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Le Newroz du Phenix kurde

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Tous les Kurdes connaissent la légende du Forgeron Kawa qui a terrassé le maléfique roi Dehak et qui a libéré le soleil des ténèbres. Mais d’aucun se souvient du Newroz du phénix. (écrit en mars 2020, pendant le confinement du COVID19)

Il y a des milliers d’années de cela, un peuple vaillant d’une terre nommée Mésopotamie célébrait le nouvel-an Newroz qui marquait l’arrivée du printemps et la fin des ténèbres.

Enfants, femmes, jeunes et vieillards, ils s’étaient rassemblés par milliers sur le flan Est d’une montagne au sommet enneigé mais d’où on voyait les pleines brûlant d’un feu de couleurs parsemées de champs de blé et d’orge.

Les femmes et les fillettes portaient leurs robes colorées et scintillantes comme si elles jalousaient les pleines fleuries. Les hommes étaient fiers. Ils étaient au milieu de cette fête de couleurs et sous les regards timides de leurs femmes, fiancées ou promises. Quand aux enfants, une joie indéfinissable débordaient de leur poitrine. Ils avaient tous des noix, des figues séchées, du raisin sec et des graines de grenade qu’on leur avait préparés pour la fête.

Tout le monde s’était mis en cercle autour d’un immense tas de branches et de bois mort. Bientôt, la plus âgée des femmes s’est approchée lentement du tas et l’alluma de sa torche qu’elle tenait à la main.

Dès que le feu a pris, un cri de joie s’éleva de la foule et on entendit le son des defs, des temburs et des billurs que les musiciens s’étaient mis à jouer. Aussitôt, les jeunes filles et les jeunes hommes se sont mis debout et ont formé une ronde dansante autour du feu. Les chants louant les cieux s’élevaient de l’assemblée des vieillards. Au fur à mesure qu’on avançait dans la nuit, la danse se faisait plus enivrante, les danseurs ne touchaient plus le sol, endiablés par les flammes du feu qui purifiait leurs âmes.

De loin, on voyait l’horizon rougir, le jour n’allait pas tarder à se lever. Les enfants s’étaient endormis dans les bras de leurs parents, des bébés rêvaient en tétant le sein de leurs mères. L’ensemble offrait un tableau idyllique qu’on aurait pu confondre avec une scène sortie du paradis. Mais, soudain, un grondement terrible fit sursauté la foule. Le ciel s’assombri, on vit apparaître un sorcier aux doigts tordus qui ressemblaient aux branches d’arbres calcinés par le feu. Il portait une cape noire et une sorte de bonnet en lambeau. Il s’appuyait sur un bâton qui devait lui servir de canne.

Ce sorcier au visage sombre s’est mis devant le feu et s’adressa à l’assemblée terrifiée d’une voix roque qui faisait trembler même les branches des arbres. Il dit que ces hommes et femmes avaient une joie de vie démesurée, qu’ils faisaient pâlir de jalousie les bonnes âmes du paradis. Que le Dieu l’avait chargé de venir sur terre pour punir ces hommes et femmes effrontés. Qu’ils allaient être maudits pendant des millénaires pour avoir commis un tel crime, en étant plus heureux que ce que le Dieu pouvait accepter. Qu’ils avaient péché par la démesure, par excès de joie. Alors, il se retourna vers le feu et souffla de toutes ses forces. Le feu gronda, des flammes rouge-sangs s’élevèrent vers le ciel. La foule terrifiée se leva et dévala la pente à perte d’haleine.

Bientôt, ils étaient dans la pleine d’où ils voyaient la montagne embrasée par le feu. Toute la forêt brûlait, les cèdres, les sapins, les chênes… On entendait le gémissement tragique des animaux sauvages pris au piège par le feu tandis que les oiseaux volaient dans les airs en poussant des cris d’effroi avant de tomber, asphyxiés par la fumée… C’était l’heure d’apocalypse.

Le feu a mis trois jours à dévorer la montagne et pendant des mois, le vent du nord souffla sur les pleines les cendres de la forêt disparue.

Il a fallu sept ans, avant que des graines enfouies sous la terre sortent enfin et redonnent ses couleurs d’antan à la montagne, attirant les animaux d’autres montagnes. Mais la pleine était toujours endeuillée. Le blé poussait dans une tristesse jaune pâle. Personne n’avait faim, mais les âmes étaient tristes comme un matin gris d’hiver et tandis que les enfants aux regards éteints continuaient à manger des noix, du raisin sec et des grenades sans saveur…

Ces hommes et ces femmes croyaient vivre dans la tristesse et la malédiction pour toujours à cause de leur crime jusqu’à ce qu’un jeune garçon au cœur vaillant retourne en haut de la montagne là où il y avait eu la dernière fête 7 ans auparavant.

De jeunes arbres poussaient partout. Quelque chose de scintillant attira son regard. C’était la place du feu du Newroz. Ils se fraya un chemin au milieu des jeunes arbres et arriva à la place. Il cru rêver en voyant un phénix tenant dans ces pattes les cordes d’une tembur. Des larmes salées ont coulé de ses joues. Il prit le phénix et les cordes et descendit la pente en courant. Il apportait la bonne nouvelle à ses frères et sœurs, à son peuple. Le Dieu les avait pardonnés. Ils étaient désormais libres de célébrer de nouveau la joie et le jour nouveau.

Je ne me souviens pas du reste de ce conte que j’ai vu en rêve un jour d’hiver. J’ai beau forcer ma mémoire, je me souviens juste que je m’étais réveillée avec de la fièvre et des courbatures dans tout le corps. Comme si j’avais passé la nuit à danser et à jouer de la tembur et du def. J’étais allée voir mon médecin qui m’avait dit que j’avais juste contracté le coronavirus. Alors, j’étais revenue à la maison, fatiguée mais heureuse, on me disant que j’étais immortelle, comme le phénix kurde.

Par Keça Bênav (en kurde, Keç signifie « fille » et Bênav « sans nom » )

Photo: Newroz au mont Akrê, Kurdistan du Sud, via Rudaw

 

 

Hommage à Kemal Kurkut, un jeune Kurde abattu au Newroz d’Amed il y a 5 ans

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Le 21 mars 2017, Kemal Kurkut, un étudiant kurde de 22 ans, a été abattu par un policier turc, devant des dizaines de journalistes et une foule rassemblée pour célébrer le Nouvel-An kurde, à Amed (Diyarbakir). Depuis, son assassin a été acquitté par la « justice » turque mais sa famille n’a pas baissé les bras.
 

Kemal Kurkut a été commémoré sur sa tombe

Kemal Kurkut, qui a été tué par une balle de la police dans le Newroz de Diyarbakır en 2017, a été commémoré sur sa tombe à l’occasion du 5e anniversaire de sa mort. Lors de la commémoration tenue au cimetière de Toptaş dans le quartier central de Batalgazi à Malatya, le violon préféré de Kurkut a été placé sur sa tombe. La famille de Kurkut, l’adjoint du HDP Batman Mehmet Rüştü Tiryaki et les dirigeants de l’organisation provinciale et de nombreuses personnes ont assisté à la commémoration.
Serrant dans ses bras la pierre tombale de son fils, Secan Kurkut s’est lamentée en kurde.
S’exprimant lors de la commémoration, Tiryaki a déclaré: « Kemal Kurkut est commémoré non seulement à Malatya mais aussi à Amed et dans toutes les autres villes. Il ne sera jamais oublié et Kemal Kurkut sera commémoré à chaque célébration de Newroz. » (Agence Mezopotamya)

La mère de Kemal Kurkut, Secan Kurkut, a déclaré qu’elle n’accepterait jamais l’acquittement du policier qui a causé la mort de son fils.

 
S’adressant à Arjin Dilek Öncel et Mehmet Erol de l’Agence Mezopotamya (MA), Sican Kurkut a déclaré : « Je n’ai pas élevé mon fils pour que ce rat le tue un jour. »
 
Indiquant que son fils a été abattu alors qu’il était à moitié nu et en étant spécifiquement pris pour cible, Sican Kurkut a réitéré qu’elle n’acceptera jamais le verdict d’acquittement du tribunal. « Ils ont tiré sur mon fils, il n’a pas commis de crime ou de péché. S’il y a un crime, alors détenez-le, arrêtez-le. Pourquoi avez-vous tiré sur lui? »
 
« Mon fils était orphelin. Je l’ai élevé lui et ses autres frères et sœurs dans la pauvreté » , a déclaré Sican Kurkut. « Comment se fait-il qu’aucune peine ne soit prononcée lorsqu’un jeune innocent de 22 ans est tué » , a-t-elle demandé.
 
« Rendre de tels jugements signifie que la police continuera à prendre la vie des jeunes, ils penseront : ‘On va s’en tirer’. Pourquoi n’y a-t-il pas de justice ? Quel genre de justice a-t-elle libéré la personne qui a tué un jeune? »
 
Le policier acquitté
 
Jugé pour avoir tué Kemal Kurkut « avec une éventuelle intention », le policier Y.Ş. a été acquitté par le tribunal. Lors de l’audience du procès qui s’est tenue le 17 novembre au 7e tribunal pénal de Diyarbakır, le tribunal a jugé que le policier Y.Ş. doit être acquitté et des plaintes pénales doivent être déposées contre 72 policiers pour identifier les éventuels suspects.
 
Quant au motif de l’acquittement, le jugement évoque « l’absence de preuves concluantes et convaincantes au-delà de tout soupçon démontrant que l’accusé a commis ce crime et suffisent à sa sanction » . (Bianet)
 
Meurtre de Kemal Kurkut, énième crime raciste visant les Kurdes en Turquie 

Après le meurtre de Kemal Kurkut, les policiers ont immédiatement confisqué les appareils des journalistes pour effacer les images afin de cacher leur crime. Mais le journaliste Abdurrahman Gök a réussi à cacher la carte de son appareil dans la poche arrière de son pantalon. Ainsi, quand les policiers ont fouillé son matériel, ils n’ont rien trouvé tandis que le journaliste leur a menti en disant qu’il n’avait pas eu le temps de prendre des images…
 
Tentative de camouflage du meurtre
 
Les autorités turques, croyant avoir détruit les preuves du meurtre de Kemal Kurkut, ont fait une première déclaration affirmant que Kemal Kurkut était un kamikaze neutralisé par la police avant qu’il commette un attentat visant la fête de Newroz. Mais, le journaliste Abdurrahman Gök présente aussitôt les images du meurtre de Kurkut à la presse et à la justice turque, balayant les déclarations mensongères des autorités turques. Depuis, il est poursuivi par la justice turque qui l’accuse d’être « membre d’une organisation terroriste [PKK] ». 
 
Des images au secours de la famille Kurkut
 
Grâce aux images prises par le journaliste Abdurrahman Gök, la famille de Kemal Kurkut a pu porté plainte contre le policier qui a abattu le jeune homme il y a 3 ans et demie. Mais, malgré les images prises par les journalistes et des véhicules de police sur place, ainsi que des vidéos de surveillance des commerces voisins, montrant le moment où Kurkut a été abattu de sang froid par un policier turc, la justice turque refuse de condamner le policier et cherche d’autres subterfuges, comme la balle du policier qui aurait rebondit et touché Kurkut, sans que le policier ait eu l’attention de le viser, etc.

La cinéaste kurde Lisa Çalan reçoit le Prix « esprit du cinéma »

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La cinéaste kurde Lisa Çalan a reçu le Prix « esprit du cinéma » décerné par le Festival international du film du Kerala pour son court métrage « Zimanê Çîya » (« La langue des montagnes »).
 
La cinéaste kurde Lisa Çalan a reçu le Prix « esprit du cinéma » décerné par lors du 26e Festival international du film du Kerala (IFFK) en Inde pour son court métrage Zimanê Çîya. L’artiste a reçu le prix des mains de Pinarayi Vijayan, chef du gouvernement de l’État du Kerala, dans le sud-ouest de l’Inde. Lors de la cérémonie, Vijayan a rendu hommage à Çalan pour avoir utilisé le cinéma comme moyen de « changement social » pour lutter contre l’oppression et l’autoritarisme. Ce prix, décerné pour la première fois, vise également à récompenser l’engagement du festival en faveur de l’égalité et de l’avancement des femmes et de la lutte contre la misogynie dans le cinéma indien, selon Vijayan.
 
« Nous, les femmes kurdes, sommes contre le patriarcat et toute forme de violence sexiste. Le cinéma est un moyen d’expression révolutionnaire. Cela devrait être provocateur » , a déclaré Lisa Çalan, comme d’habitude combative, après un remerciement dans lequel elle a nommé Rosa Luxemburg, Simone de Beauvoir et Karl Marx comme ses sources d’inspiration. « Je n’ai jamais cessé de défier le système. J’ai parcouru un long chemin pour accepter ce prix. Mon histoire est longue aussi. »
 
Lisa Çalan
 
Lisa Çalan est née à Amed (Diyarbakır) en 1987 dans une famille de dix enfants. Son enfance a été façonnée par la répression étatique de la société kurde en Turquie. Après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires, elle a refusé de fréquenter une université turque parce qu’elle exigeait un enseignement dans sa langue maternelle, le kurde. Au lieu de cela, elle a étudié le cinéma au Conservatoire Aram Tigran, qui a été fondé en 2010 par le gouvernement de la ville d’Amed. Le Conservatoire n’a vécu que six ans. Avec le premier « coup porté à la politique locale kurde » , le conservatoire a été fermé sur ordre de l’État en 2016.
 
Durant les deux années passées au conservatoire, Lisa Çalan s’est rapprochée des histoires du Kurdistan et son regard s’est déplacé vers la lutte des femmes kurdes. Elle s’est inspirée des villages et des villes qu’elle a visités et a commencé à collaborer à des documentaires politiques sur les événements de guerre et le déplacement forcé de la population kurde. Elle a ensuite travaillé à l’académie du film d’Amed et a participé à divers festivals avec les projets qui y ont été créés.
 
Victime de l’attentat de l’État islamique
 
Le 5 juin 2015, deux jours seulement avant les élections législatives en Turquie, une bombe d’un mercenaire appartenant à l’État islamique connu de la police a explosé à Amed sur la place de la gare d’Istasyon au milieu d’un grand rassemblement du HDP. Tout comme la campagne électorale du HDP. Cinq personnes – Ramazan Yıldız, Necati Kurul, Şehmuz Kaçan, Civan Arslan et Ali Türkmen sont morts dans l’attentat à la bombe, des centaines d’autres ont été blessées, seize d’entre eux sérieusement. Lisa Çalan était l’un d’entre eux. Elle a perdu les deux jambes dans l’attaque.
 
Son film Zimanê Çîya traite des thèmes de l’assimilation, de l’interdiction de la langue kurde en Turquie et des diverses représailles de l’État turc contre les Kurdes. Lisa Çalan a exprimé ses remerciements particuliers « aux femmes kurdes qui combattent l’EI. »
 
Lisa Çalan a présenté Zimanê Çîya lors d’un événement organisé dans le cadre de la Mostra de Venise en septembre 2021 et est l’une des réalisatrices participant au projet parrainé par Eurimages (le fonds de soutien culturel du Conseil de l’Europe) Purple Meridians, qui rassemble 18 femmes réalisatrices du Kurdistan-Turquie, de Catalogne-Espagne et d’Italie.
 

TURQUIE. Un autre prisonnier kurde mort de manière suspecte

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TURQUIE / BAKUR – Le prisonnier politique kurde Sinan Kaya, 28 ans, est décédé de manière suspecte dans la prison d’Iğdır. L’administration pénitentiaire a affirmé qu’il s’était suicidé.
 
Kaya purgeait une peine de trois ans de prison dans la prison d’Iğdır pour avoir prétendument « diffusé de la propagande en faveur d’une organisation terroriste ». Il a été incarcéré il y a 8 mois après que sa peine de prison ait été confirmée par la cour d’appel.
 
L’administration pénitentiaire a appelé la famille Kaya hier soir et leur a dit que leur fils s’était suicidé.
 
La famille Kaya a déclaré qu’elle ne croyait pas que leur fils s’était suicidé et a demandé que la lumière soit faite sur les circonstances de sa mort.
 

TURQUIE. Istanbul secouée par le Newroz kurde

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ISTANBUL – Des centaines de milliers de Kurdes chassés de leurs terres par l’armée turque dans les années 1990 se sont réunis sur la place de Yenikapı, à Istanbul, pour célébrer le Newroz (Nouvel-an kurde). Des slogans criés en faveur du HDP, Abdullah Ocalan et le PKK ont fait rougir les oreilles du président Erdogan qui est en guerre contre les Kurdes depuis 2015.
 
Lors d’une célébration impressionnante du Newroz à Istanbul dimanche, des centaines de milliers de personnes ont une fois de plus montré que la lutte des Kurdes pour la paix, la liberté et la démocratie ne peut être réprimée par la répression et la violence. « Le moment est venu de réussir » était également le slogan du Newroz de cette année dans la métropole du Bosphore. La principale demande – la libération d’Abdullah Öcalan – a résonné sur la place du quartier portuaire de Yenikapı sous la forme du slogan « Bijî Serok Apo » . Bien qu’on parlait de fête, il était plus juste de parler d’une journée de lutte.
 
Depuis le matin, de grandes foules de personnes affluaient sur la place de la célébration en marche. Outre des centaines de bus, les associations HDP d’Istanbul avaient également loué plusieurs ferries pour transporter gratuitement les participants. La chanson de résistance Çerxa Şoreşê (La roue de la révolution) a résonné particulièrement fort dans les blocs du mouvement de jeunesse. La police, qui avait mis en place plusieurs points de contrôle autour du port de Yenikapı, a été désespérément dépassée dans ses tentatives pour réduire le rythme des marches de manifestation à certains endroits. Cela a été compensé dans la suite par la participation empêchée de quelques personnes à la célébration en raison d’un symbolisme prétendument interdit. Il s’agissait principalement de foulards avec le logo du HDP et à l’effigie de son ancien coprésident emprisonné Selahattin Demirtaş.
 
Le programme scénique a commencé avec de la musique live du chanteur Huriye, accompagné d’un orchestre de rue. Avec les basses températures qui régnaient, les invités ont accompagné le concert de danses particulièrement intenses qui ont fait trembler le sol à certains endroits. Lorsqu’une équipe du comité organisateur s’est approchée des micros pour saluer la foule, les acclamations ont failli déclencher un tremblement de terre. Après une minute de silence pour Mazlum Doğan, Zekiye Alkan et tous les autres « martyrs du Newroz » , les slogans « Şehîd Namirin » et « Bijî Serok Apo » ont été scandés.
 
Le discours d’ouverture du Newroz d’Istanbul est venu d’Atilla Özdoğan. Il a été lu d’une déclaration conjointe de l’Alliance Newroz, qui, outre le HDP et le HDK, comprend également divers petits partis et organisations de gauche et du spectre socialiste, dont la Coalition de la Démocratie. Sous les slogans « Non à la guerre et à l’occupation, non à la politique dominée par les hommes, non au racisme et à la discrimination – oui à la liberté, à la libération des femmes, à l’écologie, à la démocratie et à la paix » , la ligne de la lutte commune a été fixée. Suite à cela, des militantes de l’initiative Mères de la Paix sont entrées sur la place et ont allumé le feu du Newroz.
 
Demir : Nous sommes les forces qui veulent une autre Turquie
 
Le programme scénique s’est poursuivi avec des discours politiques et de la musique live. Esengül Demir, la co-porte-parole du HDK – le « Congrès démocratique des peuples » dont est issu le HDP en 2012 – a qualifié Newroz 2022 de « jour de résurrection » contre la répression du régime. « Après les manifestations de la Journée de lutte féministe du 8 mars, Newroz a montré une fois de plus que ceux qui veulent une Turquie différente et surtout démocratisée ne disparaîtront pas malgré toute la répression » , a-t-elle déclaré.
 
« Nous sommes des centaines de milliers et notre message est : Nous sommes ici et nous continuerons à résister. Nous sommes la force qui libérera ce pays du régime du palais. Nous tirons la source de notre force de l’unification des personnes qui sont dans les rues lors de la Journée de la lutte des femmes, du Newroz et du 1er mai, élevant haut et fort leurs voix pour leurs droits et contre la politique des dirigeants » , a déclaré Demir.
 
La porte-parole du HDK a ensuite appelé à la libération d’Abdullah Öcalan. Elle a dit que le cerveau du mouvement de libération kurde était le représentant politique le plus important des Kurdes et une figure clé dans la solution de la question kurde. « La fin du système d’isolement sur Imrali et la liberté d’Öcalan sont donc indispensables pour la paix au Kurdistan, en Turquie et dans toute la région. »
 
Sancar : s’en tenir à la troisième voie
 
Le coprésident du HDP, Mithat Sancar, a également prononcé un discours. Le politicien a commencé par féliciter toutes les personnes présentes à l’occasion du Nouvel An, qualifiant Newroz de « symbole d’espoir pour une nouvelle vie qui représente la résistance à l’injustice et la soif de justice ». Sancar a ensuite abordé « l’adhésion à la troisième voie » comme une initiative pour un avenir démocratique pour les peuples de Turquie, rappelant le contenu de la déclaration de Newroz publiée par Abdullah Öcalan en 2013. « Cette prise de position historique, avait déjà montré aux sociétés turques la voie d’une paix juste il y a neuf ans. C’est ce à quoi nous nous accrochons en tant que parti. Parce que c’est l’essence de notre position stratégique sur la Turquie », a déclaré Sancar. L’État, a-t-il dit, doit retrouver le chemin de la table des négociations, qu’il a renversé unilatéralement en 2015 pour revenir à la « guerre totale ». Il a ajouté que le HDP veut également continuer à travailler pour mettre fin à l’escalade et à la confrontation afin qu’une paix durable et juste puisse être rendue possible à la table des négociations. »
 

Les réfugiés d’Afrin et Shahba ont allumé le feu du Newroz

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SYRIE / ROJAVA – Les habitants du canton de Shahba et les Kurdes d’Afrin réfugiés à Shahba ont allumé le feu du Newroz hier soir (19 mars).
 
Marquant les activités et festivités du Newroz 2022, de nombreuses célébrations ont été organisées aujourd’hui dans le canton de Shahab. Les activités ont été suivies par les habitants du canton de Shahba et les déplacés internes d’Afrin vivant dans le canton.
 
La célébration a eu lieu dans les deux districts de Kafer Naya et Ihris et dans le village d’Um Hosh du district d’Ihris ainsi que dans le canton de Shahba.
 

Le feu du Newroz allumé à Kobanê

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SYRIE / ROJAVA – Les habitants de Kobanê ont allumé aujourd’hui le feu du Newroz (nouvel-an kurde) à l’est de la ville.

Marquant les célébrations de Newroz 2022, le feu a été allumé dans le village d’Aweinah du district de Qanaya à environ 35 km à l’ouest de la ville de Kobane.

 
La cérémonie a réuni des membres du Mouvement des jeunes révolutionnaires, de l’Union des jeunes femmes de la région de l’Euphrate et des dizaines de personnes du district de Qanaya et des districts dépendants.
 

Les Kurdes d’Iran bravent les interdictions pour célébrer le Newroz

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IRAN / ROJHILAT – Malgré la séparation des hommes et des femmes dans l’espace public ordonnée par les mollahs iraniens, les femmes et hommes kurdes du Rojhilat (Kurdistan d’ « Iran ») célèbrent le Newroz ensemble.
 
Les mollahs iraniens avaient également interdit les chants, vêtements et symboles kurdes lors de célébrations du Newroz. Peine perdue…
 
Cela fait des milliers d’années que les Kurdes défient les tyrans de la Mésopotamie. Ce ne sont pas une poigné de mollahs corrompus qui les feront reculer.

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Photos via Fuad Goodarzi 

60 000 Kurdes ont célébré le Newroz à Francfort

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Le samedi 19 mars, environ 60 000 Kurdes se sont réunis à Francfort pour célébrer le Newroz, nouvel-an kurde.
 
Quelque 60 000 Kurdes ont assisté à la célébration du Newroz. Ils ont atteint la place des célébrations avec des centaines de bus en provenance de 150 villes. Le peuple a salué la déclaration du 50e anniversaire du PKK, a protesté contre l’isolement imposé au chef du peuple kurde Abdullah Öcalan et a exigé la levée de l’interdiction du PKK.
 
De nombreux jeunes et femmes ont assisté à la célébration et ont salué la résistance de la guérilla au Kurdistan tout en exigeant la fin de l’isolement imposé au leader du peuple kurde Abdullah Öcalan.
 
La coprésidente de KON-MED et membre du comité d’organisation de Newroz, Zübeyde Zümrüt, le coprésident de KON-MED Engin Sever, la co-porte-parole du HDP Europe Leyla İmret, et des représentants du Mouvement révolutionnaire uni des peuples et de Tevgera Ciwanên Şoreşger ont prononcé des discours.
 
 
Engin Sever, d’autre part, a fait référence à l’interdiction du PKK et a déclaré que l’interdiction devrait prendre fin. S’adressant aux pays qui vendent des armes à l’État turc, Sever a déclaré : « Les massacres au Kurdistan se produisent avec vos armes. Des armes chimiques ont été utilisées à Garê, Heftanîn et Metîna. Ces armes ont été achetées en Europe. Aujourd’hui, le peuple kurde exige sa liberté et la liberté de notre chef. »
 
La co-porte-parole du HDP Europe, Leyla Imret, s’est concentrée sur l’appel lancé par le leader du peuple kurde Abdullah Öcalan lors du Newroz 2013 et sur la position du mouvement de libération kurde en faveur d’une solution. Déclarant que l’État turc a répondu aux demandes de paix et de démocratie du peuple en détruisant des villes comme Cizre, Sur, Nusaybin, ainsi qu’en occupant le Rojava, en déposant une plainte contre le HDP et en suivant une politique d’administrateurs, Imret a déclaré : « La politique de déni de destruction de l’État turc est une politique de racisme. » Imret a ajouté que « la solution à tous les problèmes du Moyen-Orient est le paradigme de la troisième voie d’Abdullah Öcalan. »
 
Le HBDH (Mouvement révolutionnaire uni du peuple) a déclaré dans son communiqué : « Nous traversons une période chaotique dans laquelle le fascisme vient contre nous avec toute l’agression de l’impérialisme. Nous traversons une période de bombes. La guerre est imposée à la place du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. »
 
L’artiste Şehirbana Kurdi a évoqué l’importance de l’alliance entre les Kurdes, tandis que Vedat Yıldırım, le chanteur de Koma Bajar, a salué l’enthousiasme du peuple.
 
Le rappeur kurde Sheriff Ömeri a salué la guérilla qui a libéré le Rojava et tout le Kurdistan de l’occupation. Les artistes de Tev-Çand ont terminé les célébrations avec leurs danses.
 

Une femme yézidie d’Afrin: « J’ai récité des versets du Coran pour ne pas être tuée »

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SYRIE / ROJAVA – Avant l’invasion du canton kurde d’Afrin par la Turquie, 25 000 Yézidis vivaient dans la région. Aujourd’hui, il n’en reste que 2 000. Emira Fuat a récité des versets coraniques pour éviter d’être tuée. Elle a dû enterrer son fils lors du Newroz il y a quatre ans avant de s’enfuir vers le canton de Shehba. Elle rêve de retourner à Afrin qui sera libéré des forces occupantes turco-jihadistes.
 

Les forces d’occupation turques à Afrin ont tout fait ces quatre dernières années pour anéantir l’existence de la population yézidie. Tous les lieux saints ont été détruits. Des yézidis ont été tués et enlevés, des mosquées ont été construites dans leurs villages et une islamisation forcée a été pratiquée. Avant l’occupation, environ 25 000 Yézidis vivaient à Afrin. Aujourd’hui, il y en a moins de 2 000. 7 000 déplacés yézidis résistent à Shehba dans l’espoir de retourner un jour dans leur pays d’origine.

L’un d’eux est Emira Fuat. La femme de 66 ans est originaire du village de Qibar à Afrin et a perdu son fils lors d’une attaque des envahisseurs turcs le 18 mars 2018. À Newroz, elle l’a enterré de ses propres mains. Après cela, son mari a été enlevé par les forces d’occupation. Avant d’être libéré contre rançon, il a été torturé plusieurs fois. Aujourd’hui, Emira Fuat vit avec sa famille à Shehba. Dans ses rêves, elle se voit à nouveau travailler dans son oliveraie et son jardin après la libération d’Afrin.

 

« Vous êtes des infidèles, nous allons tuer tous les Yézidis »

La famille est partie pour Shehba à peine deux semaines avant l’occupation complète d’Afrin en raison des attaques massives. Leur fils Fuat est retourné à Afrin à partir de là et a été tué avec son cousin Abdo lorsqu’un immeuble sur la route de Jindires a été dynamité par les occupants. Lorsque la nouvelle de leur mort est arrivée, Emira et son mari se sont rendus à Afrin pour récupérer les corps et les enterrer à Qibar.

« Trois jours plus tard, nous avons voulu retourner à Shehba. Les gangs turcs ne nous ont pas laissés. Nous sommes restés à Jabal Ahlam pendant trois jours sans nourriture ni abri. Ensuite, nous avons été renvoyés à Afrin et sommes retournés dans notre village. , les islamistes et les Turcs étaient là. Dix jours après notre retour, ils sont venus chez nous la nuit. Ils nous ont pointé des fusils sur la tempe et ont dit : « Vous êtes des infidèles. Nous allons tuer tous les Yézidis. » « J’ai récité des sourates du Coran pour sauver nos vies. Sinon, ils nous auraient tués. Nous sommes restés à Afrin pendant trois mois. Notre maison a été perquisitionnée trois fois et nous avons été maltraités » , a déclaré Emira.

« Amenez-nous 5000 dollars et vous récupérerez votre mari »

Lorsque les troupes d’occupation sont venues chez elle pour la deuxième fois, elles ont emmené le mari d’Emira. « Ils ont dit qu’ils allaient juste l’interroger et le ramener dans une demi-heure. Après deux semaines, il n’était toujours pas revenu. Je suis allée à Afrin avec mes frères et sœurs pour demander aux Turcs. trois jours et vous récupérerez votre mari. Je suis retournée et j’ai appelé Shehba et beaucoup d’autres endroits. Finalement, j’ai rassemblé l’argent. Avec cela, je suis allée vers eux. Ils ont pris l’argent et ont relâché mon mari le même jour. Ils avaient pris sa carte d’identité et tout son argent et torturé. Son pied était cassé et son dos était plein d’hématomes. »

Deux ou trois jours plus tard, les islamistes sont de nouveau entrés dans leur maison et ont emmené le couple chez une connaissance yézidie : « Ils nous ont emmenés chez Mahmut Keleş. Tout dans la maison a été dévasté. Ils avaient jeté les livres sacrés du Des Yézidis et d’autres objets sont entrés dans le jardin et les ont piétinés. Ils ont de nouveau pointé des fusils sur nos tempes et ont dit que nous étions des infidèles et qu’ils allaient nous tuer. »

Emire et son mari ont de nouveau été relâchés et après trois jours, ils ont été de nouveau emmenés. « Cette fois, ils nous ont emmenés chez une autre de nos connaissances, Esad. Il y avait là trois hommes avec les mains liées et les yeux bandés. Ils étaient battus. Pour nous sauver , j’ai encore dit que nous étions des Yézidis mais que nous adhérions au Coran. J’ai dû encore réciter des sourates. »

« Je n’ai qu’un souhait »

Quand Emira et son mari sont revenus dans leur village, leur maison avait été pillée par les occupants. Au bout de trois mois, le couple a réussi à s’échapper de la zone occupée. Pour être laissés passer à Shehba, ils ont payé aux djihadistes d’Erdogan 600 000 lires syriennes.

« Ce qui se passe à Afrin est horrible. La vie n’est plus possible sous l’occupation et les Yézidis sont particulièrement cruellement opprimés. Je n’ai qu’un souhait, que les Turcs et leurs gangs disparaissent d’Afrin. Nous voulons retourner dans notre patrie » , a conclu Emira Fuat.

 

Le nouveau centre kurde d’Athènes a besoin de sazs / tembûrs

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PARIS – Les Kurdes d’Athènes se sont dotés d’un centre culturel de 400 m2 dans un quartier (pauvre) du centre de la ville. Des activités culturelles sont programmées. Le convoi solidaire a décidé de financer l’activité musicale. Un atelier de musique va être créé sur la base d’instruments traditionnels kurdes.
 
Le convoi solidaire s’est fixé l’objectif d’achat de 10 sazs / tembûrs (luths à manche long) qui seront remis au centre culturel en mai prochain.
 
Si vous voulez participer à cette nouvelle campagne pour les Kurdes en Grèce, contactez Jacques Leleu sur Facebook pour les détails.
 
La solidarité est l’arme des peuples !
 

MARSEILLE. Les Kurdes de Marseille célèbrent le Newroz sur deux jours

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MARSEILLE – Les Kurdes de Marseille célèbrent le Newroz (nouvel-an kurde) ce week-end.
 
Une marche aux flambeaux a lieu ce samedi 19 mars, à 18h, aux Réformés/Canebière, tandis que la fête de Newroz avec interventions, stands et musiques… aura lieu le dimanche 20 mars à 13h, au Parc de la Ravel.
 
Le mythe du Newroz chez les Kurdes
 

Il y a longtemps, entre les grands fleuves d’Euphrate et du Tigre, il y avait une terre appelée la Mésopotamie. Au-dessus d’une petite ville de la Mésopotamie, sur le flanc des montagnes de Zagros, il y avait un énorme château en pierre avec de hautes tourelles et des hauts murs sombres.

 
Le château était taillé dans la roche de la montagne. Les portes du château étaient fabriquées à partir du bois du cèdre et sculptées en forme de guerriers ailés. Au fond du château vivait un roi assyrien cruel appelé Dehak. Ses armées terrorisaient tous les habitants du pays, alors que tout allait bien avant le règne de Dehak en Mésopotamie.
 
Les rois précédents avaient été bons et gentils et avaient encouragé les gens à irriguer la terre et à garder leurs champs fertiles. Ils mangeaient des aliments composés uniquement de pain, d’herbes, de fruits et de noix. C’est sous le règne d’un roi nommé Jemshid que les choses ont commencé à tourner mal. Il se croyait au-dessus des Dieux du soleil et commença à perdre la faveur de son peuple. Un esprit appelé Ahriman le Mal, a saisi l’occasion de prendre le contrôle.
 
Il choisit Dehak pour prendre le trône, qui tua ensuite Jemshid et le coupa en deux. Le mauvais esprit, déguisé en cuisinier, nourrit Dehak de sang et de chair d’animaux et un jour, alors que Dehak le complimentait sur ses plats de viande, il le remercia et lui demanda d’embrasser les épaules du roi. Alors qu’il embrassait les épaules de Dehak, il y eut un grand éclair de lumière et deux serpents noirs géants sortir de chaque côté de ses épaules. Dehak était terrifié et a tout essayé pour s’en débarrasser. Ahriman le Mal s’est déguisé à nouveau, cette fois en médecin et a déclaré à Dehak qu’il ne pourrait jamais se débarrasser des serpents et que lorsque les serpents auraient faim, Dehak ressentirait une douleur terrible, qui ne serait soulagée que lorsque les serpents seraient nourris avec le cerveau des jeunes enfants. C’est ainsi qu’à partir de ce jour sombre, deux enfants ont été choisis dans les villes et villages qui se trouvaient sous le château. Ils ont été tués et leurs cerveaux ont été emmenés aux portes du château et placés dans un grand seau fait du bois de noyer et maintenu fermement par trois fines bandes d’or.
 
Le seau de cervelle fut ensuite soulevé par deux gardes forts et emmené chez le méchant Dehak et les cerveaux ont été dévorés par les serpents affamés. Depuis que le roi serpent a commencé son règne sur le royaume, le soleil a refusé de briller. Les cultures, les arbres et les fleurs des paysans se sont mis à faner. Les pastèques géantes qui y avaient poussé pendant des siècles ont pourri sur pied. Les paons et les perdrix qui se pavanaient autour des grenadiers géants étaient partis. Même les aigles qui avaient volé haut dans les vents de la montagne étaient partis. Maintenant, tout était froid et sombre. Les gens du pays étaient très tristes. Tout le monde était terrifié par Dehak. Ils chantaient des lamentations tristes et douloureuses qui exprimaient leur douleur et leur détresse. Et le son envoûtant d’une longue flûte en bois résonnait toujours dans les vallées. Sous le château du roi vivait un forgeron qui fabriquait des fers pour les célèbres chevaux sauvages de Mésopotamie et des chaudrons et des casseroles pour les habitants de la ville. Il s’appelait Kawa. Lui et sa femme étaient affaiblis par le chagrin et haïssaient Dehak car il avait déjà pris 16 de leurs 17 enfants.
 
Chaque jour, transpirant à la sortie du four, Kawa frappait son marteau sur l’enclume et rêvait de se débarrasser du roi maléfique. Et tandis qu’il frappait le métal chaud rouge, de plus en plus fort, les étincelles rouges et jaunes s’envolaient dans le ciel sombre comme des feux d’artifice et pouvaient être vues à des kilomètres à la ronde. Un jour, l’ordre vint du château que la dernière fille de Kawa devait être tuée et son cerveau devait être amené à la porte du château dès le lendemain. Kawa passa toute la nuit sur le toit de sa maison, sous les étoiles brillantes et les rayons de la pleine lune, pensant comment sauver sa dernière fille des serpents de Dehak. Alors qu’une étoile filante glissait dans le ciel nocturne, il eut une idée. Le lendemain matin, il est monté sur le dos de son cheval, tirant lentement la lourde charrette en fer avec deux seaux en métal qui cliquetaient sur le dos. La charrette a grimpé la route pavée escarpée et est arrivée à l’extérieur du château. Il vida nerveusement le contenu des seaux métalliques dans le grand seau en bois à l’extérieur des énormes portes du château. Alors qu’il se retournait pour partir, il entendit les portes se déverrouiller, trembler et se mettre à grincer lentement.
 
Il a jeté un dernier coup d’œil et s’est dépêché de partir. Le seau en bois a ensuite été lentement soulevé par deux gardes et emmené dans le château. Les cerveaux étaient donnés aux deux serpents géants affamés qui avaient poussé sur les épaules de Dehak. Quand Kawa est rentré chez lui, il a trouvé sa femme agenouillée devant un feu de bois rugissant. Il s’agenouilla et souleva doucement son grand manteau de velours. Là, sous le manteau, il y avait leur fille. Kawa balaya ses longs cheveux noirs et épais de son visage et embrassa sa joue chaude. Au lieu de sacrifier sa propre fille, Kawa avait sacrifié un mouton et avait mis son cerveau dans le seau en bois. Et personne ne l’avait remarqué. Bientôt, tous les habitants de la ville en ont appris la malice de Kawa. Alors quand Dehak leur a demandé un sacrifice d’enfant, ils ont tous fait la même chose. Ainsi, des centaines d’enfants ont été sauvés. Alors tous les enfants sauvés allèrent, dans l’obscurité, dans les montagnes les plus hautes et les plus éloignées où personne ne les trouverait. Ici, dans les hauteurs des montagnes de Zagros, les enfants ont grandi en liberté.
 
Ils ont appris à survivre par eux-mêmes. Ils ont appris à monter à cheval, à chasser, à pêcher, à chanter et à danser. De Kawa, ils ont appris à se battre. Un jour, ils retourneraient dans leur patrie et sauveraient leur peuple du roi tyran. Le temps passa et l’armée de Kawa était prête à commencer sa marche sur le château. En chemin, ils traversaient des villages et des hameaux. Les chiens des villages aboyaient et les gens sortaient de leurs maisons pour les encourager et leur donner du pain, de l’eau, du yaourt et des olives. Alors que Kawa et les enfants approchaient du château de Dehak, les hommes et les femmes quittèrent leurs champs pour les rejoindre. Au moment où ils s’approchaient du château, l’armée de Kawa s’élevait à plusieurs milliers. Ils s’arrêtèrent devant le château et se tournèrent vers Kawa. Kawa se tenait sur un rocher. Il portait son tablier de forgeron et tenait son marteau à la main. Il se retourna et fit face au château et leva son marteau vers les portes du château. La foule s’avança en masse et déferla sur les portes du château qui avaient la forme de guerriers ailés et qui ont rapidement pris le dessus sur les hommes de Dehak.
 
Kawa se précipita directement dans la chambre de Dehak, descendit les escaliers de pierre sinueux et, avec son marteau de forgeron, tua le roi serpent maléfique et lui coupa la tête. Les deux serpents se flétrirent. Il grimpa ensuite au sommet de la montagne au-dessus du château et alluma un grand feu de joie pour dire à tous les habitants de Mésopotamie qu’ils étaient libres. Bientôt, des centaines de feux furent allumés dans tout le pays pour répandre le message et les flammes s’élevèrent haut dans le ciel nocturne, l’illuminant et purifiant l’air de l’odeur de Dehak et de ses mauvaises actions. Les ténèbres avaient disparu. Avec la lumière de l’aube, le soleil est venu de derrière les nuages sombres et a réchauffé la terre montagneuse une fois de plus. Les fleurs commencèrent lentement à s’ouvrir et les bourgeons des figuiers éclatèrent en fleurs.
 
Les pastèques ont recommencé à pousser, comme elles l’avaient fait pendant des siècles auparavant. Les aigles sont revenus et ont volé sur les vents chauds entre les sommets de la montagne. Les paons éventèrent leurs magnifiques panaches qui scintillaient sous le soleil chaud du printemps. Des chevaux sauvages aux longues crinières noires galopaient sur les plaines plates et poussiéreuses. Les perdrix se perchaient et chantaient sur les branches des poiriers. Les petits enfants mangeaient des noix mûres enveloppées dans des figues fraîches et l’odeur du pain fraîchement cuit dans les fours en pierre atteignait leur nez à l’aide d’une légère brise. Les feux brûlaient de plus en plus haut et les gens chantaient et dansaient en rond en se tenant la main avec les épaules qui montaient et descendaient rythmées par la flûte et le tambour.
 
Les femmes en robes pailletées de couleurs vives chantaient des chansons d’amour et les hommes répondaient en se déplaçant autour des flammes comme un seul homme. Quelques-uns d’entre eux planaient au-dessus de la flûte, ivres au son de la musique, les bras tendus comme des aigles qui volent dans le ciel. Maintenant, ils étaient libres. Jusqu’à ce jour, le même jour de printemps de chaque année, le 21 mars (qui est aussi l’équinoxe du printemps), les Kurdes, les Perses, les Afghans et les autres peuples du Moyen-Orient dansent et sautent au-dessus des flammes pour se souvenir de Kawa et de la libération de la tyrannie et de l’oppression et pour célébrer la venue du nouvel an. Ce jour s’appelle Newroz ou Nouveau-jour. C’est l’une des rares « fêtes populaires » qui a survécu et précède toutes les grandes fêtes religieuses. Bien que célébrée par d’autres, elle est particulièrement importante pour les Kurdes car elle marque également le début du calendrier kurde et célèbre la longue lutte des Kurdes pour la liberté.