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Les vies de Leyla Güven et des 7 000 grévistes de la faim kurdes sont en danger

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SOLIDARITÉ • Une délégation suisse s’est rendue à Paris pour rendre visite aux grévistes de la faim de la Confédération des opprimé.e.s immigré.e.s en Europe, qui protestent contre l’isolement du leader kurde d’Öcalan et des autres prisonniers.ères politiques en Turquie.
(Par Cindy Zahnd)
 
Özkan Özdemir est un jeune communiste turc de 42 ans. Il est en grève de la faim depuis le 1er avril à Paris pour soutenir la demande de la députée Leyla Güven de lever l’isolement d’Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 1999. Concernant les raisons qui l’ont poussé à commencer une grève de la faim, il explique que l’isolement d’Öcalan représente l’une des plus flagrantes violations des droits humains en Turquie.
 
Selon lui, cette politique d’isolement fait partie d’un système plus vaste de répression contre les citoyennes et les citoyens. «En Turquie, non seulement les Kurdes, mais également les Turcs ne peuvent plus exercer leurs droits fondamentaux tels que la liberté d’expression, d’organisation ou de manifestation. Le gouvernement encourage le nationalisme et le chauvinisme», explique-t-il.
 
Bilen Ceyran et Gülten Yavuz ont, eux, décidé d’entamer une grève de la faim de un mois en solidarité avec leurs camarades.
 
Gülten est une mère de famille vivant en Suisse et Bilen une jeune Belge d’origine kurde et turque. «En tant que jeune et socialiste, je ne pouvais pas rester indifférente face à cet élan. La demande de Leyla Güven est justifiée et nous concerne toutes et tous», souligne Bilen. Elle explique qu’en prenant de l’ampleur, le mouvement a également élargi ses revendications. «Il s’agit de mettre fin a l’isolement de toutes et tous les prisonnier.ères politique, mais également celui de tous les peuples minoritaires de Turquie. »
 
Victoires obtenues grâce à la résistance
 
Depuis le début de la grève de la faim, entamée par la députée Leyla Güven en novembre 2018, Öcalan a pu recevoir la visite de son frère, puis ensuite celle de ses avocats qu’il n’avait pas vus depuis 8 ans. Leyla Güven a par ailleurs été libérée de prison le 25 janvier, mais mise sous contrôle judiciaire. «Ces victoires ont été obtenues grâce à la détermination des grévistes», explique Özkan. Mais selon lui, c’est surtout une victoire idéologique: «Malgré les attaques de la dictature fasciste, le peuple a montré qu’il ne baisserait pas la tête, mais qu’il résisterait», souligne-t-il. Ceci est vrai en particulier concernant les mères des prisonniers.ères politiques, qui n’ont cessé de manifester leur soutien à leurs enfants, bravant les coups de la police.
 
Si le ministère de la justice turc a annoncé la semaine passée la levée de l’isolement d’Öcalan, les grévistes sont déterminé.e.s à poursuivre leur action jusqu’à ce que cette déclaration aie été mise en pratique.
 
La grève de la faim comme moyen ultime de faire entendre sa voix
 
Bilen Ceyran explique que la grève de la faim est pour elle un moyen ultime utilisé afin de résister, sans faire de mal à personne. «Dans les prison, c’est souvent le seul moyen pour faire entendre sa voix. A l’extérieur, c’est parfois encore plus dur qu’en prison. On se retrouve dans un environnement où les gens peuvent vivre tranquillement. Notre but c’est de dire qu’on ne peut plus vivre tranquillement, qu’il faut faire bouger les chose», revendique la militante. Elle critique la censure des médias turcs et européens. «Les chaînes de TV françaises nous on clairement dit qu’en ce moment ils étaient trop occupés à parler des élections européennes. Pourtant on doit bien ça au Kurdes, qui ont combattu contre Daech en Syrie», précise-t-elle. Si les politiques et les médias de masse ignorent le sort des grévistes de la faim, de nombreuses démonstrations de solidarité ont cependant eu lieu. Des délégations se succèdent pour leur rendre visite dans différentes villes d’Europe. A Paris, ils et elles sont également soutenu.e.s par les gilets jaunes.
 
Une situation de plus en plus critique
 
Les dizaines de personnes en grève de la faim depuis de nombreux mois se trouvent entre la vie et la mort. A Strasbourg, la situation des 14 personnes, qui ont entamé leur mouvement 17 décembre, est très inquiétant. La plupart d’entre eux/elles sont actuellement alité.e.s 24 heures sur 24. Des dizaines de prisonniers.ères ont par ailleurs transformé leur grève de la faim en jeûne de la mort. Ils et elles ont décidé de ne plus consommer de sucre, ni de vitamine B1. Leur état de santé risque donc de se détériorer très rapidement.
 
La Suisse, comme les autres pays de l’Union Européenne, fait preuve de complaisance avec la Turquie. Exigeons des sanctions immédiates pour mettre la pression sur le gouvernement turc. Il faut agir avant qu’il ne soit trop tard. Comme l’a écrit Leyla Güven : «Si nos demandes ne sont pas entendues, des centaines de personnes risquent de perdre la vie. Si cela se produit au 21ème siècle, ça sera une honte pas seulement pour la Turquie, mais pour toute l’humanité. Je vous appelle toutes et tous à résister.»
 

PCF : Les résistances font reculer la dictature d’Erdogan

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PARIS – Pascal Torre, un ami précieux des Kurdes, membre du Parti Communiste France (PCF) et de l’Association France-Kurdistan, décrit les résistances multiples qui ont lieu en Turquie, notamment dans les régions kurdes, qui donnent du fil à retordre au Président Erdogan :

« Le régime autoritaire, répressif, arbitraire et porteur de haine de Turquie a basculé, depuis l’annulation du scrutin municipal d’Istanbul, dans la dictature. La vision guerrière de la politique du président Recep Tayyip Erdogan a créé une instabilité croissante avec des purges gigantesques, des arrestations interminables, une militarisation de la société, une personnification du pouvoir qui génère une désinstitutionnalisation et une tentative d’élimination de tous les contre-pouvoirs. A cela s’ajoute le retour d’une politique de la terre brûlée dans les Kurdistan de Turquie et de Syrie.

Les islamo-conservateurs disposent encore d’un socle électoral solide qui s’organise autour des valeurs conservatrices, de la turcité et du sunnisme. Cependant la perte récente des grandes villes témoigne d’une usure du pouvoir et d’une érosion de l’influence de l’AKP renforcée par la récession économique.

Cette évolution est à mettre au crédit des résistances des forces démocratiques et en particulier des Kurdes.
Depuis bientôt près de 200 jours un mouvement de grève de la faim a été lancé par la députée Leyla Güven pour exiger de l’Etat turc la levée de l’isolement d’Abdullah Ocalan, incarcéré dans l’île d’Imrali depuis 1999. Il a été privé de la visite de sa famille et de ses avocats pendant 8 ans, en violation de toutes les règles internationales. Cette lutte a pris une ampleur considérable, mobilisant près de 7000 prisonniers politiques mais aussi des militants, dont 14 à Strasbourg. Cette résistance est en passe de faire plier l’intransigeance du pouvoir car, le 2 mai, deux avocats ont pu rencontrer A. Ocalan tandis que le tribunal militaire de Bursa levait les mesures d’isolement qui doivent cependant être suivies d’effet. Le 22 mai, les avocats ont à nouveau pu rencontrer le leader du peuple kurde.

Face au danger de fragmentation de la société turque, A. Ocalan a lancé un nouvel appel au rassemblement des forces progressistes afin de mettre en échec la tyrannie de R.T. Erdogan. Il a réitéré ses propositions de paix, proposé l’ouverture de négociations et rappelé que l’adoption d’une constitution fédérale en Syrie pourrait constituer une base pour une paix durable.

Les mobilisations prennent également de l’ampleur en France notamment après l’arrestation de Tuna Altinel, maître de conférence en mathématiques à l’université de Lyon qui doit être libéré immédiatement. La constance des familles et des avocats des trois militantes kurdes assassinées à Paris en 2013 vient de se traduire par l’ouverture d’une nouvelle information judiciaire qui entend poursuivre les services secrets turcs comme étant les commanditaires du crime. La justice avait déjà reconnu l’implication du MIT mais cette décision exceptionnelle marque la fin de l’impunité pour des assassinats politiques en France organisés depuis l’étranger. La Turquie de R.T. Erdogan et son ambassadeur à Paris vont devoir rendre des comptes.

Le Parti communiste français (PCF) est pleinement solidaire des luttes des peuples de Turquie dans leur diversité. Lydia Samarbakhsh, responsable du secteur international du PCF, aux côtés de la présidente de France-Kurdistan, Sylvie Jan, était présente à Diyarbarkir au moment de la sortie de prison de Leyla Güven. Les parlementaires européens communistes et du Front de Gauche ainsi que les sénateurs Laurence Cohen et Pierre Laurent se sont rendus à Strasbourg pour exprimer leur solidarité avec les grévistes de la faim. Le PCF se mobilise et agit pour que la France et l’Union européenne condamnent la politique liberticide et expansionniste de R.T. Erdogan et apportent leur soutien aux forces démocratiques de Turquie. Combattre avec fermeté et détermination cette tyrannie est une condition indispensable pour bâtir une perspective de paix en Turquie mais aussi au Moyen-Orient. »

Pascal TORRE
Responsable-adjoint du secteur international du PCF
Chargé du Maghreb et du Moyen-Orient

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Comment les États-Unis peuvent faire en sorte que la Turquie, la Syrie et les Kurdes soient gagnants ?

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Au début du mois, on a apris qu’Abdullah Öcalan, dirigeant emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), s’était vu accorder une réunion avec ses avocats – sa première réunion en huit ans.
 
Dans sa première communication importante depuis l’échec du processus de paix entre le PKK et l’Etat turc à la mi-2015, Öcalan a publié une déclaration appelant à une solution négociée au conflit syrien, exhortant les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes à s’engager dans la diplomatie et à travailler pour l’unité en Syrie.
 
La pertinence de cet énoncé pour la politique américaine a été aggravée par les événements qui se sont produits juste avant et après sa publication. Le 3 mai, le commandant des FDS, Mazlum Kobanê, a déclaré que la Turquie et les FDS avaient engagé des pourparlers indirects. Le 6 mai, quelques heures après que la déclaration d’Öcalan eut été rendue publique, le conseil électoral turc a annulé les résultats du vote du maire d’Istanbul du 31 mars, qui avait été remporté par la principale opposition, et a déclaré qu’une nouvelle élection aurait lieu le 23 juin.
 
La séquence des événements a mis en évidence les liens entre le conflit dans le nord-est de la Syrie et la lutte pour la paix et la démocratie en Turquie. Le mouvement kurde des deux pays le comprend depuis des années. Aujourd’hui, les États-Unis semblent être en train de le comprendre et pourraient avoir l’occasion de trouver une solution qui servirait les intérêts des États-Unis ainsi que ceux de la Turquie, de la Syrie et des Kurdes.
 
Lorsque le président américain Donald Trump a annoncé début décembre le retrait prévu des troupes américaines de Syrie, le plus grand risque immédiat était la possibilité d’une attaque turque contre les FDS. Alors que les forces soutenues par les États-Unis ont acculé l’État islamique (DAECH / ISIS) dans ses derniers bastions en mars, le ministre turc de la défense Hulusi Akar a menacé d' »enterrer » des combattants locaux à Manbij, une ville à l’ouest de l’Euphrate qui a prouvé une des plus belles applications du modèle kurde. Le président Recep Tayyip Erdoğan, quant à lui, a parlé de rendre le nord-est de la Syrie à ses « propriétaires d’origine ». Il s’agit de la même menace codée de nettoyage ethnique qu’il a lancée avant que la Turquie n’envahisse la région nord-ouest de la Syrie, à Afrin, déplaçant pratiquement toute sa communauté kurde séculaire.
 
Une telle animosité à l’égard des forces qui ont libéré le plus grand nombre de territoires syriens de DAECH que tout autre acteur du conflit est une extension de la tentative de la Turquie de trouver une solution militaire à sa question kurde. Les Kurdes représentent environ 18 % de la population turque. Pendant près d’un siècle, ils ont été victimes de massacres, de déplacements forcés, de l’interdiction de leur langue et du déni de leur identité. Les plus grands abus autoritaires commis par les gouvernements turcs successifs ont toujours visé les Kurdes d’abord et avant tout – un schéma qui s’est répété avec la répression de Erdoğan, avec des dizaines de politiciens kurdes emprisonnés et des millions d’électeurs privés de leurs droits bien avant l’annulation des élections à Istanbul.
 
L’hostilité ne s’est pas limitée aux frontières de la Turquie. Ankara, qui considère les FDS (et ses unités de protection du peuple principalement kurde – YPG) comme une extension du PKK, voit depuis longtemps la perspective de l’autonomie kurde dans le nord-est de la Syrie comme une menace directe. Pendant la bataille de Kobanê, alors que les YPG ne tenaient que quelques bâtiments dans la ville frontalière assiégée, le personnel militaire turc s’est retiré et a regardé DAECH progresser. Brett McGurk, ancien envoyé des États-Unis auprès de la coalition anti-EI, a longuement décrit comment la Turquie a soutenu les groupes islamistes qui ciblent les États-Unis simplement parce qu’ils luttaient contre les FDS.
 
C’est cette contradiction qui a amené les relations entre les États-Unis et la Turquie à leur point le plus bas depuis des décennies et qui doit être résolue afin de les rétablir.
 
La plupart des experts appuient l’une ou l’autre des deux approches à ce problème. La première est la restauration de l’alliance entre les États-Unis et la Turquie aux dépens des forces démocratiques et progressistes du pays. Il s’agit d’un retour à une politique qui, au mieux, a échoué et, au pire, de l’approbation d’une crise humanitaire élargie en Turquie et en Syrie. Un rapport publié en 2018 par le département de la Défense des États-Unis a révélé que les opérations militaires turques précédentes dans le pays avaient renforcé DAECH et d’autres groupes terroristes, ce qui allait directement à l’encontre de la stratégie américaine dans le pays.
 
Un plus petit contingent appelle à une présence permanente des États-Unis en Syrie pour protéger les FDS, et à renoncer à toute possibilité de coopération avec la Turquie. Cela va bien au-delà des garanties demandées par les FDS et soulève la perspective d’une nouvelle  » guerre permanente  » des Etats-Unis au Moyen-Orient. Abandonner la possibilité d’une solution diplomatique dans le but de prévenir la guerre est contre-productif.
 
Aucune de ces approches ne suffit à résoudre les crises imbriquées. Le meilleur plan d’action de Washington consiste à tenter un exploit diplomatique prudent et courageux – un exploit qui, s’il aboutit, mettra fin à l’une des guerres les plus longues de la région et garantira une stabilité durable. Un processus de paix renouvelé en Turquie permettrait aux forces américaines de se retirer de la Syrie sans craindre une instabilité accrue. Cela contribuerait également à la démocratisation de la Turquie, éloignant ainsi le pays du chemin erratique et autoritaire qui l’a amené à entrer en conflit avec ses alliés.
 
Bien que ambitieuse, cette idée n’est plus aussi radicale dans les cercles politiques américains que le pensent ses opposants. Dans son rapport intérimaire au Congrès publié plus tôt ce mois-ci, le Groupe d’étude sur la Syrie, une commission d’experts choisis par un groupe de députés bipartites, a estimé que «la solution à long terme aux tensions turco-YPG est un processus de paix renouvelé Turquie-PKK».
 
Les responsables américains peuvent maintenant prendre plusieurs mesures pour en faire une réalité. Le premier – amenant la Turquie et les FDS à la table « est déjà en cours », selon Mazlum Kobanê. L’histoire récente montre que les efforts de paix en Turquie débouchent directement sur une coopération avec les Kurdes de Syrie. Au cours du processus de paix 2013-2015 avec le PKK, les mêmes responsables kurdes syriens que les autorités turques font maintenant l’ objet de harcèlement judiciaire en Europe se sont rendus en Turquie pour des entretiens. Dans une manifestation de bonne volonté mutuelle qui semble choquante aujourd’hui, le YPG et les forces armées turques ont même entrepris une opération militaire conjointe fructueuse pour récupérer le tombeau de Suleyman Shah.
 
Cette fois, la coopération pourrait aller dans la direction opposée. Les efforts américains de médiation sur la Syrie pourraient, en cas de succès, être élargis pour inclure une discussion sur la situation en Turquie. La confiance créée par les négociations en Syrie pourrait permettre aux deux parties d’accepter cette perspective.
 
Les autorités américaines pourraient ensuite demander la levée de l’isolement imposé à Öcalan. À la base, il s’agit simplement de demander à la Turquie de mettre en œuvre ses propres lois internes et ses propres obligations internationales en matière de droits de l’homme, interdisant ainsi l’isolement cellulaire prolongé et garantissant le droit à une représentation légale. Des millions de Kurdes du Moyen-Orient considèrent Öcalan comme leur représentant politique et sa participation à un processus de paix renouvelé sera essentielle, comme lors des négociations de 2013-2015. Le ministre turc de la Justice, Abdulhamit Gul, a déclaré que l’interdiction de visite n’était plus en vigueur et que les avocats d’Öcalan avaient été autorisés à tenir une deuxième réunion. avec lui le 22 mai. Bien que ce ne soit pas la preuve d’une levée totale de l’isolement, ces étapes sont prometteuses.
 
Enfin, les États-Unis devraient autonomiser les forces politiques et de la société civile turques qui luttent depuis longtemps pour la paix. Neuf députés élus de mon parti, le Parti démocratique du peuple (HDP), sont actuellement en prison , simplement parce qu’ils ont soutenu les négociations et la démocratisation. Si les États-Unis veulent encourager les Kurdes et les Turcs à rechercher une solution politique à leurs problèmes, ils doivent encourager l’État turc à ouvrir un espace légitime pour la politique pro-kurde. Appeler à la liberté des prisonniers politiques est un pas important dans cette direction.
 
Dans une lettre lue lors des célébrations de Newroz en 2013, Öcalan a déclaré qu’il était «temps que les armes se taisent et que les idées se parlent». Après huit années de guerre dévastatrice en Syrie et bien d’autres encore en Turquie, l’idée d’une paix fondée sur le pluralisme, la démocratie, la justice et l’égalité des droits devrait peser lourdement auprès de millions de personnes dans les deux pays – et, cette fois, risque d’être fort assez pour que les États-Unis entendent.
 

AFRIN. Le silence de la communauté internationale légitime les violations commises par la Turquie

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GIRE SPI – « Le silence de Damas et de la communauté internationale ont donné la légitimité à l’occupation de la Turquie dans plusieurs régions de Syrie, en particulier à Afrin », a déclaré le responsable du Parti de l’Union démocratique (PYD) pour la ville de Girê Spî.
 
Le responsable du département du PYD dans la ville de Girê Spî / Tel Abyad, Mustafa Muslim a déclaré à l’agence de presse ANHA que l’intervention turque dans la question syrienne visait à prolonger la vie de la crise syrienne et en faire un prétexte pour saisir le territoire syrien et l’annexer à la Turquie, comme ce fut le cas à Iskenderun.
 
Mustafa Muslim a commenté l’intervention turque dans la crise syrienne et l’occupation turque en construisant le mur de séparation à Afrin, qui vise à la séparer de la Syrie.
 
Il a déclaré que la Turquie voulait raviver les gloires du fascisme ottoman, qui a occupé la région pendant quatre siècles et a pillé les biens de la région pendant toute cette période et imposé une politique de retranchement, ajoutant que « tous les pays ont déçu les peuples opprimés qui réclament leurs droits et ont changé le cours de la révolution en les vendant aux négociations politiques à travers les conférences de Sochi et d’Astana, adoptées par la Russie, la Turquie et l’Iran pour les intérêts coloniaux et expansionnistes, et les habitants d’Afrin en ont été victimes ».
 
Le politicien kurde a souligné que « la Turquie a attiré toutes les factions djihadistes et les a soutenues pour mener à bien ses projets de colonisation, déplacer les populations indigènes et modifier la démographie de la région. Elle a fait d’Afrin un centre du terrorisme ainsi que de ses mercenaires djihadistes. Cela a conduit à la construction d’un mur de séparation à Afrin pour l’annexer à la Turquie. »
 
En ce qui concerne les prétentions de la Turquie à la sécurité dans la région, Mustapha Muslim a déclaré : « Les prétentions de l’État turc à assurer la sécurité dans la région sont sans fondement. Nous le voyons comme un État ennemi. Il n’y a pas de place pour traiter avec cet Etat tant qu’il n’aura pas retiré son bras de la Syrie, et qu’il n’aura pas traité avec ses Etats voisins sur des problèmes de base. »
 

Pétition. Libérez Tuna Altınel

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Une pétition pour la libération de l’universitaire Tuna Altınel, emprisonné en Turquie, vient d’être lancée par le comité de soutien à Altınel.
 
Bref texte de présentation de la pétition (English version here):
 
« Tuna Altınel, mathématicien à l’Institut Camille Jordan, université Lyon 1, est détenu en prison par les autorités turques en raison de son engagement dans la défense des droits humains au sein du mouvement des « Universitaires pour la Paix ». Nous demandons sa libération immédiate et son retour en France, ainsi que le respect des droits fondamentaux de tous les Universitaires pour la Paix. »
 
Tuna Altınel, Maître de conférence au Département de Mathématiques de l’Université Lyon-1 a été arrêtée à Balıkesir le 11 mai 2019 pour avoir participé le 21 février dernier à un débat sur le massacre des Kurdes de Cizre organisé à Villeurbanne par l’Association des amitiés kurdes.
Altınel est accusé de « propagande en faveur d’une organisation terroriste [kurde] » conformément à l’article 7/2 de la loi antiterroriste (TMK). Altınel est également signataire de la déclaration intitulée « Nous ne participerons pas à ce crime ».
 
Pour plus d’informations voir la page du comité de soutien ici.

Sortie en français du livre « Make Rojava Green Again »

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Le livre « Make Rojava green again » de la Commune internationaliste du Rojava est sorti en français.
 
Dans ce livre, vous pouvez découvrir les projets écologiques de la Commune internationaliste du Rojava.
 
Depuis 2011, la région du Rojava est devenue à la fois le symbole de la résistance contre Daech, mais aussi un territoire qui se construit autour d’un projet révolutionnaire d’autogestion démocratique.
 
Cette nouvelle expérience politique – inspirée en partie par l’américain Murray Bookchin et ses propositions d’écologie sociale et de municipalisme libertaire – bien que se trouvant dans une zone de crise géopolitique difficile à cerner, continue à rechercher des alternatives pratiques à mettre en place, dès à présent, pour « reverdir » la région. C’est ainsi que, début 2018, le Comité pour l’écologie du canton Cizirê, en collaboration avec la Commune internationaliste du Rojava, a lancé une campagne internationale afin de soutenir les travaux écologiques dans le Nord de la Syrie et, en même temps, a créé un réseau d’échanges et de débats entre toutes les personnes, collectifs et mouvements investis dans des luttes similaires un peu partout dans le monde.
 
L’Atelier de création libertaire – qui depuis maintenant 40 ans cherche à créer des ponts entre la pensée et l’action d’une culture libertaire sensible à l’écologie – s’associe à cette démarche en assurant la diffusion du livre Make Rojava Green Again. Nous pensons que nous avons besoin tous les jours d’un élan pragmatique dans les différentes initiatives que nous menons là où nous vivons, mais sans oublier la part d’utopie vers laquelle nous espérons continuer de nous rapprocher.
 
La totalité des fonds récoltés ira aux projets menés par la Commune internationaliste du Rojava. C’est pour cela que, exceptionnellement, les frais de port seront facturés pour cet achat (3,50 euros pour 1 exemplaire). Contacter l’Atelier de création libertaire si vous souhaitez commander plus d’un exemplaire.
 
Communauté internationaliste du Rojava
 
 
 

L’artiste kurde, Zehra Dogan expose à Tate Modern Exchange

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LONDRES – Le mardi 21 mai, l’artiste kurde, Zehra Dogan a inauguré son exposition à Tate Modern, musé d’art moderne à Londres. Son exposition montre ce que les Kurdes ont laissés derrière eux quand ils ont été chassés par l’armées turque à Nusaybin, Cizre… entre 2015 et 2016.

Questionnée sur son exposition à Tate Modern, Dogan la décrivait ainsi :

« En tant que journaliste couvrant les affrontements dans les villes kurdes de Turquie, de 2015 à 2016, j’exposerai des objets que j’ai recueillis et qui ont été laissés sous les décombres des bâtiments détruits. À travers ces articles, je raconterai l’histoire des gens afin que cette pièce m’aide à mettre en valeur mon travail en tant qu’artiste et journaliste. L’une des pièces les plus touchantes qui sera exposée est un tapis coloré brûlé. Le tapis représente tous les habitants du pays : Turcs, Kurdes, Arabes, etc. Les gens sont tous beaux quand ils sont ensemble, mais pas quand ils sont divisés. Cependant, le tapis est brûlé, ce qui montre que sur la terre, nous avons été divisés et brûlés. Il y aura aussi des vêtements qui font partie de l’identité des gens – comment ils les valorisent et les définissent. Les vêtements qu’ils ont dû laisser derrière eux ont été brûlés et sous les décombres, ce qui montre qu’ils sont morts. Les visiteurs de l’exposition seront accueillis par ces cadavres. »

L’image contient peut-être : intérieur

L’exposition/performance de Zehra Doğan rappelle le siège de Nusaybin, Sur, Cizre en 2015 et 2016.
 
Comme Doğan l’a dit elle-même : « Ce tapis représente tous les habitants du pays : Les Turcs, les Kurdes, les Arabes, dit Dogan, « les gens sont beaux quand ils sont ensemble, pas quand ils sont divisés. Cependant, ce tapis partiellement brûlé montre que nous avons été divisés et brûlés. Il y aura aussi des vêtements qui font partie de l’identité des gens – comment ils se valorisent et se définissent. Ces objets ont été laissés, brûlés et sortis des décombres, montrant qu’il y avait eu la mort… »
 
« E Li Dû Man (laissé derrière) » abrite également une salle de presse expérimentale et participative où Zehra Doğan et son collaborateur, le journaliste Ege Dündar, ainsi que d’autres personnes, rédigent du contenu et coproduisent avec les visiteurs un journal pour les artistes et militants emprisonnés en Turquie.
 
L’installation invite le public à lire les histoires documentées de Zehra Doğan et de ses collègues journalistes, témoignant des personnes déplacées et de celles qui ont perdu la vie. La traduction joue un rôle clé dans cette installation qui a été commandée conjointement avec Tate Exchange en collaboration avec Index on Censorship, English PEN et PEN International.
 
Les vidéos et photos prises par Zehra Doğan pendant le couvre-feu sont montrées projetées lors de l’exposition. Et on lit des histoires de ceux qui ont vécu derrière les barricades. Que s’est-il passé pendant le couvre-feu, que s’est-il passé avant, comment ça s’est terminé ?
 
« Chacun des visiteurs sera informé des événements en 2015-2016 et recevra un texte écrit. Il/elle lira, apprendra et comprendra. Et quand ils partiront, ils emporteront avec eux une copie du journal « Ê Li Dû Dû Man », préparé avec le journaliste Ege Dündar. Dans cet article, ils découvriront les expériences kurdes, les prisonniers emprisonnés, les grèves de la faim, les écrivains, les poètes, les artistes et les enfants. Après tout cela, peut-être que chacun peut rentrer chez lui et agir, en écrivant une lettre aux prisonniers par exemple », a expliqué Doğan.
 
Dans une récente interview, répondant à une question sur les raisons pour lesquelles son art et ses écrits sont si craints par le gouvernement turc, Doğan a déclaré : « Le gouvernement turc considère mon art comme menaçant parce que je dessine ce qu’ils ont fait. Je peins leur honte. Par conséquent, ils détestent mon art mais je n’ai pas le choix, le gouvernement turc m’a donné tant de matériel pour travailler avec lui. Ce gouvernement n’aime pas mon art parce que je documente et fournis des preuves de leurs destructions – comme je le fais dans mes écrits. »
 
Zebra Doğan a été emprisonnée pour « propagande », en raison d’un dessin montrant la ville détruite de Nusaybin.
 
Elle a été envoyée en prison en juillet 2016, libérée en décembre 2016 et renvoyée en prison en juin 2017. Elle a finalement été libérée le 24 février 2019.
 
L’administration de la prison a refusé de lui donner du matériel pour l’empêcher de peindre.
L’activiste britannique, Mark Campbell a écrit au sujet de l’expo de Dogan :
 
« L’artiste kurde Zehra Dogan et le fils de Can Dundar, Ege Dundar, ont monté une installation artistique très puissante avec des images et du son.
 
Le corps principal de l’installation est constitué de preuves quotidiennes de crimes de guerre commis contre les familles en première ligne de la guerre raciste de la Turquie contre les Kurdes. Des objets du quotidien récupérés dans les maisons incendiées des Kurdes. Périodiquement, des textes et des rapports, écrits par Zehra à Nusaybin et à Cizre, sont lus. Des témoignages directs des crimes de guerre commis contre les Kurdes dans ces villes. L’installation est accompagnée d’un projet médiatique qui consiste à créer des « journaux » interactifs et les participants sont encouragés à « écrire des articles » sur leurs pensées et en réactions à l’exposition. Il y a aussi une section interactive « écrire à un prisonnier » où les participants sont encouragés à écrire une carte à un prisonnier d’opinion [emprisonné en Turquie].
 
Un projet très intelligent et une expérience profondément émouvante et j’invite tous ceux qui le peuvent, à Londres et au-delà, à saisir l’occasion d’y assister. J’ai rencontré des gens qui venaient d’Allemagne, de Belgique et de France juste pour voir l’exposition. »
 
L’exposition peut être visitée jusqu’à ce samedi.
 
Installation: «Li Dû Man (laissé derrière)» par Zehra Doğan
Dans le cadre de Who Are You?
21 – 25 mai 2019
Tate Exchange
Tate Modern
Bankside
Londres SE1 9TG
tate.org.uk
Images via Mark Campbell

 

 

Deux jours d’actions pour sauver Hasankeyf

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L’Etat turc a annoncé récemment que le réservoir du barrage d’Ilisu serait rempli le 10 juin prochain. La réalisation de ce projet va entraîner la disparition sous les eaux du site antique d’Hasankeyf, dans la province de Batman, au Kurdistan du Nord.
 
L’initiative pour sauver Hasankeyf et le Mouvement écologique de Mésopotamie appellent à des actions les 7 et 8 juin, partout dans le monde, pour empêcher la destruction d’un patrimoine culturel vieux de 12 000 ans :
 
« Nous appelons les mouvements sociaux, les ONG, les activistes et les autres acteurs du monde à participer à la 3ème Journée mondiale d’action pour la défense de la ville de 12 000 ans, Hasankeyf, et du Tigre, les 7 et 8 juin 2019! C’est urgent car le gouvernement turc a récemment annoncé qu’il allait commencer à remplir le réservoir du barrage d’Ilisu le 10 juin 2019.
 
Le 15 mai 2019, plus de 100 organisations civiles de Turquie, d’Irak, d’Iran et d’autres pays du monde ont publié un communiqué appelant le gouvernement turc à mettre fin au projet destructeur d’Ilisu et à lancer un nouveau processus dans la vallée du Tigre. Elles ont également appelé à agir contre l’inondation de la vallée du Tigre, qui causerait également de graves dommages aux régions situées en aval en Syrie, et en particulier en Irak. S’il est achevé, le barrage d’Ilisu sera un désastre social, culturel et écologique incomparable pour une grande partie de la Mésopotamie!
 
Les 7 et 8 juin, des actions sont prévues dans des dizaines de villes en Turquie et en Mésopotamie.
 
Vous êtes invités à organiser une action publique dans votre ville ou votre pays contre le projet Ilisu en solidarité. Les revendications pourraient viser le gouvernement turc, la société autrichienne Andritz, qui dirige le consortium Ilisu Project, et demander au gouvernement irakien de prendre des mesures urgentes pour lutter contre la désertification imminente de sa région, une question sur laquelle il reste étrangement silencieux.
 
Par rapport aux précédentes journées d’action Hasankeyf, nous prévoyons cette fois d’élargir la variété des types d’action. Dans environ une semaine, nous vous informerons avec des propositions.
 
N’hésitez pas à nous contacter ou à nous informer de votre projet d’action.
 
Hasankeyf est notre culture et le Tigre notre nature ! »
 
L’Initiative pour sauver Hasankeyf et le Mouvement écologique de Mésopotamie
 
Email: hasankeyfgirisimi@gmail.com
Web site: www.hasankeyfgirisimi.net
Twitter: @hasankeyfdicle
facebook: www.facebook.com/hasankeyfyasatmagirisimi
 
Via CDK-F

TURQUIE. Des civils kurdes torturés à Halfeti

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TURQUIE – URFA – Lors d’un conflit armé entre les forces turques et des insurgés kurdes, le 18 mai à URFA / Halfeti, un policier des opérations spéciales a perdu la vie. Suite à l’incident, au moins 54 civils kurdes ont été arrêtés. Les détenus ont été renvoyés à la Direction de la sécurité de Şanlıurfa.
 
L’Association du barreau d’avocats de Şanlıurfa déclaré sur son compte Twitter que les détenus, dont des enfants, avaient été torturés et qu’il y avait des signes concrets de torture.
Le barreau d’avocats a lancé un appel aux ministères de la Justice et de l’Intérieur pour qu’ils dénoncent cette torture.
 
Le barreau a souligné que les restrictions imposées aux avocats pour rencontrer les détenus étaient illégales. Le Centre a également partagé une photo montrant les détenus menottés qui ont été contraints de s’allonger face contre terre au poste de gendarmerie de Bozova.
 
LA TORTURE D’HALFETI SUR TWITTER AVEC LE TAG #HalfetideDevletTerörüVar
 
Concernant ce qui se passe à Halfeti, le président du Barreau de Diyarbakir, Cihan Aydın, a déclaré :
 
« – Ça rappelle Auschwitz,
– On dirait aussi Abu Ghraib et Gazza,
– Ça peut être Guantanamo ?
 
Non, calmez-vous, c’est le jardin d’un poste de gendarmerie à Bozova, Urfa… !
 
– Ceux qui ont été menottés sont les Kurdes qui attendent le temps de la rupture du jeûne. »
 
La députée du Parti démocrates des peuples (HDP) Meral Danış-Beştaş a déclaré : « Ils n’ont plus besoin de cacher la torture. Peu importe où de telles scènes se produisent, aucun ministre de l’Intérieur ne peut rester en fonction ne serait-ce qu’une minute. »
 
Serpil Kemalbay, députée HDP, a également twitté :
 
« La torture est un crime contre l’humanité. Personne ne devrait rester silencieux contre la torture, nous devrions tous élever la voix. »
 
La député HDP, Remziye Tosun a déclaré : « Les avocats nous informent que la tête, les bras et les jambes de plus de 60 personnes détenues à Halfeti et Bozova ont été cassées et que leur visage est méconnaissable. Celui qui est heureux avec la torture sera ruiné à la fin. »
 

AFRIN : L’occupation turque transforme les maisons en QG militaires

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AFRIN – Les habitants du village de Kimar sont victimes de violations de la part de l’occupation turque et de ses mercenaires. Ces derniers ont saisi plus de 15 maisons appartenant aux villageois et les ont transformées en QG militaires.
 
Le village de Kimar, situé à 8 km au sud de la ville d’Afrin, appartient au district de Sherawa. C’est un village archéologique avec plusieurs palais et maisons historiques, dont une coupole avec deux paons dessinant sur son côté est et une église sur le côté sud.
 
Le 8 avril, l’armée d’occupation turque, poursuivant sa série de pratiques d’occupation et de violations, a commencé à construire le mur de séparation dans les environs d’Afrin à partir des villages de Kimar et Jalber, de Sherawa, jusqu’au village de Mariamin, dans la région de Shara, à Afrin, après avoir arraché les oliviers des habitants de ces villages.
 
Des sources à l’intérieur du village de Kimar ont déclaré à l’agence ANHA que l’occupation turque et ses mercenaires avaient saisi plus de 15 maisons appartenant aux habitants du village de Kimar et les avaient transformées en quartiers généraux militaires après avoir récemment construit un mur de 300 mètres, qui mesure 3 mètres de haut.
 
I. A., habitant du village de Kimar, a déclaré à ANHA que l’armée d’occupation turque et ses mercenaires ont empêché les villageois de se rendre dans leurs champs près de la zone du mur au nord-est du village et d’utiliser des téléphones portables équipés de caméras, et ils sont confisqués s’ils étaient à proximité du mur.
 
Il a ajouté que l’occupation turque avait pris la maison d’un de leurs proches au motif qu’elle était proche d’une zone militaire.
 
I. A. a déclaré que les mercenaires de l’occupation turque avaient détruit les lignes de communication pour empêcher tout contact avec l’extérieur et les forcer à acheter des cartes SIM des réseaux de communication turcs.
 
L’occupation turque continue de construire le mur de séparation dans les villages de Maraimin et Jalber.
 

10% des exécutés dans le monde en 2018 étaient des Kurdes

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Au cours de l’année écoulée, malgré la réduction de la peine de mort dans le monde et en Iran, au moins 70 citoyens kurdes ont été exécutés en Iran.
 
Selon le rapport annuel d’Amnesty International, en 2018, au moins 690 citoyens ont été exécutés dans 20 pays, avec 303 morts (plus de 30%) de moins qu’en 2017. Selon Amnesty International, en 2017, 993 personnes ont été exécutées.
 
Selon les statistiques de Hengaw, au moins 70 citoyens kurdes ont été exécutés en Iran en 2018.
 
En comparant ces deux statistiques, on constate que 10% du nombre total de citoyens exécutés dans le monde étaient des citoyens kurdes en Iran.
 
Il convient de noter que ce nombre ne comprend pas les exécutions de la République populaire de Chine. L’ampleur réelle du recours à la peine de mort en Chine n’est pas connue car ces données sont classées secret d’État.
 
Selon le rapport annuel d’Amnesty International, environ 78% des exécutions de l’année dernière concernaient l’Iran, l’Arabie saoudite, le Vietnam et l’Irak.
 
Les cinq premiers pays où la peine capitale est en vigueur : Chine (1000), Iran (au moins 253), Arabie saoudite (149), Viet Nam (au moins 85) et Irak (au moins 52).
 

L’internationalisme et la résistance carcérale des martyrs de mai

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La Commune Internationaliste du Rojava a publié une série d’articles sur l’histoire des révolutionnaires et de leurs luttes en déclarant : « Les histoires et les combats de Bobby Sands et Ulrike Meinhof, Hakî Karer et Deniz Gezmis ont toujours une signification particulière pour nous et nous donnent des perspectives révolutionnaires pour le futur. En tant qu’internationalistes, nous continuons leur héritage et leur lutte, jusqu’à ce que le succès soit le nôtre. »
 
La Commune Internationaliste a publié l’article suivant intitulé « En souvenir des Şehids [martyrs] de mai : Haki Karer, Deniz Gezmiş, Ibrahim Kaypakkaya, Mahmut Zengin, Eşref Anyik, Ferhat Kurtay et Necmi Öner : L’internationalisme et la résistance carcérale ».
 
Le mois de mai marque le Şehadet (martyre) de nombreuses personnalités importantes dans la lutte contre le fascisme turc. Trois des amis à qui cet article a été dédié sont : Şehid Hakki Karer, Şehid Deniz Gezmiş et Şehid Ibrahim Kaypakkaya étaient d’origine turque, cependant, la ligne que ces amis ont aidé à créer en était celle d’internationalisme. Aucun de ces amis ne croyait que la liberté de la population turque pouvait être réalisée sans réaliser simultanément la liberté des Kurdes et des autres minorités vivant à l’intérieur des frontières de l’Etat turc. Le martyre de ces amis nous rappelle avec force l’importance d’une perspective internationale et pourquoi il est nécessaire que tous les peuples soient unis dans la lutte pour vaincre le capitalisme et atteindre la liberté pour tous.
 
Ce mois-ci est également une période extrêmement importante dans le contexte actuel, car beaucoup des Şehids qui sont tombés en mai sont tombés dans des actes de résistance contre les prisons où ils étaient détenus en captivité. Avec plus de 7 000 amis actuellement en grève de la faim dans les prisons turques, il est nécessaire de connaître les racines de cette résistance et de se rappeler les noms de ceux qui sont tombés au combat dans les prisons d’Amed numéro 5 et de Mamak.
 
Haki Karer est peut-être l’une des figures les plus importantes de l’histoire du PKK. Après la libération d’Abdullah Öcalan de la prison de Mamak fin 1972, il s’installe chez Haki Karer avec Kemal Pir et ensemble, ils commencent à organiser les fondations du parti et un nouveau mouvement politique. A l’époque, Haki Karer était étudiant à l’Université d’Ankara, mais après une décision prise lors de la réunion de Dikmen en 1976, les amis ont décidé de faire de Bakur [Kurdistan du Nord] le point central de leur organisation. Haki Karer a d’abord déménagé à Batman, puis à Antep. Comme la plupart des internationaux qui viennent maintenant au Rojava pour rejoindre la révolution, Haki Karer ne parlait pas le kurmanci à son arrivée au Bakur, bien qu’il ait réussi à s’organiser sans relâche avec ou sans langue.
 
Le 18 mai 1977, Haki Karer a été assassiné dans un café par Alaattin Kapan, membre de Sterka Sor, une organisation conçue pour ressembler à une partie de la gauche kurde, mais qui s’est par la suite révélée être associée à l’opération de contre-guérilla de l’OTAN, opération GLADIO. Il est clair à la lecture d’Öcalan à quel point le lien était étroit entre les deux amis, Öcalan a souvent qualifié Haki Karer et Kemal Pir d' »âme secrète » et après la mort d’Haki Karer, qui s’est juré d’établir le parti [PKK] comme une réponse directe, « Notre programme politique et le nom de notre organisation, le PKK, ont été créés et décidés comme une conséquence immédiate de son (Haki Karer) meurtre. Nous le considérons tous comme son héritage ». Haki Karer peut donc être considéré comme le premier martyr internationaliste dans la lutte du PKK, et il est essentiel pour nous de nous rappeler sa diligence et son engagement malgré les obstacles linguistiques qu’il a rencontrés.
 
Deniz Gezmiş est une autre figure qui a inspiré Abdullah Öcalan quand il était jeune étudiant. Gezmiş a fondé l’Armée populaire de libération de Turquie (THKO) en 1971 avec deux autres camarades, Yusuf Aslan et Hüseyin Inan. Gezmiş était un marxiste-léniniste radical qui, avant sa capture par l’Etat turc au printemps 1971, s’était rendu en Jordanie pour s’entraîner comme guérillero avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), une étape que le PKK allait suivre plus tard au début des années 1980 quand il a envoyé des centaines de combattants au Liban pour former avec le Front démocratique pour la libération de la Palestine (DFLP). Après sa capture, Gezmiş a été accusé d’avoir violé l’article 146 du Code pénal turc, qui concerne les tentatives de « renversement de l’ordre constitutionnel » et condamné à mort par l’Etat turc le 3 mai 1972. Après l’exécution de Gezmiş le 6 mai 1972, Öcalan écrivit : « L’exécution de Deniz Gezmiş et de ses camarades nous a appelés, nous, sympathisants honnêtes, à continuer leur héritage ». Gezmiş a été un fervent partisan de la lutte pour un Kurdistan libre et internationaliste jusqu’à sa mort. Ses derniers mots sont une source d’inspiration pour tous ceux qui ont une conscience anti-impérialiste et révolutionnaire : « Vive la Turquie totalement indépendante ! Vive la grande idéologie du marxisme-léninisme. Vive la lutte des peuples turc et kurde pour l’indépendance. Maudit soit l’impérialisme. Longue vie aux ouvriers et aux paysans. »
 
Ibrahim Kaypakkaya était l’un des principaux dirigeants du mouvement communiste en Turquie à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Il a fondé le Parti communiste de Turquie/Marxiste léniniste (TKP/ML) en 1972 et était connu d’Abdullah Öcalan et du premier mouvement Apoci [Apoïste, ceux qui suivaient la ligne politique d’Abdullah Ocalan]. Kaypakkaya était un internationaliste très intéressé par la question kurde. Il a publié une thèse sur le sujet en 1972, dans laquelle il établit un lien direct entre la liberté du peuple kurde et des autres minorités vivant à l’intérieur des frontières de l’Etat turc et la liberté de la majorité turque. En raison de sa capacité d’organisation, Ibrahim Kaypakkaya était considéré par les renseignements turcs comme quelqu’un d’extrêmement dangereux, car il pouvait presque à lui seul apporter des idées communistes en Turquie. Kaypakkaya est tombé martyre le 18 mai 1973, après avoir résisté à la torture dans la prison de Diyarbakir (Amed n°5) pendant plus de quatre mois. Une fois, ses bourreaux l’ont forcé à marcher pieds nus pendant 50 km sur la neige et la glace. L’héritage de Kaypakkaya est un exemple important de résistance carcérale et d’internationalisme.
 
Mahmut Zengin, Eşref Anyik, Ferhat Kurtay et Necmi Öner sont également tombés martyre dans les murs de la prison de Diyarbakir (Amed n°5). Le 18 mai 1982, les quatre amis se couvraient d’un journal imbibé de peinture et, se tenant la main, s’immolaient. Cette action a été conçue pour être similaire à l’action de Mazlum Doğan qui a mis le feu à sa cellule à Diyarbakir le jour de Newroz (21 mars) la même année. Le but des actions de tous ces camarades était d’attirer l’attention sur la torture des prisonniers à Diyarbakir et sur les conditions inhumaines qu’ils ont dû endurer. Le martyre de ces amis marque un moment important dans l’histoire du PKK car à ce moment, de nombreux membres du parti étaient emprisonnés à Diyarbakir ou formés à la guérilla au Liban. Ce qui a laissé un vide au Kurdistan qui aurait pu conduire à une crise organisationnelle sans les actions des opposants dans les prisons. En fait, l’une des discussions les plus importantes au sein du parti à l’époque portait sur la question de savoir si les amis du parti devaient quitter le Moyen-Orient et déplacer l’attention du parti vers la diaspora européenne. La lutte dans les prisons a clarifié cette ligne et précisé que la lutte devait continuer à être basée au Kurdistan.
 
Se souvenir, c’est se battre
 
L’importance de nos martyrs ne peut être sous-estimée si l’on considère la révolution qui s’est produite dans le nord-est de la Syrie, il est clair que les martyrs de mai (…) ont contribué à clarifier les lignes de l’internationalisme et de la résistance carcérale qui sont au cœur de notre idéologie. Cependant, ils ne sont pas seuls. Nous nous souvenons de nos martyrs parce que chacun d’eux nous montre comment vivre et lutter contre la modernité capitaliste. Chaque personne qui nous est enlevée est une promesse de continuer le combat et de continuer à lutter car un autre monde est possible. La modernité capitaliste s’effondrera, et nous, le peuple, serons son bourreau !
 
Şehid namirin (les martyrs sont immortels) ! Biji Berxwedana Zindana (vive la résistance des prison) ! Vive l’internationalisme !
 
ANF