Premiers signataires : Conseil démocratique kurde en France (CDKF), Mouvement des Femmes kurdes en France, Union des Etudiants kurdes en France (UEKF)
PARIS, Appel à la mobilisation pour les Kurdes en grève de la faim
Réunion extraordinaire des partis kurdes sur l’évolution de la situation en Syrie
Les parties et organisations kurdes ont discuté au cours de leur réunion extraordinaire des questions politiques ayant déroulé en Syrie et dans les régions kurdes ; dont la confirmation de la volonté de la partie kurde de créer un climat propice au succès des dialogues et la demande à la communauté internationale de tenir l’occupation turque pour responsable des violations graves commises contre les habitants d’Afrin.
ROJAVA – QAMISHLO – C’est ce qui ressort d’une déclaration publiée par les partis et les puissances kurdes réunis jeudi dans la ville de Qamishlo lors d’une réunion extraordinaire à laquelle ils ont été invités :
« Les partis et organisations kurdes ont tenu une réunion extraordinaire. La réunion a abordé un certain nombre de questions politiques, notamment les positions des forces concernées par la crise syrienne et la manière de faire face aux derniers développements et obstacles à la solution pacifique que toutes les puissances syriennes nationales et démocratiques, y compris les puissances kurdes, recherchent.
La réunion a coïncidé avec l’approche de l’élimination des derniers vestiges de Daesh dans une petite localité de la ville de Baghouz. La réunion s’est concentrée sur les défis post-élimination et a salué le courage des forces démocratiques syriennes et des unités de protection du peuple et des femmes, ainsi que l’appui fourni par la Coalition internationale dans cette bataille cruciale.
Les participants ont également souligné la nécessité pour le régime de répondre aux exigences du peuple syrien en matière de décentralisation, de construction d’un État démocratique national et de reconnaissance constitutionnelle des droits du peuple kurde et des droits des autres composantes. L’intransigeance du régime n’aide pas à trouver une solution pacifique à la crise, comme l’indiquent les déclarations des responsables du régime.
La réunion a souligné l’empressement de la partie kurde à créer un climat propice à la réussite des dialogues et a également appelé la Fédération de Russie, qui a exprimé sa volonté de jouer le rôle de garant et de médiateur, à jouer un rôle positif et neutre pour le succès de tout dialogue visant à résoudre la crise.
La réunion a appelé la communauté internationale à tenir l’Etat turc et ses mercenaires responsables des violations flagrantes commises contre nos citoyens à Afrin. Il a appelé tous les Syriens et les organismes internationaux impliqués dans la crise à œuvrer à la libération d’Afrin et à l’expulsion des occupants et mercenaires turcs.
La réunion a fait référence à la position américaine, y compris la décision de retrait, qui a surpris le monde entier, soulignant que cette décision a conduit à la création de plus de chaos dans cette région déjà enflammée, et a appelé à clarifier la position américaine sur les menaces turques répétées, qui représentent un danger réel non seulement pour le nord et l’est de la Syrie, mais aussi pour le peuple syrien entier. Si le retrait se produit, la partie américaine doit avoir une attitude positive à l’égard de la phase post-retrait, en ce qui concerne la poursuite du soutien à ses alliés dans la lutte contre le terrorisme et leur protection contre toute menace de la Syrie dans cette région stratégique. Les participants ont noté qu’ils ne s’opposent à aucune force régionale ou internationale, mais qu’ils vont se défendre si une attaque est menée contre leur peuple et qu’ils soutiennent tous les efforts pour trouver une issue pacifique à cette crise.
Les participants ont fait appel à l’initiative du Congrès national kurde d’unifier le rang kurde jusqu’à la création d’une autorité qui pourra mettre fin aux divergences entre kurdes et ont appelé toutes les forces kurdes à répondre à cette invitation et à participer le plus rapidement possible au processus d’unification.
La réunion a également évoqué l’importance de la paix civile dont jouissaient les régions administratives autonomes du nord et de l’est de la Syrie il y a huit ans. Il a également appelé au renforcement des relations fraternelles entre les composantes de la région, renforçant ainsi la cohésion sociale et bloquant la voie aux conflits et aux complots visant à disperser les rangs nationaux.
En conclusion, les participants ont souligné la poursuite de ce projet démocratique et national qui sert les intérêts de toutes les composantes de la région et de la Syrie ».
Les parties et les pouvoirs signataires de la déclaration sont :
L’Alliance nationale kurde en Syrie
Mouvement de la société démocratique
Parti de l’Union démocratique
Parti démocratique kurde syrien
Parti de la gauche kurde en Syrie
Parti Vert du Kurdistan
Parti démocratique de la paix au Kurdistan
Parti du changement démocratique au Kurdistan
Parti du syndicat des travailleurs du Kurdistan
Union libérale du Kurdistan
Mouvement pour le renouveau du Kurdistan
Le Parti démocratique du Kurdistan
Parti du Rassemblement national du Kurdistan
Mouvement pour l’avenir du Kurdistan
Parti communiste du Kurdistan
Le silence du monde extérieur est une grande trahison pour les Kurdes
La CEDH ne fera rien pour Hasankeyf
La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a rejeté la plainte déposée pour protéger le patrimoine culturel d’Hasankeyf qui va être englouti sous les eaux du barrage Ilisu construit par la Turquie.
La décision motivée indiquait que la requête n’était pas conforme aux dispositions de la Convention européenne des droits de l’homme, qu’il n’y avait pas de consensus ni de tendance commune à inclure la protection du patrimoine culturel universel dans ladite convention.
(La fédération européenne « Europa Nostra » pour la sauvegarde du patrimoine culturel et naturel, partenaire de l’Unesco, avait identifié Hasankeyf comme l’un des sept sites les plus menacés au monde en 2016, et publié une déclaration le 29 juin 2017 déplorant que la Turquie, membre du Conseil de l’Europe, ne respecte pas les conventions de Granada et Valetta qu’elle a pourtant ratifiées respectivement en 1989 et 1999.)
La CEDH a justifié sa décision ainsi :
« La Cour rappelle que les dispositions de la Convention ne peuvent s’interpréter et s’appliquer en dehors du contexte général dans lequel elles s’inscrivent. En dépit de son caractère particulier d’instrument de protection des droits de l’homme, la Convention est un traité international à interpréter conformément aux normes et principes du droit international public, et notamment à la lumière de la Convention de Vienne du 23 mai 1969 sur le droit des traités. Ainsi, la Cour n’a jamais considéré les dispositions de la Convention comme le seul cadre de référence pour l’interprétation des droits et libertés qu’elle contient. Au contraire, en vertu de l’article 31 § 3 c) de ladite Convention, l’interprétation d’un traité doit se faire en tenant compte de « toute règle pertinente de droit international applicable dans les relations entre les parties », en particulier de celles relatives à la protection internationale des droits de l’homme (voir, par exemple, Neulinger et Shuruk c. Suisse [GC], no 41615/07, § 131, CEDH 2010, Nada c. Suisse [GC], no 10593/08, § 169, CEDH 2012, Magyar Helsinki Bizottság c. Hongrie [GC], no 18030/11, § 138, 8 novembre 2016, et Naït-Liman c. Suisse [GC], no 51357/07, § 174, 15 mars 2018).
22. La Cour observe que la prise de conscience progressive des valeurs liées à la conservation de l’héritage culturel et à l’accès à ce dernier peut passer pour avoir abouti à un certain cadre juridique international et la présente affaire pourrait, dès lors, être considérée comme relevant d’un sujet en évolution (voir, mutatis mutandis, Bayatyan c. Arménie [GC], no 23459/03, § 122, CEDH 2011, Hämäläinen c. Finlande [GC], no 37359/09, §§ 72-75, CEDH 2014, Magyar Helsinki Bizottság, précité, § 138, et Naït-Liman, précité, § 175).
23. Dans ce contexte, au vu des instruments internationaux et des dénominateurs communs des normes de droit international, fussent-elles non contraignantes (Demir et Baykara c. Turquie [GC], no 34503/97, §§ 85 et 86, CEDH 2008, et Magyar Helsinki Bizottság, précité § 124), la Cour est prête à considérer qu’il existe une communauté de vue européenne et internationale sur la nécessité de protéger le droit d’accès à l’héritage culturel. Cependant, force est de constater que cette protection vise généralement les situations et des réglementations portant sur le droit des minorités de jouir librement de leur propre culture ainsi que sur le droit des peuples autochtones de conserver, contrôler et protéger leur héritage culturel.
24. Dès lors, en l’état actuel du droit international, les droits liés à l’héritage culturel paraissent intrinsèques aux statuts spécifiques des individus qui bénéficient, en d’autres termes, à l’exercice des droits des minorités et des autochtones. À cet égard, la Cour rappelle d’ailleurs avoir déjà accordé un poids à l’identité ethnique sous l’angle des droits garantis par l’article 8 de la Convention (voir, par exemple, Chapman c. Royaume‑Uni [GC], no 27238/95, §§ 76 et 93 à 96, CEDH 2001-I).
25. Par contre, elle n’observe, à ce jour, aucun « consensus européen » ni même une tendance parmi les États membres du Conseil de l’Europe qui aurait pu nécessiter une remise en cause de l’étendue des droits en question ou qui aurait autorisé que l’on inférât des dispositions de la Convention un droit individuel universel à la protection de tel ou de tel héritage culturel, comme il est revendiqué dans la présente requête.
26. Aussi déclare-t-elle la requête incompatible ratione materiae avec les dispositions de la Convention et la rejette en application de l’article 35 §§ 3 (a) et 4 de celle-ci. »
Le parlement européen a adopté la résolution 2018 sur la Turquie
Le Parlement européen a adopté un rapport sur la Turquie à la majorité des voix. La résolution pointe du doigt les violations des droits humains commis en Turquie et déclare que cette dernière occupe le cinquième rang en termes de nombre de ressortissants demandant l’asile après des pays de l’UE.
STRASBOURG- La commission des affaires étrangères du Parlement européen a discuté le 21 février du projet de rapport 2018 sur la Turquie. La résolution, avec quelques amendements apportés par la commission, a été adoptée par 47 voix pour, 7 contre et 10 abstentions.
La résolution, rédigée par Kati Piri, rapporteuse de l’UE sur la Turquie, appelle à la suspension formelle des négociations d’adhésion à l’UE avec la Turquie et mentionne les violations des droits dans ce pays.
L’Assemblée générale du Parlement européen se prononcera sur le projet de rapport lors des sessions qui se tiendront du 11 au 14 mars. Les décisions du Parlement Européen sont consultatives et non contraignantes.
La résolution inclut la corruption, les violations des droits humains, la fermeture de 160 médias, la violation des droits des défenseurs des droits de l’homme, y compris les organisations LGBTI, l’emprisonnement d’Osman Kavala, homme d’affaires et défenseur des droits, et du politicien kurde Selahattin Demirtas, ancien coprésident du Parti démocratique des peuples (HDP), l’augmentation des demandes d’asile auprès des États membres de l’UE.
La résolution souligne également la construction du nouvel aéroport İstanbul, qui se poursuit depuis 2015. Soutenant que 38 travailleurs sont morts depuis le début de la construction, il critique l’emprisonnement des travailleurs qui protestent contre les mauvaises conditions de travail.
La résolution dit qu’une solution pacifique doit être trouvée pour les violations des droits dans le sud-est de la Turquie.
Que dit le rapport ?
. Union douanière : Si le rapport propose de suspendre les négociations d’adhésion, il laisse la porte ouverte au renouvellement de l’accord sur l’union douanière, car il pourrait ouvrir la voie à des réformes démocratiques.
. Libéralisation des visas : Affirmant que la libéralisation des visas revêt une grande importance pour les citoyens turcs, le rapport exige qu’Ankara respecte les 72 critères de l’UE.
. L’état d’urgence : Le rapport indique que l’état d’urgence est pratiquement maintenu bien qu’il ait été levé en juillet 2018. Il s’inquiète des revers subis par la liberté d’expression, la liberté de réunion et le droit à la propriété.
. Détention et arrestations : La résolution exprime la » profonde préoccupation « de plus de 150 000 personnes détenues et 78 000 personnes arrêtées en raison d’accusations liées au terrorisme et déclare que dans la plupart de ces procès se poursuivent sans preuves concrètes.
. Répression des dissidents : Les membres du Parlement sonnent également l’alarme au sujet des actions du gouvernement turc contre ses propres citoyens à l’étranger, y compris le harcèlement, les enlèvements, la surveillance secrète et la mise en place de lignes directes par lesquelles les gens sont encouragés à signaler d’autres citoyens aux autorités du pays.
Elle se déclare préoccupée par l’utilisation de la Direction des affaires religieuses en tant qu’agence de renseignement et déclare qu’Interpol ne peut être utilisée pour cibler des dissidents turcs, des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes.
. Annulation de passeport : La résolution dit que l’annulation des passeports des proches des suspects et des détenus suscite des inquiétudes et exige que les annulations qui ne sont pas soutenues par une décision judiciaire soient levées.
. Licenciements : En ce qui concerne les révocations de fonctionnaires, la résolution indique que la Commission de l’état d’urgence n’a donné des réponses positives qu’à 7 demandes et 81 000 demandes sont toujours en attente. Il dit que les personnes qui sont licenciées font face à de graves conséquences économiques et autres et qu’elles sont stigmatisées dans la vie sociale et professionnelle.
. Pouvoir judiciaire : La résolution affirme que la révocation de plus de 4 000 juges et procureurs menace l’indépendance et l’objectivité du pouvoir judiciaire et que l’arrestation de 570 avocats entrave les droits à la défense et à un procès équitable.
. Demandes d’asile : Depuis le début de l’état d’urgence après la tentative de coup d’État de juillet 2016, les demandes d’asile des citoyens turcs ont considérablement augmenté, ce qui sous-tend la résolution. Selon le Bureau européen d’appui en matière d’asile, la Turquie occupe le cinquième rang en termes de nombre de demandes d’asile adressées aux pays de l’UE. Selon les chiffres de septembre 2018, plus de 16 000 demandes d’asile sont en attente d’une décision.
. Défenseurs des droits : La résolution dit que les pays membres de l’UE devraient accroître leur soutien aux défenseurs des droits humains, qui sont en danger. Elle appelle la Turquie à appliquer pleinement la réglementation de l’UE sur les défenseurs des droits de l’homme.
Turquie : La résolution est inacceptable
En réponse au vote au Parlement européen, le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Hami Aksoy, a déclaré : « L’appel lancé dans le projet de rapport, qui n’est pas juridiquement contraignant et n’a qu’un caractère consultatif, à suspendre officiellement les négociations d’adhésion de notre pays à l’UE est absolument inacceptable ».
La création de la Fondation Abdullah Öcalan pour la démocratie
LONDRES – Lors de la conférence organisée le 20 février, par Lord Glassman à la Chambre des lords, il a été décidé de créer la Fondation Abdullah Öcalan pour la démocratie.
La conférence s’est tenue à la Chambre des lords à Londres pour marquer le 20e anniversaire de la conspiration internationale qui a conduit à l’enlèvement du dirigeant kurde, Abdullah Öcalan.
De nombreux politiciens, universitaires, militants et journalistes de différents groupes ont assisté à la conférence. Parmi les orateurs figuraient Lord Maurice Glassman qui a animé l’événement, le député du Sinn Fein, Chris Hazzard, le député du HDP Hishyar Ozsoy, le professeur David Greaber, le professeur allemand Udo Steinbach, le politicien sud-africain Ebrahim Ismail Ebrahim, la coprésidente du Conseil démocratique pour la Syrie (MSD), Ilham Ehmed et l’avocat d’Ocalan, Ibrahim Bilmez.
La conférence a décidé de créer la Fondation Abdullah Öcalan pour la démocratie.
Les travaux visant à établir une base aussi importante ont déjà commencé. L’organe comprendra des membres de la Chambre des lords, des députés et des universitaires, ainsi que les syndicats qui gèrent la « Freedom Campaign for Öcalan ».
La Fondation Abdullah Öcalan pour la démocratie, qui devrait être achevée dans les prochains mois, mènera des activités visant à diffuser les idées d’Öcalan.
La campagne Freedom for Öcalan avait organisé une conférence intitulée « La solution à la crise du Moyen-Orient: les pensées d’Abdullah Öcalan » devant la Chambre des Lords.
Que deviennent les membres allemands de Daesh détenus par les YPG ?
Suite à l’appel lancé par le président américain Donald Trump, la discussion sur l’avenir des citoyens allemands membres de Daesh sous la garde des YPG s’est intensifiée. Certains politiciens exigent que les membres de Daesh soient dépouillés de leur citoyenneté.
BERLIN – Malgré les appels lancés par l’administration du Rojava, l’Allemagne n’a pas été gênée par ses citoyens qui ont rejoint Daesh et ont été capturés dans les opérations des YPG dans le nord de la Syrie. Selon les chiffres officiels des autorités allemandes, 1050 personnes ont rejoint Daesh en provenance d’Allemagne. La plupart d’entre eux ont été tués dans des conflits, certains sont retournés en Allemagne et d’autres ont été capturés par les forces des YPG et l’armée irakienne.
Il y aurait 200 citoyens allemands dans les mains des YPG, la plupart d’entre eux étant des femmes et des enfants avec 40 membres allemands adultes de Daesh ayant commis des crimes. Le désintérêt du gouvernement fédéral allemand s’est poursuivi jusqu’à ce que le président américain Donald Trump, sur Twitter le week-end dernier, déclare : » Les États-Unis demandent à la Grande-Bretagne, à la France, à l’Allemagne et à d’autres alliés européens de reprendre plus de 800 combattants daeshiens que nous avons capturés en Syrie et de les juger. »
Jusqu’à présent, l’administration berlinoise avait présenté des excuses comme : « Nous n’avons pas de représentation officielle en Syrie, donc nous n’avons pas d’informations complètes sur les citoyens allemands dans la région. » À la suite des pressions exercées par Trump, la question est devenue une priorité pour le gouvernement fédéral dirigé par Angela Merkel.
AVOCATS ALLEMANDS : « PAS DE GUANTANAMO ET PAS DE LA HAYE »
Certains commentateurs des grands médias allemands affirment que des politiciens et des experts réclament la construction d’une prison pour les membres de Daesh comme l’ont fait les États-Unis à Guantanamo pour Al-Qaïda, ou que les membres de Daesh soient traduits devant un tribunal international pour crimes de guerre à la Haye.
Mais les avocats disent que les deux versions vont à l’encontre de la constitution allemande. L’ancien ministre de la Défense et juge de la justice pénale, le professeur Rupert Scholz, a déclaré : « Nos lois ne permettront jamais quelque chose comme Guantanamo. On ne peut pas émettre un mandat d’arrestation contre un criminel sans qu’il soit confronté à un juge. L’Allemagne est confrontée à une mission très difficile, et le pays doit reprendre ses citoyens. »
Expert sur la constitution, le professeur Ulrich Battis a déclaré que les lois allemandes empêchent les citoyens du pays d’être jugés par le tribunal pénal international de La Haye. Battis a dit qu’un tribunal de guerre peut être établi à La Haye s’il n’y a aucun moyen d’établir un tribunal dans un pays, et il a ajouté : « Un tel tribunal devrait être établi en Allemagne, pas à La Haye. »
DÉCHÉANCE DE LA CITOYENNETÉ
Le ministre de l’Intérieur du Bade-Wurtemberg, Thomas Strobl, s’est joint à la discussion et a demandé que la citoyenneté allemande soit retirée aux membres de Daesh. Le politicien démocrate-chrétien Strobl s’est entretenu avec Bild et a déclaré : « Selon nos lois, toute personne qui rejoint une armée étrangère devrait être dépouillée de sa citoyenneté. Cette loi devrait être utilisée pour les individus qui ont rejoint l’organisation terroriste Daesh. »
Mais les experts affirment qu’il n’est pas facile de priver les individus de leur droit à la citoyenneté. Rupert Scholz, juge de la justice pénale, a déclaré que la loi ne s’applique qu’aux personnes ayant la double nationalité et a souligné que bien que Daesh prétendait déclarer un État, elle n’a pas le statut d’État dans l’arène internationale.
Le ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer, a déclaré que le rapatriement des membres de Daesh devrait être conditionnel. M. Seehofer s’est entretenu avec le Suddeutschen Zeitung : « Avant de monter dans un avion, il faut inspecter tous les casiers judiciaires où ils se trouvent et ensuite les accepter. » Le ministre a proposé un effort strict pour que ceux qui ont des crimes graves ne disparaissent pas en Allemagne, et a ajouté : « Je ne veux pas accepter des individus dangereux qui pourraient mettre en danger notre sécurité ».
Des discussions similaires se poursuivent dans d’autres pays européens. Les fonctionnaires du Danemark et du Royaume-Uni ont annoncé ouvertement qu’ils ne rapatrieront pas leurs citoyens qui ont rejoint Daesh. La France, l’Indonésie, la Russie, le Maroc et le Soudan ont appelé l’administration du Rojava pour reprendre leurs citoyens capturés par les YPG.
Les unités spéciales des YPGont capturé à ce jour plus de 2 800 membres de Daesh dans le cadre d’opérations dans le nord de la Syrie. Ces personnes sont détenues dans des prisons du Rojava et plus de 800 d’entre elles sont des combattants étrangers qui ont la nationalité de 46 pays au total, dont la plupart sont des États occidentaux.
https://anfenglishmobile.com/news/german-isis-members-in-ypg-custody-in-limbo-33069
Turquie, ce que les femmes kurdes ont vécu pendant les couvre-feux
L’Association de surveillance des migrations a publié un rapport pour révéler ce que les femmes kurdes ont vécu lors des couvre-feux pendant la période de conflit dans les régions kurdes de la Turquie en 2015 et 2016.
Le rapport, intitulé « Violations des droits et expériences vécues par les femmes pendant la période des couvre-feux et des migrations forcées », donne les informations suivantes :
- Environ 500 000 personnes ont été déplacées, 1,8 million de personnes ont été indirectement touchées.
- Au moins 299 couvre-feux ont été déclarés dans 11 provinces et 49 districts entre le 16 août 2015 et le 1er mars 2018. Le premier couvre-feu a été imposé à Varto, Muş, le 16 août 2015.
- Selon les estimations, au moins 3 638 personnes sont mortes à cause du conflit. Bien que les couvre-feux aient continué d’être décrétés en 2018, ils l’ont été pour la plupart en 2015 et 2016.
16 chercheuses ont interrogé 480 femmes
En août 2018, 16 chercheuses de terrain ont interviewé des femmes qui ont été contraintes d’émigrer des provinces du sud-es de Diyarbakır Mardin, Şırnak et Hakkari vers Mersin et İstanbul.
L’Association de surveillance des migrations a rédigé le rapport en partenariat avec d’autres composantes de la société civile et avec le soutien de la délégation de l’Union européenne en Turquie. Le rapport a été rédigé dans le cadre du projet « Soutenir l’accession des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays à leurs droits sociaux », soutenu par l’Instrument européen pour la démocratie et les droits de l’homme (IEDDH).
Les 480 femmes interrogées dans le cadre de l’étude étaient toutes âgées de plus de 18 ans. 78 % des participantes avaient entre 18 et 50 ans. Parmi les 480 femmes, 51 % ont déclaré être analphabètes.
« Les droits les plus élémentaires ont été violés »
Le rapport a compilé les éléments suivants à partir des entrevues :
- 50% des participantes ont déclaré que leurs droits les plus fondamentaux avaient été violés. Les violations des droits à la vie, au logement, à l’accès à l’éducation et aux services de santé sont fréquentes, ont dit les femmes.
- Plus de 80% de la population a eu des difficultés d’accès à l’eau, à l’électricité et aux produits alimentaires de base. Beaucoup de femmes ont dit qu’elles avaient subi toutes les violations mentionnées dans l’enquête et ont dit qu’elles n’avaient accès à rien.
- Les femmes ont déclaré que les violations le plus souvent subies ont été un comportement inhumain ou insultant portant atteinte à leur intégrité physique ou à celle d’un parent.
- Les participantes ont déclaré que parmi les types de violence subies ou dont elles ont été témoins en période de couvre-feu, les plus fréquents étaient la violence physique et verbale exercée par les forces de sécurité (63%) et la violence domestique (31%).
- 32% des femmes ont déclaré avoir perdu un parent, 41% ont déclaré qu’elles étaient victimes d’oppression et de menaces, 15% ont déclaré avoir été arrêtées, 12% ont déclaré avoir été torturées et 2% ont déclaré être témoins de disparitions forcées.
- 75% des femmes ont déclaré qu’elles étaient touchées sur le plan psychosocial et 31% ont déclaré que la violence familiale avait augmenté.
- Parmi celles à déclarer avoir été victimes d’indignité et que leur vie privée avait été violée, 21 % ont déclaré que cela s’était produit par des agressions verbales, 3 % par des fouilles corporelles d’hommes, 2 % par contact physique et 1 % par exposition de leur corps.
Les femmes « ont perdu la foi en la justice »
Zelal Coşkun et Yeter Tan de l’équipe de recherche ont parlé du rapport à Bianet.
« Les femmes nous ont dit que le sens de la justice n’existe plus, elles ne croient en aucune façon en la justice. Elles ont dit avoir besoin d’un soutien psychologique et qu’elles n’arrivaient pas à se ressaisir. Elles ont dit qu’elles ne quitteraient pas l’endroit où elles vivent, quoi qu’il arrive », a déclaré Coşkun
« Après le climat relativement doux du processus de résolution, les femmes ne s’attendaient pas à une période aussi difficile. C’est pourquoi leur foi en la justice a été ébranlée. »
Soutenant que les décès, les détentions et la torture étaient très fréquents pendant la période des couvre-feux, Coskun a déclaré qu’ils voulaient que les violations des droits des femmes soient plus visibles.
« Tu le méritais »
Les femmes qui ont été forcées d’émigrer vers les provinces de l’Ouest ont également été victimes de violations de leurs droits, ont fait remarquer les chercheurs.
« Dans les endroits où ils sont allés, les enfants ont connu de nombreux problèmes à l’école. On disait aux enfants qui disaient venir de Cizre : « Tu le méritais ». Cela a provoqué des agressions chez les enfants. En fait, ils imaginent tous qu’ils vont revenir et qu’ils ne s’installeront pas là où ils migrent. »
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Aksakoğlu, militant emprisonné : J’ai défendu des méthodes pacifiques et non-violentes
TURQUIE – Yiğit Aksakoğlu, qui est en isolement carcéral depuis trois mois, a déclaré dans sa lettre qu’il ne désespérait pas d’un pays où les activités pacifiques et non violentes de la société civile ne sont pas des raisons menant à une arrestation.
Militant de la société civile et représentant de la Fondation Bernard van Leer (elle finance et partage des connaissances sur le travail dans le développement de la petite enfance) en Turquie, Yiğit Aksakoğlu, a été arrêté en novembre 2018 avec 16 autres militants. Alors que tous les autres ont été libérés après témoignages, Aksakoğlu a été emprisonné dans la prison de Silivri, à İstanbul.
Dans une lettre qu’il a envoyée à Bianet, Aksakoğlu déclare : « Si l’argument qui peut être à l’origine de mon arrestation est le soupçon de « spoliation de preuves », il m’est clairement impossible de falsifier les enregistrements sonores qui ont été versés au dossier d’interrogatoire ou qui ont affecté l’enquête s’il y en a ».
Détenu en cellule d’isolement depuis son arrestation, Aksakoğlu a raconté dans sa lettre ce qu’il a vécu au cours des trois derniers mois :
« J’ai été arrêté à 6 h 30 le 16 novembre 2018. Dans la nuit du 17 novembre, parmi les 16 personnes arrêtées et interrogées, je suis le seul à avoir été arrêté pour une raison inconcevable qui commence par » Même si le contenu de la réunion n’a pu être montré et que certains points de la réunion ont été laissés dans le noir…
Depuis ce jour, nos trois demandes de libération distinctes, même si nous avons fait la lumière sur le contenu des réunions avec les documents, ont été rejetées. Encore une fois, bien que j’ai soumis de nombreuses pétitions à l’administration pénitentiaire fermée de Silivri, je suis en isolement. Il n’y a pas eu d’allégation concrète, ni d’acte d’accusation depuis trois mois. »
Une liste de questions de 100 pages
« En cours d’interrogatoire pendant ma détention, on m’a montré une liste de 100 pages de questions qui comprend des questions provenant de 150 enregistrements d’écoutes téléphoniques différents, consistant en mes conversations concernant mon travail et ma vie privée. Les écoutes téléphoniques datent d’il y a 5 ans, entre juin 2013 et février 2014. Mes conversations ont été présentées comme s’il s’agissait des protestations de Gezi.
Dans aucune des écoutes téléphoniques, il n’y avait un élément de crime. Toutes étaient liées à des activités légales et justifiées de la société civile. Au contraire, c’est là qu’il faut chercher une infraction dans cette enquête : Des conversations non liées ont été présentées comme étant liées, j’ai été accusé d’avoir reçu des ordres et des directives de certaines personnes même s’il n’y a rien de tel dans les écoutes téléphoniques, les écoutes téléphoniques n’ont pas été supprimées bien qu’elles aient été enregistrées il y a cinq ans et le procureur qui a donné le premier ordre d’écouter mes conversations est maintenant un fugitif. »
« Je demande la libération pour déposer mes enfants à l’école »
Aksakoğlu dit dans sa lettre qu’il travaille dans la société civile en tant que professionnel et bénévole depuis 1997 et qu’il soutient la paix depuis lors.
« J’ai défendu des méthodes pacifiques et non-violentes. J’ai soutenu les activités de la société civile axées sur les droits. J’ai fait des publications académiques et semi-académiques dans ce domaine. Au cours des cinq dernières années, j’ai représenté la Turquie au sein d’une fondation qui apporte un soutien financier et technique aux œuvres concernant les enfants de 0 à 6 ans et leurs parents.
Dans ce cadre, je travaille en partenariat avec de nombreuses municipalités de district et métropolitaines, dont trois sont dirigées par le parti gouvernemental. Et cela fait trois mois que j’attends d’être jugé par moi-même pour » tentative de renverser le gouvernement par la force et la violence.
Si l’argument qui peut être à l’origine de mon arrestation est le soupçon de » spoliation de preuves », il m’est clairement impossible de falsifier les enregistrements sonores qui ont été versés au dossier d’interrogatoire ou d’affecter l’enquête s’il y en a. Je n’ai pas demandé à être libéré pour m’enfuir, mais pour déposer mes enfants à l’école et je demande toujours ma libération.
Je n’abandonne pas l’espoir d’un pays où les activités légales et justifiables, pacifiques et non violentes de la société civile ne sont pas des raisons ne mènent pas à une arrestation, où les arrestations longues et inutiles et l’isolement pendant une arrestation ne sont pas une méthode de punition.
Salutations à tous les amis qui ont fait preuve de solidarité avec moi et ma famille en cette période. »
L’Allemagne, le Royaume-Uni & le Danemark disent non au retour de leurs ressortissants ayant rejoint Daesh
L’Allemagne, le Royaume-Uni et le Danemark ont répondu au président américain Trump, qui a déclaré que les pays européens devaient reprendre les membres de Daesh capturés vivants par les FDS et les traduire en justice.
Le président américain Donald Trump a déclaré hier sur Twitter : » Les États-Unis demandent à la Grande-Bretagne, à la France, à l’Allemagne et à d’autres alliés européens de reprendre plus de 800 combattants daeshiens que nous avons capturés en Syrie et de les juger. Le califat est prêt à tomber. L’alternative n’est pas bonne, car nous serons obligés de les libérer. »
L’Allemagne, le Royaume-Uni et le Danemark ont réagi négativement à l’extradition de prisonniers daeshiens au Rojava et dans le nord de la Syrie.
Le ministère allemand des Affaires étrangères a déclaré qu’il n’était pas en mesure d’obtenir certaines informations sur les citoyens allemands dans la région parce qu’ils n’ont pas de représentation officielle en Syrie : « Selon certaines informations, certains de nos citoyens seraient emprisonnés en Syrie, mais nous ne sommes pas en mesure de le confirmer par nos propres sources ».
Les médias allemands, cependant, ont publié des interviews de citoyens allemands membres de Daesh détenues par les YPG. Les médias ont également publié des informations selon lesquelles plusieurs enquêtes et mandats d’arrêt ont été ouverts en Allemagne contre les membres allemands de Daesh capturés.
DANEMARK : ILS SONT TROP DANGEREUX, NOUS N’EN VOULONS PAS
Contrairement à l’Allemagne, le Danemark a été beaucoup plus clair à ce sujet. Le porte-parole du Premier ministre danois Lars Løkke Rasmussen pour les affaires étrangères, Michael Aastrup Jensen, a déclaré que les membres de Daesh détenus par les YPG sont « les personnes les plus dangereuses du monde et (ils) n’en veulent pas ». Les sociaux-démocrates danois se sont opposés à ce point de vue et ont déclaré : « Ils sont allés rejoindre Daesh à partir d’ici, de sorte que le premier crime a été commis dans leur propre pays, et ils devraient donc être jugés là-bas ».
Une discussion similaire se déroule actuellement au Royaume-Uni. La citoyenne britannique Shamima Begum, qui a fui le Royaume-Uni pour rejoindre les gangs de Daesh quand elle avait 15 ans, a récemment déclaré qu’elle voulait rentrer dans son pays. Le ministre de l’Intérieur Sajid Javid a déclaré qu’ils ne voulaient pas que Begum ou d’autres membres de Daesh reviennent.
Javid a déclaré il y a quelques jours que les personnes en question avaient fait preuve de mépris à l’égard de leur pays lorsqu’elles ont quitté le Royaume-Uni pour rejoindre Daesh. Javid a ajouté : « Si vous soutenez des organisations terroristes à l’étranger, je n’ai aucune réserve pour empêcher votre retour. » Le secrétaire d’État à la Justice, David Gauke, a déclaré que le fait d’empêcher un citoyen de retourner dans son pays est contraire à la loi, et a ajouté : « Nous ne pouvons laisser nos citoyens apatrides, sinon nous aurions des problèmes juridiques ».
SEULEMENT 5 PAYS EXIGENT LE RETOUR DE LEURS CITOYENS
La France, l’Indonésie, la Russie, le Maroc et le Soudan ont présenté des demandes officielles d’extradition pour leurs citoyens capturés dans le cadre d’opérations des YPG contre Daesh.
Les unités spéciales des YPG ont capturé plus de 2 700 membres de Daesh dans le cadre d’opérations dans le nord de la Syrie. Ils sont actuellement détenus au Kurdistan syrien, et plus de 800 d’entre eux sont citoyens de 46 États, la plupart occidentaux. L’administration du Rojava a appelé les Etats-Unis, la France et l’Allemagne à intervenir et à reprendre le procès des membres étrangers de DAESH.
À la fin de janvier, les forces des YPG ont capturé un autre citoyen allemand au cours de l’opération à Deir ez-Zor. Un responsable de Daesh, Martin Lemke, faisait partie des unités de torture et de renseignement. Il a été chargé d’enlever des individus jugés suspects par Daesh et d’obtenir des informations sous la torture. De nombreux prisonniers ont été tués dans des prisons sous la responsabilité de Lemke.