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LYON. Réunion d’information à l’occasion du 8ème anniversaire de la libération de Kobané

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LYON – En janvier 2015, malgré la suprématie militaire des gangs de DAECH, les Kurdes de Kobanê ont vaincu le monstre islamiste qui faisait trembler l’humanité après plusieurs mois de résistance acharnée. A la veille du 8e anniversaire de la libération du Rojava de DAECH, la région fait face à une nouvelle menace d’invasion, cette fois-ci venue de la Turquie voisine qui n’a pas digéré la défaite des terroristes islamistes et la révolution féministe et pluralistes du Rojava.

A l’occasion du 8e anniversaire de la libération de Kobané, l’association Amitiés kurdes de Lyon et la Maire du 1er arrondissement de Lyon organisent une réunion d’information concernant la situation politique, sociale et militaire au Rojava à l’ombre des attaques turques et menaces d’invasion de la région.

Les intervenants de la soirée d’information sont:

Laurence Boffet, conseillère municipale à la mairie du 1er, chargée des questions internationales. Vice-présidente de la Métropole de Lyon, Participation et initiatives citoyennes

Une représentante de l’association « UN PONTE PER »

L’objectif de l’UPP est la prévention des conflits armés et violents, en particulier au Moyen-Orient, à travers une série de campagnes d’information, d’échanges culturels, de projets de coopération, de programmes de consolidation de la paix et de la création de réseaux de justice sociale.

Un représentant de l’association « Amitiés kurdes de Bretagne »

Les Amitiés kurdes de Bretagne défendent les droits humains dans les différentes parties du Kurdistan et la reconnaissance des droits culturels et politiques du peuple kurde, ici et là-bas, depuis 25 ans.

RDV le 27 janvier, à 18h30
À la Mairie du 1er arrondissement de Lyon
2, place SATHONAY
69001 LYON

Une banque suisse interdit les dons aux enfants du Kurdistan

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Une banque suisse refuse un virement à une association de Bielefeld pour une campagne de financement en faveur des enfants et des jeunes du Rojava, Maxmur et Shengal. La raison est la mention du mot « Kurdistan » dans le sujet du transfert.

L’Initiative pour la paix et l’espoir au Kurdistan eV a lancé une campagne de dons pour les enfants et adolescents du camp de Maxmur, de Shengal et du Rojava alors que la Turquie a lancé une nouvelle guerre anti-kurde en plein hiver.

Une banque suisse criminalise l’aide humanitaire – « C’est un scandale »

Mutlu Tatar, qui vit en Suisse, a également souhaité faire un don à la campagne « Donnez un sourire » . Il a effectué le virement de 25 euros sur le compte de l’Initiative Bielefeld via la PostFinance Bank. Tatar a été surpris lorsqu’il a vu le montant remboursé sur son compte le lendemain. Quelques heures plus tard, il reçoit un courrier dans lequel la banque explique le virement retour : « Malheureusement, PostFinance ne peut traiter votre virement de 25 euros (…). PostFinance n’effectue pas de transactions liées au Kurdistan (même si le paiement n’est pas effectué au Kurdistan) en raison du risque de blocage des fonds à l’étranger. En raison de dispositions légales, ce paiement n’est malheureusement pas possible chez PostFinance. Nous vous demandons donc de ne plus effectuer ce paiement (…). »

Tatar est visiblement outré par le refus de sa banque de procéder à son don à cause de la mention du « Kurdistan » . « C’est un scandale. Le fait que la Suisse elle-même bloque l’aide humanitaire pour les enfants au Kurdistan montre clairement de quel côté elle se range dans la politique de guerre contre les Kurdes.» Après l’incident, le Kurde a demandé par téléphone à la PostFinance Bank de prendre position sur la question. Mais il n’a obtenu aucune information. « Ils ont dit que c’était une affaire confidentielle. »

Ce n’est pas le premier scandale dans lequel PostFinance Bank s’engage dans le contexte kurde. En 2020, la banque a bloqué le compte du mouvement du Croissant-Rouge kurde « Heyva Sor a Kurdistanê » et lancé des enquêtes sur certaines personnes qui avaient transféré des dons. Des procédures similaires sont également connues du Credit Suisse et d’UBS, les plus grandes banques de Suisse, dit Tatar.

Le Kurdistan est criminalisé

« Il faut faire savoir par tous qu’un pays comme la Suisse, qui se présente comme neutre vis-à-vis du monde, est responsable d’un scandale de cette ampleur. Il est incompréhensible que des tentatives soient faites pour bloquer une action de solidarité humanitaire pour les enfants du Kurdistan. Ce comportement ne criminalise pas seulement le mot « Kurdistan», mais le peuple kurde. La raison donnée par la banque pour la transaction bloquée est scandaleuse et traiter l’affaire nécessite un débat public. En réaction, ceux qui m’entourent contribueront un montant plus important à la campagne. Jusqu’à présent, j’étais le seul impliqué dans la campagne. Mais après cette action scandaleuse, beaucoup de mes amis se sont prononcés en faveur du soutien à la campagne de cadeaux. », a déclaré Tatar.

Emine Gözen : « Nous sommes indignés et exigeons des explications »

Emine Gözen, présidente de l’Initiative pour la paix et l’espoir au Kurdistan e.V., a dénoncé le comportement de la succursale bernoise de PostFinance : « Nous sommes scandalisées. En aucun cas, nous ne pouvons logiquement expliquer pourquoi le don de la Suisse n’a pas pu être transféré sur notre compte. Notre initiative est une organisation à but non lucratif reconnue en Allemagne et fonctionne conformément à la loi sur les associations en vigueur. Depuis 2016, nous mettons en œuvre de nombreux projets au Kurdistan dans les domaines de l’éducation et du parrainage d’enfants, de l’égalité des sexes, de l’inclusion, des écoles, des universités, des orphelinats, de l’art, de la culture, de l’écologie, de la santé et du développement urbain. Nos projets doivent aider les gens à façonner leur propre avenir. En aidant les gens à s’aider eux-mêmes, nous voulons permettre aux personnes qui ont été privées de tout moyen de subsistance de mener une vie décente et donner aux générations futures les moyens de participer à long terme à une société civile écologiquement juste et démocratique. Des valeurs telles que l’égalité, la dignité humaine et la coexistence pacifique sont pour nous les paramètres d’orientation les plus importants. Notre organisation se compose de nombreux bénévoles d’âges et de sexes différents et se concentre sur l’aide humanitaire au Kurdistan, en particulier pour les enfants et les familles qui souffrent particulièrement des conséquences de la guerre et de la violence. Notre travail peut être suivi sur Internet ainsi que dans les régions kurdes elles-mêmes et à travers notre travail local à Bielefeld et connaît beaucoup de solidarité diplomatique, financière et politique. Nos partenaires de coopération comprennent la ville de Bielefeld, des fondations, des organisations de la société civile, des associations en Allemagne et de nombreuses universités, écoles, établissements de santé, organisations de la société civile et municipalités du Kurdistan. » (ANF)

Colonel Caggins: La Turquie commet un nettoyage ethnique dans le nord de la Syrie

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La Turquie utilise l’eau de l’Euphrate comme une arme de guerre contre les Kurdes syriens en plus de commettre un nettoyage ethnique dans les régions syriennes qu’elle occupe et nuit à la lutte anti-DAECH menée par les alliés de la coalition internationale a déclaré l’ancien porte-parole de CJTF-OIR, coalition internationale anti-EI en Irak et en Syrie, Myles B. Caggins, dans un entretien accordé au journal Yeni Ozgur Politika.

Myles B. Caggins, colonel américaine et ancien porte-parole de la colation internationale anit-EI, a déclaré que « la Turquie nuit à nos partenaires qui ont vaincu l’État islamique » et a attiré l’attention sur le nettoyage ethnique en cours dans les régions kurdes de Syrie qu’elle occupe: « La situation dans le nord-est de la Syrie, la situation à Afrin est très mauvaise, nous sommes face à une situation terrible. En plus des frappes aériennes et des tirs d’artillerie, elle utilise également l’eau comme arme – en bloquant l’Euphrate. »

Attirant l’attention sur l’importance morale et psychologique de Kobanê pour les Kurdes, Myles B. Caggins a déclaré que ; « Kobanê est (…) un grand symbole de l’unité kurde, du succès contre l’Etat islamique et de l’émergence de la défaite de l’Etat islamique sur le champ de bataille. On se souvient que pendant que la guerre de Kobanê se déroulait, la Turquie la suivait de près. Elle n’a pas aidé ceux qui ont traversé la frontière turque et se sont battus contre l’Etat islamique. »

Concernant les fausses accusations de l’État turc qualifiant les Forces Démocratiques Syriennes (FDS) de « menace » sur la scène internationale, Caggins a déclaré: « Pour autant que j’ai vu ou parlé à des gens que je connais, les FDS se concentrent sur la protection de leur peuple contre l’EI ou d’autres menaces et le maintien de l’ordre avec les combattants et les Asayish [forces de sécurité intérieure] dans le nord-est de la Syrie. »

Voici l’interview accordée par le colonel Myles B. Caggins au journal Yeni Ozgur Politika:

La Turquie mène une attaque destructrice massive contre votre partenaire de coalition qui a perdu des milliers de personnes dans la guerre contre l’Etat islamique depuis 2014. Comment vous sentez-vous en tant que personne connaissant de près les Kurdes et les habitants du nord-est de la Syrie ?

La situation dans le nord-est de la Syrie, la situation à Afrin est très mauvaise, nous sommes confrontés à une situation terrible. La Turquie poursuit sa volonté d’éloigner le peuple kurde de la frontière avec la Syrie et la Turquie. Pour cela, en plus des frappes aériennes et des tirs d’artillerie, elle utilise également l’eau comme arme – en bloquant l’Euphrate. Il s’agit d’un nettoyage ethnique en retirant un groupe de personnes de leur terre et en les remplaçant par d’autres réfugiés. Elle place également des groupes terroristes dans la soi-disant « zone de sécurité » entre Afrin, Idlib et Serêkaniyê et Girê Spî. 

Quant à ce que je ressens à ce sujet; J’ai travaillé avec les FDS et je connais des dizaines de personnes qui ont servi dans les FDS depuis la guerre de Kobanê, et toutes sont furieuses face aux attaques continues de la Turquie contre les partenaires de sécurité de la coalition américaine. C’est ce que je ressens aussi. J’espère que ces attaques cesseront. Parce que la Turquie nuit à nos partenaires qui ont vaincu DAECH. Dans le même temps, des centaines de milliers de civils devenus réfugiés et déplacés en raison des dégâts et de la peur causés par les attaques de la Turquie se trouvent également dans une situation désespérée.

Comment pensez-vous que ces attaques de l’État turc affecteront les opérations conjointes des FDS et de la Coalition internationale contre l’Etat islamique ?

Les FDS et la Coalition internationale veulent se concentrer uniquement sur ISIS, mais certains dirigeants des FDS ont également la tâche supplémentaire de se préparer à défendre leur patrie contre une éventuelle invasion terrestre. Par conséquent, ces attaques de la Turquie détournent sans aucun doute l’attention dans la lutte contre l’Etat islamique. Mais pire encore, ces attaques pourraient gravement nuire à la mission de vaincre l’Etat islamique.

Le camp al-Hol, où sont détenues les familles de 60 000 membres de l’Etat islamique, a également été pris pour cible. Il a été annoncé qu’un groupe de membres de l’Etat islamique avait échappé à cette attaque. Pensez-vous que l’État turc organise la fuite des membres de l’EI et sa renaissance ?

Je ne pense pas que l’objectif principal de la Turquie soit que les membres de l’Etat islamique s’échappent d’Al-Hol. Si la Turquie avait voulu attaquer directement les camps de détention, des camps comme Al-Hol ou certains camps de détention, elle aurait attaqué directement. Cependant, je crois que les attaques de la Turquie contre les FDS ont permis et encouragé l’Etat islamique. Parce que les FDS sont obligées d’utiliser leurs ressources limitées pour faire face aux attaques de la Turquie au lieu de se concentrer uniquement sur les opérations contre l’Etat islamique et de détenir des combattants de l’Etat islamique. Oui, en ce sens, ces attaques relancent Daech.

Pensez-vous qu’il y a une raison particulière pour laquelle l’État turc cible Kobanê, ce qui a conduit à la chute de l’Etat islamique ?

Kobanê est définitivement un lieu symbolique. C’est un endroit qui a beaucoup de signification symbolique pour le peuple kurde en termes de succès remporté contre l’EI et de l’importance des femmes combattantes dans la lutte contre l’EI. 

Bien sûr, Kobanê est un grand symbole de l’unité kurde, du succès contre l’Etat islamique et de l’émergence de la défaite de l’Etat islamique sur le champ de bataille. On se souvient que pendant que la guerre de Kobanê se déroulait, la Turquie la suivait de près. En d’autres termes, la Turquie a vu l’Etat islamique attaquer Kobanê, capturer Kobanê et les forces kurdes se battre pour libérer Kobanê, et n’a pas aidé ceux qui ont traversé la frontière turque et se sont battus contre l’Etat islamique. Par conséquent, ces attaques de la Turquie ont également un effet psychologique, et il y a aussi une raison psychologique pour que la Turquie lance une opération terrestre et capture Kobanê. Nous verrons ce qui se passera dans les prochaines semaines ou mois.

Le Pentagone et la Maison Blanche ont exprimé leur inquiétude face à ces attaques d’invasion. Trouvez-vous ces déclarations suffisantes pour arrêter les attaques turques ?

Les déclarations de Washington DC ont un impact très limité sur le comportement de la Turquie. Il aurait été préférable que Washington fasse une déclaration avant que la Turquie ne commence ses dernières frappes aériennes en Syrie. Et cela aurait été plus efficace si les Américains avaient fait une déclaration plus précoce et plus énergique pour tenter de contrecarrer cette dernière opération turque. Cependant, les déclarations sont intervenues quelques jours ou semaines plus tard et n’ont évidemment eu aucun effet sur le comportement de la Turquie.

Alors pourquoi pensez-vous que l’annonce est arrivée en retard?

Washington valorise ses relations avec Ankara plus que ses relations avec les Forces démocratiques syriennes et l’Administration autonome. L’Amérique et la Turquie sont des alliés de l’OTAN et en ce moment, l’Amérique est surtout intéressée à vaincre la Russie en Ukraine et la Turquie est importante pour cette mission. Par conséquent, la Turquie peut prendre toutes les décisions sur ce qu’elle veut faire, et l’Amérique doit souvent s’asseoir et regarder ce que fait la Turquie. La Turquie a également frappé la zone où la coalition entraînait des combattants des FDS à Hassaké. Cela nous a dérangés et dans ce sens le Pentagone a fait une déclaration de réaction. La Turquie fait ce qu’elle veut en ce moment et l’Amérique n’arrête pas la Turquie malgré la réaction militaire.

Lors des dernières attaques de l’État turc, il y a eu des attaques contre la population civile et les zones de vie du peuple. En droit international, ce sont des crimes de guerre, pourquoi la Turquie ne fait-elle pas face à une sanction internationale ?

Il sera important que les Nations Unies et les organisations internationales confirment les attaques contre les civils et les atrocités commises par l’État turc. Il est du devoir de la communauté internationale d’enquêter, de condamner et de prendre position contre ces attaques. Essayer d’influencer le comportement de la Turquie ne relève pas uniquement de la responsabilité des États-Unis. Il est essentiel que les médias continuent de rendre compte de ce qui se passe dans le nord-est de la Syrie, en veillant à ce que le reste du monde sache quelles attaques ont lieu et que des civils soient blessés lors de ces attaques.

Pourquoi la « zone d’exclusion aérienne » mise en place par les États-Unis dans la région kurde d’Irak et approuvée par les Nations unies n’est-elle pas appliquée au Rojava ?

Il n’y a aucune volonté politique ou intérêt à créer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie, et vous ne pouvez pas créer une zone d’exclusion aérienne entre deux alliés de l’OTAN. Les zones d’exclusion aérienne sont très coûteuses. De plus, la zone d’exclusion aérienne n’empêchera pas la Turquie de persécuter les Kurdes. Ils feront la même chose qu’ils font maintenant. Je comprends pourquoi les gens veulent une zone d’exclusion aérienne au Rojava, mais je ne prévois pas cela. Parce que si cela se produit, ce sera une zone d’exclusion aérienne de l’OTAN contre l’OTAN. Ce n’est pas facile non plus. La Turquie menace la Grèce et vous voyez qu’il n’y a pas non plus de zone d’exclusion aérienne là-bas. Il est donc peu probable qu’une telle chose se produise. La situation était différente en Irak il y a quelques années sous le régime de Saddam. Saddam était notre ennemi. Saddam était un ennemi des États-Unis. La Turquie c’est les EUA [USA].

Y a-t-il une autre raison derrière ces attaques de l’État turc contre les peuples du nord-est de la Syrie ? 

Je crois que l’une des raisons de l’attaque de la Turquie contre le nord-est de la Syrie est le gouvernement confédéraliste démocratique et des idéologies telles que la jinéologie – la liberté de vie des femmes. Celles-ci sont alarmantes pour le gouvernement d’Ankara. La Turquie ne veut pas que les groupes kurdes réussissent dans l’administration ou l’économie, alors elle attaque. 

Que répondez-vous aux allégations selon lesquelles il y a une crise du PKK entre les États-Unis et l’administration du Rojava ?

Nous n’avons vu aucune preuve que le PKK mène des attaques militaires de la Syrie vers la Turquie. Je n’ai vu ni entendu aucune preuve de cela. Et d’après ce que j’ai vu ou parlé à des gens que je connais, les FDS se concentrent sur la protection de leur peuple contre l’EI ou d’autres menaces et sur le maintien de l’ordre avec les combattants et les Asayish dans le nord-est de la Syrie.

Prévoyez-vous un danger pour les Kurdes au 21ème siècle ? (…)

Je pense que la chose la plus importante pour tous les grands groupes kurdes au Kurdistan ; avoir une unité politique et une coopération politique qui peuvent conduire à des opportunités économiques et à une sécurité partagée. Je pense que les menaces de groupes extérieurs continueront. Par exemple, la menace de l’Iran contre les groupes kurdes et la menace de la Turquie contre les groupes kurdes se poursuivront. Il y a aussi la menace Hashd al-Shaabi [milice chiite pro-Iran opérant essentiellement en Irak] soutenue par l’Iran en Irak. À ce stade, l’unité des Kurdes est très importante. Il est important que les Kurdes de toutes les régions du Kurdistan puissent voyager librement pour se voir, avoir des opportunités économiques les uns avec les autres. Ce pourrait être une opportunité pour les Kurdes du Kurdistan du Nord [Bakûr], de l’Ouest [Rojava] et du Sud [Bashur] de combiner leurs connaissances et de présenter la région au reste du monde de manière positive.

La version originale a été publiée ici: Caggins: Türkiye etnik temizlik yapıyor

 

 

Jina, Zara, Zeinab et les limites libératrices du féminisme dominant en Iran

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La torture et le meurtre par l’État de Jina Mahsa Amini, une jeune Kurde de 22 ans de Saqqez, par les forces du régime iranien le 16 septembre 2022 à Téhéran sont considérés comme un tournant dans le mouvement des femmes iraniennes et dans la lutte plus large pour la justice et la liberté dans tout le pays.

Ces manifestations centrées sur le slogan kurde « Jin, Jiyan, Azadi (Femmes, Vie, Liberté) » ont été la vague de protestations la plus complète et en même temps la plus stable en Iran depuis la révolution de 1979. Malgré cela et malgré l’opportunité offerte à la désethnicisation, à la déterritorialisation et à la décentralisation du féminisme persan, les militantes de la Perse ignorent les Kurdes et le féminisme kurde, et de fait, en utilisant le meurtre de Jina, elles tentent de présenter leur propre marque de féminisme iranien. Les femmes kurdes qui ont exprimé leur soutien aux manifestations sont offensées par le fait que le centre s’approprie le meurtre de Jina et l’inclut dans le concept de « femmes iraniennes ». Le nom kurde de Mahsa (Jina) ouvre une fenêtre pour comprendre la controverse entourant son arrestation et sa mort.

Les approches de décolonisation nous disent que les noms et les changements de nom sont des stratégies préméditées et délibérées conçues et utilisées par les colons pour effacer les peuples autochtones, y compris leur langue, leur culture et leurs structures sociales. Le processus de changement du nom des immigrants coloniaux évoque une gamme de significations, dont la première est de vider la colonie de sa mémoire et de son histoire et de (re)créer des histoires coloniales sur la culture, la terre et les habitants de la colonie. Par conséquent, la dénomination est un outil puissant pour (re)narrer l’histoire et sculpter des paysages culturels et naturels avec des significations et des souvenirs souhaités. Les nations indigènes/colonisées ont résisté à ces constructions coloniales en inversant les noms imposés pour délimiter leur foyer et le monde étranger/colonisateur. Bien que le gouvernement iranien n’ait pas complètement interdit l’utilisation des noms kurdes, il a établi plusieurs restrictions bureaucratiques sur l’utilisation des noms kurdes comme stratégie d’assimilation culturelle des sociétés non dominantes. Par exemple, au Kurdistan, le registre d’état civil iranien fournit une liste de noms approuvés par le gouvernement parmi lesquels les individus doivent choisir. Le deuxième prénom de Jina (nom non-kurde « Mahsa ») est la preuve que de telles actions assimilationnistes n’ont jamais dérangé les intellectuels persans et la société dominante en général.

Du point de vue des Kurdes, les slogans scandés dans les villes à majorité perse, tels que « Du Kurdistan à Téhéran, l’oppression des femmes » et « Je tuerai celui qui a tué ma sœur » montrent le (ré)appropriation de l’expérience des femmes kurdes. Les sœurs ethniques dominantes tentent de façonner une identité de genre iranisée découlant de l’expérience « partagée » de l’oppression par les femmes. Pour de nombreux Kurdes, la construction de cette expérience supposée partagée s’est en fait opérée dans le cadre du projet dominant d’assimilation culturelle ethnique visant à éliminer la composante ethnique de l’identité des femmes kurdes ou de la féminité non persane.

Les Kurdes en tant que communauté ethnique nationale ont longtemps été étiquetés comme une menace existentielle pour l’intégrité nationale et territoriale de l’Iran. En fait, en généralisant la mort de Jina comme le destin commun de toutes les femmes iraniennes, en dehors de son origine ethnique, religieuse, linguistique et géographique, l’ethnie dominante a tenté de territorialiser et de décontextualiser l’« unicité » des expériences des femmes kurdes et de suivre l’idée que les droits des femmes en Iran ne seront réalisés que par des réformes politiques et des droits civils à la lumière de la liberté individuelle et de la laïcité. Cependant, une telle perception de la liberté ne s’est jamais étendue à la parole et à l’apprentissage dans la langue maternelle et à l’accomplissement des rituels culturels des non-Perses. Dans le cas de Jina, les militants ethniques dominants de la Perse ont utilisé la lutte contre l’oppression de genre pour neutraliser et niveler la lutte historique des Kurdes pour leurs droits ethniques, religieux et linguistiques. Cependant, leur association n’a qu’une dimension tactique et politique, et la mort de Jina a été utilisée pour récupérer ce que le discours dominant tente depuis longtemps de contrôler, à savoir le contrôle des communautés minoritaires non persanes et leur culture, leurs souvenirs et leur histoire.

Alors que les élites dirigeantes avaient trouvé l’occasion de célébrer « l’unité nationale et la solidarité » à travers l’Iran au milieu des actions violentes du gouvernement, les Kurdes hésitaient à s’aligner ou à s’éloigner du récit dominant au milieu du deuil national (…) et le vrai caractère « d’être Iranien ».

Le gouvernement iranien viole les droits de l’homme au Kurdistan depuis longtemps. De la même manière, Jina n’a pas été la seule femme victime de la politique de la République islamique d’Iran ; De plus, elle n’est pas le seul symbole du mouvement féministe kurde au Rojhelat (Kurdistan iranien). Comme le montre le cas de Jina, le concept de « femme iranienne » forgé par les femmes de l’élite ethnique dominante de la Perse agit comme un « modèle idéal » dont les caractéristiques intellectuelles sont sélectivement définies et appliquées par les femmes de la société dirigeante, et ne comprend que les expériences et les méthodes qui sont compatibles avec le discours persaniste.

Par exemple, deux autres militantes kurdes, Zara Mohammadi, une enseignante de langue kurde emprisonnée, et Zeinab Jalalian, une activiste politique condamnée à la réclusion à perpétuité, n’ont jamais été soutenues ou reconnues par les militantes traditionnelles. Le traitement réservé par le régime à Zahra Mohammadi n’a pas attiré l’attention de la société au pouvoir et n’a pas non plus été condamné par ses sœurs perses.

Zara était membre du conseil d’administration de l’ONG kurde Nozhin, et enseignante bénévole qui a été arrêtée par les services de renseignement iraniens et condamnée à cinq ans de prison le 8 janvier 2022. (…) Dans l’article 19 de la Constitution, il est stipulé : « Le peuple iranien a des droits égaux quelles que soient son appartenance ethnique et sa tribu, couleur, race, langue, etc. ne seront pas un motif de privilège. » Dans le même temps, l’article 15 a déclaré le farsi (perse) comme « la langue et l’écriture officielles et communes du peuple iranien ». Cependant, malgré les dispositions de l’article 19, l’enseignement et l’apprentissage en langue kurde ne sont pas tolérés. Le régime et la société au pouvoir justifient le privilège de la langue et de la culture persanes, promeuvent sa position et présentent les non-Perses comme tribus, indigènes ou locaux. Les manifestations culturelles et linguistiques des non-Perses sont considérées comme ethniques ou séparatistes. La condamnation et l’emprisonnement de Zara est restée limitée au Kurdistan. Pas une seule action de solidarité hors du Kurdistan n’a été organisée pour elle.

En 2008, un tribunal iranien a condamné à mort Zainab Jalalian pour « guerre contre Dieu » lors d’un simulacre de procès qui n’a duré que quelques minutes. Puis sa peine de mort a été réduite à la réclusion à perpétuité en 2011. Depuis 2000, Zainab aidait les femmes dans certaines régions du Kurdistan, d’Iran et d’Irak.

Zainab Jalalian, bien qu’elle souffre de nombreuses maladies, s’est vu refuser le droit aux soins pendant les quatorze années qu’elle a passées en prison (…). Jalalian a été accusée d’opérations armées contre le « Saint Système Islamique ». L’affirmation de la guerre contre Dieu (moharebeh) dont Zainab est accusée n’a jamais été entendue par les femmes d’élite de Perse, et son nom n’a pas été mentionné comme une « femme iranienne » militante qui s’est battue contre la théocratie. Il va sans dire qu’elle purge actuellement « la plus longue peine de prison parmi toutes les prisonnières politiques en Iran ». Ces exemples montrent comment la conception et la compréhension étatiste, centriste et nationaliste de l’identité de genre font dépendre l’adhésion aux sœurs perses de la croyance en l’existence d’une seule nation. Tant que les sociétés non dominantes (indépendamment du sexe, de la classe et d’autres affiliations sociales) expriment leur identité, le gouvernement et les membres de la société dominante les traitent comme les autres. L’histoire de Zainab montre que le mouvement actuel des femmes en Iran n’est pas aussi radical, révolutionnaire et subversif qu’il n’y paraît. Au contraire, cela garantit que le discours du nationalisme iranien centré sur la Perse reste intact.

Vers l’annulation de l’homogénéité de l’expérience

Les expériences et les voix des femmes non persanes, qui sont toujours liées à des revendications ethniques et linguistiques, sont sélectivement remarquées par les militantes persanes. Un des exemples d’un tel traitement sélectif est le nombre élevé de suicides de femmes dans la région sous-développée d’Ilam, qui est souvent attribué à la structure patriarcale de cette région. Malgré le fait que le patriarcat joue un rôle important dans l’oppression de genre, le rôle essentiel du gouvernement dans l’appauvrissement de la région est continuellement ignoré. Les provinces kurdes (également le Baloutchistan) ont les taux de chômage les plus élevés et ont un accès limité aux services publics de base. Il semble que la majorité des élites ethniques féminines dirigeantes ne veulent pas se concentrer sur les politiques gouvernementales dans ce domaine. Autre exemple, le féminisme dominant en Iran ignore la souffrance des femmes kolbars/kolbers. Des porteuses kurdes transportent de lourdes charges sur leur dos entre l’Iran et la frontière irakienne. Cette œuvre est le résultat de la détérioration de la situation économique au Kurdistan et est devenue un symbole de la vie des Kurdes sous le régime de la République islamique d’Iran.

Le groupe ethnique au pouvoir en Iran a établi un « système de domination raciale » qui fonctionne en contrôlant la répartition du pouvoir politique et la prospérité économique. Cela peut être observé dans des régions non perses pauvres et sous-développées telles que le Kurdistan, le Baloutchistan et le Khouzistan, qui souffrent de marginalisation et de développement économique systématique depuis des décennies. Par exemple, au cours des dernières années, huit filles baloutches se sont noyées alors qu’elles allaient chercher de l’eau à Hotak (étang d’eau utilisée par les humains et servant d’abreuvoir au bétail) pour leur consommation quotidienne. Leur mort tragique n’a attiré l’attention ni au centre ni parmi les militantes perses/persannes. En transformant les ethnies non persanes en sujets de sécurité et leurs zones en zones de sécurité, le gouvernement a encore aggravé cette privation et ce sous-développement. Ces inégalités juridiques institutionnalisées et profondément enracinées ont été perpétuées par l’imposition des privilèges culturels de la société dirigeante aux autres. Ces inégalités structurelles imposées par l’État aux non-Perses ont rarement – voire jamais – été abordées dans les manifestations civiles au centre, y compris celles menées par des féministes.

La montée du « Mouvement Jina » indique non seulement un nouveau tournant dans la lutte des Kurdes pour la réalisation des droits fondamentaux, mais présente également une manifestation de la résistance des peuples non persans, dans laquelle l’intégration de nationalisme(s) inférieur(s), féminisme(s) et processus(s) de la décolonisation est clairement palpable. Bien que les femmes aient initié ce processus socio-politique sans précédent et qu’il soit principalement mené par des femmes, il a créé un défi ontologique et épistémologique au féminisme du centre, qui peut s’expliquer par le fait que pour les ethnies/nations marginalisées et minoritaires en Iran, l’oppression de genre recoupe toujours des formes d’oppression ethnico-religieuse et linguistique.

La chanson « Pour » (برای, Baraye) de Shervin Hajipour, un chanteur perse, est un exemple de ce phénomène inspiré par les tweets sur la mort de Jina Amini. Hajipour a composé une chanson que les Perses connaissent comme l’hymne national des protestations. La chanson commence par « Pour danser dans la rue, Pour avoir peur lors de s’embrasser » et continue « Pour ma sœur, ta sœur, nos sœurs, Pour changer les cerveaux qui ont pourri, Pour avoir honte, pour n’avoir pas d’argent (…), Pour l’enfant poubelle et ses rêves ». La chanson continue : « Pour cet air pollué (…) Pour Pirouz (guépard persan) et sa possible extinction, Pour les chiens interdits innocents, Pour les enfants afghans » et pour les promesses vides du gouvernement. Hajipour n’indique aucune oppression ethnique ou linguistique nulle part dans sa chanson.

Le musicien et compositeur kurde Chia Madani a répondu à Hajipour avec une chanson exactement équivalente, « Bۆ » (« bo » signifiant pour/parce que en kurde). Elle commence par remercier Hajipour pour ses « belles et tendres paroles » puis lui rappelle que « ma blessure est plus ancienne et plus profonde que la tienne, il y a des milliers de ‘soutiens-gorge’ dans mon cœur » fait référence à la chanson de Chia intitulée « Jina », un nom qui a été interdite par le gouvernement de la République islamique et a forcé sa famille à choisir le nom persan « Mahsa ». Chia est attristée que Jina n’ait pu choisir son nom ni dans la vie ni dans la mort. La chanson continue « pour » la souffrance des personnes marginalisées, « pour » les enseignants kurdes arrêtés et exécutés, et « pour » les pères qui doivent payer le prix des balles qui sont tirées sur leurs enfants.

Aussi, inspirée par la chanson de Hajipour, la militante perse, Fatane Farahani a publié un article intitulé 70 Feminist Reasons for Women’s Protest in Iran Today. Toute raison commence par un « pour », parmi eux se trouvent des dizaines de militants perses comme « pour la première féministe iranienne, Tahereh Qara Al-Ain », pour Nasrin Sotoudeh, Narges Mohammadi, Shiva Nazar Ahari, Sepideh Qalian et Mahosh Thabit. Bien que le mot « kurde » soit répété deux fois dans l’article – une fois en tant qu’ethnie aux côtés des Arabes et des Baloutches et une fois en référence aux activistes homosexuels kurdes – Zara Mohammadi et Zeinab Jalalian ne sont pas citées dans la liste de Farahani.

Selon les militantes féministes kurdes, le but du féminisme persan n’est pas de créer un changement fondamental dans le discours politique et le « régime de vérité », mais plutôt de rechercher le succès dans son cadre ou de le remplacer par un système dans lequel seules les libertés civiles sont protégés. Un tel changement ou remplacement, du point de vue des féminismes périphériques, ne conduira pas nécessairement à un modèle de gouvernance ethno-religieux et linguistique égalitaire et démocratique. Le féminisme périphérique estime que quatre batailles doivent être menées en même temps : premièrement, la bataille contre le patriarcat ; Deuxièmement, la bataille contre la théocratie ; Troisièmement, la lutte contre le féminisme ethnique dominant et quatrièmement, la lutte contre l’oppression ethnique-nationale. Les féministes non persanes défient le féminisme du centre en raison de l’extraordinaire avantage de la discrimination positive résultant de leur privilège d’être perses dans l’exercice de fonctions politiques, la mobilité socio-économique, l’avancement scolaire, la représentation culturelle, etc. Elles [féminisme centriste] acceptent le discours nationaliste de la Perse indépendamment de son comportement d’exclusion et d’oppression envers les autres groupes ethniques. Les femmes persanes n’acceptent l’atmosphère féministe qu’avec l’accent mis par le féminisme sur le genre, et l’influence du fait d’être persan, de l’identité, de la culture et de son rôle de transcendance ethnique sur l’égalité des sexes est facilement ignorée. Le féminisme centriste prétend porter le manteau de l’égalité des sexes sans vouloir reconnaître ses aspects intersectionnels et multidimensionnels. Ce n’est qu’à travers le projet de critique négative du privilège d’être persan et de ses avantages qu’une nouvelle manière de percevoir peut être rendue possible, conduisant à un effet libérateur endogène.

La relation entre le féminisme central et le(s) féminisme(s) périphérique(s) (dans son sens ethnique, religieux et linguistique) est similaire à celle du féminisme blanc avec son homologue noir dans des pays comme les États-Unis. Le sociologue Eduardo Bonilla-Silva a étendu le terme « daltonisme » pour critiquer le féminisme blanc, le définissant comme « un moyen de maintenir l’inégalité raciale sans paraître raciste ». Ce concept peut être étendu aux manières dont l’ethnie dirigeante en Iran est « aveugle aux autres » vis-à-vis des non-Perses. Un autre discours – Kor – dépeint l’Iran comme une nation ancienne et unifiée avec une seule histoire, une seule culture et une seule langue, représentée et incarnée par les Perses ethniques. Selon le penseur iranien Mehrdad Kia, une telle image de « nation » n’est devenu possible qu’en « niant l’existence d’identités non persanes ». Cette mentalité définit tous les non-Perses d’un point de vue anthropologique à travers le prisme de l’historicisme romantique et du paradigme du culturalisme, qui se fonde sur le mythe de l’unité de la nation. Ce point de vue considère le monde non persan à l’intérieur de l’Iran comme intrinsèquement masculin, local, tribal, folklorique et culturellement arriéré.

Comme le féminisme noir aux États-Unis, la critique féministe kurde est basée sur le fait que le féminisme dominant n’a pas réussi à accepter le fait que leur version du féminisme cache la suprématie raciale. Cette approche centriste et étatiste du féminisme tient le statu quo pour acquis. Lorsque nous regardons cette forme de féminisme apparemment non occidentale et libératrice, nous nous appuyons généralement sur l’expérience des femmes persanes comme une « expérience normale » et des conditions normatives, et ne pouvons pas inclure les souffrances des Kurdes, des Baloutches, des Arabes, des Azéris, des Lors, des Gilaks (Gileki) et les femmes turkmènes, etc. à reconnaître En excluant les femmes non persanes, ce type de féminisme intensifie, directement ou indirectement, l’exclusion de leurs expériences individuelles. Alors. En tant que vision du monde, le féminisme persan parle d’un ensemble d’hypothèses et d’actions profondément enracinées qui placent le fait d’être persan au centre et considèrent l’identité et le système de valeurs persans comme supérieurs.

Cet article est une invitation à une réévaluation critique du féminisme persan à travers ce que Adele Shulak appelle « la méthodologie du distingué ». À cette fin, une approche multinationale et multiculturelle du féminisme est proposée, qui encourage les féministes persanes à remettre en question le fait d’être persan et ses privilèges. Pour que cette approche critique soit fructueuse, il convient d’adopter une approche globale et transformatrice qui remette en question le système social populiste, la vision raciste du féminisme persan sur l’Iran, le racisme manifeste et caché qui y est ancré, ainsi que son hégémonie du discours. (…) Ce n’est qu’à travers un tel cadre inclusif qu’il est possible de faciliter une véritable solidarité et mobilisation féministes dans la sphère politique.

Par Ahmad Mohammadpour, professeur d’anthropologie et de sociologie

Texte publié en persan ici: ژینا، زارا، زینب و محدودیت‌های رهایی‌بخشی فمینیسم مسلط در ایران

TURQUIE. Interdiction d’un concert kurde et arrestations de 25 manifestants

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ISTANBUL – Le bureau du gouverneur d’Istanbul / Küçükçekmece a interdit le concert de fin d’année prévu par l’association culturelle kurde Navenda Çanda Mezopotamya (MKM). Après l’interdiction, la police turque a attaqué une foule rassemblée devant le bâtiment d’HDP et a arrêté 25 personnes.

Le bureau du gouverneur du district de Küçükçekmece a interdit samedi le concert d’une organisation culturelle kurde d’Istanbul, prétendant que l’événement « va perturber l’ordre public et la sécurité générale ».

Suite à la décision du gouverneur d’interdire le concert, des musiciens du Centre culturel de Mezopotamya (MKM) et le député du Parti démocratique des peuples (HDP) Musa Piroğlu, ainsi qu’un groupe de citoyens se sont rassemblés devant le centre de spectacles du district de Küçükçekmece, où le concert devait avoir lieu.

La police a attaqué le groupe et arrêté 25 personnes.

« L’animosité du gouvernement contre les Kurdes et la langue kurde continue. Ils ne peuvent pas nous faire taire par des interdictions, ils ne peuvent pas arrêter les [rondes de danses] », a déclaré Piroğlu après les arrestations.

MKM a annoncé que le concert aurait lieu samedi soir au siège du HDP à Bağcılar.

Plusieurs musiciens kurdes de Turquie et d’Iran sont attendus pour le concert « Em ê Bêjin » [Nous allons dire]. Le concert comprendra des chansons kurdes traduites en turc et présentées comme des chansons turques dans le cadre de la politique de pillage culturel de l’État colonialiste turc.

Les responsables turcs ont utilisé l’interdiction des événements artistiques et culturels ces dernières années comme un outil pour opprimer essentiellement l’opposition kurde.

Medya News: Turkey bans Kurdish concert, detains 25 people

ROJAVA. Les mercenaires de la Turquie détruisent des tombes yézidis à Afrin

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SYRIE / ROJAVA – Dans le canton kurde d’Afrin occupé par la Turquie, des mercenaires islamistes ont détruit les tombes yézidis dans le village de Basofan dans la nuit de la fête yézidie (Cejna* Êzdî).

Depuis l’invasion d’Afrin par la Turquie et les gangs islamistes alliés, les Kurdes et les minorités ethniques et religieuses (yézidies, arméniennes, chrétiennes…) ont été chassés de leurs terres et ont été remplacés par des familles d’islamistes transférées de nombreux pays du Moyen-Orient et d’Asie centrale.

*Cejna Êzdî est l’une des fêtes les plus importantes de la communauté religieuse yézidie et est célébrée après plusieurs jours de jeûne avant le solstice d’hiver. (ANF)

IRAN. Deux prisonniers exécutés à la prison centrale de Qazvin

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IRAN – Deux prisonniers condamnés à mort pour meurtre, Yusif Mirzabaigi et Mohammad Ali Seyedi, ont été pendus à la prison centrale de Qazvin le 15 décembre dernier.

Les prisonniers Yusif Mirzabigi, 36 ans, de Qasr-e Shirin, dans la province kurde de Kermanchah, et Mohammad Ali Seyedi, condamnés à mort pour meurtre intentionnel, ont été exécutées le 15 décembre 2022 à Choobindar (Chubin Dar), dans la prison centrale de Qazvin.

Yusif Mirzabigi, qui a été arrêté en 2013 pour le meurtre de sa femme, et Mohammad Ali Seidi, qui a été arrêté en 2014 pour meurtre intentionnel, ont été condamnés à mort par le système judiciaire de la République islamique d’Iran.

Hengaw

FRANCE. Des sénateurs français « parrainent » des manifestants condamnés à mort en Iran

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PARIS – Alors que le les mollahs iraniens exécutent les manifestants afin de terroriser sa propre population pour qu’elle mette fin aux protestations anti-régime déclenchées par le meurtre de Jina Mahsa Amini, une jeune femme kurde de 22 ans tuée à Téhéran par la police des mœurs le 16 septembre dernier, des initiatives fleurissent un peu partout dans le monde pour que la communauté internationale passe à l’action contre ces crimes étatiques commis en Iran.

Des sénateurs français « parrainent » des manifestants condamnés à mort en Iran

En France, à l’initiative d’un collectif franco-iranien, plusieurs sénateurs ont accepté d’apporter leur « parrainage » à des manifestants iraniens condamnés à la peine capitale par la République islamique. Auprès de Public Sénat, Christian Cambon, le président de la commission des affaires étrangères et l’un des relais de cette démarche, explique regretter la réponse « un peu faible » de l’Europe face à la situation iranienne. (Article à lire sur le site Public Sénat)

ROJAVA. Un drone turc tue trois civils, dont un enfant, à Gire Spi

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SYRIE / ROJAVA – L’État turc poursuit ses attaques génocidaires contre le nord-est de la Syrie, où il a déjà occupé plusieurs zones en violation du droit international. Les attaques turques ont tué 16 civils ces 17 derniers jours.

Un drone de l’État turc a frappé samedi le village de Raqas, près de Tal Abyad (en kurde: Gire Spi) occupée par la Turquie. L’attaque a tué trois civils, dont un enfant de 12 ans, et blessé un autre civil.

« L’armée d’occupation turque continue de commettre des crimes de guerre contre la population du nord et de l’est de la Syrie, tentant de briser la détermination de notre peuple et se préparant à mettre en œuvre ses projets d’occupation en ciblant directement les civils et les infrastructures de la région », a déclaré le Centre de presse des Forces démocratiques syriens (FDS) dans un communiqué.

Selon le communiqué des FDS, aujourd’hui, à 13h30, l’armée turque d’occupation a commis un autre massacre dans le village d’al-Raqas du district de Chalabiya, ciblant un groupe de civils à l’aide d’un drone, tuant trois civils, dont un enfant de 12 ans nommé Weisi Muhammad Weissi, en plus de blesser un autre civil.

Avec ce massacre, le nombre de civils tués ces 17 derniers jours au Rojava par la Turquie s’élève à 16 civils. (ANF)

La politicienne kurde emprisonnée, Gultan Kışanak candidate du HDP à la présidentielle turque?

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TURQUIE – Le Parti démocratique des peuples HDP « pro-kurde » prévoit de nommer la politicienne emprisonnée Gültan Kışanak comme candidate aux élections présidentielles turques de 2023, a rapporté samedi le journaliste İsmail Saymaz.

Citant un haut cadre du HDP, le journaliste İsmail Saymaz a déclaré que le parti HDP pourrait revoir sa décision si l’alliance d’opposition de six autres partis décidait de nommer le chef du CHP comme candidat à la présidence.

Le parti a décidé de nommer une femme politique comme candidate à la présidence lors des prochaines élections, a déclaré Saymaz, citant des sources anonymes du HDP.

Kışanak, qui était une ancienne députée, a été élue co-maire de Diyarbakır (Amed) en 2014. Suite à l’échec des négociations de paix entre l’État turc et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Kışanak, comme d’autres politiciens kurdes de haut niveau, a été arrêtée en 2016 pour « appartenance à une organisation terroriste ».

Kışanak a ensuite été condamnée à 14 ans et trois mois de prison, mais une cour d’appel a annulé la peine.

La politicienne kurde fait également partie des 108 accusés de ce que l’on appelle en Turquie le procès Kobanê, du nom des manifestations de 2014 en Turquie organisées en solidarité avec la ville kurde syrienne de Kobane, qui était à l’époque sous la menace de l’État islamique (DAECH / ISIS). Un mandat d’arrêt contre Kışanak pour le procès de Kobane a été émis en 2020, après l’annulation de sa peine de prison.

Pour le moment, il n’y a pas de verdict définitif pour Kışanak dans les deux cas.

Entre-temps, citant un haut responsable politique du HDP, Saymaz a déclaré que le parti pourrait revoir sa décision si l’alliance d’opposition de six autres partis décidait de nommer Kemal Kılıçdaroğlu, le chef du Parti républicain du peuple (CHP) comme candidat à la présidentielle.

Bien que le HDP ne fasse pas partie de l’alliance dirigée par le CHP et le parti d’extrême-droite IYI, les votes kurdes devraient jouer un rôle vital dans une éventuelle victoire de l’opposition qui pourrait mettre fin au règne de Recep Tayyip Erdoğan en Turquie.

Kılıçdaroğlu signale depuis des mois son intention de se présenter aux élections présidentielles, alors que les électeurs soutiennent également les maires d’Istanbul et d’Ankara, qui ont remporté la victoire aux élections locales de 2019 contre le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir.

Après qu’un tribunal d’Istanbul a condamné cette semaine le maire d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu, à plus de deux ans et demi de prison pour avoir insulté un fonctionnaire, de nombreux analystes, ainsi que des électeurs de l’opposition sur les réseaux sociaux, ont déclaré que ses chances d’être nommé en tant que candidat à la présidentielle ont augmenté.

Les électeurs du HDP ont soutenu İmamoğlu aux élections municipales de 2019, mais cette fois pour les élections présidentielles de 2023, la direction du parti HDP préfère Kılıçdaroğlu au maire d’Istanbul selon Saymaz, un journaliste d’opposition qui travaille actuellement pour Halk TV, qui entretient des liens étroits avec le CHP.

Medya News

Ce que les Kurdes nous apprennent sur les luttes révolutionnaires et la liberté

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Il a été largement soutenu que l’une des caractéristiques importantes et distinctives du récent mouvement révolutionnaire en Iran est la solidarité et l’unité de tous les peuples iraniens malgré les différences ethniques, religieuses, linguistiques et même de genre sous l’égide globale de Jin Jiyan Azadî. (Femme, Vie, Liberté). Cependant, les développements récents de ce mouvement révolutionnaire font douter de l’exactitude de cette affirmation. Cet article tente de dévoiler les derniers développements du mouvement révolutionnaire entre 15 et 24 novembre 2022 en Iran pour trouver une explication à l’éventuelle inexactitude de l’affirmation ci-dessus. Le point clé qui sera fait est que les différences nationales et historiques peuvent expliquer les différences dans la vitesse et la volonté de certains groupes ethno-religieux à s’engager dans l’action révolutionnaire plus que d’autres.

Pour commémorer les quelque 1 500 personnes tuées par les forces de sécurité iraniennes lors des manifestations civiles en Iran en novembre 2019, une grève nationale a été déclarée du 15 au 17 novembre 2022. Les vidéos publiées sur les chaînes d’information, Instagram et Telegram les applications démontrent le fait que de nombreuses personnes en Iran ont répondu à cet appel d’une voix unifiée. Les commerçants, les travailleurs, les étudiants et de nombreux secteurs différents de la société se sont mis en grève nationale pendant trois jours.

Cependant, les mouvements révolutionnaires du Rojhilat (la région à majorité kurde du nord-ouest de l’Iran et centre du mouvement actuel) sont allés plus loin qu’une simple grève publique. Cette nouvelle phase du mouvement révolutionnaire a commencé principalement à partir de Bukan, une ville kurde du Rojhilat. De nombreuses rues de Bukan ont été transformées en forteresse contre la brutalité du régime iranien. Les forces de sécurité iraniennes ont réagi en tirant directement sur les gens et dans leurs maisons dans le but de terroriser davantage la population. Les gens ont répondu aux balles avec des pierres et des slogans. Le régime a alors déployé un nombre encore plus important de forces à Bukan pour réprimer la résistance. Internet et l’électricité en général étaient soit très limités, soit entièrement coupés, non seulement à Bukan, mais dans tout le Rojhilat. Les autres villes Rojhilati avaient l’intention de diminuer la pression sur Bukan en se fortifiant également dans les rues. Par exemple, à Mahabad, la population, en particulier les femmes, était en première ligne dans ce qui pourrait être décrit comme une bataille rangée avec les forces iraniennes. Le gouvernement a renforcé les contingents du Corps des gardiens de la révolution iraniens (CGRI) avec des véhicules militaires lourds et les a envoyés à Mahabad afin de déclarer la loi martiale.

Après Mahabad, les habitants de Javanud sont descendus dans la rue en solidarité avec Bukan et pour diminuer également la pression sur Mahabad le 20 novembre . Le CGRI a répondu avec encore plus de brutalité. Des dizaines ont été tués et blessés à Javanud. Comme il est désormais évident, la République islamique a systématiquement ciblé les minorités nationales telles que les Kurdes et les Baloutches en Iran. Ils ont déployé des armes lourdes contre des civils sans défense à Rojhilat, pillant les maisons des gens, enlevant des jeunes hommes, des adolescents et des femmes. Selon les rapports du réseau Kurdistan Human Rights, au moins 40 personnes ont perdu la vie au cours des quatre jours entre le 15 et le 18de novembre à Rojhilat. Les Kurdes n’étaient pas non plus les seules cibles. Le peuple baloutche en Iran a été confronté à la même répression systématique lors de ce mouvement révolutionnaire en Iran.

Le régime n’a pas limité sa répression militaire à ses frontières intérieures. Il a lancé une autre attaque au missile sur les bases des partis politiques du Rojhilat au Başur (la région kurde d’Irak). La Turquie a également rejoint l’Iran dans la répression des Kurdes. Par exemple, le 22 novembre, alors que l’Iran bombardait les bases des partis du Rojhilat au Başur, la Turquie visait en même temps l’infrastructure civile du Rojava, l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES).

Une nuée d’attentats a couvert tout le Kurdistan. Alors que les Kurdes étaient confrontés à des mesures quasi génocidaires au Rojhilat, dans les principales villes perses, les actions se limitaient à chanter depuis les fenêtres, à klaxonner, à donner des câlins gratuits ou à distribuer des bonbons et des chocolats. Ces actions peuvent être décrites comme des exemples, au mieux, de résistance passive. Suite à cela, les partis politiques kurdes du Rojhilat [Kurdistan iranien] ont appelé à une grève générale pour le 24 novembre. Le peuple kurde du Rojhilat a répondu d’une voix unifiée. La plupart à Rojhilat se sont mis en grève. Cependant, malgré les attentes, les villes non kurdes ont répondu à cette annonce sans conviction ni cohérence.

Pourquoi les nations majoritaires en Iran n’ont-elles pas rejoint le peuple kurde dans les événements entre 15 et 24 novembre ? Une réponse immédiate pourrait être que les Perses n’ont pas montré suffisamment de solidarité avec les Kurdes en raison de leurs sentiments anti-kurdes existants. Suivant le modèle classique de l’État-nation colonial, l’État iranien, comme tous les autres États impériaux et coloniaux, a utilisé la politique du « diviser pour régner » afin de maintenir son pouvoir. Il a tenté de diviser la société en créant un système basé sur des hiérarchies superposées de domination et de suprématie raciale. Pour parvenir à cette domination, le régime iranien a construit des sentiments anti-ethniques à l’égard des minorités nationales en Iran. Par exemple, l’État iranien a propagé le sentiment anti-kurde en qualifiant les Kurdes de « séparatistes et terroristes  », qui s’est efforcé d’approfondir systématiquement les divisions entre les différentes ethnies. Cependant, pour une compréhension plus approfondie des différences entre les Kurdes et les Perses en termes de nationalités, la politique identitaire pourrait apporter une réponse plus approfondie à cette question.

Il est important de souligner que le peuple kurde n’est en effet ni Turc, ni Persan, ni Arabe. C’est un peuple distinct. En d’autres termes, le peuple kurde constitue une nation différente basée à la fois sur les définitions subjectives et objectives de la nation. Benedict Anderson propose une définition de la nation d’un point de vue subjectif. Il décrit une nation comme une communauté politique imaginaire. C’est-à-dire que les gens d’une nation peuvent ne jamais se connaître ou se voir, mais ils sont toujours liés par une image imaginaire partagée de l’entité qu’ils forment ensemble. Considérant le fait que les Kurdes – qui ont été divisés entre les quatre frontières artificielles de la Turquie, de l’Iran, de l’Irak et de la Syrie pendant plus d’un siècle – partagent toujours le même état d’esprit en termes d’identité. Maintenant, sur la base d’une définition objective de la nationalité, un groupe de personnes pourrait former une nation s’ils partagent certains attributs distinctifs, tels que l’histoire, la langue, la religion, la culture et le territoire.

Par conséquent, le peuple kurde, considéré comme une nation distincte, est confronté à la discrimination et à l’oppression non seulement en tant que citoyens ordinaires, mais en tant que peuple distinct et en tant que minorité ethnique en Iran. Ils ont constamment été confrontés à la « domination existentielle », une forme de domination qui cible une nation comme un ennemi absolu, par opposition à l’inimitié réelle ou conventionnelle qui admet au moins que son ennemi existe.

L’inimitié absolue est une forme d’inimitié dans laquelle on ne reconnaît pas le statut politique ou juridique, la simple existence, de son ennemi. L’ennemi n’est pas reconnu comme un peuple distinct à vaincre, mais comme une erreur à éradiquer. Par conséquent, on déploie la force intentionnelle la plus puissante pour éliminer la possibilité même pour ce groupe de personnes de s’unir suffisamment pour former une entité politique distincte, c’est-à-dire d’exister d’une manière politiquement réelle. Ainsi, on pourrait soutenir que plus la domination est profonde, plus l’inimitié exprimée envers un ennemi est forte, plus grande sera la résistance qui répondra à une telle menace. De nombreux Perses nationalistes agissent depuis longtemps comme si les Kurdes ne devaient tout simplement pas exister. En conséquence, les Kurdes résistent depuis des décennies à une telle menace. Ils ont dû, en raison de leur oppression et de leur apatridie, compter sur de telles mesures pour éviter l’extinction en tant que peuple.

La politique identitaire du peuple kurde est également distincte de celle des Perses. La « politique identitaire » en tant que concept remonte aux écrits de Mary Wollstonecraft et de Franz Fanon. Elle est étroitement liée à l’idée que certains groupes sociaux sont plus opprimés que d’autres. C’est-à-dire que l’identité d’une personne basée sur sa race, son sexe et son origine ethnique la rend plus vulnérable à l’impérialisme culturel, à la violence, à l’exploitation, à la marginalisation ou à l’impuissance que les autres. Maintenant, en parlant de l’Iran, l’État iranien a été créé sur la base du nationalisme persan. Par conséquent, on peut dire que les Kurdes, les Baloutches et même les Azéris sont plus opprimés que les Perses car ils sont des minorités nationales en Iran. De plus, en empruntant le langage de l’intersectionnalité à Kimberlé Crenshaw, toutes les identités ne sont pas identiques. Parfois, les identités se croisent. Par exemple, les femmes kurdes sont confrontées à un degré de domination plus intense que les hommes non kurdes, mais aussi les femmes non kurdes.

L’état actuel des Kurdes est exceptionnel. Ils ont été opprimés et dominés par quatre États-nations différents pendant au moins environ 100 ans. Ils ont donc été en perpétuelle révolte contre les États dominants. Par exemple, depuis la fondation de l’État iranien en 1923, le peuple kurde a constamment résisté et s’est révolté contre les politiques discriminatoires de l’État. On peut citer la révolte de Simko Şikak (1923-5) et la République du Kurdistan (1946) fondée contre la dynastie Pahlavi. Les habitants du Rojhilat ont également résisté à la République islamique d’Iran depuis sa création en 1979, depuis qu’une fatwa a été émise contre eux par la nouvelle République islamique à la suite de la révolution qui a entraîné le massacre de milliers de civils kurdes. Cette résistance a toujours été essentielle pour les Kurdes. Par exemple, 10, 000 Kurdes ont été tués par les forces de sécurité iraniennes lors de la résistance de 1980-83. En réfléchissant à cela, on pourrait dire que le peuple kurde a dû s’appuyer sur et utiliser les révoltes et les mouvements révolutionnaires par rapport aux autres nations d’Iran.

Le but en se référant à certaines de ces qualités distinctes est de souligner que les Kurdes ont plus d’expérience en termes de culture politique et de résistance que d’autres nations comme les Perses, et ce sera encore plus le cas pour des sous-ensembles de minorités au sein des Kurdes. C’est parce qu’ils luttent depuis plus longtemps et avec plus d’intensité que leurs voisins. Par conséquent, ils ont dû utiliser la lutte révolutionnaire en vertu des couches sans cesse multiformes des formes politiques, économiques, systémiques et militaires d’oppression et de violence qui leur sont imposées.

Une autre explication pourrait être que de nombreux Perses ont une compréhension différente de la liberté. Les Kurdes – en raison de leurs couches d’oppression croisées à travers la race, la religion, l’apatridie et la colonisation – ont un intérêt multiforme à leur libération. De nombreux Perses, en revanche, manquent de cette cohérence et de ce dynamisme, ce qui affecte leur solidarité et même leur investissement dans la révolution. Par exemple, il semble que de nombreux Perses seraient satisfaits si le gouvernement leur offrait une sorte de liberté impliquant la non-ingérence. Mais le peuple kurde cherche une notion plus profonde de la liberté, basée sur la non-domination, qui est beaucoup plus démocratique et égalitaire que tout ce qui est basé uniquement sur la non-ingérence. Si de nombreux Perses pouvaient être maîtrisés avec une simple suspension possible de la « police de la moralité », alors il est probable que leur intention révolutionnaire soit en fait plutôt limitée.

Tous ces faits démontrent que les Kurdes ont plus d’expérience en termes de résistance politique et culturelle et plus d’intérêt à surmonter leur domination, ce qui explique pourquoi ils continuent à maintenir l’élan de la révolution actuelle presque seuls. Il ne faut pas non plus oublier que si l’on admet que le mouvement révolutionnaire actuel en Iran est une révolution de Jin Jiyan Azadî (femme, vie, liberté), alors nous devrions également accepter le fait que cette révolution commence par un changement des mentalités le long de tous les axes intersectionnels mentionnés ci-dessus. Ce changement impliquera de surmonter les préjugés non seulement concernant les différentes nationalités. C’est une condition préalable pour créer une atmosphère qui permettrait la coexistence de tous les peuples et nationalités. En d’autres termes, éliminer les préjugés qui aggravent les divisions entre les différentes nationalités est aussi essentiel que partager les bases des histoires et des objectifs différents de peuples distincts. Si le peuple iranien souhaite établir une société plus démocratique et plus égalitaire, il devrait se tourner vers les Kurdes pour le leadership et suivre leur exemple dans les demandes adressées au régime.

Par la politologue et chercheuse Rojin Mukriyan

A lire la version originale ici: What the Kurds teach us about revolutionary struggles and freedom

 

TURQUIE. Arrestations de proches des prisonniers kurdes pour avoir envoyé de l’argent aux détenus

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TURQUIE / KURDISTAN – Les autorités turques ont fait arrêter 26 proches des détenus kurdes pour avoir envoyé de l’argent aux prisonniers. Vingt-six prévenus, dont des personnes âgées et malades, ont été arrêtés dans le cadre d’une enquête menée par le bureau du procureur général d’Istanbul visant les proches de prisonniers politiques.

L’avocate Seda Şaraldı a déclaré que certains des détenus étaient des parents de prisonniers tandis que d’autres étaient membres de l’Association de solidarité avec des familles de prisonniers (TAYAD) qui a été fermée par les autorités turques.

Pourquoi avez-vous envoyé des chemises aux prisonniers ?

Mehmet Güvel, 75 ans, qui fait partie des personnes arrêtées, est atteint de la maladie de Wernicke-Korsakoff* et il avait été gracié par le Président turc et libéré en 2003.

Au bureau du procureur, on a demandé à Güvel pourquoi il avait envoyé des vêtements, dont des chemises et des pantalons aux prisonniers, ainsi que des transferts d’argent de Güvel sur le compte des prisonniers de la prison considérés comme des preuves et un motif de détention provisoire. Il est accusé de « fournir une aide financière à l’organisation [PKK] ». La « justice » turque lui reproche également son adhésion à TAYAD il y a des années et sa participation à des conférences de presse liées aux prisonniers malades.

Document officiel mis dans le dossier d’accusation

L’avocate Şaraldı a déclaré que les visites de la prison et les transferts d’argent à la prison pour les parents et amis ont été utilisés dans le cadre des accusations portées.

Şaraldı a déclaré: « Les informations sur les documents officiels de TAYAD, qui est une association légale, reçues du ministère sont placées dans le dossier et présentées comme « lien organisationnel ». C’est une violation de la liberté d’association.

Des questions ont été adressées aux détenus sur les raisons pour lesquelles ils se rendaient à des visites de prison ou pourquoi ils déposaient de l’argent sur le compte d’un prisonnier alors que cette personne n’était pas un parent.

L’argent peut être déposé sur le compte d’un détenu conformément à la réglementation correspondante. »

200 lires « aide financière à l’organisation [PKK] »

Les transferts d’argent qui variait entre 10 et 150 lires (33-45 euros) de Nagehan Kurt dans les années 2016 et 2017 ont été inclus dans le dossier d’enquête.

L’examen des transferts d’argent sur les comptes des détenus remonte à 2012. L’argent maximum déposé dans la liste est de 200 lires alors qu’habituellement, le montant du transfert est de 50 lires.

Grève de la faim de 2000, opération « Retour à la vie », meurtre de prisonniers et la maladie de Wernicke Korsakoff

Des centaines de prisonniers ont entamé une grève de la faim en Turquie à partir d’octobre 2000 pour protester contre l’introduction des prisons de type F, conçues pour fournir des cellules de deux à trois personnes au lieu de dortoirs.

Le 19 décembre 2000, les forces de sécurité sont intervenues dans une vingtaine de prisons. De violents affrontements se sont produits lors de l’opération, baptisée opération « Retour à la vie ».

Selon les chiffres rapportés par l’Association des droits de l’homme (İHD) le 14 avril 2004, un total de 110 personnes sont mortes à la suite des jeûnes de la mort et des opérations pénitentiaires du 19 décembre, et à cette date, des centaines de détenus et de condamnés souffraient de la maladie de Wernicke Korsakoff causée par des jeûnes mortels.

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a reconnu la Turquie coupable d’accusations de violation des droits humains lors de l’opération « Retour à la vie » dans plusieurs affaires portées devant la CEDH.

La maladie de Wernicke Korsakoff est causée par une faim prolongée et un manque de vitamines, et provoque de graves dommages au cerveau, affecte l’équilibre et entraîne une perte de mémoire. S’il n’y a pas d’amélioration de l’état d’un patient de Wernicke Korsakoff à la fin de la première année, la maladie devient chronique et impossible à guérir.

Bianet