « The-New-Ethnic-Cleansing-of-the-Disputed-Territories », met en lumière un certain nombre de crimes inquiétants commis contre les Kurdes dans les territoires contestés de Kirkouk. Le rapport se concentre sur une période de cinq ans depuis le référendum kurde de 2017 pour l’indépendance et ses séquelles pour les Kurdes de Kirkouk et des régions environnantes. Les résultats indiquent des politiques de nettoyage ethnique en cours, la violence, la terreur et des abus sexistes qui constituent un génocide. Le rapport utilise des méthodes d’enquête open source ainsi que des entretiens semi-structurés avec des militants, des journalistes et des résidents déplacés ou actuels de la région. Les principales conclusions mettent l’accent sur les cas de meurtre, de destruction de biens, de violences sexuelles, d’assassinats de journalistes et de militants.

Le rapport est produit par Crimes Against Kurds, un groupe international de chercheurs qui se concentre sur les abus qui ont lieu dans les parties kurdes d’Irak, de Syrie, de Turquie et d’Iran. L’objectif du groupe est de mener un plaidoyer plus efficace, tout en faisant progresser la responsabilité des auteurs et la réparation des victimes. Le rapport est en outre soutenu par le  groupe de travail sur la justice transitionnelle basé à Séoul, une organisation non gouvernementale fondée en 2014 par des défenseurs des droits de l’homme et des chercheurs de plusieurs pays. Le TJWG soutient des méthodes avancées pour lutter contre les graves violations des droits de l’homme et plaider en faveur de la justice pour les victimes dans les sociétés pré- et post-transition à travers le monde.

Les violations des droits humains se sont intensifiées dans la région contre les Kurdes le 16 octobre 2017, lorsque les forces gouvernementales ainsi que les milices soutenues par l’Iran ont inondé la région et lancé une campagne militaire à grande échelle. Ils ont immédiatement pris le contrôle de la ville, y compris ses deux principaux champs pétrolifères. Le gouvernement central irakien, dans le but de limiter et d’empêcher davantage les aspirations à la succession kurde après le référendum de 2017, a entamé une alliance étroite et une coordination militaire avec l’Iran et la Turquie. La campagne militaire a été menée par le célèbre général iranien Qassim Sulaimani, dont l’utilisation des tactiques terroristes et de la violence était tristement célèbre. Le résultat a été que des civils kurdes et des forces de sécurité ont été massacrés. Parallèlement, les Kurdes d’autres régions vulnérables telles que celles de Tuz Khurmatu, Khanaqin, Jalawla, Makhmur et Zummar ont également été ciblés. Plusieurs civils ont été assassinés. Selon les conclusions du rapport, un certain nombre d’armes utilisées contre les Kurdes ont été fournies et fabriquées par les États-Unis dans la guerre contre l’Etat islamique, mais ont été utilisées par les forces irakiennes pour massacrer et nettoyer ethniquement les Kurdes. Les forces kurdes peshmergas avaient pris le contrôle de la région à l’été 2014, lorsque les forces de sécurité et militaires irakiennes ont évacué la région suite à la montée de l’Etat islamique.

Historiquement, les territoires contestés tels que Kirkouk et Mossoul au Kurdistan du Sud ont toujours été le théâtre non seulement de contestations ethno-religieuses, mais aussi de discrimination raciale et de violence profondément troublantes dans lesquelles les Kurdes ont été les perdants traditionnels. Non seulement les Arabes mais aussi les Turkmènes ont longtemps contesté le droit aux territoires de Kirkouk et de Mossoul. Selon le professeur Ofra Bengio, chercheur principal au Centre Moshe Dayan d’études moyen-orientales et africaines de l’Université de Tel Aviv et responsable du programme d’études kurdes au Centre Moshe Dayan, les tensions ethniques et les changements démographiques font depuis longtemps partie de l’histoire de Kirkouk. Elle note que : « une atmosphère d’inimitié régnait depuis longtemps entre les Kurdes et les Turkmons. Elle découlait, entre autres, du fait que la Sublime Porte, à savoir le sultan ottoman,[1] Mahir A Aziz, l’auteur Les Kurdes d’Irak : Nationalisme et identité au Kurdistan irakien, a également soutenu que le nettoyage ethnique de Kirkouk avait pris de l’ampleur pendant la tristement célèbre campagne d’Anfal contre les Kurdes grâce à la politique délibérée d’Ali Hassan al-Majid, le cousin de Saddam, connu sous le nom de « Ali le chimique » pour son utilisation d’armes chimiques contre les Kurdes. Selon Aziz, « c’est à l’époque d’Ali Hassan al-Majid que le nettoyage ethnique de Kirkouk est devenu plus systématique. Ces stratégies impitoyables d’arabisation et de déportations se sont poursuivies dans les années 1980-90. [2] Comme l’indique ce récent rapport, une grande partie de ces politiques de nettoyage ethnique, incitant à la terreur et à la peur dans le cœur de la communauté kurde, se poursuivent à ce jour. Néanmoins, maintenant une combinaison de groupes arabes, turkmènes et kurdes réside dans la région, et une solution viable, efficace et démocratique doit être trouvée avant qu’une nouvelle escalade de la violence, généralement menée contre les Kurdes, ne se reproduise.

Il est clair que les régions contestées ont longtemps été confrontées à des changements démographiques par des groupes ethno-religieux puissants et intéressés au détriment des droits de l’homme, de la liberté et de l’autonomie des Kurdes. Le rapport indique que le gouvernement irakien continue d’utiliser des politiques de nettoyage ethnique dans ces territoires par la destruction et l’endommagement explicites des terres agricoles et du bétail, des maisons, des villages, le déplacement forcé, le recours à la violence et aux menaces ainsi que la répression culturelle et la discrimination économique et en matière d’emploi. Tous ces facteurs continuent de rendre la vie insupportable et insoutenable pour de nombreux Kurdes de la région.

De manière plus concise, ce rapport constate qu’il y a eu 122 cas documentés de meurtre entre 2017 et 2022. Il y a eu 51 cas documentés de destruction et de rasage de fermes et de terres au cours de cette période, ainsi que 25 cas d’enlèvements. Au moins 3 cas de viols ont été signalés, mais le Centre d’études kurde estime que ces chiffres seraient bien plus élevés. Cependant, en raison des tabous culturels autour de l’honneur et de la virginité, nous prévoyons que de nombreuses victimes seraient dissuadées de se manifester et de signaler leurs abus. Dans le même temps, au moins deux journalistes ont été assassinés, tandis que de nombreux autres ont été harcelés ou menacés. Compte tenu du vide sécuritaire dans la région, les Kurdes restent profondément vulnérables aux abus et à la violence des milices ainsi que de l’Etat islamique.

Bien que l’Iraq ait ratifié ou soit signataire d’un certain nombre de lois et conventions internationales, le rapport constate que bon nombre de ces conventions dans le cas du traitement des Kurdes à Kirkouk sont régulièrement et systématiquement violées. L’Irak, par exemple, est signataire de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (CAT) ou de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), la convention internationale sur l’élimination de toutes les formes discrimination raciale (CERD). Pourtant, le rapport indique que toutes ces conventions sont ignorées ou violées à Kirkouk et que l’État n’a pas respecté ses obligations internationales.

De plus, depuis les événements de 2016, les forces de sécurité kurdes telles que les Peshmarga ont été chassées, laissant les Kurdes de la région sans sécurité de base. Un grand nombre de milices opèrent dans les territoires contestés, notamment Asayib Ahl Alhaq, Saraya Vanayat al-Khorasani, les Brigades de Sayyid al-Shuhada, le mouvement Hezbollah Al-Nujaba, les Brigades Hezbollah Saraya Al Salam, Badr Organization – Military Wing et Hashd Al Turkmani. Les actions de ces milices, et en fait la force même de leur présence, ont suffi à créer une peur profonde et à augmenter le nombre de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDI) dans la région. Les anciennes forces peshmargas craignent pour elles-mêmes et leurs familles, et nombre d’entre elles déménagent en raison du nombre et de la taille des milices susmentionnées.

Alors que la discrimination culturelle, économique et raciale envers les Kurdes s’intensifie, la justice et la responsabilité des auteurs restent inexistantes et illusoires. Dans le même temps, les organisations de défense des droits de l’homme et les parties prenantes ont indiqué peu d’intérêt à forcer les auteurs et le gouvernement irakien à subir des répercussions. La possibilité de justice pour les personnes discriminées, maltraitées et violées reste hautement improbable. Ces facteurs continuent d’accroître les clivages ethno-religieux et la violence envers les Kurdes. Considérant que le rapport constate que la majorité des armes utilisées contre les Kurdes et leurs forces de sécurité sont fournies par les États-Unis, la probabilité d’une justice reste de plus en plus illusoire.

De plus, l’un des principaux auteurs du rapport, Jaya Srivastava, soutient que les politiques d’extermination précédentes du régime irakien envers les Kurdes étaient ouvertes et transparentes, comme dans le cas clair de la campagne d’Anfal. Cependant, plus récemment, des politiques de nettoyage ethnique ont été mises en place en utilisant un certain nombre de politiques cachées et douces pour rendre la vie insupportable aux Kurdes de la région. Un autre chercheur affirme que « la valeur de la vie des Kurdes a touché le fond au cours des 2-3 derniers mois et personne ne le sait. Il est temps que la Cour pénale internationale et la Cour internationale de justice enquêtent et poursuivent les auteurs de ce nettoyage ethnique systématique. D’autres ont affirmé qu’il est troublant « facile de tuer un Kurde à Kirkouk ces jours-ci.

Parallèlement à ces actes de terreur et de violence, d’autres politiques de nettoyage ethnique ont été utilisées, notamment celle de changer les noms kurdes des rues et des villes en arabe et des centaines de responsables kurdes ont été démis de leurs fonctions. Dans le même temps, des fermiers kurdes ont été expulsés de force de leurs terres, leurs maisons et leurs terres étant reprises par des Arabes. Simultanément, un grand nombre de terres agricoles kurdes sur des milliers d’hectares font l’objet de tentatives de confiscation, des centaines d’hectares étant déjà redistribués aux colons arabes.

En effet, l’une des conclusions les plus inquiétantes du rapport souligne que plus de 25 000 familles arabes, rappelant les politiques baasistes des années 1970, ont été relocalisées et installées à Kirkouk et dotées du droit de vote. Un tel découpage électoral partisan a des conséquences inquiétantes pour les élections à venir ainsi que modifier radicalement la démographie électorale. Le résultat a été une augmentation de la représentation et des candidatures arabes au Parlement irakien, des élections de 2018 aux élections de 2021, tandis que la représentation kurde a sensiblement diminué. En plus de cela, le rapport présente des preuves de directives gouvernementales qui indiquent des cas clairs de discrimination contre les Kurdes, notamment la confiscation de terres, le déplacement forcé, des perquisitions illégales et aléatoires à domicile, etc.

Outre ces politiques délibérément imposées aux Kurdes à Kirkouk et dans d’autres territoires contestés, des pays voisins tels que la Turquie et l’Iran continuent d’influencer les changements et leurs propres politiques dans le pays, ce qui a des effets désastreux sur les Kurdes. En Turquie, alors qu’Erdogan fait face à une autre élection et que le pays célèbre son centenaire en tant qu’État, les zones contestées deviendront plus ciblées en tant que monnaie d’échange électorale, mais aussi en tant que source de la montée des politiques néo-nationalistes, d’islamisation et d’expansion du régime. Des régions comme Mossoul et Kirkouk deviendront sans aucun doute les épicentres de ces politiques expansionnistes dans les années à venir. La Turquie, dans son invasion des régions kurdes du Rojava, dans le nord de la Syrie, a démontré une heureuse propension à déclencher non seulement l’annexion de terres et le déplacement de citoyens kurdes, mais aussi l’utilisation d’armes chimiques contre eux dans le nord de l’Irak et en Syrie.

Ce qui est clair, c’est que Kirkouk restera une région profondément contestée et que les civils kurdes continueront de subir le poids des intérêts géopolitiques des factions et puissances dominantes dans la région. À la lumière de l’échec continu des organisations internationales des droits humains à s’exprimer et à protéger les Kurdes à travers le Grand Kurdistan, il est peu probable que quiconque d’autre que les Kurdes eux-mêmes vienne en aide à ces civils kurdes qui souffrent depuis longtemps. Malheureusement, le gouvernement régional du Kurdistan (KRG) continue d’être influencé par les intérêts nationaux et régionaux turcs, tout en restant paralysé par les tensions internes, la corruption et l’incompétence.

Sources:

  1. Bengio, O. 2012. The Kurds of Iraq: Building a State Within a State. Lynn Rienner Publishers: London. P.55. 
  2. Aziz, M.A. 2015. The Kurds of Iraq: Nationalism and Identity in Iraqi Kurdistan. I.B. Tauris Publishing: New York. P.78.

Par Hawzhin Azeez

Hawzhin Azeez est titulaire d’un doctorat en sciences politiques et relations internationales de l’Université de Newcastle, en Australie. Elle est actuellement rédactrice en chef du Kurdish Center for Studies ainsi que la créatrice de The Middle Eastern Feminist. Auparavant, elle a enseigné à l’Université américaine d’Irak, Sulaimani (AUIS) et a été chercheuse invitée au CGDS (Center for Gender and Development, AUIS). Elle a travaillé en étroite collaboration avec des réfugiés et des personnes déplacées au Rojava et a été membre du Conseil de reconstruction de Kobanê après sa libération de l’État islamique. Ses domaines d’expertise comprennent le genre et la reconstruction post-conflit et l’édification de la nation, le confédéralisme démocratique et les études kurdes.

La version originale à lire ici: The Silent Genocide: Energy-Rich Kirkuk and Disputed Kurdish Territories Face ongoing Ethnic Cleansing