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Début des patrouilles turco-américaines à la frontière du Rojava

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SYRIE / ROJAVA – Les forces américaines et turques ont commencé dimanche des patrouilles conjointes dans le nord-est de la Syrie, en coordination avec les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes.
 
La première patrouille était composée de six véhicules blindés turcs, de quatre véhicules blindés américains et de deux véhicules américains anti-mines, appuyés par un appui aérien intensif fourni par des hélicoptères américains et turcs, a rapporté l’agence de presse locale North Press.
 
La patrouille s’est dirigée vers les villages de Hashisha et de Guilan, situés à 30-35 km à l’est de Tal Abyad.
 
Mustafa Bali, responsable des FDS, a déclaré que «les patrouilles américano-turques se dérouleront de la manière coordonnée et convenue entre les FDS et la coalition dans la zone du mécanisme de sécurité où nos forces se sont retirées et laissées aux unités de protection des frontières des conseils locaux».
 
Il a poursuivi: « Les forces de protection des frontières formées par la coalition en coordination avec les conseils militaires locaux combleront le vide où nos forces se sont retirées. »
 
Il a ajouté que les conseils militaires locaux assureraient la stabilité et « auront un effet positif sur notre lutte contre les vestiges de Daesh [l’État islamique] ».
 
Les patrouilles conjointes font partie d’un plan de sécurité convenu antérieurement entre Washington et Ankara au début du mois d’août.
 
Ce plan est conçu pour répondre aux préoccupations spécifiques de la Turquie, qui souhaite que des zones situées le long de sa frontière soient débarrassées des Unités de protection du peuple kurde (YPG), groupe qui assure la direction militaire des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis.
 
La Turquie considère le YPG comme la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Les YPG ont nié ces liens et ont souvent accusé la Turquie de soutenir l’État islamique par le passé.
 
Selon une déclaration antérieure du commandement de l’armée américaine en Europe (EUCOM), le plan prévoit « la sécurité dans le nord-est de la Syrie afin que l’Etat islamique ne puisse pas renaître et permet à la coalition de rester concentrée sur la réalisation de la défaite durable de l’Etat islamique ».
 
Ce n’est pas la première fois que des patrouilles conjointes américano-turques sont effectuées en Syrie.
 
Des patrouilles conjointes turco-américaines ont débuté le 1er novembre 2018 dans une zone en dehors de Manbij sous le contrôle des FDS, séparant les forces du bouclier de l’Euphrate soutenues par la Turquie et le Conseil militaire de Manbij soutenu par les FDS.
 
C’est cependant la première fois que les troupes turques patrouillent conjointement avec les troupes américaines dans les territoires contrôlés par les FDS.
 

Image d’une patrouille américaine, via le journaliste Mohammed Hassan

Hommage à Yilmaz Guney, le plus grand cinéaste kurde du XXème siècle

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Yılmaz Güney (né Yılmaz Pütün) était un réalisateur, scénariste, romancier et acteur kurde qui a produit des films en turc. Beaucoup de ses œuvres portées au cinéma avaient comme sujet le sort des gens ordinaires de la classe ouvrière en Turquie. Güney a remporté la Palme d’Or au Festival de Cannes en 1982 avec le film Yol qu’il a coproduit avec Şerif Gören.

Güney était constamment harcelé par le gouvernement turc en raison de la représentation de la culture, du peuple et de la langue (notamment en ce qui concernait les Kurdes dont l’existence même était niée par l’Etat turc) dans ses films. Après avoir été condamné en 1974 en étant accusé d’avoir tué un juge, ce dont Guney a nié, il s’est réfugié en France après s’être évadé de la prison et a ensuite été déchu de la citoyenneté turque. Guney est le seul réalisateur au monde à avoir réalisé des films depuis la prison grâce à ses instructions données à son ami Zeki ökten.
 
Quelques uns des films les plus connus de Guney, considéré comme étant le plus grand cinéaste kurde du XXème siècle, sont : Yol (la Permission), Duvar (le Mur) et Sürü (le Troupeau).
 
Guney est décédé à Paris d’un cancer de l’estomac le 9 septembre 1984, à l’âge de 47 ans. Sa tombe se trouve au cimetière de Père Lachaise, dans le 20ème arrondissement de Paris.
 

Les femmes kurdes descendent dans la rue à travers l’Europe

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Le mouvement des femmes kurdes mène une campagne en Europe sous le slogan « Debout pour la liberté et le changement ».
 
Des manifestations ont été organisées à Paris, Cologne, Stuttgart, Copenhague, Bâle, Luxembourg et dans d’autres villes européennes dans le cadre de la campagne du mouvement des femmes kurdes en Europe (TJK-E) sous le slogan « Debout pour la liberté et le changement » (« Rise up for freedom and change »).
 
PARIS
 
A Paris, les Kurdes et leurs amis se sont rassemblés sur la place de la République pour une marche à l’appel du Mouvement des femmes kurdes en France (TJK-F) contre les féminicides, contre la destitution des maires HDP dans 3 grandes villes kurdes, en Turquie. 
 
COLOGNE
 
A Cologne, en Allemagne, des femmes sont parties de la cathédrale à Rudolfplatz. De nombreux politiciens se sont également joints à la marche où des manifestants ont protesté contre les attaques génocidaires de l’Etat turc contre le peuple kurde, portant des banderoles saluant la lutte des femmes pour la liberté.
 
STUTTGART
 
Dans la ville allemande de Stuttgart, des centaines de personnes ont organisé une marche pour protester contre la mainmise du régime turc sur les municipalités d’Amed, Van et Mardin, gérées par le HDP.
 
Les manifestants, qui ont parcouru trois kilomètres, ont également été rejoints par de nombreuses organisations de la plate-forme Solidarité avec le HDP, dont ADHK, AGİF, Alınteri, Alınteri, ATİK, DİDF, FCK, HDK, SKB, SYKP, l’Association de la solidarité et culture de Becekli Göktepe, AABF, BA-WÜ, le Congrès de construction de Dersim et le MLPD.
 
La manifestation s’est terminée par un rassemblement à Schlossplatz.
 
COPENHAGUE
 
Une autre manifestation a eu lieu à Copenhague où le Le Conseil des femmes (kurdes) Sevê a installé un stand d’information.
 
Les manifestants ont condamné la violence contre les femmes et la saisie des municipalités HDP d’Amed, Mardin et Van.
 
BÂLE
 
A l’appel de l’Union des femmes kurdes de Suisse (YJK-S) et du Comité du Rojava, une manifestation a eu lieu à Bâle.
 
Des centaines de personnes se sont rassemblées sur la place Claramatte et ont manifesté contre le patriarcat et la mentalité d’occupation de l’Etat turc,
 
Les banderoles portées par les manifestants lisaient « Occupants, sortez de nos terres », « Pas de guerre, pas d’occupation », « Épaule contre épaule contre le fascisme » (…).
 
D’autre part, des jeunes internationalistes de Turquie, du Kurdistan et de Suisse ont mené une campagne de graffiti pour protester contre l’invasion turque au Rojava. Les manifestants ont fermé la route à la circulation à Dreirosenbrücke où ils ont organisé un rassemblement.
 
Un discours prononcé au nom du Comité du Rojava déclarait : « Nous avons libéré le Rojava, nous la défendrons ensemble. Nous parviendrons à l’illumination contre les ténèbres, à la libération des femmes contre le système à prédominance masculine et nous réaliserons l’espoir des peuples opprimés d’un avenir libre par la lutte internationaliste. »
 
Le rassemblement s’est terminé après les discours de la YJK-S et des jeunes militants de la lutte.
 
LUXEMBOURG
 
Une longue marche a été organisée de la gare à l’hôtel de ville de Luxembourg. Protestant contre la mainmise du régime turc sur les municipalités HDP et les attaques d’occupation au Kurdistan, les manifestants ont scandé des slogans « Fasciste Erdoğan », « Le PKK est le peuple et le peuple est ici », « Le fascisme sera enterré au Kurdistan » et « Les administrateurs sortiront du Kurdistan ». Certains milieux socialistes et démocratiques luxembourgeois se sont également joints à la marche par solidarité.
 
ROME
 
Dans la capitale italienne, Rome, les communistes ont organisé une marche à laquelle les Kurdes ont également participé et ont protesté contre la prise de municipalités dirigées par des maires HDP. Des tracts relatant la politique fasciste de l’Etat turc ont été distribués pendant la marche.
 

Que dit Mediapart des suicides d’anciens volontaires occidentaux des YPG ?

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Un Britannique qui avait combattu aux côtés des forces kurdes YPG au Rojava s’est suicidé le 4 septembre dernier. Jamie Janson est le deuxième volontaire étranger des YPG à s’être donné la mort après Kevin Howard qui nous a quitté 30 avril 2019 après une lutte infructueuse contre le stress post-traumatique subi au Rojava.

« Janson avait participé à plusieurs opérations en Syrie, contre Daesh ainsi que contre l’État turc, à Afrin. Il n’est pas impossible que les poursuites engagées contre lui (comme contre d’autres volontaires) par les autorités britanniques et l’absence de fait de soutien psycho-social aient pu conduire à un tel geste », a écrit un vétéran français qui souhaite garder l’anonymat. 

On ne sait pas s’il y a eu d’autres suicides parmi les vétérans du Rojava car la plupart d’eux vivent dans l’anonymat par peur d’être stigmatisés, de subir des représailles de DAESH / ISIS ou encore d’être poursuivis par la justice de leurs pays.
 
Sur les réseaux sociaux, ils sont nombreux à évoquer, souvent de manière anonyme, leurs souffrances dues aux traumatismes vécus sur le champ de bataille. Ils se plaignent qu’il n’y ait pas de suivi post-traumatique mis en place pour les vétérans du Rojava, qu’ils soient étrangers ou originaire de la région.
 
 
Dimitri (un pseudo) est un ancien volontaire français des YPG qui a passé 3 ans au Rojava. Il avait réagi au suicide de Kevin qui s’est donné la mort suite au stress post-traumatique (ESPT).
D’après Dimitri, la plupart des ces volontaires qui souffrent de l’ESPT ne parlent pas de leurs difficultés dans la vie civile car ils n’ont personne vers qui se tourner et ont peur d’être rejetés par la société.
Dimitri nous avait déclaré : « Nous n’avons pas de nouvelles de certains [des anciens volontaires] car on n’a pas leur vrais noms ni contact avec certains. Certains d’entre eux se sont très certainement suicidés eux aussi. »
 
Mais quel rapport avec Mediapart nous direz-vous. Eh bien, Mediapart a publié le lundi premier septembre, il y a sept jours, un article fallacieux prétendant que des vétérans du Rojava étaient une menace pour la France. Admirez le titre de Mediapart « Ces revenants du Rojava qui inquiètent les services de renseignement » et qui poursuivait : « Les services de renseignement surveillent des militants d’ultragauche ayant combattu au côté des Kurdes en Syrie. Certains d’entre eux voudraient passer à l’acte en France. »… Donc, on se demande si les suicides et les traumatismes des vétérans du Rojava attireront également l’attention de Mediapart ou si Medapart cherche seulement à faire du sensationnalisme et que c’est le cadet de ses soucis si par ailleurs ces vétérans se meurent dans leurs coins après les horreurs dont ils ont été témoins au Rojava.
 

TURQUIE. 13 autres municipalités kurdes menacées d’être saisies par le pouvoir turc !

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TURQUIE / BAKUR – Deux nouveaux documents portant la signature du ministère de l’intérieur ciblent 13 municipalités HDP. L’avocat Sertaç Buluttekin a déclaré que le pouvoir turc préparait le terrain pour nommer de nouveaux administrateurs à la place des maires élus démocratiquement.
 
Le 19 août, le ministère turc de l’intérieur a ordonné la destitution des maires HDP des municipalités métropolitaines d’Amed, Van et Mardin. De nouveaux documents portant la signature du ministère et qui demandent une enquête concernant 13 maires HDP des localités kurdes viennent d’être divulgués.
 
Sertaç Buluttekin, avocat du barreau d’Amed (Diyarbakir), a partagé sur son compte Twitter les instructions préparées par la Direction générale de l’administration provinciale du ministère de l’Intérieur.
 
Buluttekin a déclaré : « Cette lettre a été demandée par le ministère de l’Intérieur. »
La lettre est datée du 9 août et a été envoyée au gouverneur de Diyarbakir. Elle se lit comme suit : « J’aimerais vous demander les informations générales sur les personnes mentionnées dans le tableau ci-joint et les envoyer à notre ministère avant le 16-08-2019. »
 
Un autre document, daté du 16 août, s’intitule « Procédures judiciaires des gouverneurs ». Ce document contient des informations sur les maires de Bismil, Çınar, Dicle, Eğil, Ergani, Hazro, Kayapınar, Kocaköy, Kulp, Lice, Silvan, Sur ve Yenişehir, dans la province d’Amed. Tous les districts mentionnés ont été gagnés par le parti démocratique des peuples (HDP) aux dernières élections du 31 mars 2019.
 
L’avocat Sertaç Buluttekin a déclaré que la maire de la municipalité de Sur, Filiz Buluttekin, était sa cliente, et a ajouté que « la Direction générale de l’administration provinciale effectue le travail pour le compte du ministère de l’Intérieur. Ils cherchent à savoir s’il y a des poursuites et des enquêtes contre les maires. Nous pensons qu’ils se préparent à nommer de nouveaux administrateurs [kayyums]. »
 
 

Vive la rentrée littéraire à la kurde !

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Cette année, nous avons été gâtées au niveau littéraire par deux romans d’auteurs kurdes. En effet, la maison d’éditions Emmanuelle Collas Galaade a publié « Et tournera la roue », le deuxième roman du politicien et écrivain kurde Selahattin Demirtas, après celui d’ « Aurore » primé deux fois. La même maison a publié également « Ouverture à la française », le premier roman de la jeune écrivaine franco-kurde Dora Djann.
 
Vous voilà aidé.e.s par Kurdistan au féminin à faire vos choix pour cette rentrée littéraire qui en voit des vertes et des pas mûres !
 

Pour en savoir plus sur ces deux livres – à lire et ou à offrir – , vous pouvez lire cet article, où on écrivait, entre autre, « Le premier roman de la jeune franco-kurde, Dora Djann, « Ouverture à la française ». Ce roman a pour héroïne une jeune femme franco-kurde qui est déchirée entre sa communauté d’origine plutôt conservatrice et son désire d’émancipation (elle finit toutefois par embrasser la lutte de libération du peuple kurde).

« Dans cette vie de solitude, Ziné est en quête d’identité, cherchant ses racines et une réconciliation familiale. Née l’hiver du coup d’Etat militaire de 1980 à la frontière turco-syrienne, elle a laissé son passé en prenant l’avion pour Paris. Cette jeune réfugiée s’intègre entre pavillon de banlieue et HLM, transgression des coutumes et aspiration à une forme d’indépendance. L’auteure dessine alors, le portrait d’une femme égarée mais aussi celui d’une famille éclatée et d’une communauté menacée.

Le deuxième roman est celui de Selahattin Demirtas, avocat et politicien kurde qui nous a révélé l’écrivain talentueux qui sommeillait en lui en écrivant « Aurore » une fois jeté en prison en novembre 2016 par le pouvoir turc car il était devenu la bête noire de Recep Tayyip Erdogan, actuel Président turc. (Il est toujours en prison et on ne sait pas quand il retrouvera l’air libre)…

Le nouveau roman de Demirtas s’appelle « Et tournera la roue ». Dans ce roman, tous les protagonistes, « quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent, on les reconnaît, ces gens ordinaires dont le destin se mêle à celui d’un pays, la Turquie », écrit le site Babelio. »
 
Bonne lecture !
 
 
 

« Femmes, organisons-nous contre la guerre, le fascisme, le sexisme & le féminicide ! »

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EUROPE – Le Mouvement des femmes kurdes en Europe (IRKWM) appelle les femmes du monde entier à unir leurs forces pour lutter contre la guerre, le fascisme, le sexisme et le féminicide.
 
Voici l’appel d’IRKWM :

« Femmes, organisons-nous contre la guerre, le fascisme, le sexisme et le féminicide !
 
Les pouvoirs dominant actualisent leurs politiques à travers le renforcement des guerres de colonisation au Kurdistan, au Moyen-Orient et partout dans le monde. Notre campagne « DEBOUT POUR LE CHANGEMENT ET LA LIBERTÉ » que nous avons lancée à l’occasion de la célébration de la révolution du Rojava, est une réponse contre toutes ces attaques. La résistance est la seule forme pour contrer tous ces réseaux systémiques, dont Daesh qui a commis un nettoyage ethnique en particulier un féminicide à Shengal et au Rojava.
 
La résistance et la lutte des peuples menées par les femmes ont donné un souffle d’espoir à toutes les femmes et à tous les peuples du monde. La mise en évidence de l’importance des organisations des femmes et de la lutte globale dans tous les domaines de la société ont été des caractéristiques de la révolution au Rojava face à la violence du système patriarcal.
 
La modernité capitaliste fondée sur le patriarcat se poursuit en formant et développant, à tous les niveaux de la société, une politique nationaliste, intégriste religieuse, positiviste, militariste et sexiste. La modernité capitaliste exclut d’office les femmes, les valeurs créées par celles-ci, leurs travaux, réflexions, leurs missions pionnières dans la société et ceci en s’immisçant dans leur âme et pensées collectives car les politiques dominatrices, antisociales et anti écologiques n’ont aucune chance de vivre dans une société influencée par la synergie, la fluidité, l’émotion et la pensée créées par les femmes.
 
L’indifférence face aux violences faites aux femmes depuis 5000 ans par le système patriarcal engendre une banalisation de la destruction, la colonisation, l’exploitation, l’oppression et les violences dans la société. La modernité capitaliste condamne les femmes et les hommes au système patriarcal en imposant à chacun des rôles où les hommes contrôlent la nature et la société. Dans ce système, les femmes sont considérées comme une main d’œuvre, un outil, et au service de la jouissance masculine. La violence sexuelle, le mariage non- consenti, la polygamie, le harcèlement, le viol, l’inceste et l’excision sont légitimés. Les lois ne protègent pas les victimes des violences, ne reconnaissent pas le droit à la vie des femmes ainsi qu’aux jeunes et aux enfants. Bien que le système fournisse une pensée libertaire moderniste à travers des applications adoucies, il nuit à son identité sociétale.
 
Les standards de vie ne sont pas appliqués de façon égale à toute la société et les politiques d’immigration des Etats européens créent une grande inégalité entre les peuples d’Europe et ceux qui ont été forcés à l’exil. En expliquant que le taux de chômage et les crises économiques sont liés à l’immigration, les politiques étatiques encouragent la discrimination et l’exclusion des immigrés. On néglige la responsabilité des politiques guerrières et économiques des Etats dans l’exil des femmes et des peuples. On impose aux personnes une vie en exil. L’exil forcé est un phénomène où la personne est dépaysée, déracinée, déchirée – séparée de sa source. L’individu est entraîné vers une perte d’identité dans un système et une société où les liens avec la langue maternelle, la culture et le pays sont de plus en plus rompus. La transformation de l’organisation des femmes en une organisation de toute la société, permettra également de développer l’auto-défense face aux diverses attaques. La plus grande auto-défense des femmes sera l’organisation et la prise de conscience féminine ou alors les rôles sociaux des femmes seront déterminés par le système, où elles sont exploitées, victimes d’attaques et violences. Ceci permettra de penser que toute violence exercée sur les femmes est une violence exercée sur soi-même. Ainsi, la résistance collective pourra se développer. Lorsque la pensée d’appartenir à l’autre sera surmontée, que son appartenance à sa propre existence et « être soi-même » seront acquis, la construction de la nation démocratique pourra aboutir. Nous avons l’ambition et la force d’être une alternative et d’atteindre la vie libre.
 
Nous voulons : Travailler pour une prise de conscience de la société sur les sujets suivants : les femmes et l’immigration, les femmes et la violence, les femmes et l’économie, l’écologie, la vie commune et libre, la famille démocratique, les femmes et la liberté, les femmes et la formation féminine et la culture, la langue maternelle etc. Dénoncer les politiques nationalistes, positivistes, militaristes et sexistes de la modernité capitaliste et propager la nécessité de rompre les rôles sexistes attribués par la société aux femmes. Développer la sensibilisation et l’intervention rapide pour prévenir les violences contre les femmes et les féminicides. Renforcer les structures déjà existantes (assemblée, commune, initiative, association etc) avec la devise « la liberté est l’auto-défense » pour de nouvelles organisations qui répondront aux besoins et mettront en évidence le potentiel féminin. »
 
Le Mouvement des femmes kurdes en Europe (IRKWM)
 
Kurdish.women.movement@gmail.com

Un ancien volontaire français des YPG répond à l’article mensonger de Mediapart

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Il y a quelques jours, Mediapart a surpris les milieux alternatifs et de gauche par un article publié sur son site qui accusait d’anciens combattants français des YPG de participer à des actions violentes en France, avec ce titre bien racoleur : « Ces revenants du Rojava qui inquiètent les services de renseignement ».
 
Les réponses des intéressés n’ont pas tardé.
 
Voici celle d’André Hébert, un ancien combattant des YPG cité dans l’article de Mediapart :
 
« Étant un ancien volontaire français du YPG, je n’ai pas d’autre choix que de répondre à l’article insultant de Mediapart nous concernant. Ce réquisitoire, qui a écœuré beaucoup d’entre nous, nous calomnie suivant un schéma narratif qui, depuis plusieurs années déjà, est presque mot pour mot celui du ministère de l’Intérieur. Le terme de « revenants », habituellement utilisé pour désigner les vétérans du djihad, sert à faire passer ceux qui les ont combattus pour de potentiels terroristes. Les journalistes se rendent coupables d’innombrables erreurs qui ont déjà été relevées par certains observateurs avisés. Il reprennent les méthodes de la DGSI : accuser sans preuve, citer des « sources » qui sont en réalité des mythomanes et des parasites qui ont brillé par leur inutilité quand ils étaient dans les rangs du YPG, ou exhumer de vidéos faites sur le coup de l’émotion, qui n’engagent que leurs auteurs. Le journaliste de Mediapart avait, avant même de me rencontrer, une idée très précise de ce qu’il voulait écrire. De mon livre, qu’il cite à plusieurs reprises, il n’a lu que quelques pages, comme il me l’a dit dès le début de notre rencontre. Fin connaisseur de la région, il semblait moins intéressé par ma version des faits que par celle de ses mystérieux « témoins » sur place ou celle de la DGSI.
L’erreur la plus grossière concerne la prétendue « décision de justice rendue en décembre 2016 et qui privait un militant de son passeport et l’empêchait de repartir sur zone ». Ce militant c’est moi et ce n’est en aucun cas à la suite d’une décision de justice que mon passeport m’a été retiré. En décembre 2016, quatre policiers se rendent chez moi, deux jours avant que je ne prenne l’avion pour retourner au Rojava, afin de me confisquer et de détruire mon passeport ainsi que ma carte d’identité. Ils agissent uniquement sur ordre du ministère de l’Intérieur. En lisant la notification qui m’a été remise, j’apprends qu’il m’est reproché d’entretenir des liens avec « l’émanation d’un groupe terroriste » et d’être susceptible d’utiliser mon expérience militaire afin de « porter atteinte aux intérêts français ». L’extrait me concernant stipule : « Considérant que si M… parvenait à rejoindre à nouveau les rangs des combattants des Unités de Protection du Peuple (YPG), son retour sur le territoire national constituerait une menace particulièrement grave pour l’ordre public, l’expérience opérationnelle acquise sur place étant susceptible d’être utilisée dans le cadre d’actions violentes de l’ultra-gauche révolutionnaire perpétrées contre les intérêts français ». En janvier 2017, j’ai contacté Maître Raphaël Kempf avec la ferme intention de contester cette décision et de défendre mes droits. Conformément à la procédure, j’ai pu avoir accès aux arguments du ministère de l’Intérieur avant l’audience. Sur le plan juridique, l’État se basait sur l’article L224-1 du code de la sécurité intérieure pour tenter de l’appliquer à ma situation. L’article concerne pourtant « les déplacements ayant pour objet la participation à des activités terroristes ou des déplacements à l’étranger sur un théâtre d’opérations de groupements terroristes ». Pour distorde le sens de cet article, et l’appliquer à ma situation, le YPG était qualifié « d’émanation d’un groupe terroriste » alors qu’il n’est pourtant pas considéré comme tel par la France, ni par aucun autre pays du monde (Turquie mise à part). Devant cette évidence, le second argument du ministère était de considérer le Nord-Ouest syrien dans son ensemble comme « un théâtre d’opérations de groupements terroristes » puisque l’État islamique y était actif. Suivant cette logique, que l’on aille en Syrie pour rejoindre l’État islamique ou le combattre, cela ne fait aucune différence aux yeux de l’administration. Le troisième et principal pilier de l’accusation était mes opinions politiques et mon appartenance à « l’ultra-gauche révolutionnaire ». Le simple fait d’être communiste et de me rendre en Syrie pour défendre « la révolution marxiste du Rojava » ferait donc de moi une menace. N’ayant trouvé aucune preuve de mon appartenance à une organisation violente en France et en dépit de mon casier judiciaire vierge, cela suffisait à l’État pour me considérer comme un terroriste potentiel. Comme l’a révélé le dossier d’enquête, même en ayant fouillé mon compte sur un réseau social, épluché mes courriers électroniques, écouté mes conversations téléphoniques passées depuis la Syrie et interrogé « une source humaine » protégée par l’anonymat, la police n’a rien pu trouver de suffisamment significatif pour convaincre les juges de ma prétendue dangerosité. Pour justifier le manque de matière étayant son dossier, le ministère a invoqué de mystérieux documents ne pouvant être communiqués au tribunal car étant « protégés par le secret de la défense nationale » et les non moins énigmatiques « techniques de dissimulation » que je mettrais en œuvre pour cacher mes véritables intentions. Ces allégations étaient tellement grossières et déconnectées de toute réalité que mon avocat a soupçonné les auteurs du dossier d’avoir repris tels quels certains passages figurant dans des documents ayant précédemment servi à incriminer des djihadistes. Devant cet absolu vide argumentaire, il apparaissait clairement que cette accusation était d’ordre politique, et relevait bien plus du délit d’opinion que de la sureté de l’État. Comme j’étais l’un des premiers français politisés à m’être rendu sur place, la police a voulu faire un exemple en me retirant mes papiers d’identité et adresser un message de fermeté à tous les communistes et anarchistes souhaitant se rendre au Rojava. Après une audience rapide, à laquelle le ministère de l’Intérieur n’a envoyé aucun représentant, le tribunal a cassé logiquement l’arrêté me concernant, en l’absence de preuve de ma dangerosité et pour la simple raison que le YPG ne peut être considéré comme une organisation terroriste.
 
Avant l’écriture de cet article de Mediapart, j’ai proposé à leur journaliste d’avoir accès à ce jugement, ce qu’il a refusé. Le fait qu’un dangereux « revenant d’ultra-gauche » ait été blanchi par la justice ne rentrait visiblement pas dans la narration anxiogène qu’il s’apprêtait à écrire.
 
L’un des auteurs de l’article se complaît dans l’idée que « l’inexpérience militaire des recrues françaises, (…) conduisait la direction des milices kurdes YPG (…) à les affecter en priorité à des travaux d’aménagement et de terrassement, ». Cette affirmation est parfaitement fausse. Les volontaires occidentaux du YPG (dont une vingtaine de Français) participèrent activement à toutes les offensives contre les djihadistes. À chacune de ses offensives, des combattants internationalistes étaient tués, d’autres mutilés, certains quelques semaines après leur arrivée au Rojava. 40 de nos camarades européens ou américains (dont trois Français) sont tombés au front, des dizaines d’autres ont été gravement blessés et beaucoup souffrent encore des blessures invisibles qu’ils ont récoltées sur le champ de bataille. Pendant que nous luttions pour libérer les territoires occupés par Daech, les agents de la DGSI nous espionnaient par le trou de la serrure, surveillaient nos conversations, nos fréquentations et, dans certains cas, exerçaient des pressions sur notre entourage. L’officier cité dans l’article, qui a passé « sa carrière à surveiller l’ultra-gauche », et qui nous décrit ironiquement comme tout juste capables de « crever des pneus de Vélib’ » devrait se souvenir que chacun d’entre nous à bien plus contribué à la lutte contre les djihadistes et à la sécurité du monde que lui dans toute sa carrière. Alors qu’il a passé sa vie derrière un bureau, à jouer les espions par écran interposé, nous étions en première ligne contre les commanditaires des attentats de Paris et de Nice.
 
Pour combattre Daech, il nous fallait évidemment une « formation militaire » dont la DGSI semble avoir si peur. Le but de cette formation était de nous préparer aux combats impitoyables qui allaient suivre, pas de nous entraîner à commettre de quelconques « attaques contre les forces de l’ordre françaises » qui sont le cadet de nos soucis.
 
Je connais personnellement la quasi-totalité des anciens volontaires français du YPG. Quand je les regarde aujourd’hui, je vois des hommes qui reprennent le fil de leur vie, qui ont à cœur de défendre les idées qui sont les leurs par un travail politique et non par de prétendues « cellules pré-terroristes » qui n’existent que dans l’esprit d’agents du renseignement accros aux conspirations et de journalistes avides d’histoires visant à susciter la peur. Cet article insultant, plein d’insinuations et de rumeurs, a tout l’air d’une commande de la DGSI aux journalistes de Mediapart. Ces derniers sont visiblement prêts à tout pour rendre service à leurs sources au sein de cette agence de renseignement. Les intérêts des journalistes et des policiers convergent lorsqu’il s’agit de nous caricaturer et de nous calomnier. Cette entreprise de dénigrement vise à discréditer les objectifs pour lesquels nous nous sommes battus : construire un futur basé sur une véritable démocratie et sur le partage des richesses. Ces idées, qui sont au cœur de la révolution du Rojava, sont aussi réclamées de plus en plus ardemment par les Français. C’est cela qui inquiète le pouvoir. Ils ne veulent pas que ce qu’ils appellent notre « radicalité » se répande en France. Ils craignent plus que tout au monde que se diffuse ce « virus » qui crée les révolutionnaires : le fait d’accepter de risquer sa vie pour un avenir meilleur. »

André Hébert a publié son livre « Jusqu’à Raqqa » qui parle de la lutte anti-Daesh qu’il a mené aux côtés des Kurdes.

Des mercenaires soutenus par la Turquie ont enlevé 10 autres Kurdes à Afrin

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L’Etat turc occupant et ses alliés mercenaires ont enlevé 10 autres civils à Afrin.
 
SYRIE / ROJAVA – AFRIN – Les attaques inhumaines de l’Etat turc et de ses alliés mercenaires contre les Kurdes d’Afrin se poursuivent.
 
Selon des sources locales, dix civils, dont une femme, auraient été enlevés dans le village de Ciwêq, à Afrin.
 
Les noms des civils enlevés sont : Mihemed Qasim, Nîhad Xerîb, Bekir Wehîd, Ebdo Subhîsa, Idrîs Reşîd Ereb, Yehya Hisên Reşîd, Fethî Emara, Mihemed Hec Mehmûd, Henîf et Mewlîda.
 
Aucune information n’était disponible sur le sort des civils kidnappés.
 

Les camps kurdes de Lavrio sont en danger

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Le militant français et ami des Kurdes, Jacques Leleu tire la sonnette d’alarme concernant deux camps de réfugiés kurdes de Lavrio menacés de fermeture par le gouvernement grec. 
 
Voici son cri indigné devant ce drame qui a lieu au cœur d’un Etat européen :  
 
« Les camps kurdes de Lavrio, en Grèce, ne survivent que grâce à la solidarité internationale. Ils sont abandonnés par l’Europe.
 
Nous avons donc réalisé notre 36ème livraisons de nourriture et matériel avec l’association kurde Roja Sor.
 
Un bébé vient de naître dans le camp. Il a trois jours. Sa vie commence dans un camp de réfugiés. Les enfants ont peu d’occasions de s’amuser. Nous organisons un atelier de dessin.
 
Les deux camps de Lavrio sont en danger.
 
En effet, le président( Erdogan) islamiste de Turquie, meilleur soutien de DAESH a lancé une campagne de dénonciation des deux camps de réfugiés kurdes. Fin juillet une télévision turque a détourné des images d’un de nos reportages sur les camps. Dans ce document la télévision turque dénonce un camp de terroristes (350 terroristes sur 400 habitants) . Le journaliste turc parle de camp d’entraînement armé pour les femmes combattantes. Dans son empressement a filmer le camp de terroristes le journaliste ne s’aperçoit pas qu’il filme en même temps le commissariat de police qui se situe dans le même bâtiment que le camp kurde. Comment imaginer que la police et le gouvernement grec acceptent qu’un camp d’entraînement militaire kurde de se situe dans les même locaux que la police ? Erdogan et sa bande de “chiens de garde” de la télévision sont tellement promptes à monter une manipulation qu’ils s’auto- discréditent.
 
Malheureusement le nouveau gouvernement grec annonce déjà qu’il veut fermer les camps de réfugiés y compris ceux de Lavrio.
 
Les deux camps kurdes de Lavrio sont donc en danger.
 
Nous ne devons pas avoir la mémoire courte. Les combattants kurdes de Syrie et de Turquie ont été utiles lorsqu’il s’agissait d’ éradiquer DAESH. Des milliers d’entre eux ont donné leur vie. Par leur sacrifice ils nous ont protégé des potentiels attentats perpétrés par DAESH en Europe et plus particulièrement en France.
 
Vous aussi vous pouvez soutenir les kurdes de Lavrio. Les Kurdes n’ont pas besoin de discours de soutien. Ils ont besoin d’actes concrets de solidarité. Agissez.
 
La solidarité est l’arme du peuple. »
 
Jacques Leleu

L’une des combattantes de Kobanê : Se battre avec d’autres êtres est une triste histoire

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Dès que le soleil fait son apparition dans le ciel, elles sont éveillées, et s’il est derrière les montagnes de Kobanê, elles sont encore plus éveillées. Le temps s’arrête pour elles lorsqu’elles doivent nettoyer le ciel de leur pays du drapeau noir de DAECH, tout comme enlever la saleté de la vaisselle dans la cuisine, comme enlever les fientes d’oiseaux des vitres. Ces femmes n’ont pas de nom, leur nombre est inconnu, et il n’y a pas eu de micro pour leur donner l’occasion de parler d’elles-mêmes, mais Kobanê respire grâce à leur présence.
 
Evindar Botan s’abstient de dire son âge, mais une femme d’environ 25 ans sourit à la mort et à la vie simultanément sous la poussière de fatigue des 50 jours de résistance de Kobanê 24 heures sur 24. L’interview est courte et la déconnexion de l’ordre des mots est inévitable en raison du bruit des bombes et des balles. Botan, comme d’autres membres de la guérilla (Parti des Femmes Libres du Kurdistan – PAJK), branche féminine du PKK, ne peut pas dire son nom de naissance. Si vous les appelez « Peshmerga », elles s’énervent et se demandent pourquoi les médias ne font toujours pas la différence entre ceux qui combattent à Kobanê et les Peshmerga kurdes. Ses réponses sont accompagnées de pauses et de réflexions pour ne révéler aucune information militaire. Botan est originaire d’Adana, en Turquie, et maintenant elle se bat loin de la famille, avec les combattantes à Kobanê. Le soleil de Kobanê n’est toujours pas couché et le temps est arrêté à la victoire de la guérilla.
 
Pourquoi avez-vous décidé d’aller à Kobanê, pourquoi les femmes de Kobanê ont-elles décidé de se défendre au lieu de s’enfuir ?
 
Je voulais contribuer à la défense de Kobanê, la résistance de Kobanê et la force de son peuple m’ont vraiment touché, DAESH est une force inhumaine qui a attaqué la ville avec toutes ses forces. L’effondrement de Kobanê a coïncidé avec celui de l’humanité et de nos valeurs nationales. J’aurais dû venir, seule cette présence aurait pu me satisfaire.
 
Avez-vous été entraîné à utiliser les armes et à participer à des activités militaires l’ou avez-vous appris pendant la guerre ?
 
J’avais auparavant rejoint la lutte du peuple kurde en Turquie. J’ai suivi un cours dans les montagnes de Qandil pendant quatre mois, mais comme les conditions à Kobanê sont différentes et que ce n’est pas une région montagneuse. Je me suis de nouveau entraînée un mois avant de venir ici, cette formation comprenait l’introduction des armes et l’utilisation des différentes armes. Nous avions aussi des classes idéologiques qui visaient à renforcer le moral et la reconnaissance des réflexions des commandants mais l’entraînement militaire et la préparation de la ligne de front sont deux choses complètement différentes. C’est ici que nous avons vraiment vu l’ennemi.
 
N’avez-vous pas subi de fortes pressions en tant que femme pour mener des activités militaires ?
 
Oui, c’est difficile mais il y a quelque chose qu’on appelle le but et la foi en lui qui facilite toutes ces difficultés, aucun obstacle, même les blessures graves (Evindar Botan a été blessé lors d’un combat armé) ne vous empêche d’avancer sur cette route.
 
Y a-t-il une différence entre les hommes et les femmes sur le champ de bataille, d’après les expériences que vous avez acquises pendant les mois de la guerre ?
 
Tout est basé sur la confiance en soi et le renforcement de la volonté. Il n’y a pas de différence entre les femmes et les hommes. Nous, les femmes, nous nous sommes battues contre DAESH comme des hommes. Vous pouvez le constater dans les régions les plus sensibles et en première ligne de la guerre. Ces perceptions traditionnelles au sujet des femmes ici sur les fronts, en première ligne, sont volées en éclat.
 
Avez-vous déjà imaginé qu’un jour, vous aurez une arme et défendrez la ville ?
 
(Rires) Dans mon enfance, je disais à ma mère que je rejoindrais un jour la guérilla, ma mère disait que ce n’était pas « un travail de fille ». Nous vivions dans une société où les filles étaient enfermées dans la cuisine et le rêve d’épouser un homme qui leur fournit de la nourriture était leur ambition ultime. Nous devons changer cette mentalité, notre présence effective en première ligne le prouve.
 
Cette guerre est-elle le sort du peuple de Kobanê ou celui que d’autres ont fait pour vous ?
 
Non, pas du tout. Ce n’est pas le destin de notre peuple. Les superpuissances craignent la présence de forces populaires en quête d’égalité au Moyen-Orient. DAESH n’était pas une force ; des pays puissants l’ont soutenue.
 
Pourquoi y a-t-il plus de nouvelles et d’informations sur les femmes combattantes à Kobanê de nos jours ? Les hommes de cette ville ne vous accompagnent-ils pas en défense ?
 
Certainement, c’est le cas. La participation généralisée et effective des femmes à des rôles que la société n’a pas définis pour elles est attrayante, en particulier au Moyen-Orient, où la présence des femmes dans les problèmes graves est très rare. Même dans le monde entier, ce nombre de présence consciente des femmes est sans précédent. Ces femmes ont arrêté les progrès de DAESH. DAESH a facilement capturé un tiers du territoire de l’Irak et de la Syrie mais n’a pas pu vaincre les femmes. Notre révolution, c’est aussi la révolution des femmes. Pas un pas en arrière, pas un pas en avant des hommes. Epaule contre épaule.
 
Quel est le groupe d’âge des femmes de la guérilla à Kobanê ? Comment vivent-elles ?
 
De tous les âges, de plus de dix-huit à trente ans. La chose la plus importante pour laquelle nous luttons est la défense de la pensée humaine et les efforts pour améliorer les droits des femmes. Cette situation n’est pas souhaitable pour les humains, et en particulier pour les femmes, et changer cette situation est la voie que nous avons choisie avec tous les dangers qu’elle comporte.
 
Quand l’une des femmes de la guérilla a commis un attentat-suicide à Kobanê, comment cela a-t-il affecté votre humeur et celle des autres femmes qui combattent dans cette ville ?
 
(Elle est attristée d’entendre le mot d’attentat suicide et insiste sur le fait qu’il s’agit d’un sacrifice personnel) Les loups sont venus dans la religion et ils détruisent leurs semblables de la manière la plus brutale qui soit. Nous devons nous battre de toutes nos forces. Celles comme la martyre Arian Mirkan. Mirkan s’est consacrée à la liberté avec tout son courage. Elle a eu un grand impact sur le processus de combat et nous a tous touchés. Il y a beaucoup de gens comme elle.
 
Que pensez-vous de l’attentat-suicide ? Pourriez-vous être dans une situation où il n’y a pas d’autre solution que de faire cela ? Qu’allez-vous faire alors ?
 
Nous voulons vivre. Mais s’il n’y a pas d’autre solution ? Il a empêché l’effondrement des villes et de nombreux autres massacres. Oui, je vais certainement le faire.
 
Jusqu’à Kobanê, le thème principal de la guerre a toujours été celui des hommes et des femmes qui n’étaient sous pression que du côté de la guerre. Aujourd’hui, la tendance s’inverse à Kobanê. Dans une telle situation, comment communiquez-vous avec votre famille et comment jouez-vous le rôle d’une mère, d’une conjointe et d’une fille ?
 
Celles qui rejoignent les Unités de Protection de la Femme (YPJ), avec ce choix, n’ont pas le droit de se marier et de vivre sous l’autorité des décisions des hommes. Tant que ces inégalités existeront et que ces rôles (sœur, mère, fille, épouse) auront les mêmes responsabilités qu’auparavant, ce sera pratiquement impossible. Je suis aussi un être humain et je pense à ma famille, mais les conditions de la guerre exigent que j’aie une interaction très limitée avec eux. Notre objectif est de restaurer la dignité humaine et de promouvoir le rôle et les droits des femmes.
 
Avez-vous déjà été en contact étroit avec un membre de DAESH ? Comment les voyez-vous ? Pourquoi pensez-vous que la bataille avec eux à Kobanê est devenue si globale ?
 
Oui, j’ai vu. Comment expliquer ! Eh bien, ils sont humains aussi. Ils veulent vous intimider en répandant des images telles que couper des têtes humaines, ils se montrent de telle manière qu’ils créent des peurs dans le cœur des gens afin de les faire taire. Kobanê est un point qui leur dit qu’ils sont en fait très faibles, et avec ce truc, ils ne peuvent rien faire. Kobanê l’a prouvé au monde, son importance doit être considérée dans cette perspective.
 
Avant cela, que signifiait la guerre dans votre esprit, et quelle est votre vision de la guerre aujourd’hui ?
 
Ce concept m’a toujours accompagné. Dès l’enfance, j’ai voulu faire de la terre un endroit plus juste avec mon fusil. Mais avec la participation à la guerre, beaucoup d’autres réalités sont devenues évidentes pour moi. Se battre avec d’autres êtres est une triste histoire, mais il n’y a pas d’autre moyen. Je me connaissais à la guerre. L’homme se connaît vraiment dans la guerre et évalue ses forces et ses pouvoirs.
 
*Cette interview a été réalisée en novembre 2014, pendant la guerre intense contre DAESH à Kobanê, en Syrie. Evindar Botan a été tuée le 04 juillet 2015, 8 mois après l’interview, près de Kobanê. Sur son site, les YPJ ont déclaré que, d’après les informations formelles des YPJ, son nom de naissance était Zeynep TEKÎN.
 
Interview réalisée par Zanyar Omrani

Rassemblement d’Istanbul pour la paix : nous défendrons la démocratie et la paix ensemble

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TURQUIE – ISTANBUL – Des milliers de personnes ont participé au rassemblement de la Journée mondiale de la paix organisé par les forces travaillistes, pacifiques et démocrates à Istanbul.
 
« Nous mènerons une lutte plus acharnée pour la démocratie contre le règne d’un seul homme. Nous récupérerons nos voix, notre volonté, notre coexistence et notre fraternité. Nous sommes à Amed, à Van, à Mardin et à Çanakkale. »
 
Le rassemblement sur la place Kartal est organisé sous le slogan «La paix contre la guerre»«La volonté du peuple contre les administrateurs», en signe de protestation contre la prise par le régime de l’AKP trois municipalités kurdes gérées par le HDP à Diyarbakır, Mardin et Van.
 
Des députés du Parti démocratique des peuples (HDP) et du Parti républicain du peuple (CHP) ainsi que des représentants de nombreux partis et organisations de la société civile, ainsi que des mères du samedi et des mères kurdes pour la paix ont assisté au rassemblement. Le rassemblement a pris place sous le blocus de la police dès les premières heures de la matinée.
 
Les slogans scandés par la foule étaient les suivants: «Nous défendrons la démocratie et la paix ensemble», «La paix contre la guerre, solidarité populaire contre les administrateurs», «Épaule contre épaule contre les administrateurs entre Istanbul et Mardin», «Le peuple d’Amed n’est pas seul». Les femmes ont également protesté contre les féminicides et la maltraitance d’enfants.
 
Certains des politiciens qui ont rejoint le rassemblement sont : Les députés HDP Saruhan Ulaç, Fatma Kurtulan, Hüda Kaya, Züleyha Gülüm, Zeynel Özel, députés CHP Mahmut Oral, Sezgin Tanrıkulu, Ali Şeker, Halk Evleri (Maisons du peuple), coprésident Nuri Günay, Canan Kaftancıoğlu, responsable du CHP à Istanbul, Ali İhsan Dinçer, président de la Fédération des syndicats d’Amed, Ekrem Baran, président du Congrès islamique démocratique, ainsi que de nombreux artistes et représentants de plusieurs institutions et établissements.
 
Le discours d’ouverture prononcé par le comité organisateur de la Journée mondiale de la paix, le 1er septembre, indiquait que le gouvernement de l’AKP-MHP touchait à sa fin et tentait de prolonger sa vie par le biais de la répression, de l’interdiction et de la politique de guerre.
 
Le comité a déclaré : «Nous mènerons une lutte plus forte pour la démocratie contre la règle d’un seul homme. Nous réclamerons nos votes, notre volonté, notre coexistence et notre fraternité. Nous sommes à Amed, à Van, à Mardin et à Çanakkale. Une paix non construite par les peuples n’est pas la paix. Nous méritons et réaliserons la paix. »
 
Un message envoyé par le co-maire de Mardin, Ahmet Türk, a été lu après le discours d’ouverture. Le message de l’homme politique kurde a déclaré : « Nous savons tous que la paix, la justice et l’égalité viendront un jour. Nous organiserons la paix contre la guerre dans notre pays et dans la région. »
 
La déclaration commune de toutes les institutions a été lue par la présidente de la TİHV (Fondation turque pour les droits de l’Homme) Sebnem Korur Fincancı et l’artiste Orhan Alkaya :
 
« La paix est une nécessité pour défendre notre travail et notre démocratie. Les politiques bellicistes et expansionnistes mises en œuvre par le gouvernement AKP d’Erdoğan dans un souci de «sécurité nationale» ont transformé notre pays en une partie de la guerre de partage entre les impérialistes en Syrie, en Méditerranée orientale et dans l’ensemble du Moyen-Orient. Prétendant que la sécurité nationale est une question de survie, le gouvernement de l’AKP-Erdoğan voit les réalisations du peuple kurde en Syrie et dans la région comme une menace, poursuit des politiques nationalistes, pro-guerre (…). Confronté à une impasse économique et politique, le gouvernement met en œuvre la politique de guerre et de conflit comme un moyen indispensable de maintenir le régime d’un seul homme. »
 
La déclaration a également souligné les taux croissants de chômage, de licenciements, de féminicides, de destruction de la nature et de répression contre la société et l’opposition alors que le régime à un seul homme de l’AKP est axé sur la guerre.
 
Se référant à la saisie des municipalités du HDP à Amed, Van et Mardin, la déclaration commune a souligné que l’attaque contre la volonté du peuple et la politique démocratique faisait partie de la politique du régime de l’AKP qui ne reconnaît pas les lois et la justice.
 
La déclaration soulignait que l’AKP se vengeait des Kurdes qui n’avaient pas voté pour le régime d’un seul homme, et tentait maintenant de récupérer les municipalités qu’il a perdues lors des élections.
 
« Nous savons que ce qui a été fait à Diyarbakır, Mardin et Van est une attaque contre la volonté et les droits de chacun d’entre nous. La politique consistant à saisir la volonté du peuple sert à légitimer le régime actuel. »
 
Soulignant l’importance d’une lutte multiforme de toutes les couches de la société contre le régime d’un seul homme, la déclaration a promis de renforcer encore le combat pour la démocratie contre le régime d’un seul homme.