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Pervin Çakar et Mizgin Tahir, deux voix féminines kurdes d’opéra

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Les sopranos Pervin Çakar et Mizgin Tahir sont deux des rares voix kurdes d’opéra ayant une renommée mondiale. Dans une interview accordée au Rudaw en 2018, Mizgin Tahir déclarait pourtant que c’est le dengbejî* (conte populaire kurde) qui avait donné naissance à l’opéra. Alors comment expliquer le fait qu’il y a si peu de Kurdes chanteurs d’opéra? La raison est, comme le disait si justement Mizgin Tahir, que la culture, la musique, la langue kurde sont opprimées depuis plus d’un siècle. Les Kurdes mènent une lutte acharnée pour faire vivre leurs cultures face aux États colonialistes turc, iranien, syrien et irakien qui veulent en finir avec les Kurdes. Dans ces conditions, on ne peut avoir beaucoup de musiciens kurdes d’opéra, on a même du mal à parler notre propre langue, à cause de tous ces interdits !    
 
Tandis que Pervin Çakar chante surtout des opéras « classiques », Mizgin Tahir adapte des chants traditionnels kurdes du monde dengbej à l’opéra. Elle a également interprété Les Noces de Figaro de Mozart qu’elle a traduit en kurde sous le titre de Guhestina Figaro
 
Pervin Çakar et Mizgin Tahir œuvrent toutes les deux à faire connaitre la musique kurde sur la scène internationale tout en essayant de soutenir de jeunes talents kurdes malgré des moyens limités.
 
Qui est Mizgîn Tahir ?
 
Mizgîn Tahir, née en 1976, est originaire de Serêkaniyê. En 2005, elle est diplômée du Conservatoire de l’Université de Damas. Cinq ans plus tard, elle se rend à Amed (Diyarbakir) au Kurdistan du Nord, où elle enseigne le chant à l’Académie Cegerxwîn et plus tard, avec le soutien de l’administration municipale d’Êlih (Batman), crée l’orchestre Heskîf (orchestre Hasankeyf). Elle a perdu son emploi avec le remplacement du maire kurde du DBP (Parti des régions démocratiques) à Payas (Kayapınar) par un administrateur du régime turc en 2018. Elle est ensuite retournée au Rojava.
 
Après l’occupation de sa ville natale de Serêkaniyê par la Turquie et ses alliés djihadistes, la maison de Mizgîn Tahir a été incendiée. De nombreux ouvrages de valeur ainsi que la grande bibliothèque privée de la famille ont été détruits par l’incendie. Le quartier dans lequel se trouvait la maison est désormais contrôlé par les gangs islamistes de la Brigade Sultan Murad et de Furqat al-Hamza.
 
Mizgin Tahir est mariée au cinéaste Teymour Evdikê. D’autres membres de la famille de Tahir sont actifs dans les domaines musical et littéraire.

Qui est Pervin Çakar ?

 
Pervin Çakar (ou Chakar), née à Mardin en 1981, a étudié le chant à l’université de Gazi et poursuivi ses études musicales en Italie. Aujourd’hui, Çakar vit en Allemagne et poursuit sa carrière sur la scène d’opéras. La musicienne kurde a participé à de plusieurs concours internationaux où elle a reçu de nombreux prix.

Qu’est-ce que le Dengbejî ?
 
La culture dengbej (conte) occupe une place importante dans l’histoire kurde. Les dengbêj, qui ont voulu protéger leur culture et leur langue tout au long de l’histoire, ont apporté cet art jusqu’à aujourd’hui.
 
Dengbêj est un mot composé, deng signifie « voix » et « bêj » signifie « dire ». Il définit une personne qui permet de dire le mot harmonieusement. Les Dengbêj parcourent le pays et gagnent leur vie en chantant des histoires épiques et des contes. Les dengbêj sont en quelque sorte des historiens et sont les plus grands représentants de la culture orale.
 
Dans les sociétés kurdes, les dengbêj racontent leur langue, leur histoire, leur douleur, leur désir, leur joie, leur amour… Şakiro, Evdalê Zeynikê et Kerepatê Xeco sont parmi les plus grands dengbejs kurdes qui ont protégé et transmis la culture kurde avec dignité.
 
Les dengbej qui apprennent par cœur des milliers de légendes, d’histoires et de chants de deuil, d’amour sont une grande source de littérature, servant de référence pour les traditions orales kurdes.
 

Exécutions, arrestations… l’Iran resserre la vis autour des Kurdes

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IRAN / ROJHILAT – Avec l’exécution du prisonnier politique Heydar Ghorbani, 47 ans, par le régime iranien le 19 décembre dernier, les Kurdes du Rojhilat (Kurdistan d’ « Iran ») ont fait brièvement la une des actualités sur la scène internationale. Pourtant, les Kurdes d’Iran ne sont pas à bout de leurs souffrances car le Président iranien Ebrahim Raïssi a resserré la vis autour des Kurdes qui étaient déjà victimes d’acharnements de toutes sortes: arrestations, exécutions, menaces, pauvreté imposée… Il faut croire que toutes ces cruautés n’étaient pas suffisantes pour faire plier la volonté des Kurdes du Rojhilat. Raïssi vient d’en rajouter une couche avec les dizaines d’exécutions – de Kurdes, Arabes, Baloutches… – qui ont eu lieu ces dernières semaines.
 
En une semaine on a assisté à l’exécution d’Heydar Ghorbani et à la disparition forcée de Kazhal Nasri, une jeune activiste kurde, par les mollahs sanguinaires iraniens, la journaliste Fréderike Geerdink explique pourquoi les Kurdes en Iran, avec le nouveau président iranien, sont confrontés à une répression encore plus dure.
 

Un Kurde, Heydar Ghorbani, a été pendu en Iran ce week-end, et une femme kurde, Kazhal Nasri, a disparue de force. En raison de la brutalité générale du régime iranien, l’identité kurde des victimes est souvent mentionnée simplement comme un fait géographique (« dans la province du Kurdistan ») ou ne peut être discernée qu’à travers le « crime » qu’il a commis (« actif au sein du Parti Démocratique du Kurdistan – Iran »). Souvent, aucune référence à l’identité ethnique des victimes n’est faite. Cela doit changer. Que le régime de Téhéran soit brutal envers tous ne doit pas occulter le fait que la population kurde du pays est l’un des groupes qui souffre le plus.

Les images de membres désespérés de la famille de Heydar Ghorbani, pleurant sur leur fils et leur frère, étaient déchirantes. Ce n’est pas, comme toujours avec les communautés opprimées, le premier drame familial : le père d’Heydar; Ali Ghorbani a été assassiné par le régime en 1981.

Les Kurdes avaient soutenu la révolution, mais au début des années 1980, il était déjà clair que leur soutien ne leur rapportait absolument rien et que les nouveaux dirigeants ne leur accorderaient aucune liberté. Heydar Ghorbani était actif au sein du Parti démocratique du Kurdistan Iran, qui s’est divisé depuis mais reste présent dans les montagnes du Kurdistan en Irak et a toujours des soutiens parmi la population de Rojhilat (Kurdistan en Iran).

Kazhal Nasri est une activiste de droits humaines et écologiste et de 26 ans. Elle avait déjà été convoquée par les services secrets iraniens ce printemps, et interrogée pendant plusieurs heures. Le 12 décembre, ils sont entrés dans sa maison sans mandat de perquisition, l’ont fouillé et l’ont arrêtée. Depuis, on n’a plus entendu parler d’elle et on ignore où elle se trouve actuellement.

Commerçants frontaliers

Des cas individuels font l’actualité, mais le contexte plus large est souvent omis. C’est également vrai lorsqu’il y a des nouvelles sur les « kolbars », les commerçants frontaliers kurdes qui font passer des marchandises en contrebande à la frontière avec la Turquie. Ils se font tirer dessus par les gardes-frontières turcs et iraniens et ne survivent souvent pas.

Le contexte plus large n’est pas seulement que leurs régions sont économiquement défavorisées, mais aussi que leurs terres sont divisées par des frontières en premier lieu – le commerce avec littéralement leurs proches est devenu un crime à cause des frontières qui ne signifient rien pour la communauté kurde.

Les manifestations nationales des enseignants de la semaine dernière ont également un angle kurde: il y a eu des manifestations d’enseignants depuis des années, et entre 2014 et 2019, plusieurs enseignants ont été arrêtés et poursuivis, quatre d’entre eux ont été condamnés à mort et trois (d’origine kurde et arabe) ont été exécutés.

Les manifestations ne concernent pas seulement les salaires : les manifestants demandent également la libération des dirigeants syndicaux emprisonnés et la fin de la discrimination ethnique et religieuse au sein du système éducatif. C’est bien sûr là qu’interviennent les Kurdes et les Arabes : ce sont des minorités et ont désespérément besoin d’une éducation adaptée à leurs enfants et étudiants, mais aussi les plus susceptibles de payer le prix le plus élevé pour manifester en raison de leur position marginalisée.

Baloutches et Kurdes

Les Kurdes et les Arabes sont cependant dans une position différente en Iran. Les Kurdes sont plus comparables aux citoyens baloutches, dans le sens où ils sont une minorité ethnique mais aussi religieuse : les Baloutches et les Kurdes sont (majoritairement) des musulmans sunnites, tandis que le régime iranien est bien sûr chiite. Les Arabes sont un peu plus proches du pouvoir : la plupart des Arabes en Iran sont chiites. Remarquez : mon intention n’est pas de créer une sorte de hiérarchie dans la souffrance, mais simplement d’expliquer les relations que l’État entretient avec les différents groupes ethniques et religieux de la société. Et vice versa, les relations que ces groupes minoritaires entretiennent avec l’État : tant sur le plan ethnique que religieux, les Kurdes et les Baloutches ont le moins de proximité avec le pouvoir.

Moins vous ressemblez au régime, plus il vous méfiera. Cette profonde méfiance a des répercussions horribles. Non seulement défendre vos droits culturels et religieux vous causera des ennuis potentiellement mortels, mais aussi si vous enfreignez la loi de manière non politique – comme lorsque vous volez, assassinez, violez – vous êtes tenu d’être puni plus sévèrement lorsque vous êtes kurde. Les organisations de défense des droits humains ont abondamment documenté cela au cours des deux dernières décennies.

Fidélité absolue

Le magazine New Lines présente cette semaine une histoire perspicace sur le président iranien Ebrahim Raisi et sur la façon dont son arrivée au pouvoir en juin de cette année reflète l’histoire de l’État lui-même. Cela commence par une scène horrible dans laquelle une femme enceinte est torturée au début des années 1980, et avec un jeune homme dans un coin de la pièce qui regarde froidement – ​​cet homme était l’actuel président.

Sa loyauté absolue à la révolution islamique est une mauvaise nouvelle pour tout Iranien aspirant à la liberté. L’histoire du régime et de cet homme vous dit que les Kurdes en particulier vont connaître une course encore plus difficile dans les années à venir.

 

Fréderike Geerdink est une journaliste indépendante

 

TURQUIE. Les femmes kurdes emprisonnées à Diyarbakır torturées

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TURQUIE / BAKUR – Les femmes de la prison de Diyarbakir ont été torturées. Une prisonnière, incapable de supporter la torture, a tenté de se suicider. Les prisons turques sont devenues des centres de torture et de meurtre pour les dizaines de milliers de prisonniers kurdes.
 

Esma Dağlı, l’une des détenues de la prison fermée pour femmes de Diyarbakır, a tenté de se suicider en prenant des médicaments à cause de la torture subie. Dağlı, qui est restée avec son enfant dans la cellule, n’a pas pu supporter la torture et a tenté de se suicider. Lorsque les gardiens ont remarqué qu’elle avait pris des pilules, ils l’ont battue et l’ont forcée à vomir.

On a appris qu’une autre détenue, nommée Melike Cangi, souffrait de problèmes psychologiques et était constamment maintenue nue dans une cellule d’isolement par l’administration pénitentiaire.

 

KURDISTAN. « Ji Bo Azadiye » censuré au Festival international du film de Sulaymaniyah

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KURDISTAN – Hier, le film racontant la résistance kurde contre l’armée turque à Sur, « Ji Bo Azadiye », a été censuré par le Festival international du film de Sulaymaniyah pour ne pas froisser la Turquie. En réaction à la censure du film « Ji Bo Azadiye » (La Fin Sera Spectaculaire), la Commune du Film du Rojava a retiré son film « Blackberry Season », déclarant que le festival n’est pas une plate-forme d’art libre.
 
Cette année, le 5e Festival international du film de Slemani se déroule du 17 au 23 décembre dans la ville de Sulaymaniyah au Kurdistan d’Irak, projetant 143 films de 35 pays.
 
Le 19 décembre, la projection du film « Ji Bo Azadiye* », le premier long métrage de fiction réalisé par Ersin Çelik et la Commune du Film du Rojava a été annulée. En réponse, la Commune a également retiré son deuxième film « Blackberry Season ».
 
La Commune du Film du Rojava a déclaré que: « Notre film « Ji Bo Azadiye » et le film « Blackberry Season », que nous avons coproduit, ont participé au festival suite à la demande du festival lui-même. Après le début du festival, et le 18 décembre 2021, soit le jour de la projection du film, et quelques heures seulement avant la projection ; le conseil d’administration a indiqué que « puisque le film est une production de 2019, il sera retiré de la compétition dans cette catégorie et il ne peut pas être projeté aujourd’hui ». Cela a été dit verbalement à nos amis qui participent au festival. »
 
Le docufilm intitulé « Ronak » a également été retiré du festival en réponse à l’interdiction de « Ji Bo Azadiyê ». Une déclaration publiée dimanche au nom du docufilm ‘Ronak’ a déclaré ce qui suit :
 
« Nous, employés de Ronak docufilm, avons décidé de retirer notre docufilm du 5e Festival international du film de Sulaymaniyah en réponse à l’interdiction du film ‘Ji Bo Azadiyê’. »
 
Le docufilm raconte l’histoire de Ronak Murad, né en 1965 à Tirpespiyê. Ronak Murad se rend à Alep pour faire des études universitaires et là, il apprend que la lutte du peuple kurde a commencé et rejoint la résistance de la guérilla. Pendant son temps de guérilla, il écrit 10 romans.
 
Le docufilm Ronak a été réalisé par Bawer Oğurlu au Rojava. Il devait être projeté hier au 5e Festival international du film de Sulaymaniyah. ANF
 
 
*Ce drame sanglant et explosif se déroule dans le cadre du siège de Sur en 2016, au cours duquel un petit groupe de résistants kurdes a tenu tête à l’armée et aux forces spéciales turques pour tenter de défendre leur quartier dans la ville de Diyarbakir. L’épisode meurtrier du conflit durera trois mois, la Turquie finissant par raser une grande partie du quartier historique.
 
Pour des raisons de sécurité, le réalisateur Ersin Celik et son équipe ont tourné « Ji bo Azadiyê » juste après la frontière, à Kobanê, la ville syrienne kurde qui a connu le siège meurtrier et destructeur de DAECH pendant six mois, fin 2014. Et c’est le matériel – y compris les véhicules blindés – laissé par DAECH qu’ils ont pu utiliser dans le film.

TURQUIE. Des fascistes turcs attaquent un adolescent kurde à coups de couteau et de bâton

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ANKARA – Un groupe de fascistes armés de couteaux et de bâtons ont blessé Volkan Temel, un jeune Kurde, dans le quartier Türközü d’Ankara. Ils l’ont également menacé de mort, disant que « Türközü sera la tombe des sales Kurdes. » C’est la deuxième attaque contre la famille Temel. La famille originaire de Sirnak habite ce quartier depuis des années.
 
« Sale Kurde, Türközü sera la tombe des Kurdes »
 
Parlant de l’attaque raciste, l’une des membres de la famille, Mizgin Temel, a déclaré que trois personnes avaient attaqué son frère Volkan en disant « Ici, c’est Türközü, ce sera la tombe des Kurdes. Sale Kurdes, nous ne voulons pas de vous ici. » Elle a ajouté qu’ils avaient attaqué son frère avec des couteaux et des bâtons.
 
Déclarant que les mêmes personnes ont tenté de les attaquer il y a environ un an, Temel a ajouté : « Nous sommes de Şırnak. Ils font des déclarations racistes contre nous depuis un an et ils veulent que nous partions d’ici. Ils nous attaquent en nous traitant de « sales Kurdes ». Mon frère n’a que 17 ans et alors qu’il quittait la maison samedi soir, ils l’ont attaqué. »
 
La police ignore la plainte de la famille
 
Déclarant que son frère avait des difficultés respiratoires après l’attaque, Temel a déclaré: « Il a subi de très graves blessures au visage. Il a du mal à respirer en ce moment. Nous sommes allés à l’hôpital, avons reçu un rapport d’agression et avons déposé une plainte. »
 
Temel a déclaré qu’aucune arrestation n’avait été effectuée contre les agresseurs et a expliqué ce qui s’était passé au poste de police : « Nous avons reçu notre rapport sur l’agression et nous sommes allés au poste de police pour déposer une plainte. Mais les agresseurs n’ont même pas été placés en garde à vue. La police nous dit : ‘Sortez d’ici, nous ne pouvons pas vous jeter en prison mais nous pouvons dresser un procès-verbal contre vous’. (…) »
 

Mort des réfugiés dans la Manche: Utopia 56 porte plainte pour homicide involontaire et omission de porter secours

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PARIS – Après la mort d’une trentaine de réfugiés, dont la majorité était des Kurdes, dans la Manche le 24 novembre, l’association d’aide aux réfugiés, Utopia 56 porte plainte pour homicide involontaire et omission de porter secours.
 
Le 24 novembre, 27 migrants, dont de nombreux Kurdes, qui tentaient de rejoindre l’Angleterre depuis la France sont morts lorsque leur bateau gonflable a coulé au large de Calais, dans le nord de la France. Un survivant raconte qu’avant de couler, les réfugiés avaient appelé les secours côté britannique et français, mais que les Anglais et les Français les avait dirigés chaque fois vers l’autre partie, disant qu’ils étaient dans les eaux territoriales de l’autre État, laissant mourir près d’une trentaine d’enfants, femmes, jeunes hommes en pleine mer…
 
L’un des deux survivants de la catastrophe de la Manche et un parent de deux des migrants ont accusé les garde-côtes britanniques d’avoir ignoré les appels répétés à l’aide des migrants en train de se noyer alors qu’ils se trouvaient dans les eaux britanniques.
 
Les familles des victimes ont saisi la justice au Royaume-Uni tandis que l’ONG Utopia 56 a saisi le parquet de Paris pour homicide involontaire et omission de porter secours.
 
Utopia 56 a annoncé par un communiqué avoir porté plainte dans l’affaire du naufrage d’un bateau de réfugiés entre le Royaume-Uni et la France:
 

Suite au naufrage d’une embarcation le 24 novembre 2021 au large de Calais ayant causé la mort d’au moins 27 personnes, Utopia 56 dépose plainte pour homicide involontaire et omission de porter secours auprès de la procureure du Tribunal judiciaire de Paris. Contre :

  • Monsieur Philippe DUTRIEUX, Préfet maritime de la Manche et de la Mer du Nord
  • Monsieur Marc BONNAFOUS, directeur du CROSS GRIS NEZ
  • Madame Claire HUGHES, directrice de Her Majesty’s Coastguards
  • X
  • Ainsi que contre toute autre auteur, co-auteur ou complice que l’enquête viendrait à déterminer. 

Selon les témoignages des deux personnes rescapées, de proches de personnes décédées et de personnes ayant réussi la traversée le même jour, des appels de détresse auraient été portés aux services de secours français et anglais avant la découverte des corps par un bateau de pêche. Aucun secours ne leur aurait été immédiatement apporté. Selon une source judiciaire, l’enquête en cours,  dont est saisie la Junalco (Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée) aurait d’ores et déjà permis de confirmer l’existence de ces appels.

« Comment ces pays ayant humanité, morale et droits humains n’ont rien fait pour sauver la vie de 33 personnes. » s’interroge Saman, frère de l’une des personnes décédées.

Cette situation d’appels au secours restés sans réponse était déjà survenue le 20 novembre 2021 à 9 h 23. Ce matin-là, l’équipe d’astreinte d’Utopia 56 a reçu un appel de détresse depuis une embarcation à la dérive. Dans l’un des messages vocaux envoyés depuis l’embarcation, une personne exilée nous disait : « Par exemple si j’appelle le 999, ils disent appelez la France et quand on appelle la France ils nous disent de contacter le Royaume-Uni. Les deux se moquent de nous. »

« En tant que citoyens, et alors que certains fondements sont constamment bafoués par l’État et ses institutions, le droit reste notre seul rempart face à ces pratiques illégales et maltraitantes organisées envers les personnes en situation d’exil. » Charlotte Kwantes, coordinatrice nationale d’Utopia 56.

Alors que les autorités du Royaume-Uni ne semblent avoir ouvert aucune enquête suite à ce naufrage et que celle ouverte en France paraît se concentrer essentiellement sur le rôle des passeurs, Utopia 56 souhaite par le dépôt de sa plainte et des investigations qu’elle déclenchera que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce naufrage :

  • Les services de secours français et anglais ont été informés, comment se sont-ils organisés ?
  • Qui a pris les décisions et qui doit assumer les lacunes, les négligences et imprudences qui ont conduit à ce drame humain ?

La transparence et la vérité sont dues aux victimes et à leurs familles.

Il faut tirer les enseignements et conséquences y compris sur le plan pénal du naufrage du 24 novembre 2021 pour que, plus jamais, ces drames ne se reproduisent. 

Ce drame survient dans un contexte de répression systémique et de violation des droits fondamentaux :

  • Au Royaume-Uni, le Home office (Ministère de l’Intérieur anglais) cherche à rendre légale la pratique du refoulement, en dépit du droit maritime international et des droits humains (Le 13 septembre 2021, les images de la chaîne Sky News et de l’ONG Channel Rescue ont montré des garde-côtes anglais s’entrainant à repousser les embarcations en mer à l’aide de scooters des mers).
  • En France, la commission parlementaire sur les migrations relève que le budget investi par la France à la frontière est largement consacré à l’intervention policière (85%) plutôt qu’à l’aide humanitaire (15%).
  • L’avion de Frontex, agence européenne mise en cause pour une politique criminelle commis aux frontières intérieures et extérieures de l’Europe, intervient depuis fin novembre sur le Calaisis.
  • Les ministres Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti diffusent des contre-vérités et mensonges sur l’action de l’État et les conditions de vie des personnes exilées à la frontière.

Les politiques publiques françaises, le mensonge d’État, le déni de la vérité, contribuent quotidiennement à pousser les personnes en exil à fuir la France et à rejoindre le Royaume-Uni. Ainsi en 2021, plus de 30 000 personnes ont déjà rejoint les côtes anglaises, se tournant vers des réseaux illégaux faute de voies sûres et légales de passage.

« Un sac sur le dos, toutes et tous avaient une histoire à raconter, une histoire à construire. Les politiques menées aux frontières en ont décidé autrement », explique Nikolaï Posner, coordinateur de la communication Utopia 56.

KURDISTAN. Une jeune Kurde fait perpétuer la tradition de Deq (tatouage)

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AMED – Fatê Temel a ouvert un atelier de Deq (tatouage) pour enseigner cette tradition aux jeunes. Fatê Temel déclare que garder cette tradition ancestrale kurde vivante la rend heureuse.
 
Deq (tatouage) est une tradition kurde, plus répandue chez les femmes. Mais la pratique du deq a commencé à être oubliée. Aujourd’hui, on peut voir des deqs sur le visage ou le corps des femmes âgées. L’histoire de deq remonte à l’Antiquité. Chaque motif de deq a une signification différente. Fatê Temel, qui est née et a grandi dans le district de Derik de la province de Mardin, a ouvert un atelier à Amed (Diyarbakır) pour perpétuer la tradition de deq. Elle tatoue les personnes qui viennent dans son atelier. Elle ne dessine que la lune, le soleil, l’étoile et le peigne, des motifs de deq. Elle maintient à la fois la tradition deq vivante et donne des informations sur cette tradition à ceux qui ne connaissent rien au deq.
 

Lait maternel et cendres

Deq est un tatouage permanent. L’encre de deq est faite de lait maternel, en particulier de lait d’une mère allaitante qui a sevré un bébé fille qui est censé faire coller le tatouage de façon permanente, de la suie de tôle ou des cendres. L’application de Deq dans la peau se fait à l’aide d’aiguilles.

Fatê Temel est l’une des femmes qui pratiquent encore le deq. Lorsqu’elle a vu pour la première fois le deq sur le visage d’une vieille femme de son village, elle a décidé d’en apprendre davantage sur cette tradition et a commencé à la pratiquer sur son menton. Les gens du village lui ont demandé de pratiquer la deq sur leur corps et elle est rapidement devenue professionnelle dans la pratique de la deq.

« Chaque motif a un sens »

Une journaliste de JINHA a visité l’atelier de Fatê et écouté l’histoire et les motifs de deq. « Les origines de deq sont inconnues. Mais nous savons qu’il a commencé à être utilisé en Mésopotamie. Les motifs de deq ont été trouvés à Göbekli Tepe (un site archéologique néolithique près de la ville de Şanlıurfa dans le sud-est de l’Anatolie). Elle est plus fréquente chez les femmes kurdes mais est également observée chez les hommes. Les femmes utilisaient en fait le deq pour exprimer leurs sentiments. Les motifs de deq varient d’une tribu à l’autre. Certains motifs sont la lune, le soleil, l’étoile, le peigne et la gazelle. Dans le passé, les gens comprenaient à quelle tribu vous apparteniez quand ils voyaient votre deq », a-t-elle déclaré.

J’ai ouvert cet atelier pour perpétuer cette tradition

Déclarant que cette tradition est généralement pratiquée dans les provinces de Mardin, Şırnak, Urfa et Diyarbakır, Fatê Temel a déclaré que de nos jours, nous voyons deq principalement sur les corps des personnes âgées, les jeunes ne pratiquent pas cette tradition.  » J’ai fait mon premier deq sur mon corps. Ensuite, les gens m’ont demandé de faire du deq sur leur corps aussi. Après m’être professionnalisée, j’ai décidé d’ouvrir mon atelier pour perpétuer cette tradition. J’ai ouvert cet atelier il y a environ un mois. »

L’intérêt des gens me rend heureuse

Déclarant que beaucoup de gens viennent à son atelier et s’intéressent à son travail, Fatê Temel a déclaré : « L’intérêt des gens me rend heureuse. En dessinant ces motifs, je montre cette tradition aux générations futures. Je me concentre uniquement sur les motifs de la tradition deq. Chaque motif a un sens. Je me sens plus spéciale et heureuse de faire ce travail et de franchir une telle étape. »

 

TURQUIE. Pourquoi les prisonniers kurdes meurent en cellule d’isolement ?

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TURQUIE. Depuis deux semaines, des prisonniers politiques kurdes meurent de façon suspecte dans des cellules d’isolement en prison. Si ce ne sont pas des meurtres déguisés en suicide, qu’est-ce que c’est?
 
Hier, le prisonnier politique kurde, Vedat Erkmen, condamné à la perpétuité aggravée et 374 ans de prison, est mort de façon suspecte dans une cellule d’isolement de la prison de Tekirdağ. Le frère d’Erkmen, Saim Erkmen, a déclaré: « L’État a exécuté mon frère. »
Ce décès porte à 5 le nombre de prisonniers politiques kurdes décédés en prison ces derniers jours. Avec des cellules d’isolement, les prisonniers kurdes sont à la merci de leurs bourreaux qui leur font vivre l’enfer avant de les achever quand bon leur semble disent les défenseurs des droits humains après chaque mort en prison.
 
En 10 jours, 5 prisonniers kurdes sont morts en isolement: Garibe Gezer, torturée et violée en prison, est morte le 9 décembre à la prison de Kocaeli / Kandıra, Abdulrazak Suyur est décédé à la prison d’Izmir Aliağa Şakran le 14 décembre, Halil Güneş à la prison de Diyarbakır le 15 décembre, Vedat Erkmen, condamné à la perpétuité aggravée et 374 ans de prison, est décédé à la prison de Tekirdağ le 19 décembre.
 
Jusqu’à quand allons-nous compter chaque prisonnier kurde mort en cellule d’isolement? Et s’il ne s’agit pas de meurtres déguisés en suicide, qu’est-ce que c’est? Où sont les institutions internationales qui doivent veiller sur le sort des prisonniers? Ne sont-ils pas au courant de ce qui se passe dans les prisons de la Turquie?

L’Iran exécute un prisonnier kurde dont le père avait été exécuté il y a 40 ans

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IRAN / ROJHILAT – Sur cette photo prise il y a 40 ans, un grand-père pleure sur la tombe de son fils exécuté (Ali Ghorbani), aux côtés de son petit-fils Heydar Ghorbani, 7 ans. Hier, ce fut le tour du petit. Les mollahs iranien ont fait revivre la même douleur au grand-père à qui ils ont arraché deux être chers dont le seul crime était d’être kurdes.

 

Arrêté en 2016, le prisonnier politique Heydar Ghorbani, 47 ans, avait été condamné à mort lors d’une parodie de procès, sur la base d’ « aveux » obtenus sous la torture et en l’absence d’un avocat. Hier, le samedi 19 décembre, Ghorbani a été pendu à Sanandaj (Sînê) au Rojhilat/Kurdistan de l’Est. Mais les mollahs sanguinaires ont empêché que la famille enterre Heydar aux côtés de son père. Cette exécution porte à 35 le nombre d’exécutions commises en Iran depuis le 21 novembre 2021. La majorité sont des Kurdes et d’autres minorités en Iran.

 
Peine de mort comme instrument de répression des minorités
 

L’Amnesty Internationale déplorait, il y a quelques mois, l’utilisation de la peine de mort « comme instrument de répression politique contre les manifestant·e·s, les dissident·e·s et les membres de minorités.

Des dizaines de manifestant·e·s ont été inculpés d’ « inimitié à l’égard de Dieu » (moharabeh) et de « propagation de la corruption sur terre » (efsad f’il arz), des infractions passibles de la peine de mort. Plusieurs contestataires ont été condamnés à la peine capitale à l’issue de procès inéquitables qui ont pris en considération des « aveux » entachés de torture. »

 
« La peine de mort est toujours un châtiment cruel et inhumain. Les graves irrégularités et l’absence de preuves crédibles dans l’affaire concernant ces deux hommes ne font qu’ajouter à l’horreur »déclarait Diana Eltahawy, directrice régionale adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International, après l’exécution de Diaku Rasoulzadeh et Saber Sheikh Abdollah, 2 prisonniers politiques l’été dernier par les mollahs iraniens.

TURQUIE. Un enfant kurde de 2 ans mort de froid après qu’on ait coupé l’électricité de la famille

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TURQUIE / BAKUR – A Diyarbakir / Silvan, Yunus Emre Bilen, un enfant asthmatique de 2 ans est mort de froid après que l’électricité de la famille a été coupée par DEDAŞ pour impayé.

La famille d’Yunus Emre Bilen vivait dans le froid après que la compagnie de distribution d’électricité Dicle Elektrik Dağıtım A.Ş. (DEDAS) a coupé leur courant pour cause de dettes*. Bilen, souffrant d’asthme, vivait sous l’appareil respiratoire.
 
*Pour information, les régions kurdes de Turquie sont condamnées à la pauvreté étatique du pouvoir turc qui pille par ailleurs les richesses naturelles du Kurdistan. 

TURQUIE. Le frère d’un autre Kurde mort en prison «L’État a exécuté mon frère»

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TURQUIE – Hier, le prisonnier politique kurde, Vedat Erkmen est mort de façon suspecte dans une cellule d’isolement de la prison de Tekirdağ. Le frère d’Erkmen, Saim Erkmen, a déclaré : « L’État a exécuté mon frère. »
 
Vedat Erkmen purgeait une peine d’emprisonnement à perpétuité aggravée et 374 ans de prison dans la prison de type F de Tekirdağ. Il est décédé de façon suspecte le 19 décembre. Erkmen est le 5e prisonnier kurde mort de façon suspecte en isolement. On parle de véritables meurtres déguisés en suicide.
 
L’administration pénitentiaire a appelé sa famille et l’a informée qu’il s’était suicidé dans la cellule d’isolement.
 
L’État a tué mon frère
 
Le frère du prisonnier mort, Saim Erkmen, a déclaré qu’ils avaient été appelés par l’administration pénitentiaire dimanche vers 21 heures pour les informer de son soi-disant suicide.
 
Exprimant qu’il ne croyait pas aux allégations de suicide, Saim Erkmen a déclaré : « Mon frère n’était pas quelqu’un qui se serait suicidé. L’État l’a tué. Pour le dissimuler, ils l’ont emmené à l’Institut de médecine légale (ATK) sans rien nous dire ni à ses avocats. »
 
Erkmen a protesté contre le fait que les avocats n’étaient pas autorisés à participer aux procédures d’autopsie et a déclaré : « Ils ont exécuté mon frère. C’est pourquoi l’autopsie a été faite en secret. »
 
Ce n’est pas un événement anodin
 
Med TUHAD-FED, la Fédération des associations juridiques et solidaires pour les familles de détenus et de condamnés, a partagé un communiqué suite à cette énième mort de prisonniers kurdes.
 
« Nous avons reçu une autre triste nouvelle, cette fois de la prison de type F de Tekirdağ où Vedat Erkmen est décédé. Nous n’acceptons pas ces événements comme normaux. Nous invitons les autorités concernées à assumer leurs responsabilités. Nous suivrons l’affaire. Condoléances aux proches et à la famille de Vedat Erkmen. » (ANF)
 
La famille de Vedat Erkmen était originaire de Kars, Digor. 

IRAN. Le régime sanguinaire a pendu le prisonnier kurde Heydar Ghorbani

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IRAN / ROJHILAT – Le régime sanguinaire d’Iran a pendu ce matin le prisonnier kurde Heydar Ghorbani à Sanandaj, au Kurdistan de l’Est (Rojhilat). Arrêté en 2016, Ghorbani a été condamné à mort lors d’une parodie de procès, sur la base d’ « aveux » obtenus sous la torture et en l’absence d’un avocat.
 
Les forces de sécurité ont refusé de rendre le corps d’Heydar Ghorbani à la famille pour qu’il soit enterré dans sa ville natale. Haidar Ghorbani a été enterré à Sanandaj, ce matin, quelques heures après son exécution, seul en présence de son frère.
 
Forcé à faire des faux aveux sous la torture et privé d’avocat
 
Haydar Qorbani a été arrêté à son domicile le 16 octobre 2016 avec son beau-frère, identifié comme Mahmoud Sadeqi. Des sources familiales ont déclaré qu’il avait été contraint de faire des aveux télévisés sur la chaîne iranienne Press TV après avoir subi des tortures extrêmes pendant des mois.
 
La peine de Qorabni a été prononcée pour la première fois par la 1ère chambre du tribunal révolutionnaire du Sine en janvier 2021 pour appartenance et coopération présumées avec le Parti démocratique du Kurdistan d’Iran (PDK-I).
 
Des sources ont déclaré à Hengaw que Qorbani n’avait pas été autorisé à communiquer avec sa famille pendant 20 mois. Quelques mois seulement après les aveux télévisés, les autorités lui ont permis de passer un appel téléphonique avec sa famille.
 
L’exécution est intervenue après des objections répétées de la part d’organisations internationales de défense des droits humains, dont Amnesty International.
 
Des sources locales ont déclaré qu’Hossein Qorbani, un frère de Haydar Qorbani, avait été arrêté par les forces de sécurité iraniennes après s’être opposé aux violations commises dans les procédures.
 
Peine de mort comme instrument de répression des minorités
 

L’Amnesty Internationale déplorait, il y a quelques mois, l’utilisation de la peine de mort « comme instrument de répression politique contre les manifestant·e·s, les dissident·e·s et les membres de minorités.

Des dizaines de manifestant·e·s ont été inculpés d’« inimitié à l’égard de Dieu » (moharabeh) et de « propagation de la corruption sur terre » (efsad f’il arz), des infractions passibles de la peine de mort. Plusieurs contestataires ont été condamnés à la peine capitale à l’issue de procès inéquitables qui ont pris en considération des « aveux » entachés de torture. »

 
« La peine de mort est toujours un châtiment cruel et inhumain. Les graves irrégularités et l’absence de preuves crédibles dans l’affaire concernant ces deux hommes ne font qu’ajouter à l’horreur », déclarait Diana Eltahawy, directrice régionale adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International, après l’exécution de Diaku Rasoulzadeh et Saber Sheikh Abdollah, 2 prisonniers politiques l’été dernier par les mollahs iraniens.