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Abdi : Le but de la révolution était la liberté, pas seulement un changement de régime

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SYRIE / ROJAVA – Lors d’une cérémonie commémorant le dixième anniversaire de la fondation du Conseil démocratique syrien (en kurde : Meclîsa Sûriyeya Demokratîk), Mazlum Abdi a décrit l’accord du 10 mars comme le fondement d’un nouvel ordre fédéral en Syrie.

Le commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), Mazloum Abdi, a qualifié l’accord du 10 mars d’étape historique vers un nouvel ordre politique en Syrie. S’exprimant lors d’une cérémonie à Hassaké marquant le dixième anniversaire du Conseil démocratique syrien (CDS), M. Abdi a déclaré que l’objectif de la révolution syrienne avait toujours été la liberté, et non le simple renversement du régime baasiste. « Le changement de système n’était que la première phase. Le peuple syrien souhaitait non seulement se débarrasser de l’ancien État, mais aussi construire un nouvel ordre fondé sur la liberté, la diversité et l’autonomie », a-t-il affirmé.

L’accord du 10 mars comme point de repère

L’accord du 10 mars 2025 a été négocié entre l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie et le Gouvernement fédéral de transition syrien. Il énonce des principes relatifs à l’autonomie régionale, à l’inclusion de tous les groupes ethniques et religieux et à la décentralisation de l’État. Abdi a souligné que cet accord bénéficie du soutien des acteurs internationaux et régionaux. « Au sein des FDS et de l’Administration autonome, nous soutenons pleinement cet accord. Nous savons qu’il constitue le fondement d’une Syrie stable. »

« Ceux qui misent sur la guerre échoueront »

Face aux tensions politiques dans la région, Abdi a dénoncé les discours de haine persistants et mis en garde contre une nouvelle escalade. « Certaines forces cherchent à entraver la recherche d’une solution. Mais ceux qui misent sur la guerre et propagent la haine échoueront », a déclaré le commandant.

Malgré les incertitudes quant à sa mise en œuvre, l’accord reste en vigueur. Des progrès ont été réalisés dans les négociations avec Damas, notamment sur le plan militaire. L’objectif est de parvenir à un accord global qui prenne également en compte les revendications politiques et administratives des populations kurde et arabe du nord-est de la Syrie.

L’autonomie gouvernementale comme revendication légitime

Abdi a exigé que des régions comme Raqqa, Deir ez-Zor et Hassaké soient gouvernées par leurs habitants. Il a fait valoir que cette exigence était le fruit d’années de sacrifices dans la lutte contre l’organisation terroriste « État islamique » (EI) et l’expression de la volonté politique des populations locales. « Après tout ce qu’ils ont accompli, il est de leur droit de façonner leurs propres régions », a-t-il déclaré. Cela vaut également pour les partis kurdes, qui militent depuis des années pour une reconnaissance constitutionnelle. « L’accord stipule explicitement que tous les aspects de la Syrie, y compris les minorités religieuses et ethniques, doivent être pris en compte dans la nouvelle constitution. »

Nouveau rôle pour le Conseil démocratique syrien

Le Conseil démocratique syrien, organe politique chapeautant l’administration autonome du nord et de l’est de la Syrie, jouera un rôle plus actif dans la reconstruction du pays, a déclaré Abdi. Au cours des dix dernières années, cet organe a contribué de manière significative à la stabilisation de la région, a affirmé le commandant en chef. « Les nouveaux défis exigent de nouvelles structures. Nous avons besoin de cadres solides pour les différentes composantes de la Syrie. L’administration autonome peut servir de modèle à d’autres régions », a-t-il ajouté.

Faire appel aux États voisins

Abdi a également plaidé pour un dialogue avec les pays voisins. Contrairement au passé, la volonté de dialoguer est aujourd’hui plus grande. La présence des FDS ne doit plus servir de prétexte à des interventions militaires, a déclaré Abdi, en faisant référence à la Turquie. « Les États voisins font partie de la solution. La réduction des tensions est dans notre intérêt commun. Nous sommes prêts à construire ensemble le processus de paix. » (ANF)

KURDISTAN. Campagne d’aide pour les victimes des inondations

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IRAK / KURDISTAN – Le 12 décembre dernier, les pluies diluviennes ont frappé Sulaymaniyah, Kirkuk, Erbil et Nineveh. En plus de la destruction des habitations et des dégâts matériels énormes, au moins cinq personnes ont perdu la vie.
 
L’ONG kurde, Heyva Sor a Kurdistan a lancé un appel à l’aide pour les rescapés des inondations. Si vous le pouvez, merci de faire un don ou de partager cet appel aux dons afin que les victimes puissent recevoir l’aide dont elles ont besoin.
 

Heyva Sor a Kurdistanê e. V.
Kreissparkasse Köln
IBAN : DE49 3705 0299 ​​​​0004 0104 81
BIC/SWIFT : COKSDE33XXX

Paypal : heyvasorakurdistan@gmail.com

paypal.me/heyvasorakurdistane

Syriens au Parlement allemand : la décentralisation est la meilleure option pour l’avenir de la Syrie

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ALLEMAGNE –  Lors d’une réunion au Parlement de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, des Syrien.es représentant les composantes alaouites, druzes, kurdes… du pays ont souligné que la décentralisation était la meilleure option pour l’avenir de la Syrie actuellement entre les mains des islamistes du HTS / HTC. 

Le Parlement du Land allemand de Rhénanie-du-Nord-Westphalie a examiné la situation des composantes de la Syrie, en insistant sur la protection des droits humains, la promotion de l’intégration et le respect de la diversité à travers un futur système décentralisé.
 
Une séance de discussion s’est tenue hier, vendredi, dans les locaux du Parlement du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, organisée par le bloc parlementaire des Verts sous le titre « Composantes syriennes en Rhénanie-du-Nord-Westphalie : entre exil et nouveau départ – Les droits de l’homme en jeu ».
 
La session a porté sur la situation des différentes composantes de la Syrie après la chute du régime baasiste, en mettant l’accent sur les violations persistantes commises par le gouvernement de transition à l’encontre des Alaouites, des Assyriens, des Kurdes, des Druzes et d’autres groupes ethniques. Des parlementaires allemands, des experts et des militants syriens résidant en Europe ont participé aux discussions.
 
Lamya Kaddor, députée allemande du parti des Verts d’origine syrienne, a déclaré : « Il est nécessaire d’aborder avec prudence le gouvernement de transition syrien et de mettre fin aux pratiques fondées sur l’exclusion sectaire. » Elle a ajouté que « la compétence devrait être le critère de nomination aux institutions gouvernementales syriennes, indépendamment de toute appartenance religieuse ou sectaire. »
 
La session a également mis en lumière le rôle du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, qui accueille la plus forte concentration de Syriens en Allemagne, avec un nombre de résidents d’origine syrienne estimé à environ 374 000. Elle a examiné le suivi assuré par le Land de la situation des réfugiés syriens et l’impact des développements politiques en Syrie sur leur vie quotidienne, notamment en ce qui concerne le droit de résidence, l’intégration et la participation citoyenne.
 
Le député allemand Max Lucks a fait remarquer que « l’Allemagne a tardé à prendre des mesures concrètes concernant la Syrie, et une intervention pour protéger les droits de l’homme était nécessaire depuis les violences survenues à Soueïda ». Il a ajouté : « La diversité syrienne est une force sur laquelle il faut s’appuyer, et une stratégie allemande claire, privilégiant la démocratie et les droits de l’homme, doit être élaborée. »
 
Les intervenants ont également souligné l’importance d’intégrer les droits des composantes de la Syrie dans les négociations européennes avec le gouvernement de transition syrien, de renforcer le soutien au journalisme indépendant pour documenter les violations et de suivre de près l’impact de la politique allemande sur la vie des Syriens dans le pays.
 
Les participants syriens ont estimé que l’adoption d’un système décentralisé en Syrie était l’option la plus appropriée pour l’avenir du pays, car elle garantirait une participation équitable et protégerait la diversité des composantes de la Syrie.
 
Cet événement intervient dans un contexte de discussions en cours au sein de l’Union européenne concernant son rôle dans la reconstruction de la Syrie, tandis que les organisateurs ont souligné que la protection des droits des parties prenantes devait être un élément central de tout futur processus politique. (ANHA) 

TURQUIE. Les mères du samedi demandent justice pour Demir et Akipa

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TURQUIE  – Les Mères du samedi ont réclamé justice pour les civils kurdes İbrahim Demir et Agit Akipa arrêtés dans la province de Şırnak par l’armée turque et tués sous la torture il y a 34 ans.

Réunies sur la place Galatasaray, brandissant des œillets et des photos des personnes disparues en détention, les Mères du samedi ont réclamé justice pour İbrahim Demir (36 ans) et Agit Akipa, torturés et assassinés après leur arrestation.

La déclaration a été lue par Maside Ocak, la sœur de Hasan Ocak, assassiné en détention. Évoquant l’histoire de Demir et Akipa, Maside Ocak a déclaré : « İbrahim Demir (36 ans) et Agit Akipa (39 ans) vivaient dans le village de Çukurlu, district d’İdil, province de Şırnak. Agit Akipa était également le chef du village. Le 12 décembre 1991, le tracteur à bord duquel İbrahim Demir et Agit Akipa rentraient chez eux depuis İdil avec d’autres villageois a été arrêté par des soldats. Ils ont été placés en détention par le commandant de la compagnie d’infanterie et les soldats du bataillon Dargeçit Anıtlı, au hameau d’Ağaçlı. » 

Maside Ocak a déclaré que lorsque les familles se sont rendues au poste de gendarmerie, le commandant a affirmé : « Nous ne les avons jamais vus. » Elle a poursuivi : « Un soldat a secrètement indiqué aux familles de se rendre aux grottes. Les familles, accompagnées des villageois, ont fouillé minutieusement la zone indiquée par le soldat. Le 13 décembre 1991, les corps sans vie des disparus ont été retrouvés dans une grotte dont l’entrée avait été scellée avec des pierres ; ils avaient été torturés, les yeux et les mains liés. Lors de l’enquête ouverte sur l’incident, le parquet d’İdil a conclu que le commandant de la compagnie d’infanterie, le lieutenant, ainsi que les soldats et sous-officiers du hameau d’Ağaçlı étaient soupçonnés de meurtre. Cependant, le conseil administratif du district de Dargeçit a refusé d’autoriser l’enquête au parquet, empêchant ainsi le jugement des suspects. » 

Maside Ocak, précisant que les familles avaient déposé une nouvelle plainte pénale en 2011 par l’intermédiaire de leur avocat, Tahir Elçi, a conclu ainsi : « Le parquet, qui a ouvert une nouvelle enquête, a sollicité l’accès au dossier auprès des institutions compétentes. Or, toutes ont indiqué ne trouver aucun dossier, information ou document dans leurs archives. Suite à cela, le parquet d’İdil a ouvert une enquête pour abus de pouvoir contre les responsables du gouvernorat du district de Dargeçit, accusés d’avoir égaré le dossier. Cependant, l’enquête n’a abouti à rien et l’affaire a été classée sans suite pour cause de prescription. Peu importe le temps qui passe, nous continuerons à réclamer justice pour İbrahim Demir et Agit Akipa, pour tous nos proches disparus, et à rappeler à l’État son obligation d’agir dans le respect des normes juridiques universelles. » 

Depuis plus de 30 ans, les mères du samedi demandent justice pour leurs disparu.e.s
 
Le samedi 27 mai 1995, les Mères du Samedi (en kurde: Dayikên Şemiyê, en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.
 
Les « mères du samedi » reprochent à l’État turc de ne pas avoir enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.
 
Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres (de journalistes, syndicalistes, médecins, enseignants, enfants ou simples paysans) par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de Turquie.

IRAN. Arrestation de Narges Mohammadi

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IRAN / ROJHILAT – Le régime iranien a arrêté au moins 16 personnes, dont Narges Mohammadi, en lien avec une cérémonie funèbre pour un avocat kurde mort de manière suspecte dans une prison de Mashhad.

Les forces gouvernementales iraniennes ont arrêté au moins 16 personnes, dont la lauréate du prix Nobel de la paix Narges Mohammadi, lors de la cérémonie commémorative du septième jour en l’honneur de l’avocat et ancien prisonnier politique Khosrow Alikurdi mort de manière suspecte dans une prison de Mashhad.

D’après les informations recueillies par l’organisation Hengaw pour les droits humains, les arrestations ont eu lieu le vendredi 12 décembre 2025, lorsque les forces gouvernementales iraniennes ont fait irruption lors de la cérémonie commémorative en l’honneur d’Alikurdi, un avocat kurde de Sabzevar. Au moins 16 personnes ont été interpellées, dont deux membres de la famille d’Alikurdi, deux membres de familles réclamant justice et plusieurs anciens prisonniers politiques.

Parmi les personnes arrêtées figurent Javad Alikurdi, le frère de Khosrow Alikurdi, Narges Mohammadi, ancien prisonnier politique et prix Nobel de la paix, Alieh Motalebzadeh, Hasti Amiri, Pouran Nazemi, Sepideh Gholian, Asadollah Fakhimi, Akbar Amini, Ali Adinehzadeh, Reza Adinehzadeh, Hassan Bagheri-Nia, Abolfazl Abri, Habib Fadaei, Kamal Jafarizadi et Nora Haghi. Davoud Alikurdi et Ahmad Alikurdi, membres de la famille de Khosrow Alikurdi, ont également été arrêtés.

Ali Adinehzadeh et Reza Adinehzadeh sont membres de familles en quête de justice associées au mouvement « Femme, Vie, Liberté » (Jin, Jiyan, Azadi).

Javad Alikurdi, le frère de Khosrow Alikurdi, a confirmé les arrestations de Narges Mohammadi et Sepideh Gholian et a déclaré que les forces gouvernementales iraniennes les avaient battues lors de leur arrestation. 

Khosrow Alikurdi a été victime pendant des années d’accusations fabriquées de toutes pièces et a subi des pressions sécuritaires et judiciaires constantes. Il est décédé dans des circonstances suspectes le vendredi 5 décembre 2025 au soir, sur son lieu de travail.

Alors que les autorités ont déclaré qu’il était décédé d’une crise cardiaque, des preuves et des déclarations de proches et d’avocats, notamment des rapports faisant état de saignements inhabituels et de la possibilité de blessures physiques, ont soulevé de sérieux doutes quant à la version officielle de sa mort.

Khosrow Alikurdi a été inhumé le dimanche 7 décembre 2025 dans sa ville natale d’Abdolabad, dans le district de Sabzevar. Lors de la cérémonie, son frère a souligné son engagement éthique et humanitaire, rappelant qu’il avait défendu des personnes marginalisées, plaidé dans des affaires juridiques complexes et subi pendant des années une pression sécuritaire constante.

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Javad Alikurdi, le frère de Khosrow Alikurdi, avocat et ancien prisonnier politique décédé dans des circonstances suspectes, a été arrêté peu après avoir averti qu’il publierait un « texte secret » si les personnes détenues lors de la cérémonie commémorative de son frère n’étaient pas libérées. (Hengaw) 

TURQUIE. Massacre de chèvres sauvages à Şirnex

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TURQUIE / KURDISTAN – Dans la province kurde de Şirnak (Şirnex), 36 chèvres sauvages auraient été tuées par des gardes villageois (des paramilitaires à la solde de l’armée turque). L’association environnementale locale dénonce une attaque ciblée contre la nature et exige des poursuites judiciaires.

Dans la province kurde de Şirnex (en turc : Şırnak), au nord du pays, des dizaines de chèvres sauvages ont été abattues par des gardes villageois armés. Selon l’Association écologique de Şirnex, ce massacre a eu lieu dans une zone rurale située entre les villages de Cilbiya et Biliga, dans le district de Silopi, et près du village de Sêgirkê (Şenoba), dans le district de Qilaban.

D’après les informations recueillies, 36 chèvres sauvages (en kurde : Pezkovî) ont été abattues à l’arme longue dans les monts Cûdî pendant la période de reproduction. De nombreux gardes villageois armés – des paramilitaires au service de l’État turc, qui se font désormais appeler « agents de sécurité » – auraient participé au massacre.

L’organisation environnementale parle d’un « massacre ciblé » et accuse les autorités de contribuer systématiquement à l’extermination de la faune sauvage par le biais de « politiques de destruction écologique ». « La nature et l’équilibre écologique sont détruits par des forces armées agissant avec le soutien de l’État », a déclaré l’organisation.

Chèvres de montagne (Pezkovî) tué à Şirnex © Ajansa Welat

L’abattage des chèvres est le dernier épisode d’une série d’attaques contre le fragile écosystème de la région. Ces tirs ont eu lieu pendant la saison des amours, aggravant encore l’impact sur la faune sauvage. « Une guerre contre la nature fait rage dans cette région depuis des décennies », a déclaré l’association.

L’organisation exhorte le gouvernement provincial turc, le ministère de la Culture et du Tourisme ainsi que le ministère de l’Agriculture et des Forêts à demander des comptes aux responsables et à prendre des mesures pour protéger la faune sauvage. Par ailleurs, l’association appelle les mouvements et militants écologistes du pays à ne pas ignorer cet acte. (ANF) 

ROJAVA. Les gangs de la Turquie kidnappent deux Kurdes à Shahba

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SYRIE / ROJAVA – Des mercenaires de la Turquie ont kidnappé deux civils kurdes à Sahba, au Nord d’Alep.

L’organisation des droits de l’homme d’Afrin-Syrie a signalé l’enlèvement des deux frères Khaled Ahmed Welo (45 ans) et Ziad Ahmed Welo (39 ans) du village d’Al-Nairabiyah dans la région de Shahba, dans la campagne nord d’Alep, par des mercenaires soutenus par la Turquie.

L’organisation a déclaré qu’on n’a plus de nouvelles des deux hommes.

Les mercenaires soutenus par la Turquie continuent de commettre des violations et des crimes contre les habitants d’Afrin, qui résistent et défendent leurs foyers, en fabriquant de fausses accusations et en réprimant violemment leur expulsion. (ANHA)

Un Kurde devenu Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés

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MONDE – Le Secrétaire général des Nations Unies (ONU) a choisi Barham Salih, homme politique kurde et ancien président d’Irak, pour occuper le poste de prochain Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. C’est la première fois qu’un Kurde est nommé à un tel poste au sein de l’ONU.

Les Nations Unies ont annoncé la nomination de l’ancien président irakien Barham Salih au poste de Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Cette nomination historique marque une première en 75 ans : c’est la première fois qu’un responsable du Moyen-Orient occupe ce poste, parmi plus de vingt personnalités internationales candidates.
 
Une lettre signée par le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, le 11 décembre, précise que M. Salih est nommé pour un mandat de cinq ans débutant le 1er janvier 2026.
 
Le document indique que cette nomination est temporaire et soumise à l’approbation du Comité exécutif du HCR.
 
M. Salih succédera à l’Italien Filippo Grandi, haut fonctionnaire de l’ONU qui occupait ce poste depuis 2016.
 
C’est la première fois en 75 ans que ce poste est confié à une personnalité du Moyen-Orient, en l’occurrence Barham Salih, figure politique kurde.
 
Le poste de Haut-Commissaire pour les réfugiés est le deuxième plus important au sein de l’organisation après celui de Secrétaire général des Nations Unies. Il était auparavant occupé par António Guterres, avant que ce dernier n’accède au poste de Secrétaire général. Barham Ahmed Salih est né en 1960 à Souleimaniye, au sein d’une famille kurde influente et cultivée. Durant ses études secondaires, il fut arrêté et emprisonné par le régime baasiste irakien alors qu’il passait ses examens.
 
Salih obtint une licence en génie civil à l’Université de Cardiff (Royaume-Uni) en 1983, puis un doctorat en statistiques et applications informatiques pour l’ingénierie à l’Université de Liverpool en 1987.
 
Il rejoignit l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) en 1976, où il occupa plusieurs postes, dont celui de secrétaire général adjoint. Il fut également Premier ministre de deux gouvernements régionaux du Kurdistan. En 2018, il fut élu président de l’Irak, fonction qu’il exerça pendant quatre ans.

Les Kurdes commémorent leur histoire et réaffirment leur lutte pour la liberté

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Des millions de Kurdes commémorent leur histoire et réaffirment leur lutte pour la liberté, malgré les répressions et les génocides.

Erbil, Mahabad, Diyarbakir, Paris, Berlin – Ce 17 décembre, le drapeau kurde, rouge, blanc et vert, surmonté d’un soleil à 21 rayons, s’est de nouveau élevé dans le ciel. Un geste simple, mais chargé de sens : un acte de mémoire, un hommage aux martyrs, et un rappel au monde que le peuple kurde, malgré les répressions et les génocides, n’a jamais renoncé à sa quête de liberté et de justice.

Plus de 70 millions de Kurdes, dispersés entre la Turquie, l’Iran, l’Irak, la Syrie et la diaspora, ont perpétué cette tradition. Mais que représente vraiment ce drapeau ? Pourquoi le 17 décembre ? Et quel message porte-t-il pour l’avenir ?

Le drapeau kurde : un symbole d’identité et de résistance

Le drapeau kurde est aujourd’hui l’un des symboles les plus forts de l’identité nationale kurde. Son histoire est marquée par deux dates clés :

1946 : Première apparition officielle lors de la République de Mahabad, au Kurdistan de Rojhelat (Iran). 1992 : Adoption institutionnelle par le Gouvernement Régional du Kurdistan (GRK), au Bashûr (Irak).

Signification des couleurs et du soleil :

Rouge : Le sang des martyrs tombés pour la liberté. Blanc : La paix, un idéal toujours espéré. Vert : La terre du Kurdistan, une patrie divisée mais jamais oubliée. Soleil à 21 rayons : La vie qui persiste et l’unité des Kurdes.

« Ce drapeau, c’est notre identité. Le lever, c’est dire au monde : nous existons, nous résistons, et nous nous souvenons. » — Un militant kurde, exilé en France

Le 17 décembre : une date pour se souvenir et agir

Le 17 décembre commémore les génocides de 1980, 1983, 1988 et 2014, la campagne Anfal, l’attaque chimique de Halabja, et la résistance contre Daech.

Lever le drapeau le 17 décembre, c’est rendre hommage aux victimes, dénoncer l’impunité et réaffirmer l’identité kurde.

Un message pour l’avenir : justice et reconnaissance

Le drapeau kurde porte un message d’espoir : justice, liberté et fraternité pour les générations futures.

« Nous ne voulons pas la guerre. Nous voulons simplement vivre dignement, parler notre langue, et transmettre notre culture. Est-ce trop demander ? » — Leila, enseignante kurde en exil

La jeunesse kurde de France : un espoir vivant

À Montauban, comme partout en France où vit la diaspora kurde, la jeunesse a participé avec fierté à cette journée de commémoration. Elle porte un rêve universel : vivre libre, reconnue et respectée dans son identité.

Peuple de paix, de fraternité et de culture, les Kurdes méritent pleinement leur droit à l’autodétermination.

L’AMVGK appelle les élus de la République, les historiens et les intellectuels à soutenir la reconnaissance officielle du génocide kurde et à ouvrir le débat sur le droit du Kurdistan à l’indépendance.

Le 17 décembre, le drapeau kurde ne flotte pas seulement pour se souvenir. Il flotte pour dire : nous sommes toujours là. Il flotte pour exiger la justice. Il flotte pour rappeler que la liberté est un droit, pas un privilège.

Communiqué de l’Association Mondiale des Victimes du Génocide Kurde (AMVGK)

 

La Maison des Utopies en Expérimentation peut-elle être un lieu d’expérimentation du confédéralisme démocratique ?

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PARIS – Dans l’article suivant daté de septembre 2025, la fondation Danielle Mitterrand annonce la naissance de la Maison des Utopies en Expérimentation (MUE) basée sur une ferme de la commune de Château sur les hauteurs de Cluny en Bourgogne. Par la même occasion, elle nous apprend que le collectif internationaliste formé autour de la « Jineologî » (terme utilisé par les femmes kurdes pour désigner « la science de la femmes ») ainsi d’autres organisations se partagent les lieux où on espère expérimenter le confédéralisme démocratique à l’instar du Rojava depuis la révolution de 2012.

Voici l’article publié également sur le site de Jineolojî :

Maison des utopies en expérimentation : un lieu de jineolojî?

La MUE (Maison des Utopies en Expérimentation) c’est un lieu, un topos et une utopie concrète de commun.

La MUE c’est d’abord un endroit, une ferme, un domaine situé sur la commune de Château sur les hauteurs de Cluny en Bourgogne. La Fondation Danielle Mitterrand* a finalisé l’achat de la maison en décembre 2024 après plusieurs années de négociation. Le domaine est partagé entre la fondation et Terre de liens** qui met les terres à disposition de paysan·nes.

Le domaine de Saint-Laurent accueille un  Groupement agricole d’exploitation (GAEC) en commun qui regroupe des exploitants familiaux sans perdre leur autonomie en agriculture biologique de 8 associé·es : chèvres, cochons, poules, vaches côtoient les humain·es dans ce vallon. Les zones de bois, de pâturages, de champs, et maraîchages fraient avec les bâtiments d’habitation et d’exploitation : étables, atelier de boulangerie paysanne, fromagerie, zone de stockage, de transformation, magasin de producteur·ices. Du lever au coucher du soleil, résonne le bruit de la ferme, des troupeaux que l’on sort de l’étable le matin, aux engins agricoles qui passent. Grappes humaines succèdent aux grappes animales. La fourmilière s’active toute la journée.

Au milieu du domaine, la bastide de trois étages, imposante, trône. Ce bâtiment a connu de nombreuses vies. C’est ici que la MUE a posé ses valises et dépose son utopie de commun ouvrant une nouvelle  phase dans l’histoire de St Laurent. La fondation Danielle Mitterrand met à disposition de la MUE la bâtisse principale, et des jardins autour. Une association constituée de personnes morales et individuelles a été créé et en 2025 une dizaine de structures y participe***.

La MUE se veut un espace matériel et immatériel destiné à héberger des alternatives au néolibéralisme et au productivisme. L’idée était d’ouvrir une base arrière pour respirer, prendre du recul et un lieu d’expérimentation, de création (pour penser et essayer d’autres pratiques). Le projet est géré sous la forme d’un commun. Chaque organisation membre peut utiliser le lieu et en échange, participe au bon fonctionnement de celui-ci avec tous les autres usager·es. Chacun·e en porte la coresponsabilité. Résidences artistiques, réflexives, philosophiques, jineolojiques, rencontres, école, formations, réunions se tiennent au fil de l’année.

Tout s’y prête : les bois nourriciers au fil des saisons, la ferme, on s’extrait du temps de la modernité capitaliste pour ralentir, se retrouver ensemble, penser, s’organiser, élaborer pas à pas du commun.

Une cuisine collective, deux grandes salles communes, une bibliothèque et deux étages de dortoir et surtout les hectares autour constituent un cadre extraordinaire pour faire ensemble !

Ici, l’autogestion est le maître mot : pas de gardien·ne qui entretient le lieu ! Un principe : laisser propre à son départ, on range, on nettoie, on plie. On fait des retours au collectif pour améliorer la gestion quotidienne. C’est le modèle de la commune qui s’applique.

La dizaine de structures impliquées travaillent à construire un refuge, un espace  de ressourcement et d’activités pour les collectifs militants engagés pour une transformation radicale. Cet endroit est aussi un défi car les collectifs impliqués ne se connaissaient pas pour la plupart avant le lancement du projet. Nous expérimentons l’administration commune de la MUE.

La gouvernance partagée repose sur des cercles (sortes de communes) qui réunissent des référent·es des structures adhérentes. On y discute des usages, du soin de la maison, de l’extérieur, d’économie, de coopération, de lien avec le territoire environnant. On y élabore des règles partagées. Le défi : un lieu autogéré par des collectifs sous forme d’un commun sans délégation permanente, sans salarié·e à partir d’un fonctionnement ascendant basé sur plusieurs cercles (communes) et des chantiers de travail  (un par saison). Nous aspirons à nous nourrir les un·es des autres et à coévoluer ensemble.

Pourquoi la MUE peut-elle être un lieu d’expérimentation du confédéralisme démocratique un lieu jineolojîque ?

La jineolojî est la science des femmes et de la vie : elle a pour but de transformer la vie des femmes et celle de l’ensemble de la société afin de trouver des solutions aux problèmes sociaux et de construire une vie libre des dominations. Cette science propose un cadre de pensée philosophique et politique pour aller vers une société libérée de la pensée dominante capitaliste et patriarcale. Elle s’inspire de la révolution des femmes du mouvement de libération du Kurdistan. En francophonie, la jineolojî est organisée selon le principe du communalisme avec différents groupes et une coordination francophone et européenne. C’est à ce titre que la jineolojî est membre de la MUE.

Nous y organisons nos camps et nos résidences. Très concrètement, la jineolojî a deux porte-paroles (référentes) qui suivent le projet tout au long de l’année. Aujourd’hui, elles sont impliquées dans les cercles « Prendre soin du vivant » et « Transmettre les usages », ainsi que le cercle « Coordination de la MUE » (reverberi).

Nous participons également aux assemblées générales et aux chantiers saisonniers. On répare, nettoie réunione, élabore. C’est dans ces temps distanciels et présentiels que le commun (la commune s’expérimente) et se fait concrètement.

La MUE est un modèle de commune, une organisation et un fonctionnement que la jineolojî encourage à faire fleurir et nourrit en retour.

Elle nous offre un lieu pour nous retrouver, mais aussi expérimenter une vie communale entre nous et avec nos enfants. C’est aussi un espace de transition, dont nous pouvons abattre les murs, un espace qui nous permet un passage entre prise de conscience individuelle, transformation de soi et un lieu où cette prise de conscience se communalise, se multiplie et nous transforme et transforme les pratiques .

A la MUE, comme au sein de la jineolojî, nous partageons des ressources, mais aussi des sentiments, du travail, des responsabilités et des décisions. La MUE nous permet de communaliser nos pratiques avec les autres membres en particulier durant les chantiers saisonniers qui sont l’occasion d’entretenir la maison, le domaine comme nos pratiques et partager nos savoirs et savoirs-faire .

A la MUE comme au sein de notre science, nous souhaitons retrouver l’harmonie avec notre environnement et surmonter l’aliénation dualiste femme-nature, humain-nature et société-nature.

Elle offre un espace de prise en compte de nos interdépendances humaines et non humaines, où la perspective de la subsistance des femmes, celle qui produit et protège la vie, peut se développer.

« La notion de subsistance exprime aussi la continuité entre la nature qui nous environne et celle qui est en nous, entre la nature et l’histoire, et le fait que dépendre du domaine de la nécessité ne doit pas être vu comme une malchance et une limitation, mais comme une bonne chose et comme la condition préalable à notre bonheur et à notre liberté. »

La subsistance, M. Mies, V. Bennholdt-Thomsen

Nous voulons en faire un lieu de production de la vie enraciné dans un ensemble vivant et interconnecté, dans un écosystème avec ses cycles et ses symbioses organiques, dans sa longue association avec la communauté humaine et sa culture, où nous sommes moins coupé·es et séparé·es des autres êtres organiques (végétaux, animaux, microbes),

Dans nos sociétés européennes où l’imaginaire idéologique de gauche radicale est dans l’impasse, le confédéralisme démocratique se présente comme une idée nouvelle, internationaliste, une proposition révolutionnaire syncrétique.

« Ce n’est ni l’idée anarchiste d’abolir entièrement l’état immédiatement, ni l’idée communiste de prendre le contrôle de l’entièreté de l’État immédiatement. Avec le temps, nous allons organiser des alternatives pour chaque partie de l’État, contrôlées par le peuple et quand elle fonctionneront, ces parties de l’État se dissoudront. »

Citation d’un responsable des YPG Cihan Kendal dans un entretien au site anglais Plan C, 19 septembre 2016

En 2005, Abdullah Öcalan, leader du PKK propose au mouvement un nouveau paradigme politique. Son inspiration provient des modèles d’organisation spontané mis en place par de nombreux villages du Kurdistan du Nord suite au manque de présence de l’état dû à une géographie particulièrement difficile, ainsi qu’au municipalisme libertaire élaboré par le penseur américain Murray Bookchin. Pour mettre fin à toutes les dominations politiques, patriarcale, ethniques, religieuses, il faut construire une société sans État, on y arrivera par l’organisation autonome de la société civile. Ce projet est pensé pour s’adapter au contexte géopolitique social et culturel du Kurdistan, il faut y renforcer les organisations civiles, locales, politiques parallèles aux institutions de l’État.

Ce projet ne s’adresse pourtant pas qu’aux sociétés du Proche Orient. Il se veut universel. Des collectifs militants s’en emparent en Europe et de nombreux internationalistes se sont rendus et se rendent encore au Kurdistan.

La jineolojî s’inscrit dans ce projet confédéraliste, construire une société démocratique et libre passe par la transformation de la mentalité capitaliste et patriarcale sur le long cours. Pour cela nous avons besoin de lieux écoles comme la MUE.

Les camps de jineolojî francophone et européen sont des temps d’expérimentation, d’application concrète du communalisme : organisation en communes, éducations, retour critique auto-critique (tekmil), morale (représentation éthique et artistique).

Pour construire une société civile autonome, nous avons besoin de lieux pour nous retrouver et nous organiser. Pour avancer, nous avons besoin d’essayer et de faire ensemble, à tâtons, mais il faut bien commencer quelque part. La MUE est une expérimentation concrète d’organisation autonome de la société civile. Chaque alternative locale est à valoriser, mais aussi à mettre en lien avec les millions d’autres alternatives qui partout dans le monde fleurissent, construire au local avec une perspective d’ouverture mondiale. Ce lieu collectif permet aussi de s’extraire du bouillonnement urbain militant pour se détacher, se retrouver et penser ensemble. A nous, vous de venir le découvrir et de se l’approprier.

Bienvenue à tous·tes !

 

https://fondationdaniellemitterrand.org/

** https://terredeliens.org/

*** AttacBande PassanteJineolojîCLIPles Passagères de l’usageMCMUn monde pour tousRemixSystextFDMADSLCSIA NatessianCRID, Yolka, Organisez-vousLichenNext PlanningCoordination eau Ile de France, B.A.BALEX, Changer de Cap, Mouvement Utopia, Maison de la Citoyenneté Mondiale, Coordination Pas Sans Nous 38, plusieurs individus…

TURQUIE. Accident mortel à Mardin

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TURQUIE / KURDISTAN – Un accident de la route survenu dans la province kurde de Mardin a couté la vie à 4 proches de la prisonnière politique Rukiye Fidan.

La mère, les frères et sœurs et l’oncle de Rukiye Fidan, qui ont perdu la vie dans un accident survenu la nuit dernière dans le district d’Ömerli (Mehsert), ont été inhumés.

Dans un carambolage survenu hier soir à Kafsenor, district de Mehsert (Ömerli), à Mardin, quatre membres de la famille Fidan, venus d’Istanbul rendre visite à des proches, ont perdu la vie et plusieurs autres ont été blessés. Il s’agit de la mère de Rukiye Fidan (otage kurde détenue à la prison pour femmes d’Istanbul/Bakırköy), Suna (42 ans), de ses frères et sœurs Gülbahar (18 ans) et Ramazan (17 ans), et de son oncle Mehmet Nur Fidan (51 ans).

Les victimes ont été inhumées aujourd’hui dans le village de Qudê. 

SYRIE. Mise en garde contre les menaces croissantes ciblant les droits des femmes

SYRIE / ROJAVA – Jian Hassan, conseillère auprès de l’administration autonome arabo-kurde du Rojava, a mise en garde contre les menaces croissantes qui pèsent sur les droits des femmes en Syrie depuis la prise du pouvoir par le HTC / HTS.

Jian Hassan, conseillère auprès de l’Administration autonome démocratique (AAD) du canton de Jazira, a souligné les souffrances croissantes des femmes syriennes et a dressé un bilan de leur rôle au sein du gouvernement de transition. Elle a déclaré que la situation actuelle ne répond ni aux aspirations des Syriens ni aux sacrifices consentis par les femmes, et a appelé à la solidarité féminine pour lutter contre les politiques d’exclusion et participer pleinement à la construction de l’avenir de la Syrie.

Dans son analyse de la situation en Syrie un an après la chute du régime baasiste, Jian Hassan a mis en lumière la réalité vécue par les femmes sous le joug baasiste. Elle a expliqué que le régime avait imposé une langue, une identité et un drapeau uniques à tous les Syriens, entraînant des destructions massives dont les femmes furent les principales victimes. Elle a ajouté que les femmes syriennes, et notamment les femmes kurdes, avaient été soumises, durant ces décennies, à toutes sortes d’exclusions et de violations.

Hassan a également évoqué les souffrances du peuple kurde, décrivant les pratiques du régime comme encore profondément ancrées dans la mémoire collective : de l’incendie du cinéma Amuda et de celui de la prison centrale de Hassaké en 1993, aux politiques de manipulation démographique, en passant par la confiscation des terres kurdes et les déplacements forcés de population, jusqu’aux événements du 12 mars, sans oublier leur exclusion des droits constitutionnels syriens pendant des décennies. Le peuple kurde, et les femmes kurdes en particulier, ont payé le prix fort de ces politiques.

Elle a affirmé que les Kurdes et les femmes kurdes n’avaient pas capitulé, mais avaient résisté avec une grande détermination pour changer le régime. Sa chute a fait naître l’espoir d’instaurer un nouvel ordre démocratique. Elle a expliqué que la révolution visait à transformer les mentalités et que les Syriens avaient consenti d’immenses sacrifices pour atteindre cet objectif, portés par le vent du Printemps arabe qui a secoué la région.

Les femmes syriennes se trouvent aujourd’hui à la croisée des chemins.

Elle a souligné qu’après la chute du régime, les femmes syriennes aspiraient à jouer un rôle important dans la reconstruction de la Syrie. Elle a déclaré : « La révolution a été qualifiée de révolution des femmes, et pourtant, aujourd’hui, elles se trouvent à la croisée des chemins, tiraillées entre leurs acquis des dernières années et les défis posés par la période de transition. »

Elle a ajouté : « Les femmes ont joué un rôle essentiel face à la guerre, dans la gestion des communautés locales et dans les initiatives civiles et politiques. » Mais elle a constaté que ce rôle n’est pas suffisamment pris en compte au sein des institutions décisionnelles, ce qui crée un fossé qu’il faut combler rapidement.

Jiyan Hassan a poursuivi : « Les femmes syriennes ont une longue histoire de résistance et de lutte, et ont contribué à rapprocher les confessions, les communautés et les religions. » Elle a également souligné les réalisations des femmes dans le nord et l’est de la Syrie et le système de coprésidence, qu’elle a décrit comme un modèle global pouvant être appliqué à l’ensemble du pays.

Par ailleurs, Jian a mis en garde contre l’aggravation des souffrances des femmes en Syrie, affirmant que le régime Baas pratiquait l’oppression de manière cachée, tandis que le gouvernement de transition actuel pratique la même oppression ouvertement et sans aucun contrôle ni obligation de rendre des comptes.

 Elle a déclaré que ce que le peuple et les femmes syriennes attendaient était loin de la réalité sur le terrain, citant notamment la suppression par le gouvernement de transition des noms de femmes résistantes des manuels d’histoire et des programmes scolaires, comme la reine Zénobie et Khawla bint al-Azwar.

Elle a poursuivi : « Dans l’esprit de ce pouvoir, la femme n’existe pas. Elle est réduite à une simple servante, cantonnée au travail, à l’accouchement et aux tâches ménagères, vêtue d’un vêtement noir et confinée entre quatre murs. Même les lieux de culte spécifiquement féminins, comme la statue de la Vierge Marie et le sanctuaire de Dame Zainab, n’ont pas été respectés, et les femmes ont été attaquées avec une violence et une oppression extrêmes, tant pendant la révolution que dans le domaine religieux. »

Elle a expliqué que les femmes en Syrie – enseignantes, médecins, chercheuses en sciences sociales, avocates et juges – étaient victimes d’oppression, de violence et d’exclusion des postes de décision. Certaines ont été tuées ou exilées. Elle a averti que ce qui se passe est un « massacre délibéré », reflet d’une mentalité vieille de 5 000 ans.

Hassan a également évoqué les événements sanglants survenus sur la côte et à Sweida, les qualifiant d’« actes immoraux et inhumains », et soulignant la nécessité de tenir pour responsables toutes les personnes impliquées.

Elle a affirmé que la mentalité qui a tué des femmes au Rojava, à Shingal, à Afrin, sur la côte syrienne et en Soueïda est la même mentalité qui craint les femmes fortes et instruites, conscientes de leurs droits.

Elle a ajouté : « La femme syrienne, et notamment la femme kurde, était à l’avant-garde des forces qui réclamaient le changement. Pourtant, sa présence dans les institutions de la période de transition reste bien en deçà de l’ampleur de ses sacrifices et de son rôle véritable. » Elle a souligné que les défis ne sont pas seulement politiques, mais aussi sociaux, car toute une structure sociale tente de restreindre le rôle des femmes sous divers prétextes.

Elle a souligné que l’exclusion des femmes des centres de décision n’est pas seulement une question de représentation, mais aussi une question d’avenir.

Elle a déclaré que l’absence de la voix des femmes dans l’élaboration des constitutions et des politiques publiques aboutit nécessairement à un système qui ne reflète pas les besoins de la moitié de la société.

Jian Hassan, conseillère du DAA, a conclu son intervention en déclarant : « La prochaine étape exige une volonté politique claire ainsi qu’une solidarité des femmes et de la société civile pour assurer la construction d’une Syrie démocratique et juste, dont les femmes constituent l’un des piliers essentiels. » (ANHA)