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Le comédien kurde Aram Tastekin joue au Festival de Scènes voisines

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PARIS – Les 12 et 13 mai prochains, le comédien kurde Aram Tastekin joue son spectacle « Happy Dreams Hotel », accompagné de l’acteur et musicien Neset Kutas, sous la direction d’Elie Guillou, au théâtre André Malraux, à Chevilly-Larue, en région parisienne.
 
Happy Dreams Hotel est présenté pendant le Festival de Scènes voisines organisé par la Maison du Conte, le Théâtre de Rungis, la Grange dîmière – Théâtre de Fresnes, Théâtre Chevilly-Larue. Spectacle gratuit sur réservation

 
Le 13 mai, il y aura un échange entre le public et Aram Tastekin Modération assuré par Laurent Ziegelmeyer de l’association France Kurdistan.
 
 
« Happy Dreams Hotel », ou comment va le Kurdistan?
 
« Happy Dreams Hotel » est un voyage vertigineux qu’Aram effectue au Kurdistan, au milieu de moultes péripéties, sous le regard attentif de son cousin (joué par Neset Kutas) qui est aussi son alter égo…
 
Aram Tastekin et Neset Kutas dans « Happy Dreams Hotel ». Photo: Noémie Régnault
Aram Tastekin et Neset Kutas dans « Happy Dreams Hotel ». Photo: Noémie Régnault
Dans « Happy Dreams Hotel », Aram Taştekin nous emmène dans son village montagneux de Xarabguryan, au fin fond du Kurdistan, où un gamin de 6 ans découvre que sa langue maternelle est interdite, qu’être Kurde l’est également. Il voit un de ses cousins rejoindre la guérilla kurde. Il apprend que, bien qu’il s’appelle Aram, il est « Ikram » pour l’État turc, que même la montagne de son village a deux « prénoms », un en kurde, l’autre en turc… Aram assiste à l’incendie de son village par les soldats turcs qui chassent tous les habitants de la région.
 
Aram doit s’adapter à sa nouvelle vie citadine à Diyarbakir (Amed). Un fois ado, il part en cachette à Antalya voir des filles russes et où il travaille comme animateur pour enfants de touristes dans le grand hôtel Happy Dreams. Un voyage qui se termine quand Aram rencontre une troupe de théâtre kurde qui cartonne à cause d’un quiproquo.
 
Malgré son sujet difficile, le spectacle nous fait rire grâce aux anecdotes – souvent absurdes – qu’Aram nous raconte. Par exemple, comment passer sans encombre un barrage militaire alors qu’il accompagne son cousin rejoindre la guérilla, son obsession d’être un « vrai » Kurde (même pour sa mère à la colère terrible qui est une Arménienne « auto-assimilée »), l’histoire de trois bouteilles de coca qui privent le village d’eau potable pendant une semaine, le petit garçon qui doit dire aux soldats turcs qu’il ne parle pas le turc, sa troupe de théâtre qui fait un tabac à cause de son titre que l’armée turque considère comme un message subliminal faisant la propagande de la guérilla kurde…
 
L’équipe de Happy Dreams Hotel: Noémie Régnaut, Aram Tastekin, Elie Guillou, Neset Kutas
 
Happy Dreams Hotel est mis en scène par Elie Guillou qui est assisté par Noémie Régnaut
 
En plus d’endosser le rôle du cousin, Neşet Kutas joue des percussions entre chaque sketch. Un spectacle à voir pour prendre le pouls du Kurdistan qui résiste, encore et toujours…
Info pratiques
 
« Happy Dreams Hotel »
 
Récit
À partir de 12 ans
Durée 1h15
 
DATES
ven 13 mai à 19h
Scolaires
jeu 12 mai à 14h30
 
TARIFS
Entrée libre
Sur réservation
 
RÉSERVATIONS

ROJAVA. Les Kurdes marchent pour la dignité à Qamishlo

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SYRIE / ROJAVA – Aujourd’hui, des milliers de Kurdes ont manifesté à Qamishlo pour la dignité et contre l’occupation du Kurdistan irakien par la Turquie.
 
Après l’arrivée des délégations venues des villes et districts des cantons d’Hassaké et Qamishlo de la région de Jazira, une marche de la dignité contre l’occupation et la trahison a été lancée, sous le slogan « Avec la volonté des peuples et de la guérilla, nous vaincrons l’occupation et la trahison ».
 
La Marche de la dignité a été organisée pour condamner les attaques génocidaires lancées par l’armée d’occupation turque, avec la participation du Parti démocratique du Kurdistan, sur les zones de légitime défense à Başûr (Kurdistan du Sud), et en soutien à la résistance de la guérilla contre ces attaques.
 
Toutes les régions d’al Jazira participent à cette marche pour dénoncer l’occupation turque qui a le soutien du PDK
 
Participent également à la marche des représentants des organes et conseils de l’administration démocratique autonome de la région, des partis politiques kurdes, arabes et syriaques du nord et de l’est de la Syrie, ainsi que des membres de mouvements et d’organisations de femmes, d’artistes, d’organisations sociales, civiles, de jeunesse et de sécurité.
 
La marche a pris la rue principale menant à la rue Amuda, et entre-temps, elle a parcouru la rue principale de Qamishlo, au milieu des slogans « Non à la trahison », « Vive la résistance de la guérilla », « Mort à la trahison et à l’occupation… »
 
Les participants à la marche de la dignité portent des posters d’Abdullah Ocalan et des drapeaux des Forces de défense du peuple (branche armée du Parti des travailleurs du Kurdistan), du Mouvement de la jeunesse révolutionnaire syrienne , Kongra Star, et les drapeaux des partis politiques, le Mouvement pour une société démocratique, et des photos de combattants de la guérilla devenus martyrs dans les montagnes du Kurdistan.
 
Ils brandissent également des pancartes: « La guérilla est notre dignité », « Vive la résistance de la guérilla », « Avec la volonté des peuples et de la guérilla, nous vaincrons l’occupation et la trahison ».
 
La marche a pris fin au stade du 12 mars à Qamishlo où des dirigeants des organisations et partis politiques, dont l’Administration autonome démocratique de la région de Jazira et du Parti de l’Union démocratique (PYD), ont promis que le peuple kurde résistera aux attaques génocidaires turques.
 

ROJAVA. Les mercenaires de la Turquie kidnappent une femme kurde à Afrin

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SYRIE / ROJAVA – L’État turc et ses mercenaires ont enlevé Arîn Fexrî Muslim, une femme kurde de 37 ans, à un poste de contrôle à l’entrée d’Afrin.
 
L’État turc et ses mercenaires ont enlevé une femme vivant dans le village de Şîtka à Mabeta au poste de contrôle situé à l’entrée d’Afrin le deuxième jour de l’Aïd al-Fitr.
 
Arîn Fexrî Muslim est mère de deux enfants.
 

Les Ukrainiens des nazis, les kurdes des terroristes?

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Le député européen du Groupe d’amitié kurde, François Alfonsi exhorte le régime turc à libérer le philanthrope Osman Kavala et envoie dos à dos Erdogan pour qui “Tous les Kurdes sont des terroristes” et son ami Poutine qui lui répond “Tous les Ukrainiens sont des nazis.”
 
Le Parlement européen vote aujourd’hui une résolution concernant Osman Kavala, philanthrope turc condamné à la prison à vie par le régime turc dans l’affaire Gezi.
 
En attendant, François Alfonsi demande au Parlement européen d’ « arracher la libération de M. Kavala en y mettant tout le poids de l’Union Européenne. Il faut décider des sanctions économiques et diplomatiques contre cette dictature. »

 
Voici l’appel de François Alfonsi:
 
Condamnation en Turquie : Il faut arracher la libération de M. Kavala !
 
Intervention en plénière ce 4 mai dans le cadre du débat sur la situation d’Osman Kavala qui vient d’être condamné en Turquie à la détention à perpétuité en dépit des décisions de la CEDH.
 
La semaine dernière, les tribunaux turcs ont condamné l’activiste et philanthrope Osman Kavala à la prison à vie. M. Kavala, né à Paris, a d’abord été accusé d’avoir orchestré et financé des manifestations antigouvernementales à l’échelle nationale qui ont éclaté en 2013, mais il a été exonéré, en 2016 il a été accusé d’avoir participé à la tentative de coup d’État, au tribunal il a été condamné pour les deux allégations.
 
Plus tôt cette année, le Comité des ministres du Conseil de l’Europe, qui surveille la mise en œuvre des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme, a renvoyé la Turquie devant la Cour en raison du refus du gouvernement turc de libérer Osman Kavala après la sentence de libération immédiate de la CEDH.
 
Le régime dictatorial imposé par Recep Tayyip Erdoğan en Turquie vient d’être mis à nu par la condamnation monstrueuse infligée à M. Osman Kavala, une peine exorbitante de la prison à vie.
 
M. Kavala est une personnalité engagée dans la démocratie et les droits de l’homme. En ignorant les décisions de la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui avaient demandé sa libération, malgré l’absence totale de charges, cette condamnation montre que la Turquie est arrivée à un point gravissime de dérive dictatoriale.
Les prisonniers politiques en Turquie se chiffrent par milliers. Des parlementaires, parmi lesquels de nombreux kurdes, les maires de nombreuses villes du Kurdistan sont persécutés, emprisonnés, déchus de leurs mandats démocratiques.
 
Depuis plusieurs semaines, l’armée turque mène des opérations militaires en Irak, elle fait de même dans le Kurdistan syrien. M. Erdoğan ne respecte ni le droit international ni la Cour des droits de l’homme.
 
M. Erdoğan est comme Vladimir Poutine !
 
Vladimir Poutine a dit “Tous les ukrainiens sont des nazis”. “Tous les kurdes sont des terroristes” lui fait écho M. Erdoğan. C’est le même discours, c’est la même dérive, et c’est le même péril pour l’Europe.
 
Il faut arracher la libération de M. Kavala en y mettant tout le poids de l’Union Européenne. Il faut décider des sanctions économiques et diplomatiques contre cette dictature.

FRANCE. Plus de 50 ONG et partis politiques demandent justice pour les détenus de Gezi

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PARIS – Plus de 50 ONG, syndicats et partis politiques français ont signé un communiqué déclarant qu’ils condamnaient la décision politique dans le procès Gezi, exigeant la libération immédiate de l’ensemble des détenus.
 
Parmi ces organisations, on trouve la quasi-totalité des partis de gauche (France Insoumise, les Verts, PCF…), le syndicat CGT, des organisations de défense des droits humains (Ligue des Droits de l’Homme, MRAP), des associations d’immigrés (Kurdes), de femmes, le collectif Universitaires pour la Paix, et de nombreuses ONG (ATTAC, SOS Racisme).
 
Voici le communiqué commun publié le 3 mai:
 
« Nous condamnons la décision politique dans le procès Gezi et exigeons la libération immédiate de l’ensemble des détenus
 
Le lundi 25 avril 2022, la justice turque a prononcé un verdict qui confirme un point de non-retour pour ce qui reste du système judiciaire en Turquie.
 
À l’issue du procès dit de « Gezi », Osman Kavala, entrepreneur philanthrope, figure importante de la société civile et détenu depuis 4 ans malgré les décisions de la CEDH et de la Cour constitutionnelle de Turquie, a été condamné à la perpétuité aggravée — la peine maximale — pour « tentative de renversement du gouvernement ».
 
Mücella Yapici, Cigdem Mater, Hakan Altinay, Mine Özerden, Can Atalay, Tayfun Kahraman et Yigit Ali Ekmekçi, ont chacun écopé de 18 ans de réclusion. II s’agit de représentant.e.s de la Plateforme de Solidarité Taksim crée lors des protestations qui avaient gagné l’ensemble du pays en 2013. Cette plateforme regroupait des organisations professionnelles d’architectes, ingénieurs, avocats, artistes, journalistes, médecins, syndicalistes, représentants de diverses associations et partis politiques opposés au projet de destruction du parc Gezi.
 
Alors que, par deux fois déjà, l’accusation avait été déboutée et les accusés relaxés, cette fois-ci, les nouveaux juges n’ont même pas pris la peine d’étudier le dossier avant de prononcer ces sentences iniques.
 
L’un des trois juges, nommé en urgence au Tribunal pénal, est un ancien candidat à la députation de l’AKP, le part d’Erdogan.

Cette décision confirme la fin de l’État de droit en Turquie et porte un coup dévastateur à Osman Kavala, à ses coaccusés et à leur famille, mais aussi à tou.te.s celles et ceux qui croient en la justice et en l’importance des droits humains.
 
Celle-ci intervient dans un contexte où la répression et l’intimidation du pouvoir en place s’accélèrent dans la perspective des élections générales prévues en 2023.
 
Ces dernières semaines, le député Garo Paylan a été accusé de « trahison » pour avoir soumis (pour la neuvième fois comme chaque 24 avril) une proposition de loi visant à reconnaître le génocide arminien. Cette année, toute commémoration du génocide a été interdite en Turquie. De même, une opération militaire baptisée « Griffe du tigre » a été lancée contre les régions kurdes.
 
Nous, les organisations signataires :
• Condamnons cette décision politique et exigeons la libération immédiate des détenus ;
• Exhortons le gouvernement français et les responsables européens à interpeller leurs homologues turcs sur les exactions commises par le régime en place ;
• Réaffirmons notre soutien et notre vigilance sans faille à toutes les forces progressistes de Turquie, qui résistent à l’autoritarisme, pour faire régner la démocratie.
 
Vive la solidarité internationale ! »
 
Organisations signataires :
 
Assemblée Citoyenne des Originaires de “Turquie (L’ACORT)
Agir pour le changement et la démocratie en Algérie (ACDA)
Assemblée Européenne des Citoyens ( AEC- HCA-France)
Association France-Kurdistan
Association Culturelle des Travailleurs Immigrés de Turquie (ACTIT)
Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc (ASDHOM)
Association de Travailleurs Maghrébins de France (ATMF)
Association Démocratique des Tunisiens en France (ADTF)
Association des Marocains de France ( AMF)
Association des Tunisiens en France ( ATF)
Association Hassan Saadaoui pour la Démocratie et l’Egalité
Association Nachaz-Dissonances Tunisie
Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne (ATTAC France)
Association Tunisienne de Défense des Libertés Individuelles
Association Tunisienne de Soutien des Minorités (ATSM)
Association Vigilance pour la Démocratie et l’Etat civique
ATDVU
Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale (CEDETIM/IPAM)
Collectif Soumoud – Tunisie
Comité pour le Respect des libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT
Confédération Générale Autonome des Travailleurs en Algérie (CGATA)
Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR)
Femmes Plurielles
Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP )
Ligue des droits de l’Homme (LDH)
Memorial 98
Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP)
Mouvement des femmes kurdes à Toulouse
Organisation contre la torture en Tunisie
Réseau Euromed France (REF)
Solidarité avec les Universitaires pour la Paix et Défense des Droits Humains en Turquie (SUP-DDHT) SOS Racisme
Syndicat national autonome du personnel de l’administration public en Algérie (SNAPAP)
Union Culturelle Française des Arméniens de France (UCFAF)
Union des Travailleurs Immigres Tunisiens (UTIT)
Confédération Générale du Travail ( CGT)
Fédération Syndicale Unitaire (FSU)
Union syndicale Solidaires
Ensemble! (Mouvement pour une Alternative de Gauche, Écologiste et Solidaire) Europe Ecologie Les Verts (EELV)
Génération·s
La France Insoumise
Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA)
Parti communiste français (PCF)
Parti Socialiste Paris 10e
Pour une Ecologie Populaire et Sociale (PEPS)

Les autorités kurdes d’Irak accusées d’implication dans le meurtre d’un journaliste en 2010

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Un récent rapport publié par des ONG internationales de défense des journalistes accusent les autorités kurdes d’Irak d’être impliquées dans le meurtre du journaliste Sardasht Osman en 2010.
 
Les autorités kurdes ont probablement été directement impliquées dans l’enlèvement et le meurtre d’un jeune journaliste en 2010 et se sont livrées après coup à l’intimidation et au harcèlement, écrivent les auteurs d’une enquête récemment publiée par « A Safer World for the Truth » – projet collaboratif réalisé par les principales organisations de liberté de la presse Free Press Unlimited, Reporters sans frontières et le Comité pour la protection des journalistes. 

L’enquête, « L’assassinat de Sardasht Osman : Démystifier l’histoire officielle », est la cinquième d’une série d’enquêtes visant à faire pression pour la justice locale dans le cadre de l’initiative A Safer World for the Truth, un projet mené par les principales organisations de liberté de la presse par Free Press Unlimited (FPU), le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF).

L’analyse par le groupe de « l’enquête officielle » a révélé d’importantes lacunes et irrégularités, notamment l’omission d’interroger des membres de la famille et des amis. Au lieu de cela, ils ont été menacés de garder le silence et de soutenir le scénario officiel.

L’Irak se classe actuellement au 172e rang sur 180 pays dans l’indice mondial de la liberté de la presse. Tous les assassins de journalistes assassinés dans la région du Kurdistan d’Irak ont ​​agi en toute impunité, selon l’Indice mondial d’impunité 2021 du CPJ, où l’Irak est classé troisième.

Le journaliste assassiné, Sardasht Osman, travaillait dans la région du Kurdistan irakien et écrivait sur la corruption et le népotisme. En décembre 2009, il a écrit un article satirique, « Je suis amoureux de la fille de Barzani* » , dans lequel il juxtapose le style de vie luxueux de la famille du président Massoud Barzani avec les difficultés des citoyens kurdes moyens. Peu de temps après, il a commencé à recevoir des menaces de mort.

L’enquête « A Safer World For The Truth » a révélé des incohérences dans le scénario officiel concernant: l’enlèvement de Sardasht, le transport de Sardasht (ou de son corps) d’Erbil à Mossoul, le rapport d’autopsie officiel, l’allégation selon laquelle les auteurs appartenaient au groupe terroriste Ansar al-Islam, et le mobile présumé de son assassinat. 

« Il y a toujours des gens qui ne veulent pas écouter quand on commence à dire la vérité, qui deviennent furieux au moindre murmure. Pour rester en vie cependant, nous devons dire la vérité.

Je continuerai à écrire jusqu’à la dernière minute de ma vie. » (La réponse personnelle de Sardasht aux menaces avant son assassinat.)

Le cas de Sardasht illustre le sort de nombreux jeunes journalistes critiques au Kurdistan irakien, notamment : Asos HardiKawa GarmyaniWedad Hussein et Soran Mama Hama. Depuis le meurtre de Sarshadt, au moins 22 journalistes ont été tués en Irak dans le cadre de leur travail, dont huit ont été tués dans la région du Kurdistan d’Irak.

De plus, des journalistes comme Sardasht qui travaillent dans des endroits où la liberté de la presse est limitée sont souvent contraints de s’autocensurer pour éviter de franchir certaines lignes rouges qui peuvent déclencher la violence des autorités. Les menaces et les attaques contre ces journalistes font rarement l’objet d’enquêtes rapides, efficaces et approfondies.

À la lumière de ces conclusions, « A Safer World for the Truth«  a publié une série de recommandations concrètes au gouvernement régional du Kurdistan (GRK) et à la communauté internationale:

Premièrement, les autorités kurdes doivent immédiatement mettre fin à tout harcèlement, intimidation et menaces contre les membres de la famille et les amis de Sardasht et lancer une nouvelle enquête transparente et impartiale sur le cas de Sardasht Osman.

Deuxièmement, les défenseurs, en particulier ceux qui entretiennent des relations diplomatiques et économiques avec le GRK, devraient exercer une pression continue sur les autorités kurdes pour qu’elles enquêtent sur les menaces et les meurtres de journalistes conformément aux normes internationales.

Troisièmement, les États devraient imposer des sanctions ciblées aux responsables et autorités du GRK pour avoir empêché des enquêtes rapides, efficaces, approfondies, impartiales et transparentes sur les crimes contre les journalistes.

Enfin, les partisans de la liberté de la presse devraient se joindre à nous pour demander aux autorités kurdes de développer un mécanisme de sécurité formel indépendant chargé de surveiller et d’agir en cas de menaces et d’attaques contre des journalistes au Kurdistan irakien. En fournissant aux journalistes et aux travailleurs des médias des mesures de protection et de prévention efficaces, nous pouvons commencer à briser le cycle de l’impunité.

Jules Swinkels, chercheur pour Free Press Unlimited (FPU), déclare :

« Le cas de Sardasht est emblématique de ce qui peut arriver lorsque les journalistes repoussent les limites de leur liberté d’expression confinée. Sardasht a écrit de manière satirique sur les individus les plus puissants du Kurdistan et a été kidnappé et assassiné à cause de cela. Tragiquement, son cas démontre qu’un manque total de volonté politique d’enquêter et de résoudre les meurtres de journalistes au niveau national est l’une des principales raisons de l’impunité. Les recommandations de ce rapport ouvrent la voie pour que la justice prévale dans les cas de journalistes assassinés. »

Yeganeh Rezaian, chercheuse pour le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), déclare :

« Les journalistes doivent pouvoir dire la vérité au pouvoir, découvrir la corruption, demander des comptes aux puissants et, oui, faire la satire des personnalités publiques sans crainte d’intimidation, de violence et de mort. Et lorsque les autorités poursuivent un programme de persécution contre les journalistes et tolèrent l’impunité pour leurs agresseurs, il est impératif qu’ils ne soient pas autorisés à échapper à la justice et à prolonger une campagne de censure violente. Ce rapport propose une feuille de route claire sur la manière de traiter le cas de Sardasht et d’assurer une plus grande transparence et une plus grande responsabilité pour les cas à l’avenir. »

Sabrina Bennoui, directrice Moyen-Orient pour Reporters sans frontières (RSF), déclare :

« Douze ans après l’assassinat de Sardasht Osman, les autorités s’en tiennent toujours à leur version officielle – à laquelle l’entourage du journaliste n’a jamais cru, concernant ses écrits critiques à l’égard du gouvernement. L’enquête a été aussi opaque que rapide et il est clair qu’elle n’a pas révélé la vérité sur les auteurs et leurs véritables motivations. »

Les enquêtes et recommandations précédentes peuvent être trouvées ici

L’enquête complète, en anglais, kurde et arabe, peut être téléchargée ici

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Voici la fameuse tribune de Sardasht Osman où il critique le clan Barzani :
 
« Je suis amoureux de la fille de Massoud Barzani
 
Je suis amoureux de la fille de Massoud Barzani [président du Kurdistan irakien], l’homme qui apparaît ici et là et qui prétend être mon président. Je voudrais qu’il soit mon beau-père et je voudrais aussi être le beau-frère de [l’ancien Premier ministre] Nechirvan Barzani*.
 
Si je devenais le gendre de Massoud Barzani, nous passerions notre lune de miel à Paris et nous visiterions également la maison de notre oncle en Amérique. Je déménagerais ma maison de l’un des quartiers les plus pauvres d’Erbil à Sari Rash [le complexe du palais de Barzani] où elle serait protégée par des chiens de garde américains et des gardes du corps israéliens.
 
Je ferais en sorte que mon père devienne le ministre des Peshmerga [la milice kurde]. Il avait été Peshmerga lors de la révolution de septembre, mais il n’a plus de pension parce qu’il n’est plus membre du Parti démocratique du Kurdistan.
 
Je ferais de mon petit frère malchanceux, qui vient de terminer ses études universitaires mais qui est maintenant au chômage et cherche à quitter le Kurdistan, le chef de mes forces spéciales.
 
Ma sœur, qui a été trop gênée pour aller faire des courses au bazar, pourrait conduire toutes les voitures de luxe, comme le font les filles de Barzani.
 
Pour ma mère, qui est diabétique et souffre d’hypertension et de problèmes cardiaques, mais qui ne peut pas se permettre de se faire soigner en dehors du Kurdistan, j’engagerais deux médecins italiens pour la soigner dans le confort de sa propre maison.
 
Pour mes oncles, j’ouvrirais quelques bureaux et départements et ils deviendraient, avec tous mes neveux et nièces, de hauts généraux, des officiers et des commandants.
 
Tous mes amis m’ont dit : Saro, laisse tomber et abandonne, sinon tu vas te faire tuer. La famille de Mulla Mustafa Barzani [le père de Massoud Barzani] peut tuer qui elle veut, et elle le fera certainement.
 
Je leur ai dit que je n’avais pas commis de blasphème et je jure sur le poignard de [feu frère de Massoud] Mustafa Idris Barzani que mon père avait passé 3 nuits avec lui sur la même montagne [pendant la lutte contre Saddam] et alors pourquoi ne pas dire ces choses ? Massoud Barzani a lui-même déclaré qu’il était président,www.ekurd.netand Je lui demanderais comment il a pu visiter Erbil et Sulaimaniyah au cours des 18 dernières années.
 
Mon problème est que cet homme, Massoud Barzani, est si tribal et si arrogant qu’il ne reconnaît personne, même de l’autre côté de Sari Rash. En quelques clics, je peux en savoir plus sur les femmes de tous les dirigeants du monde, mais je n’ai aucune idée de qui serait ma belle-mère et à quoi elle ressemble.
 
Je n’ai aucune idée de qui je devrais emmener avec moi pour demander à Massoud Barzani de me donner sa bénédiction pour épouser sa fille. Dès le début, j’ai pensé que je devrais emmener avec moi quelques personnalités religieuses, quelques vieux hommes respectueux et quelques vieux Peshmerga, mais un de mes amis journalistes m’a dit que je devrais trouver des collaborateurs de Saddam et ceux qui ont participé à l’opération Anfal [nettoyage ethnique à la fin des années 80] avec Saddam parce qu’ils sont tout autour de Massoud maintenant et qu’il les aime bien. Un autre ami m’a suggéré d’aller à l’une des conférences de presse de Nechirvan Barzani et de me lier d’amitié avec lui en lui demandant de me rendre un service. Cependant, s’il ne m’aide pas, je peux demander à Dashne [une chanteuse kurde] parce qu’elle les rencontre fréquemment et pourrait les aider.
 

SYRIE. Malgré la guerre, les projets d’économie féminine se développent au Rojava

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SYRIE / ROJAVA – Malgré l’embargo et les attaques visant les régions syriennes dirigées par la coalition arabo-kurde, les structures féminines locales continuent à développer l’économie autogérée des femmes pour assurer l’autosuffisance et l’autonomisation des femmes.
 

La libération des femmes est l’un des paradigmes centraux de la révolution du Rojava. Confrontées à la guerre et à l’embargo, les femmes construisent leurs propres structures économiques. L’un des projets de l’économie féminine est la coopérative textile Lavîn à Hesekê.

La coopérative textile Lavîn a été fondée en 2015 et possède des magasins à Hassakê, Dirbêsiyê, Qamişlo et Girkê Legê. Des femmes arabes et kurdes travaillent dans la coopérative.

Nesrin Heci Mihemed est membre fondatrice de la coopérative, sur l’histoire de laquelle elle raconte : « Aux débuts de Lavîn, il y avait certaines difficultés. Nous avions des problèmes pour trouver des employés et du matériel, mais depuis 2015 le travail se poursuit avec beaucoup d’enthousiasme. Il a fallu du temps pour former les employées. Ainsi, les bases d’une nouvelle forme de travail ont été créées. Les préparatifs ont été importants. Lavîn continue de se développer chaque jour. Les employées maîtrisent maintenant leur métier et l’adorent.»

Mihemed note que les objectifs de la coopérative sont de fournir un champ de travail aux femmes et de veiller à ce que les femmes puissent se développer et subvenir à leurs besoins. Elle poursuit : « Nous acceptons toutes les femmes qui veulent travailler. Peu importe qu’elles soient arabes ou kurdes. L’important, c’est qu’elles veuillent travailler. Les femmes ne sont pas mises tout de suite devant une machine. travailler, repasser puis coudre. Ensuite, c’est aussi une question d’inclinaison. Plus vite quelqu’un apprend, plus vite la formation peut être complétée.»

 

Les prix sont déterminés en tenant compte des conditions de la population

Le design des produits est également développé par des femmes. Des vêtements traditionnels kurdes, des pantalons, des chemises, des T-shirts et toutes sortes d’autres types de vêtements sont fabriqués. Concernant le prix des produits, Mihemed précise : « Les produits sont abordables selon les prix du marché. Les prix sont déterminés en tenant compte des conditions des personnes. Bien que les tissus soient chers, les produits sont proposés à la vente à bas prix. La plupart du temps , nous ne faisons pas de profits, mais nous sommes guidés par les besoins du peuple. La population en a besoin. De plus, nous voulons faire des progrès à tous égards pour éviter la dépendance vis-à-vis des pays étrangers.»

Mihemed souligne que la construction d’une économie féminine est également importante du point de vue que l’ouverture d’un champ d’emploi pour les femmes augmente également leur confiance en soi.

Cihan Sax, qui travaille à Lavîn depuis deux ans, explique : « C’est la première fois que je travaille pour un salaire. Je m’occupe principalement du ménage. J’ai appris cela avec le temps. Je m’occupe de ma famille et j’ai un travail. J’aime mon travail.»

 

Sidra Mami travaille à Lavîn depuis deux mois. Elle dit: « Je travaille bien avec mes collègues. Je vérifie la taille des robes et détermine où mettre des perles. Je n’avais rien à voir avec la couture auparavant, mais j’ai appris le travail de mes collègues en un mois. Nous sommes tous amis et travailler ensemble. Cela nous rend heureuses. »

 

« Je ne dépends de personne »

Zahide Bedran travaille à Lavîn depuis deux ans. Elle explique : « Je peux maintenant subvenir à mes besoins. Je m’occupe de ma famille, et c’est un soulagement d’avoir un travail. C’est agréable d’être autonome. Je vois que je peux faire quelque chose. C’est bien d’avoir un travail et je n’ai besoin de personne. Je n’ai pas besoin d’un homme pour travailler. »

 

« Mon travail a du sens »

Maha Eli travaille également à Lavîn. Elle dit : « C’est agréable de travailler avec des amies, on s’entraide. Je subviens aux besoins de ma famille avec mon travail. Je sais que mon travail a du sens. C’est agréable de faire quelque chose. »

 

L’association alévie, FEDA appelle à la solidarité avec les Yézidis attaqués à Shengal

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L’association alévie, FEDA appelle tous les peuples opprimés à soutenir la juste lutte des Kurdes yézidis de Shengal qui protègent leurs terres, leur langue, culture et lieux saints face aux massacres et génocides.
 
La Fédération démocratique des Alévis en Europe (FEDA) a déclaré que la Turquie et l’Irak avaient lancé une attaque génocidaire contre les Yézidis en coopération avec le PDK, appelant à la solidarité avec le peuple yézidi dans sa lutte.
 
« Sous l’influence de la mentalité de l’islam politique sunnite, l’État turc et l’État irakien veulent commettre un génocide contre notre peuple en exacerbant les tensions au Kurdistan. En coopération avec la trahison de la famille Barzani, la Turquie et l’Irak cherchent à éliminer toutes les réalisations de notre peuple yézidi », a déclaré la FEDA dans un communiqué publié mardi.
 
« Les Kurdes yézidis, adeptes d’une ancienne foi en Mésopotamie, font actuellement face à de nouveaux massacres avec le soutien de traîtres kurdes. Les États-Unis et l’OTAN, qui maintiennent l’espace aérien du Bashur (Kurdistan du Sud) et du Rojava (Kurdistan de l’Ouest) ouvert à l’État turc, ainsi que l’ONU et le Conseil de l’Europe qui restent silencieux face aux attaques d’invasion, sont également à blâmer pour avoir donné du vert lumière sur l’incursion illégale et barbare de la Turquie. L’État irakien attaque actuellement Şengal en parallèle avec l’armée turque qui bombarde continuellement Şengal. Şengal est le lieu sacré des anciens Kurdes yazidis.
 
Nous appelons tous les peuples opprimés à soutenir la juste lutte du peuple yézidi qui protège sa terre, sa langue, sa culture et ses lieux saints contre les massacres et les génocides.
 
Nous appelons tous les alévis à prendre position et à s’unir autour d’une vie commune contre les attaques fascistes et l’occupation de l’AKP-MHP. »
 
ANF

Un documentaire rendant hommage aux femmes yézidies primé à Los Angeles

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Le documentaire Hêza réalisé par la cinéaste kurde Derya Deniz a reçu le prix du meilleur documentaire au Los Angeles Independent Women’s Film Festival (Festival indépendant de films réalisés par des femmes cinéastes).

Le Festival du film indépendant pour femmes de Los Angeles, organisé pour la septième fois cette année, a réuni des réalisatrices de nombreuses régions du monde.

Le documentaire Hêza, qui a participé au festival, a reçu le prix du meilleur documentaire.

Le documentaire Hêza réalisé par Derya Deniz a reçu le prix du meilleur documentaire au festival. Le film a reçu le meilleur prix au Festival international du film de Boden en Suède en avril et le prix de la réalisation exceptionnelle au Festival international du film de Druk qui s’est tenu au Bhoutan en Asie du Sud. (ANF)

Derya Deniz, la réalisatrice et productrice du documentaire âgée de 37 ans, a déclaré que Hêza est un hommage à toutes les femmes qui ont été sauvées des mains de l’Etat islamique et ont résisté, ajoutant que : « Les récompenses leur appartiennent ».

Plusieurs femmes yézidies, anciennes esclaves de DAECH, ont pris les armes contre DAECH pour en finir avec la barbarie islamiste qui avait plongé le Moyen-Orient dans les ténébres. L’une de ces femmes au courage extraordinaire est devenue la héroine du documentaire « Hêza » réalisé par Derya Deniz.
 
Le documentaire « Hêza » raconte l’histoire d’une femme yézidie qui a été kidnappée avec 24 membres de sa famille à la suite de l’attaque de l’Etat islamique contre Shengal le 3 août 2014. Le documentaire, tourné au Rojava, en Syrie et Shengal par la cinéaste Derya Deniz est le résultat d’un an de travail. La musique du documentaire a été composée par Mehmud Berazi. Le tournage et le montage sont signés par Şaristan Mahîr, Aza Boran, Afat Baz et Îbrahim Sedî.
 
 
L’histoire du documentaire Hêza 
 
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L’Etat islamique a emmené nombre de ses femmes kidnappées à Raqqa, où elles subissent encore plus de brutalités. L’une de ces femmes est Hêza, qui a été kidnappée à Shengal lors du massacre perpétré par l’Etat islamique le 3 août 2014. La jeune femme fait de nombreuses tentatives de suicide mais n’en meurt pas. Avec le soutien d’une famille kurde, elle parvient à sortir de Raqqa et à retrouver sa liberté. De retour à Shengal en 2015, la femme Hêza a rejoint les forces féminines yézidies YJŞ et est devenue commandante.
 
De retour à Raqqa en tant que commandante des YJŞ en 2016, elle rejoint l’opération menée par les FDS pour libérer Raqqa. Après la libération de Raqqa de l’Etat islamique, la femme yézidie rend visite à la famille kurde qui l’avait aidée à s’échapper.
 

Le verdict du procès Gezi condamné à Berlin

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ALLEMAGNE – Des journalistes kurdes et turcs réfugiés en Allemagne, ainsi que des défenseurs des droits humains se sont rassemblés aujourd’hui à Berlin pour dénoncer les condamnations des activistes et des personnalités de la société civile – dont Osman Kavala – lors du nouveau procès de Gezi qui est une tentative de liquider toute alternative au régime national-islamiste d’Erdogan.

 
L’écrivaine Aslı Erdoğan, le journaliste Deniz Yücel, le producteur de films et défenseur des droits Peter Steudtner, la journaliste-peintre Zehra Doğan et la journaliste-écrivain Can Dündar ont initié l’action d’aujourd’hui contre les condamnations lors du nouveau procès de Gezi en Turquie.
 
Lors de l’audience finale du nouveau procès de Gezi le 25 avril, la 13e Cour pénale d’Istanbul a condamné Osman Kavala à la réclusion à perpétuité aggravée et Mücella Yapıcı, Çiğdem Mater, Hakan Altınay, Mine Özerden, Can Atalay, Tayfun Kahraman, Yiğit Ali Ekmekçi à 18 ans en prison.
 
« Une punition pour près de 10 millions de personnes »
 
Les cinq journalistes, écrivains et défenseurs des droits ont déclaré qu’ils manifestent pour protester contre les condamnations sans fondement d’Osman Kavala et de sept défenseurs des droits humains militants en Turquie, que ces peines sont prononcées contre 10 millions de citoyens qui étaient descendus dans la rue lors des protestations de Gezi de 2013 à travers tout le pays.
 
Le mouvement protestataire de Gezi
 
Le mouvement protestataire de 2013 en Turquie a débuté le 28 mai à Istanbul par un sit-in d’une cinquantaine de riverains du parc Taksim Gezi, auxquels se sont associés rapidement des centaines de milliers de manifestants dans 78 des 81 provinces turques. Par leur ampleur, la nature de leurs revendications et les violences policières qui leur ont été opposées, ces manifestations ont été comparées au printemps arabe, au Occupy movement, au mouvement des Indignés, ou encore à Mai 68. (Wikipedia)

Photo via Deniz Yucel

Le monde a-t-il oublié les Yézidis ?

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Alors que les Yézidis rescapés du génocide commis par l’EI sont attaqués par l’armée irakienne et la Turquie, la journaliste Sarah Glynn interpelle la communauté internationale avant que les derniers Kurdes yazidis soient chassés de Shengal.
 
Voici son article:
 
En 2014, le monde a été stupéfait et horrifié alors que l’Etat islamique se déchaînait dans la région yézidie de Sinjar, dans le nord de l’Irak, tuant les hommes et capturant les femmes et les enfants pour en faire des esclaves sexuels et des enfants soldats. Les Yézidis pratiquent leur propre religion et l’EI les considère comme des infidèles, mais c’était loin d’être la première fois que les Yézidis étaient persécutés dans leur patrie irakienne de Sinjar (Şengal en kurde), niché à la frontière syrienne (…).
 
Après le massacre de l’EI, les médias internationaux ont montré des dizaines de milliers de survivants appelant à l’aide depuis le mont Sinjar, où ils avaient fui pour se mettre en sécurité. Ils étaient encerclés par des combattants de l’Etat islamique et des enfants mouraient de faim et de soif. Les États-Unis ont largué de la nourriture et de l’eau, mais les politiciens ont sonné la main sur ce qui pouvait être fait. Pendant ce temps, un petit groupe de combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et des Unités de protection du peuple (YPG) du Rojava ont fait irruption et ont conduit les Yézidis en lieu sûr de l’autre côté de la frontière syrienne – et le monde a poussé un soupir de soulagement collectif. On estime que 2 à 5 000 Yézidis ont été tués par l’État islamique et 4 à 11 000 ont été capturés, dont 3 000 sont toujours portés disparus. Cela a été largement reconnu comme un génocide, mais moins de huit ans plus tard, les survivants de ce génocide sont à nouveau attaqués.
 
L’attaque de l’Etat islamique a pu se produire, et se produire si brutalement, parce que l’armée irakienne et les peşmerga du gouvernement régional du Kurdistan, qui étaient censés garder la région, ont fui et laissé les Yézidis sans protection. D’autre part, le PKK et les YPG n’ont pas seulement sauvé les Yézidis de la montagne. Ils leur ont donné une formation militaire et les ont aidés à reprendre leurs terres. Ils les ont également aidés à mettre en place leur propre administration autonome, similaire à celle du Rojava, et leur propre force de défense afin qu’ils ne soient plus laissés sans protection.
 
En 2018, le PKK a annoncé que les unités de résistance Sinjar (YBŞ) des Yézidis étaient prêtes à prendre en charge la défense de la région et qu’elles-mêmes se retiraient. L’auto-administration yézidie est dirigée selon les idées d’Abdullah Öcalan, le chef emprisonné du PKK, qui mettent l’accent sur la démocratie radicale, les droits des femmes et la diversité culturelle. L’administration entretient de bonnes relations avec les autres organisations qui partagent la philosophie d’Öcalan, mais elle est organisée séparément.
 
L’Irak est un État fédéral, et il accorde également une reconnaissance officielle à de nombreuses milices différentes en plus de la principale armée irakienne. Constitutionnellement, l’autonomie yézidie ne poserait pas de problème ; et le YBŞ est déjà reconnu comme l’une des unités de mobilisation populaire irakiennes, aux côtés des milices – en grande partie chiites. Mais les puissances qui dominent la région avaient d’autres idées. En octobre 2020, un accord a été annoncé qui partageait le contrôle et la défense de Sinjar entre le gouvernement fédéral irakien, avec son armée irakienne, et le gouvernement régional du Kurdistan – dominé par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) – avec leurs Peşmergas. En d’autres termes, cela remettrait la région aux forces mêmes qui avaient abandonné les Yézidis à l’État islamique. Cet accord a été conclu sans consulter les Yézidis, mais il a reçu un soutien international – y compris du Royaume-Uni – et montre clairement l’influence des États-Unis et de la Turquie.
 
Les Yézidis sont généralement considérés comme des Kurdes et leur administration autonome a, comme indiqué, adopté les idées d’Öcalan. Ces deux faits en font des ennemis aux yeux de la Turquie. Les Yazidis se concentrent sur leur propre défense et ne représentent aucune menace pour la Turquie, mais cela n’a pas empêché le gouvernement turc de prétendre que le YBŞ fait partie du PKK – comme ils le prétendent également pour le YPG en Syrie – et est un organisation terroriste. L’armée turque a mené plusieurs frappes aériennes contre Sinjar, notamment des assassinats ciblés de personnalités et la destruction d’un petit hôpital. Et la Turquie a affirmé que si l’administration autonome de Sinjar n’est pas supprimée par l’Irak, elle a le droit de la détruire elle-même au nom de la « légitime défense » . Les attaques de la Turquie, ici et ailleurs, ne visent pas simplement à anéantir les Kurdes. Elles ont également l’ambition de récupérer certaines des terres qui faisaient autrefois partie de l’Empire ottoman et de prendre le contrôle permanent d’une bande du nord de la Syrie et de l’Irak.
 
Les États-Unis se sont peut-être retrouvés alliés des YPG dans la lutte contre l’EI en Syrie, mais cela ne signifie pas qu’ils soutiennent sa politique. L’Amérique, ainsi que d’autres nations occidentales, ont montré un soutien presque inconditionnel au KDP dirigé par le clan, avec ses politiques favorables aux entreprises ; mais ils n’ont pas montré plus de sympathie pour le PKK que pour tout autre mouvement de liberté de gauche. La CIA a dirigé le complot international pour capturer Öcalan en 1999, et les États-Unis ont des primes sur les têtes de trois dirigeants du PKK. Ils ne sont pas seulement soucieux d’apaiser la Turquie en tant qu’allié stratégique de l’OTAN – ils sont également heureux de soutenir la Turquie dans sa mission d’éteindre le PKK et de mettre un terme à tous les mouvements qui suivent les idées d’Öcalan.
 
Depuis « l’accord », le PDK et l’Irak ont ​​tenté de faire pression sur les Yézidis et d’utiliser leurs forces militaires pour les intimider afin qu’ils cèdent le contrôle de Sinjar. Les yézidis ont clairement fait savoir qu’ils n’avaient pas l’intention d’être intimidés. Ils ont exigé des négociations et une contribution à leur propre avenir, mais, jusqu’à présent, les réunions n’ont abouti à rien. Ces dernières semaines, sous l’impulsion du PDK, l’Irak a intensifié ses actions. Le PDK tient à affirmer son pouvoir sur Sinjar et s’est également permis de devenir complètement inféodé à la Turquie, malgré l’agenda anti-kurde de cette dernière. Le faible gouvernement irakien veut également concrétiser son contrôle promis dans la région et, bien que leurs relations avec la Turquie doivent être équilibrées en évitant de contrarier les groupes puissants contrôlés par l’Iran, ils veulent également garder la Turquie à ses côtés et conclure des accords pour les drones turcs et le savoir-faire turc. Il y a même eu des allégations d’un accord secret entre l’Irak et la Turquie.
 
Plus tôt cette année, l’Irak a commencé à isoler les habitants de Sinjar – avec une barrière en béton pour les séparer de la Syrie et des clôtures pour les éloigner des villages arabes environnants. Et, le lendemain du jour où la Turquie a lancé une nouvelle attaque contre le nord de l’Irak et les tunnels de guerre du PKK, que j’ai décrits il y a trois semaines ,tandis que les yézidis se préparaient pour leurs fêtes du nouvel an, le « mercredi rouge », l’armée irakienne a lancé sa première attaque contre un poste de contrôle yézidis. Les attaques se sont intensifiées, l’armée irakienne apportant des véhicules blindés, des chars et des hélicoptères militaires. Ils ont lancé un ultimatum aux YBŞ (et aux, branche féminine YJŞ) pour qu’ils remettent leurs bases ou « soient traités dans les termes les plus fermes possibles », mais les forces yézidies, avec le soutien de membres fidèles de la communauté locale, ont mis en place une forte résistance. Il y a eu des morts et des blessés des deux côtés, et les Yézidis ont été contraints de se retirer de certaines positions, mais ils sont déterminés à tenir bon. Actuellement, il y a un cessez-le-feu difficile et des discussions sont en cours, mais les yézidis craignent une prise de contrôle progressive et appellent les troupes irakiennes à se retirer.
 
L’Irak a également capturé deux journalistes étrangers qui faisaient des recherches sur les Yézidis. Marlene Förster a été accusée de « soutenir le terrorisme ». Elle a été détenue à l’isolement et n’a été autorisée à rencontrer un représentant de l’ambassade d’Allemagne qu’après avoir entamé une grève de la faim. Son collègue slovène, Matej Kavčič, a disparu de tout contact.
 
Cette semaine, environ 500 à 700 familles yézidies ont quitté Sinjar par peur pour leur vie. Même avant cette dernière attaque, beaucoup avaient estimé qu’il n’était pas encore sûr de retourner dans leur ancienne maison. De la population d’origine d’environ 400 000, seuls 120 000 environ étaient revenus. Il n’est pas facile de retourner sur les lieux d’un massacre, et cela est rendu pratiquement difficile par le manque d’investissement dans la reconstruction. Mais les attaques de la Turquie ont également eu un effet dissuasif majeur – comme c’était sans aucun doute l’intention.
 
L’accélération de l’agression turque – en Irak, en Syrie et en Turquie même – est motivée par la peur du président Erdoğan de perdre les prochaines élections. Il a besoin d’une victoire pour compenser les impacts d’une économie qui laisse une grande partie de la population incapable de joindre les deux bouts. Pendant ce temps, l’Irak continue d’être un chaudron dangereux de puissances concurrentes. Mais l’attention du monde est maintenant concentrée sur une autre guerre dans un autre endroit. Les Yézidis sont l’histoire de la dernière décennie. Ils ont fait des victimes exotiques, mais presque personne n’a écrit sur leur extraordinaire détermination à reconstruire leur société du traumatisme dévastateur du génocide, et à rendre cette société reconstruite plus juste et démocratique et capable de se défendre contre de futures attaques. Peu de gens étaient au courant de ce que les Yézidis avaient accompli, et peu sauront que tout cela est attaqué. Souvenez-vous des Yézidis.
 
 

Le Mouvement belge pour la paix condamne le silence de l’Occident face à l’invasion turque au Kurdistan du Sud

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Ludo De Brabander du Mouvement belge pour la paix condamne le silence de l’Occident face à l’invasion de les régions kurdes d’Irak et de Syrie par la Turquie.
 
Ludo De Brabander, porte parole de l’ONG belge Vrede vzw qui travaille pour la paix internationale et la justice sociale, a condamné le silence de l’Occident devant l’énième invasion turque dans le nord de l’Irak.
 
L’article de De Brabander intitulé « Silence occidental sur une énième invasion turque dans le nord de l’Irak » publié sur le site Vrede.be a suscité des inquiétudes concernant les attaques d’invasion de l’État turc au Kurdistan du Sud et au Rojava.
 
Ludo De Brabander, écrivain belge et porte-parole de l’organisation pacifiste belge Vrede vzw, a critiqué le silence occidental sur la récente invasion turque au Kurdistan du Sud dans l’article suivant:
 
Silence occidental sur une énième invasion turque dans le nord de l’Irak
 
Le 18 avril 2022, la Turquie a lancé une nouvelle opération militaire transfrontalière contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l’Irak (Kurdistan du Sud ou « Bashur » en kurde). Les avions de guerre turcs ont déjà bombardé plus de dix villages.
 
L’opération a reçu le nom de « Griffes-serrure », une référence à l’objectif de l’invasion turque : fermer tous les points de passage frontaliers avec la Turquie, ce qui signifie en pratique qu’Ankara souhaite créer une « zone de sécurité » à plusieurs dizaines de kilomètres de profondeur. le nord – Territoire irakien.
 
L’objectif officiel de l’opération est d’assurer la sécurité des frontières turques et de détruire le PKK. Ankara affirme également que l’opération vise à contrecarrer les attaques à grande échelle du PKK contre la Turquie. Mais ce qui y contribue, c’est la baisse de popularité du gouvernement AKP du président Erdoğan en raison de la grave crise financière et économique qui affecte la Turquie. Une « guerre contre le terrorisme » devrait stimuler le nationalisme turc avec une revendication néo-ottomane sur le territoire du nord de la Syrie et de l’Irak. En 1920, le Parlement turc a adopté un « Pacte national » qui considère la zone frontalière nord de la Syrie et le nord de l’Irak, y compris Mossoul, comme territoire turc. Erdoğan a fait référence à ce pacte à plusieurs reprises, préconisant que le traité de Lausanne de 1923, qui a établi les frontières modernes de la Turquie, soit révisé.
 
La Turquie a une longue tradition d’invasions militaires dans le nord de l’Irak qui remonte à 1983.
 
La Turquie a une longue tradition d’invasions militaires dans le nord de l’Irak qui remonte à 1983. Depuis lors, l’armée turque a violé le territoire irakien des dizaines de fois. Depuis la mi-2019, il a mené huit opérations différentes « Griffe », désormais suivies de « Griffes-serrure » qui dure depuis plus de deux semaines. Bien que le gouvernement irakien ait protesté à chaque fois contre la violation de son territoire, les opérations se poursuivent et la Turquie y établit des bases militaires.
 
En 2020, une agence gouvernementale turque a publié une carte montrant les emplacements de 38 bases et postes militaires dans le nord de l’Irak où des milliers de soldats turcs sont stationnés, sans l’autorisation de Bagdad. En mai de l’année dernière, le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, a visité la base militaire turque de Biliç Hill, dans le nord de l’Irak, lors d’une des opérations en cours contre le PKK. Furieux de cette visite , le vice-ministre irakien des Affaires étrangères a convoqué l’envoyé diplomatique turc à Bagdad pour exprimer sa consternation face à la présence du ministre turc en Irak sans préavis.
 
Invasions turques dans le nord de la Syrie
 
Un scénario similaire se déroule en Syrie. Depuis 2016, la Turquie a envahi le nord du pays à trois reprises aux côtés des milices islamistes. La première fois, c’était officiellement dans la lutte contre Daech (État islamique), mais en réalité pour stopper une avancée des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui étaient en route pour réaliser le rattachement des zones autonomes de l’Est avec Afrin. une enclave kurde au nord-ouest du pays. Les FDS sont l’alliance militaire du gouvernement autonome du nord-est de la Syrie, dont les unités d’autodéfense kurdes (YPG/YPJ) constituent l’essentiel. En 2018, les troupes turques ont également envahi cette enclave et se sont livrées à un nettoyage ethnique. En 2019 c’est au tour d’une longue bande frontalière entre Tell Abyad (Girê Spî) et Ras al-Ayn (Serê Kaniyê),
 
Avec la récente recrudescence des attaques turques contre les FDS dirigées par les Kurdes, la Turquie indique clairement qu’elle s’en tient à son plan de création d’une longue zone tampon le long de toute la région frontalière. En multipliant les attaques violentes en Syrie et en Irak, Ankara profite de la guerre en Ukraine, qui demande beaucoup d’efforts aux troupes russes et aspire toute l’attention des médias et de la politique occidentale.
 
La Turquie a fermé son espace aérien aux vols russes vers la Syrie. Cela complique le soutien militaire russe à Damas. La Turquie pourrait vouloir augmenter la pression sur Moscou afin que le Kremlin donne son feu vert aux plans de la Turquie pour contrôler toute la région frontalière nord.
 
L’OTAN et l’Union européenne se taisent.
 
L’OTAN et l’Union européenne se taisent. Cela contraste fortement avec le langage dur et les mesures prises contre la Russie en raison de la guerre qu’elle a déclenchée en Ukraine. Cependant, dans les deux cas, il s’agit d’une agression internationale contre un pays souverain et d’une violation de la Charte des Nations Unies. La Turquie est un membre crucial de l’OTAN. Située sur le flanc sud de la Russie, elle forme une tête de pont vers les régions riches en pétrole et en gaz du Moyen-Orient et de l’Asie centrale. La Turquie entretient également de bonnes relations avec le clan conservateur kurde Barzani qui contrôle l’administration dans le nord de l’Irak. La plupart du pétrole de la région kurde est commercialisé par pipelines vers la Turquie. Ankara travaille actuellement d’arrache-pied pour importer également du gaz de la région autonome kurde du nord de l’Irak.
 
La Turquie a entamé des pourparlers avec Israël pour une aide au transport du gaz du Kurdistan irakien vers l’Europe. Les deux pays ont également entamé des discussions sur la construction d’un gazoduc sous-marin à partir du plus grand gisement de gaz naturel offshore d’Israël, Léviathan, pour acheminer du gaz vers le sud de l’Europe via la Turquie. La Turquie semble vouloir se rendre indispensable à l’approvisionnement supplémentaire en gaz dont elle a tant besoin, de sorte que l’Europe n’est pas encline à critiquer les invasions turques en Irak et en Syrie.
 
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