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TURQUIE. Les Kurdes rassemblés à Dersim appellent à la lutte organisée contre la destruction écologique

TURQUIE / KURDISTAN DU NORD – Des milliers de personnes ont défilé à Dersim à l’appel des organisations kurdes et ont donné un message de résistance organisée face à la destruction de la nature de Dersim par l’Etat turc. Les organisateurs du rassemblement ont déclaré qu’avec une résistance organisée, ils allaient protéger l’écosystème et les espaces de vie de Dersim mais également de tout le pays.

La Plateforme du travail et de la démocratie de Dersim a organisé un rassemblement régional sur la place Seyit Rıza avec le slogan « Nous vaincrons, nous défendrons les espaces de vie». Des organisations syndicales et professionnelles ont également participé au rassemblement, auquel ont participé des milliers de personnes, Alican Önlü, adjoint du Parti démocratique des peuples (HDP), Dersim, les co-porte-parole de la Commission de l’écologie du HDP, Menekşe Kızıldere, Naci Sönmez, le Mouvement des femmes libres (TJA), les Associations démocratiques alévies (DAD ), le Parti socialiste des opprimés (ESP), les membres d’HDP Bingöl, des militants écologistes des provinces de la région et de nombreuses organisations environnementales y ont participé.

Nous allons gagner, protégeons Dersim!

Des milliers de personnes ont défilé de la rue de l’Art à la place Seyit Rıza avec des tambours, des zurna et des youyous avec la bannière « Nous défendons nos espaces de vie, nous vaincrons » avant le rassemblement. Pendant la marche, les gens ont scandé des slogans « Pas de mines, protégez Dersim » et « Nous ne voulons pas de mines à Dersim ».

Kenan Çetin de la Plateforme du travail et de la démocratie, qui a pris la parole lors du rassemblement, a déclaré : « Aujourd’hui, de nombreuses entreprises ont les yeux rivés sur Dersim en se demandant comment Dersim va réagir ? Dersim a refait aujourd’hui ce qu’il a fait il y a dix ans. Dans notre pays, les espaces naturels sont donnés à des entreprises. Nous saluons la résistance de la mer Noire depuis Dersim. Dans les monts Kaz, à İliç, les habitants de la région sont en danger. Les oliviers de la mer Égée sont également attaqués. Nous envoyons également nos salutations à la mer Égée. »

Débout aujourd’hui, comme hier 

Déclarant que le massacre de la nature à Dersim dure depuis des mois avec l’abattage des forêts, Çetin a déclaré : « L’abattage des forêts a lieu à Hozat à Ovacık. Le gouvernement autorise la coupe d’arbres. Nous disons à ceux qui abattent nos arbres : « nous vaincrons, le peuple va gagner ». (…) Ils ont essayé cela il y a 150 ans pendant la période ottomane, avec le massacre de 38 [massacre de Dersim entre 1937 et 38]. Ils ont attaqué notre peuple et notre foi [alévisme], mais nous, les habitants de Dersim, restons debout aujourd’hui comme nous l’avons fait dans le passé. Aujourd’hui, nous sommes ici pour protéger la nature. La position contre ce massacre va se développer davantage. (…). Nous gagnerons, la nature gagnera. Ceux qui soutiennent le travail et la démocratie doivent s’unir. Le pouvoir organisé est la seule solution. Nous devons intensifier la lutte pour qu’il y ait un monde meilleur après nous. »

S’exprimant après Çetin, le vice-président du conseil d’administration de TMMOB, Selçuk Uluorta, a déclaré : « Nous avons tous notre mot à dire en ces temps difficiles que nous traversons ; Nous sommes ici pour parler de notre avenir. Si nous ne parlons pas; Ils achèveront nos forêts, abattront nos oliviers, pilleront nos mines, détruiront nos valeurs et braderont nos ressources. Nous ne permettrons jamais cela. »

Prenant la parole plus tard, la co-porte-parole de la commission pour l’écologie du HDP, Naci Sönmez, a parlé du passé de lutte de Fatsa (dans la région du Mer Noire) et a déclaré : « Notre histoire est l’histoire de la lutte contre le capitalisme et le fascisme. C’est l’histoire des opprimés, des pauvres et de la lutte contre la misogynie. Nous ne donnerons ni Cudi [chaîne montagneuse dans la région de Sirnak] ni Kazdağları au capitalisme. Si nous voulons élever la lutte contre le capitalisme en Turquie aujourd’hui, la seule adresse pour cela est de protéger les zones écologiques. Tant dans le monde qu’en Turquie, le capitalisme tente de s’implanter avec sa politique prédatrice de recherche de rente, en particulier dans les zones naturelles. Au Kurdistan, en revanche, le pillage de l’écologie se manifeste par la destruction par la guerre. Avec ces deux luttes à l’esprit, nous devons agir. C’est une question politique. Il ne s’agit pas seulement de protéger le vert. Puisque ces attaques sont des attaques politiques, nous pouvons répondre politiquement. Nous nous battrons avec les partis qui ont centré cette lutte, et nous sommes prêts à payer le prix de la lutte pour la liberté et la démocratie dans ce pays. »

Résistance organisée

Hatun Esen de l’Union écologique a déclaré : « Les massacres et les destructions de la nature se sont accélérés dans 81 provinces ces dernières années. On sait aussi les enjeux visant cette géographie [Kurdistan]. D’autres provinces ressentent également les gémissements d’un chêne coupé ici. Nous, écologistes, devons nous battre côte à côte. Chaque terre est sacrée. J’interpelle particulièrement ceux qui vont avec les sociétés minières; Cet argent va vous empoisonner. Nous avons vu un exemple proche à İliç. Les oiseaux n’y volent plus. La nature disparait à Hakkari. Quand la nature disparaîtra, nous n’aurons plus de vie. Quittons les résistances locales et passons à la résistance organisée pour protéger notre nature. La crise climatique est proche, l’eau se raréfie. Protégeons [les rivières] Munzur, Tigre et Zilan. Nous vaincrons. »

Dans l’action, une pièce de théâtre de l’Association locale attirant l’attention sur le pillage écologique a été jouée, puis le rassemblement s’est terminé par des danses (govend) et des youyous (tilili).

ANF