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Manifestations en Iran: au moins 185 personnes tuées

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Au moins 185 personnes, dont au moins 19 enfants, ont été tuées lors des manifestations nationales à travers l’Iran. Le plus grand nombre de meurtres a eu lieu dans les provinces du Sistan et du Baloutchistan avec la moitié des décès enregistrés. Les régions kurdes viennent en deuxième place avec des dizaines de morts et des centaines de blessés civils ciblés par les forces du régime iranien.

Selon les informations obtenues par Iran Human Rights, au moins 185 personnes ont jusqu’à présent été tuées lors des manifestations à l’échelle nationale. On pense qu’au moins 19 d’entre eux avaient moins de 18 ans, mais ils n’ont pas tous été vérifiés par des preuves documentaires. Iran Human Rights s’efforce d’obtenir la confirmation de leur âge.

Dans de nombreux cas, en particulier ceux de jeunes filles, les forces de sécurité ont soumis les familles à des arrestations, à la coercition et à la contrainte pour les forcer à annoncer la mort de leurs enfants comme un suicide devant la caméra ou pour les faire taire.

Des manifestants ont été tués dans 17 provinces, les plus signalés étant le Sistan et le Balouchistan, le Mazandaran, le Gilan et l’Azerbaïdjan occidental. Certains ont été tués sur le coup et d’autres sont décédés plus tard de leurs blessures. La plupart des décès ont été signalés les 21, 22 et 30 septembre.

Des décès ont été enregistrés dans 17 provinces : Sistan et Baloutchistan : 90 personnes ; Mazandaran : 27 personnes ; Gilan : 12 personnes ; Azerbaïdjan occidental : 12 personnes ; Kurdistan : 8 personnes ; Téhéran : 8 personnes ; Kermanshah : 7 personnes ; Alborz : 5 personnes ; Khorasan-Razavi : 3 personnes ; Kohgiluyeh et Boyer Ahmad : 2 personnes ; Ispahan : 2 personnes ; Zanjan : 2 personnes ; Qazvin : 2 personnes ; Azerbaïdjan oriental : 2 personnes ; Semnan : 1 personne ; Ilâm : 1 personne ; Bouchehr : 1 personne

ANF

Les Kurdes condamnent le complot international de 1998 visant la guérilla kurde

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Ce week-end, les Kurdes sont descendus dans les rues à travers le monde pour condamner le complot international qui a fait partir Abdullah Ocalan de Syrie le 9 octobre 1998 et son arrestation en février 1999 par la CIA, le MIT turc et le MOSSAD israélien.

Retour sur un complot international visant le mouvement armé kurde: PKK

En 1998, au milieu d’un cessez-le-feu unilatéral, la Turquie, assistée par l’OTAN, a menacé la Syrie de guerre, forçant Abdullah Öcalan à quitter le pays le 9 octobre de la même année. Ce jour-là, la conspiration internationale a commencé.

Au milieu d’un cessez-le-feu unilatéral, la Turquie, assistée par l’OTAN, a menacé la Syrie de guerre, forçant Abdullah Öcalan à quitter la Syrie. Öcalan s’est rendu en Europe pour promouvoir une solution politique à la question kurde.

Ce jour-là, la conspiration internationale a commencé. Öcalan est arrivé à Athènes en provenance de Syrie le 9 octobre 1998. Le 11 octobre, il est arrivé à Moscou.

Le 20 octobre, la Turquie, la Syrie et le Liban ont signé le Protocole d’Adana. Les relations Turquie-Syrie « se sont rapidement améliorées ».

Le 4 novembre, la Douma, qui est la chambre législative basse de la Fédération de Russie, a demandé la reconnaissance de l’asile pour Öcalan avec 298 voix pour et 1 contre.

Le 12 novembre, Öcalan est parti pour Rome, mais le 16 janvier 1999, il a quitté la capitale italienne pour rentrer à Moscou, d’où, le 29 janvier, il s’est envolé pour la Grèce.

Le 31 janvier, Öcalan a tenté de se rendre en Biélorussie et aux Pays-Bas ; aucun pays ne lui a permis d’atterrir. Le 1er février, il retourne à Athènes. Le 2 février, des responsables grecs ont emmené Öcalan à l’ambassade de Grèce à Nairobi en route vers l’Afrique du Sud.

Mais le 15 février 1999, il a été enlevé à Nairobi, la capitale du Kenya, lors d’une opération clandestine internationale et amené en Turquie.

Chronologie depuis les enlèvements du 15 février 1999

-16 février, arrivée sur l’île turque d’İmralı, qui avait été vidée d’autres prisonniers et déclarée zone militaire interdite

-25 février, première rencontre avec les avocats – brève et non privée

-2 mars, première visite du Comité européen pour la prévention de la torture (CPT).

-11 mars, première rencontre privée avec les avocats

-31 mai, début du procès

-29 juin, condamnation à mort

-25 novembre, la Cour de cassation de Turquie confirme le jugement contre Öcalan

-30 novembre, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) demande que la peine de mort ne soit pas promulguée

2001

-6 septembre, deuxième visite du CPT

2002

-9 août, le parlement turc abolit l’application de la peine de mort en temps de paix

-3 octobre, la peine de mort d’Öcalan commuée en perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle

2003

-16-17 février, troisième visite du CPT

-12 mars, la CEDH juge qu’Öcalan n’a pas bénéficié d’un procès équitable

2005

-12 mai, la Grande Chambre de la CEDH confirme l’arrêt de 2003

2007

-19-22 mai, quatrième visite du CPT

2008-2011

-Öcalan impliqué dans des pourparlers de paix avec des représentants du gouvernement

2009

-18 avril, arrestation de deux avocats d’Öcalan

-17 novembre, Öcalan transféré dans la prison nouvellement construite d’İmralı avec cinq autres personnes amenées d’autres prisons

2010

-26-27 janvier, cinquième visite du CPT

2011

-27 juillet, dernière visite des avocats jusqu’en mai 2019.

-22 novembre, 42 avocats d’Öcalan arrêtés et accusés d’avoir transmis des messages à une organisation terroriste

2013

-3 janvier, Öcalan rencontre deux hommes politiques kurdes de premier plan, Ahmet Türk et Ayla Akat – la première de nombreuses rencontres avec des députés dans le cadre du processus de paix, qui s’est poursuivi jusqu’en 2015

-16-17 janvier, sixième visite du CPT

2014

-18 mars, décision de la Cour européenne des droits de l’homme selon laquelle l’emprisonnement à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle d’Öcalan viole ses droits humains, tout comme ses conditions de détention jusqu’en 2009

-6 octobre, les visites familiales ont cessé

2015

-16 mars, les cinq prisonniers également incarcérés à İmralı sont échangés contre cinq autres

-5 avril, les pourparlers entre Öcalan et les députés du Parti démocratique des peuples (HDP) dans le cadre du processus de paix sont interrompus

-Décembre, deux des cinq autres détenus transférés dans d’autres prisons

2016

-28-29 avril, septième visite du CPT

-15 juin, tentative de coup d’État contre Erdoğan, qui est devenue une excuse pour une plus grande répression contre toute opposition

-11 septembre, Öcalan rencontre son frère

2018

-8 novembre, Leyla Güven entame une grève de la faim pour demander la fin de l’isolement d’Öcalan, qui sera finalement rejoint par plus de 8 000 personnes

2019

-12 janvier, Öcalan rencontre son frère

-2 mai, Öcalan rencontre ses avocats

-6-17 mai, huitième visite du CPT

-22 mai, Öcalan rencontre ses avocats

-26 mai, fin de la grève de la faim

-12 et 18 juin et 9 août, Öcalan rencontre ses avocats

2020

-27 février, incendie sur l’île d’İmralı

-3 mars, Öcalan rencontre son frère

2020

-27 avril, Öcalan a autorisé son premier appel téléphonique

2021

-25 mars, après que des rumeurs selon lesquelles Öcalan était mort ont provoqué des craintes généralisées, il a été autorisé à téléphoner à son frère – qui a été interrompu après moins de quatre minutes

2022

-Septembre, neuvième visite du CPT. Le rapport sera prêt en mars 2023

ANF

 

Lutte des Kurdes: Du Rojava au camp de réfugiés de Lavrio

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PARIS – Ciné-débat le dimanche 16 octobre, dès 12h30, à Mitry-Mory

Organisé par des militant.e.s et ami.e.s des Kurdes

Le thème de la journée est « la lutte des femmes kurdes » 

Programme:

Projection des documentaires « Retour en terre yézidie »
et « l’Arbre de Roshna »

Suivie d’une rencontre avec la réalisatrice Mylène Sauloy et l’activiste Jacques Leleu

Une intervention de Sarah Marcha du Centre de Jineolojî

Présentation musicale et folklorique kurde

Buffet kurde

Entrée gratuite

Adresse
Salle Jean Vila
Avenue J-B Clément
77290 Mitry-Mory

« La fête sera l’occasion de collecter des fonds qui permettront d’acheter de la nourriture, des médicaments, du matériel aux deux camps de réfugiés kurdes de Lavrio.

Les deux camps de réfugiés de Lavrio en Grèce sont un moment de paix et repos après les années de prison après des années de guerre. » Jacques Leleu

« C’est avec plaisir que je vous informe de cette journée d’échanges autour de la lutte des Kurdes.

Mes passages au camp politique Kurde de Lavrio, en Grèce, m’ont donné envie de parler de cette lutte.

Je remercie ma Ville de Mitry-Mory, qui soutient cet événement, grâce entre autres à la maire Charlotte Blandiot-Faride, et le CDKF (Conseil Démocratique Kurde de France).

Il y aura des projections de documentaire, un repas de délicieuses spécialités kurdes, de la musique et plein de chaleur humaine et d’échanges constructifs.

Nous parlerons beaucoup de la lutte des femmes Kurdes, tellement d’actualité ces jours-ci. » Nathalie Athina

La solidarité est l’arme des peuples !

«Soutenez le peuple iranien, soutenez la femme, la vie, la liberté !»

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PARIS – Dans une tribune publiée par Libération, des intellectuels dont Etienne Balibar, Ludivine Bantigny, Phillipe Descola appellent à « soutenir la rébellion courageuse des femmes iraniennes, et du peuple, demandant des libertés politiques et des droits égaux. »

Voici leur appel:

Les événements faisant suite à l’assassinat de Mahsa Amini, 22 ans, par la police des mœurs iranienne le 13 septembre justifient l’indignation et le plus large soutien international. Dès l’annonce de sa mort, des femmes se sont rassemblées à Téhéran. Certaines se sont affichées publiquement sans foulard, d’autres se sont filmées en train de se couper les cheveux ou de brûler leur voile. Ces images sont devenues virales. Des manifestations ont lieu dans de nombreuses villes du pays, comme Qzavin (centre), Kerman (sud) ou Sari (nord), associant non seulement des femmes et des jeunes mais toutes les classes d’âge. «Femme, vie, liberté», tel est le slogan repris à travers le pays.

Décidées en urgence et sans la possibilité de faire une autopsie de Mahsa Amini, ses funérailles ont été organisées dans sa ville natale de Saqqez, dans la province du Kurdistan, un rassemblement que les forces de sécurité iraniennes ont dispersé dans la violence. Malgré la coupure partielle d’Internet et des réseaux sociaux, on a appris que l’armée avait bombardé le Kurdistan iranien, mais aussi des activistes kurdes basés en Irak sous prétexte qu’ils seraient à l’origine de ce soulèvement…

Mobilisation à haut risque

Il faut insister sur la rébellion courageuse des femmes iraniennes, emmenant avec elles des parties de plus en plus larges du peuple iranien, qui aurait entraîné, en 20 jours, une répression féroce avec au moins 92 de morts selon une ONG iranienne basée à Oslo. Elle survient un mois seulement après la signature par le président Ebrahim Raïssi d’un décret énonçant des peines plus sévères en cas d’infraction au code vestimentaire, à la fois en public et en ligne. Une mobilisation à haut risque pour chacune et chacun des protestataires qui ne peut que forcer l’admiration si on se souvient que lors des dernières grandes manifestations de 2019, les forces de l’ordre auraient tué au moins 321 manifestants selon Amnesty International.

Bien que le déclencheur de la colère ait été le meurtre de la jeune fille kurde par les forces du régime, la crise politique est bien plus radicale. Des dizaines de villes sont «occupées» chaque nuit, souvent avec des combats de nuit, tandis que le régime ne se prive pas de tirer sur les manifestants. Comme le disent les gens dans leurs slogans, «la mort de Mahsa est un déclencheur, le principe du système est la cible». Tous les slogans qui sont lancés visent les fondements même du système, et si l’on imagine que la demande du peuple est de «retirer le hijab obligatoire», on se trompe. Les manifestants crient qu’ils ne veulent pas d’un régime religieux. Le slogan «femme, vie, liberté» semble fédérer une large part de la population iranienne.

Sous le régime iranien, pendant longtemps, différents groupes ont été exclus des arènes sociales pour diverses raisons et sont considérés comme des citoyens de «seconde zone». Cela n’inclut pas seulement les femmes, mais aussi toutes les minorités sexuelles, les ethnies, les minorités religieuses et enfin toutes les personnes qui ne cèdent pas à l’hypocrisie religieuse pour accepter le système en place, à savoir de nombreux religieux et membres du clergé. «Mahsa» apparaît comme un symbole des souffrances et des privations non seulement des ouvriers et des pauvres de la société, mais d’une grande partie de la classe moyenne. Avec les crises économiques, ils n’ont rien à perdre et n’ont pas peur d’être dans la rue en adoptant des comportements radicaux. Les slogans visent le leader suprême du régime et utilisent les pires mots contre le gouvernement religieux.

«Nous vous haïssons»

Malgré le vaste filtrage d’Internet, le régime iranien n’a pas été en mesure d’empêcher la jeunesse iranienne de communiquer avec le monde extérieur. Une des phrases qui revient beaucoup dans les écrits ou les slogans des jeunes Iraniennes et Iraniens est : «Nous vous haïssons» (régime iranien et surtout son leader). Cette haine se situe à un tel niveau que de nombreux jeunes non seulement veulent faire tomber le système au pouvoir, mais ils se disent ouvertement athées. L’espoir est revenu dans le cœur des gens.

Bien que, comme tout autre gouvernement, le régime ait encore des partisans qui dépendent de lui financièrement ou idéologiquement, le nombre de ces partisans diminue chaque jour. Le raccourcissement de l’intervalle de temps entre les protestations en Iran et les changements profonds et les grands progrès après chaque période de protestations montrent que celles-ci ne doivent pas seulement être prises au sérieux, mais être soutenues comme l’accomplissement des femmes iraniennes et des jeunes.

Il est clair que cet appel à signer cette pétition ne peut que condamner le régime et soutenir les forces politiques, à commencer par celles de gauche, qui demandent des libertés politiques et des droits égaux pour les femmes, entre autres de pouvoir porter ou non le hijab. C’est aussi cette demande qui émane de la rue ; non pas seulement contre la répression politique et le régime en place mais pour un gouvernement démocratique.

Sachons l’entendre !

Premiers Signataires :

Alain Badiou, ENS /ULM ; Etienne Balibar, Kingston University London ; Ludivine Bantigny, Université de Rouen ; Alain Bertho, Paris 8 ; Christophe Blanchard, Paris 13 ; Patrick Bruneteaux, CNRS /Paris 1 ; Marion Carrel, Université de Lille ; Frédéric Charles, Université de Picardie ; Raymond Debord, Université Toulouse 3 ; Agnès Deboulet, Paris 8 ; Philippe Descola, Collège de France ; Dominique Desjeux, Université Paris 5 Sorbonne ; Didier Fassin, Collège de France /Institut d’étude avancée de Princeton ; Eric Fassin, Paris 8 ; Nacira Guénif, Paris 8 ; Barbara Glowczewski, CNRS /Collège de France ; Hengameh Hoveydah, écrivaine ; Marcel Jaeger, CNAM ; Laurent Jeanpierre, Paris 1 ; Michel Kokoreff, Paris 8 ; Dany Lang, Université Sorbonne Paris Nord ; Loïc Le Pape, Paris 1 ; Ewa Martin, Science-Po Grenoble ; Nonna Mayer, Science-Po Paris ; Lamia Missaoui, Université de Saint-Quentin-en-Yvelines ; Albert Ogien, CNRS /EHESS ; Willy Pelletier, Université de Picardie ; Thomas Piketty, EHESS ; Frédéric Régent, Paris1 ; Nicolas Roinsard, Université de Nantes ; Alessandro Stella, CNRS-EHESS ; Sophie Wahnich, CNRS /EHESS…

TURQUIE. Les Kurdes rassemblés à Dersim appellent à la lutte organisée contre la destruction écologique

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TURQUIE / KURDISTAN DU NORD – Des milliers de personnes ont défilé à Dersim à l’appel des organisations kurdes et ont donné un message de résistance organisée face à la destruction de la nature de Dersim par l’Etat turc. Les organisateurs du rassemblement ont déclaré qu’avec une résistance organisée, ils allaient protéger l’écosystème et les espaces de vie de Dersim mais également de tout le pays.

La Plateforme du travail et de la démocratie de Dersim a organisé un rassemblement régional sur la place Seyit Rıza avec le slogan « Nous vaincrons, nous défendrons les espaces de vie». Des organisations syndicales et professionnelles ont également participé au rassemblement, auquel ont participé des milliers de personnes, Alican Önlü, adjoint du Parti démocratique des peuples (HDP), Dersim, les co-porte-parole de la Commission de l’écologie du HDP, Menekşe Kızıldere, Naci Sönmez, le Mouvement des femmes libres (TJA), les Associations démocratiques alévies (DAD ), le Parti socialiste des opprimés (ESP), les membres d’HDP Bingöl, des militants écologistes des provinces de la région et de nombreuses organisations environnementales y ont participé.

Nous allons gagner, protégeons Dersim!

Des milliers de personnes ont défilé de la rue de l’Art à la place Seyit Rıza avec des tambours, des zurna et des youyous avec la bannière « Nous défendons nos espaces de vie, nous vaincrons » avant le rassemblement. Pendant la marche, les gens ont scandé des slogans « Pas de mines, protégez Dersim » et « Nous ne voulons pas de mines à Dersim ».

Kenan Çetin de la Plateforme du travail et de la démocratie, qui a pris la parole lors du rassemblement, a déclaré : « Aujourd’hui, de nombreuses entreprises ont les yeux rivés sur Dersim en se demandant comment Dersim va réagir ? Dersim a refait aujourd’hui ce qu’il a fait il y a dix ans. Dans notre pays, les espaces naturels sont donnés à des entreprises. Nous saluons la résistance de la mer Noire depuis Dersim. Dans les monts Kaz, à İliç, les habitants de la région sont en danger. Les oliviers de la mer Égée sont également attaqués. Nous envoyons également nos salutations à la mer Égée. »

Débout aujourd’hui, comme hier 

Déclarant que le massacre de la nature à Dersim dure depuis des mois avec l’abattage des forêts, Çetin a déclaré : « L’abattage des forêts a lieu à Hozat à Ovacık. Le gouvernement autorise la coupe d’arbres. Nous disons à ceux qui abattent nos arbres : « nous vaincrons, le peuple va gagner ». (…) Ils ont essayé cela il y a 150 ans pendant la période ottomane, avec le massacre de 38 [massacre de Dersim entre 1937 et 38]. Ils ont attaqué notre peuple et notre foi [alévisme], mais nous, les habitants de Dersim, restons debout aujourd’hui comme nous l’avons fait dans le passé. Aujourd’hui, nous sommes ici pour protéger la nature. La position contre ce massacre va se développer davantage. (…). Nous gagnerons, la nature gagnera. Ceux qui soutiennent le travail et la démocratie doivent s’unir. Le pouvoir organisé est la seule solution. Nous devons intensifier la lutte pour qu’il y ait un monde meilleur après nous. »

S’exprimant après Çetin, le vice-président du conseil d’administration de TMMOB, Selçuk Uluorta, a déclaré : « Nous avons tous notre mot à dire en ces temps difficiles que nous traversons ; Nous sommes ici pour parler de notre avenir. Si nous ne parlons pas; Ils achèveront nos forêts, abattront nos oliviers, pilleront nos mines, détruiront nos valeurs et braderont nos ressources. Nous ne permettrons jamais cela. »

Prenant la parole plus tard, la co-porte-parole de la commission pour l’écologie du HDP, Naci Sönmez, a parlé du passé de lutte de Fatsa (dans la région du Mer Noire) et a déclaré : « Notre histoire est l’histoire de la lutte contre le capitalisme et le fascisme. C’est l’histoire des opprimés, des pauvres et de la lutte contre la misogynie. Nous ne donnerons ni Cudi [chaîne montagneuse dans la région de Sirnak] ni Kazdağları au capitalisme. Si nous voulons élever la lutte contre le capitalisme en Turquie aujourd’hui, la seule adresse pour cela est de protéger les zones écologiques. Tant dans le monde qu’en Turquie, le capitalisme tente de s’implanter avec sa politique prédatrice de recherche de rente, en particulier dans les zones naturelles. Au Kurdistan, en revanche, le pillage de l’écologie se manifeste par la destruction par la guerre. Avec ces deux luttes à l’esprit, nous devons agir. C’est une question politique. Il ne s’agit pas seulement de protéger le vert. Puisque ces attaques sont des attaques politiques, nous pouvons répondre politiquement. Nous nous battrons avec les partis qui ont centré cette lutte, et nous sommes prêts à payer le prix de la lutte pour la liberté et la démocratie dans ce pays. »

Résistance organisée

Hatun Esen de l’Union écologique a déclaré : « Les massacres et les destructions de la nature se sont accélérés dans 81 provinces ces dernières années. On sait aussi les enjeux visant cette géographie [Kurdistan]. D’autres provinces ressentent également les gémissements d’un chêne coupé ici. Nous, écologistes, devons nous battre côte à côte. Chaque terre est sacrée. J’interpelle particulièrement ceux qui vont avec les sociétés minières; Cet argent va vous empoisonner. Nous avons vu un exemple proche à İliç. Les oiseaux n’y volent plus. La nature disparait à Hakkari. Quand la nature disparaîtra, nous n’aurons plus de vie. Quittons les résistances locales et passons à la résistance organisée pour protéger notre nature. La crise climatique est proche, l’eau se raréfie. Protégeons [les rivières] Munzur, Tigre et Zilan. Nous vaincrons. »

Dans l’action, une pièce de théâtre de l’Association locale attirant l’attention sur le pillage écologique a été jouée, puis le rassemblement s’est terminé par des danses (govend) et des youyous (tilili).

ANF

La Turquie accélère l’écocide dans les régions kurdes

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Le gouvernement turc accélère l’écocide au Kurdistan « turque ». Des forêts entières ont été rasées dans un village de la province de Bingöl depuis cinq mois, comme les forêts des provinces de Sirnak et Dersim.

Le pillage de la nature au Kurdistan du Nord a atteint un niveau sans précédent ces dernières années. L’abattage massif d’arbres reste endémique à Bingöl, Dersim et Şırnak.

Dans la province de Şırnak, des arbres ont été abattus par des gardes villageois sous la surveillance de soldats turcs pendant deux ans, notamment dans les régions de Besta, Cudi et Gabar. L’année dernière, des forêts ont été incendiées dans les villages de Şamoşi et de Zogar à Dersim / Hozat en raison d’opérations militaires. Au cours des quatre derniers mois, des arbres ont été abattus dans la même zone dans le cadre d’une campagne dite de « reboisement».

Dans le village de Liçik (Kaynarpınar) dans le district de Karlıova à Bingöl, des arbres ont été abattus massivement pendant cinq mois, causant de graves dommages à l’écosystème.

Malgré la marche vers le Mont Cudi pour protester contre l’écocide au Kurdistan, les campagnes de hashtag sur les réseaux sociaux, les questions parlementaires sur le sujet et bien d’autres actions connexes, la destruction écologique du Kurdistan n’a pas été stoppée par le gouvernement.

ANF

 

IRAN. Grève générale et protestations au milieu d’une répression sanglante

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IRAN / ROJHILAT – Ce samedi, les villes kurdes d’Iran ont été le théâtre d’une troisième grève générale au milieux de protestations massives ensanglantées par les forces armées du régime. Rien que dans la ville de Sanandaj (Sînê), on dénombre plus de 5 morts et de nombreux blessés civils ciblés par les sbires du régime iranien.

Les soulèvements en Iran et au Rojhilat (Kurdistan oriental) qui ont éclaté mi-septembre après le meurtre de la jeune kurde Jina Mahsa Amini par la police des mœurs iranienne se poursuivent malgré les violences massives du régime iranien. Des rapports quotidiens font état de manifestants tués, dont de nombreuses jeunes femmes et mineurs. A Zahedan, dans la province du Sistan et Baloutchistan, au moins 66 personnes ont été tuées lors du « vendredi sanglant » la semaine dernière. Depuis, 16 autres personnes ont été tuées dans la ville, selon Amnesty International.

Au Rojhilat, les manifestations dirigées par des femmes se sont poursuivies vendredi soir, de nombreuses personnes étant descendues dans les rues de Sînê (Sanandaj), Xuremawa, Kirmaşan et Bukan, entre autres. De violents affrontements sont actuellement signalés dans le Sine, et plusieurs personnes ont été abattues, selon des informations non confirmées. Selon l’organisation kurde de défense des droits humains Hengaw, les rues sont bloquées et les forces de sécurité ont perdu le contrôle de plusieurs quartiers.

Les élèves et les étudiants continuent d’être particulièrement actifs dans les soulèvements en Iran. Les étudiants ont de nouveau appelé au boycott et exigé la libération de leurs camarades arrêtés et la fin de la répression dans les universités. Les étudiants de l’Université de Téhéran ont déclaré qu’ils continueraient à revendiquer leurs droits avec le slogan « Jin, Jiyan, Azadî » (« Femme, Vie, Liberté »).

En attendant, des militants ont déclaré ce samedi la « journée de protestation » contre le régime iranien dans tout le pays. D’autre part, 400 écrivains et traducteurs d’Iran et de l’étranger ont appelé les groupes et syndicats iraniens à déclencher une grève générale dans tout le pays.

Alors qu’une grève générale a déjà été lancée dans plusieurs villes du Rojhilat, des manifestations ont éclaté dans certaines villes et universités d’Iran.

La grève est rejointe par des commerçants qui ont baissé lles rideaux à Sine, Mahabad, Ciwanro, Bukan, Meriwan, Saqqez, Diwandere et d’autres villes du Rojhilat. Outre la grève, les manifestants continuent de manifester à Mashhad, Ispahan, Tahran, Chiraz, Karadj, Sanandaj et dans dizaines d’autres villes.

Des manifestations ont également été lancées par des étudiants de plusieurs universités, exigeant la libération de leurs camarades détenus.

ANF

 

Honteuse collaboration turco-polonaise sur le dos des Kurdes

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Récemment, une vague d’arrestations a visé la diaspora kurde en Pologne. Une des 50 personnes arrêtées déclare que des policiers qui les ont arrêtées travaillaient pour les services secrets turcs (MIT) et qu’ils les ont entendus parler en turc entre eux.

La police cherchait des photos d’Abdullah Ocalan dans les shops de kébabs

Un raid visant la diaspora kurde a eu lieu en Pologne le 4 octobre. Cinquante personnes ont été arrêtées, des téléphones et du matériel informatique ont été confisqués. Harûn Jirkî, l’une des personnes arrêtées a parlé à Yeni Özgür Politika du raid. Harûn Jirkî a été arrêté à Poznan. Il rapporte qu’une célébration de Newroz (nouvel-an kurde) en 2018 a été donnée comme raison de raid, déclarant que : « La raison des perquisitions était des drapeaux du PKK et des photos d’Abdullah Öcalan qui ont été portés au Newroz. » Il a également été question de soupçons de soutien financier à une organisation (PKK) et de détention d’armes.

Selon Jirkî, les policiers impliqués dans la perquisition ont affirmé qu’ils appartenaient au service de renseignement turc MIT. De plus, des policiers qui ont vu une photo du commandant Egîd [Mahsum Korkmaz, un des fondateurs du PKK] tatoué sur l’épaule d’un Kurde détenu à Varsovie, ont parlé turc entre eux et ont dit : « C’est Mahsum Korkmaz. »

Fouilles des magasins de kebab 

Jirkî est persuadé que l’opération est le fruit d’un deal entre la Pologne et la Turquie. Les raids ont touchés également les Turcs qui sont en contact avec des Kurdes et travaillent avec eux. Leurs ordinateurs et téléphones ont été également été confisqués.

Harûn Jirkî a déclaré que les médias polonais n’avaient pas rendu compte de la vague d’arrestation : « C’est pourquoi nous supposons que c’était secret et lié à l’État turc. »

Seul le site ultra-conservateur fronda.pl a qualifié de « scandaleuses » les arrestations massives des Kurdes.

ANF

 

La lutte kurde est au cœur des protestations en Iran

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Des manifestations en Iran ont éclaté après la mort d’une jeune femme kurde pour « tenue vestimentaire inappropriée » – mettant à nu non seulement la brutalité théocratique du gouvernement iranien, mais aussi la répression historique du peuple kurde par l’État iranien.

Le 13 septembre, une visiteuse de vingt-deux ans à Téhéran nommée Jîna (Mahsa) Amini s’est retrouvée en difficulté avec la police des mœurs iranienne. Son crime présumé était une tenue vestimentaire inappropriée, pour laquelle elle a été détenue.

De telles rencontres ne sont pas rares en Iran, dirigé par un gouvernement réactionnaire qui a détourné le soulèvement de masse de 1979 contre le monarque soutenu par les États-Unis, Mohammad Reza Pahlavi. Cependant, alors que la plupart des détentions par la police de la moralité ne sont pas létales, pour Amini, il s’est avéré le contraire. Elle est tombée dans le coma en garde à vue et est décédée trois jours plus tard. Les autorités affirment qu’elle a subi une crise cardiaque, mais les preuves suggèrent qu’elle a été sévèrement battue.

La mort d’Amini s’est avérée être un paratonnerre, déclenchant une vague de protestations populaires à travers l’Iran.

« L’impérialisme intersectionnel »

Comme on pouvait s’y attendre, étant donné la relation antagoniste entre la République islamique et les États-Unis, cette éruption de troubles a été accueillie avec sympathie dans les couloirs du pouvoir à Washington, DC. En effet, la nature sexospécifique de la violence qui a conduit à la mort prématurée d’Amini et le rôle que les femmes ont joué à l’avant-garde des manifestations anti-gouvernementales jouent dans une sorte d’«impérialisme intersectionnel» qui cherche à justifier l’escalade militaire et diplomatique avec l’Iran. au nom de l’émancipation féminine de la « barbarie » islamique.

Il y a d’autres faux amis des manifestants : de nombreux groupes parmi l’opposition iranienne en exil tiennent à revendiquer une parenté avec les manifestants, du « prince héritier » Reza Pahlavi aux partisans du culte Mojahedin-e-Khalq. L’exemple le plus frappant est peut-être celui de la journaliste et employée de Voice of America Masih Alinejad, qui a reçu un profil flatteur de New Yorker qui proclamait qu’elle « dirigeait ce mouvement ».

La réalité est que la rébellion est une explosion de colère populaire dirigée contre une théocratie étouffante et répressive – une oligarchie capitaliste vêtue de l’habit d’un alim pieux qui s’efforce de discipliner les masses iraniennes en leur imposant sa vision de la morale islamique.

À bien des égards, ce sont les Iraniennes qui sont les plus touchées par cette vision draconienne – d’où le rôle central des femmes dans les manifestations. Cependant, réduire le « féminisme » de la révolution à une question d’expression individuelle – la « liberté furtive » qu’Alinejad a vendue aux libéraux et aux conservateurs anti-musulmans satisfaits d’eux-mêmes en Occident – revient à sous-estimer les raisons pour lesquelles tant d’Iranien.ne.s descendent dans la rue.

En plus d’une large colère contre un ordre politique sclérosé inféodé au clergé et aux services de sécurité, la situation économique du pays s’annonce de plus en plus sombre. L’inflation et les inégalités croissantes sont des réalités omniprésentes pour des millions de personnes. Une partie de la raison en est certainement l’ escalade de la guerre économique et diplomatique de Washington à la suite de la décision de l’administration Trump en 2018 de revenir sur l’accord sur le nucléaire iranien.

Mais les tentatives impérieuses de Washington pour déstabiliser la République islamique ne doivent pas masquer la brutalité du gouvernement lui-même, ni les griefs qui ont poussé les gens dans la rue. Malgré sa position géopolitique « contre-hégémonique » et ses origines et sa rhétorique « révolutionnaires », la République islamique est essentiellement un État capitaliste répressif de droite.

La question kurde de l’Iran

La mort d’Amini aux mains des forces de l’ordre de la République islamique a servi de symbole unificateur pour un mouvement de protestation inachevé, mettant en évidence les difficultés des femmes iraniennes. Kurde d’origine iranienne, Amini était originaire de Saqez, une ville du nord-ouest du pays à prédominance kurde. En fait, une sorte de contestation portant sur le sens et la mémoire de sa mort se manifeste déjà selon qu’on l’appelle par son nom kurde, Jîna, ou par son nom étatique, Mahsa. Ainsi, sa mort a également soulevé un autre problème critique auquel le pays est confronté : la question de l’autodétermination nationale kurde.

La minorité kurde d’Iran représente entre 8 et 15 % de la population et réside principalement dans les provinces de l’Azerbaïdjan occidental, du Kurdistan et de Kermanshah, connues collectivement parmi les Kurdes sous le nom de Rojhalat (Kurdistan oriental). Tout en partageant de nombreuses traditions avec d’autres Iraniens, y compris la majorité persane dominante, les Kurdes ont leur propre spécificité linguistique, culturelle et religieuse.

Les futurs bâtisseurs de la nation iranienne moderne, de la dynastie Pahlavi à la République islamique , ont souvent considéré les Kurdes comme une menace potentielle pour l’unité du pays et ont exercé une répression culturelle et politique. Ces tensions politiques ont été encore aggravées par la persistance du tribalisme – une caractéristique souvent exploitée par l’État iranien pour maintenir son autorité – ainsi que par le sous-développement économique plus général des régions kurdes d’Iran.

Compte tenu de ces circonstances matérielles et politiques, la mobilisation politique kurde en Iran s’apparente à un acte de résistance. Parfois, cela s’est manifesté par la lutte armée et l’insurrection ouverte. En 1947, suite à l’occupation anglo-soviétique de l’Iran, une république autonome de courte durée a été établie dans la ville de Mahabad. Cependant, les forces pahlavi — avec, il faut le noter, la connivence de nombreuses tribus kurdes — ont écrasé cette tentative d’autonomie au bout de onze mois. Dans les années 1970 et 1980, le Kurdistan iranien est redevenu le centre de la lutte armée, d’abord lors de la révolution qui a renversé le shah, puis comme l’un des principaux centres de résistance au nouveau gouvernement. (L’une des raisons de leur opposition était religieuse : la majorité des Kurdes d’Iran sont sunnites ; la République islamique est chiite.)

Au premier rang de cette phase de la lutte kurde iranienne se trouvaient deux organisations nationalistes de gauche : le Parti démocratique du Kurdistan d’Iran (PDKI) et l’Organisation des travailleurs révolutionnaires du Kurdistan iranien (Komala). À la fin des années 1980, la rébellion avait été largement contenue et une grande partie des cadres des deux partis avaient été contraints de fuir vers le Kurdistan irakien ou l’Europe.

Pourtant, même dans la défaite et l’exil, les groupes kurdes ont été confrontés à la violence de l’État. En 1989, des agents iraniens ont assassiné le chef du KDPI Abdul Rahman Ghassemlou en Autriche. Trois ans plus tard, cette fois dans un restaurant de Berlin, l’Iran a attaqué et tué quatre autres dirigeants kurdes.

Répression et résistance

Dans les années 1990 et 2000, la résistance kurde en Iran a pris de nouvelles directions. L’élection en 1997 du candidat présidentiel réformiste Mohammad Khatami a été particulièrement significative.

Sur le front politique, l’ascension de Khatami a ouvert la voie à l’élection de politiciens kurdes au parlement en 2000, bien que l’intervention du Conseil des gardiens – un organe étatique chargé de contrôler les candidats potentiels – ait contrecarré cette tendance lors des élections suivantes. Pourtant, les organisations de la société civile qui promeuvent la langue et la culture kurdes ainsi que celles qui s’occupent de divers problèmes sociaux, de la violence domestique à l’environnementalisme, ont continué à prospérer, bien que souvent aux frontières de la légalité.

La résistance armée s’est également poursuivie : en 2004, un nouveau groupe armé appelé le Parti de la vie libre du Kurdistan (PJAK) — une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) basé en Turquie — a été fondé. Cependant, malgré des affrontements périodiques avec les services de sécurité iraniens au fil des ans, le contrôle militaire de Téhéran sur ses dépendances kurdes est resté sécurisé.

Ce contrôle a été acheté au prix de la coercition et de la violence. Même l’activisme et l’agitation pacifiques comportent d’énormes risques. Par exemple, en 2018, quatre militants écologistes de la ville frontalière de Mariwan ont été tués alors qu’ils tentaient d’éteindre des incendies de forêt provoqués par les bombardements du gouvernement iranien, et en 2020, une enseignante de langue kurde, Zahra Mohammadi, a été condamnée à dix ans de prison pour des accusations infondées. (La peine a ensuite été commuée en cinq ans.)

De tels cas ne sont que quelques exemples qui forment un schéma plus large de répression. Selon un rapport des Nations Unies de 2019 , les Kurdes représentent environ 50 % des prisonniers politiques en Iran et sont beaucoup plus susceptibles d’être victimes de la publication capitale.

À certains moments, l’État iranien a tenté de gagner l’allégeance kurde par des appels « pan-iraniens » à une histoire et une culture partagées. L’ancien président Khatami a déclaré que « personne n’a le droit de prétendre être plus iranien que les Kurdes ». Pourtant, comme l’a observé le chercheur Kaveh Bayat :

« On ne peut pas être dépeint comme plus iranien que les autres Iraniens et en même temps être privé du droit d’être éduqué dans sa langue maternelle. On ne peut pas ressentir une loyauté sans limites envers l’État-nation identifié par les chiites face à la discrimination contre la croyance sunnite. »

Ce sont ces contradictions au sein du processus d’édification de la nation iranienne que la République islamique, comme la monarchie Pahlavi avant elle, n’a pas réussi à surmonter. Ainsi, bien que de nombreux Iraniens considèrent la mort d’Amini comme un symbole de la faillite générale du régime clérical, pour de nombreux Kurdes, elle est également perçue à travers le prisme de l’ oppression nationale en cours.

Manifestations au Kurdistan

Comme une grande partie de l’Iran, le Kurdistan est en ébullition depuis la mort d’Amini, avec des manifestations de masse et des grèves . La réponse du gouvernement iranien a été de rassembler les manifestants et de déclencher une violence nue , allant même jusqu’à mener le combat au Kurdistan irakien en attaquant les camps des groupes d’opposition iraniens exilés et en déstabilisant l’administration locale.

Pourtant, ce qui marque le mouvement de contestation au Kurdistan iranien, c’est la question de l’autonomie nationale, comme en témoignent les slogans en faveur des groupes d’ opposition kurdes en exil et les appels à la solidarité pan-kurde (« D’ouest en est, le Kurdistan est un seul pays » ).

Cet élan nationaliste comporte des risques. Les réalités géopolitiques et l’équilibre militaire des forces signifient que tout soulèvement kurde isolé est probablement voué à l’échec. Pour le meilleur ou pour le pire, le sort des Kurdes d’Iran est lié à celui du reste de la population iranienne.

Pourtant, bien que l’État iranien ait longtemps cherché à polariser la question des droits des Kurdes en brandissant le spectre du « séparatisme », le mouvement kurde d’Iran a dans l’ensemble cherché à exercer l’autodétermination nationale dans le cadre de l’Iran. La formule du KDPI, par exemple, est résumée dans le slogan : «Démocratie pour l’Iran, autonomie pour le Kurdistan».

Bien sûr, cela laisse encore la question de savoir à quoi ressemblerait l’autonomie dans la pratique. Suivrait-il le modèle plus conservateur d’un quasi-État-nation adopté par les Kurdes irakiens ? Ou les Kurdes iraniens pourraient-ils s’inspirer de la vision radicale du « confédéralisme démocratique » présentée par le PKK et ses affidés idéologiques au Rojava (nord de la Syrie) ?

De manière significative, la synthèse idéologique du PKK – qui lie la résolution de la question nationale à un programme politique plus large enraciné dans l’anarchisme, l’éco-socialisme et la libération des femmes – a marqué non seulement les manifestations au Kurdistan iranien mais à travers l’Iran, les Iraniens adoptant le slogan du PKK «Femmes, vie et liberté». Cette pollinisation croisée est un signe positif que la solidarité interethnique à travers le mouvement d’opposition est possible.

Le chemin vers l’unité

Alors que les protestations en Iran manquent de leadership clair ou de programme politique, elles sont animées par une impulsion démocratique et un désir de liberté politique, de justice économique et d’émancipation féminine.

Cependant, pour que l’Iran progresse sur la voie de la démocratie libérale, sans parler du socialisme, toute opposition organisée à la République islamique doit adopter une vision égalitaire de l’avenir. Elle doit surmonter les contradictions au sein du processus d’édification de la nation iranienne, au centre desquelles se trouve la résolution de la question kurde. Pour le dire avec plus d’emphase, l’Iran doit cesser d’être une « maison prison de peuples » maintenus ensemble par la violence et la coercition.

Comme l’analogue du révolutionnaire et démocrate kurde ottoman Abdullah Cevdet, en ce qui concerne l’avenir d’un autre régime multinational :

« Attachons étroitement deux hommes l’un à l’autre avec la même corde. Et plaçons encore deux hommes côte à côte, libres et libres d’agir de leur propre initiative personnelle. Lesquels ont le plus grand lien, les hommes liés ensemble ou les deux librement placés l’un à côté de l’autre ? Même répondre à cette question est stupide ! »

Alors que l’Empire ottoman s’est finalement effondré au milieu d’une explosion de violence ethno-nationale et de militarisme, il y a encore de l’espoir que l’Iran puisse éviter ce sort. Et si l’Iran était capable de résoudre les griefs kurdes de longue date grâce à la pression populaire, non seulement il enverrait des répercussions à travers la grande patrie kurde, mais il offrirait une énorme victoire pour la démocratie au Moyen-Orient.

Par Djene Rhys Bajalan, professeure associée au département d’histoire de la Missouri State University et co-animateur du podcast This Is Revolution

Version anglaise à lire ici: The Kurdish Struggle Is at the Heart of the Protests in Iran

 

IRAN. Sarina Esmailzadeh, 16 ans, tuée par les mollahs

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L’ONG Iran Human Rights a confirmé que Sarina Esmailzadeh, une manifestante de 16 ans, a été tuée par les forces de sécurité du régime.

Sarina Esmailzadeh, une jeune fille de 16 ans de Mehrshahr à Karaj, a été tuée sous les coups de matraque des forces de sécurité lors des manifestations du 22 septembre. Les autorités ont diffusé de soi-disant aveux de membres présumés de la famille annonçant que la cause de sa mort était un suicide.

Après avoir examiné les preuves et parlé à des témoins oculaires et à des sources proches, Iran Human Rights confirme le meurtre de Sarina par l’État et condamne fermement les pressions exercées sur sa famille par les services de sécurité pour les forcer à répéter le faux récit du suicide. L’organisation exige des poursuites judiciaires internationales et des sanctions à l’encontre des directeurs de la Radiodiffusion de la République islamique d’Iran (IRIB).

Selon les informations obtenues par Iran Human Rights, « après la fin de son cours d’anglais le 22 septembre à midi, Sarina Esmailzadeh et plusieurs de ses amis sont allés rejoindre les manifestations populaires près de son école de langue. Lors de la manifestation, les forces de sécurité ont frappé à plusieurs reprises Sarina sur la tête avec une matraque jusqu’à ce qu’elle saigne abondamment de la tête.

Comme il était impossible de transférer Sarina à l’hôpital, selon une source, des gens l’ont emmenée dans une maison voisine pour soigner ses blessures, mais Sarina était déjà décédée. »

Une source a ajouté : « La famille de Sarina ne savait pas ce qui lui était arrivé jusqu’à ce que ses amis qui étaient avec elle lors de la manifestation, les contactent à 22h30, les informant que Sarina avait été tuée par les forces de sécurité. »

Selon la source, lorsque sa famille s’est rendue sur les lieux de la manifestation, les gens leur ont dit que le corps de Sarina avait été transporté à l’hôpital par une ambulance. Mais la recherche de sa famille dans les hôpitaux et les morgues s’est avérée infructueuse et aucune des autorités compétentes ne leur a donné de réponse claire sur l’endroit où se trouvait le corps de Sarina.

Sarina Esmailzadeh est née le 2 juillet 2006 et vivait avec sa mère et son frère aîné. Elle était orpheline de père. (ANF)

Depuis le meurtre de Jina Mahsa Amini, une Kurde de 22 ans, par la police des mœurs mi-septembre, l’Iran est le théâtre des manifestations quotidiennes réprimées dans le sang par le régime.

 

Shirin Alam-Houli, prisonnière kurde qui a accroché le slogan « Jin, Jiyan, Azadi » au mur de sa cellule en 2010

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Alors que le meurtre de Jina Amini (plus connue en Occident sous le nom de Mahsa Amini) a fait connaître au monde le slogan kurde « Jin, Jiyan, Azadî » (« Femme, Vie, Liberté ») dont la « paternité » est volé au mouvement de libération kurde, le journaliste Behrouz Boochani rappelle un anecdote intéressant. En effet, Boochani écrit qu’en 2010, Shirin Alam-Houli*, prisonnière kurde condamnée et exécutée par le régime iranien, avait fait écrire le slogan « Jin, Jiyan, Azadî » sur un papier qu’elle a accroché dans sa cellule de la prison d’Evin, à Téhéran.

Par ailleurs, un autre activiste kurde, Polla Garmiany déclare que, bien que le slogan « Jin, Jiyan, Azadi » ait été inventé par le PKK dans les années 2000, ses racines sont un peu plus anciennes. Le slogan initial était « Jin, Xebat, Jiyan » (Femmes, Lutte, Vie), et c’est la devise de l’Union des femmes du Kurdistan, l’organisation féminine de l’Union Patriotique du Kurdistan (UPK), parti historique de Jalal Talabanî.

Qui était Shirin Alam-Houli*

Shirin Alam-Houli est née le 3 juin 1981 dans le village de Daim Gheshlaq près de la ville de Maku, dans la province de l’Azerbaïdjan occidental, en Iran. Elle a été arrêtée en mai 2007 par les gardiens de la révolution à Téhéran. Elle a passé les 25 premiers jours de son emprisonnement dans un lieu inconnu sous une torture physique et psychologique brutale. Après cela, elle a été transférée à la section 209 de la prison d’Evin où elle subi des tortures brutales pendant six mois avant d’être transférée au quartier des femmes de la prison d’Evin.

Le 19 décembre 2009, elle a été condamnée à deux ans de prison pour sortie illégale d’Iran, et condamnée à mort pour être un « Mohareb » (ennemi de Dieu) pour son implication présumée dans le Parti de la vie libre du Kurdistan (PJAK), organisation politique et armée qui lutte contre le régime iranien au Kurdistan oriantal (Rojhilat). Son procès a eu lieu à la branche 15 du tribunal révolutionnaire de Téhéran, sous la direction du juge « Salavati ». Elle a été exécutée le 9 mai 2010, sans que sa famille ni ses avocats en soient informés.

Elle écrivait une lettre à l’attention de ses bourreaux le 3 mai 2010, une semaine avant son exécution.

Dans sa première lettre, Mme Alam Hooli écrivait sur la torture physique et psychologique brutale qu’elle a subie pendant l’interrogatoire. À la suite de cette torture, Alam Hooli souffrait de nombreux problèmes de santé qu’elle signalait dans sa lettre mai 2010. Dans sa précédente lettre, Alam Hooli avait également déclaré que les interrogateurs s’étaient efforcés de briser sa grève de la faim. Dans sa deuxième lettre, elle racontait comment les interrogateurs tentaient de lui arracher des aveux télévisés, lui demandant de nier son appartenance ethnique kurde.

Voici la lettre de Shirin Alam Hooli datée de 3 mai 2010:

J’entame ma troisième année d’emprisonnement, trois ans dans les pires conditions derrière les barreaux de la prison d’Evin. J’ai passé les deux premières années de mon incarcération sans avocat et en détention provisoire. Toutes mes demandes de renseignements sur mon cas sont restées sans réponse jusqu’à ce que je sois injustement condamnée à mort.

Pourquoi ai-je été emprisonnée et pourquoi vais-je être exécutée ? Pour quel délit ? Est-ce parce que je suis kurde ? Si tel est le cas, je dois dire que je suis née kurde.

Ma langue est le kurde, la langue que j’utilise pour communiquer avec ma famille, mes amis et ma communauté, et la langue avec laquelle j’ai grandi. Mais je n’ai pas le droit de parler ma langue ni de la lire, je n’ai pas le droit d’aller à l’école dans ma propre langue et je n’ai pas le droit de l’écrire. Ils me disent de renier mon identité kurde, mais si je le fais, cela signifie que je dois renier qui je suis.

Monsieur le juge et l’interrogateur :

Lorsque vous m’interrogeiez, je ne parlais pas votre langue et je ne vous comprenais pas. J’ai appris le farsi au cours des deux dernières années dans la section des femmes de la prison grâce à mes amies. Mais vous m’avez interrogée, jugée et condamnée dans votre propre langue même si je ne la comprenais pas et ne pouvais pas me défendre.

La torture que vous m’avez fait subir est devenue mon cauchemar. Je souffre constamment à cause de la torture que j’ai subie. Les coups sur la tête pendant l’interrogatoire ont causé de gros problèmes à ma tête, et parfois je souffre de graves maux de tête, où je perds tout sens de moi-même, mon nez commence à saigner de la douleur et cela dure plusieurs heures jusqu’à ce que je commence à me sentir normal de nouveau.

Un autre « cadeau » que votre torture m’a laissé, ce sont les dommages à mes yeux qui s’aggravent chaque jour. Ma demande de lunettes est restée sans réponse. Quand je suis entrée dans cette prison mes cheveux étaient noirs, maintenant après trois (3) ans d’emprisonnement, mes cheveux ont commencé à blanchir.

Je sais que vous avez fait cela non seulement à moi mais à tous les Kurdes, y compris à Zeynab Jalaliyan et Ronak Safarzadeh… Les yeux des mères kurdes sont pleins de larmes, attendant de voir leurs enfants. Elles sont dans un état d’inquiétude permanente, craignant que chaque appel téléphonique n’apporte la nouvelle de l’exécution de leurs enfants.

Aujourd’hui, nous sommes le 2 mai 2010 et une fois de plus, ils m’ont emmené à la section 209 de la prison d’Evin pour un interrogatoire. Ils m’ont demandé de coopérer avec eux pour que je sois graciée et non exécutée. Je ne comprends pas ce qu’ils entendent par coopération, alors que je n’ai rien de plus à dire que ce que j’ai déjà dit. Ils veulent que je répète tout ce qu’ils disent, mais je refuse de le faire.

Les interrogateurs m’ont dit : « nous voulions te libérer l’année dernière, mais ta famille n’a pas voulu coopérer avec nous, alors les choses ont dû en arriver là. » Ils m’ont avoué que j’étais une otage et jusqu’à ce qu’ils atteignent leur objectif, ils me garderont prisonnier ou m’exécuteront mais ils ne me libéreront jamais.

Shirin Alam Hooli
3 mai 2010-05
Serkeftin

« Serkeftin » signifie « Victoire » en kurde.

De nombreux pays européens exhortent leurs ressortissants à quitter l’Iran

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PARIS – La France appelle ses ressortissants de passage en Iran à quitter le pays rapidement à cause des risques élevés d’« arrestation, de détention arbitraire et de jugement inéquitable ».

D’autres pays européens, dont la Suède, l’Italie, l’Allemagne, la Belgique et l’Espagne… ont également invité leurs ressortissants à quitter l’Iran où le régime réprime dans le sang la révolte populaire provoquée par le meurtre de Jina Amini, une femme kurde de 22 ans, mi-septembre dernier.

Le site de France Diplomatie rappelle que «l’ensemble du territoire iranien est placé en rouge sur la carte des conseils aux voyageurs. Il est donc formellement déconseillé aux ressortissants français, y compris binationaux, de se rendre en Iran, quel qu’en soit le motif. Les Français qui, en dépit de cette mise en garde, se trouveraient en Iran sont invités à faire preuve de la plus grande vigilance et à prendre les précautions indispensables pour assurer leur sécurité. Il leur est notamment fortement conseillé de limiter leurs déplacements à l’intérieur du pays, d’éviter impérativement tout type de rassemblement et de se faire connaître auprès de l’ambassade de France à Téhéran.»