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Les vies de Leyla Güven et des 7 000 grévistes de la faim kurdes sont en danger

SOLIDARITÉ • Une délégation suisse s’est rendue à Paris pour rendre visite aux grévistes de la faim de la Confédération des opprimé.e.s immigré.e.s en Europe, qui protestent contre l’isolement du leader kurde d’Öcalan et des autres prisonniers.ères politiques en Turquie.
(Par Cindy Zahnd)
 
Özkan Özdemir est un jeune communiste turc de 42 ans. Il est en grève de la faim depuis le 1er avril à Paris pour soutenir la demande de la députée Leyla Güven de lever l’isolement d’Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 1999. Concernant les raisons qui l’ont poussé à commencer une grève de la faim, il explique que l’isolement d’Öcalan représente l’une des plus flagrantes violations des droits humains en Turquie.
 
Selon lui, cette politique d’isolement fait partie d’un système plus vaste de répression contre les citoyennes et les citoyens. «En Turquie, non seulement les Kurdes, mais également les Turcs ne peuvent plus exercer leurs droits fondamentaux tels que la liberté d’expression, d’organisation ou de manifestation. Le gouvernement encourage le nationalisme et le chauvinisme», explique-t-il.
 
Bilen Ceyran et Gülten Yavuz ont, eux, décidé d’entamer une grève de la faim de un mois en solidarité avec leurs camarades.
 
Gülten est une mère de famille vivant en Suisse et Bilen une jeune Belge d’origine kurde et turque. «En tant que jeune et socialiste, je ne pouvais pas rester indifférente face à cet élan. La demande de Leyla Güven est justifiée et nous concerne toutes et tous», souligne Bilen. Elle explique qu’en prenant de l’ampleur, le mouvement a également élargi ses revendications. «Il s’agit de mettre fin a l’isolement de toutes et tous les prisonnier.ères politique, mais également celui de tous les peuples minoritaires de Turquie. »
 
Victoires obtenues grâce à la résistance
 
Depuis le début de la grève de la faim, entamée par la députée Leyla Güven en novembre 2018, Öcalan a pu recevoir la visite de son frère, puis ensuite celle de ses avocats qu’il n’avait pas vus depuis 8 ans. Leyla Güven a par ailleurs été libérée de prison le 25 janvier, mais mise sous contrôle judiciaire. «Ces victoires ont été obtenues grâce à la détermination des grévistes», explique Özkan. Mais selon lui, c’est surtout une victoire idéologique: «Malgré les attaques de la dictature fasciste, le peuple a montré qu’il ne baisserait pas la tête, mais qu’il résisterait», souligne-t-il. Ceci est vrai en particulier concernant les mères des prisonniers.ères politiques, qui n’ont cessé de manifester leur soutien à leurs enfants, bravant les coups de la police.
 
Si le ministère de la justice turc a annoncé la semaine passée la levée de l’isolement d’Öcalan, les grévistes sont déterminé.e.s à poursuivre leur action jusqu’à ce que cette déclaration aie été mise en pratique.
 
La grève de la faim comme moyen ultime de faire entendre sa voix
 
Bilen Ceyran explique que la grève de la faim est pour elle un moyen ultime utilisé afin de résister, sans faire de mal à personne. «Dans les prison, c’est souvent le seul moyen pour faire entendre sa voix. A l’extérieur, c’est parfois encore plus dur qu’en prison. On se retrouve dans un environnement où les gens peuvent vivre tranquillement. Notre but c’est de dire qu’on ne peut plus vivre tranquillement, qu’il faut faire bouger les chose», revendique la militante. Elle critique la censure des médias turcs et européens. «Les chaînes de TV françaises nous on clairement dit qu’en ce moment ils étaient trop occupés à parler des élections européennes. Pourtant on doit bien ça au Kurdes, qui ont combattu contre Daech en Syrie», précise-t-elle. Si les politiques et les médias de masse ignorent le sort des grévistes de la faim, de nombreuses démonstrations de solidarité ont cependant eu lieu. Des délégations se succèdent pour leur rendre visite dans différentes villes d’Europe. A Paris, ils et elles sont également soutenu.e.s par les gilets jaunes.
 
Une situation de plus en plus critique
 
Les dizaines de personnes en grève de la faim depuis de nombreux mois se trouvent entre la vie et la mort. A Strasbourg, la situation des 14 personnes, qui ont entamé leur mouvement 17 décembre, est très inquiétant. La plupart d’entre eux/elles sont actuellement alité.e.s 24 heures sur 24. Des dizaines de prisonniers.ères ont par ailleurs transformé leur grève de la faim en jeûne de la mort. Ils et elles ont décidé de ne plus consommer de sucre, ni de vitamine B1. Leur état de santé risque donc de se détériorer très rapidement.
 
La Suisse, comme les autres pays de l’Union Européenne, fait preuve de complaisance avec la Turquie. Exigeons des sanctions immédiates pour mettre la pression sur le gouvernement turc. Il faut agir avant qu’il ne soit trop tard. Comme l’a écrit Leyla Güven : «Si nos demandes ne sont pas entendues, des centaines de personnes risquent de perdre la vie. Si cela se produit au 21ème siècle, ça sera une honte pas seulement pour la Turquie, mais pour toute l’humanité. Je vous appelle toutes et tous à résister.»