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KURDISTAN. Un drone turc cible un véhicule dans la campagne de Sulaymaniya

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IRAK / KURDISTAN – Un drone turc a ciblé ce matin un véhicule dans la campagne de Chamchamal, dans la province kurde de Sulaymaniya. On signale des victimes.

La Turquie a effectué une frappe aérienne près du village de Çinarto dans le district de Çemçemal de la province de Silêmaniyê. Un incendie s’est déclaré dans la région après le bombardement.

Les Kurdes scandalisés par les propos d’un responsable américain qui nie le changement démographique à Afrin

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Le projet de la Turquie d’installer des réfugiés syriens dans les anciennes régions kurdes du nord de la Syrie n’était pas le signe d’une volonté de modifier la démographie, a prétendu le porte-parole du département d’État américain Miller qui a affirmé qu’il ne considérait pas l’intention de la Turquie d’installer un grand nombre de réfugiés syriens dans les régions anciennement kurdes du nord-ouest de la Syrie comme une étape vers un changement démographique.

Un journaliste a déclaré mercredi lors d’un point de presse du département que la Turquie a déclaré son intention de renvoyer environ un million de Syriens déplacés vers la Syrie et a également l’intention d’installer un grand nombre de réfugiés syriens dans les anciennes régions kurdes du nord-ouest de la Syrie.

Notant que les dirigeants kurdes du nord de la Syrie disent qu’il s’agit d’un arrangement visant à modifier la structure démographique de la région, en particulier à Afrin, le journaliste a demandé au porte-parole du département d’État, Matthew Miller, de commenter.

Miller a d’abord remercié la Turquie pour « soutenir généreusement » des millions de réfugiés syriens, a ajouté que « les droits de tous les Syriens doivent être respectés », a encouragé « toutes les parties à agir de manière à promouvoir la coexistence pacifique », mais n’a pas commenté la situation spécifique. dont parle le journaliste.

Lorsque le journaliste a demandé si le porte-parole ne voyait pas cela comme une intention de modifier la démographie à Afrin, Miller a répondu « Non ».

Déplacement des Kurdes d’Afrin

De grandes parties du nord de la Syrie ont été occupées par la Turquie lors de campagnes militaires visant à chasser les milices kurdes et à empêcher les Kurdes de se diriger vers l’autonomie. La ville à majorité kurde d’Afrin a été occupée lors d’une campagne baptisée « Opération Rameau d’Olivier » en mars 2018, entraînant le déplacement immédiat de plus de 300 000 Kurdes.

Les Kurdes de la région ont également été durement touchés sur le plan économique, les trois quarts des oliveraies ayant été saisies illégalement par des groupes armés opérant sous commandement militaire turc.

Alors que les oliviers, l’huile d’olive (l’une des meilleures au monde) et ses sous-produits constituent la principale source de revenus de la région, ces sources ont commencé à être traitées comme des richesses à piller librement par les forces turques et leurs mandataires. Dans les années qui ont suivi l’occupation, des dizaines de millions de dollars de marchandises ont été systématiquement sorties clandestinement d’Afrin pour être distribuées et vendues sur le marché mondial, selon un rapport de 2021.

Le ministre turc de l’Agriculture, Bekir Pakdemirli, a déclaré au Parlement en novembre 2018 que 600 tonnes d’olives étaient « entrées dans le pays ».

« Nous ne voulons pas que les revenus tombent entre les mains du PKK [Parti des travailleurs du Kurdistan] », a-t-il déclaré. « Nous voulons que les revenus d’Afrin… nous parviennent. Cette région est sous notre hégémonie. »

Réaction à Miller

Bedran Ciya Kurd, le coprésident du département des affaires extérieures de l’Administration autonome du Nord et de la Syrie (AANES) dirigée par les Kurdes, a réagi vendredi à Matthew Miller, affirmant que son évaluation n’était pas fondée sur des faits.

« Tout le monde se souvient de l’incident lorsque le président turc Recep Tayyip Erdogan a présenté une carte lors de la réunion de l’Assemblée générale des Nations unies, qui montrait les zones vers lesquelles trois millions de Syriens devraient être expulsés de force », a-t-il déclaré sur Twitter.

« L’objectif principal de cette carte est l’élimination de l’existence kurde par l’exécution d’une opération complète de changement démographique dans la région. Récemment, Erdogan a parlé du rapatriement de millions de Syriens résidant en Turquie dans les zones occupées par la Turquie, y compris Afrin afin d’achever ce que la Turquie a commencé depuis le début de son occupation de la région d’Afrin, où des dizaines de colonies ont été établies sur la propriété des citoyens kurdes. »

Dans un message publié sur Twitter, le politicien kurde, membre du du Congrès national du Kurdistan (KNK), Adem Uzun a violement critiqué les propos de, déclarant que: « Nous condamnons le porte-parole du département d’État [ pour ses] commentaires irresponsables et inexacts niant la politique turque de changement démographique systématique à Afrin. Son affirmation contredit les rapports des ONG, de l’ONU, Département d’État- et les propres mots d’Erdoğan. »

 

La Turquie a tué une écologiste allemande au Kurdistan irakien

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IRAK / KURDISTAN – Eva Maria Steiger, alias Elefteria Hambi, était une militante écologiste et anarchiste allemande qui avait rejoint les Unités féminines kurdes (YPJ) en 2018. Après un an passé au Rojava Syrie, elle est partie rejoindre les Forces de défense du peuple (HPG) à Gara, nord de l’Irak, où elle a perdu la vie dans une frappe aérienne turque le 25 novembre 2019.

Steiger avait choisi le nom d’Elefteria Fortulaki, une femme grecque, mère de deux enfants qui s’est immolée en 2006 pour dénoncer le massacre des Kurdes, et de la forêt de Hambach, la forêt ancienne de l’ouest de l’Allemagne dans laquelle des militants écologistes avaient campé pour se protéger contre le rasage commercial.

Les YPJ ont publié un communiqué en hommage à Eva Maria Steiger déclarant que « Nous sommes fières de notre camaraderie avec Elefteria Hambi ».

« Nous avons toujours la libération de toutes les femmes comme fondement. Des camarades comme Elefteria nous guideront dans la création du système de confédéralisme démocratique », ont déclaré les YPJ.

Le Commandement général des Unités féminines de défense (YPJ) a publié un communiqué rendant hommage à la révolutionnaire internationaliste Elefteria Hambi (Eva Maria Steiger), dont le décès a été annoncé le 2 août dernier par le HPG. Selon le communiqué du HPG de mercredi, Elefteria Hambi est tombée en martyr lors d’une attaque menée par l’armée d’invasion turque avec des avions de guerre dans la région de Sêdarê à Garê le 25 novembre 2019.

Voici le communiqué des YPJ publié le 4 août:

« La révolution des femmes du Rojava a retenti dans le monde entier et est devenue une source d’espoir pour toutes les femmes dont le cœur bat pour la liberté. Même si le système de la modernité capitaliste prétend être le plus désirable, les femmes à travers l’histoire sont toujours en quête de vérité.

La révolutionnaire internationaliste Elefteria Hambi d’Allemagne a consacré sa vie à la lutte contre un système qui annihile les femmes. Avant de rejoindre les rangs des YPJ, elle était engagée dans des luttes anticapitalistes et faisait partie de différents groupes anarchistes. Les étincelles de notre lutte se sont propagées de nos terres et à travers le monde ont inspiré notre camarade Elefteria à choisir un nouvel endroit pour vivre et combattre. La révolution du Rojava lui a montré que ses idées d’une vie libre n’étaient pas de lointaines utopies et que les idées dont elle rêvait étaient mises en pratique au Rojava.

Notre camarade Elefteria avait un caractère courageux, loyal et engagé. L’avoir dans nos rangs marque le caractère universel des YPJ. Dans la lutte pour la liberté mondiale, elle a choisi le Kurdistan comme lieu de combat.

Elle croyait vraiment que si les droits des femmes étaient violés quelque part, la liberté ne serait jamais atteinte dans ce monde. Dans le but d’atteindre la liberté et un véritable esprit désintéressé, elle a consacré chaque instant de sa vie à la libération des femmes et à une société libérée.

Jusqu’à la fin de sa vie, elle a été liée aux principes de la liberté et a cherché à refléter les principes d’une société démocratique et écologique dans sa propre personnalité, avec la libération des femmes en son centre.

Qu’elle ait choisi de vivre selon ce paradigme était visible à chaque étape de sa vie. La camarade Elefteria a rejoint la dernière bataille contre l’État islamique. Elle a choisi de lutter contre la plus sombre de toutes les forces avec la conscience que ce serait au nom de la liberté et de la dignité de tous les peuples. Des camarades comme Elefterya ont guidé notre lutte contre l’EI jusqu’à ce jour. En tant que camarades d’Elefteria, nous nous engageons à poursuivre son chemin et à toujours protéger notre terre des attaques.

Après la lutte contre DAECH, la camarade Elefteria est allée dans les montagnes libres du Kurdistan et a consacré sa vie à la liberté des peuples. Elle marchait sur les sentiers des montagnes comme si elle avait aspiré pendant des milliers d’années à trouver le chemin de la liberté. Elle ne s’est jamais considérée comme étrangère ou différente de ses camarades.

Ce qui l’a attirée dans les montagnes libres du Kurdistan, c’est la philosophie de Reber Apo. Elle s’est engagée pour la cause et a marché sur le chemin de la liberté jusqu’à ce qu’elle rejoigne la caravane des martyrs en 2019.

La lutte d’Elefteria a éliminé les frontières que les puissances hégémoniques imposaient pour séparer les peuples. Nous sommes fières de notre camaraderie avec l’internationaliste et révolutionnaire Elefteria et nous lui promettons, ainsi qu’à tous nos martyrs, que nous remporterons la victoire dans notre lutte.

En tant que YPJ, nous exprimons nos plus sincères condoléances à ses amis et à sa famille et à tous les peuples du monde qui croient en la liberté.

En tant que YPJ, nous avons toujours la libération de toutes les femmes comme fondement. Des camarades comme Elefteria nous guideront dans la création du système de confédéralisme démocratique. »

ANF

#JinJiyanAzadi
#womenlifefreedom
#FemmeVieLiberté

ROJAVA. Un drone turc tue plusieurs combattants kurdes près de Qamishlo

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SYRIE / ROJAVA – Hier, un drone turc a ciblé un véhicule des combattants kurdes dans près de Qamishlo. L’attaque a fait quatre victimes, dont Aram qui avait perdu son bras lors combats contre l’État islamique et Diyar qui s’était marié il y a un mois…

Diyar et Aram

L’attaque de drones turcs de jeudi contre un véhicule à Qamishlo visait les membres des Forces démocratiques syriennes. Un commandant et trois combattants ont été tués et deux autres ont été blessés entre Qamişli et Amûdê. On ne connait pas encore l’identité de toutes les victimes et blessés.

Jusqu’à présent, ni les États- Unis, ni la Russie, deux pays présents dans le nord de la Syrie, n’ont réagi aux massacres des Kurdes qui ont combattu DAECH.

Il y neuf ans, DAECH commettait le génocide yézidi

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Le 3 août 2014, les Kurdes yézidis ont été victimes du 74e pogrom commis par l’État islamique qui a tué, violé, kidnappé des milliers de civils yézidis, dont des femmes et enfants, à Shengal, dans le nord de l’Irak.

Les Kurdes Yazidis (Êzidîs), qui vivent dans la région mésopotamienne depuis des milliers d’années, ont, à travers l’histoire, toujours été victimes de génocides et de cruelles trahisons et massacres et, le 3 août 2014, ont subi le 74e génocide, ou  Ferman (décret).

Les Kurdes yézidis, qui appellent « Ferman » (décret en kurde) les génocides perpétrés contre eux, sont tombés cette fois sous l’emprise de l’anéantissement presque total, de la captivité et de l’asservissement par les gangs féroces de l’EI. Mais ce qui était plus étouffant pour les Yézidis que la mainmise de l’Etat islamique, c’était la trahison qui s’est vêtue d’un vêtement noir.

UN GÉNOCIDE BIEN PRÉPARÉ

Lorsque les gangs de l’Etat islamique se tenaient aux portes de Shengal, des milliers de peshmergas et d’asayish membres du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) présidé par Masoud Barzani, qui contrôlait jusqu’à ce moment-là la ville de Shengal, se sont rapidement enfuis sans tirer une seule balle. . À la suite de la fuite des peshmergas du PDK, des milliers de Yézidis ont été massacrés par les gangs de l’EI, des milliers d’autres ont été enlevés, principalement des femmes et des enfants, et vendus sur les marchés comme esclaves. Fait intéressant, peu de temps avant le génocide, les forces du PDK ont saisi toutes les armes et armes dont disposaient les yézidis à l’époque et ont arrêté trois des douze guérilleros des Forces de défense du peuple (HPG) et des Troupes féminines libres (YJA-Star ), qui est venu au secours des Yézidis en fuite. Tout cela rendait en effet très clair,

LE RAPPORT DE L’ONU SUR LE GÉNOCIDE

Selon les enquêtes du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies, rendues publiques en octobre 2014, les résultats des attaques lancées le 3 août 2014 sont les suivants :

– environ 5000 hommes yézidis ont été massacrés

– une centaine d’hommes yézidis ont été décapités

– 7000 filles et femmes yézidies ont été enlevées et vendues sur les marchés aux esclaves

– Plusieurs filles et femmes yézidies ont été violées

– Certaines femmes yézidies ont été forcées d’épouser des commandants de l’Etat islamique

Le nombre estimé de cas inconnus était beaucoup plus élevé que ce qui était écrit dans le rapport des Nations Unies.

LES GENOCIDES CONTRE  LES YAZIDES  A TRAVERS L’HISTOIRE

Les Yézidis, qui pratiquent l’une des religions les plus anciennes de Mésopotamie, ont subi au cours de l’histoire 74 génocides. La plupart de ces meurtres de masse ont été perpétrés par l’empire ottoman. Parce que la plupart de ces génocides visant à anéantir la communauté yézidie ont été ordonnés par les principaux Shahs ottomans via un fiat, les Yézidis kurdes ont donc surnommé ces génocides avec le terme kurde pour «décret». Le premier génocide a été ordonné en l’an 1246 par le seigneur de Zengi de Mossoul, Bedreddin Lulu, le dernier par le néo-ottoman AKP et son allié KDP et perpétré par les gangs DAECH. Dans chaque génocide, le nom de l’islam a été utilisé.

Certains des génocides qui ont été perpétrés au cours de l’histoire contre la communauté yézidie et pour la plupart ordonnés par les Shahs ottomans, sont répertoriés ici :

* En 1246 le massacre de Lalesh, dirigé par le seigneur de Zengi de Mossoul Bedreddin Lulu

* Au 16ème siècle, le meurtre de masse des Yazidis à Shêxan a été ordonné par une fatwa de Shekhulislami Osmani Ebu Siud Efendi et par un décret donné par le Sultan Suleyman

* En 1638 le gouverneur d’Amed, Melek Ahmed Pacha fit exécuter un massacre à Shengal

* En 1650, le massacre des Yézidis a été décrété par Murad IV, perpétré par le gouverneur de Van, Shemsi Pacha à Mossoul

* En 1715, un massacre fut commis à Shengal par le gouverneur de Bagdad, Hasan Pacha

* En 1733, meurtre de masse des Yézidis à Shexan par le gouverneur de Bagdad Ahmed Pacha

* En 1752 meurtre de masse à Shengal par le gouverneur de Bagdad, Suleyman Pacha

* Entre 1732 et 1733, Nadir Shah a ordonné le massacre des Yézidis entre Surdash et Kirkouk

* En 1733, le meurtre de masse des Yézidis au bord du lac Zap par les Celiliyan

* En 1735, Nadir Shah commanda le massacre des Yézidis à Mahabad, Saldûz et Meraxi

* En 1742, Alî Takî Han, l’un des fidèles de Nadir Shah, commet un massacre du peuple yézidi à Saldûz

* En 1743, Nadir Shah a perpétré un massacre des Kurdes yézidis à Kirkouk, Hewler et Altunköprü

* En 1773, Nadir Shah ordonna un massacre de Yézidis au bord du lac Zap

* En 1787, les Celiliyan ont commis un meurtre de masse contre les Yézidis à Shexan

* En 1798, le sous-gouverneur de Bagdad Abdulazaz Bin Abdullah Beg a perpétré un massacre contre les Yézidis à Shexan

* Entre 1753 et 1800, les shahs ottomans ont ordonné le pillage, l’imposition de lourdes taxes, l’esclavage et les génocides des Kurdes yézidis (environ six attaques majeures ont été menées à Shengal, Shexan et Mossoul)

* En 1809, le gouverneur de Bagdad Suleyman Pacha a ordonné un massacre des Yézidis à Shengal

* En 1824, massacre contre les Yézidis à Shengal ordonné par le gouverneur de Bagdad Ali Pacha

* Entre 1832 et 1834, les massacres ont été commandés par le Seigneur de Soran Muhammed Pacha

* En 1835, le gouverneur de Mossoul Muhammed Ince Bayraktar fit perpétrer un massacre à Shengal

* En 1836, Reshid Pacha fit commettre un massacre à Shengal

* En 1837, Hafiz Pacha fit commettre un massacre à Shengal

* En 1844, des massacres de yézidis ont eu lieu à Botan

* En 1892, la politique d’islamisation d’Abdulhamit II sur la communauté yézidie a conduit à des meurtres de masse des yézidis

Pour des informations plus détaillées, il est conseillé de lire le livre « Yazidis dans les griffes des fatwas, génocides et massacres » écrit par le Prof. Dr. Kadri Yildirim et le livre intitulé « Un peuple défiant les génocides, les Yazidis » du journaliste Mazlum Özdemir.

LE MASSACRE DE 2007

L’un des massacres les plus récents contre les Kurdes yézidis a eu lieu en 2007. Le 14 août 2007, des attaques ont été menées par quatre camions chargés de bombes dans les villages de Siba Shex Xidir et Til Izer de Shengal. En conséquence, 300 personnes ont été tuées. Aucune enquête n’a été ouverte dans cette affaire. Il a été rapporté que ce massacre a été perpétré par un groupe de gangs appelé Ensar El Sune affilié à Al-Qaïda, qui tentait à l’époque de prendre pied au Kurdistan du Sud. Cependant, de nombreuses sources affirment que le Front turkmène d’Irak (ITC) a été impliqué dans l’attaque, qui a été forgée par les services secrets turcs au Kurdistan du Sud.

Les yézidis ont qualifié cette attaque jusqu’au 3 août 2014 de « dernier décret ».

STATUT DE SHENGAL AVANT LE GÉNOCIDE DU 3 AOÛT

Les Yézidis kurdes vivaient principalement dans le district Shexan de Duhok, le district Shengal de Mossoul et les villages des districts environnants. En 1975, sous le régime Baas irakien, les Yézidis ont été réinstallés de force. Dans chaque génocide auquel ils ont été confrontés, le peuple yézidi s’est sauvé des bras protecteurs du mont Shengal. Mais en 1975, ils ont été expulsés de force des villages des montagnes et réinstallés à Khanasor, Til Izer, Sinune, Siba Shex Xidir, Kocho et Dugurê et une quinzaine d’autres villages sur les contreforts de la montagne.

Quand, en 2003, les États-Unis sont intervenus en Irak et ont renversé le régime de Saddam Hussein, une nouvelle constitution a été préparée pour l’Irak. Selon l’article 140 de cette constitution, Shengal a été laissé comme une soi-disant «zone contestable» entre le gouvernement du Kurdistan du Sud et le gouvernement central d’Irak. Un référendum était également prévu pour 2007 à Shengal, mais jusqu’à aujourd’hui, ce référendum n’a jamais été réalisé.

Cependant, contrairement aux villes de Kirkouk, Jalawla, Khanaqin et Tuz Khurmatu, le PDK a établi sa monocratie à Shengal. La ville aurait été « sous la protection » des peshmergas et des asayish du PDK et de la police fédérale irakienne.

LA SITUATION DE SHENGAL AVANT LE GÉNOCIDE DU 3 AOÛT

Après avoir imposé son règne absolu sur le Shengal en 2003, le PDK a promu les traditions arriérées de la société et a profité jusqu’au bout du système de castes des cheiks, grâce auquel il a maintenu le peuple yézidi sous son contrôle. Le PDK a même utilisé la foi des Yézidis à son propre avantage et a soutenu ce système de cheikh, gardant un œil sur l’ensemble du peuple yézidis.

L’un des commandants des unités de résistance de Shengal (YBŞ) Tîrêj Şengal a parlé avec l’ANF du dernier génocide des Yézidis et du système que le PDK avait mis en place à Shengal, en disant : « Ils ont fait de tous ceux qui allaient vers eux leurs Peshmergas et leur ont payé un salaire. Ils leur ont dit, allez manger et boire et prenez votre argent, mais ne réfléchissez pas. Ils n’ont pas apprécié quand les gens parlaient de choses comme l’honneur, la liberté et les valeurs. Alors les gens sont restés désorganisés et sans éducation jusqu’à la fin. »

PRESSIONS SUR LES FEMMES DANS LA  SOCIÉTÉ YÊZIDIE

Xoxê Dexîl, membre du Mouvement pour la liberté des femmes yézidies (TAJÊ), a parlé de la société yézidie avant le déclenchement du génocide et a attiré l’attention sur la violence et les pressions auxquelles les femmes yézidies étaient soumises dans la société, en disant : « Le statut des femmes était très faible dans la société yézidie, presque inexistante. En d’autres termes, une femme était aussi bonne, autant que les pressions qu’elle subissait et autant qu’elle était réduite au silence ! Mais il ne faut pas laisser échapper la résistance continue de femmes contre cela. Pourtant, ces luttes étaient pour la plupart limitées à quelques personnes privées. Cependant, quand nous avons vu après le génocide les femmes du Rojava et celles de la guérilla, nous avons commencé à nous organiser avec leur aide. »

VERS LE GÉNOCIDE DU 3 AOÛT

Le 10 juin 2014, lorsque l’Etat islamique a envahi Mossoul, Shengal a couru plus de danger que tout autre district de Mossoul. Le chef du peuple kurde Abdullah Öcalan a lancé de nombreux avertissements pour la protection de Shengal. Dans le cadre de ces prévisions d’Öcalan, le PKK a envoyé une unité de 12 guérilleros au mont Shengal. Face aux menaces imminentes croissantes qui planaient sur Shengal, la direction du PKK est entrée en contact avec le PDK et a attiré l’attention sur la gravité de la situation. Le PKK a clairement indiqué qu’il pouvait envoyer une partie de ses forces à Shengal, mais le PDK n’a pas répondu à cet appel lancé par le PKK.

UNE FORCE DE 11000 HOMMES BIEN ÉQUIPÉS ÉTAIT SUR PLACE

Après avoir envahi Mossoul, les gangs de l’Etat islamique ont chargé Tal Afar, un quartier de la communauté turkmène à proximité immédiate de Shengal. Un grand nombre de Turkmènes chiites ont fui vers Shengal. Les gangs étaient maintenant sur le point d’attaquer ensuite Shengal. Cependant, au lieu de commencer les préparatifs nécessaires, le PDK a soudainement commencé à saisir les armes et armes du peuple yézidis en leur disant : « Nous vous protégerons ». Selon des statistiques officielles qui ont été révélées par la suite, avant les attaques barbares des gangs de l’EI contre Shengal, le nombre de membres peshmergas et asayish du Kurdistan du Sud et de la police fédérale irakienne, de la police de la circulation et des unités armées qui étaient affiliées à d’autres groupes politiques les partis comprenaient au total 11 000 personnes positionnées à Shengal et dans les villages environnants.

« ILS ÉTAIENT ICI POUR DE L’ARGENT, ET ONT FUI QUAND LE DANGER APPROCHAIT »

Le commandant de l’YBŞ Tîrêj Şengal a donné les informations suivantes sur la force militaire à Shengal : « À cette époque, lorsque les gangs de l’EI ont pris le contrôle de toutes les zones autour de Shengal les unes après les autres, nous ne pensions toujours pas que nous pourrions être les prochains. Parce que nous étions encerclés par une armée massive de peshmergas et même de soldats irakiens. Et nous leur faisions confiance. Ils nous disaient : « Nous allons vous protéger ». Mais malheureusement, ils ont fui lorsque les attaques ont commencé. Ce n’est que lorsque nous leur avons demandé pourquoi ils s’étaient nous comprenons qu’ils ne considéraient pas cet endroit comme leur sol et n’avaient été conscrits au « devoir de défendre » que pour l’argent. Voyant le danger approcher, ils ont fui dès qu’ils en ont reçu l’ordre, sans même se retourner une fois. »

ILS SONT SAISIS DES ARMES DE  JEUNES YAZIDIS

Le coprésident du Conseil autonome de Shengal, Qehtan Xelîl, a rappelé que les peshmergas du PDK avaient saisi toutes les armes et armes des jeunes yézidis peu avant le début du génocide et a déclaré : « Sur la traversée de Shengal à Tal Afar, le PDK avait mis Lorsque l’Etat islamique a balayé les ravages, toutes les armes des jeunes yézidis leur ont été retirées ici. Ils nous ont assuré avec des mots comme : « Nous vous protégerons, ne vous inquiétez pas, vous n’avez pas besoin de prendre Et ils ont saisi toutes les armes là-bas. Cependant, pendant le génocide, ils n’ont même pas tiré une balle, ils n’ont pas donné un seul martyr (…). Ils se sont tous enfuis. »

ANF

Lettre ouverte aux pays qui ont reconnu le génocide yazidi

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Le Mouvement des femmes yézidies TAJÊ a appelé les pays qui ont reconnu le génocide yézidi à prendre des mesures concrètes pour poursuivre les gangs de l’EI et leurs alliés [dont la Turquie qui continuent encore à persécuter les Yézidis à travers des attaques de drones sous prétexte de combattre la guérilla kurde].

Le Comité diplomatique du Mouvement pour la liberté des femmes yézidies ( Têgêrayîşê Azadîya Cinîyan ê Êzidîyan – TAJÊ) a envoyé une lettre ouverte aux pays qui reconnaissent le génocide commis par l’Etat islamique contre Shengal à l’occasion du 9e anniversaire du massacre de 3 août 2014.

La lettre disait: « Aujourd’hui marque le neuvième anniversaire du génocide du 08/03/2014 auquel le district de Şengal a été soumis. Ce fut une journée très difficile pour la communauté yézidie, en particulier les femmes yézidies. Il y a 9 ans, le 3 août 2014 , des gangs de l’EI ont attaqué le district de Şengal depuis le nord de l’Irak, d’où les forces peshmergas du Parti démocratique du Kurdistan se sont retirées sans aucune résistance, et ce retrait a ouvert la voie aux gangs terroristes de l’EI, esclavage, viol, recrutement forcé d’enfants, des milliers de filles, de femmes et d’enfants yézidis ont été arrêtés et kidnappés, alors qu’environ 3 000 membres de nos familles et proches sont toujours entre les mains des gangs de l’EI et leur sort est inconnu jusqu’à présent.

Ces crimes contre l’humanité commis par l’Etat islamique contre la communauté yézidie ont été acceptés comme un génocide par 12 pays. L’acceptation du génocide de la communauté yézidie par ces pays est une étape positive. Nous avons vu les femmes yézidies sont très heureuses. sur l’action internationale, mais néanmoins, des mesures doivent être prises pour poursuivre DAECH et ses partenaires (…).

Bien que dans certains pays européens, de nombreux mercenaires de l’Etat islamique aient été jugés individuellement et jugés pour leurs crimes, notre demande et notre volonté dans des affaires juridiques globales n’ont pas été satisfaites jusqu’à présent. Il est très important de poursuivre ces criminels, mais plus important encore, dont dépendent les forces et organisations anti-humaines, tous les acteurs et États qui ont soutenu et soutenu les gangs terroristes «DAECH» et qui ont fourni un soutien logistique, militaire, éducatif, économique et politique doivent faire l’objet d’enquêtes, d’éclaircissements et de poursuites devant un tribunal international en tant que crimes contre l’humanité, bien que neuf années se soient écoulées depuis le génocide, des coupables, dont des individus, des organisations et des États n’ont pas été jugés devant un tribunal international (…).

Des milliers de nos femmes et de nos enfants sont toujours en deuil. Şengal n’a pas été reconstruit et nous n’avons pas non plus reçu d’aide humanitaire, juridique, politique, sécuritaire ou sanitaire. Le public mondial, les pays et les organisations internationales n’ont pas assumé leurs responsabilités. C’est une source d’inquiétude pour la communauté yézidie. La menace qui pèse sur notre société n’a pas disparu jusqu’à présent, d’autant plus que les raids aériens de l’État turc nuisent à la sécurité de notre société et de l’Irak également. En tant que communauté yézidie, nous attendaient que nos blessures guérissent, afin que des solutions sociales et politiques puissent être développées. Malheureusement, les alliés de l’Etat islamique, comme l’Etat turc, n’ont pas arrêté leurs efforts fascistes, génocidaires et de conquête.

En tant que femmes yézidies du Şengal, nous avons formé notre organisation TAJÊ (…) afin de pouvoir nous renforcer et exprimer des positions politiques communes. Nous organisons des conférences, éduquons les femmes, organisons des marches et mettons en œuvre des projets quotidiens pour la continuation du système de vie. Dans les domaines économique, sanitaire, culturel et autres. Nous croyons que seuls le savoir et le renforcement de notre société, en particulier le développement des femmes, peuvent conduire à de nouveaux régimes. L’auto-gouvernance, l’auto-organisation et l’autodéfense font partie des droits humains les plus fondamentaux, et nous avons jugé nécessaire de nous organiser afin de prévenir les massacres et autres injustices.

Malgré le traumatisme social et la destruction généralisée des infrastructures à Şengal, la situation sécuritaire pose toujours de sérieux problèmes pour nos vies à Şengal. Les attaques menées par l’armée de l’air turque depuis 2017 sont des attaques systématiques et sont intervenues après la libération du district de Şengal des gangs criminels DAECH.

Dans le même temps, les objectifs de ces attaques de l’État turc ne sont pas loin des objectifs de l’Etat islamique, et les victimes de ces attaques appartiennent à la communauté yézidie qui a vécu le génocide il y a 9 ans et qui a défendu et libéré Şengal de l’Etat islamique. . Ces attaques violent le droit international et sont considérées comme des crimes de guerre, car les hôpitaux civils sont visés, mais jusqu’à présent, la communauté internationale n’a pris aucune mesure pour empêcher les atrocités de l’État turc. Le silence face à la brutalité de l’État turc a permis à ces attaques de se poursuivre. »

TAJÊ a appelé la communauté internationale à :

1. Toutes les institutions et organisations politiques influentes dans le monde doivent considérer les massacres commis par l’État islamique « DAECH » contre la communauté yézidie comme un génocide.
2. La responsabilité doit être exigée de toutes les personnes, institutions et organisations responsables de l’affaire : Avant tout, les mercenaires de l’Etat islamique et leurs partenaires, l’État turc et le Parti démocratique du Kurdistan, doivent être tenus responsables.
3. Le 10 juin 2023, l’administration autonome du nord-est de la Syrie a décidé de poursuivre publiquement les mercenaires de l’Etat islamique dans les prisons de la région du nord-est. Nous, en tant que communauté yézidie, étions donc très satisfaits de cette décision, nous soutenons pleinement cette décision, et il y a dix mille membres de gangs de l’EI dans les prisons de l’administration autonome du nord et de l’est de la Syrie, et en tant que femmes et communauté yézidie, nous demandons aux pays qui ont reconnu le « génocide » de soutenir la décision de l’administration autonome de poursuivre l’EI, et ils doivent élever leurs devoirs et leurs responsabilités.
4. Le 9 octobre 2020, l’accord de Şengal a été signé. Cet accord était sans la volonté de la communauté yézidie, et bien sûr, en tant que communauté yézidie, nous voyons cet accord comme une continuation du génocide et des attaques contre notre société et nous ne l’acceptons pas, nous demandons donc aux pays qui ont reconnu le génocide de voir le danger de cette alliance pour la communauté yézidie et la population locale et de ne pas l’accepter.
5. Afin d’arrêter les raids aériens de l’État turc, une décision doit être prise d’interdire l’espace aérien et de fermer l’espace aérien au-dessus de Şengal, ce qui conduira à bloquer la voie aux marches et aux avions de combat de l’État turc, à travers efforts diplomatiques et les sanctions nécessaires.
6. Assistance à la reconstruction du district de Şengal, en coopération.
7- Organiser et faire des efforts conjoints pour sauver les femmes et les enfants des mains des gangs de l’EI.
8- Nous saluons avec respect les efforts des Forces démocratiques syriennes (FDS) pour sauver les prisonniers des mains des gangs de l’Etat islamique, et ils appellent la communauté internationale à soutenir les efforts des FDS et à développer des alliances conjointes.

La lettre se termine par le message suivant : « Nous vous remercions d’emblée de votre intérêt. Nous pensons que les positions de pays comme le vôtre, qui mettent en œuvre des systèmes et travaillent pour faire passer les droits de l’homme au-dessus de tout, apporteront à l’humanité des gains importants dans la lutte contre le ennemis de l’humanité, comme DAECH. (…) »

TURQUIE. Une famille kurde victime d’un incendie criminel à Konya

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TURQUIE – Erol Şan, dont la grange et une partie de sa maison ont été incendiées à Konya, la nuit dernière à déclaré que l’incendie a été allumé par des fascistes qui les avaient auparavant menacé de connaitre le même sort que la famille Dedeoğulları assassinée par des fascistes turcs dans la même province de Konya il y a deux ans.

La grange appartenant à une famille kurde, vivant dans le quartier de Saraçoğlu du district de Karatay, à Konya, a brûlé la nuit dernière. Une partie de la maison familiale a également été détruite par le feu. L’un des membres de sa famille, Erol Şan, a affirmé que leur grange avait peut-être été incendiée par deux fascistes turcs, qui les avaient auparavant menacés de « Nous vous tuerons comme les Dedeoğulları ».

Sept personnes (5 femmes et 2 hommes) de la même famille kurde, Yaşar Dedeoğulları, İpek Dedeoğulları, Serap Dedeoğulları, Serpil Dedeoğulları, Sibel Dedeoğulları, Metin Dedeoğulları et Barış Dedeoğulları, ont été massacrées par un fasciste turc à Konya / Meram, le 30 juillet 2021.

 

Des milliers de femmes yézidies toujours portées disparues, 9 ans après le génocide commis par DAECH

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Neuf ans après le génocide perpétré par l’État islamique (DAECH) contre la communauté yézidie en Irak, on ignore toujours où se trouvent des milliers de femmes enlevées. Feleknas Uca, elle-même kurde-yézidie et co-porte-parole de la Commission des relations extérieures du Parti démocratique des peuples (HDP) de Turquie, a appelé à un nouveau combat pour libérer les femmes.

Neuf ans se sont écoulés depuis que la communauté yézidie a été ciblée par l’Etat islamique dans un génocide brutal, mais le sort de milliers de femmes reste entouré de mystère. Les Yézidis appellent cette atrocité le 74e Ferman (« décret » ou « ordre » en turc), un sinistre témoignage des nombreux massacres qu’ils ont subis tout au long de l’histoire.

La co-porte-parole de la commission des relations extérieures du Parti démocratique des peuples (HDP), Feleknas Uca, a souligné la crise en cours. « Ce génocide s’est produit au vu et au su du monde, laissant une blessure profonde à la communauté yézidie », a déclaré Uca. « Des milliers de femmes capturées par l’Etat islamique ont été vendues sur les marchés de Mossoul, chaque femme étant vendue plusieurs fois ».

Uca, elle-même kurde-yézidie, a attiré l’attention sur le fait que de nombreuses femmes et enfants enlevés par l’Etat islamique ont fait surface dans différentes villes, notamment en Allemagne et en Turquie. « De nombreuses femmes ont été vendues en Allemagne et en Turquie, et de nombreux enfants sont apparus dans des villes comme Ankara et Kırşehir », a-t-elle déclaré. Uca a demandé comment ces femmes étaient transportées dans des villes aussi éloignées qu’Ankara, compte tenu des contrôles de sécurité rigoureux à l’intérieur du pays.

Feleknas Uca

Uca a également dénoncé la collaboration entre l’Etat islamique et la Turquie, rappelant des photographies prises lors des attaques contre Kobanê qui montraient des soldats turcs aux côtés de membres de l’Etat islamique. « Les dirigeants et les membres de l’Etat islamique sont connus pour résider en Turquie », a-t-elle ajouté.

Uca a critiqué l’hostilité de la Turquie envers les Yézidis, qui se poursuit avec des attaques contre Sinjar. « Ils font pleuvoir des bombes sur un peuple qui a connu tant d’oppression, tuant ses dirigeants. Ils voient la vidange du Sinjar et du Kurdistan et l’éradication du yazidisme comme leur objectif », a-t-elle déclaré.

Malgré neuf ans passés depuis le massacre, Uca a noté que des milliers de familles vivent toujours dans des tentes. « Nous sommes tous responsables de ces familles vivant dans des tentes. Si nous ne pouvons pas renvoyer ces personnes à Sinjar, nous en portons tous la responsabilité », a-t-elle déclaré.

Le militant yézidi Azzat Alsaleem a souligné le besoin de justice pour les habitants de Sinjar. « Les blessures des yézidis n’ont pas cicatrisé à cause des conflits régionaux. Les forces responsables du génocide doivent être tenues responsables », a déclaré Alsaleem. Il a averti qu’un autre génocide est inévitable dans quelques années à moins qu’il n’y ait une force de défense yézidie et une autonomie pour protéger les yézidis. « Les Yézidis ne font confiance ni au PDK ni au gouvernement irakien », a-t-il conclu.

Medya News

 

IRAN. Manifestations dans la ville kurde de Divandarreh contre les coupures d’eau

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IRAN / ROJHILAT – Dans la ville kurde de Divandarreh, au Kurdistan d’Iran, des manifestations ont éclaté suite à une grave pénurie d’eau qui dure depuis des semaines. Les forces iraniennes ont répondu aux manifestants avec des gaz lacrymogènes.

Les habitants de la ville iranienne de Divandarreh, dans la province occidentale du Kurdistan connue sous le nom de Rojhilat, sont descendus dans la rue pour exiger l’accès à l’eau, après que les dernières coupures aient duré plusieurs jours.

Les manifestants ont été accueillis par une réponse brutale des forces iraniennes, y compris l’utilisation de gaz lacrymogènes. L’organisation de défense des droits humains Hengaw a rapporté qu’au moins quatre manifestants ont été blessés lors de la répression.

La situation s’est rapidement détériorée alors que la ville est aux prises avec des semaines de coupures d’eau intermittentes, laissant les habitants sans accès à l’eau potable.

Les experts attribuent l’aggravation de la crise de l’eau en Iran aux effets cumulatifs du changement climatique mondial et aux lacunes de la gestion de l’eau par la République islamique.

Les réservoirs d’eau de tout le pays ont atteint des niveaux extrêmement bas, avec 270 villes et villages connaissant de graves pénuries d’eau, avait confirmé un responsable iranien en janvier.

 

Image non contractuelle

Le Royaume-Uni reconnaît le génocide yazidi commis par l’État islamique

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A la veille du 9e anniversaire du génocide des Yézidis commis à Shengal par DAECH, le Royaume-Uni a reconnu le génocide yazidi dans un communiqué publié aujourd’hui.

Le Royaume-Uni a officiellement reconnu aujourd’hui que des actes de génocide ont été commis contre le peuple yézidi par Daech en 2014.

Le ministre d’État pour le Moyen-Orient, Lord Ahmad, a fait cette annonce avant les événements marquant le neuvième anniversaire des atrocités commises par Daech contre les Yézidis.

Le 3 août 2014, il y a neuf ans, DAECH (l’Etat islamique -EI) a commis un génocide à Shengal en massacrant et en capturant des milliers de Yézidis. Pour les Yézidis, cette attaque était la 74ème campagne génocidaire visant les Yézidis à cause de leurs croyances millénaires.

Les gangs de l’Etat islamique ont voulu détruire l’identité et la religion yézidies le 3 août 2014. Les peshmergas sous le commandement de PDK ont quitté la région et DAECH a massacré les Yézidis sans problème. Les combattantes kurdes des HPG [branche armée du PKK] et YPG / YPJ se sont précipités sur les lieux pour sauver des milliers de Yazidis d’une mort imminente dans le couloir sécurisé qu’ils ont ouvert vers le Rojava.

Dans un rapport de mars 2015, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCR) a déclaré que la persécution du peuple yézidi en 2014 constituait un génocide.

Le 4 février 2016, le Parlement européen a adopté à l’unanimité une résolution reconnaissant que Daech commet un génocide contre les chrétiens et les yézidis, et d’autres minorités religieuses et ethniques.

Le 14 mars 2016, la Chambre des représentants des États-Unis a voté à l’unanimité que les actions violentes menées contre les yézidis, les chrétiens, les chiites et d’autres groupes par l’Etat islamique étaient des actes de génocide.

Le Canada, la France, l’Arménie, la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne sont parmi d’autres pays où le massacre de 2014 contre les Yézidis en Irak a été reconnu comme un génocide.

« L’écocide exige une résistance totale »

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« Cette destruction, qui affecte toute vie, nécessite une résistance totale. S’organiser pour la nature est une tâche existentielle qui ne peut plus être reportée », alerte l’organisation faitière kurde KCK à propos de l’écocide en cours au Kurdistan et en Turquie.

Voici le communiqué rédigé par le comité d’écologie de l’Union des communautés du Kurdistan (Koma Civakên Kurdistanê – KCK) :

Les conséquences du pillage écologique, poursuivi avec une constante immoralité par les forces dirigeantes du système capitaliste et d’un ordre économique axé sur le profit et le rendement, s’approfondissent de jour en jour et conduisent à de nouvelles destructions. Les sommets et congrès qu’ils organisent en grand nombre dans le but de résoudre la crise écologique dont ils sont eux-mêmes responsables ne vont pas au-delà des formalités et des compromis hypocrites. Ce qui a été fait jusqu’à présent au nom de la solution n’a servi qu’à manipuler l’opinion publique, à éluder la responsabilité ou à exacerber les problèmes. Les décisions prises lors des conférences de la CCNUCC [convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques] ne sont pas mises en œuvre en raison de l’impitoyabilité apparente ou cachée de ces forces et de leur avidité pour le profit. Au contraire. Loin d’empêcher la destruction écologique, de nouveaux records de pillages sont établis chaque année. Les conséquences que nous subissons chaque jour révèlent les dimensions de cette atrocité commise sous couvert de « développement » et de « civilisation ». Le carnage écologique a atteint de telles proportions que même des organisations internationales comme l’ONU, qui avaient auparavant fermé les yeux, reconnaissent maintenant les atrocités et les qualifient de « catastrophe ».

Les températures record, les incendies de forêt, les inondations et les conséquences des guerres dans différents continents et pays du monde suffisent à illustrer l’ampleur de cette catastrophe. Toute atteinte à la nature laisse des blessures irréparables, et il n’est plus difficile de prévoir les ténèbres dans lesquelles notre avenir sera entraîné si cette surexploitation se poursuit.

Incendie criminel par des soldats turcs dans la région de Besta à Şirnex dans le nord du Kurdistan

Le bilan écologique de la guerre est élevé

En raison de la folie du profit du gouvernement fasciste AKP/MHP à Ankara, le Kurdistan et la Turquie sont parmi ces endroits où cette catastrophe a atteint une dimension complètement nouvelle. Le bilan écologique de la guerre menée par ce régime au Kurdistan augmente chaque jour – et la violence que cette mentalité fasciste inflige à la société se reflète dans la nature de toutes les manières. Les projets de pillage qui avaient été intégrés dans la propagande électorale des gouvernants sont désormais mis en œuvre les uns après les autres. Que la déforestation à Şirnex, Besta, Gabar et Cûdî se poursuit avec violence depuis les élections, que les tronçonneuses dans la forêt d’Akbelen à Milas sont toujours en augmentation et que les propriétaires d’oliveraies à Yatağan et Hatay sont expropriés, afin que l’État puisse fournir aux entreprises de construction liées au gouvernement des contrats lucratifs ne sont que les premières étapes sur cette voie. Il se poursuit actuellement avec des incendies de forêt à Licê et Cûdî, qui ont été particulièrement impitoyablement documentés par l’armée fasciste turque, et la destruction de terres agricoles et d’arbres à Xîzan/Bedlîs – également aux mains de soldats.

Stratégies multidimensionnelles pour l’écocide

Après les incendies de villages dans les années 1990, nous constatons à nouveau que la manie raciste de destruction de l’État turc au Kurdistan poursuit une stratégie multidimensionnelle. La violence militaire et la guerre s’accompagnent d’une destruction ciblée de la nature et de l’environnement, qui agit comme un moyen éprouvé de ce qu’on appelle la contre-insurrection : l’écocide. Les habitats humains et animaux sont détruits et les moyens de subsistance tels que l’agriculture sont détruits. Par exemple, le brûlis des champs, des forêts et des oliveraies mené par l’armée et ses djihadistes ; les barrages qui détruisent les écosystèmes et le climat ; les centrales au charbon et les sociétés minières, dévaster les terres et endommager les nappes phréatiques pendant longtemps ; Expropriations de terres agricoles dans de nombreuses provinces pour des centrales solaires de Botan à Serhed ; comment les barrages et les centrales hydroélectriques qui poussent comme des champignons provoquent l’assèchement de rivières comme Munzur et le lac de Van ; le refus d’électricité et d’eau pour empêcher l’agriculture à Riha ; le vol de la force de travail des agriculteurs d’Amed, qui doivent regarder leur blé pourrir sur l’aire de battage ; Les couvre-feux et les interdictions de paître pour les personnes et les animaux et de les laisser à une mort certaine, ainsi que de couper l’eau potable ne sont que quelques-uns des concepts fascistes pour tenter d’apprivoiser le Kurdistan et son peuple. Ceci est associé à la fuite, à l’expulsion, à la pauvreté et à l’oppression – au nord comme à l’ouest et au sud.

La « protection de la sécurité nationale » pour légitimer la destruction

Cette campagne d’anéantissement au Kurdistan est légitimée par la « protection de la sécurité nationale ». Pourtant, quoi de plus dangereux et de plus menaçant pour la sécurité que cette guerre menée par le régime AKP/MHP avec des armes chimiques et des avions de guerre, des incendies criminels ciblés, des bombardements en montagne et des projets de pillage écologique ? La nature et les écosystèmes, qui sont notre garantie de vie et de sécurité, peuvent-ils être protégés par des pillages et des massacres ? Ces guerres, menées par des politiques à motivation fasciste au nom de la sécurité et de la survie, ont toujours apporté la destruction, la mort et la souffrance. Les conséquences ont affecté l’environnement autant qu’elles ont affecté les gens – sauf que la guerre contre la nature n’est pas aussi véhémente était bruyant et perçant comme les bombes sur la population, et ses effets progressaient plus lentement. Mais chaque arbre abattu, chaque barrage construit, chaque centrale électrique construite dans la nature est un niveau d’escalade supplémentaire dans la guerre contre les humains et équivaut à un bombardement dont les dégâts ne peuvent en aucun cas être réparés.

Nous seuls pouvons arrêter la destruction

Bien que les catastrophes écologiques, comme toutes les catastrophes, soient causées par les pouvoirs en place et les forces dominantes du système, c’est nous qui devons les arrêter. Le massacre de la nature, une catastrophe environnementale aux proportions incroyables, impose à chacun – enfants, jeunes, adultes, toutes les couches de la société – la responsabilité de ne pas se taire, de résister, de s’organiser et de se battre. Le fait de voir la catastrophe au loin et de garder le silence ne nous en dispense pas. Ce massacre, qui affecte toute vie, nous impose aussi une résistance totale. La lutte écologique est une attitude morale et une responsabilité envers la nature et l’avenir. C’est une lutte pour les droits et la justice. C’est le droit le plus fondamental, la nature, pour défendre la terre, l’eau et l’air contre l’usurpation du pouvoir fasciste. Chaque instant où nous agissons trop tard signifie qu’un être vivant est abattu, une forêt détruite, une rivière polluée, un champ occupé par des sociétés avides, un village défriché et une vie anéantie.

Résistance à l’écocide total

S’organiser pour la nature est une tâche existentielle qui ne peut plus être reportée. Pour cette raison, aujourd’hui est le jour pour défendre la vie, organiser et intensifier la lutte contre la mentalité fasciste et la politique de pillage. Aujourd’hui est le jour pour protéger le monde et la nature sans plus tarder, unir nos forces à la conscience écologique, organiser et défendre l’avenir. Nous devons nous mobiliser et lutter, sinon nous ne pourrons pas empêcher l’écocide total.

Le mouvement des femmes kurdes peut-il transformer le Moyen-Orient ?

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Un regard critique sur l’essai de Dilar Dirik sur le mouvement des femmes kurdes.

Nous connaissons tous l’image orientalisée et fétichisée de la femme guerrière kurde qui se bat contre DAECH. Un peu amazone, un peu Angelina Jolie, elle est trop facilement aseptisée, occidentalisée et extraite de son contexte dans le mouvement militant de libération kurde dirigé par des femmes. Dans The Kurdish Women’s Movement: History, Theory, Practice, l’universitaire kurde Dilar Dirik cherche à approfondir et à compliquer cette image, en plaçant ce mouvement dans le contexte de décennies d’une « histoire » en dents de scie, souvent négligée, d’une « théorie » historique et sociologique unique et d’une « pratique » qui prétend toucher la vie de millions de femmes dans tout le Moyen-Orient.

The Kurdish Women’s Movement: History, Theory, Practice (Le mouvement des femmes kurdes : Histoire, théorie, pratique) de Dilar Dirik, publié par Pluto Press en 2022, ISBN 9780745341941

Écrivant à partir d’une position de sympathie personnelle et politique admise pour le mouvement mené par le leader politique kurde emprisonné Abdullah Öcalan et son Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Dirik critique ce qu’elle appelle la pratique standard consistant à contrebalancer « l’engagement superficiel avec les écrits d’Öcalan par des impressions ethnographiques de type instantané ou des articles d’actualité sur la pratique du mouvement ». Le travail de la boursière de l’Université d’Oxford cherche plutôt à prendre le mouvement au sérieux dans ses propres termes, en comblant le fossé entre les récits trop enthousiastes attribuant aux Kurdes une propension surhumaine à la révolution, et les analyses normatives réductrices rédigées d’un point de vue purement académique.

À ce titre, il convient d’évaluer dans quelle mesure la prétention du mouvement à offrir une alternative systémique aux États-nations autoritaires et à l’organisation sociale patriarcale, tribale ou nucléaire se vérifie sur son plus grand terrain d’expérimentation à ce jour – la politique dirigée par les Kurdes dans le nord et l’est de la Syrie (NES), construite autour du cœur kurde connu sous le nom de Rojava, où une administration civile a passé la dernière décennie à tenter de mettre en œuvre les idéaux du mouvement des femmes. Dirik aborde également la portée du mouvement kurde dans la Turquie peuplée de Kurdes et, dans une moindre mesure, en Irak.

Alors que le Kurdistan est une nation sans État qui couvre une partie de la Turquie, de la Syrie, de l’Irak et de l’Iran, il n’y a pas de chapitre entier consacré au mouvement des femmes en Iran, mais les idées du mouvement sont également présentes au sein de la minorité kurde de ce pays, comme en témoignent les récents soulèvements qui ont suivi la mort de Jina (Mahsa) Amini, à la suite desquels le slogan du mouvement kurde « Jin, Jiyan, Azadî » (« Femmes, Vie, Liberté ») a résonné dans le monde entier.

Mais c’est dans le NES que la vision optimiste et transformatrice d’une « lutte paradigmatique contre la modernité capitaliste » promue par Dirik est mise à rude épreuve – comme j’ai pu le constater moi-même au cours des trois années que j’ai passées à vivre et à faire des reportages dans cette région appauvrie, en proie à des difficultés et politiquement compromise.

Comme le souligne Dirik, le mouvement kurde n’est pas apparu du néant avec l’établissement d’une autonomie de facto au Rojava à la suite du déclenchement de la guerre civile syrienne, et la rapide montée en puissance de cette région au cours de la guerre contre DAECH. Le PKK est plutôt entré sur la scène politique en tant que guérilla marxiste-léniniste clandestine luttant pour un État kurde indépendant et socialiste – une guérilla caractérisée par la participation exceptionnellement large et de plus en plus active de cadres féminins. La reconnaissance croissante de la nécessité d’une organisation politique dirigée par des femmes a été précipitée par un changement marqué dans l’analyse politique d’Öcalan, en particulier après sa capture en 1999 par les forces de sécurité turques, ce qui a entraîné une réévaluation de la stratégie du PKK.

En cherchant à prendre au sérieux les contributions intellectuelles du mouvement kurde et de son leader, Dirik minimise parfois l’impact des circonstances et de la realpolitik sur l’évolution inattendue du mouvement. L’évolution d’Öcalan vers un système d’organisation fédérale, décentralisée et à double pouvoir était au moins en partie motivée par l’impossibilité admise d’établir un État kurde, et le fait d’admettre ce fait ne diminue en rien l’importance des réalisations ultérieures du mouvement dans cette direction.

De même, il est pratiquement impossible de réconcilier la description faite par Dirik d’Öcalan comme un dépositaire bienveillant du savoir, particulièrement sensible aux luttes des femmes, se levant tôt pour offrir des fleurs aux militantes lors de la Journée internationale de la femme, avec l’image présentée, par exemple, par Aliza Marcus dans sa propre histoire critique du mouvement kurde (largement basée sur les récits d’anciens membres du parti désillusionnés), dans laquelle Öcalan est représenté comme un homme imbu de sa personne et calculateur. Il est probable que la vérité se situe quelque part entre les deux.

Quoi qu’il en soit, il est plus intéressant de reconnaître, comme le fait Dirik, l’idéal émancipateur que représente Öcalan pour des millions de femmes kurdes, étant donné sa représentation claire et cohérente des femmes comme la « première colonie » qui doit être libérée avant que le reste de la société ne puisse suivre. Les femmes kurdes sont toujours à l’avant-garde de toute manifestation au Kurdistan réclamant la libération d’Öcalan et, bien que leur dévouement à une figure de proue masculine puisse sembler contradictoire aux yeux des féministes occidentales, il ne peut être ignoré avec désinvolture.

Dans l’abstrait, la « science des femmes » sociologique connue sous le nom de « Jineolojî » ou « Femme-ologie » semble vague et légèrement New Age dans sa critique de la hiérarchie masculine. Mais il s’agit d’une science dans le même sens hautement politisé que le marxisme-léninisme se présente comme une « science » – une prétention épistémique à placer un groupe réprimé au centre de l’organisation sociale. En présentant leXXIe siècle comme le siècle de la « révolution des femmes », le mouvement kurde dit aux femmes qu’elles sont le pivot de l’histoire et de l’organisation sociale, tout comme les marxistes disaient autrefois aux ouvriers industriels qu’ils détenaient les clés de l’histoire, ou comme les nationalistes arabes cherchaient à exploiter le pouvoir de masse de leurs propres peuples réprimés.

À cette fin, la contribution intellectuelle du mouvement des femmes kurdes devrait plutôt être évaluée en fonction de sa capacité à « communiquer des idées et des débats intellectuels aux mouvements opprimés et dépossédés ». Il est facile de reconnaître la nature politisée des théories d’Öcalan sur l’histoire, mais sa « science » a été conçue pour mettre le feu aux poudres dans le ventre des Kurdes, et non pour passer l’examen par les pairs. Sur ce point, le mouvement des femmes est certainement parvenu à ses fins.

Il est donc approprié que Dirik consacre dix fois plus de pages à la « pratique » qu’à la « théorie ». Le mouvement des femmes kurdes a remporté des succès antérieurs en organisant les femmes dans les quartiers kurdes, les zones rurales et les camps de réfugiés à travers les territoires kurdes qui font actuellement partie de la Turquie, de l’Irak, de la Syrie et de l’Iran. Mais c’est dans le NES que le mouvement des femmes a joué un rôle de premier plan dans la défaite de DAECH et l’expansion d’un système de gouvernance municipale nominalement décentralisé qui englobe maintenant des millions de résidents, dont la majorité sont des Arabes, y compris de nombreuses communautés qui ont à la fois souffert de DAECH et sympathisé avec lui. En tant que tel, le statut de cette région en tant que site de la « mise en œuvre pratique » de masse des nobles idéaux du mouvement des femmes est ambigu, un processus qui apporte avec lui à la fois de grands défis et de grandes opportunités.

L’Administration autonome de la Syrie du Nord et de l’Est (AANES), dirigée par les Kurdes, suit une philosophie politique connue sous le nom de « confédéralisme démocratique », basée sur trois principes issus de la pensée d’Öcalan : la démocratie directe, l’écologie et l’autonomie des femmes. Bien que ces trois principes soient interdépendants, il est évident que le « pilier » des femmes est le plus solide. La dépendance continue à l’égard des revenus du marché noir du pétrole a empêché toute transition écologique sérieuse, tandis que la dévolution du pouvoir de décision politique reste partielle. Les communautés locales ont leur mot à dire sur la fourniture de services et participent activement aux mécanismes de justice réparatrice, mais dans le contexte des attaques permanentes de la Turquie, de l’insurrection de DAECH et de la pauvreté endémique due à la guerre et à l’isolement de la région par rapport au monde extérieur, la stratégie militaire et diplomatique est nécessairement dirigée par un cadre essentiellement kurde.

La « révolution des femmes » est pourtant évidente. Comme tout visiteur de la région le constatera, les femmes sont en effet partout, organisant des réunions communautaires, participant à des programmes d’éducation et jouant bien sûr un rôle militaire de premier plan. Même dans les régions récemment libérées DAECH, les « Maisons des femmes », qui permettent de résoudre les conflits sociaux sans effusion de sang grâce à une médiation menée par des femmes, sont parmi les premiers projets à prendre racine, même face aux bombardements réguliers de DAECH – et obtiennent plus d’importance et de succès que les communes au niveau du village destinées à fonctionner comme les éléments constitutifs du système de démocratie directe.

Sur le plan social, les femmes continuent bien sûr d’être confinées à la maison, de subir des mariages précoces, des crimes d’honneur et tous les autres pièges du patriarcat régional. De nombreux hommes occupant une position dans les structures politiques de l’AANES sont prêts à défendre du bout des lèvres l’autonomie des femmes, tout en poussant en privé leurs filles à se marier au moment opportun. Mais c’est justement parce que les femmes continuent à être confrontées à de telles difficultés qu’elles sont si nombreuses à avoir saisi la « révolution » à bras-le-corps. Outre l’inversion totale du statut de l’identité kurde, c’est l’essor de l’organisation politique, de l’action sociale et de l’activité culturelle menée par les femmes qui donne à la lente transformation du NES le goût de la révolution.

L’exposé de Dirik sur ces réalisations est intelligent et évite les clichés. Par exemple, la région est connue pour son système de « coprésidence », selon lequel chaque poste public est occupé par un homme et une femme. Comme elle le fait remarquer à juste titre, les critiques qui prétendent que ce système est simplement « symbolique » ne tiennent pas compte de l’essentiel : les symboles eux-mêmes ont un pouvoir, et le système oblige les hommes à écouter les points de vue des femmes dans ce qu’elle appelle une « méthode pédagogique anti-autoritaire pour la démocratisation interne ».

Dans les communautés musulmanes très conservatrices, ces démarches sont elles-mêmes révolutionnaires. Même si une minorité relative de femmes a relevé le défi de promouvoir l’éducation des femmes et l’autodétermination politique dans ces communautés, cela ne délégitime pas les réalisations de ces femmes, comme certains observateurs le suggèrent en traçant une fausse binaire entre les participants actifs à la révolution et les « gens ordinaires » représentés comme plus méfiants à l’égard de l’autonomie des femmes. Après tout, ces participantes volontaires sont nées et ont grandi dans les mêmes communautés ordinaires.

Plus généralement, Dirik affirme que l’autonomie des femmes dans la région sera nécessairement différente du féminisme occidental. Dans son propre compte rendu de la révolution du Rojava, Thomas Schmidinger établit une distinction similaire, affirmant que l’ « autonomie » que la région considère comme son objectif politique est une autonomie « collective » plutôt qu’ « individuelle ». L’objectif n’a jamais été de remplacer les normes conservatrices et tribales par la liberté individuelle de devenir (par exemple) une patronne aux mœurs légères, mais d’accorder aux femmes le pouvoir d’aborder les questions féminines entre elles, en tant qu’unité autonome, et de parler d’une voix collective puissante sur les questions qui les concernent.

En conséquence, le processus révolutionnaire débouche régulièrement sur des décisions, des positions et des compromis qui sont déstabilisants pour le regard occidental. Par exemple, sous le fardeau d’être vilipendées comme des « maisons du divorce » suspectes, les femmes travaillant dans les « maisons des femmes » sont plus susceptibles que leurs homologues occidentales de conseiller aux femmes mariées victimes d’abus de retourner au foyer. Mais quitter le foyer au Moyen-Orient a un coût encore plus élevé que dans d’autres parties du monde, alors que d’un autre côté, la pression sociale et la honte peuvent être exercées plus efficacement sur les hommes, faisant de l’intervention communautaire une véritable alternative. De nombreuses femmes sont en mesure de fuir leur foyer, et la région a connu des centaines de divorces après la légalisation de la procédure en 2012 : mais parfois, une solution communautaire est plus appropriée.

Il ne s’agit pas d’une carte de sortie de prison, bien sûr, et Dirik n’est pas à l’abri de valoriser des aspects de la révolution qui mériteraient un examen plus critique. Si elle affirme que le « mouvement encourage des formes communautaires solidaires d’organisation de la garde des enfants, de la production, etc. », il est difficile de voir en quoi cela marque une rupture révolutionnaire par rapport aux modes préexistants de garde communautaire des enfants, étant donné que les femmes continuent d’assumer la quasi-totalité des rôles de garde d’enfants avec peu de soutien formel de la part de l’AANES.

Pour prendre un autre exemple, lorsqu’il décrit la création inévitable d’une force de sécurité interne (les Asayish) dans la région pour faire face à la menace sérieuse posée par les cellules dormantes d’ISIS et les attaques soutenues par les régimes turc et syrien, l’auteur est prêt à prendre pour argent comptant l’affirmation d’une femme membre des Asayish selon laquelle elle aurait « surmonté la personnalité autoritaire créée par le régime [syrien] », créant ainsi une institution nouvelle et plus progressiste. Certes, les Asayish ne sont en rien comparables aux forces de sécurité syriennes brutales, mais les affirmations selon lesquelles cette unité de sécurité interne est fondamentalement différente d’une force de police sont exagérées. Il est louable que les Asayish déploient des habitants dans leurs propres zones, réduisant ainsi les tensions intracommunautaires, mais leur présence n’est pas ressentie de la même manière dans les régions à majorité arabe que dans les régions kurdes. Ceux qui s’opposent à leur présence sont souvent des sympathisants de DAECH, voire des partisans actifs : quoi qu’il en soit, la présence inévitable des Asayish dans ces régions est clairement ressentie comme une force de police et fonctionne comme telle. Plutôt que de minimiser les compromis auxquels la révolution a été contrainte, les comptes rendus sympathiques de la révolution du Rojava peuvent et doivent reconnaître les pressions extrêmes auxquelles la région est soumise.

Il est donc intéressant de voir où le mouvement des femmes a choisi de pousser à la réforme ou à la révolution, et où il a fait des compromis. C’est ainsi, par exemple, que la polygamie est carrément interdite dans les régions kurdes, mais toujours tolérée – bien que désapprouvée – dans les régions arabes récemment libérées de DAECH. Lors d’un incident survenu en 2020, il a été interdit aux femmes de travailler dans les cafés de Raqqa, l’ancienne capitale de DAECH, après les heures de travail, tout comme la consommation publique d’alcool, ce qui a suscité des questions perplexes de la part de certains journalistes occidentaux. Mais lorsque j’ai parlé à des militantes de la cause des femmes dans la ville, elles ont expliqué que ces mesures visaient spécifiquement les cafés servant de couverture à la prostitution, dans le cadre d’efforts plus larges pour lutter contre l’exploitation des réfugiés de guerre appauvris, le bureau local des femmes s’efforçant de trouver d’autres formes d’emploi. Ce n’est peut-être pas la solution que certaines féministes occidentales espèrent, mais dans le contexte syrien, il s’agit d’une mesure valable et réfléchie visant à protéger les femmes.

Dirik prévient que « l’espace entre le marteau et l’enclume peut ouvrir la voie à des lignes de pensée qui s’appuient sur le soutien d’un État extérieur pour protéger temporairement des acquis, généralement à un coût élevé ». C’est tout à fait le cas dans la région de NES, qui est contrainte de nouer des alliances et des relations difficiles avec les États-Unis, la Russie et les autorités centrales syriennes. Mais le fait d’opérer dans cet espace troublé pousse également le mouvement kurde à des compromis productifs, l’obligeant à comprendre et à gérer les tensions entre son engagement clair en faveur de la libération des femmes, d’une part, et l’autodétermination de la communauté, d’autre part.

Souvent, la libération des femmes a été privilégiée, même au risque de provoquer les hommes au pouvoir. D’une part, selon Dirik, les « approches libérales, pragmatiques et centralistes » sont considérées comme masculines, alors que le mouvement des femmes a fait pression pour des approches plus révolutionnaires et transformatrices tout au long de l’histoire du mouvement kurde. Mais également, comme l’écrit l’auteur en référence à l’organisation kurde à double pouvoir en Turquie, les organisatrices politiques féminines sont plus étroitement ancrées dans la société civile et sont donc en mesure de démontrer que « de nombreuses femmes sont favorables à la fin de la discrimination fondée sur le sexe, du mariage des enfants, de l’échange de fiancées, de la polygamie et du prix de la fiancée ». Ces objectifs, tous régulièrement mis en œuvre par le mouvement kurde en dépit d’une forte opposition sociale, ne sont ni extrêmes ni invraisemblables. Au contraire, l’idée que « la société n’accepterait pas le changement [est] une prophétie qui se réalise d’elle-même ».

Le défi auquel le mouvement est confronté aujourd’hui est de refuser l’hypothèse – contraire à la valorisation audacieuse de la « fraternité des peuples » par l’AANES, mais couramment entendue en privé – selon laquelle les régions arabes rétives sont trop arriérées, cloisonnées ou islamiques pour accepter une transformation sociale menée par les femmes. Bien que les hommes kurdes soient aussi régulièrement mis en cause pour leurs normes patriarcales, le mouvement des femmes kurdes lui-même n’est pas à l’abri de l’idéalisation de la féminité kurde. Dirik met en garde contre le fait que les révolutionnaires kurdes de sexe masculin établissent une distinction entre les femmes « révolutionnaires/libérées » et les femmes « classiques/traditionnelles » qui restent confinées dans des rôles sociaux traditionnels. Mais le mouvement des femmes lui-même joue également un rôle dans le maintien de ce binaire, en adoptant parfois par défaut un idéal de femme kurde émancipée, les cadres révolutionnaires exprimant une frustration (compréhensible) face au patriarcat profondément enraciné dans les régions arabes.

C’est plutôt la lutte audacieuse et continue pour mettre en œuvre les idéaux libérateurs du mouvement kurde dans les régions conservatrices et tribales qui peut pousser le mouvement à atteindre un succès durable et la stabilité au-delà des terres kurdes, dans le cadre de sa transition actuelle de force de guérilla à acteur quasi-étatique. Si le mouvement souhaite réellement offrir une alternative « paradigmatique » au Moyen-Orient, il doit continuer à relever les défis pour atteindre ces communautés. Ce sont les femmes qui se sont montrées les plus sensibles à leur message et, à mesure que le programme d’éducation d’AANES, qui met l’accent sur les droits et l’autonomie des femmes, atteindra progressivement ces régions, le changement continuera à se propager.

Ainsi, Dirik affirme que la question de savoir si la « révolution » au Rojava est un succès ou un échec, ou même une révolution tout court, n’est pas pertinente. Au contraire, le processus partiel et imparfait de transformation sociale dans la région fait partie d’un mouvement historique plus large qui a commencé avant et qui continuera après. Son propre travail devrait être lu dans le même esprit : comme une contribution vitale à la conversation dynamique et continue autour d’un mouvement qui mérite à la fois une attention plus sérieuse et un examen plus critique de la part de ses sympathisants.

Dans son introduction, Dirik écrit que les Kurdes, les femmes et les mouvements (révolutionnaires, politiques) sont tous des phénomènes qui ont été opprimés tout au long de l’histoire. Dans ses efforts pour surmonter la répression, le mouvement des femmes kurdes a certainement obtenu des résultats révolutionnaires pour ces classes interdépendantes. On pourrait dire qu’un certain nombre de défis majeurs auxquels le mouvement des femmes kurdes est confronté se situent maintenant dans la direction opposée : atteindre les communautés arabes, changer l’attitude des hommes méfiants et conservateurs, et réussir la transition vers une gouvernance quasi-étatique.

Par Matthew Broomfield, journaliste, critique, traducteur et poète britannique indépendant spécialisé dans la question kurde

Version anglaise sur The Markaz Review: Can the Kurdish Women’s Movement Transform the Middle East?