AccueilÉcologieEn Turquie, les journalistes ciblés pour leurs reportages sur l'environnement

En Turquie, les journalistes ciblés pour leurs reportages sur l’environnement

La Turquie ne cible pas uniquement les journalistes kurdes, elle s’en prend également à celles et ceux qui informent / sensibilisent la population aux enjeux écologiques ou à la destruction de l’environnement par des entreprises minières ou de construction… comme on l’a vu par le meurtre du journaliste et écologiste Hakan Tosun il y a un peu plus de deux semaines.

En plus de ce meurtre barbare, nous sommes face à des obstacles policières et judiciaires créés spécialement pour protéger ces entreprises destructrices de l’environnement rappelle le site Turkish Minutes dans l’article suivant.

Reporters sans frontières (RSF) a cité lundi la Turquie parmi les pays qui harcèlent les journalistes qui couvrent les questions environnementales, soulignant les risques croissants auxquels sont confrontés les journalistes qui enquêtent sur la déforestation, l’exploitation minière et les abus des entreprises, a rapporté le Stockholm Center for Freedom.

Dans son dernier rapport documentant 30 cas à travers le monde, RSF dénonce le harcèlement judiciaire dont sont victimes 26 journalistes turcs affiliés au quotidien d’opposition Sözcü en raison de leur couverture de projets de déforestation et d’exploitation d’or.

Les plaintes ont été déposées par l’homme d’affaires Mehmet Cengiz, propriétaire de Cengiz Holding, un conglomérat fréquemment critiqué pour ses pratiques destructrices pour l’environnement, et connu pour ses liens étroits avec le président Recep Tayyip Erdoğan. Cengiz a accusé les journalistes, auteurs et rédacteurs du quotidien Sözcü et de son édition en ligne de plusieurs articles du Code pénal turc (TCK), notamment de « trouble à l’ordre public », « incitation à la haine et à l’hostilité », « diffusion d’informations trompeuses », « incitation au non-respect de la loi » et « insulte et diffamation ».

Les plaintes proviennent de 174 reportages de presse, dont certains concernaient des parlementaires.

discours et déclarations publiques faites par les législateurs au Parlement turc concernant les projets de construction et d’exploitation minière de Cengiz Holding.

RSF a rappelé qu’en septembre, un juge avait ordonné la censure d’au moins 15 articles publiés entre avril et août, dont il estimait le contenu « susceptible de porter atteinte à la sécurité nationale et à l’ordre public ».

Cengiz Holding et son conglomérat ont attiré l’attention du public pour la première fois fin 2013, lorsque la Turquie a été secouée par la nouvelle de deux enquêtes pour corruption dans lesquelles de hauts responsables politiques du gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP) étaient impliqués.

Cengiz fait partie des cinq hommes d’affaires que les partis d’opposition turcs appellent la « bande des cinq » pour avoir remporté presque tous les grands appels d’offres pendant le mandat du président Erdoğan.

RSF appelle également les gouvernements à faire en sorte que la défense d’une information fiable et de ses acteurs soit un élément clé de la lutte contre le changement climatique.

Selon Expression Interrupted, un groupe de surveillance de la liberté de la presse, 28 journalistes sont actuellement derrière les barreaux en Turquie. La dégradation du paysage médiatique du pays a également été soulignée dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2025 publié par Reporters sans frontières (RSF), où le pays se classe 159e sur 180 pays.